« Régiment » : différence entre les versions

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[[fichier:Infantry Regiment Nato.svg|vignette|Symbole standard OTAN [[APP-6A]] d'un régiment d'infanterie.]]


Un '''régiment''' est une [[unité militaire]] dont l'effectif moyen varie habituellement entre {{unité|1000|et=3500|soldats}}, commandés par un [[officier supérieur]] du grade de [[colonel]] ou de [[lieutenant-colonel]]. L'appellation de régiment est surtout utilisée dans les forces terrestres mais parfois également dans certaines forces aériennes ou maritimes. La majorité des régiments appartiennent à une seule [[Arme (corps militaire)|arme]] : régiments d'[[infanterie]], du [[Génie militaire|génie]], de [[Char de combat|chars]] (ou régiments blindés), du [[Train (Armée française)|train]], etc. même s'il existe également des régiments [[interarmes]].
Un '''régiment''' est une [[unité militaire]], regroupant un ou plusieurs [[bataillon]]s ou plusieurs [[Compagnie (militaire)|compagnies]], et qui est commandé par un [[colonel]] ou un [[lieutenant-colonel]]. Son effectif moyen varie d'un millier à {{formatnum:3500}} hommes.


Subdivisé en [[Unité militaire|unités]] élémentaires appelées, suivant l'arme, [[Compagnie (militaire)|compagnies]], [[Escadron|escadrons]] ou [[Batterie (armement)|batteries]], le régiment peut, suivant le pays ou l'époque, comporter également une subdivision intermédiaire appelée [[bataillon]], [[escadron]] ou groupe d'escadrons<ref>suivant l'époque et le pays, le terme escadron peut désigner l'unité élémentaire elle-même ou un groupe d'unités élémentaires. C'est notamment le cas en France où un escadron a d'abord désigné une formation de cavalerie constituée de compagnies puis, à partir de 1815, la compagnie de cavalerie elle-même. On retrouve la même ambiguïté avec le mot {{Citation étrangère|lang=en|squadron}}, qui prend différentes significations dans les pays de langue anglaise. Par exemple, dans l’arme blindée britannique contemporaine, un ''squadron'' est une unité de la taille d’une compagnie (c'est-à-dire comparable à un escadron français) alors que dans l'arme blindée cavalerie américaine (qui ne constitue qu'une partie de l'arme blindée), c’est une unité de la taille du bataillon, comme c'était d'ailleurs le cas en France sous l'Ancien Régime (dans l'armée US, l’équivalent de l’escadron français est appelé ''troop'', le reste de l'arme blindée comporte des ''companies'').</ref>, [[groupe (militaire)|groupe]] d'[[artillerie]], etc.
C'est davantage une [[formation administrative|subdivision administrative]], correspondant souvent à un casernement ou à une charge sous l'[[Ancien Régime]], qu'une unité tactique destinée à la manœuvre, ce rôle étant assumé par le [[bataillon]] et au-dessus, par la [[brigade]] puis par la [[Division (militaire)|division]].

Toujours en fonction du pays et de l'époque, le régiment peut constituer simultanément une [[formation administrative]] et une unité tactique destinée à la manœuvre, comme la plupart des régiments français contemporains<ref> même si, de nos jours les régiments sont rarement déployés en unités constituées sur un théâtre d'opérations et fournissent plutôt des composantes au sein de formations temporaires interarmes que sont les GTIA et autres ''battle groups''.</ref> ou seulement une formation administrative. Dans ce dernier cas, le régiment est une entité généralement associée à une zone géographique<ref>c'est le cas dans le système régimentaire britannique, basé sur des liens historiques, géographiques et culturels forts et dans lequel différents bataillons rattachés à un même régiment ne sont pas nécessairement implantés dans la même ville</ref>, à une spécialité<ref>par exemple le ''Parachute Regiment'' ou le ''Royal Artillery Regiment'' des forces armées britanniques</ref> ou - sous l'[[Ancien Régime]] en France par exemple - à une charge vénale et le rôle tactique est assumé par le bataillon.

L'échelon tactique supérieur au régiment (ou au bataillon) est généralement une [[brigade]] ou une [[Division (militaire)|division]].


== France ==
== France ==
[[File:RC80.jpg|vignette|Organigramme du RC 80, modèle de régiment à 80 chars de combat utilisé dans l'[[arme blindée et cavalerie]] valable de la fin des années 1990 (3 au {{1er}} septembre 1998) à 2009.]]
[[File:RC80.jpg|vignette|Organigramme du RC 80, modèle de régiment à 80 chars de combat utilisés dans l'[[arme blindée et cavalerie]] valable de la fin des années 1990 (3 au {{1er}} septembre 1998) à 2009.]]
=== Ancien Régime ===


=== Accélérateur italien au tournant des {{s-|XV}} et {{s-|XVI}} ===
C'est en 1480 que Louis XI décide de former une Infanterie régulière. Il réunit au Camp de Pont de l'Arche entre Evreux et Rouen des volontaires qui vont être formés par des [[mercenaires suisses]] connus sous le nom de ''[[bandes suisses]]''. Cinq ''bandes'' seront ainsi mises sur pied : [[Bandes de Normandie|Normandie]], [[Bandes de Picardie|Picardie]], [[Régiment du Piémont|Piémont]], [[Régiment de Navarre|Navarre]] et [[Bandes de Champagne|Champagne]]. Les premiers régiments apparurent au {{XVIe siècle}}. Les bandes d'infanterie qui existaient jusque là sont remplacées par une [[Division militaire|unité]] plus structurée et durable, qui était nécessaire à l'établissement d'une armée permanente nationale. La fonction de [[colonel]] et celles des [[Capitaine (France)|capitaine]]s commandant les [[Compagnie (militaire)|compagnies]] étaient des charges vendues ou cédées par le roi à la noblesse. Ces régiments, jusqu'en [[1762]], comprennent quatre [[bataillon]]s de chacun dix-sept compagnies, et généralement une prévôté. Durant l'[[Ancien Régime]], il était courant qu'après un conflit, les régiments soient licenciés à l'exception de la première [[Compagnie (militaire)|compagnie]]. On disait alors que le régiment était réduit à la [[compagnie de mestre de camp]].<br />
Par l'ordonnance du 12 janvier 1509, le roi [[Louis XII]] forme les "compagnies régionales", à l'origine de nos régiments<ref>[[Michel Mollat du Jourdin|Michel Mollat]], "La Reconstruction (1440-1515)", in Georges Duby, {{opcit}}, page 456.</ref>. La décision est prise dans l'urgence de la lutte contre la [[Venise maritime|puissance vénitienne]], dans le cadre de la [[ligue de Cambrai]], signé le 10 décembre 1508. Loin de bénéficier du soutien promis par l'instigateur du pacte d'union, le pape [[Jules II]], des autres protagonistes, à savoir l'Espagne du rusé [[Ferdinand d'Aragon (1488-1550)|Ferdinand d'Aragon]] et l'Empire de [[Maximilien Ier (empereur du Saint-Empire)|Maximilien]], le Royaume de France prend seul l'initiative et remporte la [[bataille d'Agnadel|victoire d'Agnadel]], le 14 mai 1509, en partie grâce à ces compagnies régionales venues en renfort<ref>Cette victoire est méconnue, car elle ne profite qu'au pape Jules II, qui s'efforce vite de créer la Sainte-ligue contre le souverain français.</ref>.
À la suite de la [[Guerre de Sept Ans]], le [[Étienne François de Choiseul|duc de Choiseul]] nouveau ministre de la guerre, réduit leur nombre, et en supprimant la vénalité de la charge de [[Capitaine (France)|capitaine]], réduit le nombre de compagnies à neuf par [[bataillon]]. En [[1776]], une nouvelle réforme dédouble les régiments existants qui ont maintenant deux [[bataillon]]s.


Les [[guerres d'Italie]], à partir de la fin du {{s-|XV}}, ont marqué notre lexique militaire, notamment par l'adoption du terme infanterie, passé avant 1503 par le mot transitoire ''enffanterie'' au sens de troupes à pied, de l'ancien italien ''infanteria''<ref>[http://stella.atilf.fr/Dendien/scripts/tlfiv5/assiste.exe?50;s=3576325785; Infanterie] sur le TLFi ou Trésor de la Langue Française, mais aussi fantassin, dérivé de l'italien plus tardif "fanteria" au sens d'infanterie.</ref>. Mais [[Louis XI]], plusieurs décennies auparavant en assurant des revenus de lourdes contributions fiscales nécessaires à l'assurance de la solde, s'efforce déjà de garder une puissante armée permanente, regroupant des troupes mercenaires à pied et à cheval, cultivant diverses spécialités de guerre. Il réunit aussi en 1480 au Camp de [[Pont-de-l'Arche]], entre [[Évreux]] et [[Rouen]], des volontaires qui sont formés par des [[mercenaires suisses]] connus sous le nom de ''[[bandes suisses]]''. Cinq ''bandes'' seront ainsi mises sur pied, confiées à des capitaines responsables devant la Justice royale : [[Bandes de Normandie|Normandie]], [[Bandes de Picardie|Picardie]], [[Régiment du Piémont|Piémont]], [[Régiment de Navarre|Navarre]] et [[Bandes de Champagne|Champagne]].
Sous le règne de [[Louis XIII]], la possession du drapeau blanc devint le privilège et la marque des corps permanents entretenus et payés sur l'ordinaire. Le nombre de ces régiments fut porté à douze le {{date|15|septembre|1635}}. Ces corps étaient : les [[Gardes-Françaises|Gardes Françaises]], [[Régiment Colonel-Général (1780)|Picardie]], [[Régiment de Champagne|Champagne]], [[Régiment de Piémont|Piémont]], [[Régiment de Navarre|Navarre]], [[Régiment de Normandie|Normandie]], [[Régiment de Bourbonnais|Bourbonnais]], [[Régiment de Béarn|Béarn]], [[Régiment d'Auvergne|Auvergne]], [[Régiment de Flandre|Flandre]], [[Régiment de Guyenne|Guyenne]] et [[Régiment d'Artois|Artois]]. Les six premiers étaient les "vieux corps", les six autres étaient les "petits vieux".<br>

De [[1610]] à [[1675]], les régiments portèrent le nom de leurs colonels respectifs.
Les premiers régiments d'infanterie pérennes apparaissent ainsi au {{XVIe siècle}}.

=== Ancien Régime ===
Sous le règne de [[Louis XIII]], la possession du drapeau blanc devint le privilège et la marque des corps permanents entretenus et payés sur l'ordinaire. Le nombre de ces régiments fut porté à douze le {{date|15|septembre|1635}}. Ces corps étaient : les [[Régiment des Gardes françaises|Gardes Françaises]], [[Régiment Colonel-Général|Colonel-Général]], [[Régiment de Champagne|Champagne]], [[Régiment de Piémont|Piémont]], [[Régiment de Navarre|Navarre]], [[Régiment de Normandie|Normandie]], [[Régiment de Bourbonnais|Bourbonnais]], [[Régiment de Béarn|Béarn]], [[Régiment d'Auvergne|Auvergne]], [[Régiment de Flandre|Flandre]] et [[Régiment de Guyenne|Guyenne]]. Les six premiers étaient les « [[vieux corps]] », les six autres étaient les « [[Les Six Grands Vieux#Les six « petits vieux » corps|petits vieux]] ».


De [[1610]] à [[1675]], les régiments portèrent le nom de leurs colonels respectifs. La fonction de [[colonel]] et celles des [[Capitaine (France)|capitaine]]s commandant les [[Compagnie (militaire)|compagnies]] étaient des charges vendues ou cédées par le roi à la noblesse. Notons qu'un capitaine était dans la pratique militaire, assimilé et responsable des agissements de ces hommes, alors que les officiers supérieurs, en véritable financier ou ordonnateurs supérieurs, portaient le panache aristocratique.


Ces régiments, jusqu'en [[1762]], comprennent quatre [[bataillon]]s de chacun dix-sept compagnies, et généralement une prévôté. Durant l'[[Ancien Régime]], il était courant qu'après un conflit, les régiments soient licenciés à l'exception de la première [[Compagnie (militaire)|compagnie]]. On disait alors que le régiment était réduit à la [[compagnie de mestre de camp]].
Un ordre de préséance existait entre les différents régiments de cette période, basé sur leur ancienneté; on distinguait en particulier :


À la suite du désastre de la [[Guerre de Sept Ans]], le [[Étienne-François de Choiseul|duc de Choiseul]] nouveau ministre de la guerre, réduit leur nombre, et en supprimant la vénalité de la charge de [[Capitaine (France)|capitaine]], réduit le nombre de compagnies à neuf par [[bataillon]]. En [[1776]], une nouvelle réforme dédouble les régiments existants qui ont maintenant deux [[bataillon]]s. La réforme globale, entreprise au sein de l'armée française invente au terme d'une longue réflexion, souvent passée inaperçue, mais bien lisible dans les ministères, la [[Division militaire]], unité autonome et mobile, structurée et durable, véritable force maniable par les généraux qui connaît un usage spectaculaire lors des guerres de la Révolution.
* Les "vieux corps" :
** Les [[Gardes françaises]] dissous le {{1er}} septembre 1789, drapeau de couleur bleu avec le blason des rois de France.
** [[Régiment Colonel-Général (1780)|Régiment de Picardie]], qui devient le [[1er régiment d'infanterie (France)|{{1er}} RI]] en 1790, drapeau de couleur rouge,
** [[Régiment du Piémont]], qui devient le [[3e régiment d'infanterie (France)|{{3e}} RI]] en 1790, drapeau de couleur noire,
** [[Régiment de Navarre]], qui devient le [[5e régiment d'infanterie (France)|{{5e}} RI]] en 1790, drapeau de couleur marron (feuille morte),
** [[Régiment de Champagne]], qui devient le [[7e régiment d'infanterie|{{7e}} RI]] en 1790, drapeau de couleur verte,
** [[Régiment de Normandie]], qui devient le [[9e régiment d'infanterie (France)|{{9e}} RI]] en 1790, drapeau de couleur jaune.
:Les drapeaux des "vieux corps" comportaient une croix blanche indiquant qu'ils se battaient pour le roi de France. Les quatre carrés des côtés étaient de couleurs uniformes. Après la mort d'[[Henri IV de France|Henri IV]] en 1610, ces régiments furent entretenus par le roi de France de façon permanente.


Un ordre de préséance existait entre les différents régiments de cette période, basé sur leur ancienneté ; on distingue :
* Les « vieux corps » :
** Les [[Régiment des Gardes françaises|Gardes françaises]] dissoutes le {{date|1|septembre|1789}}, [[drapeau]] de couleur [[Bleu|bleue]] avec le [[Blason (héraldique)|blason]] des [[Roi de France|rois de France]],
** Le [[Régiment de Picardie]] qui prend le nom en [[1780 en France|1780]] de [[Régiment Colonel-Général]], qui devient le [[1er régiment d'infanterie (France)|{{1er}} RI]] [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1791)|en 1791]], [[drapeau]] de couleur [[rouge]],
** [[Régiment de Piémont|Régiment du Piémont]], qui devient le [[3e régiment d'infanterie (France)|{{3e}} RI]] en 1791, drapeau de couleur noire,
** [[Régiment de Navarre]], qui devient le [[5e régiment d'infanterie (France)|{{5e}} RI]] en 1791, drapeau de couleur marron (feuille morte),
** [[Régiment de Champagne]], qui devient le [[7e régiment d'infanterie|{{7e}} RI]] en 1791, drapeau de couleur verte,
** [[Régiment de Normandie]], qui devient le [[9e régiment d'infanterie (France)|{{9e}} RI]] en 1791, drapeau de couleur jaune.


:Les drapeaux des « vieux corps« comportaient une croix blanche indiquant qu'ils se battaient pour le roi de France. Les quatre carrés des côtés étaient de couleurs uniformes. Après la mort d'[[Henri IV (roi de France)|Henri IV]] en 1610, ces régiments furent entretenus par le roi de France de façon permanente.
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Rég Gardes-Françaises 1569.png|Les Gardes françaises.
Rég Gardes-Françaises 1569.png|Les Gardes françaises.
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* Les « petits vieux » :
** [[Régiment de Bourbonnais]], qui devient le [[13e régiment d'infanterie|{{13e}} RI]] [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1791)|en 1791]], drapeau violet et bleu,
** [[Régiment de Béarn]], qui devient le [[15e régiment d'infanterie (France)|{{15e}} RI]] en 1791, drapeau violet et jaune,
** [[Régiment d'Auvergne]], qui devient le [[17e régiment d'infanterie (France)|{{17e}} RI]] en 1791, drapeau violet et noir,
** [[Régiment de Flandre]], qui devient le [[19e régiment d'infanterie (France)|{{19e}} RI]] en 1791, drapeau violet et orange,
** [[Régiment de Guyenne]], qui devient le [[21e régiment d'infanterie (France)|{{21e}} RI]] en 1791, drapeau violet et rouge.


Ces régiments « petits vieux » n'ont pas reçu des drapeaux unicolores comme les « vieux corps », leurs drapeaux étaient composés de deux couleurs, l'une étant le violet pris en raison du deuil suscité par la mort d'[[Henri IV (roi de France)|Henri IV]] en 1610.
* Les "petits Vieux" :
** [[Régiment de Bourbonnais]], qui devient le [[13e régiment d'infanterie|{{13e}} RI]] en 1790, drapeau violet et bleu,
** [[Régiment de Béarn]], qui devient le [[15e régiment d'infanterie|{{15e}} RI]] en 1790, drapeau violet et jaune,
** [[Régiment d'Auvergne]], qui devient le [[17e régiment d'infanterie (France)|{{17e}} RI]] en 1790, drapeau violet et noir,
** [[Régiment de Flandre]], qui devient le [[19e régiment d'infanterie (France)|{{19e}} RI]] en 1790, drapeau violet et orange,
** [[Régiment de Guyenne]], qui devient le [[21e régiment d'infanterie (France)|{{21e}} RI]] en 1790, drapeau violet et rouge.
Ces régiments "petits vieux" n'ont pas reçu des drapeaux unicolores comme les "vieux corps", leurs drapeaux étaient composés de deux couleurs, l'une étant le violet pris en raison du deuil suscité par la mort d'[[Henri IV de France|Henri IV]] en 1610.


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Rég de Bourbonnais 1673.png|Régiment de Boubonnais.
Fichier:Rég de Bourbonnais 1673.png|Régiment de Bourbonnais.
Rég de Béarn 1763-1791.png|Régiment de Béarn.
Fichier:Rég de Béarn 1763-1791.png|Régiment de Béarn.
File:Rég d Auvergne 1635.png|Régiment d'Auvergne.
Fichier:Rég d Auvergne 1635.png|Régiment d'Auvergne.
Rég de Flandre 1763.png|Régiment de Flandre.
Fichier:Rég de Flandre 1763.png|Régiment de Flandre.
Rég de Guyenne 1763.png|Régiment de Guyenne.
Fichier:Rég de Guyenne 1763.png|Régiment de Guyenne.
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=== Révolution et Premier Empire ===
=== Révolution et Premier Empire ===
Par le décret du {{date|18|août|1790}}, par réaction à l'usage monarchique de nommer les régiments d'après leurs propriétaires, la [[assemblée constituante|Constituante]] substitue aux anciens noms des régiments un numéro d'ordre, basé sur l'ancienneté de celui-ci. Ainsi par l'[[ordonnance royale]] du {{date|1|janvier|1791}} celle-ci [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1791)|réorganise les corps d'infanterie de l'armée française en 101 régiments, dont 78 français, 12 allemands et irlandais et 11 régiments suisses]].


En [[1793]], pour parfaire la fusion entre l'ex-armée royale et la [[Garde nationale (France, 1789-1799)|garde nationale]], issue de la [[levée en masse]], [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1793)|on amalgame par la loi de la Convention Nationale]] du {{date|21 février 1793}}, à chaque [[bataillon]] des régiments blancs, deux [[bataillon]]s bleus de [[Volontaires nationaux pendant la Révolution|volontaires]], donnant naissance aux [[demi-brigade]]s de [[première formation]], que l'on confie aux [[chef de brigade|chefs de brigades]], issus du rang qui remplacent les [[officier]]s supérieurs, dont beaucoup ont [[émigration (1789-1815)|émigré]]. La demi-brigade comporte en outre une compagnie d'[[artillerie]] volontaire de six pièces de 4 livres servies par 64 canonniers. Une loi du {{date|7|mai|1795}} supprime la moitié de ces pièces.
Par le décret du {{date|18|août|1790}}, par réaction à l'usage monarchique de nommer les régiments d'après leurs propriétaires, la [[assemblée constituante|Constituante]] substitue aux anciens noms des régiments un numéro d'ordre, basé sur l'ancienneté de celui-ci.

Et en [[1793]], pour parfaire la fusion entre l'ex-armée royale et la garde nationale, issue de la levée en masse, on amalgame par la loi de la Convention Nationale du [[21 février]] 1793, à chaque [[bataillon]] des régiments blancs, deux [[bataillon]]s bleus de volontaires, donnant naissance aux [[demi-brigade]]s de bataille, que l'on confie aux [[chef de brigade|chefs de brigades]], issus du rang qui remplacent les [[officier]]s supérieurs, dont beaucoup ont émigré. La demi-brigade comporte en outre une compagnie d'[[artillerie]] volontaire de six pièces de 4 livres servies par 64 canonniers. Une loi du {{date|7|mai|1795}} supprime la moitié de ces pièces.


En [[1796]], à la suite d'une refonte des effectifs du fait des combats et surtout de la désertion, on regroupe les [[demi-brigade]]s de bataille dans de nouvelles [[demi-brigade]]s:
En [[1796]], à la suite d'une [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1796)|refonte des effectifs du fait des combats et surtout de la désertion]], on regroupe les [[demi-brigade]]s de [[première formation]] dans de nouvelles [[demi-brigade]]s dites de [[deuxième formation]] :
* d'[[infanterie de ligne]] qui s'articulent en deux [[bataillon]]s de combat à sept [[Compagnie (militaire)|compagnies]] de [[fusilier]]s et deux d'élite ([[Grenadier (militaire)|grenadier]]s et [[voltigeur (militaire)|voltigeur]]s), et un [[bataillon de dépôt]] pour former les nouvelles recrues à quatre compagnies.
* d'[[infanterie de ligne]] qui s'articulent en deux [[bataillon]]s de combat à sept [[Compagnie (militaire)|compagnies]] de [[fusilier]]s et deux d'élite ([[Grenadier (militaire)|grenadier]]s et [[voltigeur (militaire)|voltigeur]]s), et un [[bataillon de dépôt]] pour former les nouvelles recrues à quatre compagnies.
* d'[[infanterie légère]] qui s'articulent en deux [[bataillon]]s de combat à sept compagnies de [[Chasseur à pied|chasseur]]s et deux d'élite ([[Carabinier|carabiniers]] et [[voltigeur (militaire)|voltigeur]]s), et un bataillon de dépôt à quatre compagnies.
* d'[[infanterie légère]] qui s'articulent en deux [[bataillon]]s de combat à sept compagnies de [[Chasseur à pied|chasseur]]s et deux d'élite ([[Carabinier|carabiniers]] et [[voltigeur (militaire)|voltigeur]]s), et un bataillon de dépôt à quatre compagnies.


La loi du {{date|25|janvier|1798}} supprime définitivement l'artillerie régimentaire. [[Napoléon Ier|Napoléon]] rétablit en [[1803]] les anciennes appellations de '''régiment''' et de '''[[colonel]]'''. Le décret impérial du {{date|18|février|1808}} fixe un nouveau règlement pour l'[[infanterie]] française et une nouvelle organisation pour le régiment d'infanterie, qui tente d'homogénéiser celle-ci. Dans la pratique, cette réforme ne put jamais être menée à terme et deux types d'unités coexistent jusqu'en [[1814]].
La loi du {{date|25|janvier|1798}} supprime définitivement l'artillerie régimentaire.
[[Napoléon Bonaparte|Napoléon]] rétablit en [[1803]], les anciennes appellations de '''régiment''' et de '''[[colonel]]'''. Le décret impérial du {{date|18|février|1808}} fixe un nouveau règlement pour l'[[infanterie]] française et une nouvelle organisation pour le régiment d'infanterie, qui tente d'homogénéiser celle-ci. Dans la pratique, cette réforme ne put jamais être menée à terme et deux types d'unités coexistent jusqu'en [[1814]].


Le régiment d'infanterie, qu'il soit de [[Infanterie de ligne|ligne]] ou [[Infanterie légère|léger]], doit comprendre :
Le régiment d'infanterie, qu'il soit de [[Infanterie de ligne|ligne]] ou [[Infanterie légère|léger]], doit comprendre :
* un [[état-major]] comprenant 1 colonel, 1 major, 4 chefs de bataillon, 5 adjudants-majors, 1 quartier-maître trésorier, 1 officier payeur, 1 [[porte-aigle]], 1 chirurgien-major, 4 aides-chirurgiens, 5 sous-aides, 10 adjudants sous-officiers, un {{2e}} et {{3e}} [[porte-aigle]]s, 1 tambour-major, 1 caporal tambour, 8 musiciens, 4 maîtres-ouvriers.
* un [[état-major]] comprenant 1 colonel, 1 major, 4 chefs de bataillon, 5 adjudants-majors, 1 quartier-maître trésorier, 1 officier payeur, 1 [[porte-aigle]], 1 chirurgien-major, 4 aides-chirurgiens, 5 sous-aides, 10 adjudants sous-officiers, un {{2e}} et {{3e}} [[porte-aigle]]s, 1 tambour-major, 1 caporal tambour, 8 musiciens, 4 maîtres-ouvriers.
* quatre [[bataillon]]s de guerre à six compagnies dont deux d'élite ([[Grenadier (militaire)|grenadier]]s, ou [[carabinier]]s dans l’[[infanterie de ligne]] et [[voltigeur (militaire)|voltigeur]]s) et quatre du centre ([[fusilier]]s, dans [[infanterie de ligne]] et [[Chasseur à pied|chasseur]]s, dans l'[[infanterie légère]]). Chaque compagnie comprend 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 caporal-fourrier, 8 caporaux, 121 hommes du rang et 2 tambours, soit 140 hommes.
* quatre [[bataillon]]s de guerre à six [[Compagnie (militaire)|compagnies]] dont deux d'élite ([[Grenadier (militaire)|grenadier]]s, ou [[carabinier]]s dans l’[[infanterie de ligne]] et [[voltigeur (militaire)|voltigeur]]s) et quatre du centre ([[fusilier]]s dans l'[[infanterie de ligne]] et [[Chasseur à pied|chasseur]]s dans l'[[infanterie légère]]). Chaque compagnie comprend 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 caporal-fourrier, 8 caporaux, 121 hommes du rang et 2 tambours, soit 140 hommes.
* un [[bataillon de dépôt]] à quatre compagnies.
* un [[bataillon de dépôt]] à quatre compagnies.
L'effectif théorique est de {{unité|3970|hommes}} dont 108 officiers.


Le [[Premier Consul]] prescrit, par décret du [[1er vendémiaire|1<sup>er</sup>]] [[vendémiaire]] [[an XII]] ({{date|24|septembre|1803|en france}}), une nouvelle [[amalgame militaire|réorganisation]] de l'[[armée révolutionnaire française]] ; cette [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1803)|troisième réorganisation de la période révolutionnaire]] est également connue sous les noms de réorganisation de 1803 ou réorganisation de l'an XII, afin de réorganiser l'[[infanterie]]. La demi-brigade prend le nom de régiment.
L'effectif théorique est de {{formatnum:3970}} hommes dont 108 officiers.

En [[1809]],pour essayer de compenser la diminution de valeur de la troupe, un nouveau décret organise une [[Compagnie (militaire)|compagnie]] d'[[artillerie]] régimentaire à quatre pièces [[Autriche|autrichiennes]] de 3 livres, 60 artilleurs et 60 hommes du [[train d'artillerie]] ; cette réforme, comme l'autre, fut appliquée de façon très inégale.
En [[1809]], pour essayer de compenser la diminution de valeur de la troupe, un nouveau [[Décret en France|décret]] organise une [[Compagnie (militaire)|compagnie]] d'[[artillerie]] régimentaire à quatre pièces [[Autriche|autrichiennes]] de 3 livres, 60 artilleurs et 60 hommes du [[train d'artillerie]] ; cette réforme, comme l'autre, fut appliquée de façon très inégale.


La [[campagne de Russie]], par ses pertes effroyables, provoque l'apparition de vingt-et-un nouveaux régiments numérotés à partir du numéro 135 jusqu'au 156, issus des [[cohorte]]s de la [[garde nationale (1789)|garde nationale]] et l'intégration anticipée des conscrits des classes 1813 et 1814, les ''Marie-Louises''. Malgré leur bravoure et l'habileté de [[Napoléon Bonaparte|Napoléon {{Ier}}]], rien ne peut enrayer la marche des troupes de l'[[Europe]] coalisée et l'invasion de la [[France]] en [[1814]].
La [[campagne de Russie]], par ses pertes effroyables, provoque l'apparition de vingt-et-un nouveaux régiments numérotés à partir du numéro 135 jusqu'au 156, issus des [[cohorte]]s de la [[garde nationale (1789)|garde nationale]] et l'intégration anticipée des conscrits des classes 1813 et 1814, les ''Marie-Louises''. Malgré leur bravoure et l'habileté de [[Napoléon Bonaparte|Napoléon {{Ier}}]], rien ne peut enrayer la marche des troupes de l'[[Europe]] coalisée et l'invasion de la [[France]] en [[1814]].


La [[Première Restauration]], par souci de concorde nationale et manque de temps, limite ses réformes à des mesures cosmétiques : renumérotation de régiments, pour éliminer les numéros fantômes, ramenant leur nombre à 90, attribution de noms rappelant la royauté aux dix premiers. Mais, après l'aventure des [[Cent-Jours]], pendant laquelle l'armée s'était très facilement ralliée à [[Napoléon Bonaparte|Napoléon]], la [[Seconde Restauration|seconde]] décide le licenciement pur et simple de l'ancienne armée impériale et la création de nouvelles unités appelées [[légions départementales]].
La [[Première Restauration]], par souci de concorde nationale et manque de temps, limite ses réformes à des mesures cosmétiques : [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1814)|renumérotation de régiments, pour éliminer les numéros fantômes]], ramenant leur nombre à 90, attribution de noms rappelant la royauté aux dix premiers. Mais, après l'aventure des [[Cent-Jours]], pendant laquelle l'armée s'était très facilement ralliée à [[Napoléon Bonaparte|Napoléon]], la [[Seconde Restauration|seconde]] décide le [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1815)|licenciement pur et simple de l'ancienne armée impériale]] et la création de nouvelles unités appelées [[légions départementales]].


=== {{XIXe siècle}} ===
=== {{XIXe siècle}} ===
Cette nouvelle armée est de base territoriale, selon les nouvelles lois de conscription de [[Laurent de Gouvion-Saint-Cyr]], chaque [[département français|département]] fournit une '''[[légion départementale]] d'infanterie''', soit 89, à trois [[bataillon]]s de recrutement local. Mais cette réforme, qui se veut aussi ''révolutionnaire'' que celle de [[1793]], fait long feu. Les [[Préfet (France)|préfet]]s sont incapables de lever les trois [[bataillon]]s demandés, et dès [[1820]], les [[légion]]s départementales [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1820)|redeviennent des régiments recrutés au niveau national et désignés par un numéro]]. Ils sont de nouveau ventilés entre [[infanterie de ligne]], 64 régiments, et [[Infanterie légère|légère]], 20 régiments. À ceci s'ajoutent quatre régiments suisses et la légion puis régiment de Hohenlohe. L'arrivée de la [[Monarchie de Juillet]] de [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe {{Ier}}]], puis de la [[Deuxième République (France)|Deuxième République]] apporte une légère augmentation de leur nombre, on passe à 75 [[Infanterie de ligne|régiments de ligne]] et 25 [[Infanterie légère|légers]], et surtout l'apparition de nouvelles [[Unité militaire|unités]] issues de la [[colonisation]] de l'[[Algérie]], à savoir deux régiments de [[zouaves]], des [[bataillon]]s de [[tirailleur]]s et une [[légion étrangère]] qui forme dès [[1835]] deux régiments. Parallèlement, le [[Ferdinand-Philippe d'Orléans|duc d'Orléans]] crée avant sa mort une nouvelle [[infanterie légère]], les [[Corps des chasseurs à pied en France|chasseurs à pied]] qui forment des [[Bataillon|bataillons]] non enrégimentés.


[[Napoléon III]] en [[1854]] [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1854)|supprima la distinction entre l'infanterie de ligne et légère]], donnant naissance à 100 '''[[Régiment d'infanterie français|régiments d'infanterie]]''', ceux de [[zouaves]] étaient maintenant au nombre de quatre, auxquels s'ajoutaient trois de [[tirailleurs algériens]] et deux de [[légion étrangère]]. Ces régiments sont composés de trois [[bataillon]]s à six [[Compagnie (militaire)|compagnies]] de guerre et une de [[Dépôt (militaire)|dépôt]].
Cette nouvelle armée est de base territoriale, selon les nouvelles lois de conscription de [[Laurent de Gouvion-Saint-Cyr]], chaque [[département français|département]] fournit une '''[[légion départementale]] d'infanterie''', soit 89, à trois [[bataillon]]s de recrutement local. Mais cette réforme, qui se veut aussi ''révolutionnaire'' que celle de [[1793]], fait long feu. Les [[Préfet (France)|préfet]]s sont incapables de lever les trois [[bataillon]]s demandés, et dès [[1820]], les [[légion]]s départementales, redeviennent des régiments recrutés au niveau national et désignés par un numéro. Ils sont de nouveau ventilés entre [[infanterie de ligne]], 64 et [[Infanterie légère|légère]], 20 régiments. À ceci s'ajoutent quatre régiments suisses et la légion puis régiment de Hohenlohe. L'arrivée de la [[Monarchie de Juillet]] de [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe {{Ier}}]], puis de la [[Deuxième République (France)|Deuxième République]] apporte une légère augmentation de leur nombre, on passe à 75 régiments de ligne et 25 légers, et surtout l'apparition de nouvelles unités issues de la [[colonisation]] de l'[[Algérie]], à savoir deux régiments de Zouaves, des [[bataillon]]s de [[tirailleur]]s et une légion étrangère qui forme dès [[1835]] deux régiments. Parallèlement, le [[Ferdinand-Philippe d'Orléans|Duc d'Orléans]] crée avant sa mort une nouvelle [[infanterie légère]], les chasseurs à pied qui forment des bataillons non enrégimentés.

[[Napoléon III]] en [[1854]] supprima la distinction entre l'infanterie de ligne et légère, donnant naissance à 100 '''régiments d'infanterie''', ceux de [[Zouaves]] étaient maintenant au nombre de quatre, auxquels s'ajoutaient trois de [[tirailleurs algériens]] et deux de [[légion étrangère]]. Ces régiments sont composés de trois [[bataillon]]s à six compagnie de guerre et une de dépôt.


=== La Troisième République ===
=== La Troisième République ===
Après la [[Guerre franco-allemande de 1870|défaite de 1870]], l'armée est réorganisée de nouveau, en amalgamant les éléments rentrés de captivité avec l'armée levée en 1871, après la capitulation de [[Bataille de Sedan|Sedan]] et en [[1875]], la mise en place du service militaire universel, 144 régiments d'infanterie sont formés, appuyés par 30 [[bataillon]]s de chasseurs à pied. Ces régiments sont de quatre [[bataillon]]s de quatre compagnies, mais en [[1887]], ils sont réorganisés en trois, donnant naissance à 18 régiments supplémentaires, portant le nombre de régiments d'active à 162, puis 163 en [[1891]] et 173 en [[1914]].


Chaque régiment reçoit l'ordre de se dédoubler en temps de guerre avec l'apport des réservistes pour donner naissance à un nouveau régiment dont le numéro est augmenté de 200. À la suite de l'appel des réservistes en 1914, c'est avec [[Ordre de bataille de l'armée française le 1er août 1914|ces structures]] que la [[France]] aborde la [[Première Guerre mondiale]]. Seuls quelques régiments supplémentaires sont créés pendant la guerre en [[1915]] ({{174e}}, {{175e}} et {{176e}} RI puis du {{401e}} au {{421e}}), alors que d'autres régiments ont disparu après de lourdes pertes même en [[1916]], l'apport en nouveaux conscrits ne pouvant compenser les pertes.
Après la défaite de [[1870]], l'armée est réorganisée de nouveau, en amalgamant les éléments rentrés de captivité avec l'armée levée en 1871, après la capitulation de [[Bataille de Sedan|Sedan]] et en [[1875]], la mise en place du service militaire universel et non plus par tirage au sort, 144 régiments d'infanterie sont formés, appuyés par 30 [[bataillon]]s de chasseurs à pied. Ces régiments sont de quatre [[bataillon]]s de quatre compagnies, mais en [[1887]], ils sont réorganisés en trois, donnant naissance à 18 régiments supplémentaires, portant le nombre de régiments d'active à 162, puis 163 en [[1891]] et 173 en [[1914]].


On appelle '''portion principale''' le régiment actif, avec le [[colonel]] et son [[état-major]], c'est-à-dire la partie qui part en [[Campagne militaire|campagne]] sous les ordres du chef de [[Corps militaire|corps]]. On appelle '''portion centrale''' le [[Dépôt (militaire)|dépôt]] qui s'occupe de l'administration et de l'[[Intendance militaire|intendance]].
Chaque régiment reçoit l'ordre de se dédoubler en temps de guerre avec l'apport des réservistes pour donner naissance à un nouveau régiment dont le numéro est augmenté de 200. À la suite de l'appel des réservistes en 1914, c'est avec [[Ordre de bataille de l'armée française le 1er août 1914|ces structures]] que la [[France]] aborde la [[Première Guerre mondiale]]. Seuls quelques régiments supplémentaires sont créés pendant la guerre en [[1915]] ({{174e}},175{{e}} et {{176e}} RI puis du {{401e}} au {{421e}}), alors que d'autres régiments ont disparu après de lourdes pertes même en [[1916]], l'apport en nouveaux conscrits ne pouvant compenser les pertes.


Ex. : Le [[361e régiment d'infanterie|{{361e}} Régiment d'Infanterie]], régiment de [[Réserve militaire|réserve]] du [[161e régiment d'infanterie (France)|{{161e}} R.I]], devait aux termes du journal de [[mobilisation]] se constituer à [[Reims]] à la caserne Colbert, lieu de repliement, pour la mobilisation du régiment dont la portion principale était à [[Saint-Mihiel]]. Le [[2 août|2]] [[Août 1914 (guerre mondiale)|août]] [[1914 en France|1914]], alors que le régiment actif va prendre ses emplacements de couverture, le [[361e régiment d'infanterie|{{361e}} R.I.]] se forme et se mobilise à [[Reims]], où fonctionne le [[Dépôt (militaire)|dépôt]] dès les premiers jours de la [[Mobilisation française de 1914|mobilisation]].
On appelle '''Portion Principale''' le régiment actif, avec le [[Colonel]] et son [[État-major]]. C'est-à-dire la partie qui part en campagne sous les ordres du Chef de Corps. On appelle '''Portion Centrale''' le [[Dépôt (militaire)|dépôt]] qui s'occupe de l'administration, de l'[[Intendance militaire|intendance]].


En [[1935]], par [[décret]], on réorganise la responsabilité en donnant aux chefs de corps, commandants une [[formation administrative]], la responsabilité de l'administration de leur formation.
ex : Le [[361e régiment d'infanterie|{{361e}} Régiment d'Infanterie]], régiment de réserve du [[161e régiment d'infanterie de ligne|{{161e}} R.I]], devait aux termes du journal de mobilisation, se constituer à [[Reims]] à la caserne Colbert, lieu de repliement, pour la mobilisation, du régiment dont la portion principale était à [[Saint-Mihiel]]. Le 2 août 1914, alors que le régiment actif va prendre ses emplacements de couverture ; le {{361e}} R.I. se forme et se mobilise à Reims, où fonctionne le dépôt dès les premiers jours de la mobilisation.


En [[1935]], par décret, on réorganise la responsabilité en donnant aux chefs de corps, commandants une [[formation administrative]], la responsabilité de l'administration de leur formation.


=== Régiment de marche ===
=== Régiment de marche ===
{{Loupe|Régiment de marche}}
{{Loupe|Régiment de marche}}
Généralement, une unité est dite « de marche » lorsqu'elle est formée à partir d'éléments d'autres unités ; en pratique, cela résulte le plus souvent de pertes trop lourdes dans les unités d'origine, mais cela peut aussi résulter d'un ralliement local d'unités plus petites. Le terme "marche" désigne une unité qui est formée pour un temps limité. En général, pour la durée de la campagne :
Généralement, une unité est dite « de marche » lorsqu'elle est formée à partir d'éléments d'autres unités ; en pratique, cela résulte le plus souvent de pertes trop lourdes dans les unités d'origine, mais cela peut aussi résulter d'un ralliement local d'unités plus petites. Le terme « marche » désigne une unité qui est formée pour un temps limité. En général, pour la durée de la campagne :
* en [[Guerre franco-allemande de 1870|1870]], la plupart des régiments ont été fait prisonniers. La [[République]] a alors créé des unités de marche reprenant le nom des régiments anéantis. Exemple dans l’[[armée de la Loire]], le {{53e}} de marche ;
* en [[Guerre franco-allemande de 1870|1870]], la plupart des régiments ont été faits prisonniers. La [[République]] a alors créé des unités de marche reprenant le nom des régiments anéantis. Exemple dans l’[[armée de la Loire]], le {{53e}} de marche ;


* en [[1914]], la [[32e division d'infanterie (France)|{{32e}} DI]] a été anéantie à la [[bataille de Morhange]]. Les régiments ayant eu trop de tués et ne pouvant manœuvrer en tant qu'unité constituée, on a formé un régiment de marche avec les survivants du [[53e régiment d'infanterie de ligne|{{53e|régiment}} d’infanterie]] et du [[143e régiment d'infanterie de ligne|{{143e|régiment}} d’infanterie]], jusqu'à l'arrivée de renforts ;
* en [[1914]], la [[32e division d'infanterie (France)|{{32e}} DI]] a été anéantie à la [[bataille de Morhange]]. Les régiments ayant eu trop de tués et ne pouvant manœuvrer en tant qu'unité constituée, on a formé un régiment de marche avec les survivants du [[53e régiment d'infanterie|{{53e|régiment}} d’infanterie]] et du [[143e régiment d'infanterie (France)|{{143e|régiment}} d’infanterie]], jusqu'à l'arrivée de renforts ;


* les régiments de [[zouaves]] étaient constitués de trois [[bataillons]]. À la déclaration de guerre, un des bataillons est entré dans la composition des régiments mixtes de [[zouaves]] et [[tirailleur]]s et on a ajouté un bataillon de réservistes. Ceci a créé les '''régiments de marche de zouaves''' pour la durée de la guerre ;
* les régiments de [[zouaves]] étaient constitués de trois [[bataillons]]. À la déclaration de guerre, un des bataillons est entré dans la composition des régiments mixtes de [[zouaves]] et [[tirailleur]]s et on a ajouté un bataillon de réservistes. Ceci a créé les '''régiments de marche de zouaves''' pour la durée de la guerre ;
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== États-Unis d'Amérique ==
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[[Fichier:75th Ranger Regiment.png|vignette|Organigramme du [[75e régiment de rangers (États-Unis)|{{75e|régiment}} de Rangers]] en 2008.]]

== Notes et références ==
{{Références}}

== Bibliographie ==
* [[Georges Duby]] (dir), ''Histoire de France des origines à nos jours'', Bibliothèque historique Larousse, première édition 1970/71, seconde édition 2022, 1439 pages. En particulier, le chapitre de [[Michel Mollat du Jourdin|Michel Mollat]] sur "La reconstruction (1440-1515)", page 431-465.


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
{{Autres projets|commons=Category:Flags of the royal french army|commons titre=Drapeaux d'ordonnance des régiments français d'Ancien Régime}}
{{Autres projets|commons=Category:Flags of the royal french army|commons titre=Drapeaux d'ordonnance des régiments français d'Ancien Régime}}
* [[France]] : [[Liste des régiments français]] - [[Régiments français d'Ancien Régime]] - [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1791)]] - [[Volontaires nationaux pendant la Révolution|Création des bataillons de volontaires nationaux en 1791]] - [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1793)]] - [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1796)]] - [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1803)]] - [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1814)]] - [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1815)]] - [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1820)]] - [[Réorganisation des corps d'infanterie français (1854)]]
* [[France]] : [[Liste des régiments français]] - [[Régiments français d'Ancien Régime]]
* [[Royaume-Uni]] : [[Liste des régiments britanniques]]
* [[Royaume-Uni]] : [[Liste des régiments britanniques]]


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* [http://www.drapeaux.org/France/Ancien_Regime/Infanterie.htm Drapeaux militaires européens 1700-1914]
* {{lien web|langue=|auteur1=|site=|périodique= |url=http://www.drapeaux.org/France/Ancien_Regime/Infanterie.htm|titre=Drapeaux militaires européens 1700-1914|brisé le=|consulté le=|date=}}
* [http://vexil.prov.free.fr/regiment/charri%E9.html Drapeaux et étendards du Roi]
* {{lien web|langue=|auteur1=|site=|périodique= |url=http://vexil.prov.free.fr/regiment/charri%E9.html|titre=Drapeaux et étendards du Roi|brisé le=|consulté le=|date=}}
{{Palette|Régiments français d'Ancien Régime|Régiments d'infanterie français}}

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Symbole standard OTAN APP-6A d'un régiment d'infanterie.

Un régiment est une unité militaire dont l'effectif moyen varie habituellement entre 1 000 et 3 500 soldats, commandés par un officier supérieur du grade de colonel ou de lieutenant-colonel. L'appellation de régiment est surtout utilisée dans les forces terrestres mais parfois également dans certaines forces aériennes ou maritimes. La majorité des régiments appartiennent à une seule arme : régiments d'infanterie, du génie, de chars (ou régiments blindés), du train, etc. même s'il existe également des régiments interarmes.

Subdivisé en unités élémentaires appelées, suivant l'arme, compagnies, escadrons ou batteries, le régiment peut, suivant le pays ou l'époque, comporter également une subdivision intermédiaire appelée bataillon, escadron ou groupe d'escadrons[1], groupe d'artillerie, etc.

Toujours en fonction du pays et de l'époque, le régiment peut constituer simultanément une formation administrative et une unité tactique destinée à la manœuvre, comme la plupart des régiments français contemporains[2] ou seulement une formation administrative. Dans ce dernier cas, le régiment est une entité généralement associée à une zone géographique[3], à une spécialité[4] ou - sous l'Ancien Régime en France par exemple - à une charge vénale et le rôle tactique est assumé par le bataillon.

L'échelon tactique supérieur au régiment (ou au bataillon) est généralement une brigade ou une division.

France[modifier | modifier le code]

Organigramme du RC 80, modèle de régiment à 80 chars de combat utilisés dans l'arme blindée et cavalerie valable de la fin des années 1990 (3 au 1er septembre 1998) à 2009.

Accélérateur italien au tournant des XVe siècle et XVIe siècle[modifier | modifier le code]

Par l'ordonnance du 12 janvier 1509, le roi Louis XII forme les "compagnies régionales", à l'origine de nos régiments[5]. La décision est prise dans l'urgence de la lutte contre la puissance vénitienne, dans le cadre de la ligue de Cambrai, signé le 10 décembre 1508. Loin de bénéficier du soutien promis par l'instigateur du pacte d'union, le pape Jules II, des autres protagonistes, à savoir l'Espagne du rusé Ferdinand d'Aragon et l'Empire de Maximilien, le Royaume de France prend seul l'initiative et remporte la victoire d'Agnadel, le 14 mai 1509, en partie grâce à ces compagnies régionales venues en renfort[6].

Les guerres d'Italie, à partir de la fin du XVe siècle, ont marqué notre lexique militaire, notamment par l'adoption du terme infanterie, passé avant 1503 par le mot transitoire enffanterie au sens de troupes à pied, de l'ancien italien infanteria[7]. Mais Louis XI, plusieurs décennies auparavant en assurant des revenus de lourdes contributions fiscales nécessaires à l'assurance de la solde, s'efforce déjà de garder une puissante armée permanente, regroupant des troupes mercenaires à pied et à cheval, cultivant diverses spécialités de guerre. Il réunit aussi en 1480 au Camp de Pont-de-l'Arche, entre Évreux et Rouen, des volontaires qui sont formés par des mercenaires suisses connus sous le nom de bandes suisses. Cinq bandes seront ainsi mises sur pied, confiées à des capitaines responsables devant la Justice royale : Normandie, Picardie, Piémont, Navarre et Champagne.

Les premiers régiments d'infanterie pérennes apparaissent ainsi au XVIe siècle.

Ancien Régime[modifier | modifier le code]

Sous le règne de Louis XIII, la possession du drapeau blanc devint le privilège et la marque des corps permanents entretenus et payés sur l'ordinaire. Le nombre de ces régiments fut porté à douze le . Ces corps étaient : les Gardes Françaises, Colonel-Général, Champagne, Piémont, Navarre, Normandie, Bourbonnais, Béarn, Auvergne, Flandre et Guyenne. Les six premiers étaient les « vieux corps », les six autres étaient les « petits vieux ».

De 1610 à 1675, les régiments portèrent le nom de leurs colonels respectifs. La fonction de colonel et celles des capitaines commandant les compagnies étaient des charges vendues ou cédées par le roi à la noblesse. Notons qu'un capitaine était dans la pratique militaire, assimilé et responsable des agissements de ces hommes, alors que les officiers supérieurs, en véritable financier ou ordonnateurs supérieurs, portaient le panache aristocratique.

Ces régiments, jusqu'en 1762, comprennent quatre bataillons de chacun dix-sept compagnies, et généralement une prévôté. Durant l'Ancien Régime, il était courant qu'après un conflit, les régiments soient licenciés à l'exception de la première compagnie. On disait alors que le régiment était réduit à la compagnie de mestre de camp.

À la suite du désastre de la Guerre de Sept Ans, le duc de Choiseul nouveau ministre de la guerre, réduit leur nombre, et en supprimant la vénalité de la charge de capitaine, réduit le nombre de compagnies à neuf par bataillon. En 1776, une nouvelle réforme dédouble les régiments existants qui ont maintenant deux bataillons. La réforme globale, entreprise au sein de l'armée française invente au terme d'une longue réflexion, souvent passée inaperçue, mais bien lisible dans les ministères, la Division militaire, unité autonome et mobile, structurée et durable, véritable force maniable par les généraux qui connaît un usage spectaculaire lors des guerres de la Révolution.

Un ordre de préséance existait entre les différents régiments de cette période, basé sur leur ancienneté ; on distingue :

Les drapeaux des « vieux corps« comportaient une croix blanche indiquant qu'ils se battaient pour le roi de France. Les quatre carrés des côtés étaient de couleurs uniformes. Après la mort d'Henri IV en 1610, ces régiments furent entretenus par le roi de France de façon permanente.

Ces régiments « petits vieux » n'ont pas reçu des drapeaux unicolores comme les « vieux corps », leurs drapeaux étaient composés de deux couleurs, l'une étant le violet pris en raison du deuil suscité par la mort d'Henri IV en 1610.

Révolution et Premier Empire[modifier | modifier le code]

Par le décret du , par réaction à l'usage monarchique de nommer les régiments d'après leurs propriétaires, la Constituante substitue aux anciens noms des régiments un numéro d'ordre, basé sur l'ancienneté de celui-ci. Ainsi par l'ordonnance royale du celle-ci réorganise les corps d'infanterie de l'armée française en 101 régiments, dont 78 français, 12 allemands et irlandais et 11 régiments suisses.

En 1793, pour parfaire la fusion entre l'ex-armée royale et la garde nationale, issue de la levée en masse, on amalgame par la loi de la Convention Nationale du , à chaque bataillon des régiments blancs, deux bataillons bleus de volontaires, donnant naissance aux demi-brigades de première formation, que l'on confie aux chefs de brigades, issus du rang qui remplacent les officiers supérieurs, dont beaucoup ont émigré. La demi-brigade comporte en outre une compagnie d'artillerie volontaire de six pièces de 4 livres servies par 64 canonniers. Une loi du supprime la moitié de ces pièces.

En 1796, à la suite d'une refonte des effectifs du fait des combats et surtout de la désertion, on regroupe les demi-brigades de première formation dans de nouvelles demi-brigades dites de deuxième formation :

La loi du supprime définitivement l'artillerie régimentaire. Napoléon rétablit en 1803 les anciennes appellations de régiment et de colonel. Le décret impérial du fixe un nouveau règlement pour l'infanterie française et une nouvelle organisation pour le régiment d'infanterie, qui tente d'homogénéiser celle-ci. Dans la pratique, cette réforme ne put jamais être menée à terme et deux types d'unités coexistent jusqu'en 1814.

Le régiment d'infanterie, qu'il soit de ligne ou léger, doit comprendre :

L'effectif théorique est de 3 970 hommes dont 108 officiers.

Le Premier Consul prescrit, par décret du 1er vendémiaire an XII (), une nouvelle réorganisation de l'armée révolutionnaire française ; cette troisième réorganisation de la période révolutionnaire est également connue sous les noms de réorganisation de 1803 ou réorganisation de l'an XII, afin de réorganiser l'infanterie. La demi-brigade prend le nom de régiment.

En 1809, pour essayer de compenser la diminution de valeur de la troupe, un nouveau décret organise une compagnie d'artillerie régimentaire à quatre pièces autrichiennes de 3 livres, 60 artilleurs et 60 hommes du train d'artillerie ; cette réforme, comme l'autre, fut appliquée de façon très inégale.

La campagne de Russie, par ses pertes effroyables, provoque l'apparition de vingt-et-un nouveaux régiments numérotés à partir du numéro 135 jusqu'au 156, issus des cohortes de la garde nationale et l'intégration anticipée des conscrits des classes 1813 et 1814, les Marie-Louises. Malgré leur bravoure et l'habileté de Napoléon Ier, rien ne peut enrayer la marche des troupes de l'Europe coalisée et l'invasion de la France en 1814.

La Première Restauration, par souci de concorde nationale et manque de temps, limite ses réformes à des mesures cosmétiques : renumérotation de régiments, pour éliminer les numéros fantômes, ramenant leur nombre à 90, attribution de noms rappelant la royauté aux dix premiers. Mais, après l'aventure des Cent-Jours, pendant laquelle l'armée s'était très facilement ralliée à Napoléon, la seconde décide le licenciement pur et simple de l'ancienne armée impériale et la création de nouvelles unités appelées légions départementales.

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Cette nouvelle armée est de base territoriale, selon les nouvelles lois de conscription de Laurent de Gouvion-Saint-Cyr, chaque département fournit une légion départementale d'infanterie, soit 89, à trois bataillons de recrutement local. Mais cette réforme, qui se veut aussi révolutionnaire que celle de 1793, fait long feu. Les préfets sont incapables de lever les trois bataillons demandés, et dès 1820, les légions départementales redeviennent des régiments recrutés au niveau national et désignés par un numéro. Ils sont de nouveau ventilés entre infanterie de ligne, 64 régiments, et légère, 20 régiments. À ceci s'ajoutent quatre régiments suisses et la légion puis régiment de Hohenlohe. L'arrivée de la Monarchie de Juillet de Louis-Philippe Ier, puis de la Deuxième République apporte une légère augmentation de leur nombre, on passe à 75 régiments de ligne et 25 légers, et surtout l'apparition de nouvelles unités issues de la colonisation de l'Algérie, à savoir deux régiments de zouaves, des bataillons de tirailleurs et une légion étrangère qui forme dès 1835 deux régiments. Parallèlement, le duc d'Orléans crée avant sa mort une nouvelle infanterie légère, les chasseurs à pied qui forment des bataillons non enrégimentés.

Napoléon III en 1854 supprima la distinction entre l'infanterie de ligne et légère, donnant naissance à 100 régiments d'infanterie, ceux de zouaves étaient maintenant au nombre de quatre, auxquels s'ajoutaient trois de tirailleurs algériens et deux de légion étrangère. Ces régiments sont composés de trois bataillons à six compagnies de guerre et une de dépôt.

La Troisième République[modifier | modifier le code]

Après la défaite de 1870, l'armée est réorganisée de nouveau, en amalgamant les éléments rentrés de captivité avec l'armée levée en 1871, après la capitulation de Sedan et en 1875, la mise en place du service militaire universel, 144 régiments d'infanterie sont formés, appuyés par 30 bataillons de chasseurs à pied. Ces régiments sont de quatre bataillons de quatre compagnies, mais en 1887, ils sont réorganisés en trois, donnant naissance à 18 régiments supplémentaires, portant le nombre de régiments d'active à 162, puis 163 en 1891 et 173 en 1914.

Chaque régiment reçoit l'ordre de se dédoubler en temps de guerre avec l'apport des réservistes pour donner naissance à un nouveau régiment dont le numéro est augmenté de 200. À la suite de l'appel des réservistes en 1914, c'est avec ces structures que la France aborde la Première Guerre mondiale. Seuls quelques régiments supplémentaires sont créés pendant la guerre en 1915 (174e, 175e et 176e RI puis du 401e au 421e), alors que d'autres régiments ont disparu après de lourdes pertes même en 1916, l'apport en nouveaux conscrits ne pouvant compenser les pertes.

On appelle portion principale le régiment actif, avec le colonel et son état-major, c'est-à-dire la partie qui part en campagne sous les ordres du chef de corps. On appelle portion centrale le dépôt qui s'occupe de l'administration et de l'intendance.

Ex. : Le 361e Régiment d'Infanterie, régiment de réserve du 161e R.I, devait aux termes du journal de mobilisation se constituer à Reims à la caserne Colbert, lieu de repliement, pour la mobilisation du régiment dont la portion principale était à Saint-Mihiel. Le 2 août 1914, alors que le régiment actif va prendre ses emplacements de couverture, le 361e R.I. se forme et se mobilise à Reims, où fonctionne le dépôt dès les premiers jours de la mobilisation.

En 1935, par décret, on réorganise la responsabilité en donnant aux chefs de corps, commandants une formation administrative, la responsabilité de l'administration de leur formation.

Régiment de marche[modifier | modifier le code]

Généralement, une unité est dite « de marche » lorsqu'elle est formée à partir d'éléments d'autres unités ; en pratique, cela résulte le plus souvent de pertes trop lourdes dans les unités d'origine, mais cela peut aussi résulter d'un ralliement local d'unités plus petites. Le terme « marche » désigne une unité qui est formée pour un temps limité. En général, pour la durée de la campagne :

  • en 1870, la plupart des régiments ont été faits prisonniers. La République a alors créé des unités de marche reprenant le nom des régiments anéantis. Exemple dans l’armée de la Loire, le 53e de marche ;
  • les régiments de zouaves étaient constitués de trois bataillons. À la déclaration de guerre, un des bataillons est entré dans la composition des régiments mixtes de zouaves et tirailleurs et on a ajouté un bataillon de réservistes. Ceci a créé les régiments de marche de zouaves pour la durée de la guerre ;
  • les régiments d'infanterie de 401 à 421 sont des régiments de marche tout comme les 2 régiments de marche d'Afrique composé d'un bataillon de zouaves, un de tirailleurs et un de légionnaires.

Les régiments de marche sont normalement dissous à l'issue de leur mission, mais il existe des exceptions à la durée de vie plus longue, tels le Régiment de marche de la Légion étrangère ou le Régiment de marche du Tchad.

Royaume-Uni[modifier | modifier le code]

États-Unis d'Amérique[modifier | modifier le code]

Organigramme du 75e régiment de Rangers en 2008.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. suivant l'époque et le pays, le terme escadron peut désigner l'unité élémentaire elle-même ou un groupe d'unités élémentaires. C'est notamment le cas en France où un escadron a d'abord désigné une formation de cavalerie constituée de compagnies puis, à partir de 1815, la compagnie de cavalerie elle-même. On retrouve la même ambiguïté avec le mot « squadron », qui prend différentes significations dans les pays de langue anglaise. Par exemple, dans l’arme blindée britannique contemporaine, un squadron est une unité de la taille d’une compagnie (c'est-à-dire comparable à un escadron français) alors que dans l'arme blindée cavalerie américaine (qui ne constitue qu'une partie de l'arme blindée), c’est une unité de la taille du bataillon, comme c'était d'ailleurs le cas en France sous l'Ancien Régime (dans l'armée US, l’équivalent de l’escadron français est appelé troop, le reste de l'arme blindée comporte des companies).
  2. même si, de nos jours les régiments sont rarement déployés en unités constituées sur un théâtre d'opérations et fournissent plutôt des composantes au sein de formations temporaires interarmes que sont les GTIA et autres battle groups.
  3. c'est le cas dans le système régimentaire britannique, basé sur des liens historiques, géographiques et culturels forts et dans lequel différents bataillons rattachés à un même régiment ne sont pas nécessairement implantés dans la même ville
  4. par exemple le Parachute Regiment ou le Royal Artillery Regiment des forces armées britanniques
  5. Michel Mollat, "La Reconstruction (1440-1515)", in Georges Duby, op. cit., page 456.
  6. Cette victoire est méconnue, car elle ne profite qu'au pape Jules II, qui s'efforce vite de créer la Sainte-ligue contre le souverain français.
  7. Infanterie sur le TLFi ou Trésor de la Langue Française, mais aussi fantassin, dérivé de l'italien plus tardif "fanteria" au sens d'infanterie.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Georges Duby (dir), Histoire de France des origines à nos jours, Bibliothèque historique Larousse, première édition 1970/71, seconde édition 2022, 1439 pages. En particulier, le chapitre de Michel Mollat sur "La reconstruction (1440-1515)", page 431-465.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]