Utilisateur:Cheikspear/Paragraphe "Généralisation empirique"

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Vladimir Vernadsky et les "Généralisations empiriques"[modifier | modifier le code]

Qui ne connaît Vladimir Vernadsky (1863-1945), ce grand penseur de la Biosphère et avec elle de l'écologie scientifique (et globale), ce natif d'une vielle famille ukrainienne considéré par beaucoup comme le père de la science soviétique ? Confronté de plein fouet, en France, vers 1922-1924, aux controverses opposant la pensée mécaniste et la pensée vitaliste, il construira la totalité de sa démonstration originelle en s'appuyant sur le concept de Généralisation empirique, dont il expose les principes fondamentaux dans son ouvrage séminal : La Biosphère[1], paragraphe 15, p. 69 : « Il existe une énorme différence entre les généralisations empiriques et les hypothèses scientifiques ; l’exactitude de leurs déductions est loin d’être identique. Dans les deux cas, généralisations empiriques et hypothèses scientifiques, nous nous servons de la déduction pour arriver à des conclusions, que nous vérifions par l’étude des phénomènes réels. Dans une science de caractère historique comme la géologie, on procède à cette vérification par l’observation scientifique. La différence entre les deux cas tient à ce que la généralisation empirique s’appuie sur des faits amassés par voie inductive : cette généralisation ne dépasse pas les limites des faits et ne se soucie pas de l’existence ou de la non-existence d’un accord entre la conclusion tirée et nos représentations de la Nature. Sous ce rapport, il n’existe pas de différence entre la généralisation empirique et le fait établi scientifiquement : leur concordance avec nos représentations scientifique de la Nature ne nous intéresse pas, mais leur contradiction avec elles constituerait une découverte scientifique. Bien que certains caractères des phénomènes étudiés ressortent au premier rang dans les généralisations empiriques, l’influence de tous les autres caractères du phénomène se fait toujours infailliblement sentir. La généralisation empirique peut faire longtemps partie de la science, sans pouvoir être expliquée par aucune hypothèse, demeurer incompréhensible, et exercer pourtant une influence immense et bienfaisante sur la compréhension des phénomènes de la Nature. Mais ensuite arrive un moment où une lumière nouvelle éclaire soudain cette généralisation ; elle devient le domaine de créations d’hypothèses scientifiques, commence à transformer nos schémas de l’Univers et à subir à son tour des changements. Souvent alors, on constate que la généralisation empirique ne contenait pas en réalité ce que nous avions supposé ou que son contenu était bien plus riche. Un exemple frappant en est l’histoire de la grande généralisation de D. J. Mendeleef (1869), du système périodique des éléments chimiques, qui, après 1915, année de la découverte de J. Moseley, est devenue un champ étendu de l’activité des hypothèses scientifiques. »

  1. Vladimir Vernadsky, La Biosphère, Paris, Seuil, coll. Points/Science, 2002