Tikanga

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Les Wharenui (en) dans les marae sont des lieux importants pour la tikanga.

La tikanga Māori, parfois appelée « First Law[1] », est le droit des nations maori. Elle repose sur le système de parenté et les valeurs maori.

Terminologie[modifier | modifier le code]

Le terme peut se traduire par « la manière maori de faire les choses ». Il dérive du mot tika, signifiant « correct ».

Institutions[modifier | modifier le code]

Les cinq normes de la tikanga qui semblent les plus stables historiquement sont le tapu, le mana, le utu (en), la whakapapa et la whanautanga[2].

Kaitiakitanga[modifier | modifier le code]

Être gardien kaitiaki (en) signifie être investi de la mission de l'intendance d'un patrimoine commun taonga[3], par exemple la biodiversité native d'Aotearoa[4]. Un exemple de mesure kaitiakitanga est la création d'une zone rāhui (en)[5].

Mana whenua[modifier | modifier le code]

Le pouvoir (mana) de gérer une étendue de pays (whenua) revient à des groupes de parenté de différents niveaux, les hapu et les iwi[6]. Cette intendance, contrairement aux systèmes juridiques colonialistes, tolère les recoupements de territoire, le but étant l'harmonie ea[7].

Hui[modifier | modifier le code]

Le hui (en), une assemblée, est important pour la pratique de la tikanga[2]. Il commence en général par un protocole cérémoniel incluant des karakia, et doit être sous-tendu par la modestie whakaiti[2]. Il est traditionnellement tenu dans les marae et peut réunir plusieurs centaines de personnes, mais reste valide en se faisant de manière plus réduite[2].

Relation au droit pakeha[modifier | modifier le code]

La tikanga Māori est distincte du droit étatique de Nouvelle-Zélande, même si ce dernier contient des éléments empruntés ou influencés par la tikanga[2]. Ainsi, le terme de Tātai ture est un terme général qui englobe à la fois le droit étatique et ses emprunts à la tikanga[2].

Les relations entre la tikanga et le Tātai ture sont régies par le Traité de Waitangi[2]. Un exemple de concept juridique maori utilisé dans ce traité est le tino rangatiratanga[8]. La tikanga est de plus en plus considérée par les tribunaux comme une source de la common law[9], mais pour Valmaine Toki, la reconnaissance de la tikanga au même rang que la common law et la constitution de Nouvelle-Zélande est une condition nécessaire au destin commun[10].

Le terme tikanga devient de plus en plus utilisé dans l'anglais néo-zélandais à cause de nouvelles lois spécifiant la consultation avec des représentants des iwi (tribus) sur plusieurs sujets, dont la gestion des ressources naturelles du pays.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Stephen Turner et Timothy Neale, « First law and the force of water: law, water, entitlement », Settler Colonial Studies, vol. 5, no 4,‎ , p. 387–397 (ISSN 2201-473X et 1838-0743, DOI 10.1080/2201473X.2014.1000912, lire en ligne, consulté le )
  2. a b c d e f et g Mamari Stephens, « "Kei a Koe, Chair!" - The Norms of Tikanga and the Role of Hui as a Maori Constitutional Tradition », Victoria University of Wellington Law Review, vol. 53, no 3,‎ , –506 (lire en ligne, consulté le )
  3. Merata Kawharu, « Kaitiakitanga: A Maori Anthropological Perspective of the Maori Socio-Environmental Ethic of Resource Management », The Journal of the Polynesian Society, vol. 109, no 4,‎ , p. 349–370 (ISSN 0032-4000, JSTOR 20706951, lire en ligne, consulté le )
  4. Olivia Marie Oldham, « A Critical Analysis of the Incorporation of Tikanga Maori in Decisions on Genetic Modification », New Zealand Journal of Environmental Law, vol. 22,‎ , p. 87–112 (lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Jacinta Ruru et Nicola Wheen, « Providing for rāhui in the law of Aotearoa New Zealand », dans The Rahui, ANU Press, coll. « Legal pluralism in Polynesian traditional management of resources and territories », , 195–210 p. (ISBN 978-1-925022-79-7, JSTOR j.ctt1bw1hdq.15)
  6. Judge Michael Doogan, « Tikanga and the Law Wānanga », Amicus curiae (Bicester), vol. 4, no 3,‎ , p. 649–659 (ISSN 1461-2097, DOI 10.14296/ac.v4i3.5624)
  7. Rhianna Eve Morar, « Kia Whakatomuri te Haere Whakamua: Implementing Tikanga Maori as the Jurisdictional Framework for Overlapping Claims Disputes », Victoria University of Wellington Law Review, vol. 52, no 1,‎ , p. 197–220 (lire en ligne, consulté le )
  8. Isabelle Schulte-Tenckhoff, « Taonga : propriété ou possession ? », Droit et cultures. Revue internationale interdisciplinaire, no 81,‎ (ISSN 0247-9788, DOI 10.4000/droitcultures.7080, lire en ligne, consulté le )
  9. David V. Williams, « Justiciability and Tikanga: Towards "Soft Legal Constitutionalism », New Zealand Universities Law Review, vol. 29, no 4,‎ , p. 649–674 (ISSN 0549-0618)
  10. Valmaine Toki, « The Place of Tikanga », New Zealand Universities Law Review, vol. 30, no 3,‎ , p. 457–472 (ISSN 0549-0618)

Voir aussi[modifier | modifier le code]