Robyn Longhurst

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Robyn Longhurst
Fonction
Professeure (en)
Université de Waikato
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (62 ans)
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Directeurs de thèse
Anna Yeatman (d), Catherine Pelissier Kingfisher (d), Richard Bedford (en), Evelyn StokesVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Distinguished New Zealand Geographer Medal (d) ()
Lauréat d’Honneur de l’UGI ()
Membre de la Société royale de Nouvelle-Zélande ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Robyn Longhurst, née le , est une géographe féministe néo-zélandaise. Depuis 2006, elle est professeure titulaire à l'université de Waikato. Son travail sur le corps en géographie, le concept d'« incarnation » et sur les relations entre l'espace et les personnes est récompensé de nombreux prix.

Biographie[modifier | modifier le code]

Robyn Longhurst naît le [1]. De 1980 à 1984, elle fait des études de géographie à l'université de Waikato[2]. Elle soutient son doctorat en 1996, Geographies that matter: Pregnant bodies in public places (Des géographies qui comptent : Le corps des personnes enceintes dans les lieux publics), toujours à l'université de Waikato[3]. Elle y enseigne, jusqu'à être en 2006 professeure titulaire[4],[5],[6].

Depuis 2015, Robyn Longhurst est vice-chancelière adjointe à l'université de Waikato[7],[8]. À la suite d'une étude sur la très lente féminisation du corps professoral dans son université et leur présence dans des postes moins bien rémunérés, elle indique vouloir œuvrer contre les obstacles qui limitent les carrières des femmes[9].

Elle a été élue un temps à la présidence de la commission Genre et géographie de l'Union géographique internationale, dont elle participe au développement[10].

Édition[modifier | modifier le code]

Robyn Longhurst a été rédactrice en chef de la revue Gender, Place and Culture (en)[11].

Travaux[modifier | modifier le code]

Les travaux de Robyn Longhurst portent sur les relations entre les personnes, l'espace et les lieux[11]. Elle s'intéresse à l'échelle du corps, « the geography closest in (la plus petite entité géographique) »[12],[13]. Pour analyser les différences de traitement des corps dans l'espace public, elle emprunte à la théorie queer pour dépasser la binarité homme/femme[14]. Depuis les années 1990, ses travaux renouvellent la manière dont la géographie traite de ces questions[11].

Place des femmes enceintes dans l'espace public[modifier | modifier le code]

Photo de ventre d'une femme enceinte en automne
L'étude de Robyn Longhurst met en avant une moindre fréquentation de certains espaces publics par les femmes enceintes. Une des raisons est la vision négative de leurs corps.

Dans sa thèse, elle s'intéresse à la fréquentation des lieux par les femmes enceintes, ainsi que l'accueil qui est fait à ces corps pour réaliser une géographie vécue de la grossesse[3]. Son travail met en avant le fait que les femmes enceintes fréquentent moins certains lieux publics (restaurants, cafés, bars, boîtes de nuit, pubs) et se retirent d'activités publiques comme les emplois rémunérés et le sport[3]. Elle avance deux raisons. D'abord, les corps des femmes enceintes sont vus par la population occidentale comme « suintants » et « laids » : ce sont des corps auxquels il ne faut pas faire confiance dans l'espace public[15]. Ils sont ainsi confinés à certains espaces[16]. Ensuite, les femmes enceintes sont vues comme des êtres émotifs, irrationnels voire « hystériques » où, ici encore, il ne faut pas faire confiance à leur corps dans l'espace public[3],[17]. Cette étude, qui se centre sur le corps sexué, lui permet d'avancer le concept de « géographie sexuellement incarnée »[11]. Elle s'intéresse ainsi aux espaces sexo-spécifiques en géographie, ce qui est alors une innovation[4]. Elle avance que « in the absence of any particular body being specified, a white, masculine, self-contained body is presumed (en l'absence de spécification d'un corps particulier, un corps blanc, masculin, autonome est présumé) », ses recherches permettent de montrer que l'espace n'est pas neutre et d'explorer autres pistes de ce qu'elle juge des géographies hégémoniques, désincarnées et masculinistes[4],[13]. Le corps n'est ici pas séparé d'une expérience de l'espace, les corps dans la norme esthétique y étant privilégiés[18].

Géographie féministe, production du savoir et concept d'« incarnation »[modifier | modifier le code]

Elle fait appel à la géographie de la santé, la géographie féministe comme les travaux de Gillian Rose, l'humanisme et la géographie humaine pour avancer sa théorie : une différenciation entre l'esprit et le corps[3],[19]. L'esprit est vu comme rationnel et lié au masculin, alors que ce qui est lié au corps est perçu comme irrationnel et féminin[3]. Pour elle, cette dichotomie cartésienne traverse toute l'épistémologie de la géographie humaine et donc la production de la connaissance[11].

Elle conduit à pousser à la marge certains individus et groupes, comme les femmes considérées trop « liées à leur corps » et, par voie de conséquence, pas capables de raisonner[3]. Pour Robyn Longhurst, le fait de privilégier l'esprit sur le corps est une des raisons pour lesquelles, malgré l'intervention de la géographie féministe, la géographie contemporaine continue d'être un discours largement masculiniste[3]. Pour elle, cette notion de savoir désincarné pousse à la marginalisation des femmes dans la production de connaissances géographiques[3].

Elle continue cette exploration du corps dans le livre Space, place, and sex : geographies of sexualities à travers les différentes échelles géographiques[18]. Celles-ci sont vues comme se chevauchant et non comme des barrières[14].

Maternité, corps et frontières[modifier | modifier le code]

Elle s'intéresse ensuite à la maternité en général[20],[21]. Elle note combien l'Occident est mal à l'aise avec les fluides corporels ainsi qu'avec les processus par lesquels ils sont émis, du crachat à l'allaitement[22]. Or, le corps des femmes est vu comme franchissant plus facilement ces frontières, avec les règles par exemple, et encore davantage durant la maternité (accouchement, allaitement) où le corps a des limites fluides[16]. Par opposition, les corps masculins sont perçus comme individualisés, comme s'ils avaient le contrôle sur eux[16]. Il s'agit d'un renversement, au Moyen Âge ils sont des présents. Pour Robyn Longhurst c'est le franchissement des frontières du corps qui provoque le malaise[23].

Hommages et récompenses[modifier | modifier le code]

En 2010, elle reçoit la mention de géographe distinguée de Nouvelle-Zélande[4].

En 2012, remise du prix Janice Monk Service de l'American Association of Geographers[24].

En 2018, elle est lauréate d'honneur de l'Union géographique internationale pour ses contributions à la géographie du genre, sociale et culturelle ainsi que pour son investissement dans la commission Genre et géographie[4].

En 2018, Robyn Longhurst est élue membre de la Société royale de Nouvelle-Zélande[11],[24].

Publications[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Articles[modifier | modifier le code]

  • (en) Anoosh Soltani, Lynda Johnston et Robyn Longhurst, « Fashioning hybrid Muslim women’s veiled embodied geographies in Hamilton, Aotearoa New Zealand: #hijabi spaces », Gender, Place & Culture, vol. 29, no 3,‎ , p. 393–418 (ISSN 0966-369X et 1360-0524, DOI 10.1080/0966369X.2021.1946487)
  • Robyn Longhurst, « Viewpoint : The Body and Geography » [« Point de vue : Le corps et la géographie »], Gender, Place & Culture, vol. 2, no 1,‎ , p. 97–106 (ISSN 0966-369X, DOI 10.1080/09663699550022134)
  • (en) Robyn Longhurst, Key methods in geography, , « Semi-structured interviews and focus group », p. 143-156
  • Robyn Longhurst, Elsie Ho et Lynda Johnston, « Using 'the Body' as an 'Instrument of Research': Kimch'i and Pavlova », Area, vol. 40, no 2,‎ , p. 208–217 (ISSN 0004-0894, lire en ligne, consulté le )
  • (en) Julie Brice, Holly Thorpe, Belinda Wheaton et Robyn Longhurst, « Postfeminism, consumption and activewear: Examining women consumers’ relationship with the postfeminine ideal », Journal of Consumer Culture,‎ , p. 146954052211298 (ISSN 1469-5405 et 1741-2900, DOI 10.1177/14695405221129826)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Robyn Longhurst » Accès libre, sur BNF
  2. « Robyn Longhurst » Accès libre, sur ORCID (consulté le )
  3. a b c d e f g h et i Longhurst, Robyn, Geographies that matter: Pregnant bodies in public places, (thèse de doctorat), Waikato Research Commons, Hamilton, , [lire en ligne]Voir et modifier les données sur Wikidata
  4. a b c d et e « Two New Zealanders to be honoured by the International Geographical Union », Royal Society Te Apārangi
  5. « SunLive - UoW giving female inmates learning opportunities - The Bay's News First », www.sunlive.co.nz
  6. « University of Waikato O-Week moves forward a week and has own beer », Stuff,
  7. (en) « Woman's meth business worth $12m: What she's doing behind bars », sur NZ Herald (consulté le )
  8. (zh) « 新西兰第一学府定人心:受疫情影响,这些学生没达到UE要求我们也招 », sur 新西兰中文先驱网 (consulté le )
  9. (en) Chloe Blommerde, « Study: Women still under-represented in universities across New Zealand », sur Stuff, (consulté le )
  10. (en) Janice Monk, « Finisterra Annual Lecture: Placing gender in geography, directions, challenges, and opportunities », Finisterra, vol. 53, no 108,‎ , p. 3–14 (ISSN 2182-2905, DOI 10.18055/Finis14723, lire en ligne, consulté le )
  11. a b c d e et f « Centenary cohort of Fellows announced », Royal Society Te Apārangi (consulté le )
  12. Anne-Cécile Hoyez, « Le corps comme espace en soi et espace à soi ? Regards géographiques sur la complexité d'une pratique corporelle mondialisée : le yoga: », L'Information géographique, vol. Vol. 78, no 1,‎ , p. 57–72 (ISSN 0020-0093, DOI 10.3917/lig.781.0057, lire en ligne, consulté le )
  13. a et b (en) Marco La Rocca, « Village People », Cidades. Comunidades e Territórios, no 39,‎ (ISSN 2182-3030, lire en ligne, consulté le )
  14. a et b Karine Duplan, « Johnston Lynda, Longhurst Robyn, Space, Place and Sex: Geographies of Sexualities », Genre, sexualité & société, no 7,‎ (ISSN 2104-3736, lire en ligne, consulté le )
  15. (en-US) Kelly Oliver, « Pregnancy 'Out of the Closet,' But Now Sexualized », sur Women's eNews, (consulté le )
  16. a b et c (es) Nadia Der-Ohannesian, « Cuerpos y espacio en un mito de origen alternativo », Revista Estudos Feministas, vol. 26,‎ (ISSN 0104-026X et 1806-9584, DOI 10.1590/1806-9584-2018v26n348371, lire en ligne, consulté le )
  17. Solène Gouilhers, Irina Radu, Raphaël Hammer et Yvonne Meyer, « Quand la (non-)consommation d’alcool fait le genre : une enquête sur les récits d’expériences de mères allaitantes: », Nouvelles Questions Féministes, vol. Vol. 40, no 1,‎ , p. 52–66 (ISSN 0248-4951, DOI 10.3917/nqf.401.0052, lire en ligne, consulté le )
  18. a et b Marianne Blidon, « Johnston L., Longhurst R., 2010, Space, Place and Sex. Geographies of sexualities, Plymouth, Rowman & Littlefield, 194 p. », Cybergeo: European Journal of Geography,‎ (ISSN 1278-3366, lire en ligne, consulté le )
  19. Charlotte Prieur et Louis Dupont, « État de l’art », Géographie et cultures, no 83,‎ , p. 9–31 (ISSN 1165-0354, DOI 10.4000/gc.2022, lire en ligne, consulté le )
  20. (en) Alison Mackiewicz, « Skype: Bodies, screens, space Robyn Longhurst », Feminism & Psychology, vol. 29, no 3,‎ , p. 433–437 (ISSN 0959-3535 et 1461-7161, DOI 10.1177/0959353518796867, lire en ligne, consulté le )
  21. (en) Deborah Thien, « Maternities: gender, bodies and space by Robyn Longhurst, Routledge, New York, London, 2008. 186 pp. », New Zealand Geographer, vol. 69, no 1,‎ , p. 76–77 (ISBN 978-0-415-36046-3, DOI 10.1111/nzg.12012_3)
  22. (en) « Stop sanitising tampon ads. There's no such thing as a happy period », sur The Irish Times (consulté le )
  23. (en) Mark Bradley et Victoria Leonard, « Bodily Fluids in Antiquity », sur Taylor & Francis (DOI 10.4324/9780429438974, consulté le ), p. 25
  24. a et b « Robyn Longhurst - Staff Profiles: University of Waikato », www.waikato.ac.nz

Liens externes[modifier | modifier le code]