Maquis de Senzeilles

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Le maquis de Senzeilles, constitué dans les bois du lieu, à quelques centaines de mètres du tunnel ferroviaire de la ligne 132 (Charleroi-Vireux), a eu une durée de vie d’un an, de la mi- à l’attaque par l’ennemi le .

Histoire[modifier | modifier le code]

C’est donc au début de 1943 que Joseph Vercheval, de Pépinster, un résistant « brûlé » de la région liégeoise vient se cacher dans sa région natale où son père est d’ailleurs garde-chasse. Avec quatre ou cinq hommes qui l’accompagnent, il va aménager dans des cabanes de chasse — de simples constructions en planches — et par temps froid, loger quelque temps à la ferme de la Forêt. L’équipe collecte des renseignements pour le réseau du « Lion belge » puis pour le groupe G de Charleroi, secteur 73 E, chargé de sabotages.

Dès septembre, l’équipe s’étoffe et atteint une vingtaine d’hommes. On construit donc des logements à demi-enfouis dans la forêt, loin des regards indiscrets. Julien Lehouck, échevin et industriel de Senzeilles, aide ce maquis en fournissant vivres, habillements, finances.

Le , une messe de Noël est célébrée au camp par un jésuite, le Père Gérard Collard, préfet de l’Institut Gramme de Liège[1].

Le 30 ou le arrive au camp un rescapé de la forteresse volante américaine tombée à Cerfontaine, Vincent Reese, égaré dans les bois et retrouvé par trois ouvriers de M. Lehouck partis à sa recherche. Malheureusement, la discrétion qui s’impose, n’est pas de mise, des imprudences ont vu le jour comme, entre autres, des décharges intempestives d’armes de guerre pour le , des résistants qui se promènent le fusil en bandoulière … [2]

L'assassinat de trois gardes allemands[modifier | modifier le code]

Début , la rumeur rapporte que trois gardes allemands qui gardaient le B-17 tombé sur les hauteurs de Cerfontaine ont déserté… En fait, ils ont été assassinés, action insensée due à deux ou trois hommes du camp, en rupture de ban, qui n’en ont pas informé leurs responsables. La réaction de l’ennemi est immédiate : arrestation de fonctionnaires communaux et de suspects à Cerfontaine ainsi que de la logeuse des soldats, et de sept notables — comme otages (bourgmestre, échevin, commandant de la gendarmerie, vicaire, …); à Senzeilles, Julien Lehouck est également arrêté avec, d’autre part, Vital Matis, bourgmestre de Clermont (Walcourt), soupçonnés de ravitailler des réfractaires… (apparemment, sans rapport immédiat avec le maquis ?)

L'attaque du camp[modifier | modifier le code]

Le enfin, attaque violente du camp entouré de toutes parts : onze hommes sont faits prisonniers tandis que six autres parviennent à s’échapper.

Les arrestations[modifier | modifier le code]

L’étau se resserre sur d’autres suspects, l’épouse et le fils de M. Lehouck, châtelain de Senzeilles, puis 8 responsables du groupe G de la région de Charleroi, des habitants de la région qui ont aidé d’une manière ou d’une autre les maquisards : à Cerfontaine, Senzeilles, Géronsart ; le dernier est le RP Collard, arrêté à Liège.

Au total, 59 personnes sont arrêtées dont 23 à Cerfontaine; 30 personnes sont envoyées dans des camps de concentration en Allemagne (six seulement en reviendront), 16 sont libérées assez vite sauf les 7 otages de Cerfontaine privés de liberté 80 jours, 11 maquisards et Julien Lehouck sont pendus par les pieds le à Breendonck, après un simulacre de jugement, tandis que Gustave Pèche, bourgmestre de Cerfontaine, pris en otage, meurt d’une crise cardiaque à la prison de Charleroi.

Vincent Reese, l’aviateur américain est rappelé du camp par Mme Lehouck, après l’arrestation de son mari, et confié à la Résistance de Chimay ; il sera malheureusement arrêté à Saint-Remy (Chimay) avec sept autres compatriotes et abattu par l’ennemi le .

Commémoration[modifier | modifier le code]

En souvenir du maquis, des dirigeants et des collaborateurs du groupe G a été inauguré le à la halte de Neuville-Sud un monument qui porte le nom des 12 maquisards pendus dont Julien Lehouck et de 19 personnes mortes en captivité. — Il manque quelques noms; en effet à l’époque de l’inauguration, on n’avait pas de nouvelles officielles pour plusieurs déportés dans les camps de la mort…[3].

Le monument a été restauré par la ville de Philippeville, et inauguré à nouveau le .

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Maurice Van Cantfort, Le maquis de Senzeilles, et André Lépine, Début 1944 à Cerfontaine et environs : faits et témoignages, Cahier du Musée de Cerfontaine no 20, 48 pages, ill, 1994; 2e édition : 2004
  • André Lépine, Quelques souvenirs de guerre dans l’entité de Cerfontaine (1940-1944), Cahier du Musée de Cerfontaine no 139, 27 pages, 2004.
  • Albert Robin, Des larmes, des croix et douze potences (série d'articles sur le maquis de Senzeilles), dans le quotidien Le Rappel des 20-21 et ainsi que le .

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Maurice Van Cantfort, Le maquis de Senzeilles
  2. André Lépine, Quelques souvenirs de guerre dans l’entité de Cerfontaine (1940-1944
  3. André Lépine, 80 monuments insolites d'Entre-Sambre-et-Meuse