Mónica Briones

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Mónica Briones
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Naissance
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 34 ans)
SantiagoVoir et modifier les données sur Wikidata
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Mónica Ángelica Briones Puccio (Santiago, ibíd., ) est une peintre et sculptrice chilienne. Son meurtre en pleine dictature militaire est considéré comme le premier cas documenté[1] d'un crime de haine lesbophobe au Chili[2], et a motivé la formation du premier groupement lesbien du pays, Colectiva Lésbica Ayuquelén, et l'utilisation depuis 2015 de la date du pour commémorer la journée de la visibilité lesbienne[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

Fille d'un artisan et d'une couturière, Briones étudie à la fin des années 1960 à la Faculté d'Arts de l'Université du Chili, où elle a pour professeur l'artiste plastique Nemesio Antúnez. Elle gagne un concours de peinture sur la colline Santa Lucia, qui consiste à peindre pendant plus de 72 heures en continu. Elle a l'habitude de vendre ses œuvres dans le parque forestal[4]. Elle est lesbienne et ne le cache pas[2].

Meurtre[modifier | modifier le code]

Au matin du , après être sorties du bar Jaque Mate dans la commune de Santiago, Mónica Briones et son amie Gloria du Villar attendent leur bus près de Plaza Italia lorsqu'elles sont abordées par un « homme grand, blond, aux yeux verts, de coupe de cheveux et d'apparence militaire ». Ce dernier attrape Briones par le cou, la pousse, et la frappe alors qu'elle est au sol, tout en l'insultant et en faisant référence à son lesbianisme. Les coups sont si violents qu'il lui brise le crâne. Gloria fuit pour demander de l''aide, en état de choc, alors que l'agresseur s'enfuit[5],[1].

D'après le rapport de police, sa mort se serait produite vers 6h 20 le matin du samedi , « après que la victime ait été écrasée par un véhicule qui s'est enfui ». L'autopsie du service médico-légal, réalisée sous la responsabilité du thanatologue América González Figueroa, conclut à un accident automobile qui a provoqué un « traumatisme crânien ».

Son corps est veillé dans la chapelle Nazareno de Providencia. Elle est incinérée, et ses cendres sont dispersées sur la plage d'Horcón[2].

Enquête judiciaire[modifier | modifier le code]

L'enquête sur la mort de Mónica Briones s'ouvre en 1985, lorsque son père porte plainte pour quasi-délit d'homicide. L'avocat Alfredo Etcheberry, qui représente la famille ad honorem[3], interroge tous les contacts que Mónica Briones avait annotés dans un agenda qu'elle avait sur elle au moment de son décès, agenda qu'il n'a pu récupérer qu'au début des années 1990. Une des hypothèses de l'enquête est que l'assassinat de Mónica Briones a été commandité car elle aurait été dans une relation sentimentale avec une femme, Nataly, qui était mariée à un agent de la police politique CNI Central Nacional de Informaciones[1],[2]. Mónica Briones avait également confié à des amis proches qu'elle se sentait suivie[1].

L'enquête reste ouverte pendant près de 10 ans, et est fermée définitivement en , malgré les tentatives d'Etcheberry pour continuer les recherches. La cour déclare qu'« il n'existe pas d'éléments suffisants pour accuser une personne particulière comme auteur, complice ou personne qui couvre l'auteur »[2].

Répercussions[modifier | modifier le code]

Après son meurtre brutal, Mónica Briones se transforme en source d'inspiration pour la lutte pour les droits des lesbiennes. Son histoire inspire divers reportages télévisuels[6], une chronique écrite par Pedro Lemebel, des œuvres de théâtre ainsi qu'un film, Enigma, réalisé par Ignacio Juricic, qui met l'accent sur ce qui se passe après sa mort[5],[7],[8].

C'est après son assassinat qu'est créée l'organisation Colectiva Lésbica Ayuquelén, premier groupe de femmes lesbiennes qui s'unissent pour lutter pour leurs droits et pour que la mort de Briones soit reconnu comme le premier crime lesbophobe au Chili. Le collectif existe pendant 15 ans[9].

Chaque , date de son assassinat, le Chili commémore la journée de la visibilité lesbienne. En 2019, les groupements lesboféministes sollicitent formellement au Conseil de Monuments Nationaux l'installation d'un mémorial à l'endroit où elle a été assassinée, à l'intersection des rues Merced et Irene Morales de Santiago, « en mémoire de toutes les femmes lesbiennes agressées, violentées ou assassinées pour leur orientation sexuelle et/ou leur identité de genre»[5],[10].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Érika Montecinos, « Homicidio de Mónica Briones: primer caso documentado de un crimen de odio en Chile », Radio Universidad de Chile, (consulté le )
  2. a b c d et e Érika Montecinos, « Mónica Briones Puccio: el otro caso Zamudio por Erika Montecinos U. », El Dínamo, (consulté le )
  3. a et b (es) « ¿Quién fue la escultora Mónica Briones Puccio? la historia que inspira el Día de la Visibilidad Lésbica en Chile », Revista Emancipa, (consulté le )
  4. (es) « Mujeres Bacanas | Mónica Briones (1950-1984) », Mujeres Bacanas, (consulté le )
  5. a b et c (es) « El recuerdo insistente de Mónica Briones: La mujer asesinada en dictadura que inspira el Día de la Visibilidad Lésbica », El Desconcierto (consulté le )
  6. « Programa Enigma Mónica Briones - T9E5 »
  7. (es) « La historia de Mónica Briones, mujer lesbiana brutalmente asesinada, es ya una película », MíraLES (consulté le )
  8. « Enigma abordará el caso de Mónica Briones Puccio », La Tercera, (consulté le )
  9. « Cuando muere una lesbiana: la búsqueda de justicia para Nicole Saavedra y Anna Cook », www.theclinic.cl (consulté le )
  10. « #UnMemorialParaMónica Ingresan solicitud a Consejo de Monumentos en el Día de la Visibilidad Lésbica en Chile », Rompiendo el Silencio, (consulté le )

 

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]