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Dans les magazines, les mangakas déjà actifs avant la guerre recommencent à dessiner des séries avec des succès notables, comme ''{{langue|ja-Latn|[[Anmitsu Hime]]}}'' (1949-1955) de Shōsuke Kuragane{{sfn|Ogi|Suter|Nagaike|Lent|2019|p=208}}, ''{{langue|ja-Latn|[[Fuichin-san]]}}'' (1957-1962) de Toshiko Ueda{{sfn|Poupée|2010|p=145}} ou encore ''{{langue|ja-Latn|Kurukuru Kurumi-chan}}'' (1949-1954) de Katsuji Matsumoto, dont la publication s'était interrompue en 1940 avec la guerre{{sfn|Brient|2010|p=17}} ; Matsumoto en profite pour faire évoluer encore une fois son style, qui se rapproche de plus en plus du style ''{{langue|ja-Latn|[[kawaii]]}}'' qui se développera plusieurs dizaines d'années plus tard{{sfn|Brient|2010|p=17}}. De nouveaux mangakas, dont [[Osamu Tezuka]] et les autres artistes du groupe ''{{langue|ja-Latn|[[Tokiwasō]]}}'', marchent dans leurs pas en reprenant la figure de l'héroïne garçon manqué{{sfn|Ogi|Suter|Nagaike|Lent|2019|p=208}}, mais ils le font dans un nouveau format déjà populaire dans le ''{{langue|ja-Latn|shōnen}}'' manga, le {{citation|''{{langue|en|story}}'' manga}}, qui propose de longs récits dramatiques plutôt qu'une successions de vignettes plus ou moins indépendantes{{sfn|Brient|2010|p=17}}. L'œuvre emblématique du genre est ''[[Princesse Saphir]]'' (1953-1956) de Tezuka, qui impose ce type de récit et le style dynamique de l'auteur dans les magazines ''{{langue|ja-Latn|shōjo}}''{{sfn|Brient|2010|p=6}}{{,}}{{sfn|Danziger-Russell|2012|p=140}}. Ces succès font que la proportion de mangas dans les magazines augmente. Par exemple, s'ils ne représentaient que 20 % du magazine ''{{langue|ja-Latn|Shōjo}} Club'' au milieu des années 1950, ils en occupent déjà plus de la moitié à la fin de celles-ci. Avec une telle augmentation de la part des mangas, ces magazines ''{{langue|ja-Latn|shōjo}}'' deviennent rapidement des magazines ''{{langue|ja-Latn|shōjo}}'' mangas{{sfn|Toku|2015|p=26}}. Ainsi, en {{date-|décembre 1954}}, le mensuel ''[[Nakayoshi]]'' de l'éditeur [[Kōdansha]] est créé, suivi en 1955 par le magazine de [[Shūeisha]], ''[[Ribon (magazine)|Ribon]]''{{sfn|Pinon|Lefebvre|2015|p=22}}.
Dans les magazines, les mangakas déjà actifs avant la guerre recommencent à dessiner des séries avec des succès notables, comme ''{{langue|ja-Latn|[[Anmitsu Hime]]}}'' (1949-1955) de Shōsuke Kuragane{{sfn|Ogi|Suter|Nagaike|Lent|2019|p=208}}, ''{{langue|ja-Latn|[[Fuichin-san]]}}'' (1957-1962) de Toshiko Ueda{{sfn|Poupée|2010|p=145}} ou encore ''{{langue|ja-Latn|Kurukuru Kurumi-chan}}'' (1949-1954) de Katsuji Matsumoto, dont la publication s'était interrompue en 1940 avec la guerre{{sfn|Brient|2010|p=17}} ; Matsumoto en profite pour faire évoluer encore une fois son style, qui se rapproche de plus en plus du style ''{{langue|ja-Latn|[[kawaii]]}}'' qui se développera plusieurs dizaines d'années plus tard{{sfn|Brient|2010|p=17}}. De nouveaux mangakas, dont [[Osamu Tezuka]] et les autres artistes du groupe ''{{langue|ja-Latn|[[Tokiwasō]]}}'', marchent dans leurs pas en reprenant la figure de l'héroïne garçon manqué{{sfn|Ogi|Suter|Nagaike|Lent|2019|p=208}}, mais ils le font dans un nouveau format déjà populaire dans le ''{{langue|ja-Latn|shōnen}}'' manga, le {{citation|''{{langue|en|story}}'' manga}}, qui propose de longs récits dramatiques plutôt qu'une successions de vignettes plus ou moins indépendantes{{sfn|Brient|2010|p=17}}. L'œuvre emblématique du genre est ''[[Princesse Saphir]]'' (1953-1956) de Tezuka, qui impose ce type de récit et le style dynamique de l'auteur dans les magazines ''{{langue|ja-Latn|shōjo}}''{{sfn|Brient|2010|p=6}}{{,}}{{sfn|Danziger-Russell|2012|p=140}}. Ces succès font que la proportion de mangas dans les magazines augmente. Par exemple, s'ils ne représentaient que 20 % du magazine ''{{langue|ja-Latn|Shōjo}} Club'' au milieu des années 1950, ils en occupent déjà plus de la moitié à la fin de celles-ci. Avec une telle augmentation de la part des mangas, ces magazines ''{{langue|ja-Latn|shōjo}}'' deviennent rapidement des magazines ''{{langue|ja-Latn|shōjo}}'' mangas{{sfn|Toku|2015|p=26}}. Ainsi, en {{date-|décembre 1954}}, le mensuel ''[[Nakayoshi]]'' de l'éditeur [[Kōdansha]] est créé, suivi en 1955 par le magazine de [[Shūeisha]], ''[[Ribon (magazine)|Ribon]]''{{sfn|Pinon|Lefebvre|2015|p=22}}.


Dans le même temps, les ''{{langue|ja-Latn|shōjo}}'' mangas du marché ''{{langue|ja-Latn|kashihon}}'' se développent eux-aussi en prenant une toute autre direction : des peintres lyriques illustrent les couvertures de ces anthologies. Parmi eux se trouvent [[Yukiko Tani]] qui illustre {{japonais|''Niji''|虹||arc-en-ciel}} et [[Macoto Takahashi]] qui illustre {{japonais|''Hana''|花||fleurs}}{{sfn|少女マンガを語る会|2020|loc=[https://www.meiji.ac.jp/manga/yonezawa_lib/exh_shoujomanga/corner02.html コーナー2 ◆ どこからきたの?①(ルーツ)]}}. Ces deux artistes commencent à créer des mangas, mais au lieu de faire comme Katsuji Matsumoto en s'éloignant des standards de la peinture lyrique, Takahashi et Tani importent au contraire ses codes dans le manga, ce qui résulte en une narration dite {{citation|décorative}}, qui permet de magnifier l'atmosphère des œuvres ainsi que les émotions des personnages plutôt que de se concentrer sur leur actions{{sfn|Shamoon|2012|p=97}}{{,}}{{sfn|Fujimoto|2012|p=47}}. Lorsque Takahashi dessine le manga ''{{langue|ja-Latn|[[Arashi o koete]]}}'' en 1958 pour le magazine ''{{langue|ja-Latn|[[Shōjo (périodique)|Shōjo]]}}'', son style décoratif fait sensation parmi les lectrices de magazines et est immédiatement reprit par d'autres mangakas, éclipsant en l'espace de quelques mois le style dynamique de Tezuka chez la plupart des artistes{{sfn|Brient|2010|p=6}}{{,}}{{sfn|Fujimoto|2012|p=32}}. Mais l'une des anthologies de ''{{langue|ja-Latn|kashihon shōjo}}'' manga les plus populaires de l'époque est {{japonais|''Kaidan''|怪談||histoires de fantômes}} ; elle est lancée en 1958 et cumulera au total plus de cent numéros avec une publication mensuelle. Comme son nom l'indique, cette anthologie propose des histoires [[surnaturel]]les de ''{{langue|ja-Latn|[[yūrei]]}}'' (fantômes) et de ''{{langue|ja-Latn|[[yōkai]]}}'' (esprits japonais) qui deviennent de plus en plus bizarres, grotesques et horrifiques avec le temps. Son succès auprès des lectrices impose aux autres anthologies plus généralistes de publier elles aussi des histoires à tendance horrifique, posant ainsi les bases de ce qui deviendra le ''{{langue|ja-Latn|shōjo}}'' manga d'horreur{{sfn|Fasulo|2021|p=14}}.
Dans le même temps, les ''{{langue|ja-Latn|shōjo}}'' mangas du marché ''{{langue|ja-Latn|kashihon}}'' se développent eux-aussi en prenant une toute autre direction : des peintres lyriques illustrent les couvertures d'anthologies de ''{{langue|ja-Latn|shōjo}}'' mangas. Parmi eux se trouvent [[Yukiko Tani]] qui illustre {{japonais|''Niji''|虹||arc-en-ciel}} et [[Macoto Takahashi]] qui illustre {{japonais|''Hana''|花||fleurs}}{{sfn|少女マンガを語る会|2020|loc=[https://www.meiji.ac.jp/manga/yonezawa_lib/exh_shoujomanga/corner02.html コーナー2 ◆ どこからきたの?①(ルーツ)]}}. Ces deux artistes commencent à créer des mangas, mais au lieu de faire comme Katsuji Matsumoto en s'éloignant des standards de la peinture lyrique, Takahashi et Tani importent au contraire ses codes dans le manga, ce qui résulte en une narration dite {{citation|décorative}}, qui permet de magnifier l'atmosphère des œuvres ainsi que les émotions des personnages plutôt que de se concentrer sur leur actions{{sfn|Shamoon|2012|p=97}}{{,}}{{sfn|Fujimoto|2012|p=47}}. Lorsque Takahashi dessine le manga ''{{langue|ja-Latn|[[Arashi o koete]]}}'' en 1958 pour le magazine ''{{langue|ja-Latn|[[Shōjo (périodique)|Shōjo]]}}'', son style décoratif fait sensation parmi les lectrices de magazines et est immédiatement reprit par d'autres mangakas, éclipsant en l'espace de quelques mois le style dynamique de Tezuka chez la plupart des artistes{{sfn|Brient|2010|p=6}}{{,}}{{sfn|Fujimoto|2012|p=32}}. Mais l'une des anthologies de ''{{langue|ja-Latn|kashihon shōjo}}'' manga les plus populaires de l'époque est {{japonais|''Kaidan''|怪談||histoires de fantômes}} ; elle est lancée en 1958 et cumulera au total plus de cent numéros, publiés à un rythme mensuel. Comme son nom l'indique, cette anthologie propose des histoires [[surnaturel]]les de ''{{langue|ja-Latn|[[yūrei]]}}'' (fantômes) et de ''{{langue|ja-Latn|[[yōkai]]}}'' (esprits japonais) qui deviennent de plus en plus bizarres, grotesques et horrifiques avec le temps. Son succès auprès des lectrices impose aux autres anthologies plus généralistes de publier elles aussi des histoires à tendance horrifique, posant ainsi les bases de ce qui deviendra le ''{{langue|ja-Latn|shōjo}}'' manga d'horreur{{sfn|Fasulo|2021|p=14}}.


[[Fichier:Original publicity still for the film "The Red Shoes." From The Red Shoes (1948) Collection at Ailina Dance Archives.jpg|vignette|alt=Photographie noir et blanc d'une représentation de ballet, ou un homme enlace au sol une femme, cependant qu'un autre homme agenouillé au sol les salut.|Le succès du film ''[[Les Chaussons rouges]]'' (diffusé au Japon en 1950) provoque un boom d'articles et de mangas sur le ballet dans les magazines ''{{langue|ja-Latn|shōjo}}''{{sfn|少女マンガを語る会|2020|loc=[https://www.meiji.ac.jp/manga/yonezawa_lib/exh_shoujomanga/corner02.html コーナー2 ◆ どこからきたの?①(ルーツ)]}}.]]
[[Fichier:Original publicity still for the film "The Red Shoes." From The Red Shoes (1948) Collection at Ailina Dance Archives.jpg|vignette|alt=Photographie noir et blanc d'une représentation de ballet, ou un homme enlace au sol une femme, cependant qu'un autre homme agenouillé au sol les salut.|Le succès du film ''[[Les Chaussons rouges]]'' (diffusé au Japon en 1950) provoque un boom d'articles et de mangas sur le ballet dans les magazines ''{{langue|ja-Latn|shōjo}}''{{sfn|少女マンガを語る会|2020|loc=[https://www.meiji.ac.jp/manga/yonezawa_lib/exh_shoujomanga/corner02.html コーナー2 ◆ どこからきたの?①(ルーツ)]}}.]]

Version du 9 février 2022 à 19:26

Photographie d'un rayonnage de livres dans un magasin, avec deux lectrices qui lisent devant.
Rayonnage de shōjo mangas de la collection Margaret Comics, dans une librairie japonaise.

Le shōjo manga (少女漫画?, litt. bande dessinée pour fille) est l'une des trois principales catégories éditoriales du manga, aussi parfois qualifié de « genre » ; les deux autres étant le shōnen et le seinen. Cette catégorie éditoriale cible un public féminin, plutôt adolescent, ou parfois jeune adulte. Le shōjo manga est traditionnellement publié dans des magazines de prépublication de manga dédiés, qui peuvent se spécialiser sur une tranche d'âge du lectorat ou sur un genre narratif.

En dehors de son lectorat cible, il n'y a pas de définition stricte de ce que peut être le shōjo manga, mais il existe des codes esthétiques, visuels et narratifs qui lui sont associés et qui évoluent dans le temps, bien qu'aucun ne soit strictement exclusif ni systématique au shōjo. De même la plupart des genres narratifs (science-fiction, policieretc.) sont couverts par la catégorie, mais certains sont plus proéminents que d'autres, tels que la romance ou l'horreur.

Définition

La shōjo

Hideko Takamine en 1939, interprétant une shōjo vêtue de son sailor fuku typique, dans le film Hana tsumi nikki, adaptation d'une nouvelle shōjo de Nobuko Yoshiya.

Le mot japonais shōjo (少女?, litt. petite femme) peut être approximativement traduit en français par le mot « fille », pour autant en japonais une fille est généralement désignée par l'expression onna no ko (女の子?), et rarement par le terme shōjo[1]. La shōjo réfère plutôt à une classe sociale qui est apparue lors de l'ère Meiji (1868-1912) pour qualifier les filles et femmes situées entre l'enfance et le mariage, ce qui concerne principalement les adolescentes scolarisées dans les établissements d'enseignement secondaire d'une part, auxquelles est associé une image « d'innocence, de pureté et de mignon », et d'autre part les jeunes femmes moga, qui ne sont pas mariées et préfèrent travailler, auxquelles est associé une image plus sulfureuse[2].

Après la Seconde Guerre mondiale le concept de shōjo reste associé à une image d'innocence et de femmes non-mariées, mais se teinte d'une forte connotation consumériste avec le développement d'une très importante catégorie marketing dédiée aux shōjo dans les années 1980 et 1990[3], cependant que les modes que sont la gyaru et la kogyaru, réputées tapageuses et enclines à la promiscuité sexuelle, remplacent les moga dans leur caractère sulfureux[3],[4],[5].

Le shōjo manga

Le marché du manga au Japon est segmenté en fonction du lectorat cible, caractérisé par un genre (féminin/masculin) et un âge ; le shōjo manga est ainsi l'un des principaux segments du manga et s'adresse donc aux personnes qui se reconnaissent dans cette image de shōjo, typiquement des filles adolescentes et femmes jeunes adultes[6], et de façon plus marginale certains hommes[7] ainsi que des femmes bien plus âgées[8].

Les shōjo mangas sont traditionnellement publiés dans les magazines dédiés au lectorat shōjo, qui sont apparus au début du xxe siècle[9] et se sont développés et diversifiés avec le temps. Ces magazines publient divers types d'histoires en fonction des époques, du moment qu'elles « plaisent aux filles »[10], un invariant au fil des décennies reste cependant l'intérêt pour les relations humaines et les émotions qui les accompagnent[11].

Histoire

1900-1945 : les prémices du shōjo manga

Début de la culture shōjo

Lors de l'ère Meiji (1868-1912) le marché de l'édition de magazines est en plein essor[12] ; les magazines pour adolescents, dits shōnen (少年?, litt. jeune âge), se développent et proposent en théorie du contenu aussi bien pour les garçons que les filles, mais en pratique ces magazines contiennent en grande partie du contenu en lien avec les centres d'intérêt des garçons, et peu avec ceux des filles[13]. Face à la demande croissante du lectorat, des premiers magazines shōjo, spécialement pour les filles, voient le jour, faisant des titres shōnen des magazines pour garçons[13].

Couverture d'un magazine, représentant des nuages avec la forme d'une femme gracieuse, se découpant dans un ciel orange, avec des herbes hautes stylisées en bas de page.
Couverture du premier numéro du Shōjo-kai en 1902.

Ainsi, les premiers magazines dédiés exclusivement aux shōjo apparaissent en 1902 avec la création du Shōjo-kai (少女界?), puis Shōjo sekai en 1906, Shōjo no tomo en 1908, Shōjo gahō en 1912 et enfin Shōjo Club en 1923[13]. Cependant, les mangas restent sous-représentés dans ces magazines avec tout au plus quelques pages leur étant dédiées, laissant la place majoritairement à la littérature shōjo, constituée de romans et poèmes abondamment illustrés[14].

Ces histoires illustrées ont malgré tout une place importante dans la mise en place de la culture shōjo, et par extension du shōjo manga. En effet, elles posent les bases des thèmes récurrents aux shōjo mangas à venir, en proposant aux jeunes Japonaises des histoires « d'amour et d'amitié »[15]. En tête des autrices emblématiques de cette époque, on retrouve notamment Nobuko Yoshiya et son récit Hana monogatari[16] ; cette romancière est réputée pour ses histoires esu, centrées sur les amitiés romantiques entre filles et femmes[17]. Par ailleurs, les racines graphiques du shōjo manga puisent leurs origines dans les illustrations de ces magazines, avec notamment le travail des peintres lyriques Yumeji Takehisa, Kashō Takabatake et Jun'ichi Nakahara, façonnant des personnages féminins avec des corps fins et des vêtements à la mode ainsi que de grands yeux, particulièrement chez Nakahara[15],[18].

Les premiers shōjo mangas

Deux pages d'un manga en six cases racontant l'histoire de deux femmes et d'un chat.
Troisième épisode du manga Mikeko Romance (ミケ子ロマンス?) par Jihei Ogawa, publié en dans le Shōjo gahō.

Les shōjo mangas en sont quant à eux à leurs balbutiements. Ils se déclinent principalement sous forme de courtes histoires humoristiques de quelques planches, prenant place dans les lieux du quotidien — le voisinage, l'école etc.[19]. Bien que sensiblement plus rares par rapport à la littérature shōjo ou aux shōnen mangas de l'époque, les shōjo mangas se développent particulièrement dans les années 1930, sous le crayon d'artistes comme Suihō Tagawa et Shōsuke Kuragane ou de quelques rares autrices telles que Machiko Hasegawa et Toshiko Ueda, mettant le plus souvent en scène des filles de type garçon manqué comme protagonistes[20],[21].

Katsuji Matsumoto est un peintre lyrique qui exprime de la sympathie pour les moga et la culture des États-Unis ; il devient lassé de représenter des shōjo sages et jolies dans ses illustrations[19], et s'oriente à la fin des années 1920 vers le manga afin de pouvoir représenter plus librement des moga et des garçons manqués[22], physiquement voire sexuellement actives[23]. Son style, probablement inspiré d'artistes de comics comme George McManus ou Ethel Hays et du cinéma hollywoodien de l'époque, introduit des innovations formelles et avant-gardistes dans le shōjo manga avec des œuvres comme Poku-chan (ポクちゃん?) entre 1930 et 1934 et son style art déco ou encore ?(Nazo) no Kurōbā (?(なぞ)のクローバー?) en 1934, particulièrement cinématographique ; son œuvre la plus célèbre et qui influencera le plus le medium est cependant Kurukuru Kurumi-chan, publiée à partir de 1938[24],[25].

Avec le commencement de la seconde guerre sino-japonaise en 1937, la censure et le rationnement du papier étouffent les magazines, qui sont forcés à fusionner pour survivre. Il ne reste alors plus que quelques magazines (41 en 1945[26]), réduits à quelques pages en noir et blanc, où les illustrations se font rares[26]. Les restrictions sont telles qu'à la fin de la guerre, il ne reste que deux magazines shōjo, le Shōjo Club et le Shōjo no tomo[26],[27]. Il faut attendre la fin de la guerre, en 1945, pour retrouver une situation éditoriale normale. Pourtant, les magazines pour filles doivent faire face à une mutation importante : l'essor du shōjo manga[28].

1945-1970 : après-guerre et essor du shōjo manga

1950 : mise en place du shōjo manga

Avec la fin de la guerre, le peuple japonais peut enfin mettre derrière lui les années de privations et de malheur. Il se rue sur les divertissements, offrant son âge d'or au cinéma, à la radio et aux variétés. Le livre populaire connaît quant à lui une renaissance, grâce à de petits éditeurs implantés dans la région du Kansai. En deux ans, on passe de 41 magazines à près de 400 et entre 1945 et 1952, date de la fin de l'occupation américaine, le nombre d'éditeur explose de 300 à environ 2000. Tous ne sont pas des éditeurs de revues pour enfants mais celles-ci constituent un pourcentage important de l'ensemble[26]. En effet, par l'utilisation d'un papier de mauvaise qualité à bas prix[29], ceux-ci proposent des livres, les akahon, particulièrement bon marché et disponibles partout — librairies, confiseries, trains, fêtes populaires, etc. Parallèlement, les librairies de location connaissent un essor important, proposant des livres spécialement dédiés à la location, les kashihon, pour la somme modique de 5 ou 10 yens pour une journée[30], l'équivalent de la moitié d'un ticket de métro à l'époque[31]. Par ailleurs, cet essor permet l'arrivée de nouveaux talents dans le monde des mangas[32].

Photographie d'une femme portant un costume d'homme et une cape.
Ambassadrice de la ville de Takarazuka, portant le costume de la Princesse Saphir.

Dans les magazines, les mangakas déjà actifs avant la guerre recommencent à dessiner des séries avec des succès notables, comme Anmitsu Hime (1949-1955) de Shōsuke Kuragane[20], Fuichin-san (1957-1962) de Toshiko Ueda[33] ou encore Kurukuru Kurumi-chan (1949-1954) de Katsuji Matsumoto, dont la publication s'était interrompue en 1940 avec la guerre[34] ; Matsumoto en profite pour faire évoluer encore une fois son style, qui se rapproche de plus en plus du style kawaii qui se développera plusieurs dizaines d'années plus tard[34]. De nouveaux mangakas, dont Osamu Tezuka et les autres artistes du groupe Tokiwasō, marchent dans leurs pas en reprenant la figure de l'héroïne garçon manqué[20], mais ils le font dans un nouveau format déjà populaire dans le shōnen manga, le « story manga », qui propose de longs récits dramatiques plutôt qu'une successions de vignettes plus ou moins indépendantes[34]. L'œuvre emblématique du genre est Princesse Saphir (1953-1956) de Tezuka, qui impose ce type de récit et le style dynamique de l'auteur dans les magazines shōjo[35],[36]. Ces succès font que la proportion de mangas dans les magazines augmente. Par exemple, s'ils ne représentaient que 20 % du magazine Shōjo Club au milieu des années 1950, ils en occupent déjà plus de la moitié à la fin de celles-ci. Avec une telle augmentation de la part des mangas, ces magazines shōjo deviennent rapidement des magazines shōjo mangas[37]. Ainsi, en , le mensuel Nakayoshi de l'éditeur Kōdansha est créé, suivi en 1955 par le magazine de Shūeisha, Ribon[38].

Dans le même temps, les shōjo mangas du marché kashihon se développent eux-aussi en prenant une toute autre direction : des peintres lyriques illustrent les couvertures d'anthologies de shōjo mangas. Parmi eux se trouvent Yukiko Tani qui illustre Niji (?, arc-en-ciel) et Macoto Takahashi qui illustre Hana (?, fleurs)[39]. Ces deux artistes commencent à créer des mangas, mais au lieu de faire comme Katsuji Matsumoto en s'éloignant des standards de la peinture lyrique, Takahashi et Tani importent au contraire ses codes dans le manga, ce qui résulte en une narration dite « décorative », qui permet de magnifier l'atmosphère des œuvres ainsi que les émotions des personnages plutôt que de se concentrer sur leur actions[40],[41]. Lorsque Takahashi dessine le manga Arashi o koete en 1958 pour le magazine Shōjo, son style décoratif fait sensation parmi les lectrices de magazines et est immédiatement reprit par d'autres mangakas, éclipsant en l'espace de quelques mois le style dynamique de Tezuka chez la plupart des artistes[35],[42]. Mais l'une des anthologies de kashihon shōjo manga les plus populaires de l'époque est Kaidan (怪談?, histoires de fantômes) ; elle est lancée en 1958 et cumulera au total plus de cent numéros, publiés à un rythme mensuel. Comme son nom l'indique, cette anthologie propose des histoires surnaturelles de yūrei (fantômes) et de yōkai (esprits japonais) qui deviennent de plus en plus bizarres, grotesques et horrifiques avec le temps. Son succès auprès des lectrices impose aux autres anthologies plus généralistes de publier elles aussi des histoires à tendance horrifique, posant ainsi les bases de ce qui deviendra le shōjo manga d'horreur[43].

Photographie noir et blanc d'une représentation de ballet, ou un homme enlace au sol une femme, cependant qu'un autre homme agenouillé au sol les salut.
Le succès du film Les Chaussons rouges (diffusé au Japon en 1950) provoque un boom d'articles et de mangas sur le ballet dans les magazines shōjo[39].

Avec les histoires humoristiques héritées d'avant la guerre, les récits dramatiques introduits par le Tokiwasō et les œuvres de l'étrange qui se développent dans les anthologies kashihon, les shōjo mangas deviennent marquetés par les éditeurs selon un triptyque d'émotions : les kanashii manga (かなしい漫画?, mangas tristes), yukai na manga (ゆかいな漫画?, mangas du bonheur) et kowai manga (こわい漫画?, mangas effrayants), ce dernier type étant pour l'instant le propre des kashihon mangas[44],[45]. En outre, deux thèmes majeurs s'imposent : les mangas de ballet qui permettent de faire rêver les lectrices dans un pays en pleine reconstruction, et les mangas familiaux centrés sur la figure maternelle, qui permettent de panser les blessures et de combler les pertes causées par la guerre[39].

À la fin des années 1950, le manga pour fille demeure principalement produit par des hommes. Parmi ces auteurs, on retrouve par exemple Leiji Matsumoto, Shōtarō Ishinomori, Kazuo Umezu ou encore Tetsuya Chiba[46]. Ces auteurs masculins ont des difficultés à saisir les attentes de leurs lectrices, ils enchaînent alors les tragédies mettant en scène des héroïnes torturées et passives qui endurent l'adversité avec courage, même si certains dessinateurs, comme Tezuka, Ishinomori ou Umezu tentent de dépasser ces clichés avec des héroïnes plus actives[29],[36],[47].

1960 : l'arrivée des autrices

Ainsi, au milieu des années 1960, grâce à l'augmentation de la fréquence de ces magazines pour filles, de nouveaux auteurs font leur entrée dans le monde du shōjo manga pour satisfaire le besoin en contenu. Jusque-là majoritairement masculin, une poignée de femmes mangaka rejoigne les rangs du shōjo[48]. Ce phénomène est accentué par la mise en place système d'école du manga. Les éditeurs ont besoin de nouveaux auteurs pour remplir les centaines de pages de leurs hebdomadaires. Aussi, proposent-ils des concours qui permet de repérer de nouveaux auteurs issus de leurs lecteurs. Des lectrices de shōjo mangas sont donc ainsi récompensées et leur première œuvre publiée. C'est le cas de Machiko Satonaka qui a 16 ans voit son premier manga Pia no shōzō (ピアの肖像?) publié dans le Shōjo Friend en 1965[49]). L'une d'entre elles, Yoshiko Nishitani, tente une nouvelle approche[48] : elle est l'une des premières à proposer des mangas mettant en scène des héroïnes à l'image de ses lectrices : de jeunes japonaises vivant leur vie d'adolescente ordinaire — amitié, famille, école, et, la vie amoureuse[48]. L'une de ses œuvres, Remon to Sakuranba, est notamment précurseur d'un sous-genre incontournable dans du shōjo manga moderne : la romance en milieu scolaire[48]. Plus généralement ces autrices délaissent les procédés utilisés par les auteurs pour imposer une écriture plus originale[50].

Par ailleurs, les années 1960 inaugurent les premières diversifications du shōjo manga. Ainsi apparaît le premier manga de genre Magical girl, Himitsu no Akko-chan. Ce manga de Fujio Akatsuka est publié dans le magazine Ribon de 1962 à 1965, il met en scène une jeune fille, Akko, qui se voit dotée d'un miroir magique lui permettant de changer d’apparence[51]. En parallèle, des mangakas du shōjo manga proposent aux jeunes filles de nouveaux thèmes : le manga d'horreur, avec notamment La Femme-serpent (1965) de Kazuo Umezu[44] et le manga sportif avec Les Attaquantes (Attack number one!) (1967) de Chikako Urano[52]. Dans ce mouvement de réappropriation des thématiques, se démarque Hideko Mizuno qui dans sa série Fire ose d'une part présenter clairement des scènes sexuelles et d'autre part choisit comme personnage principal un garçon, Aaron, un chanteur de rock avec une attitude de mauvais garçon[53].

Années 1970 : l'âge d'or du shōjo manga

Photographie noir et blanc du portrait d'une femme
Hagio Moto en 2008.

À partir des années 1970, la production des shōjo manga se féminise véritablement[54]. Ceux-ci se complexifient, graphiquement comme thématiquement[55], en phase avec la révolution féminine et sexuelle[56]. Ce renouveau résulte d'une nouvelle génération d'auteurs, nommée rétrospectivement le « Groupe de l'an 24 »[note 1],[54]. Parmi elles, on retrouve notamment Moto Hagio, Keiko Takemiya, Ryōko Yamagishi, Yumiko Ōshima, Yumiko Igarashi[31]. Elles vont offrir à leurs lectrices des histoires aux thèmes inédits — science-fiction, la fantasy, le manga historique, , etc. — partageant comme thématique commune, l'amour, et décrivant avec profondeur la psychologie de ses personnages[54],[57]. Hagio et Takemiya inaugurent un nouveau genre, le shōnen'ai, mettant en scène l'homosexualité masculine, avec les œuvres In the Sunroom (1970) pour Takemiya et Le pensionnat de novembre (1971) pour Hagio[58]. Ces fleurs de l'an 24 vont modifier les codes graphiques, avec des traits plus fins et plus légers, des visages d'une beauté frôlant l'exagération, des pages plus lumineuses, et des cases aux contours éclatés, effacés, voire dépassés[59]. Ces innovations ne sont pas le seul fait de ce groupe et une autrice comme Riyoko Ikeda participe de cette évolution avec La Rose de Versailles dans lequel le jeu sur le genre, l'homosexualité constitue une des bases du récit. Il est de ce fait une œuvre importante dans le genre des bishōnen, mangas dans lesquels le personnage masculin est androgyne[53].

Non seulement, cette génération apporte un renouvellement profond du shojo mais elle a aussi une influence sur le monde de l'édition. En effet, elles travaillent toutes pour les trois plus grandes maisons d'édition de manga (Kodansha, Shogakukan, Shueisha) ou pour la plus récente Hakusensha, spécialisée dans le shojo. Ces quatre éditeurs s'imposent comme les leaders du shojo et gardent cette possition dominante dans les décennies qui suivent[60].

Cette évolution du shōjo, tant graphique que thématique, le sépare alors définitivement du shōnen manga et pose le modèle pour l'ensemble des shōjo manga à venir[57].

En parallèle, des auteurs comme Hideko Mizuno font évoluer leurs œuvres pour les adapter à leurs jeunes lectrices devenues femmes. Ce sont les prémices du josei, avant sa consécration dans les années 1980[56].

Analyse stylistique

Après-guerre, le shōjo manga, écrit et dessiné par des hommes, possède de nombreux points communs avec les shōnen mangas destinés aux jeunes garçons. Dès lors qu'une nouvelle génération d'autrice s'impose à partir des années 1960 et surtout au début des années 1970 avec le groupe de l'an 24, non seulement l'écriture évolue mais les caractéristiques graphiques du shōjo font de même. Si le shōnen alterne dialogue et scènes d'action les shōjo sont des œuvres dans lesquelles l'expression des sentiments et des émotions ont une place bien plus importante. Pour cela, les autrices agrandissent les yeux qui permettent, selon la façon dont ils sont dessinés, de mieux faire saisir l'état émotionnel du personnage. Même si depuis les années 1970, ces principes sont repris dans d'autres genres de manga, ils sont encore une marque du shōjo[61].

À cela s'ajoute une utilisation du cadre des cases plus libre et originale que dans les shōnen de l'époque[62]. Alors que les premiers shōjo d'après-guerre gardaient l'usage classique des cadres, les autrices délaissent ce système pour une mise en page plus fluide évoquant une cascade. Les cases s'enchaînent de telle façon que le passage de l'une à l'autre est des plus fluides. Cette rupture avec le modèle qu'Osamu Tezuka proposait permet, selon la critique Mizuki Takahashi de mieux s'attacher au texte. Ce dernier est d'ailleurs aussi travaillé grâce aux polices de caractère et à la disposition des dialogues, qui peuvent sortir des phylactères pour exprimer les sentiments des personnages surtout lorsqu'il s'agit de leurs pensées et de leurs souvenirs[62].

Depuis ces expérimentations, qui sont devenues des éléments classiques des shōjo ont essaimé et même dans des shōnen, il arrive que les yeux servent à exprimer plus vivement les sentiments des personnages et que les cadres enserrent moins les personnages[60].

Principaux thèmes et sous-genres

Genre et sexualité

Bien qu'il ne soit pas le premier auteur à écrire et dessiner du shōjo, Osamu Tezuka est considéré par beaucoup comme celui qui par son apport au manga a transformé complètement la bande dessinée japonaise, et en particulier le shōjo. L'œuvre marquante est ici Princesse Saphir. L'héroïne combine des traits considérés comme féminins (elle aime les poupées et les fleurs) et masculins (elle se bat avec une épée). Elle est l'image de l'otenba (garçon manqué) qui après la seconde guerre mondiale devient un mode de vie plus accepté. L'égalité des sexes, introduit dans la constitution de 1947, devient une réalité et les mangakas inscrivent dans leurs œuvres cette évolution du statut des femmes au Japon. L'ambiguïté sur le genre de la princesse Saphir, qui a une part masculine et une part féminine, est une représentation poussée à l'excès des otenba mais d'autres auteurs créent aussi des personnages féminins forts[63].

À partir de la fin des années 1960, l'évocation de la sexualité qu'elle soit hétéro ou homosexuelle se libère. La représentation dessinée s'explique en partie par un respect littéral du code de la censure. En effet, il est strictement interdit de représenter les poils pubiens ou un pénis mais tant que les personnages sont couverts d'un draps et quoi que le récit montre sous celui-ci, les auteurs sont libres. Ainsi, les autrices de shōjo vont pouvoir proposer des récits sexualisés, bien loin de ce qui se trouvait dans les shōjo mangas des origines[53].

L'évolution de la représentation de personnages féminins va de pair avec la féminisation du métier d'auteur de shōjo et le lectorat. Le shōjo est pensé pour plaire aux jeunes filles. À partir des années 1960, les femmes remplacent les hommes pour réaliser des shōjo alors que ceux-ci se consacrent aux shōnen, dans l'idée que pour comprendre ce que veulent les lectrices, des autrices sont le mieux placées. Cela entraîne que depuis le débuts des années 1970, les shōjo sont quasi-exclusivement écrits par des femmes[64].

Le surnaturel, l'étrange et l'horreur

Le shōjo manga propose de nombreuses œuvres qui versent dans le surnaturel, l'étrange et l'horreur, avec des histoires de yūrei (fantôme), oni (démon) et yōkai (esprit) construites autour des légendes urbaines et du folklore japonais[65],[45]. Ces œuvres développent un univers féminin, où les principaux protagonistes (monstres, victimes, personnages principaux, etc.) sont typiquement des femmes ou des bishōnen[66]. Ainsi ces œuvres permettent au lectorat féminin d'explorer librement leurs sentiments les plus sombres comme la jalousie, la colère, leurs peurs ou leurs frustrations, qui transpirent moins dans les œuvres généralement plus mignonnes ou dramatiques du shōjo manga grand public[65].

Notes et références

Notes

  1. Elles doivent leur nom au fait qu'elles sont toutes nées autour de l'année 1949, soit la 24e année de l'ère Shōwa.

Références

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  3. a et b Prough 2011, p. 8.
  4. Berndt, Nagaike et Ogi 2019, p. 7.
  5. Shamoon 2012, p. 3.
  6. Prough 2011, p. 10.
  7. Berndt, Nagaike et Ogi 2019, p. 357.
  8. Prough 2011, p. 11.
  9. Tsuchiya Dollase 2019, p. 19.
  10. Prough 2011, p. 4.
  11. Prough 2011, p. 2.
  12. Shamoon 2012, p. 29.
  13. a b et c Shamoon 2012, p. 19.
  14. Toku 2015, p. 25-26.
  15. a et b Shamoon 2012, p. 58.
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Bibliographie

Ouvrages généraux

Ouvrages spécialisés

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  • (en) Mizuki Takahashi, « Opening the Closed World of Shojo Manga », dans Japanese Visual Culture, Ed. Mark MacWilliams. ME Sharpe, .
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Articles

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  • Béatrice Maréchal, « La bande dessinée japonaise pour filles et pour femmes », 9e Art, no 6,‎ (ISSN 2108-6893, lire en ligne, consulté le ).
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  • (ja) Nozomi Masuda, « 少女マンガ黎明期における作家と編集者 : 「少女マンガを語る会」記録より » [« Auteurs et éditeurs à l'origine du shōjo manga : minutes du séminaire sur le shōjo manga »], 武庫川女子大学生活美学研究所紀要, vol. 30,‎ (DOI 10.14993/00002074).

Dossiers web

Articles connexes

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Shōjo manga.
  • Le manga : son histoire et ses caractéristiques.
  • Le shōnen manga, équivalent du shōjo manga pour garçons.
  • Le sunjeong manhwa, équivalent coréen du shōjo manga.