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| légende = [[Logotype|Logo]] du film.
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| titreKanji = 天空の城ラピュタ
| titreKanji = 天空の城ラピュタ
| titreJaponais = Tenkū no shiro Rapyuta
| titreJaponais = Tenkū no Shiro Rapyuta
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| genre = [[Image animée|Animation]], [[Fantasy au cinéma|fantasy]], [[Film d'aventure|aventure]]
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{{Japonais|'''''Le Château dans le ciel'''''|天空の城ラピュタ|Tenkū no Shiro Rapyuta|{{Abréviation discrète|litt.|littéralement|fr}} {{"|Laputa, le château dans le ciel}}}} est un [[film d'animation]] [[japon]]ais du [[studio Ghibli]], réalisé par [[Hayao Miyazaki]] en [[1986 au cinéma|1986]]. C'est le premier film du studio depuis sa création en [[1985 en animation asiatique|1985]] et le troisième du réalisateur.

{{Japonais|'''''Le Château dans le ciel'''''|天空の城ラピュタ|Tenkū no shiro Rapyuta|{{Abréviation discrète|litt.|littéralement|fr}} « Laputa, le château dans le ciel »}} est un [[film d'animation]] [[japon]]ais du [[studio Ghibli]], réalisé par [[Hayao Miyazaki]] en [[1986 au cinéma|1986]].


En raison de la petite distribution que proposait le studio Ghibli à l'époque, puis du succès des nouveaux films (''[[Le Voyage de Chihiro]]'' et ''[[Princesse Mononoké]]'' notamment), il n'est sorti en France qu'en 2003, soit dix-sept ans après sa sortie au Japon.
En raison de la petite distribution que proposait le studio Ghibli à l'époque, puis du succès des nouveaux films (''[[Le Voyage de Chihiro]]'' et ''[[Princesse Mononoké]]'' notamment), il n'est sorti en France qu'en 2003, soit dix-sept ans après sa sortie au Japon.


== Synopsis ==
== Synopsis ==
Des pirates du ciel, la « bande de Dora », attaquent une forteresse volante ; ils recherchent une « pierre volante » appartenant à une jeune fille, Sheeta, retenue prisonnière. Cette dernière arrive à s'enfuir pour atterrir chez Pazu, un garçon de son âge. Tous deux découvrent qu'ils ont un point commun : Laputa, une île légendaire flottant dans le ciel. Le père de Pazu l'avait vue de ses propres yeux mais personne ne l'avait cru, le laissant mourir de chagrin ; mais Sheeta a cette « pierre volante » qui conduit jusqu'à l'île. Poursuivis par les pirates et le clan de Muska, l'homme voulant se servir de la jeune fille pour parvenir à régner sur ces terres, les deux enfants devront s'entraider pour y arriver avant eux...
Des pirates du ciel, la {{"|bande de Dora}}, attaquent une forteresse volante ; ils recherchent une {{"|pierre volante}} appartenant à une jeune fille, Sheeta (ou Shiita), retenue prisonnière. Cette dernière arrive à s'enfuir pour atterrir chez Pazu, un garçon de son âge. Tous deux découvrent qu'ils ont un point commun : Laputa, une île légendaire flottant dans le ciel. Le père de Pazu l'avait vue de ses propres yeux mais personne ne l'avait cru, le laissant mourir de chagrin ; mais Sheeta a cette {{"|pierre volante}} qui conduit jusqu'à l'île. Poursuivis par les pirates et par Muska, un agent des services secrets épaulé par la flotte de l'armée, les deux enfants s'entraident pour y arriver avant eux. Muska veut se servir de la jeune fille pour parvenir à régner sur ces terres…


== Fiche technique ==
== Fiche technique ==
* Titre original : {{japonais|天空の城ラピュタ||Tenkū no Shiro Rapyuta}}

* Titre original : {{Langue|ja|天空の城ラピュタ}} ''Tenkū no shiro Rapyuta''
* Titre français : ''Le Château dans le ciel''
* Titre français : ''Le Château dans le ciel''
* Titre international : ''Laputa: Castle in the sky''
* Titre international : ''Laputa: Castle in the Sky''
* Réalisation et scénario : [[Hayao Miyazaki]]
* Réalisation et scénario : [[Hayao Miyazaki]]
* Musique : [[Joe Hisaishi]]
* Musique : [[Joe Hisaishi]]
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== Distribution ==
== Distribution ==
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=== Voix originales ===
=== Voix originales ===
* [[Mayumi Tanaka]] : Pazu
* [[Mayumi Tanaka]] : Pazu
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* [[Reiko Suzuki]] : la grand-mère
* [[Reiko Suzuki]] : la grand-mère
* [[Tomomichi Nishimura]] : le conducteur du train
* [[Tomomichi Nishimura]] : le conducteur du train
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=== Voix françaises ===
=== Voix françaises ===
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* [[Pierre Tessier]] : Muska
* [[Pierre Tessier]] : Muska
* [[Yves Barsacq]] : Papy Pomme
* [[Yves Barsacq]] : Papy Pomme
* [[Benoit Allemane]] : le général
* [[Benoît Allemane]] : le général
* [[Jérôme Pauwels]] : Henri
* [[Jérôme Pauwels]] : Henri
* [[Pierre Laurent (acteur)|Pierre Laurent]] : Louis
* [[Pierre Laurent (acteur)|Pierre Laurent]] : Louis
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* [[William Sabatier]] : Pepère
* [[William Sabatier]] : Pepère
* Maïté Monceau : Okami
* Maïté Monceau : Okami
* [[Paule Emmanuèle]] : la grand-mère
* [[Paule Emanuele]] : la grand-mère
* [[Jacques Bouanich]] : le conducteur du train
* [[Jacques Bouanich]] : le conducteur du train

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*; Version française
** Studio de [[doublage]] : [[Dubbing Brothers]]<ref>{{lien web |titre=Le Château dans le Ciel |url=http://www.planete-jeunesse.com/fiche-1583-le-chateau-dans-le-ciel.html |site=planete-jeunesse.com |consulté le=14-04-2023}}.</ref>
** [[Direction artistique]] : [[Mathias Kozlowski]]
** [[Dialoguiste|Adaptation]] : Philippe Videcoq


== Production ==
== Production ==
=== Genèse ===
=== Genèse ===
Le mot {{japonais|« Laputa »|ラピュタ| Rapyuta}} n’était pas présent à l’origine dans les premiers titres proposés ; certains titres incluaient le nom du héros principal, Pazu, avec une référence aux châteaux volants, mais le besoin de trouver une accroche culturelle pour les bailleurs de fonds et les distributeurs a mené à mentionner le nom de la cité volante du roman ''[[Les Voyages de Gulliver]]'' de [[Jonathan Swift]]<ref name="McCarthy97" />.
Le mot {{japonais|{{"|Laputa}}|ラピュタ| Rapyuta}} n’était pas présent à l’origine dans les premiers titres proposés ; certains titres incluaient le nom du héros principal, Pazu, avec une référence aux châteaux volants, mais le besoin de trouver une accroche culturelle pour les bailleurs de fonds et les distributeurs a mené à mentionner le nom de la cité volante du roman ''[[Les Voyages de Gulliver]]'' de [[Jonathan Swift]]<ref name="McCarthy97" />.


=== Influences ===
=== Scénario et influences ===
[[Fichier:Pieter Bruegel the Elder - The Tower of Babel (Vienna) - Google Art Project - edited.jpg|vignette|''[[La Tour de Babel]]'', Vienne.]]
[[Fichier:Pieter Bruegel the Elder - The Tower of Babel (Vienna) - Google Art Project - edited.jpg|vignette|''[[La Tour de Babel]]'', Vienne.]]


Miyazaki s'est inspiré du troisième des ''[[Les Voyages de Gulliver|Voyages de Gulliver]]'' de [[Jonathan Swift]], « Voyage à Laputa »<ref name="McCarthy94">{{en}} {{harvsp|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation : Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=94}}</ref>. Dans ce récit, [[Laputa]] était le nom d'une île volante, dont les habitants ont perdu tout sens commun, à force d'abuser de [[philosophie]] [[Spéculation (philosophie)|spéculative]]<ref name="McCarthy97">{{en}} {{harvsp|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation : Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=97}}</ref>.
Miyazaki s'est inspiré du troisième des ''[[Les Voyages de Gulliver|Voyages de Gulliver]]'' de [[Jonathan Swift]], {{"|Voyage à Laputa}}<ref name="McCarthy94">{{harvsp|lang=en|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation: Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=94}}</ref>. Dans ce récit, [[Laputa]] était le nom d'une île volante, dont les habitants ont perdu tout sens commun, à force d'abuser de [[philosophie]] [[Spéculation (philosophie)|spéculative]]<ref name="McCarthy97">{{en}} {{harvsp|lang=en|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation: Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=97}}</ref>.


D’après [[Helen McCarthy]], l’intérêt de Miyazaki pour la littérature apparaît clairement dans la quête du ''Château dans le ciel'', où les deux héros sont arrachés de leur quiétude par des forces qui dépassent leur entendement et doivent évoluer et grandir pour prendre le contrôle de leur destinée, rappellent celui de ''[[L'Île au trésor]]''<ref name="McCarthy94" />.
D’après [[Helen McCarthy]], l’intérêt de Miyazaki pour la littérature apparaît clairement dans la quête du ''Château dans le ciel'', où les deux héros sont arrachés de leur quiétude par des forces qui dépassent leur entendement et doivent évoluer et grandir pour prendre le contrôle de leur destinée, rappellent celui de ''[[L'Île au trésor]]''<ref name="McCarthy94" />.


Pour la réalisation du ''Château dans le ciel'', Miyazaki a été fortement influencé par un voyage effectué au [[Pays de Galles]] en 1985, peu après la période de [[Grève des mineurs britanniques de 1984-1985|grève des mineurs britanniques]]<ref name="McCarthy94" />{{,}}<ref name="DCavallaro-p61">{{en}} {{harvsp|texte=''The Anime Art of Hayao Miyazaki''|id=DCavallaro|p=61}}</ref>. Dans une interview de 1999, le réalisateur raconte son admiration pour la communauté des mineurs se battant jusqu’à la fin pour la sauvegarde de leur travail et de leurs communautés ; c’est pour ça qu’il a souhaité faire de son héros un jeune mineur intégré à une communauté soudée, peu avant la fermeture des mines<ref name="McCarthy95-97">{{en}} {{harvsp|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation : Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=95-97}}</ref>. Durant ce même voyage, il a été également impressionné par les restes d’une industrie abandonnée par l’homme, lui rappelant l’accident du [[LZ 129 Hindenburg]]<ref name="McCarthy95-96">{{en}} {{harvsp|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation : Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=95-96}}</ref>.
Pour la réalisation du ''Château dans le ciel'', Miyazaki a été fortement influencé par un voyage effectué au [[Pays de Galles]] en 1985, peu après la période de [[Grève des mineurs britanniques de 1984-1985|grève des mineurs britanniques]]<ref name="McCarthy94" />{{,}}<ref name="DCavallaro-p61">{{harvsp|lang=en|texte=''The Anime Art of Hayao Miyazaki''|id=DCavallaro|p=61}}</ref>. Dans une interview de 1999, le réalisateur raconte son admiration pour la communauté des mineurs se battant jusqu’à la fin pour la sauvegarde de leur travail et de leurs communautés ; c’est pour ça qu’il a souhaité faire de son héros un jeune mineur intégré à une communauté soudée, peu avant la fermeture des mines<ref name="McCarthy95-97">{{harvsp|lang=en|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation: Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=95–97}}</ref>. Durant ce même voyage, il a été également impressionné par les restes d’une industrie abandonnée par l’homme, lui rappelant l’accident du [[LZ 129 Hindenburg]]<ref name="McCarthy95-96">{{harvsp|lang=en|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation: Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=95–96}}</ref>. Pour la conception du Château, Miyazaki s'est fortement inspiré du village français [[Cordes-sur-Ciel]] où, durant ses voyages, le village lui a donné l'impression qu'un {{"|château volant flottait dans le ciel}}<ref>{{Lien web |langue=fr |nom= |titre=Tarn. Ce plus beau village de France a inspiré un chef-d'œuvre de l'animation japonaise |url=https://actu.fr/occitanie/cordes-sur-ciel_81069/tarn-ce-plus-beau-village-de-france-a-inspire-un-chef-d-oeuvre-de-l-animation-japonaise_59851703.html |site=actu.fr |date=2023-07-14 |consulté le=2023-07-16}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Cordes-sur-Ciel, chemin de Compostelle |url=https://www.via-compostela.com/cordes-sur-ciel-la-perle-des-bastides |site=www.via-compostela.com |consulté le=2023-07-16}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Un château dans le ciel et la vanille |url=https://www.europe1.fr/emissions/le-tour-de-table-art-de-vivre/un-chateau-dans-le-ciel-et-la-vanille-4069396 |site=Europe 1 |date=2021-10-02 |consulté le=2023-07-16}}</ref>.

En ce qui concerne l'architecture de l'île volante, constituée d’une rangée de trois remparts de diamètres décroissants, d’une citadelle surmontée d’un gigantesque arbre, et d’un dôme retourné dessous, préservant les secrets les plus sombres de l’ancienne civilisation, Miyazaki a été influencé par la représentation de la [[Tour de Babel]] de 1563 par [[Pieter Brueghel l'Ancien]], par les décors du film ''[[Metropolis (film, 1927)|Metropolis]]'' de [[Fritz Lang]], réalisé en 1927, et par les illustrations d’[[Alan Lee]] de la cité de [[Minas Tirith]] pour ''[[Le Seigneur des anneaux]]''<ref name="DCavallaro-p59">{{harvsp|lang=en|texte=''The Anime Art of Hayao Miyazaki''|id=DCavallaro|p=59}}</ref>.


Les robots, gardiens du château, sont directement inspirés de la machine dans ''[[Le Roi et l'Oiseau]]'', film d'animation français dont [[Hayao Miyazaki|Miyazaki]] a toujours été un grand admirateur. Miyazaki était plus particulièrement passionné par le {{"|brouillon}} du ''Roi et l'oiseau'', à savoir ''La Bergère et le ramoneur'', réalisé par [[Paul Grimault]] en 1952. L'une des scènes de ce film a probablement influencé la séquence du ''Château dans le ciel'' où le robot issu de la technologie de Laputa détruit la forteresse dans laquelle il est retenu prisonnier par Muska : il s'agit de la séquence où le robot géant programmé pour protéger la jeune fille, piloté par l'oiseau, réduit en cendres la cité du roi orgueilleux. À l'instar de ce qui arrive à Laputa, c'est le progrès technique et scientifique qui cause la perte du royaume. Chez Grimault comme chez Miyazaki, les robots permettent de témoigner d'une civilisation disparue et de prendre soin des espèces animales et végétales, loin de la mission destructrice pour laquelle ils avaient été programmés<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jérôme|nom1=Lauté|titre=Hayao Miyazaki|sous-titre=L'enfance de l'art|volume=45|éditeur=Éclipses|année=2009|pages totales=160|passage=27|isbn=}}.</ref>.
En ce qui concerne l'architecture de l'île volante, constituée d’une rangée de trois remparts de diamètres décroissants, d’une citadelle surmontée d’un gigantesque arbre, et d’un dôme retourné dessous, préservant les secrets les plus sombres de l’ancienne civilisation, Miyazaki a été influencé par la représentation de la [[Tour de Babel]] de 1563 par [[Pieter Brueghel l'Ancien]], par les décors du film ''[[Metropolis (film, 1927)|Metropolis]]'' de [[Fritz Lang]], réalisé en 1927, et par les illustrations d’[[Alan Lee]] de la cité de [[Minas Tirith]] pour ''[[Le Seigneur des anneaux]]''<ref name="DCavallaro-p59">{{en}} {{harvsp|texte=''The Anime Art of Hayao Miyazaki''|id=DCavallaro|p=59}}</ref>.


Les machines volantes présentes dans le film (Goliath, {{"|flaptères}} des pirates de Dora, sans oublier le château lui-même et la débauche d'engins volants du générique d'entrée) sont une des marques de Miyazaki, grand passionné d'aéronautique. Son père était en effet directeur d'une société liée aux aéronefs : elle fabriquait des pièces de queue pour les chasseurs japonais de la [[Seconde Guerre mondiale]], les fameux [[Mitsubishi A6M|{{"|Zéros}}]].
Les robots, gardiens du château, sont directement inspirés de la machine dans ''[[Le Roi et l'Oiseau]]'', film d'animation français dont [[Hayao Miyazaki|Miyazaki]] a toujours été un grand admirateur. Miyazaki était plus particulièrement passionné par le "brouillon" du ''Roi et l'oiseau'', à savoir ''La Bergère et le ramoneur'', réalisé par [[Paul Grimault]] en 1952. L'une des scènes de ce film a probablement influencé la séquence du ''Château dans le ciel'' où le robot issu de la technologie de Laputa détruit la forteresse dans laquelle il est retenu prisonnier par Muska : il s'agit de la séquence où le robot géant programmé pour protéger la jeune fille, piloté par l'oiseau, réduit en cendres la cité du roi orgueilleux. À l'instar de ce qui arrive à Laputa, c'est le progrès technique et scientifique qui cause la perte du royaume. Chez Grimault comme chez Miyazaki, les robots permettent de témoigner d'une civilisation disparue et de prendre soin des espèces animales et végétales, loin de la mission destructrice pour laquelle ils avaient été programmés<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jérôme|nom1=Lauté|titre=Hayao Miyazaki|sous-titre=L'enfance de l'art|volume=45|éditeur=Éclipses|année=2009|pages totales=160|passage=27|isbn=}}.</ref>.


=== Univers visuel ===
Les machines volantes présentes dans le film (Goliath, « flaptères » des pirates de Dora, sans oublier le château lui-même et la débauche d'engins volants du générique d'entrée) sont une des marques de Miyazaki, grand passionné d'aéronautique. Son père était en effet directeur d'une société liée aux aéronefs : elle fabriquait des pièces de queue pour les chasseurs japonais de la [[Seconde Guerre mondiale]], les fameux « Zéros ».
La direction artistique du ''Château dans le ciel'' est assurée par [[Nizō Yamamoto]], qui avait travaillé avec Miyazaki dès sa série animée ''[[Conan, le fils du futur]]'' en 1978 et avec Takahata pour ''[[Kié la petite peste]]'' en 1981<ref>{{Article|titre=Disparition de Nizô Yamamoto|périodique=Buta Connection|date=20 août 2023|lire en ligne=https://www.buta-connection.net/index.php/actualites-japon-studio-ghibli/disparition-de-nizo-yamamoto|consulté le=22 août 2023}}</ref>.


=== Musique ===
=== Musique ===
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Ce film signe la seconde collaboration entre Hayao Miyazaki à la réalisation et [[Joe Hisaishi]] pour la bande originale, après ''[[Nausicaä de la vallée du vent (film d'animation)|Nausicaä de la vallée du vent]]''. La musique symphonique (accompagnée fréquemment d'un piano) de Hisaishi joue un rôle important dans le film, particulièrement dans certaines scènes : la découverte de Laputa, d'un calme immense après les scènes précédentes, plus mouvementées, doit sa sensation de plénitude au thème musical qui y est lié. La bande originale du film de 1986 dure environ 60 minutes, comprend quatorze pistes et inclut de la musique électronique.
Ce film signe la deuxième collaboration entre Hayao Miyazaki à la réalisation et [[Joe Hisaishi]] pour la bande originale, après ''[[Nausicaä de la vallée du vent (film d'animation)|Nausicaä de la vallée du vent]]''. La musique symphonique (accompagnée fréquemment d'un piano) de Hisaishi joue un rôle important dans le film, particulièrement dans certaines scènes : la découverte de Laputa, d'un calme immense après les scènes précédentes, plus mouvementées, doit sa sensation de plénitude au thème musical qui y est lié. La bande originale du film de 1986 dure environ {{unité|60|minutes}}, comprend quatorze pistes et inclut de la musique électronique.
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| titre = {{Langue|en|Laputa: Castle in the Sky}}
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En 1998, pour préparer la version anglophone du film, les studios Disney demandent à Joe Hisaishi de composer une bande originale plus longue (90 minutes) et orchestrale, ce qu'il fait. Cette version symphonique comprend 23 pistes.
En 1998, pour préparer la version anglophone du film, les studios Disney demandent à Joe Hisaishi de composer une bande originale plus longue ({{unité|90|minutes}}) et orchestrale, ce qu'il fait. Cette version symphonique comprend {{unité|23|pistes}}.


{{Album
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== Analyse ==
== Analyse ==

[[Helen McCarthy]] remarque que ''Le Château dans le ciel'' est une illustration de la méfiance de Miyazaki envers la science et la technologie en tant que vecteurs de progrès ; dans ses productions, plus le niveau de contrôle sur la technologie est grand, plus la violence, la cupidité et l’injustice qui l’accompagnent sont présentes<ref name="McCarthy94-95">{{en}} {{harvsp|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation : Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=94-95}}</ref>. Cependant, il ne s’agit pas d’une critique de la technologie en elle-même, mais de l’incapacité pour l’homme à l’utiliser sagement<ref name="McCarthy94-95" />.
[[Helen McCarthy]] remarque que ''Le Château dans le ciel'' est une illustration de la méfiance de Miyazaki envers la science et la technologie en tant que vecteurs de progrès ; dans ses productions, plus le niveau de contrôle sur la technologie est grand, plus la violence, la cupidité et l’injustice qui l’accompagnent sont présentes<ref name="McCarthy94-95">{{en}} {{harvsp|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation : Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=94-95}}</ref>. Cependant, il ne s’agit pas d’une critique de la technologie en elle-même, mais de l’incapacité pour l’homme à l’utiliser sagement<ref name="McCarthy94-95" />.


Le philosophe [[Éric Dufour]], dans son ouvrage ''Le cinéma de science-fiction'' (paru chez Armand Colin en 2012), considère ''Le Château dans le ciel'' comme une illustration du style [[steampunk]] (le steampunk renvoie à un imaginaire visuel de l’Angleterre industrielle de la fin du {{s-|XIX}}). Selon lui, le film de Miyazaki ne fait aucune référence à l’Histoire mais introduit [[Laputa]], une île céleste fictive : il met en scène un futur tel qu’il a pu être conçu et rêvé dans l’imaginaire de la révolution industrielle<ref>{{harvsp|texte=''Le cinéma de science-fiction |p=164|id=CinémaSF}}.</ref>. ''Le Château dans le ciel'' s’ouvre sur des représentations de vieilles machines avant de faire apparaître l’usine d’extraction de charbon et ses machines à vapeur, et les premiers moyens de locomotion et de communication (le téléphone, l’automobile). Ces machines ont une caractéristique insolite, qui a pour conséquence que le monde duquel elles sont issues fait référence au nôtre mais avec une négation de sa technologie<ref name="CinémaSF165">{{harvsp|texte=''Le cinéma de science-fiction |p=165|id=CinémaSF}}.</ref> : par exemple, quand les pirates de Dora s’envolent après qu’on les a vus remonter à la main leurs machines volantes, É. Dufour suggère l'étonnement dont peut faire preuve le spectateur devant la différence entre la technologie rudimentaire qu’ils utilisent et les performances de leurs machines. Le film de Miyazaki plonge le spectateur dans un monde où la technologie, aussi vieillotte qu’elle puisse être, n’en a pas moins des résultats comparables – voire meilleurs – à ceux d’une technologie plus moderne<ref name="CinémaSF165"/>. Ce que décrit ici le steampunk, ce sont donc les résultats impossibles et inconcevables d’une technologie qui n’en est pas moins présentée comme si elle pouvait les produire<ref>{{harvsp|texte=''Le cinéma de science-fiction |p=166|id=CinémaSF}}.</ref>.
Le philosophe [[Éric Dufour]], dans son ouvrage ''Le cinéma de science-fiction'' (paru chez Armand Colin en 2012), considère ''Le Château dans le ciel'' comme une illustration du style [[steampunk]] (le steampunk renvoie à un imaginaire visuel de l’[[Angleterre]] industrielle de la fin du {{s-|XIX}}). Selon lui, le film de Miyazaki ne fait aucune référence à l’Histoire mais introduit [[Laputa]], une île céleste fictive : il met en scène un futur tel qu’il a pu être conçu et rêvé dans l’imaginaire de la révolution industrielle<ref>{{harvsp|texte=''Le cinéma de science-fiction |p=164|id=CinémaSF}}.</ref>. ''Le Château dans le ciel'' s’ouvre sur des représentations de vieilles machines avant de faire apparaître l’usine d’extraction de charbon et ses machines à vapeur, et les premiers moyens de locomotion et de communication (le téléphone, l’automobile). Ces machines ont une caractéristique insolite, qui a pour conséquence que le monde duquel elles sont issues fait référence au nôtre mais avec une négation de sa technologie<ref name="CinémaSF165">{{harvsp|texte=''Le cinéma de science-fiction |p=165|id=CinémaSF}}.</ref> : par exemple, quand les pirates de Dora s’envolent après qu’on les a vu remonter à la main leurs machines volantes, É. Dufour suggère l'étonnement dont peut faire preuve le spectateur devant la différence entre la technologie rudimentaire qu’ils utilisent et les performances de leurs machines. Le film de Miyazaki plonge le spectateur dans un monde où la technologie, aussi vieillotte qu’elle puisse être, n’en a pas moins des résultats comparables – voire meilleurs – à ceux d’une technologie plus moderne<ref name="CinémaSF165"/>. Ce que décrit ici le steampunk, ce sont donc les résultats impossibles et inconcevables d’une technologie qui n’en est pas moins présentée comme si elle pouvait les produire<ref>{{harvsp|texte=''Le cinéma de science-fiction |p=166|id=CinémaSF}}.</ref>.


== Distinctions ==
== Distinctions ==
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== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Raphaël|nom1=Colson|lien auteur1=Raphaël Colson|prénom2=Gaël|nom2=Régner|titre=Hayao Miyazaki|sous-titre=Cartographie d’un univers|lieu=Lyon|éditeur=[[Les Moutons électriques]]|année=2010|mois=11|jour={{1er}}|pages totales=364|isbn=978-2-915793-84-0|présentation en ligne=http://www.moutons-electriques.fr/livre.php?p=intro&n=99|consulté le=24 décembre 2010|id=Cartographie}}
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Helen|nom1=McCarthy|lien auteur1=Helen McCarthy|titre=Hayao Miyazaki : Master of Japanese Animation|sous-titre=Films, Themes, Artistry|lieu=Berkeley (Calif.)|éditeur=[[Stone Bridge Press]]|année=2003|mois=novembre|jour=17|pages totales=240|isbn=1-880656-41-8|isbn2=978-1-8806-5641-9|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=4YPh2_D9q2EC|consulté le={{date|5|mars|2015}}|id=HMcCarthy}}
| langue = fr
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Dani|nom1=Cavallaro|titre=The Anime Art of Hayao Miyazaki|lieu=Jefferson|éditeur=[[McFarland & Company]]|année=2006|pages totales=212|isbn=978-0-7864-2369-9|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=N3e00UlzHjgC|consulté le={{date|7|mars|2015}}|id=DCavallaro}}
| prénom1 = Raphaël
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Hayao|nom1=Miyazaki|lien auteur1=Hayao Miyazaki|titre=Starting Point|sous-titre=1979–1996|éditeur=[[VIZ Media]]|année=2009|pages totales=500|isbn=978-1-4215-0594-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=7kxbPgAACAAJ|consulté le={{date|7|mars|2015}}|id=StartingPoint}}
| nom1 = Colson
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Éric Dufour]]|titre=Le cinéma de science-fiction|sous-titre=Histoire et philosophie|lieu=Paris|éditeur=[[Armand Colin]]|collection=Cinéma-arts visuels|année=2011|mois=avril|pages totales=270|isbn=978-2-200-27033-9|oclc=758739856|id=CinémaSF}}
| lien auteur1 = Raphaël Colson
| prénom2 = Gaël
| nom2 = Régner
| titre = Hayao Miyazaki
| sous-titre = Cartographie d’un univers
| lieu = Lyon
| éditeur = [[Les Moutons électriques]]
| année = 2010
| mois = 11
| jour = {{1er}}
| pages totales = 364
| isbn = 978-2-915793-84-0
| présentation en ligne = http://www.moutons-electriques.fr/livre.php?p=intro&n=99
| consulté le = 24 décembre 2010
| id = Cartographie
}}
* {{Ouvrage
| langue=en
| prénom1=Helen
| nom1=McCarthy
| lien auteur1=Helen McCarthy
| titre=Hayao Miyazaki : Master of Japanese Animation
| sous-titre=Films, Themes, Artistry
| lieu=Berkeley (Calif.)
| éditeur=[[Stone Bridge Press]]
| année=2003
| mois=novembre
| jour=17
| pages totales=240
| isbn=1-880656-41-8
| isbn2=978-1-8806-5641-9
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| consulté le={{date|5|mars|2015}}
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* {{Ouvrage
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| titre=The Anime Art of Hayao Miyazaki
| lieu=Jefferson
| éditeur=[[McFarland & Company]]
| année=2006
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== Notes et références ==
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Le Château dans le ciel
Image illustrative de l'article Le Château dans le ciel
Logo du film.
天空の城ラピュタ
(Tenkū no Shiro Rapyuta)
Genres Animation, fantasy, aventure
Thèmes Magie, piraterie
Film d'animation japonais
Réalisateur
Scénariste
Studio d’animation Studio Ghibli
Compositeur
Durée 124 min
Sortie

Le Château dans le ciel (天空の城ラピュタ, Tenkū no Shiro Rapyuta?, litt. « Laputa, le château dans le ciel ») est un film d'animation japonais du studio Ghibli, réalisé par Hayao Miyazaki en 1986. C'est le premier film du studio depuis sa création en 1985 et le troisième du réalisateur.

En raison de la petite distribution que proposait le studio Ghibli à l'époque, puis du succès des nouveaux films (Le Voyage de Chihiro et Princesse Mononoké notamment), il n'est sorti en France qu'en 2003, soit dix-sept ans après sa sortie au Japon.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Des pirates du ciel, la « bande de Dora », attaquent une forteresse volante ; ils recherchent une « pierre volante » appartenant à une jeune fille, Sheeta (ou Shiita), retenue prisonnière. Cette dernière arrive à s'enfuir pour atterrir chez Pazu, un garçon de son âge. Tous deux découvrent qu'ils ont un point commun : Laputa, une île légendaire flottant dans le ciel. Le père de Pazu l'avait vue de ses propres yeux mais personne ne l'avait cru, le laissant mourir de chagrin ; mais Sheeta a cette « pierre volante » qui conduit jusqu'à l'île. Poursuivis par les pirates et par Muska, un agent des services secrets épaulé par la flotte de l'armée, les deux enfants s'entraident pour y arriver avant eux. Muska veut se servir de la jeune fille pour parvenir à régner sur ces terres…

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Voix originales[modifier | modifier le code]

Voix françaises[modifier | modifier le code]

Production[modifier | modifier le code]

Genèse[modifier | modifier le code]

Le mot « Laputa » (ラピュタ, Rapyuta?) n’était pas présent à l’origine dans les premiers titres proposés ; certains titres incluaient le nom du héros principal, Pazu, avec une référence aux châteaux volants, mais le besoin de trouver une accroche culturelle pour les bailleurs de fonds et les distributeurs a mené à mentionner le nom de la cité volante du roman Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift[2].

Scénario et influences[modifier | modifier le code]

La Tour de Babel, Vienne.

Miyazaki s'est inspiré du troisième des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift, « Voyage à Laputa »[3]. Dans ce récit, Laputa était le nom d'une île volante, dont les habitants ont perdu tout sens commun, à force d'abuser de philosophie spéculative[2].

D’après Helen McCarthy, l’intérêt de Miyazaki pour la littérature apparaît clairement dans la quête du Château dans le ciel, où les deux héros sont arrachés de leur quiétude par des forces qui dépassent leur entendement et doivent évoluer et grandir pour prendre le contrôle de leur destinée, rappellent celui de L'Île au trésor[3].

Pour la réalisation du Château dans le ciel, Miyazaki a été fortement influencé par un voyage effectué au Pays de Galles en 1985, peu après la période de grève des mineurs britanniques[3],[4]. Dans une interview de 1999, le réalisateur raconte son admiration pour la communauté des mineurs se battant jusqu’à la fin pour la sauvegarde de leur travail et de leurs communautés ; c’est pour ça qu’il a souhaité faire de son héros un jeune mineur intégré à une communauté soudée, peu avant la fermeture des mines[5]. Durant ce même voyage, il a été également impressionné par les restes d’une industrie abandonnée par l’homme, lui rappelant l’accident du LZ 129 Hindenburg[6]. Pour la conception du Château, Miyazaki s'est fortement inspiré du village français Cordes-sur-Ciel où, durant ses voyages, le village lui a donné l'impression qu'un « château volant flottait dans le ciel »[7],[8],[9].

En ce qui concerne l'architecture de l'île volante, constituée d’une rangée de trois remparts de diamètres décroissants, d’une citadelle surmontée d’un gigantesque arbre, et d’un dôme retourné dessous, préservant les secrets les plus sombres de l’ancienne civilisation, Miyazaki a été influencé par la représentation de la Tour de Babel de 1563 par Pieter Brueghel l'Ancien, par les décors du film Metropolis de Fritz Lang, réalisé en 1927, et par les illustrations d’Alan Lee de la cité de Minas Tirith pour Le Seigneur des anneaux[10].

Les robots, gardiens du château, sont directement inspirés de la machine dans Le Roi et l'Oiseau, film d'animation français dont Miyazaki a toujours été un grand admirateur. Miyazaki était plus particulièrement passionné par le « brouillon » du Roi et l'oiseau, à savoir La Bergère et le ramoneur, réalisé par Paul Grimault en 1952. L'une des scènes de ce film a probablement influencé la séquence du Château dans le ciel où le robot issu de la technologie de Laputa détruit la forteresse dans laquelle il est retenu prisonnier par Muska : il s'agit de la séquence où le robot géant programmé pour protéger la jeune fille, piloté par l'oiseau, réduit en cendres la cité du roi orgueilleux. À l'instar de ce qui arrive à Laputa, c'est le progrès technique et scientifique qui cause la perte du royaume. Chez Grimault comme chez Miyazaki, les robots permettent de témoigner d'une civilisation disparue et de prendre soin des espèces animales et végétales, loin de la mission destructrice pour laquelle ils avaient été programmés[11].

Les machines volantes présentes dans le film (Goliath, « flaptères » des pirates de Dora, sans oublier le château lui-même et la débauche d'engins volants du générique d'entrée) sont une des marques de Miyazaki, grand passionné d'aéronautique. Son père était en effet directeur d'une société liée aux aéronefs : elle fabriquait des pièces de queue pour les chasseurs japonais de la Seconde Guerre mondiale, les fameux « Zéros ».

Univers visuel[modifier | modifier le code]

La direction artistique du Château dans le ciel est assurée par Nizō Yamamoto, qui avait travaillé avec Miyazaki dès sa série animée Conan, le fils du futur en 1978 et avec Takahata pour Kié la petite peste en 1981[12].

Musique[modifier | modifier le code]

Laputa: Castle in the Sky

Album de Joe Hisaishi
Sortie
Genre Musique de film
Label Tokuma Japan Communications

Ce film signe la deuxième collaboration entre Hayao Miyazaki à la réalisation et Joe Hisaishi pour la bande originale, après Nausicaä de la vallée du vent. La musique symphonique (accompagnée fréquemment d'un piano) de Hisaishi joue un rôle important dans le film, particulièrement dans certaines scènes : la découverte de Laputa, d'un calme immense après les scènes précédentes, plus mouvementées, doit sa sensation de plénitude au thème musical qui y est lié. La bande originale du film de 1986 dure environ 60 minutes, comprend quatorze pistes et inclut de la musique électronique.

En 1998, pour préparer la version anglophone du film, les studios Disney demandent à Joe Hisaishi de composer une bande originale plus longue (90 minutes) et orchestrale, ce qu'il fait. Cette version symphonique comprend 23 pistes.

Sortie, promotion, adaptations[modifier | modifier le code]

Lorsque Disney a sorti une adaptation du film en 1999, s’est posée la question de la traduction du titre, notamment pour ne pas choquer la communauté hispanique et latino-américaine aux États-Unis[13]. Le problème a été résolu en ne gardant que la première partie du titre[2].

Accueil[modifier | modifier le code]

Pays ou région Box-office Date d'arrêt du box-office Nombre de semaines
Drapeau de la France France 615 374 entrées[14] 4

Lors de sa sortie en salle au Japon, le film n’a pas fait aussi bien que son prédécesseur, Nausicaä de la vallée du vent, ne permettant de gagner qu’environs 2,5 millions de dollars[2]. Cependant, le film est loin d’avoir été un échec, ayant attiré 800 000 personnes et été le film d’animation ayant eu le plus de succès au Japon l’année de sa sortie[13]. Le mélange des thèmes action-aventure et techno-écologie a depuis permis à l’œuvre de gagner ses galons de film culte[2].

Analyse[modifier | modifier le code]

Helen McCarthy remarque que Le Château dans le ciel est une illustration de la méfiance de Miyazaki envers la science et la technologie en tant que vecteurs de progrès ; dans ses productions, plus le niveau de contrôle sur la technologie est grand, plus la violence, la cupidité et l’injustice qui l’accompagnent sont présentes[15]. Cependant, il ne s’agit pas d’une critique de la technologie en elle-même, mais de l’incapacité pour l’homme à l’utiliser sagement[15].

Le philosophe Éric Dufour, dans son ouvrage Le cinéma de science-fiction (paru chez Armand Colin en 2012), considère Le Château dans le ciel comme une illustration du style steampunk (le steampunk renvoie à un imaginaire visuel de l’Angleterre industrielle de la fin du XIXe siècle). Selon lui, le film de Miyazaki ne fait aucune référence à l’Histoire mais introduit Laputa, une île céleste fictive : il met en scène un futur tel qu’il a pu être conçu et rêvé dans l’imaginaire de la révolution industrielle[16]. Le Château dans le ciel s’ouvre sur des représentations de vieilles machines avant de faire apparaître l’usine d’extraction de charbon et ses machines à vapeur, et les premiers moyens de locomotion et de communication (le téléphone, l’automobile). Ces machines ont une caractéristique insolite, qui a pour conséquence que le monde duquel elles sont issues fait référence au nôtre mais avec une négation de sa technologie[17] : par exemple, quand les pirates de Dora s’envolent après qu’on les a vu remonter à la main leurs machines volantes, É. Dufour suggère l'étonnement dont peut faire preuve le spectateur devant la différence entre la technologie rudimentaire qu’ils utilisent et les performances de leurs machines. Le film de Miyazaki plonge le spectateur dans un monde où la technologie, aussi vieillotte qu’elle puisse être, n’en a pas moins des résultats comparables – voire meilleurs – à ceux d’une technologie plus moderne[17]. Ce que décrit ici le steampunk, ce sont donc les résultats impossibles et inconcevables d’une technologie qui n’en est pas moins présentée comme si elle pouvait les produire[18].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Le Château dans le Ciel », sur planete-jeunesse.com (consulté le ).
  2. a b c d et e (en) Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation: Films, Themes, Artistry, p. 97
  3. a b et c Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation: Films, Themes, Artistry, p. 94
  4. The Anime Art of Hayao Miyazaki, p. 61
  5. Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation: Films, Themes, Artistry, p. 95–97
  6. Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation: Films, Themes, Artistry, p. 95–96
  7. « Tarn. Ce plus beau village de France a inspiré un chef-d'œuvre de l'animation japonaise », sur actu.fr, (consulté le )
  8. « Cordes-sur-Ciel, chemin de Compostelle », sur www.via-compostela.com (consulté le )
  9. « Un château dans le ciel et la vanille », sur Europe 1, (consulté le )
  10. The Anime Art of Hayao Miyazaki, p. 59
  11. Jérôme Lauté, Hayao Miyazaki : L'enfance de l'art, vol. 45, Éclipses, , 160 p., p. 27.
  12. « Disparition de Nizô Yamamoto », Buta Connection,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. a et b (en) The Anime Art of Hayao Miyazaki, p. 58
  14. « Box Office France », sur Allociné (consulté le )
  15. a et b (en) Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation : Films, Themes, Artistry, p. 94-95
  16. Le cinéma de science-fiction, p. 164.
  17. a et b Le cinéma de science-fiction, p. 165.
  18. Le cinéma de science-fiction, p. 166.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]