Cycle de l'Ékumen

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Cycle de l'Ékumen
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(en) Hainish CycleVoir et modifier les données sur Wikidata
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Le Cycle de l'Ékumen (titre original : Hainish Cycle), également connu sous le titre de Cycle de Hain, est un cycle de science-fiction, écrit par Ursula K. Le Guin et composé de plusieurs romans et de nouvelles initialement publiés entre 1966 et 2000.

Cet ensemble de récits raconte, dans un avenir très lointain, les histoires de différents anthropologues, observateurs et représentants de la Ligue de Tous les Mondes (dans les premiers récits) puis de l'Ékumen, deux confédérations interplanétaires successives de colonies humaines fondées depuis Hain/Davenant, la planète (fictive) d'origine de l'humanité ; l'Ékumen a pour but de favoriser la coopération, grâce à un appareil de communication instantanée appelé ansible, entre une grande variété de sociétés et de sous-espèces humaines résultantes de l'évolution biologique naturelle et parfois du génie génétique.

Les thèmes centraux du cycle de l'Ékumen, comme dans l'ensemble de l'œuvre d'Ursula K. Le Guin, ont évolué, au milieu des années 1970, depuis une approche anthropologique très imprégnée de philosophie taoïste, existentialiste et plutôt individualiste, vers une critique plus sociale, engagée en faveur d'une forme d'anarchisme pacifiste, abordant plusieurs grands sujets de crise politique et sociale de la fin du XXe siècle, comme la société de classes, l'autoritarisme, le colonialisme, l'impérialisme, le militarisme, les inégalités sociales, les inégalités de genre, le sexisme et les questions de genre.

Publications par ordre chronologique du cycle[modifier | modifier le code]

Les récits qui ont été rattachés (toujours ou par certaines sources seulement) au cycle de l'Ékumen n'ont pas été écrits et publiés par Ursula K. Le Guin dans l'ordre chronologique de l'univers qu'elle a ainsi imaginé ; elle a indiqué sur son site dans quel ordre il pouvait être préférable de les lire[1].

Description de l'univers du cycle de l'Ékumen[modifier | modifier le code]

Contexte historique global[modifier | modifier le code]

À une question sur l'ordre de ses textes dans le cycle, Ursula K. Le Guin répondit : « Le fait est qu'il n'y a pas de cycle ou de saga. Ils [les textes] ne forment pas une histoire cohérente. Il y a quelques connexions claires entre eux, oui, mais d'autres sont extrêmement troubles. Il y a aussi quelques grandes discontinuités (par exemple qu'est devenue la télépathie après La Main gauche de la nuit ? Qui sait ?) »[1].

On peut toutefois tenter de situer le contexte historique de ce cycle, dont le nom se réfère à la notion d'Écoumène[5] aussi utilisée par Jack Vance à la même époque dans La Geste des Princes-Démons.

Il y a des milliers d'années, Hain/Davenant a colonisé de nombreuses planètes, dont la Terre. Les humains de la plupart de ces mondes ne se distinguaient que peu de l'espèce terrienne. Mais dans quelques mondes, les Hainiens, pour une raison inconnue, ont utilisé le génie génétique pour créer des peuples plus différenciés, comme les « hilfs » (Highly Intelligent Life Form) de Rocannon (dans Le Monde de Rocannon), les humanoïdes d’Athshe (dans Le Nom du monde est Forêt) ou comme les hermaphrodites de Géthen/Nivôse (dans La Main gauche de la nuit).

Les histoires du cycle de l'Ékumen s'inscrivent dans une période où l'humanité s'efforce de reconstituer une civilisation interstellaire qui regrouperait les anciennes colonies hainiennes. En effet, en raison des distances et des temps de déplacement entre ces planètes, même à une vitesse proche de celle de la lumière, les peuples des planètes colonisées ont oublié l'existence des autres mondes humains et les Hainiens envoient des observateurs puis des représentants de leur « Ligue de Tous les Mondes » pour rétablir un lien et une collaboration entre les différentes sociétés et sous-espèces d'humains.

Après un conflit entre la ligue de tous les mondes humains et les Shings, aussi appelés « l’Ennemi », et sur lesquels on a peu de connaissances établies (voir La Cité des illusions), la coordination hainienne et la coopération entre humains reprennent sous le nom d’Ékumen (à partir de La Main gauche de la nuit).

Dans La Main gauche de la nuit, l'Envoyé de l'Ékumen en résume ainsi le but[6] :

« "Ékumen" est notre expression terrienne ; en langue vulgaire on dit "la Maison" ; [...] l’Ékumen n’est pas essentiellement un gouvernement – pas du tout. C’est une tentative pour revenir à l’union du mysticisme et de la politique [...]. C’est une organisation éducatrice ; par cet aspect c’est comme une très vaste école – vaste comme l’Univers. Elle a vocation à favoriser la communication et la coopération, et cet autre aspect en fait une ligue ou union multimondiale, qui possède un minimum d’institutions conventionnelles centralisées. [...] Comme entité politique l’Ékumen coordonne, il n’ordonne pas. Il n’a pas de lois à faire exécuter ; ses décisions sont prises en conseil, par consentement mutuel, et non à l’unanimité ou par des ordres autoritaires. Comme entité économique il déploie une immense activité, réglant les communications intermondiales, équilibrant la balance commerciale »

L’Ékumen a été rendu possible en grande partie grâce à l'invention de l’« ansible », un dispositif de communication instantanée dû aux découvertes en physique temporelle dans le système planétaire de l'étoile Tau Ceti (dans Les Dépossédés). Le voyage physique, lui, reste soumis à l'impossibilité de dépasser la vitesse de la lumière ; il s'effectue sur des vaisseaux qualifiés de NAFAL (Nearly As Fast As Light), dans un état appelé « achronie », qui peut provoquer des discontinuités évoquées dans La Cité des illusions[7]. Il a pu exister un moyen de transport supraluminique (FTL - Faster Than Light) utilisé seulement pour les marchandises inertes, car mortel pour les êtres vivants[8]. Par ailleurs, une application de la physique temporelle cétienne semble permettre le transport instantané des personnes (churten) au prix d'effets temporels et psychologiques décrits dans Pêcheur de la mer intérieure.

Chronologie[modifier | modifier le code]

« Des gens sérieux et consciencieux, en le baptisant l'Univers de Hain, ont tenté d'en retracer l'histoire et d'en dérouler le fil chronologique. Personnellement, je l'appelle l'Ékumen, et je pense que c'est un cas désespéré. Son fil chronologique ressemble à ce qu'un chaton retire du panier à tricot, et son histoire est surtout constituée de trous. »

— p7 L'Anniversaire du monde (ISBN 2221105370)

  • Il y a des centaines de milliers d'années, les Hainiens (de la planète Hain, que les Terriens appellent Davenant et qui est située à 140 années-lumière de la Terre) furent à l'origine du peuplement de plusieurs planètes. Pour une raison inconnue, le contact entre ces mondes fut rompu et sur chacune de ces planètes, chaque peuple a fini par se croire l'unique représentant de l'Humanité.
  • Renouant avec le voyage interstellaire à une vitesse subluminique (NAFAL, Nearly As Fast As Light), Hain/Davenant reprend contact avec certains peuples, dont la Terre et Urras/Anarres (système de Tau Ceti).
  • Soixante ans après l'arrivée des Hainiens et des Terriens sur Urras, Shevek, un physicien originaire d'Anarres, élabore une Théorie Temporelle Générale qui décrit la « nature du Temps et de la Simultanéité ». Cette découverte majeure de la physique cétienne permettrait la communication instantanée. (Les Dépossédés).
  • Cette possibilité se concrétise avec l'Ansible. Ce dispositif de communication rend possible la création de la Ligue de Tous les Mondes. La Ligue intervient pour faire cesser la dérive colonialiste qui a causé la révolte des hilfs d'Athshe et la disponibilité de l'ansible permet de transformer la colonie d'exploitation forestière en mission d'observation planétaire.

« Les objets matériels sont toujours assujettis à la distance temporelle, mais plus la transmission de l'information »

— Le nom du monde est forêt

  • Le voyage instantané devient possible pour les objets inertes, mais pas pour les êtres vivants. Dans le cadre de sa préparation à la « Guerre à venir », la Ligue développe des armes automatiques à vitesse transluminique qu'elle utilisera contre une planète sécessionniste et impérialiste (Faradée)... Toutefois la vraie guerre reste à venir. (Le Monde de Rocannon).
  • Sur la planète qui porte maintenant son nom (Rocannon), l'ethnologue de la Ligue qui a permis la victoire contre Faradée a reçu le don de télépathie (« parole en esprit ») que la Ligue a appris à utiliser.

« Il est écrit dans nos livres que nous avons appris cela d'une autre race, il y a longtemps, sur un monde appelé Rokanan. C'est un don, mais cela s'apprend. »

— Planète d'exil

  • Un groupe d'émissaires terriens de la Ligue maitrisant cette technique est envoyé sur la Planète Werel (Gamma Draconis III). C'est à ce moment que l'Ennemi attaque. Ce groupe est abandonné sur Werel par la Ligue de Tous les Mondes qui est vaincue. Elle regroupait 80 planètes[9]. (Planète d'exil).
  • Après 600 années terrestres (ou 20 années weréliennes) d'isolement, les Terriens de Werel se métissent avec les autochtones aux yeux jaunes. Ce peuple métissé qui se donne le nom d'Autreterriens conservera cette technique de la « parole en esprit ». (La Cité des illusions).
  • Encore 600 ans et Werel/Autreterre réussit à construire un vaisseau NAFAL qui est envoyé vers la Terre alors sous la coupe de l'Ennemi (les Shing) dont on ignore l'origine et la nature exactes. Un survivant de l'équipage de ce vaisseau, Agad Ramarren, réussit à s'enfuir et retourne sur Werel avec une certitude : les Shing peuvent « mentir en esprit » et une information : les Shing ne sont pas nombreux... (La Cité des illusions).
  • On ignore quand et comment, mais les Shing sont défaits et la Ligue de Tous les Mondes se reforme sous le nom d'Ékumen[réf. nécessaire]. Même si cette technique est encore évoquée dans La Main gauche de la nuit, la « parole en esprit » n'est plus utilisée, de même que le transport instantané.
  • La Terre connait une nouvelle période de troubles : les Unistes, des extrémistes religieux, y prennent le pouvoir et l'isole au point que l'Ékumen doit envoyer un nouveau Mobile (Dalzul) pour renouer le contact. Il sera le seul Mobile envoyé par l'Ékumen sur une planète dont il est originaire... (Le Dit d'Aka).
  • Une nouvelle technique de déplacement à vitesse supra-luminique (le churten) basée, comme l'ansible, sur la théorie physique cétienne est en phase de tests. Elle semble prometteuse, mais des effets indésirables de divergence de perception de la réalité ou de renvoi dans le passé en empêchent l'adoption définitive à l'époque décrite dans Pêcheur de la mer intérieure.

Peuples[modifier | modifier le code]

Si, sur chaque planète se retrouvent des descendants du peuple de Hain, il y a évidemment d'autres formes de vie, avancées ou non.

  • Hainiens : Habitants de Hain-Davenant. Ils seraient à l'origine de toutes les races humanoïdes. Ils sont « grands, blancs, et d'un abord avenant[10] »
  • D'origine probablement commune,
    • Gdemiar, Argiliens : Troglodytes nocturnes de haute intelligence, type hominidé, taille 120 à 135 cm
    • Fiia : haute intelligence, type hominidé caractérisé, espèce diurne, taille environ 130 cm
  • Liuar : Haute intelligence, type hominidé caractérisé, espèce diurne, taille moynne dépassant 170 cm, scindé en
    • Olgyior, médiants, homme du milieu, à peau claire et cheveux foncés.
    • Angyar, seigneur, très grands, à peau foncée et cheveux blonds.
  • Sans nom : espèce semi-humanoïde ailée, très grande, chauve, aux yeux sans paupière, aveugle et sourde, dépourvue d'intelligence humaine (avec une attitude comparée à celle de l'insecte, capable de construire une cité composée de grands bâtiments, comparée à une ruche).
  • Athshéens : Indigènes d'Athshe. Race humanoïde, « d'un mètre de haut, et couverts d'une fourrure verte[11] ». Sa population est estimée à 3 millions.
  • Cétiens : Habitants de Tau Ceti, ils sont « gris, sombres, trapus, l'air austère[10] ». « La caractéristique la plus séduisante du tempérament cétien plutôt bourru était la curiosité, une curiosité inopportune, et inépuisable ; les Cétiens mouraient avec impatience, curieux de connaître ce qui viendrait après[12]. »
  • Shing : L'Ennemi de la Ligue. Race a apparence humaine, mais ne pouvant se croiser avec celle-ci.

Dans le premier roman rédigé par Le Guin pour le cycle de l'Ékumen, le directeur de la mission ethnologique Rocannon établit une distinction entre l'animal et l'humain fondée sur la parole et qui détermine s'il est comestible ou non : « Manges-en si tu veux, Yahan. Moi, je suis incapable d'écailler une bête qui pourrait me parler ».

Planètes[modifier | modifier le code]

Dans La Main gauche de la nuit, Genly Aï déclare au roi Argaven de Karhaïde que l'Ékumen regroupe 3000 nations sur 83 planètes, Géthen pouvant devenir la 84e. On ne sait pas combien de planètes habitées n'appartiennent pas à l'Ékumen.

Voici quelques-unes de ces planètes citées dans les écrits du cycle de l'Ékumen :

  • Aka : à la suite du contact avec l'Ékumen, ce monde a connu récemment une révolution technologique rapide. Le gouvernement autoritaire y impose une idéologie techno-scientiste et entend faire disparaitre tous les aspects de la culture traditionnelle, dont l'écriture, la littérature et une forme de méditation gymnique qui semble permettre la lévitation (Le Dit d'Aka).
  • Anarres  : voir Urras.
  • Athshe : planète forestière (dont le nom signifie aussi bien « monde » que « forêt » dans la langue indigène). Connue également sous les noms de « Monde 41 » ou « Nouvelle-Tahiti ». Bien que peuplée d'hilfs (Highly Intelligent Life Form) à la fourrure verte et de petite taille (mais incontestablement humains), la planète a été partiellement ouverte à l'exploitation forestière juste avant la création de la Ligue de tous les mondes. Les Terriens chargés de cette exploitation se sont comportés en colonialistes bornés et ont déclenché en retour une rébellion meurtrière des autochtones (Le nom du monde est forêt)
  • Faradée : cette planète récemment découverte par les Terriens développe une civilisation militariste et se lance dans une guerre de conquête interstellaire. Les Faradéens construisent une base secrète sur le Monde de Rocannon, d'où leurs vaisseaux de destruction pourraient être lancés, tandis que la Ligue s'efforce de soumettre leur monde. Grâce à l'action de Rocannon, Faradée est défaite par la Ligue et on n'entend plus parler d'elle (Le Monde de Rocannon).
  • Ganam - Tadkla : monde doté d'une technologie évoluée mais discrète. Ses habitants sont les Gaman (ou alors n'est-ce le nom que d'une partie de la population ? voire seulement d'un village ?). Ce serait le monde le plus lointain colonisé par les hainiens (qui le connaisse sous le nom de Tadkla) et la perte de contact avec la communauté humaine y remonterait à 500.000 ans. Cette planète est la destination choisie pour les premiers essais de churten et les effets de confusion de ce nouveau mode de transport instantané expliquent sans doute les incertitudes à son sujet. (La danse de Ganam dans Pêcheur de la mer intérieure)
  • Géthen - Nivôse : planète très froide (d'où son nom terrien de Nivôse). Couverte de glaciers, elle est habitée par des humains androgynes. Les deux principaux états-nations de Géthen, la Karhaïde et l'Orgoreyn, sont rivaux mais n'ont jamais connu de véritable guerre, qui est un concept inconnu des Géthéniens, peut-être en raison de leur nature hermaphrodite (La Main Gauche de la Nuit).
  • Hain - Davenant : Le Premier Monde. Aussi appelé Davenant par les Terriens. La plus ancienne culture de l'Ékumen et, semble-t-il, source de la vie intelligente dans les planètes de l'Ékumen. Les observateurs de l'Ékumen sont formés sur Hain.
  • Nouvelle-Géorgie-du-Sud : base de surveillance des HILF pour la Zone galactique 8 de la Ligue. Son chef-lieu est Kerguelen. Ces noms montrent à l'évidence que ce monde a été découvert et colonisé par les Terriens. (Le Monde de Rocannon)
  • O : planète située à 4 années-lumière de Hain. Sa population se nomme ki'O et est surtout connue pour son système inhabituel de mariage à 4 (sedoretu) combinant les deux sexes et les deux orientations sexuelles (Pêcheur de la mer intérieure dans le recueil du même nom, Un amour qu'on n'a pas choisi et Coutumes montagnardes dans L'Anniversaire du monde).
  • Onze Soro : onzième planète du soleil Soro. Ce monde a connu une haute technologie, puis un désastre massif. Il a supporté la plus grande densité de population et les « plus grandes cités jamais construites sur une planète, recouvrant entièrement deux des continents, avec quelques petites zones préservées pour l'agriculture ; il y avait eu cent vingt milliards d'habitants dans les cités, tandis que les animaux, la mer, l'air et la terre mouraient, jusqu'à ce que les gens eux-mêmes se mettent à mourir ». Après le désastre, une nouvelle culture très introvertie a émergé, dans laquelle les hommes et les femmes vivent séparés et solitaires, le faible lien social étant uniquement assuré par les enfants (Solitude dans L'Anniversaire du monde).
  • Rocannon - Rokanan : deuxième planète de l'étoile Fomalhaut. Peuplée d'au moins 3 types d'hilfs (Highly Intelligent Life Form). Elle a été baptisée du nom de l'ethnologue de la Ligue qui a joué un rôle important dans la victoire contre Faradée.
  • Seggri : la population de cette planète est surtout connue pour son extrême séparation des sexes qui serait due au rapport inhabituel de 16 femmes pour un homme (peut-être une ancienne expérience génétique hainienne). Le seul rôle social des hommes est de participer aux « jeux », activité sportive tenant de la corrida, du football et du combat de gladiateurs. Ils sont envoyés dès 11 ans dans des centres d'entrainement (les châteaux) et seuls les vainqueurs aux jeux obtiennent de rejoindre les « forniqueries » ou ils deviennent les géniteurs choisis et rémunérés par les femmes pour leurs talents d'étalons (La Question de Seggri dans L'Anniversaire du monde).
  • Terre : troisième planète du système solaire, monde des Terriens. L'entrée de la Terre dans l'Ékumen est évoquée dans Le Dit d'Aka. Plusieurs Mobiles ou Envoyés de l'Ékumen sont terriens, bien que le comportement des colons terriens sur Athshe ait été sujet à caution (mais c'était juste avant la création de la Ligue de Tous les Mondes...) Les physiciens cétiens connaissent les théories d'un collègue terrien dénommé Ainsetain (Einstein) qui pratiquait une physique différente plusieurs siècles auparavant.
  • Urras & Anarres : système de planètes jumelles (chacune est la lune de l'autre) en orbite autour de l'étoile Tau Ceti. Les Cétiens (nom collectif donné par l'Ékumen aux habitants des deux planètes) sont des humains très velus et très avancés sur le plan scientifique. Urras est partagée entre plusieurs pays aux systèmes politiques et niveaux de développement différents ; Annares est peuplée d'Odoniens, groupe anarchiste originaire d'Urras qui ont choisi l'exil pour y créer une nouvelle civilisation sans état (Les Dépossédés, Les Douze Quartiers du vent).
  • Werel - Autreterre : troisième planète de l'étoile géante Gamma Draconis. C'est le foyer des Autreterriens, hybrides de terriens et des habitants originels de la planète. Les premiers colons terriens ont été oubliés sur cette planète et, après plusieurs générations, se sont résolus au métissage avec les hilfes aux yeux jaunes autochtones (Planète d'exil, La Main gauche de la nuit, La Cité des illusions).
  • Yeowe & Werel  : respectivement troisième et quatrième planètes d'un système stellaire simple. Yeowe a été colonisé par Werel (qui n'a aucun rapport avec Werel - Autreterre). Un système esclavagiste sévère a longtemps dominé ces deux mondes : les Werelliens noirs avaient totalement soumis les blancs et les avaient réduits au simple rang de « mobilier ». Après le contact avec l'Ékumen, une rebellion a éclaté sur Yeowe qui n'était alors qu'une colonie agricole, grande importatrice d'esclaves mâles. La guerre civile s'est ensuite propagée sur Werel jusqu'à la disparition de l'esclavage. Restait ensuite aux femmes à se libérer... (Quatre chemins de pardon, Musique Ancienne et les Femmes esclaves dans L'Anniversaire du monde).
  • Autres planètes : Beldene, Chiffewar, Cime, Ensbo, Tétra-Taurus, Gao, Gde, Huthu, Kapteyn, Kheakh, Orint, Olloul, Prestno, S, Havre Sheashel, Ve et les Extrêmes Ultimes sont autant de planètes citées dans au moins une histoire du cycle de l'Ékumen. Leur propre histoire n'a pas (encore) été écrite. On sait peu de choses sur la plupart de ces mondes, sinon que :
    • Gde est devenu un désert de pierre et de sable il y a des dizaines de milliers d'années.
    • Chiffewar est une planète pacifique.
    • La Ligue a dû se retirer d' Orint après un désastre causé par ses habitants. Une planète nommée Kheakh s'est d'ailleurs détruite elle-même récemment, comme Orint. (Jour de pardon).
    • Proche de Onze-Soro la planète forestière Huthu est dotée d'arbres-cités et un champignon y teint la peau des habitants en bleu. (Solitude).
    • Prestno est le monde le plus proche d'Athshe. Il est également nommé « Monde 88 ». (Le nom du monde est forêt)
    • Un des membres de l'équipage dans Plus vaste qu'un empire est natif de Beldene, la planète-jardin qui « n'a jamais découvert la chasteté ni la roue ».
    • Ve est un partenaire de la civilisation Hainienne (Un homme du peuple).

Analyse littéraire[modifier | modifier le code]

Thématiques[modifier | modifier le code]

Politique[modifier | modifier le code]

Le cycle de l'Ékumen, comme l'ensemble de l'œuvre d'Ursula K. Le Guin, a évolué, au milieu des années 1970, depuis un existentialisme anthropologique assez individualiste, vers une critique plus sociale, engagée en faveur d'une forme d'anarchisme pacifiste, dénonçant plusieurs grands sujets de crise politique de la fin du XXe siècle, comme la société de classes, l'autoritarisme, le colonialisme, l'impérialisme ou le militarisme[13].

Anarchisme[modifier | modifier le code]

Le Guin dénonce le collectivisme autoritaire, symbolisé par les sociétés de Thu (dans Les Dépossédés) et d’Orgoreyn (dans La Main gauche de la nuit)[13]. Elle envisage ouvertement l'anarchisme comme une alternative à cet autoritarisme, notamment à travers les communautés et mouvements révolutionnaires odoniens (dans Les Dépossédés et À la veille de la Révolution) et athshéens (dans Le nom du monde est forêt)[13].

Anticolonialisme, anti-impérialisme[modifier | modifier le code]

Dans Le nom du monde est forêt, Le Guin met en scène la révolution d'une population indigène sensible, non agressive et écologiquement responsable, contre une puissance coloniale qui la tyrannise brutalement, et dont la violence et les méthodes de pillage des ressources naturelles évoquent celle des colons européens et de l'impérialisme américain au Viêt Nam (la guerre du Viêt Nam et les mouvements de protestation qu'elle a suscités étant contemporains de l'écriture du roman)[13],[14].

Antimilitarisme[modifier | modifier le code]

Le nom du monde est forêt, qui met en scène la tentative de génocide de la population non agressive des humanoïdes athshéens par les Terriens, est l'une des principales dénonciations, sous la forme allégorique propre au genre de la science-fiction, des crimes de guerre américains lors de la guerre du Viêt Nam[15],[14].

Genre[modifier | modifier le code]

La Main gauche de la nuit est l'expérience la plus célèbre de Le Guin en matière de questionnement de la notion de genre ; le roman décrit une population de genre neutre la plupart du temps, mais dans laquelle les individus deviennent pendant un certain temps soit masculins, soit féminins, lorsqu'ils entrent en « kemmer », une sorte d'œstrus[16].

Féminisme[modifier | modifier le code]

Sexualité[modifier | modifier le code]

Taoïsme[modifier | modifier le code]

Style[modifier | modifier le code]

Réception critique[modifier | modifier le code]

Récompenses des livres de la saga[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Le Guin 2019.
  2. respectivement p7, p15, p39, p89, p112, p142, p179, p242, p280 chez Laffont (qui n'a pas mis de table des matières)
  3. Le Livre de Hain, Intégrale, Tome 1, (ISBN 978-2-253-18975-6, lire en ligne)
  4. Le Livre de Hain, Intégrale, Tome 2, (ISBN 978-2-253-18976-3, lire en ligne)
  5. Mathieu 2019.
  6. Chapitre 10, « Colloque à Mishnor ».
  7. « Vous étiez dans l’état connu sous le nom d’achronie, » répondit Ken Kenyek. « Vous avez cessé d’un seul coup de vous déplacer à vitesse photique en atteignant la Barrière puisque votre vaisseau n’était pas équipé d’un tempostabilisateur. À ce moment, et pour une durée de quelques minutes ou de quelques heures, vous étiez soit inconscient, soit en état d’aliénation mentale » (chapitre 10 de 'La Cité des illusions).
  8. « Aucun engin, dit Orry, n’avait jamais dépassé la vitesse de la lumière, et Falk le corrigea sur ce point. On avait bel et bien construit des vaisseaux de guerre sur le principe de l’ansible, mais ce n’avaient été que des engins de mort, automatiques, incroyablement onéreux et inhabités. Les hommes n’avaient jamais pu dépasser cette vitesse de la lumière, qui rétracte le temps vécu par le voyageur interplanétaire » (chapitre 7 de 'La Cité des illusions).
  9. [...] en direction de ce vaste groupe de quatre-vingts planètes qui s'était si pompeusement dénommé la Ligue de tous les mondes. (La Cité des illusions), p136 Pocket no 5274
  10. a et b Press Pocket n°5181, p57
  11. Press Pocket n°5181, p16
  12. Press Pocket n°5181, p64
  13. a b c et d Porter 1975.
  14. a et b (en) H. Bruce Franklin, « The Vietnam War as American Science Fiction and Fantasy », Science Fiction Studies, vol. 17, no 3,‎ , p. 351-353 (lire en ligne).
  15. Jameson 1975.
  16. Anders 2019.
  17. « Quatre chemins de pardon | Éditions L'Atalante », sur www.l-atalante.com (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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  • (en) David L. Porter, « The Politics of Le Guin's Opus », Science Fiction Studies, vol. 2, no 3, The Science Fiction of Ursula K. Le Guin,‎ , p. 243-248 (lire en ligne).
  • (en) Fredric Jameson, « World-Reduction in Le Guin : The Emergence of Utopian Narrative », Science Fiction Studies, vol. 2, no 3, The Science Fiction of Ursula K. Le Guin,‎ , p. 221-230 (lire en ligne).
  • (en) Donald F. Theall, « The Art of Social-Science Fiction : The Ambiguous Utopian Dialectics of Ursula K. Le Guin », Science Fiction Studies, vol. 2, no 3, The Science Fiction of Ursula K. Le Guin,‎ , p. 256-264} (lire en ligne).
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Liens externes[modifier | modifier le code]