Bande dessinée québécoise

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Histoire de la BDQ

Les débuts

Il n’y a pas de réel consensus qui fixe une date précise en ce qui a trait à l’apparition de la première bd au Québec. On peut toutefois avancer sans se compromettre qu’entre 1878 et 1884, Henri Julien publie deux albums de caricatures à saveur politique, L’album drolatique du journal Le Farceur, dans lequel images et textes font très bon ménage. C’est un premier pas vers la narration imagée, mais ce n’est pas encore réellement de la bd.

Un autre fait dont nous sommes certains est que comme pour les caricatures d’Henri Julien, la bd québécoise, évidemment aidée par la démocratisation de la linotypie et de la photogravure, fait ses premiers pas dans les journaux populaires de la province. On peut donc situer les premières publications de « strips » dès le début du 20e siècle dans Le canard, La Presse et La Patri. Dès l’an 1900 d’ailleurs, un dénommé Morisette publie Petit chien sauvage et savant, un récit sans parole ni case qui pourrait bien constituer la première narration imagée professionnelle du Québec. À partir de cette date, plusieurs dessinateurs et auteurs seront engagés par les grands journaux de Montréal et Québec. Parmis les plus marquants, on peut retenir Julien bien sûr, mais aussi Barré (Pour un dîner de noël), Charlebois (Les aventures de Ladébauche) et Bourgeois (Les aventures de Timothée). Les journaux se rendent rapidement compte que ce genre de divertissement attire la population par son humour, mais aussi par sa faculté à mettre en scène des récits plus complexe qu’avec la caricature. On verra d’ailleurs apparaître à quelques reprises dans La Presse un cahier dominical réservé exclusivement au genre naissant.

Malheureusement, le grand drame de la bd québécoise commence dès son apparition; le fait qu’elle soit publiée dans les journaux, qui sont toujours à la recherche d’un faible coup de publication, fera que ces derniers ce tourneront très rapidement (dès 1909) vers les comics strip américains, dont les auteurs se sont regroupés en syndicat de distribution qui offrira des prix aux quotidiens que les auteurs de chez nous ne pourront jamais égaler. Soulignons toutefois le travail remarquable d’Albert Chartier qui créa en pleine « crise de la bd québécoise » le personnage d’Onésime, qui surmontera l’adversité et survivra malgré tout.

Les années sombres

Après une période sombre de dix ans, on peut constater une reprise massive du genre par le clergé. En 1919, la Société St-Jean-Baptiste publie deux séries de neuf Contes historiques, commis entre autres par le chanoine Groulx, Laure Conan et Thomas Chapais. Il va sans dire que ces bandes dessinées, d’obédience purement catholique, ne constituent pas une révolution au point de vue de la forme ou du genre, mais cette prise en charge par le clergé nous montre bien à quel point la bande dessinée s’est avérée être le média par excellence pour informer ou divertir les Québécois et Québécoises qui étaient pour la plupart peu éduqués à cette époque.

C’est ainsi que des groupes catholiques comme la JEC (qui fonde les revues François et Claire), l’association catholique des voyageurs de commerce de Trois-Rivières et surtout la maison d’édition Fides, qui entretient des liens étroits avec l’église, se lance dans l’aventure de la bande dessinée.

Ces derniers publient d’ailleurs, en 1944, une traduction du comic Timeless Topix fondé par la Catechetical Guild Educational Society, qui sera rebaptisé Hérauts. La revue sera tirée à 100 000 exemplaires pour le premier numéro et distribuée dans les écoles de la province. Le contenu de bande dessinée qui était de 100% avant 1947, passera par la suite à 40%… On ne peut toutefois pas considérer la bd présentée dans cette revue comme étant québécoise, étant donné que la grande majorité du contenu est américain. Il faudra attendre les années cinquante pour y voir apparaître des planches de chez nous, mais au fond toujours aussi religieux. En vedette : Le frère André, de Gagnier et Plamondon. Pendant ce temps aux États-Unis, Schulz cré Snoopy… La Sainte Trinité que constituent François, Claire et Hérauts disparaîtra progressivement entre 1964 et 1965. Le conservatisme a moins la cote, les années 70 sont proches…

Le miroir se renverse

1968. On assiste aux premiers soubresauts du printemps de la bd québécoise avec la fondation de Chiendent, un collectif d’auteurs qui publiera quelques planches dans La Presse et Dimanche-Magasine. Suite à cette ouverture du marché et à l’arrivée de la photocopieuse, une pléthore de petits fascicules brochés au contenu subversif et engagé verra le jour; c’est la naissance du fanzine! Malheureusement, la totalité des projets ne dure qu’en moyenne deux ans, faute de financement et d’un réseau de distribution capable de faire face à l’importance du territoire. Il est toutefois important de souligner que parmi eux, on retrouve l’hydrocéphale illustré (1971-1972), publié par un certain Jacques Hurtubise…

Suite à l’échec commercial des fanzines, les auteurs décident de se regrouper. En 1974 est créé à Sherbrooke la revue L’Écran, dirigé par Carpentier, Samson et Langlois, tandisqu’à Québec (Saint-Jean d’Orléans) s’est Plouf, de Malouin, qui fait figure de référence. La seconde moitié des années 70 voit aussi se créer un autre groupe, L’Hydrocéphale entêté, qui associe la bande de Jacques Hurtubise à plusieurs autres auteurs ayant participé à la première vague de publication de fanzines. Cette organisation crée une revue intitulée L’Illustré, un comic book (Les aventures du Capitaine Kébec), fait des expositions à l’étranger et fonde son propre syndicate; la coopérative Les Petits Dessins. Celle-ci ne réussit par contre qu’à publier six strips journaliers dans le quotidien Le Jour pendant moins d’un an… Les syndicates américains font une fois de plus la vie dure aux auteurs du Québec.

L'humour prend le relais

L’année 1979 est marquée par le phénomène Croc, revue de satyre social parrainée une fois de plus par Jacques Hurtubise. Cette fois-ci par contre, l’aventure est beaucoup plus longue. Le magazine Croc publiera 189 numéros de 1979 à 1995 qui toucheront entre 70 000 et 90 000 lecteurs à chaque parution. Toutefois, Croc n’est pas exclusivement réservé à la bd et Hurtubise tente, en 1983, de renverser la vapeur en lançant Titanic, une revue de grande qualité réservée au neuvième art. Un an plus tard, Titanic coule, faute d’argent et ce malgré un lectorat d’environ 15 000 personnes.

Malgré la défaite de Titanic, la scène québécoise reste très dynamique. Un grand nombre d’associations se formeront dans les années 80, regroupant professionnels et intervenants désireux de faire la promotion de la bande dessinée québécoise : BD Estrie, la Société des créateurs et amis de la bande dessinée (ScaBD) et l’Association des créateurs et intervenants en bande dessinée (ACIBD). On leur doit entre autres le dépôt d’un mémoire en commission parlementaire sur la situation de la bd québécoise. Les premières maisons d’éditions « sérieuses » voient d’ailleurs le jour à cette époque. Soulignons la fondation des maisons Ovale, Falardeau, Phylactère et Kami Case qui publieront des auteurs comme André-Philippe Côté, Rémy Simard et Garnotte.

Le succès de Croc fait des petits. Bien sûr, plusieurs autres projets ont vu le jour l’histoire de deux ou trois ans, mais on retiendra plus particulièrement l’apparition en 1987 de la revue Safarir, qui marqua en quelque sorte le début de la fin de Croc, en misant davantage sur le public jeune et sur un humour un peu plus naïf. Toutefois, le phénomène Croc et Safarir n’a pas fait que du bien à la bande dessinée québécoise. Il constitue, en effet, l’argument principal pour légitimer l’opinion, fondée, mais très réductrice, selon laquelle il n’y aurait que la bd d’humour qui pourrait être rentable au Québec…

On ne peut non plus passer à côté de l’heureuse initiative de l’agence Science-Presse, qui lança en 1982 le magazine jeunesse Je me petit débrouille, qui deviendra en 1992 Les Débrouillards. Elle permettra à des dessinateurs de haut niveau tels que Jacques Goldstyn et Jean-Paul Eid d’y faire leurs armes.

Le marché s'ouvre tranquillement

Les années 90 sont un point marquant dans l’histoire de la bd québécoise. En effet, on constate un regain d’énergie du côté des fanzines, qui sont toutefois beaucoup moins politisés que dans les années 70. De plus, un bon nombre de maisons d’édition généralistes qui sont toujours actives aujourd’hui sont fondées tout au long de cette décennie. Ainsi, en 1989, les éditions Mille-îles, qui deviendront Les 400 coups en 1994, se lance dans la bd grand publique et publiera un nombre important de bd de très grande qualité comme Théogonie, de Desbiens et Laporte ou Le naufragé de Mémoria, de Jean-Paul Eid. Les 400 coups deviennent entre autres partenaire de la maison Phylactère et cré le fond Zone Convective en 1996, qui flurt avec la bd underground.

Les éditions Soulières et de La Pastèque sont aussi fondées, respectivement en 1996 et 1998. La Pastèque se lance dans l’aventure en publiant Spoutnik, premier périodique « mondialisé » québécois, qui réunit des auteurs français et québécois. Depuis, La Pastèque a pris un espace considérable dans l’arène grâce à Paul, l’attachant personnage du graphiste Michel Rabagliati. Soulières, dont la ligne éditoriale est principalement vouée à la littérature jeunesse, ne publie que des projets «coup de coeur», comme Le jour à Wentworth, de Jean-Marc Saint-Denis et Olivier Morissette.

Jimmy Beaulieu (lauréat du prix Bedeis Causa en 2008), auteur québécois et fondateur de la maison d'édition Mécanique Générale, s'associe au 400 coups en 2003, et devient directeur de la collection Mécanique Générale qui devient, avec La Pastèque, le plus gros producteur de bandes dessinées du Québec contemporain. Beaulieu quitte son poste de directeur en 2009.


Sources

  • Carpentier A. La bande dessinée kébécoise, La barre du jour, 1975
  • Falardeau M. La bande dessinée au Québec, Boréal
  • Giguère M. La bande dessinée, populaire et méconnue, Cahier de référence du programme de perfectionnement professionnel ALQ, 2005.
  • Viau M. BDQ : Répertoire des publications de bandes dessinées au Québec des origines à nos jours, Milles Iles

Voir aussi

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