Grand Prix automobile de Monaco 1967

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Grand Prix de Monaco 1967
Tracé de la course
Données de course
Nombre de tours 100
Longueur du circuit 3,145 km
Distance de course 314,500 km
Conditions de course
Météo temps chaud et ensoleillé
Résultats
Vainqueur Denny Hulme,
Brabham-Repco,
h 34 min 34 s 3
(vitesse moyenne : 122,079 km/h)
Pole position Jack Brabham,
Brabham-Repco,
min 27 s 6
(vitesse moyenne : 129,247 km/h)
Record du tour en course Jim Clark,
Lotus-Climax,
min 29 s 5
(vitesse moyenne : 126,503 km/h)

Le Grand Prix de Monaco 1967 (XXVe Grand Prix de Monaco), disputé sur le circuit de Monaco le , est la cent-cinquante-deuxième épreuve du championnat du monde de Formule 1 courue depuis 1950 et la deuxième manche du championnat 1967.

Contexte avant la course

Le championnat du monde

Depuis la saison précédente, la Formule 1 a adopté la réglementation trois litres pour les monoplaces à moteur atmosphérique, avec également possibilité d'utilisation de moteurs suralimentés, un coefficient deux étant alors appliqué pour la cylindrée (soit un maximum de 1 500 cm3 en cas d'utilisation d'un compresseur volumétrique ou d'un turbocompresseur). La réglementation s'appuie sur les points suivants[1] :

  • pas de cylindrée minimale
  • cylindrée maximale : 3 000 cm3 si moteur atmosphérique ou 1 500 cm3 si moteur suralimenté
  • poids minimal : 500 kg (à sec)
  • roues non carénées
  • double circuit de freinage obligatoire
  • arceau de sécurité obligatoire (le haut du cerceau devant dépasser le casque du pilote)
  • démarreur de bord obligatoire
  • carburant commercial obligatoire
  • ravitaillement en huile interdit durant la course
  • distance minimale d'un Grand Prix : 300 km
  • distance maximale d'un Grand Prix : 400 km
  • distance minimale pour être classé : 90% de la distance parcourue par le vainqueur

Après une saison 1966 triomphale pour le pilote australien Jack Brabham sur une voiture portant son nom, 1967 a commencé par une surprise, le jeune Mexicain Pedro Rodríguez, nouvelle recrue de l'équipe Cooper s'étant imposé lors de l'épreuve inaugurale, en Afrique du Sud, après la déroute des principaux favoris. Les premières épreuves européennes, hors championnat, ont donné un aperçu plus réaliste des possibilités des nouveaux modèles. Lors de la Course des Champions, à Brands Hatch, Dan Gurney a remporté son premier succès en tant que pilote-constructeur ; le Britannique Mike Parkes a quant à lui fait triompher la nouvelle Scuderia Ferrari lors de l'International Trophy, à Silverstone[2]. Également très attendus, les nouveaux modèles de Lotus et de Brabham ne sont cependant pas encore prêts pour l'épreuve monégasque.

Le circuit

Williams
Un passage de la Bugatti de W. Williams qui va remporter le premier GP de Monaco, en 1929.

C'est en 1929, à l'initiative d'Antony Noghès, membre de l'ACM, qu'eut lieu le premier Grand Prix de Monaco, remporté par le pilote franco-britannique W. Williams, au volant d'une Bugatti, à 80,8 km/h de moyenne. Tracé dans les rues tortueuses de la principauté, le circuit emprunte le Boulevard Albert Ier, la montée du Casino, la descente vers la gare puis le tunnel passant sous le tir aux pigeons pour revenir au point de départ[3]. Il développe un peu plus de trois kilomètres et se révèle très exigeant en termes de pilotage, la piste, étroite, comportant très peu de zones de dégagement. Pratiquement inchangé depuis son origine, le circuit est devenu après-guerre un des lieux les plus prisés du championnat du monde de Formule 1[4]. Comptant chacun trois victoires, Stirling Moss et Graham Hill sont les pilotes les plus titrés à Monaco. Le record officiel du circuit est détenu par Lorenzo Bandini, qui a accompli un tour à 126,08 km/h de moyenne au volant de sa Ferrari lors du Grand Prix de 1966. Pour l'édition 1967, la ligne de départ et d'arrivée a été déplacée et se trouve désormais juste avant le virage de Sainte-Dévote et non plus à la sortie de l'épingle du Gazomètre, alors que la grille est restée à cet endroit ; les pilotes effectueront donc un premier tour lancé[5].

Coureurs inscrits

Liste des pilotes inscrits[6]
no  Pilote Écurie Constructeur Modèle N° châssis Moteur Pneumatiques
1 Jean-Pierre Beltoise Matra Sports Matra Matra MS5/6 MS5/15 Ford Cosworth FVA L4 D
2 Johnny Servoz-Gavin Matra Sports Matra Matra MS5/6
Matra MS5/6
MS5/04[Note 1]
MS5/15[Note 2]
Ford Cosworth FVA L4
Ford Cosworth FVA L4
D
F
3 Guy Ligier Privé Cooper Cooper T81 F1-7-66 Maserati 9/F1 V12 D
4 Jackie Stewart Owen Racing Organisation BRM BRM P261 2616 BRM P60 V8 F
4T Jackie Stewart Owen Racing Organisation BRM BRM P83 8303 BRM P75 H16 D
5 Mike Spence Owen Racing Organisation BRM BRM P83 8302 BRM P75 H16 D
6 Piers Courage Reg Parnell Racing BRM BRM P261 2614 BRM P60 V8 F
7 John Surtees Honda R&D Company Honda Honda RA273 F103 Honda RA273E V12 F[Note 3]
7T John Surtees Honda R&D Company Honda Honda RA273 F102 Honda RA273E V12 F
8 Jack Brabham Brabham Racing Organisation Brabham Brabham BT19 F1-1-65 Repco 620 V8
Repco 740 V8
G
8T Jack Brabham Brabham Racing Organisation Brabham Brabham BT20 F1-1-66 Repco 620 V8 G
9 Denny Hulme Brabham Racing Organisation Brabham Brabham BT20 F1-2-66 Repco 620 V8 G
10 Jochen Rindt Cooper Car Company Cooper Cooper T81 B F1-1-67 Maserati 9/F1 V12 F
10T Jochen Rindt Cooper Car Company Cooper Cooper T81 F1-3-66 Maserati 9/F1 V12 F
11 Pedro Rodríguez Cooper Car Company Cooper Cooper T81 F1-6-66 Maserati 9/F1 V12 F
12 Jim Clark Team Lotus Lotus Lotus 33 33 R14 Coventry Climax FWMV V8 F
14 Graham Hill Team Lotus Lotus Lotus 33 33 R12 BRM P56 V8 F
15 Bob Anderson DW Racing Enterprises Brabham Brabham BT11 F1-5-64 Coventry Climax FPF L4 F
16 Bruce McLaren Bruce McLaren Motor Racing McLaren McLaren M4B M4B/1 BRM P111 V8 G
17 Joseph Siffert Rob Walker Racing Team Cooper Cooper T81 F1-2-66 Maserati 9/F1 V12 F
18 Lorenzo Bandini SpA Ferrari SEFAC Ferrari Ferrari 312/67 312/0001 Ferrari 242 V12 F
19 Ludovico Scarfiotti SpA Ferrari SEFAC Ferrari Ferrari 312/67 312/0005 Ferrari 242 V12 F
20 Chris Amon SpA Ferrari SEFAC Ferrari Ferrari 312/67 312/0003 Ferrari 242 V12 F
21 Joakim Bonnier Joakim Bonnier Racing Team Cooper Cooper T81 F1-5-66 Maserati 9/F1 V12 F
22 Richie Ginther Anglo-American Racers Eagle Eagle T1G 103 Weslake 58 V12 G
23 Dan Gurney Anglo-American Racers Eagle Eagle T1G 102 Weslake 58 V12 G

Grille de départ

Grille de départ du Grand Prix et résultats des qualifications[7]
1re ligne Pos. 1 Pos. 2

Brabham
Brabham
1 min 27 s 6

Bandini
Ferrari
1 min 28 s 3
2e ligne Pos. 3 Pos. 4

Surtees
Honda
1 min 28 s 4

Hulme
Brabham
1 min 28 s 8
3e ligne Pos. 5 Pos. 6

Clark
Lotus
1 min 28 s 8

Stewart
BRM
1 min 29 s 0
4e ligne Pos. 7 Pos. 8

Gurney
Eagle
1 min 29 s 3

G. Hill
Lotus
1 min 29 s 9
5e ligne Pos. 9 Pos. 10

Siffert
Cooper
1 min 30 s 0

McLaren
McLaren
1 min 30 s 0
6e ligne Pos. 11 Pos. 12

Servoz-Gavin
Matra
1 min 30 s 4

Spence
BRM
1 min 30 s 6
7e ligne Pos. 13 Pos. 14

Courage
BRM
1 min 30 s 6

Amon
Ferrari
1 min 30 s 7
8e ligne Pos. 15 Pos. 16

Rindt
Cooper
1 min 30 s 8

Rodriguez
Cooper
1 min 32 s 4

Déroulement de la course

Il fait beau et chaud lorsque les voitures sont alignées sur la grille, à la sortie du virage du Gazomètre, en début d'après-midi. Quand l'ancien pilote monégasque Louis Chiron libère les seize monoplaces, Lorenzo Bandini prend immédiatement l'avantage et aborde le virage de Sainte Dévote avec une longueur d'avance sur Jack Brabham. Bandini conserve la tête dans la montée du Casino, devant les deux Brabham officielles, le champion du monde étant talonné par son coéquipier Denny Hulme et par la BRM de Jackie Stewart. Derrière, la lourde Honda de John Surtees est moins vive que la Lotus de Jim Clark, qui tente de se porter à sa hauteur mais se fait surprendre lorsque Surtees se rabat devant lui ; le pilote écossais freine et rétrograde brutalement pour l'éviter, ne pouvant éviter un surrégime qui va légèrement endommager la distribution du V8, qui ne pourra plus tourner à plein régime. Peu avant l'hôtel Mirabeau, une bielle du V8 de Brabham casse et de l'huile asperge les roues arrières de sa monoplace, qui part aussitôt en tête-à-queue, semant la confusion au sein du peloton. Dans la mêlée, Siffert endommage le radiateur d'huile de sa Cooper et devra effectuer un long arrêt au stand pour le faire réparer, tandis que Jochen Rindt, sur sa Cooper d'usine, s'est habilement faufilé et a gagné de nombreuses places. Alors que Brabham, persuadé d'avoir un problème de transmission, regagne lentement son stand ignorant qu'il laisse des trainées de lubrifiant sur la piste, Bandini repasse devant les tribunes avec une seconde et demie d'avance sur Hulme. Troisième sur sa BRM, Jackie Stewart mène le reste de la meute, devant Surtees. Clark a rétrogradé à la septième place, derrière l'Eagle de Dan Gurney et la petite McLaren de Bruce McLaren. Moteur totalement hors d'usage, Brabham doit renoncer, tandis que Siffert perdra près d'une demi-heure avant que sa monoplace ne puisse reprendre la piste. Malgré le ciment répandu sur la piste par les commissaires de course, les abords de la chicane du port sont extrêmement glissants lorsque les concurrents l'abordent pour la deuxième fois. Voyant le drapeau rouge et jaune agité, Bandini a nettement levé le pied et a immédiatement été débordé par Hulme, Stewart dépassant le pilote italien aussitôt le virage. Persuadé qu'un carambolage va se produire à cet endroit, Clark préfère s'engouffrer dans l'échappatoire mais le reste du peloton passe sans encombre. Le champion écossais va devoir pousser sa Lotus pour la ramener sur la piste, repartant en quatorzième position après avoir perdu une demi-minute. Hulme compte alors une demi-seconde d'avance sur Stewart, Bandini venant une seconde plus loin, Surtees devançant le reste du peloton, bientôt privé de la Matra de Johnny Servoz-Gavin, qui va rester très longtemps immobilisé pour un problème d'injection. Gurney ne reste pas longtemps bloqué derrière Surtees, qu'il déborde Surtees au cours du troisième tour, puis d'epasse Bandini au suivant, s'emparant de la troisième place. Il se trouve alors à trois secondes de Stewart, et à quatre de Hulme, toujours en tête, et semble en mesure de revenir sur eux quand un problème d'entraînement de pompe à essence met soudainement fin à son beau début de course. Derrière Hulme et Stewart, toujours distants d'une seconde, Bandini retrouve la troisième place, à six secondes toutefois de la Brabham de tête. Surtees est une seconde plus loin, précédant Jochen Rindt qui vient de dépasser McLaren après avoir pris l'avantage sur la Lotus de Graham Hill. Les conditions d'adhérence s'améliorent peu à peu et Stewart hausse le rythme, revient dans le sillage de Hulme qu'il parvient à dépasser sur la ligne droite du port au cours du septième tour. Tournant de plus en plus vite, l'Écossais va dès lors se détacher progressivement. Il a porté son avance à près de sept secondes lorsque, au quinzième tour, il regagne son stand au ralenti, différentiel cassé ; l'abandon est inévitable. Rindt (qui venait de perdre la sixième place au profit de Clark, auteur d'une fulgurante remontée) abandonne également, boîte de vitesses hors d'usage. Hulme a repris le commandement de la course, six secondes devant Bandini. Surtees et McLaren viennent un peu plus loin. Désormais cinquième, Clark est à moins de vingt-secondes de la Brabham de tête et précède de quatre secondes son coéquipier Hill. L'écart entre les deux premiers va alors se creuser rapidement, Hulme tournant à près de 125 km/h de moyenne, doublant en quelques tours son avance sur la Ferrari. Pressé par Surtees et McLaren qui se sont rapprochés de lui, Bandini tente alors de contre-attaquer, stabilisant son retard sur le leader. Au quart de la course, quatorze secondes séparent les deux premiers, tandis que Surtees et McLaren, qui roulent de concert, ne sont qu'à deux secondes de la Ferrari. Cinquième, Clark revient peu à peu sur les voitures qui le précèdent, alors que son coéquipier Hill, handicapé par un embrayage qui patine, effectue une course d'attente et vient de se faire dépasser par la deuxième Ferrari, pilotée par Chris Amon. Le moteur de Surtees commence alors à fumer étrangement et le pilote britannique ne peut contenir longtemps McLaren, qui le double au cours du vingt-huitième tour. Le V12 perd de plus en plus de puissance et la Honda ralentit nettement, Clark la débordant au tour suivant pour s'emparer de la quatrième place. Surtees poursuit néanmoins sa course en tentant de ménager sa mécanique mais un piston a cédé et la monoplace japonaise n'achèvera pas son trente-troisième tour. Hulme possède alors près de dix-huit secondes d'avance sur Bandini, McLaren venant quatre secondes plus loin. Clark a nettement accéléré la cadence et se rapproche du pilote-constructeur. Respectivement cinquième et sixième, Amon et Hill sont beaucoup plus loin. Les autres pilotes restant en course sont à plus d'un tour.

Brabham BT20
Une Brabham BT20 semblable à celle de Denny Hulme, vainqueur à Monaco de son premier Grand Prix.

Bien qu'ayant haussé le rythme, Bandini ne semble pas vraiment une menace pour Hulme et se voit même progressivement rattrapé par McLaren, mais la remontée de Clark tient le public en haleine. Le pilote écossais est alors, malgré un régime moteur limité depuis l'incident du départ à 8500 tr/min, le plus rapide en piste. Au trente-huitième tour, il s'attribue le record officiel du circuit, à 126,5 km/h de moyenne et n'est plus qu'à deux secondes de McLaren. Deux boucles plus tard, il est revenu dans les échappements du Néo-Zélandais. Après plusieurs tentatives infructueuses pour le dépasser, il s'apprête à l'attaquer de nouveau lorsque, à la fin du quarante-troisième tour, au virage du bureau de tabac, un porte-moyeu de la Lotus cède brusquement et Clark part en tête-à-queue, sa monoplace échouant dans le mur, suspension hors d'usage. Menacé par McLaren qui n'est que trois secondes derrière lui, Bandini a réduit son retard et ne se trouve plus qu'à une dizaine de secondes de Hulme. L'Italien va poursuivre son effort et, à la mi-course, il est revenu à huit secondes de la Brabham et a légèrement creusé l'écart sur McLaren. Amon roule isolé en quatrième position, ayant facilement distancé Hill, toujours ralenti par des problèmes d'embrayage mais qui assure sereinement sa cinquième place, très loin devant la BRM de Mike Spence et la Cooper de Pedro Rodríguez qui accusent plus de deux tours de retard. Malgré tous ses efforts, Bandini ne va pas parvenir pas à réduire significativement son retard sur Hulme, sept secondes séparant encore les deux hommes à l'issue du soixantième tour. McLaren n'a pu tenir le rythme et accuse désormais dix-sept secondes de retard sur l'homme de tête. Quatrième, Amon est une demi-minute derrière tandis que Hill, toujours cinquième, est à plus d'un tour. La victoire se dessine peu à peu pour Hulme, qui maintient une allure rapide et régulière alors que son adversaire commence à accuser la fatigue et à commettre de petites erreurs. L'écart grandit de nouveau, atteignant près de quinze secondes au soixante-dixième passage devant les stands. McLaren est toujours troisième, mais son moteur commence à avoir des ratés et le pilote-constructeur rejoint bientôt son stand pour faire remplacer sa batterie, une opération qui va lui coûter deux tours ; il repartira en cinquième position, derrière Amon et Hill. Dès lors, la course semble jouée. Bandini n'a pas baissé les bras mais il contrôle moins facilement sa monoplace et à deux reprises va manquer un changement de vitesses à l'épingle du gazomètre[8]. À vingt tours de l'arrivée, son retard atteint près de vingt secondes et les positions semblent acquises. Bien que sa deuxième place ne soit pas menacée, son coéquipier Amon, troisième, étant à quarante secondes de lui, le pilote italien ne lève pas le pied. Alors qu'il aborde pour la quatre-vingt-deuxième fois la chicane du port, il ne parvient pas à tenir sa trajectoire et heurte la palissade, perdant le contrôle de sa monoplace qui se trouve projetée sur les balles de pailles appuyées contre une rembarde de fer, en sortie de virage. La Ferrari se retourne et s'embrase aussitôt, la paille attisant l'incendie. Aidés par des spectateurs courageux, les pompiers auront beaucoup de difficultés à atténuer les flammes et à dégager le pilote, après avoir retourné la voiture. Très sévèrement brûlé mais respirant encore, Bandini sera évacué vers l'hôpital le plus proche, dans un état désespéré, tandis que les commissaires de piste mettront une dizaine de minutes avant de maîtriser totalement l'incendie [9].

La course continue cependant, les monoplaces restant en course franchissant la chicane à vitesse réduite. Hulme a désormais plus d'une minute d'avance sur Amon et ne peut plus être inquiété. Hill, troisième, est à plus d'un tour et McLaren, quatrième, à plus de deux. Il ne reste plus que six voitures en course, Rodríguez, très attardé, occupant la cinquième place devant Spence. Les positions paraissent définitivement acquises mais, à moins de dix tours de l'arrivée, Amon éclate un pneu contre un trottoir et regagne lentement son stand pour faire remplacer sa roue arrière droite[8]. La jeune recrue de la Scuderia repartira en troisième position bien après le passage de Hill, qui hérite d'une deuxième place inespérée après avoir effectué presque toute la course avec un embrayage défaillant. L'épreuve se termine sans autre changement, Hulme remportant sa première victoire en Grand Prix et s'emparant de la tête du championnat du monde.

Classements intermédiaires

Classements intermédiaires des monoplaces aux premier, deuxième, troisième, quatrième, cinquième, huitième, dixième, douzième, quinzième, vingtième, vingt-cinquième, trentième, quarantième, cinquantième, soixantième, soixante-dixième, quatre-vingtième et quatre-vingt-dixième tours[10],[11].

Classement de la course

Denny Hulme
Première victoire en championnat du monde pour Denny Hulme.
Pos Pilote Écurie Tours Temps/Abandon Grille Points
1 9 Denny Hulme Brabham-Repco 100 2 h 34 min 34 s 3 4 9
2 14 Graham Hill Lotus-BRM 99 2 h 36 min 06 s 3 (+ 1 tour) 8 6
3 20 Chris Amon Ferrari 98 2 h 35 min 57 s 8 (+ 2 tours) 14 4
4 16 Bruce McLaren McLaren-BRM 97 2 h 34 min 35 s 2 (+ 3 tours) 10 3
5 11 Pedro Rodríguez Cooper-Maserati 96 2 h 34 min 57 s 7 (+ 4 tours) 16 2
6 5 Mike Spence BRM 96 2 h 35 min 54 s 7 (+ 4 tours) 12 1
Abd. 18 Lorenzo Bandini Ferrari 81 Accident mortel 2  
Abd. 6 Piers Courage BRM 64 Sortie de piste 13  
Abd. 12 Jim Clark Lotus-Climax 42 Suspension 5  
Abd. 7 John Surtees Honda 32 Moteur 3  
Abd. 17 Jo Siffert Cooper-Maserati 31 Pression d'huile 9  
Abd. 4 Jackie Stewart BRM 14 Différentiel 6  
Abd. 10 Jochen Rindt Cooper-Maserati 14 Boîte de vitesses 15  
Abd. 23 Dan Gurney Eagle-Weslake 4 Pompe à essence 7  
Abd. 2 Johnny Servoz-Gavin Matra-Ford 4 Injection 11  
Abd. 8 Jack Brabham Brabham-Repco 0 Moteur 1  
Nq. 15 Bob Anderson Brabham-Climax   Non qualifié  
Nq. 1 Jean-Pierre Beltoise Matra-Ford   Non qualifié  
Nq. 22 Richie Ginther Eagle-Weslake   Non qualifié    

Légende :

  • Abd.=Abandon

Pole position et record du tour

Évolution du meilleur tour en course

Le meilleur tour fut amélioré vingt fois au cours de l'épreuve[10].

Tours en tête

Classement général à l'issue de la course

  • Attribution des points : 9, 6, 4, 3, 2, 1 respectivement aux six premiers de chaque épreuve.
  • Pour la coupe des constructeurs, même barème et seule la voiture la mieux classée de chaque équipe inscrit des points.
  • Le championnat est divisé en deux demi-saisons, seuls les cinq meilleurs résultats (sur six épreuves) étant retenus pour la première et les quatre meilleurs (sur cinq épreuves) pour la deuxième[7].
Classement des pilotes
Pos. Pilote Écurie Points
AFS

MON

NL

BEL

FRA

GBR
1re
½ saison

ALL

CAN

ITA

USA

MEX
2e
½ saison
1 Denny Hulme Brabham 12 3 9 12
2 Pedro Rodríguez Cooper 11 9 2 11
3 John Love Cooper 6 6 - 6
Graham Hill Lotus 6 - 6 6
5 John Surtees Honda 4 4 - 4
Chris Amon Ferrari 4 - 4 4
7 Bruce McLaren McLaren 3 - 3 3
8 Bob Anderson Brabham 2 2 - 2
9 Jack Brabham Brabham 1 1 - 1
Mike Spence BRM 1 - 1 1
Coupe des constructeurs
Pos. Écurie Points
AFS

MON

NL

BEL

FRA

GBR
1re
½ saison

ALL

CAN

ITA

USA

MEX
2e
½ saison
1 Brabham-Repco 12 3 9 12
2 Cooper-Maserati 11 9 2 11
3 Cooper-Climax 6 6 - 6
Lotus-BRM 6 - 6 6
5 Honda 4 4 - 4
Ferrari 4 - 4 4
7 McLaren-BRM 3 - 3 3
8 Brabham-Climax 2 2 - 2
9 BRM 1 - 1 1

À noter

  • 1re victoire en championnat du monde pour Denny Hulme.
  • 7e victoire en championnat du monde pour Brabham en tant que constructeur.
  • 5e victoire en championnat du monde pour Repco en tant que motoriste.
  • Brûlé au troisième degré lors de son accident, Lorenzo Bandini est mort à la polyclinique Princesse-Grâce-de-Monaco, trois jours après la course [9].

Notes et références

Notes

  1. Voiture utilisée aux essais.
  2. Voiture initialement attribuée à Jean-Pierre Beltoise, utilisée par Johnny Servoz-Gavin en course.
  3. John Surtees a également testé des pneus Goodyear lors des essais.

Références

  1. Johnny Rives, Gérard Flocon et Christian Moity, La fabuleuse histoire de la formule 1, Éditions Nathan, , 707 p. (ISBN 2-09-286450-5)
  2. Christian Naviaux, Les Grands Prix de Formule 1 hors championnat du monde : 1946-1983, Nîmes, Éditions du Palmier, , 128 p. (ISBN 2-914920-05-9)
  3. Alex Rollo, The Monaco Grand Prix, Ian Allan Ltd, , 160 p. (ISBN 0-7110-1748-4)
  4. Rainer W. Schlegelmilch et Hartmut Lehbrink, Grand Prix de Monaco, Könemann, , 460 p. (ISBN 3-8290-0658-6)
  5. (en) Denis Jenkinson, « XXV Monaco Grand Prix : A well deserved victory », Magazine MotorSport, no 6 Vol.XLIII,‎
  6. (en) Bruce Jones, The complete Encyclopedia of Formula One, Colour Library Direct, , 647 p. (ISBN 1-84100-064-7)
  7. a b et c (en) Mike Lang, Grand Prix volume 2, Haynes Publishing Group, , 260 p. (ISBN 0-85429-321-3)
  8. a et b Revue L'Automobile no 254 - juin 1967
  9. a et b Johnny Rives, L’Equipe, 50 ans de Formule 1 - tome 1 : 1950-1978, Issy-les-Moulineaux, SNC L’Equipe, , 233 p. (ISBN 2-7021-3009-7)
  10. a et b (en) Autocourse : Review of International Motor Sport 1967-1968, Haymarket Press Ltd, , 215 p.
  11. Edmond Cohin, L'historique de la course automobile, Editions Larivière, , 882 p.