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Frugivore

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Un frugivore (ou fructivore), appelé aussi carpophage[1], est un animal qui se nourrit de fruits mûrs. On le dit granivore s'il se nourrit de graines.

En français, les carpophages sont aussi de gros pigeons frugivores de la sous-famille des Treroninae[2]. Certains singes sont frugivores, mais pas exclusivement. Beaucoup d'oiseaux, par exemple les perroquets, mais aussi certaines grandes chauves-souris, comme les roussettes, sont à 100 % herbivores. Le binturong Arctictis binturong a la particularité de faire partie des mammifères carnivores alors qu'il s'agit d'un omnivore principalement frugivore.

Frugivorie et climat

En zone tropicale des fruits sont produits toute l'année, mais plus on s'approche des zones polaires plus cette production est saisonnière. Les frugivores peuvent alors s'adapter en hibernant, en migrant.

Écologie fonctionnelle et coévolution

Les études écologiques de dispersion de graines ont mis en évidence dans la Nature de nombreux phénomènes de coévolution entre des plantes à fruits et des animaux frugivores[3],[4].

La plante à fleur développe des fruits qui attirent des animaux qui les mangent, et en disséminent ainsi les graines (zoochorie). Le péricarpe (fruit) grossit, devient juteux et énergétique[5] (sucré), et se pare de couleurs vives quand les graines qu'il abrite sont prêtes à être dispersées. De leur côté, les animaux frugivores ont généralement une bon odorat et une vision des couleurs leur permettant de discerner si un fruit est à pleine maturité. Ce sont généralement des oiseaux[6] ou des animaux arboricoles. De nombreux fruits contiennent des tanins, qui entraînent un transit plus rapide à travers les tractus intestinaux des animaux. Ceci permet au graines de ne pas trop subir les attaques des sucs digestifs. Certains animaux frugivores ou herbivores luttent contre les problèmes de digestion dus à la présence de tanins ou de produits toxiques en ingérant des argiles qui absorbent les toxines (voir géophagie).

Certaines espèces de plantes ne germent qu'après avoir traversé l'intestin d'un animal, après que le processus de digestion ait ramolli la coque ou une enveloppe trop dure de la graine. La graine expulsée dans les excréments y trouve de plus un milieu nutritif.

Certaines plantes produisent des fruits toute l'année ou presque (en zone tropicale). Certaines plantes ont une fructification superabondante et d'autres ne produisent que de rares fruits. Ces phénomènes sont sources de pressions sélectives sur les guildes de frugivores et disperseurs de graines[7]. Il peut arriver que des conditions météorologiques inhabituelles (gel tardif par exemple) privent occasionnellement des frugivores de nourriture, causant des pénuries alimentaires phénologiques et une concurrence entre individus et/ou espèces étroitement liées[7]. Il semble que les frugivores aviaires et mammifères soient rarement en compétition notamment en zone tropicales où les plantes produisent des fruits sélectivement attrayants pour un sous-ensemble limité de frugivores (uniquement oiseaux ou chauve-souris par exemple)[7].

Certains patrons de répartition de plantes et de populations animales sont ainsi fortement liés, notamment en zone tropicale[8],[9],[10], et pour certaines espèces végétales uniquement dispersées par une unique espèce animale, la disparition de l'un peut entrainer à terme la disparition de l'autre.

Comprendre ces interactions est important pour comprendre la succession forestière[11] et donc mieux accompagner certains efforts de restauration écologique[11], pour la gestion d'espèces menacées ou d'espèces invasives susceptibles d'être dispersées par des animaux frugivores[12],[13] (cerisier tardif en Europe par exemple, diffusé par les oiseaux). L'identification de groupe fonctionnels basée sur des « traits » frugivores et de leurs interactions avec le paysage pourrait permettre d'anticiper certaines invasions biologiques et de les mieux gérer, à moindre coûts[12].

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie


Notes et références

  1. carpophage dans Meyer C., ed. sc., 2016, Dictionnaire des Sciences Animales. Montpellier, France, Cirad. [31/12/2016].
  2. carpophages dans Meyer C., ed. sc., 2016, Dictionnaire des Sciences Animales. Montpellier, France, Cirad. [31/12/2016].
  3. Howe, H. F., & Smallwood, J. (1982). Ecology of seed dispersal. Annual review of ecology and systematics, 13(1), 201-228.
  4. Levey, D. J., Silva, W. R., & Galetti, M. (Eds.). (2002). Seed dispersal and frugivory: ecology, evolution, and conservation. CABI (résumé).
  5. Morrison D.W (1978) Foraging ecology and energetics of the frugivorous bat Artibeus jamaicensis. Ecology, 59(4), 716-723 (résumé).
  6. Herrera C.M, Jordano P, Lopez-Soria L & Amat J.A (1994) Recruitment of a mast‐fruiting, bird‐dispersed tree: bridging frugivore activity and seedling establishment. Ecological monographs, 64(3), 315-344.
  7. a b et c Fleming T.H (1979) Do tropical frugivores compete for food ?. American Zoologist, 19(4), 1157-1172 (résumé).
  8. Fleming, T. H., Breitwisch R & Whitesides G.H (1987) Patterns of tropical vertebrate frugivore diversity. Annual Review of Ecology and Systematics, 18(1), 91-109.
  9. Bleher, B., & Böhning-Gaese, K. (2001). Consequences of frugivore diversity for seed dispersal, seedling establishment and the spatial pattern of seedlings and trees. Oecologia, 129(3), 385-394.
  10. Estrada, A., Coates-Estrada, R., Meritt, D., Montiel, S., & Curiel, D. (1993). Patterns of frugivore species richness and abundance in forest islands and in agricultural habitats at Los Tuxtlas, Mexico. Vegetatio, 107(1), 245-257.
  11. a et b Silva J.M.C, Uhl C & Murray G (1996). Plant succession, landscape management, and the ecology of frugivorous birds in abandoned Amazonian pastures. Conservation biology, 10(2), 491-503.
  12. a et b Buckley, Y. M., Anderson, S., Catterall, C. P., Corlett, R. T., Engel, T., Gosper, C. R., ... & VIVIAN‐SMITH, G. A. Brielle (2006). Management of plant invasions mediated by frugivore interactions. Journal of Applied Ecology, 43(5), 848-857.
  13. Restrepo, C., Gomez, N., & Heredia, S. (1999). Anthropogenic edges, treefall gaps, and fruit–frugivore interactions in a neotropical montane forest. Ecology, 80(2), 668-685.