Carnivora

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Les Carnivores (Carnivora) sont un ordre de mammifères placentaires du super-ordre des Laurasiathériens. Ils se distinguent par une mâchoire et une denture qui leur permet de chasser et de manger d'autres animaux. Une des synapomorphies qui caractérisent les Carnivores est la présence d'une carnassière. Les canines sont transformées en crocs. Leur cerveau est de type gyrencéphale.

Cet ordre est composé majoritairement d'animaux rapides au régime alimentaire carnivore (chair crue), bien qu'il existe certains membres qui n'ont pas ce régime, tels le panda géant qui est herbivore et des omnivores opportunistes comme le Renard roux ou le Binturong qui est principalement frugivore. D'autre part, les mammifères carnassiers ne sont pas tous forcément membres de cet ordre. On peut ainsi citer, par exemple, le dasyure, le thylacine, ou le diable de Tasmanie, qui sont tous trois des marsupiaux, ou bien certains cétacés tels que l'orque ou le grand cachalot.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Les Carnivores sont les seuls mammifères placentaires à ne pas posséder de vésicules séminales[1]. Sinon, les principales caractéristiques spécifiques des Carnivores concernent la tête. Au niveau de la denture, la quatrième prémolaire supérieure et la première molaire inférieure sont spécialisées en carnassières. Par ailleurs, les mouvements latéraux de la mandibule sont très limités. Au niveau de la base du crâne, la bulle tympanique est constituée de trois éléments : ectotympanique, entotympanique rostral et entotympanique caudal. Par ailleurs, l'artère carotide interne est réduite, et la vascularisation du cerveau est essentiellement assurée par la carotide externe[2].

D'autres caractéristiques sont présentes uniquement chez les espèces terrestres existantes : une boîte crânienne de dimension élargie, la présence d'un os scapholunatum au niveau du carpe, ou l'absence de troisième trochanter pour le fémur[2].

Systématique[modifier | modifier le code]

L'ancienne classification séparait les Carnivores en deux sous-ordres, les Fissipèdes et les Pinnipèdes. Cette classification est aujourd'hui obsolète, bien que les Pinnipèdes soient toujours un clade valide.

Carnivora est aujourd'hui considéré comme le groupe-couronne de ses représentants actuels, divisé en deux sous-ordres. Les Caniformes regroupent les familles proches des Canidés, les Féliformes regroupent les familles proches des Félidés.

Histoire évolutive[modifier | modifier le code]

L'histoire des Carnivores débute à la fin du Paléocène (– 60 Ma), parallèlement à celle des créodontes, avec l'apparition des miacidés en Amérique du Nord et en Europe, puis en Asie. Ces petits mammifères forestiers sont probablement arboricoles comme le suggèrent leurs fossiles : l'os scaphoïde et le semi-lunaire sont séparés alors que ces os du poignet sont soudés chez les carnivores actuels, ce qui constitue une adaptation à la course ; la présence de griffes acérées, vraisemblablement rétractiles (particularité morphologique conservée chez les félidés et perdue chez les canidés) indique la faculté de grimper aux arbres. Vers la fin de l'Éocène (– 40 Ma), l'ordre des Carnivores se divise en deux sous-ordres, les féliformes (Aeluroïdes) et les caniformes (Arctoïdes). Les féliformes sont caractérisés par un raccourcissement de la mâchoire qui entraîne un raccourcissement du crâne et une réduction du nombre de dents. Ce raccourcissement de la mandibule inférieure est compensé par l'accroissement des muscles masticateurs, avec saillie prononcée de l'arcade zygomatique, d'où l'aspect plus globuleux de la tête et le cou puissant et court. Le museau raccourci rend la morsure plus efficace. Les caniformes ont un cou allongé, ce qui permet d'amener la truffe au sol et d'y repérer les odeurs laissées par le passage des proies (urines, phéromones sexuelles, excréments…). La structure moins souple de l'articulation du coude, plus spécifiquement orientée vers le sol, est une adaptation à la course d'endurance. Ils sont pourvus de griffes non rétractiles qui leur permettent de creuser la terre pour rechercher un petit rongeur ou se fabriquer une tanière. Le museau allongé permet de conserver la dentition primaire et de pratiquer des morsures de préhension généralement sur l'arrière-train de leurs proies, ne les tuant pas comme le font les morsures sous la gorge pratiquées par les féliformes[3].

« Deux lignées de miacidés sont à l’origine de tous les carnivores vrais modernes : les vulpavines et les viverrines. Les premiers, qui ressemblaient à la martre, occupaient l’Amérique du Nord et sont à l’origine de la branche évolutive des canidés (20 Ma plus tard) et de celle des pinnipèdes. Les seconds, qui avaient plutôt l’aspect de la genette et chassaient des petits vertébrés, vivaient en Eurasie et sont à l’origine de la branche des félidés et de celle des viverridés. Ces deux branches évolutives parallèles portent parfois le nom de « canoïdés » et « féloïdés »[4]. »

Familles actuelles[modifier | modifier le code]

Liste des familles actuelles selon ITIS[5].

Note : les viverridés du genre Prionodon regroupant les linsangs asiatiques ont été classés à part dans la famille Prionodontidae Horsfield, 1822 à la suite d'analyse génétiques[6].

Liste des familles éteintes[modifier | modifier le code]

Dans le sous-ordre Caniformia :

Dans le sous-ordre Feliformia :

Phylogénie[modifier | modifier le code]

Place au sein des laurasiathériens[modifier | modifier le code]

Phylogénie des ordres actuels de laurasiathériens, d'après Zhou et al., 2011[7] :

  Boreoeutheria  

  Euarchontoglires
  (primates, dermoptères, toupayes, rongeurs, lapins)  


  Laurasiatheria  

  Eulipotyphla
  (hérissons, musaraignes, taupes, solénodontes)  


  Scrotifera  

  Chiroptera
  (chauves-souris)  


  Fereuungulata  
  Ferae  
         

  Pholidota
  (pangolins)  



  Carnivora
  (chats, hyènes, chiens, ours, phoques, etc.)  



  Ungulata  
         

  Perissodactyla
  (chevaux, tapirs, rhinocéros, etc.)



  Cetartiodactyla
  (chameaux, porcs, ruminants, hippopotames, baleines, etc.)  







Phylogénie de l'ordre[modifier | modifier le code]

Les différentes études génétiques estiment que l'ancêtre commun des carnivores actuels vivait il y a environ 60 millions d'années.

Phylogénie des familles actuelles de mammifères carnivores d'après Eizirik et al. (2010)[8], Nyakatura et al. (2012)[9] et Zhou et al. (2017)[10] :

 Carnivora 
Feliformia

Nandiniidae





Felidae



Prionodontidae



 Viverroidea 

Viverridae


 Herpestoidea 

Hyaenidae




Eupleridae



Herpestidae







 Caniformia 

Canidae


  Arctoidea   
 Ursoidea 

Ursidae



 Pinnipedia 
 Phocoidea 

Phocidae


 Otarioidea 

Odobenidae



Otariidae




   Musteloidea   
   

Mephitidae



   

Ailuridae



   

Mustelidae



Procyonidae










Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Alan Dixson, « Sexual Selection and Evolution of the Seminal Vesicles in Primates », Folia Primatologica (en), vol. 69, no 5,‎ , p. 300-306 (DOI 10.1159/000021643).
  2. a et b (en) Kenneth D. Rose, The Beginning of the Age of Mammals, 2009, JHU Press, 448 pages, chapitre 8 : « Creodonta and Carnivoria »
  3. (en) Xiaoming Wang, Richard H. Tedford, « The origin of canids and other doglike carnivorous mammals », dans Dogs: Their Fossil Relatives and Evolutionary History, New York, Columbia University Press, , p. 7-22.
  4. Jean-Marc Landry, Le loup, Delachaux et Niestlé, , p. 35.
  5. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 4 mars 2019
  6. Gaubert, P. and Veron, G. (2003). "Exhaustive sample set among Viverridae reveals the sister-group of felids: the linsangs as a case of extreme morphological convergence within Feliformia". Proceedings of the Royal Society, Series B, 270 (1532): 2523–2530. DOI 10.1098/rspb.2003.2521
  7. (en) Xuming Zhou, Shixia Xu, Junxiao Xu, Bingyao Chen, Zhou Kaiya et Guang Yang, « Phylogenomic Analysis Resolves the Interordinal Relationships and Rapid Diversification of the Laurasiatherian Mammals », Systematic Biology, vol. 61, no 1,‎ , p. 150–164 (PMID 21900649, PMCID 3243735, DOI 10.1093/sysbio/syr089)
  8. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1055790310000448
  9. https://bmcbiol.biomedcentral.com/articles/10.1186/1741-7007-10-12
  10. https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0174902

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Références taxinomiques[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Base de données consacrée à la biologie de la conservation des carnivores, avec Accès à de nombreuses thèses scientifiques de divers pays.