« Fixisme » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Salsero35 (discuter | contributions)
Salsero35 (discuter | contributions)
Ligne 26 : Ligne 26 :
* {{page h|Neutralisme}}
* {{page h|Neutralisme}}
* [[Uniformitarisme]]
* [[Uniformitarisme]]
* [[Théorie de la préformation]]


{{Portail|histoire des sciences|sciences}}
{{Portail|histoire des sciences|sciences}}

Version du 20 avril 2018 à 21:48

Création du soleil, de la lune, et des plantes, fresque de Michel-Ange[1] (1511) sur le plafond de la chapelle Sixtine : à droite Dieu, entouré de quatre putti, pointe du doigt le soleil resplendissant et la lune plus pâle qu'il vient de créer ; à gauche, le voile retroussé sur des fesses, Dieu plonge vers la terre sur laquelle il a créé les premiers buissons et touffes d'herbe[2]. L’historien de l'art Henry Thode pense que Michel-Ange a voulu aussi réprésenter le création de la terre[3].

Le fixisme est une hypothèse aujourd'hui abandonnée par la communauté scientifique selon laquelle il n'y a pas plus de transformation des espèces végétales ou animales, que de modification de l'Univers depuis sa création. Elle suppose que le monde dans lequel l'homme vit est stable (créationnisme) ou revient toujours dans le même état selon des cycles (fixisme cosmologique qui transparaît dans la pensée grecque, hindoue, chinoise et égyptienne)[4].

Historique

« L'homme est à Dieu ce que le singe est au diable. »

— Martin Luther, Tischreden[5].

Il s'agit d'un cadre de pensée, inspiré à la fois par les récits originels religieux (par exemple : le septième jour de la création des hébreux) et les philosophies développées dans l'Antiquité (comme la description de l'Univers selon Aristote).

Le créationnisme est une résurgence du fixisme, motivé essentiellement par des considérations religieuses. Mais il se concentre sur l'explication des origines (alors que le fixisme ne s'en préoccupe pas), et s'oppose à certaines théories de l'évolution (alors que le fixisme est antérieur à ces théories).

Au cours de l'histoire des sciences, tous les intermédiaires ont été proposés entre le fixisme absolu et l'évolutionnisme intégral, depuis le progressionnisme, théorie antitransformiste dont le chef de file est Marcel de Serres, progressionniste qui suppose le perfectionnement graduel des êtres organisés (idée illustrée dans la Marche du Progrès) par remplacement successif des faunes et des flores au cours de l'histoire de la Terre, les nouvelles espèces étant créées indépendamment les unes des autres de manière miraculeuse (intervention de Dieu selon le créationnisme) ; le continuisme qui suppose que ce progressionnisme se fait selon une succession ininterrompue (rejet du catastrophisme) ; le discontinuisme de Cuvier en accord avec les idées fixistes et catastrophistes (l'anatomiste français n'évoque pas des extinctions de masse mais des extinctions majeures, qu'il appelle « révolutions du globe »[6]) ; le transformisme limité qui admet l'existence d'un lien généalogique entre espèces proches de la classification naturelle, mais qui refuse d'étendre ces connexions au-delà du genre ou de la famille biologique[7]. Au XIXe siècle, l'opposition pertinente, au temps de la naissance des sciences de la terre et de la vie, n'est pas « celle des croyants et des incrédules, recouvrant celle des fixistes et des évolutionnistes, mais celle des catastrophistes et des continuistes[8] ».

Le fixisme a dominé la pensée scientifique et religieuse jusqu'à la formulation des théories de l'évolution, de la dérive des continents, de la cosmologie, l'étude des fossilesetc. Il a été alors abandonné dans toutes les branches de la science et de la philosophie.

Notes et références

  1. Michel-Ange fait la synthèse de deux journées de la création, la troisième et la quatrième
  2. (en) Charles de Tolnay, Michelangelo. The Sistine ceiling, Princeton University Press, , p. 140.
  3. (de) Henry Thode, Michelangelo: kritische untersuchungen über seine werke, Grote, , p. 302.
  4. Jean-François Toussaint, Bernard Swynghedauw, Gilles Bœuf, L'homme peut-il s'adapter à lui-même ?, Editions Quae, (lire en ligne), p. 113.
  5. Luther, Tischreden (Propos de table), XVIII, Jena, 1605.
  6. Catastrophes de type inondations ou séismes, la terre étant ensuite repeuplée par une nouvelle création ou des migrations après ces catastrophes. Par prudence vis-à-vis des autorités religieuses, il exclut l'homme de cette histoire géologique. Sa mainmise sur le système universitaire explique en partie que l'évolution a eu beaucoup de mal à s'implanter en France. D'après Jean Chaline, Didier Marchand, Les merveilles de l'évolution, Editions Universitaires de Dijon, , p. 232.
  7. Cédric Grimoult, « Créationnisme continuiste et transformisme limité : les naturalistes français face à l’évolution biologique au xixe siècle », Archives Internationales d'Histoire des Sciences, vol. 54, no 3,‎ , p. 73-96 (DOI 10.1484/J.ARIHS.5.101842).
  8. François Laplanche, La Bible en France entre mythe et critique : (XVIe-XIXe siècle), Albin Michel, , p. 132.

Voir aussi