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Le [[créationnisme]] est une résurgence du fixisme, motivé essentiellement par des considérations religieuses. Mais il se concentre sur l'explication des origines (alors que le fixisme ne s'en préoccupe pas), et s'oppose à certaines théories de l'évolution (alors que le fixisme est antérieur à ces théories).
Le [[créationnisme]] est une résurgence du fixisme, motivé essentiellement par des considérations religieuses. Mais il se concentre sur l'explication des origines (alors que le fixisme ne s'en préoccupe pas), et s'oppose à certaines théories de l'évolution (alors que le fixisme est antérieur à ces théories).


Au cours de l'histoire des [[sciences]], tous les intermédiaires ont été proposés entre le fixisme absolu et l'[[évolutionnisme]] intégral, depuis le progressionnisme, théorie [[Transformisme (biologie)|antitransformiste]] dont le chef de file est [[Marcel de Serres]], progressionniste qui suppose le perfectionnement graduel des êtres organisés (idée illustrée dans la ''[[Marche du Progrès]]'') par remplacement successif des faunes et des flores au cours de l'[[histoire de la Terre]], les nouvelles espèces étant créées indépendamment les unes des autres de manière miraculeuse (intervention de Dieu selon le [[créationnisme]]) ; le continuisme qui suppose que ce progressionnisme se fait selon une succession ininterrompue (rejet du [[catastrophisme]]) ; le discontinuisme de [[Georges Cuvier|Cuvier]] en accord avec les idées [[Fixisme|fixistes]] et catastrophistes (l'[[anatomiste]] [[France|français]] n'évoque pas des [[extinctions de masse]] mais des extinctions majeures, qu'il appelle {{Citation|révolutions du globe}}<ref>Catastrophes de type inondations ou séismes, la terre étant ensuite repeuplée par une nouvelle création ou des migrations après ces catastrophes. Par prudence vis-à-vis des autorités religieuses, il exclut l'homme de cette histoire géologique. Sa mainmise sur le système universitaire explique en partie que l'évolution a eu beaucoup de mal à s'implanter en France.</ref>) ; le [[Transformisme (biologie)|transformisme]] limité qui admet l'existence d'un lien généalogique entre espèces proches de la [[classification naturelle]], mais qui refuse d'étendre ces connexions au-delà du genre ou de la famille biologique<ref>{{Article|auteur=[[Cédric Grimoult]]|titre=Créationnisme continuiste et transformisme limité : les naturalistes français face à l’évolution biologique au xixe siècle|périodique=Archives Internationales d'Histoire des Sciences|date=2004|volume=54|numéro=3|pages=73-96|doi=10.1484/J.ARIHS.5.101842}}.</ref>. Au {{s-|XIX}}, l'opposition pertinente, au temps de la naissance des sciences de la terre et de la vie, n'est pas {{Citation|celle des croyants et des incrédules, recouvrant celle des fixistes et des évolutionnistes, mais celle des catastrophistes et des continuistes<ref>{{ouvrage|auteur=[[François Laplanche]]|titre=La Bible en France entre mythe et critique : (XVIe-XIXe siècle)|éditeur=Albin Michel|date=1994|passage=132}}.</ref>}}.
Au cours de l'histoire des [[sciences]], tous les intermédiaires ont été proposés entre le fixisme absolu et l'[[évolutionnisme]] intégral, depuis le progressionnisme, théorie [[Transformisme (biologie)|antitransformiste]] dont le chef de file est [[Marcel de Serres]], progressionniste qui suppose le perfectionnement graduel des êtres organisés (idée illustrée dans la ''[[Marche du Progrès]]'') par remplacement successif des faunes et des flores au cours de l'[[histoire de la Terre]], les nouvelles espèces étant créées indépendamment les unes des autres de manière miraculeuse (intervention de Dieu selon le [[créationnisme]]) ; le continuisme qui suppose que ce progressionnisme se fait selon une succession ininterrompue (rejet du [[catastrophisme]]) ; le discontinuisme de [[Georges Cuvier|Cuvier]] en accord avec les idées fixistes et catastrophistes (l'[[anatomiste]] [[France|français]] n'évoque pas des [[extinctions de masse]] mais des extinctions majeures, qu'il appelle {{Citation|révolutions du globe}}<ref>Catastrophes de type inondations ou séismes, la terre étant ensuite repeuplée par une nouvelle création ou des migrations après ces catastrophes. Par prudence vis-à-vis des autorités religieuses, il exclut l'homme de cette histoire géologique. Sa mainmise sur le système universitaire explique en partie que l'évolution a eu beaucoup de mal à s'implanter en France. D'après {{ouvrage|auteur=[[Jean Chaline]], Didier Marchand|titre=Les merveilles de l'évolution|éditeur=Editions Universitaires de Dijon|date=2002|passage=232}}.</ref>) ; le [[Transformisme (biologie)|transformisme]] limité qui admet l'existence d'un lien généalogique entre espèces proches de la [[classification naturelle]], mais qui refuse d'étendre ces connexions au-delà du genre ou de la famille biologique<ref>{{Article|auteur=[[Cédric Grimoult]]|titre=Créationnisme continuiste et transformisme limité : les naturalistes français face à l’évolution biologique au xixe siècle|périodique=Archives Internationales d'Histoire des Sciences|date=2004|volume=54|numéro=3|pages=73-96|doi=10.1484/J.ARIHS.5.101842}}.</ref>. Au {{s-|XIX}}, l'opposition pertinente, au temps de la naissance des sciences de la terre et de la vie, n'est pas {{Citation|celle des croyants et des incrédules, recouvrant celle des fixistes et des évolutionnistes, mais celle des catastrophistes et des continuistes<ref>{{ouvrage|auteur=[[François Laplanche]]|titre=La Bible en France entre mythe et critique : (XVIe-XIXe siècle)|éditeur=Albin Michel|date=1994|passage=132}}.</ref>}}.


== Notes et références ==
== Notes et références ==

Version du 20 avril 2018 à 18:04

Le fixisme est une hypothèse aujourd'hui abandonnée par la communauté scientifique selon laquelle il n'y a pas plus de transformation des espèces végétales ou animales, que de modification de l'Univers depuis sa création. Elle suppose que le monde dans lequel l'homme vit est stable (créationnisme) ou revient toujours dans le même état selon des cycles (fixisme cosmologique qui transparaît dans la pensée grecque, hindoue, chinoise et égyptienne)[1].

Historique

« L'homme est à Dieu ce que le singe est au diable. »

— Martin Luther, Tischreden[2].

Il s'agit d'un cadre de pensée, inspiré à la fois par les récits originels religieux (par exemple : le septième jour de la création des hébreux) et les philosophies développées dans l'Antiquité (comme la description de l'Univers selon Aristote).

Le fixisme a dominé la pensée scientifique et religieuse jusqu'à la formulation des théories de l'évolution, de la dérive des continents, de la cosmologie, l'étude des fossilesetc. Il a été alors abandonné dans toutes les branches de la science et de la philosophie.

Le créationnisme est une résurgence du fixisme, motivé essentiellement par des considérations religieuses. Mais il se concentre sur l'explication des origines (alors que le fixisme ne s'en préoccupe pas), et s'oppose à certaines théories de l'évolution (alors que le fixisme est antérieur à ces théories).

Au cours de l'histoire des sciences, tous les intermédiaires ont été proposés entre le fixisme absolu et l'évolutionnisme intégral, depuis le progressionnisme, théorie antitransformiste dont le chef de file est Marcel de Serres, progressionniste qui suppose le perfectionnement graduel des êtres organisés (idée illustrée dans la Marche du Progrès) par remplacement successif des faunes et des flores au cours de l'histoire de la Terre, les nouvelles espèces étant créées indépendamment les unes des autres de manière miraculeuse (intervention de Dieu selon le créationnisme) ; le continuisme qui suppose que ce progressionnisme se fait selon une succession ininterrompue (rejet du catastrophisme) ; le discontinuisme de Cuvier en accord avec les idées fixistes et catastrophistes (l'anatomiste français n'évoque pas des extinctions de masse mais des extinctions majeures, qu'il appelle « révolutions du globe »[3]) ; le transformisme limité qui admet l'existence d'un lien généalogique entre espèces proches de la classification naturelle, mais qui refuse d'étendre ces connexions au-delà du genre ou de la famille biologique[4]. Au XIXe siècle, l'opposition pertinente, au temps de la naissance des sciences de la terre et de la vie, n'est pas « celle des croyants et des incrédules, recouvrant celle des fixistes et des évolutionnistes, mais celle des catastrophistes et des continuistes[5] ».

Notes et références

  1. Jean-François Toussaint, Bernard Swynghedauw, Gilles Bœuf, L'homme peut-il s'adapter à lui-même ?, Editions Quae, (lire en ligne), p. 113.
  2. Luther, Tischreden (Propos de table), XVIII, Jena, 1605.
  3. Catastrophes de type inondations ou séismes, la terre étant ensuite repeuplée par une nouvelle création ou des migrations après ces catastrophes. Par prudence vis-à-vis des autorités religieuses, il exclut l'homme de cette histoire géologique. Sa mainmise sur le système universitaire explique en partie que l'évolution a eu beaucoup de mal à s'implanter en France. D'après Jean Chaline, Didier Marchand, Les merveilles de l'évolution, Editions Universitaires de Dijon, , p. 232.
  4. Cédric Grimoult, « Créationnisme continuiste et transformisme limité : les naturalistes français face à l’évolution biologique au xixe siècle », Archives Internationales d'Histoire des Sciences, vol. 54, no 3,‎ , p. 73-96 (DOI 10.1484/J.ARIHS.5.101842).
  5. François Laplanche, La Bible en France entre mythe et critique : (XVIe-XIXe siècle), Albin Michel, , p. 132.

Voir aussi