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« Le Château dans le ciel » : différence entre les versions

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{{Japonais|'''''Le Château dans le ciel'''''|天空の城ラピュタ|Tenkū no Shiro Rapyuta|{{Abréviation discrète|litt.|littéralement|fr}} {{"|Laputa, le château dans le ciel}}}} est un [[film d'animation]] [[japon]]ais du [[studio Ghibli]], réalisé par [[Hayao Miyazaki]] en [[1986 au cinéma|1986]]. C'est le premier film du studio depuis sa création en [[1985 en animation asiatique|1985]] et le troisième du réalisateur.


En raison de la petite distribution que proposait le studio Ghibli à l'époque, puis du succès des nouveaux films (''[[Le Voyage de Chihiro]]'' et ''[[Princesse Mononoké]]'' notamment), il n'est sorti en France qu'en 2003, soit dix-sept ans après sa sortie au Japon.
{{Japonais|'''''Le Château dans le ciel'''''|天空の城ラピュタ|Tenkū no shiro Rapyuta|{{Abréviation discrète|litt.|littéralement|fr}} « Laputa : Le Château dans le ciel »}} est un [[film d'animation]] [[japon]]ais du [[studio Ghibli]], réalisé par [[Hayao Miyazaki]] en [[1986 au cinéma|1986]].


== Synopsis ==
En raison de la petite distribution que proposait le studio Ghibli à l'époque, puis du succès des nouveaux films (''[[Le Voyage de Chihiro]]'' et ''[[Princesse Mononoké]]'' notamment), il n'est sorti en France qu'en 2003, soit 17 ans après sa sortie au Japon.
Des pirates du ciel, la {{"|bande de Dora}}, attaquent une forteresse volante ; ils recherchent une {{"|pierre volante}} appartenant à une jeune fille, Sheeta (ou Shiita), retenue prisonnière. Cette dernière arrive à s'enfuir pour atterrir chez Pazu, un garçon de son âge. Tous deux découvrent qu'ils ont un point commun : Laputa, une île légendaire flottant dans le ciel. Le père de Pazu l'avait vue de ses propres yeux mais personne ne l'avait cru, le laissant mourir de chagrin ; mais Sheeta a cette {{"|pierre volante}} qui conduit jusqu'à l'île. Poursuivis par les pirates et par Muska, un agent des services secrets épaulé par la flotte de l'armée, les deux enfants s'entraident pour y arriver avant eux. Muska veut se servir de la jeune fille pour parvenir à régner sur ces terres…

== Résumé ==
Des pirates du ciel, la « bande de Dora » attaquent une forteresse volante ; ils recherchent une « pierre volante » appartenant à une jeune fille, Sheeta, retenue prisonnière. Cette dernière profite de la confusion pour assommer son geôlier, Muska, et tente de fuir par un hublot, mais elle perd l’équilibre et tombe. Au cours de sa chute, la pierre qu’elle porte autour du cou se met à briller, et la chute vertigineuse se transforme en une lente descente vers le sol.

En contrebas, dans une cité de pauvres mineurs, il est tard, et Pazu, un jeune garçon, ramène le repas de son patron, le mécanicien de la mine ; il voit dans le ciel la pierre scintiller au cou de la jeune fille évanouie, réceptionne celle-ci au terme de sa chute, et la couvre de son manteau, avant de retourner au travail.

Le lendemain matin, Pazu, qui a laissé son lit à Sheeta, se lève avec le soleil et va nourrir les tourterelles qui surplombent son abri, une cabane en bois construite au-dessus d’une ancienne bâtisse en pierre au sommet d’une colline. Tandis qu’il joue du clairon pour réveiller le village endormi plus bas, la jeune fille le rejoint sur le toit. Après les présentations, ils discutent de la pierre, un artefact qui est dans la famille de Sheeta depuis des générations ; Pazu pense qu’elle permet de voler, et fait un essai, mais chute lourdement à travers le sol de pierre, se retrouvant dans son atelier. L’y rejoignant, la jeune fille est fascinée par les prototypes d’engins volant et la photographie de « [[Laputa]] », une île volante légendaire, prise par le père du jeune garçon durant un jour de tempête. Ce dernier, ayant souffert du fait que personne n’a cru à son histoire, est mort sans avoir pu prouver l’existence de l’île, et Pazu cherche à construire un aéronef pour partir à sa recherche, et montrer que son père n’était pas un menteur.

La bande de Dora ayant retrouvé leur trace, les deux jeunes gens s’enfuient, couverts par les villageois ; montant dans un train, ils parviennent à semer les pirates qui les poursuivent en voiture, mais sont interceptés par un convoi militaire blindé dont les occupants cherchent également à enlever Sheeta. Des suites de la confrontation entre les pirates et les soldats, ils chutent d’un pont aérien, et grâce à la pierre, descendent doucement par une crevasse jusqu’au fond d’une ancienne galerie minière. La jeune fille raconte à Pazu son histoire ; laissée seule après la mort de ses parents, elle a été enlevée par des hommes aux lunettes noires travaillant pour le gouvernement.

Au fond de la mine abandonnée, les jeunes gens rencontrent Pom, un vieux mineur s’intéressant aux phénomènes liés à la présence de filons de pierre volante. Voyant la pierre de Sheeta, l’ancien reconnaît un cristal de pierre volante et leur raconte l’histoire de Laputa, l’île volante créée par une ancienne civilisation maîtrisant cette technologie, avant de les mettre en garde contre le pouvoir de la pierre, qui peut rendre les gens heureux mais également provoquer le malheur. Alors que Pazu décide de partir à la recherche de l’île volante, Sheeta lui donne son nom secret : Lusheeta Toël Ul Laputa, mais un avion arrive et les militaires enlèvent la jeune fille après avoir assommé son compagnon.

Pazu se réveille enfermé dans le cachot d’une forteresse militaire ; au quartier général, Muska, le chargé de mission du gouvernement, et le général qui dirige l’« Opération Laputa » se disputent à propos des pirates qui ont pu intercepter un message codé, et de la manière d’obtenir de Sheeta une formule magique permettant de faire indiquer à la pierre la direction de l’île volante. La jeune fille reçoit la visite de son geôlier, qui lui explique qu’elle est la princesse héritière de l’ancien royaume, dont l‘existence a été révélée par la chute dans un champ d’un robot soldat construit par une technologie inconnue sur Terre. Menaçant de faire du mal à Pazu, Muska obtient la coopération de Sheeta, qui demande au jeune garçon de les oublier, elle et Laputa, afin qu’il soit libéré.

La mort dans l’âme, Pazu rentre chez lui, où il trouve la bande de Dora. Après l'avoir ligoté, la pirate du ciel lui explique que Sheeta lui a demandé de partir pour le protéger. Interceptant un nouveau message codé, elle apprend que la forteresse militaire volante le ''Goliath'' est en route pour emmener la petite ; les pirates sont sur le départ, et le jeune garçon les supplie de l’emmener, ce qu’ils acceptent, estimant qu’il pourra être utile pour convaincre la jeune fille. Seule dans sa cellule, celle-ci se souvient de son enfance et d’une formule que sa grand-mère lui a apprise, et la récite ; la pierre se met à briller d’un éclat aveuglant, et le robot soldat détenu dans la forteresse se réveille, détruisant tout sur son passage. Déployant des ailes et activant ses réacteurs, il prend son envol, et poursuit Sheeta qui se réfugie en haut d’une tour. La pierre émet un rayon qui indique le ciel, tandis que le robot arrive en haut de la tour où il est abattu par un canon ; dans la secousse, la jeune fille laisse s’échapper l’artefact et s’évanouit. Lorsque le robot reprend conscience, il la prend dans ses bras, avant d’envoyer des rayons destructeurs tout autour de lui. Arrivant avec Dora, Pazu repère Sheeta au milieu des flammes ; le robot est détruit par les tirs du ''Goliath'', après avoir déposé la jeune fille que les pirates récupèrent, mais Muska trouve la pierre tombée au sol, indiquant toujours la position de Laputa.

Les deux jeunes gens décident de rejoindre l’équipage des pirates pour partir à la recherche de l’île volante et de ses trésors ; ils rallient l’aéronef de Dora où Pazu aide le patriarche mécanicien, et Sheeta s’occupe de la cuisine, aidée par tous les pirates, tombés sous son charme. La nuit venue, le jeune garçon prend son tour de garde à la vigie où il est rejoint par son amie, qui lui expose ses craintes à propos de Laputa, de la pierre et des formules qu’elle a apprises, dont certaines apportent la destruction. Pazu la rassure et lui promet de la ramener chez elle une fois leur aventure terminée. Leur conversation est interrompue par le ''Goliath'' qui surgit des nuages et les canarde ; les pirates manœuvrent pour se cacher dans les nuages, au-dessus desquels les deux jeunes gens se hissent en décrochant le poste de vigie pour le transformer en planeur relié à l’aéronef par un câble.

Alors qu’ils s’approchent d’un énorme nuage formant une zone de dépression dont les pirates cherchent à se dégager, Pazu comprend que Laputa se trouve dans le nuage. Ils sont attaqués par le ''Goliath'' qui arrive derrière, et le câble du planeur se rompt ; aux commandes, le jeune garçon affronte le « Repère des Dragons », une zone sombre et turbulente ou des arcs électriques se forment. Alors qu’il croit voir son père qui le guide, il finit par arriver à l’intérieur du nuage, et se pose sur l’île volante. Ils rencontrent un robot soldat, reconverti en jardinier, qui les amène jusqu’à l’arbre géant au cœur de la cité.

Entendant des explosions au loin, les deux jeunes gens se précipitent et découvrent que les nuages se sont dissipés, permettant au ''Goliath'' de s’amarrer à Laputa, et que les pirates ont été faits prisonniers ; les militaires font sauter les portes de l’ancienne cité et découvrent le trésor, tandis que Muska en profite pour s’éclipser avec ses hommes de main, ouvrant une porte cachée avec la pierre. Pazu explique à Sheeta que récupérer l’artefact est la clé pour sauver l’île volante, avant que celui qui l’a volée n’en devienne le maître. En s’aidant des racines qui bordent les murs, ils descendent pour essayer de rejoindre le lieu ou la bande de Dora est maintenue prisonnière, mais Muska et ses hommes de main les remarquent et enlèvent la jeune fille. Se réfugiant dans un souterrain, Pazu aboutit sous les pieds des pirates et les libère, recevant un lance grenades en remerciement.

Dans la salle du trésor, le général apprend que Muska a détruit les moyens de communication et poursuit ses intérêts personnels : parvenir au centre nerveux de Laputa où se trouvent les secrets de l’ancienne civilisation pour prendre le contrôle de l’île. Laissant ses hommes à l’entrée du sanctuaire, celui-ci emmène Sheeta de plus en plus profond dans le cœur de la cité, mais s’aperçoit que les racines ont tout envahi. Les arrachant, il finit par découvrir le cristal géant, source de la puissance de Laputa, laissé à l’abandon pendant sept siècles. Il apprend à Sheeta qu’il a également un nom secret, Romuska Palo Ul Laputa, et est lui aussi un descendant de la famille royale. Utilisant un poste de commandement à proximité du cristal, il fait résonner sa voix dans toute l’île, et démontre aux militaires la puissance de l’ancienne civilisation en tirant un rayon dévastateur vers la Terre, avant d’ouvrir le sol sous leurs pieds, et d’activer les robots soldats. Des centaines de militaires fuient en retrait dans le ''Goliath'' pour tenter de contre-attaquer l’île, mais la forteresse volante se fait rapidement détruire, sous les yeux horrifiés de Pazu et Sheeta.

Parvenant à se débarrasser de ses liens, cette dernière se précipite sur Muska, lui prend la pierre et s’enfuit, tandis que Pazu parvient tant bien que mal à rentrer dans le sanctuaire de l’île via un tube de lancement pour robots. Il retrouve la jeune fille, mais ils sont séparés par un mur ; elle lui transmet la pierre par une fente, lui disant de la jeter. Rattrapée par Muska dans la salle du trôle, Sheeta tente de lui expliquer pourquoi Laputa, ayant perdu ses racines terrestres, a été anéantie malgré toute sa puissance, mais le nouveau roi de l’île est bien décidé à récupérer la pierre. Étant parvenu à faire un trou dans le mur à l’aide du lance-grenades, Pazu surgit, et Muska tente de lui échanger la pierre contre la vie de son amie ; le jeune garçon obtient de pouvoir parler avec cette dernière. La prenant dans ses bras, il lui demande de lui apprendre la formule secrète de destruction, qu’ils prononcent avec la pierre entre leurs mains jointes. Libéré, le grand cristal remonte, provoquant l’écroulement de la cité dans l’océan en contrebas, et la mort du tyran, avant de se coincer dans les racines du grand arbre, auxquelles Pazu et Sheeta ont également pu s’accrocher. Ils retrouvent la nacelle planeur de l’aéronef pirate et l’utilisent pour s’enfuir de l’île volante, sur laquelle ils voient le robot jardinier vaquant à ses occupations, dans les jardins entourant l’arbre qui ont échappé à la destruction. Ils rejoignent les pirates qui ont réussi à s’enfuir de Laputa, maintenant hors de portée, en récupérant une partie du trésor, puis les quittent pour partir vers la contrée où la jeune fille a grandi.


== Fiche technique ==
== Fiche technique ==
* Titre original : {{Langue|ja|天空の城ラピュタ}} ''Tenkū no shiro Rapyuta''
* Titre original : {{japonais|天空の城ラピュタ||Tenkū no Shiro Rapyuta}}
* Titre français : ''Le Château dans le ciel''
* Titre français : ''Le Château dans le ciel''
* Titre international : ''Laputa: Castle in the sky''
* Titre international : ''Laputa: Castle in the Sky''
* Réalisation et scénario : [[Hayao Miyazaki]]
* Réalisation et scénario : [[Hayao Miyazaki]]
* Musique : [[Joe Hisaishi]]
* Musique : [[Joe Hisaishi]]
* Production : [[Isao Takahata]]
* Production : [[Isao Takahata]]
* Société de production : [[studio Ghibli]]
* Société de production : [[studio Ghibli]]
* Distribution : [[Buena Vista Distribution]]
* Société de distribution : [[Buena Vista Distribution]]
* Pays d’origine : [[Japon]]
* Pays d’origine : [[Japon]]
* Langue : [[japonais]]
* Langue originale : [[japonais]]
* Format : couleur, [[Format 16/9|16/9]]
* Format : couleur, [[Format 16/9|16/9]]
* Durée : {{Unité|124|minutes}}
* Durée : {{Unité|124|minutes}}
* Dates de sortie :
* Dates de sortie :
** {{Japon}} : {{Date|2|août|1986|en animation asiatique}}
** [[Japon]] : {{Date|2|août|1986|en animation asiatique}}
** {{France}} : {{Date|15|janvier|2003|en animation asiatique}}
** [[France]] : {{Date|15|janvier|2003|en animation asiatique}}


== Distribution ==
== Distribution ==
=== Voix originales ===
* [[Mayumi Tanaka]] <small>({{VF}} : [[Olivier Martret]])</small> : Pazu
* [[Mayumi Tanaka]] : Pazu
* [[Keiko Yokozawa]] <small>({{VF}} : [[Manon Azem]])</small> : Sheeta
* [[Keiko Yokozawa]] : Sheeta
* [[Kotoe Hatsui]] <small>({{VF}} : [[Perrette Pradier]])</small> : Dora
* Kotoe Hatsui : Dora
* [[Minori Terada]] <small>({{VF}} : [[Pierre Tessier]])</small> : Muska
* Minori Terada : Muska
* [[Fujio Tokita]] <small>({{VF}} : [[Yves Barsacq]])</small> : Papy Pomme
* Fujio Tokita : Papy Pomme
* [[Ichiro Nagai]] <small>({{VF}} : [[Benoit Allemane]])</small> : le général
* [[Ichiro Nagai]] : le général
* [[Takuzō Kamiyama]] <small>({{VF}} : ?)</small> : Charles
* Takuzō Kamiyama : Charles
* [[Yoshito Yasuhara]] <small>({{VF}} : [[Jérôme Pauwels]])</small> : Henri
* Yoshito Yasuhara : Henri
* [[Sukekiyo Kamiyama]] <small>({{VF}} : [[Pierre Laurent (acteur)|Pierre Laurent]])</small> : Louis
* Sukekiyo Kamiyama : Louis
* [[Hiroshi Ito]] <small>({{VF}} : [[Philippe Catoire]])</small> : Duffy
* Hiroshi Ito : Duffy
* [[Ryūji Saikachi]] <small>({{VF}} : [[William Sabatier]])</small> : Pepère
* [[Ryūji Saikachi]] : Pepère
* [[Machiko Washio]] <small>({{VF}} : Maïté Monceau)</small> : Okami
* Machiko Washio : Okami
* [[Reiko Suzuki]] <small>({{VF}} : [[Paule Emmanuèle]])</small> : la grand-mère
* [[Reiko Suzuki]] : la grand-mère
* [[Tomomichi Nishimura]] <small>({{VF}} : [[Jacques Bouanich]])</small> : le conducteur du train
* [[Tomomichi Nishimura]] : le conducteur du train

=== Voix françaises ===
* [[Olivier Martret]] : Pazu
* [[Manon Azem]] : Sheeta
* [[Perrette Pradier]] : Dora
* [[Pierre Tessier]] : Muska
* [[Yves Barsacq]] : Papy Pomme
* [[Benoît Allemane]] : le général
* [[Jérôme Pauwels]] : Henri
* [[Pierre Laurent (acteur)|Pierre Laurent]] : Louis
* [[Philippe Catoire]] : Duffy
* [[William Sabatier]] : Pepère
* Maïté Monceau : Okami
* [[Paule Emanuele]] : la grand-mère
* [[Jacques Bouanich]] : le conducteur du train

*; Version française
** Studio de [[doublage]] : [[Dubbing Brothers]]<ref>{{lien web |titre=Le Château dans le Ciel |url=http://www.planete-jeunesse.com/fiche-1583-le-chateau-dans-le-ciel.html |site=planete-jeunesse.com |consulté le=14-04-2023}}.</ref>
** [[Direction artistique]] : [[Mathias Kozlowski]]
** [[Dialoguiste|Adaptation]] : Philippe Videcoq


== Production ==
== Production ==
=== Genèse ===
=== Genèse ===
Le mot {{japonais|« Laputa »|ラピュタ| Rapyuta}} n’était pas présent à l’origine dans les premiers titres proposés ; certains titres incluaient le nom du héros principal, Pazu, avec une référence aux châteaux volants, mais le besoin de trouver une accroche culturelle pour les bailleurs de fonds et les distributeurs a mené à mentionner le nom de la cité volante du roman ''[[Les Voyages de Gulliver]]'' de [[Jonathan Swift]]<ref name="McCarthy97" />.
Le mot {{japonais|{{"|Laputa}}|ラピュタ| Rapyuta}} n’était pas présent à l’origine dans les premiers titres proposés ; certains titres incluaient le nom du héros principal, Pazu, avec une référence aux châteaux volants, mais le besoin de trouver une accroche culturelle pour les bailleurs de fonds et les distributeurs a mené à mentionner le nom de la cité volante du roman ''[[Les Voyages de Gulliver]]'' de [[Jonathan Swift]]<ref name="McCarthy97" />.


=== Influences ===
=== Scénario et influences ===
[[Fichier:Pieter Bruegel the Elder - The Tower of Babel (Vienna) - Google Art Project - edited.jpg|thumb|''[[La Tour de Babel]]'', Vienne.]]
[[Fichier:Pieter Bruegel the Elder - The Tower of Babel (Vienna) - Google Art Project - edited.jpg|vignette|''[[La Tour de Babel]]'', Vienne.]]


Miyazaki s'est inspiré du troisième des ''[[Les Voyages de Gulliver|Voyages de Gulliver]]'' de [[Jonathan Swift]], « Voyage à Laputa »<ref name="McCarthy94">{{en}} {{harvsp|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation : Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=94}}</ref>. Dans ce récit, [[Laputa]] était le nom d'une île volante, dont les habitants ont perdu tout sens commun, à force d'abuser de [[philosophie]] [[spéculation|spéculative]]<ref name="McCarthy97">{{en}} {{harvsp|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation : Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=97}}</ref>.
Miyazaki s'est inspiré du troisième des ''[[Les Voyages de Gulliver|Voyages de Gulliver]]'' de [[Jonathan Swift]], {{"|Voyage à Laputa}}<ref name="McCarthy94">{{harvsp|lang=en|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation: Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=94}}</ref>. Dans ce récit, [[Laputa]] était le nom d'une île volante, dont les habitants ont perdu tout sens commun, à force d'abuser de [[philosophie]] [[Spéculation (philosophie)|spéculative]]<ref name="McCarthy97">{{en}} {{harvsp|lang=en|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation: Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=97}}</ref>.


D’après [[Helen McCarthy]], l’intérêt de Miyazaki pour la littérature apparaît clairement dans la quête du ''Château dans le ciel'', où les deux héros sont arrachés de leur quiétude par des forces qui dépassent leur entendement et doivent évoluer et grandir pour prendre le contrôle de leur destinée, rappellent celui de ''[[L'Île au trésor]]''<ref name="McCarthy94" />.
D’après [[Helen McCarthy]], l’intérêt de Miyazaki pour la littérature apparaît clairement dans la quête du ''Château dans le ciel'', où les deux héros sont arrachés de leur quiétude par des forces qui dépassent leur entendement et doivent évoluer et grandir pour prendre le contrôle de leur destinée, rappellent celui de ''[[L'Île au trésor]]''<ref name="McCarthy94" />.


Pour la réalisation du ''Château dans le ciel'', Miyazaki a été fortement influencé par un voyage effectué au [[Pays de Galles]] en 1985, peu après la période de [[Grève des mineurs britanniques de 1984-1985|grève des mineurs britanniques]]<ref name="McCarthy94" />{{,}}<ref name="DCavallaro-p61">{{en}} {{harvsp|texte=''The Anime Art of Hayao Miyazaki''|id=DCavallaro|p=61}}</ref>. Dans une interview de 1999, le réalisateur raconte son admiration pour la communauté des mineurs se battant jusqu’à la fin pour la sauvegarde de leur travail et de leurs communautés ; c’est pour ça qu’il a souhaité faire de son héros un jeune mineur intégré à une communauté soudée, peu avant la fermeture des mines<ref name="McCarthy95-97">{{en}} {{harvsp|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation : Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=95-97}}</ref>. Durant ce même voyage, il a été également impressionné par les restes d’une industrie abandonnée par l’homme, lui rappelant l’accident du [[LZ 129 Hindenburg]]<ref name="McCarthy95-96">{{en}} {{harvsp|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation : Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=95-96}}</ref>.
Pour la réalisation du ''Château dans le ciel'', Miyazaki a été fortement influencé par un voyage effectué au [[Pays de Galles]] en 1985, peu après la période de [[Grève des mineurs britanniques de 1984-1985|grève des mineurs britanniques]]<ref name="McCarthy94" />{{,}}<ref name="DCavallaro-p61">{{harvsp|lang=en|texte=''The Anime Art of Hayao Miyazaki''|id=DCavallaro|p=61}}</ref>. Dans une interview de 1999, le réalisateur raconte son admiration pour la communauté des mineurs se battant jusqu’à la fin pour la sauvegarde de leur travail et de leurs communautés ; c’est pour ça qu’il a souhaité faire de son héros un jeune mineur intégré à une communauté soudée, peu avant la fermeture des mines<ref name="McCarthy95-97">{{harvsp|lang=en|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation: Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=95–97}}</ref>. Durant ce même voyage, il a été également impressionné par les restes d’une industrie abandonnée par l’homme, lui rappelant l’accident du [[LZ 129 Hindenburg]]<ref name="McCarthy95-96">{{harvsp|lang=en|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation: Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=95–96}}</ref>. Pour la conception du Château, Miyazaki s'est fortement inspiré du village français [[Cordes-sur-Ciel]] où, durant ses voyages, le village lui a donné l'impression qu'un {{"|château volant flottait dans le ciel}}<ref>{{Lien web |langue=fr |nom= |titre=Tarn. Ce plus beau village de France a inspiré un chef-d'œuvre de l'animation japonaise |url=https://actu.fr/occitanie/cordes-sur-ciel_81069/tarn-ce-plus-beau-village-de-france-a-inspire-un-chef-d-oeuvre-de-l-animation-japonaise_59851703.html |site=actu.fr |date=2023-07-14 |consulté le=2023-07-16}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Cordes-sur-Ciel, chemin de Compostelle |url=https://www.via-compostela.com/cordes-sur-ciel-la-perle-des-bastides |site=www.via-compostela.com |consulté le=2023-07-16}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Un château dans le ciel et la vanille |url=https://www.europe1.fr/emissions/le-tour-de-table-art-de-vivre/un-chateau-dans-le-ciel-et-la-vanille-4069396 |site=Europe 1 |date=2021-10-02 |consulté le=2023-07-16}}</ref>.


En ce qui concerne l'architecture de l'île volante, constituée d’une rangée de trois remparts de diamètres décroissants, d’une citadelle surmontée d’un gigantesque arbre, et d’un dôme retourné dessous, préservant les secrets les plus sombres de l’ancienne civilisation, Miyazaki a été influencé par la représentation de la [[Tour de Babel]] de 1563 par [[Pieter Brueghel l'Ancien]], par les décors du film ''[[Metropolis (film, 1927)|Metropolis]]'' de [[Fritz Lang]], réalisé en 1927, et par les illustrations d’[[Alan Lee]] de la cité de [[Minas Tirith]] pour ''[[Le Seigneur des anneaux]]''<ref name="DCavallaro-p59">{{en}} {{harvsp|texte=''The Anime Art of Hayao Miyazaki''|id=DCavallaro|p=59}}</ref>.
En ce qui concerne l'architecture de l'île volante, constituée d’une rangée de trois remparts de diamètres décroissants, d’une citadelle surmontée d’un gigantesque arbre, et d’un dôme retourné dessous, préservant les secrets les plus sombres de l’ancienne civilisation, Miyazaki a été influencé par la représentation de la [[Tour de Babel]] de 1563 par [[Pieter Brueghel l'Ancien]], par les décors du film ''[[Metropolis (film, 1927)|Metropolis]]'' de [[Fritz Lang]], réalisé en 1927, et par les illustrations d’[[Alan Lee]] de la cité de [[Minas Tirith]] pour ''[[Le Seigneur des anneaux]]''<ref name="DCavallaro-p59">{{harvsp|lang=en|texte=''The Anime Art of Hayao Miyazaki''|id=DCavallaro|p=59}}</ref>.


Les robots, gardiens du château, sont directement inspirés de la machine dans ''[[Le Roi et l'Oiseau]]'', film d'animation français dont [[Hayao Miyazaki|Miyazaki]] a toujours été un grand admirateur. Miyazaki était plus particulièrement passionné par le "brouillon" du ''Roi et l'oiseau'', à savoir ''La Bergère et le ramoneur'', réalisé par [[Paul Grimault]] en 1952. L'une des scènes de ce film a probablement influencé la séquence du ''Château dans le ciel'' où le robot issu de la technologie de Laputa détruit la forteresse dans laquelle il est retenu prisonnier par Muska : il s'agit de la séquence où le robot géant programmé pour protéger la jeune fille, piloté par l'oiseau, réduit en cendres la cité du roi orgueilleux. À l'instar de ce qui arrive à Laputa, c'est le progrès technologique et scientifique qui cause la perte du royaume. Chez Grimault comme chez Miyazaki, les robots permettent de témoigner d'une civilisation disparue et de prendre soin des espèces animales et végétales, loin de la mission destructrice pour laquelle ils avaient été programmés<ref>{{ouvrage|langue=fr|prénom1=Jérôme|nom1=Lauté|titre=Hayao Miyazaki|sous-titre=L'enfance de l'art|éditeur=Éclipses|volume=45|année=2009|pages totales=160|passage=27|isbn=|lire en ligne=}}.</ref>.
Les robots, gardiens du château, sont directement inspirés de la machine dans ''[[Le Roi et l'Oiseau]]'', film d'animation français dont [[Hayao Miyazaki|Miyazaki]] a toujours été un grand admirateur. Miyazaki était plus particulièrement passionné par le {{"|brouillon}} du ''Roi et l'oiseau'', à savoir ''La Bergère et le ramoneur'', réalisé par [[Paul Grimault]] en 1952. L'une des scènes de ce film a probablement influencé la séquence du ''Château dans le ciel'' où le robot issu de la technologie de Laputa détruit la forteresse dans laquelle il est retenu prisonnier par Muska : il s'agit de la séquence où le robot géant programmé pour protéger la jeune fille, piloté par l'oiseau, réduit en cendres la cité du roi orgueilleux. À l'instar de ce qui arrive à Laputa, c'est le progrès technique et scientifique qui cause la perte du royaume. Chez Grimault comme chez Miyazaki, les robots permettent de témoigner d'une civilisation disparue et de prendre soin des espèces animales et végétales, loin de la mission destructrice pour laquelle ils avaient été programmés<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jérôme|nom1=Lauté|titre=Hayao Miyazaki|sous-titre=L'enfance de l'art|volume=45|éditeur=Éclipses|année=2009|pages totales=160|passage=27|isbn=}}.</ref>.


Les machines volantes présentes dans le film (Goliath, « flaptères » des pirates de Dora, sans oublier le château lui-même et la débauche d'engins volants du générique d'entrée) sont une des marques de Miyazaki, grand passionné d'aéronautique. Son père était en effet directeur d'une société liée aux aéronefs : elle fabriquait des pièces de queue pour les chasseurs japonais de la [[Seconde Guerre mondiale]], les fameux « Zéros ».
Les machines volantes présentes dans le film (Goliath, {{"|flaptères}} des pirates de Dora, sans oublier le château lui-même et la débauche d'engins volants du générique d'entrée) sont une des marques de Miyazaki, grand passionné d'aéronautique. Son père était en effet directeur d'une société liée aux aéronefs : elle fabriquait des pièces de queue pour les chasseurs japonais de la [[Seconde Guerre mondiale]], les fameux [[Mitsubishi A6M|{{"|Zéros}}]].

=== Univers visuel ===
La direction artistique du ''Château dans le ciel'' est assurée par [[Nizō Yamamoto]], qui avait travaillé avec Miyazaki dès sa série animée ''[[Conan, le fils du futur]]'' en 1978 et avec Takahata pour ''[[Kié la petite peste]]'' en 1981<ref>{{Article|titre=Disparition de Nizô Yamamoto|périodique=Buta Connection|date=20 août 2023|lire en ligne=https://www.buta-connection.net/index.php/actualites-japon-studio-ghibli/disparition-de-nizo-yamamoto|consulté le=22 août 2023}}</ref>.


=== Musique ===
=== Musique ===
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Ce film signe la seconde collaboration entre Hayao Miyazaki à la réalisation et [[Joe Hisaishi]] pour la bande originale, après ''[[Nausicaä de la vallée du vent (film d'animation)|Nausicaä de la vallée du vent]]''. La musique symphonique (accompagnée fréquemment d'un piano) de Hisaishi joue un rôle important dans le film, particulièrement dans certaines scènes : la découverte de Laputa, d'un calme immense après les scènes précédentes, plus mouvementées, doit sa sensation de plénitude au thème musical qui y est lié. La bande originale du film de 1986 dure environ 60 minutes, comprend quatorze pistes et inclut de la musique électronique.
Ce film signe la deuxième collaboration entre Hayao Miyazaki à la réalisation et [[Joe Hisaishi]] pour la bande originale, après ''[[Nausicaä de la vallée du vent (film d'animation)|Nausicaä de la vallée du vent]]''. La musique symphonique (accompagnée fréquemment d'un piano) de Hisaishi joue un rôle important dans le film, particulièrement dans certaines scènes : la découverte de Laputa, d'un calme immense après les scènes précédentes, plus mouvementées, doit sa sensation de plénitude au thème musical qui y est lié. La bande originale du film de 1986 dure environ {{unité|60|minutes}}, comprend quatorze pistes et inclut de la musique électronique.
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En 1998, pour préparer la version anglophone du film, les studios Disney demandent à Joe Hisaishi de composer une bande originale plus longue (90 minutes) et orchestrale, ce qu'il fait. Cette version symphonique comprend 23 pistes.
En 1998, pour préparer la version anglophone du film, les studios Disney demandent à Joe Hisaishi de composer une bande originale plus longue ({{unité|90|minutes}}) et orchestrale, ce qu'il fait. Cette version symphonique comprend {{unité|23|pistes}}.


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Lors de sa sortie en salle au Japon, le film n’a pas fait aussi bien que son prédécesseur, ''[[Nausicaä de la vallée du vent (film d'animation)|Nausicaä de la vallée du vent]]'', ne permettant de gagner qu’environs 2,5 millions de dollars<ref name="McCarthy97" />. Cependant, le film est loin d’avoir été un échec, ayant attiré {{formatnum:800000}} personnes et été le film d’animation ayant eu le plus de succès au Japon l’année de sa sortie<ref name="DCavallaro-p58">{{en}} {{harvsp|texte=''The Anime Art of Hayao Miyazaki''|id=DCavallaro|p=58}}</ref>. Le mélange des thèmes action-aventure et techno-écologie a depuis permis à l’œuvre de gagner ses galons de film culte<ref name="McCarthy97" />.
Lors de sa sortie en salle au Japon, le film n’a pas fait aussi bien que son prédécesseur, ''[[Nausicaä de la vallée du vent (film d'animation)|Nausicaä de la vallée du vent]]'', ne permettant de gagner qu’environs {{nobr|2,5 millions}} de dollars<ref name="McCarthy97" />. Cependant, le film est loin d’avoir été un échec, ayant attiré {{nombre|800000|personnes}} et été le film d’animation ayant eu le plus de succès au Japon l’année de sa sortie<ref name="DCavallaro-p58">{{en}} {{harvsp|texte=''The Anime Art of Hayao Miyazaki''|id=DCavallaro|p=58}}</ref>. Le mélange des thèmes action-aventure et techno-écologie a depuis permis à l’œuvre de gagner ses galons de film culte<ref name="McCarthy97" />.


== Analyse ==
== Analyse ==

[[Helen McCarthy]] remarque que ''Le Château dans le ciel'' est une illustration de la méfiance de Miyazaki envers la science et la technologie en tant que vecteurs de progrès ; dans ses productions, plus le niveau de contrôle sur la technologie est grand, plus la violence, la cupidité et l’injustice qui l’accompagnent sont présentes<ref name="McCarthy94-95">{{en}} {{harvsp|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation : Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=94-95}}</ref>. Cependant, il ne s’agit pas d’une critique de la technologie en elle-même, mais de l’incapacité pour l’homme à l’utiliser sagement<ref name="McCarthy94-95" />.
[[Helen McCarthy]] remarque que ''Le Château dans le ciel'' est une illustration de la méfiance de Miyazaki envers la science et la technologie en tant que vecteurs de progrès ; dans ses productions, plus le niveau de contrôle sur la technologie est grand, plus la violence, la cupidité et l’injustice qui l’accompagnent sont présentes<ref name="McCarthy94-95">{{en}} {{harvsp|texte=''Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation : Films, Themes, Artistry''|id=HMcCarthy|p=94-95}}</ref>. Cependant, il ne s’agit pas d’une critique de la technologie en elle-même, mais de l’incapacité pour l’homme à l’utiliser sagement<ref name="McCarthy94-95" />.


Le philosophe [[Éric Dufour]], dans son ouvrage ''Le cinéma de science-fiction'' (paru chez Armand Colin en 2012), considère ''Le Château dans le ciel'' comme une illustration du style [[steampunk]] (le steampunk renvoie à un imaginaire visuel de l’Angleterre industrielle de la fin du {{s-|XIX|e}}). Selon lui, le film de Miyazaki ne fait aucune référence à l’Histoire mais introduit [[Laputa]], une île céleste fictive : il met en scène un futur tel qu’il a pu être conçu et rêvé dans l’imaginaire de la révolution industrielle<ref>{{harvsp|texte=''Le cinéma de science-fiction |p=164|id=CinémaSF}}.</ref>. ''Le Château dans le ciel'' s’ouvre sur des représentations de vieilles machines avant de faire apparaître l’usine d’extraction de charbon et ses machines à vapeur, et les premiers moyens de locomotion et de communication (le téléphone, l’automobile). Ces machines ont une caractéristique insolite, qui a pour conséquence que le monde duquel elles sont issues fait référence au nôtre mais avec une négation de sa technologie<ref name="CinémaSF165">{{harvsp|texte=''Le cinéma de science-fiction |p=165|id=CinémaSF}}.</ref> : par exemple, quand les pirates de Dora s’envolent après qu’on les a vus remonter à la main leurs machines volantes, É. Dufour suggère l'étonnement dont peut faire preuve le spectateur devant la différence entre la technologie rudimentaire qu’ils utilisent et les performances de leurs machines. Le film de Miyazaki plonge le spectateur dans un monde où la technologie, aussi vieillotte qu’elle puisse être, n’en a pas moins des résultats comparables – voire meilleurs – à ceux d’une technologie plus moderne<ref name="CinémaSF165"/>. Ce que décrit ici le steampunk, ce sont donc les résultats impossibles et inconcevables d’une technologie qui n’en est pas moins présentée comme si elle pouvait les produire<ref>{{harvsp|texte=''Le cinéma de science-fiction |p=166|id=CinémaSF}}.</ref>.
Le philosophe [[Éric Dufour]], dans son ouvrage ''Le cinéma de science-fiction'' (paru chez Armand Colin en 2012), considère ''Le Château dans le ciel'' comme une illustration du style [[steampunk]] (le steampunk renvoie à un imaginaire visuel de l’[[Angleterre]] industrielle de la fin du {{s-|XIX}}). Selon lui, le film de Miyazaki ne fait aucune référence à l’Histoire mais introduit [[Laputa]], une île céleste fictive : il met en scène un futur tel qu’il a pu être conçu et rêvé dans l’imaginaire de la révolution industrielle<ref>{{harvsp|texte=''Le cinéma de science-fiction |p=164|id=CinémaSF}}.</ref>. ''Le Château dans le ciel'' s’ouvre sur des représentations de vieilles machines avant de faire apparaître l’usine d’extraction de charbon et ses machines à vapeur, et les premiers moyens de locomotion et de communication (le téléphone, l’automobile). Ces machines ont une caractéristique insolite, qui a pour conséquence que le monde duquel elles sont issues fait référence au nôtre mais avec une négation de sa technologie<ref name="CinémaSF165">{{harvsp|texte=''Le cinéma de science-fiction |p=165|id=CinémaSF}}.</ref> : par exemple, quand les pirates de Dora s’envolent après qu’on les a vu remonter à la main leurs machines volantes, É. Dufour suggère l'étonnement dont peut faire preuve le spectateur devant la différence entre la technologie rudimentaire qu’ils utilisent et les performances de leurs machines. Le film de Miyazaki plonge le spectateur dans un monde où la technologie, aussi vieillotte qu’elle puisse être, n’en a pas moins des résultats comparables – voire meilleurs – à ceux d’une technologie plus moderne<ref name="CinémaSF165"/>. Ce que décrit ici le steampunk, ce sont donc les résultats impossibles et inconcevables d’une technologie qui n’en est pas moins présentée comme si elle pouvait les produire<ref>{{harvsp|texte=''Le cinéma de science-fiction |p=166|id=CinémaSF}}.</ref>.


== Distinctions ==
== Distinctions ==
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== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
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Le Château dans le ciel
Image illustrative de l'article Le Château dans le ciel
Logo du film.
天空の城ラピュタ
(Tenkū no Shiro Rapyuta)
Genres Animation, fantasy, aventure
Thèmes Magie, piraterie
Film d'animation japonais
Réalisateur
Scénariste
Studio d’animation Studio Ghibli
Compositeur
Durée 124 min
Sortie

Le Château dans le ciel (天空の城ラピュタ, Tenkū no Shiro Rapyuta?, litt. « Laputa, le château dans le ciel ») est un film d'animation japonais du studio Ghibli, réalisé par Hayao Miyazaki en 1986. C'est le premier film du studio depuis sa création en 1985 et le troisième du réalisateur.

En raison de la petite distribution que proposait le studio Ghibli à l'époque, puis du succès des nouveaux films (Le Voyage de Chihiro et Princesse Mononoké notamment), il n'est sorti en France qu'en 2003, soit dix-sept ans après sa sortie au Japon.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Des pirates du ciel, la « bande de Dora », attaquent une forteresse volante ; ils recherchent une « pierre volante » appartenant à une jeune fille, Sheeta (ou Shiita), retenue prisonnière. Cette dernière arrive à s'enfuir pour atterrir chez Pazu, un garçon de son âge. Tous deux découvrent qu'ils ont un point commun : Laputa, une île légendaire flottant dans le ciel. Le père de Pazu l'avait vue de ses propres yeux mais personne ne l'avait cru, le laissant mourir de chagrin ; mais Sheeta a cette « pierre volante » qui conduit jusqu'à l'île. Poursuivis par les pirates et par Muska, un agent des services secrets épaulé par la flotte de l'armée, les deux enfants s'entraident pour y arriver avant eux. Muska veut se servir de la jeune fille pour parvenir à régner sur ces terres…

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Voix originales[modifier | modifier le code]

Voix françaises[modifier | modifier le code]

Production[modifier | modifier le code]

Genèse[modifier | modifier le code]

Le mot « Laputa » (ラピュタ, Rapyuta?) n’était pas présent à l’origine dans les premiers titres proposés ; certains titres incluaient le nom du héros principal, Pazu, avec une référence aux châteaux volants, mais le besoin de trouver une accroche culturelle pour les bailleurs de fonds et les distributeurs a mené à mentionner le nom de la cité volante du roman Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift[2].

Scénario et influences[modifier | modifier le code]

La Tour de Babel, Vienne.

Miyazaki s'est inspiré du troisième des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift, « Voyage à Laputa »[3]. Dans ce récit, Laputa était le nom d'une île volante, dont les habitants ont perdu tout sens commun, à force d'abuser de philosophie spéculative[2].

D’après Helen McCarthy, l’intérêt de Miyazaki pour la littérature apparaît clairement dans la quête du Château dans le ciel, où les deux héros sont arrachés de leur quiétude par des forces qui dépassent leur entendement et doivent évoluer et grandir pour prendre le contrôle de leur destinée, rappellent celui de L'Île au trésor[3].

Pour la réalisation du Château dans le ciel, Miyazaki a été fortement influencé par un voyage effectué au Pays de Galles en 1985, peu après la période de grève des mineurs britanniques[3],[4]. Dans une interview de 1999, le réalisateur raconte son admiration pour la communauté des mineurs se battant jusqu’à la fin pour la sauvegarde de leur travail et de leurs communautés ; c’est pour ça qu’il a souhaité faire de son héros un jeune mineur intégré à une communauté soudée, peu avant la fermeture des mines[5]. Durant ce même voyage, il a été également impressionné par les restes d’une industrie abandonnée par l’homme, lui rappelant l’accident du LZ 129 Hindenburg[6]. Pour la conception du Château, Miyazaki s'est fortement inspiré du village français Cordes-sur-Ciel où, durant ses voyages, le village lui a donné l'impression qu'un « château volant flottait dans le ciel »[7],[8],[9].

En ce qui concerne l'architecture de l'île volante, constituée d’une rangée de trois remparts de diamètres décroissants, d’une citadelle surmontée d’un gigantesque arbre, et d’un dôme retourné dessous, préservant les secrets les plus sombres de l’ancienne civilisation, Miyazaki a été influencé par la représentation de la Tour de Babel de 1563 par Pieter Brueghel l'Ancien, par les décors du film Metropolis de Fritz Lang, réalisé en 1927, et par les illustrations d’Alan Lee de la cité de Minas Tirith pour Le Seigneur des anneaux[10].

Les robots, gardiens du château, sont directement inspirés de la machine dans Le Roi et l'Oiseau, film d'animation français dont Miyazaki a toujours été un grand admirateur. Miyazaki était plus particulièrement passionné par le « brouillon » du Roi et l'oiseau, à savoir La Bergère et le ramoneur, réalisé par Paul Grimault en 1952. L'une des scènes de ce film a probablement influencé la séquence du Château dans le ciel où le robot issu de la technologie de Laputa détruit la forteresse dans laquelle il est retenu prisonnier par Muska : il s'agit de la séquence où le robot géant programmé pour protéger la jeune fille, piloté par l'oiseau, réduit en cendres la cité du roi orgueilleux. À l'instar de ce qui arrive à Laputa, c'est le progrès technique et scientifique qui cause la perte du royaume. Chez Grimault comme chez Miyazaki, les robots permettent de témoigner d'une civilisation disparue et de prendre soin des espèces animales et végétales, loin de la mission destructrice pour laquelle ils avaient été programmés[11].

Les machines volantes présentes dans le film (Goliath, « flaptères » des pirates de Dora, sans oublier le château lui-même et la débauche d'engins volants du générique d'entrée) sont une des marques de Miyazaki, grand passionné d'aéronautique. Son père était en effet directeur d'une société liée aux aéronefs : elle fabriquait des pièces de queue pour les chasseurs japonais de la Seconde Guerre mondiale, les fameux « Zéros ».

Univers visuel[modifier | modifier le code]

La direction artistique du Château dans le ciel est assurée par Nizō Yamamoto, qui avait travaillé avec Miyazaki dès sa série animée Conan, le fils du futur en 1978 et avec Takahata pour Kié la petite peste en 1981[12].

Musique[modifier | modifier le code]

Laputa: Castle in the Sky

Album de Joe Hisaishi
Sortie
Genre Musique de film
Label Tokuma Japan Communications

Ce film signe la deuxième collaboration entre Hayao Miyazaki à la réalisation et Joe Hisaishi pour la bande originale, après Nausicaä de la vallée du vent. La musique symphonique (accompagnée fréquemment d'un piano) de Hisaishi joue un rôle important dans le film, particulièrement dans certaines scènes : la découverte de Laputa, d'un calme immense après les scènes précédentes, plus mouvementées, doit sa sensation de plénitude au thème musical qui y est lié. La bande originale du film de 1986 dure environ 60 minutes, comprend quatorze pistes et inclut de la musique électronique.

En 1998, pour préparer la version anglophone du film, les studios Disney demandent à Joe Hisaishi de composer une bande originale plus longue (90 minutes) et orchestrale, ce qu'il fait. Cette version symphonique comprend 23 pistes.

Sortie, promotion, adaptations[modifier | modifier le code]

Lorsque Disney a sorti une adaptation du film en 1999, s’est posée la question de la traduction du titre, notamment pour ne pas choquer la communauté hispanique et latino-américaine aux États-Unis[13]. Le problème a été résolu en ne gardant que la première partie du titre[2].

Accueil[modifier | modifier le code]

Pays ou région Box-office Date d'arrêt du box-office Nombre de semaines
Drapeau de la France France 615 374 entrées[14] 4

Lors de sa sortie en salle au Japon, le film n’a pas fait aussi bien que son prédécesseur, Nausicaä de la vallée du vent, ne permettant de gagner qu’environs 2,5 millions de dollars[2]. Cependant, le film est loin d’avoir été un échec, ayant attiré 800 000 personnes et été le film d’animation ayant eu le plus de succès au Japon l’année de sa sortie[13]. Le mélange des thèmes action-aventure et techno-écologie a depuis permis à l’œuvre de gagner ses galons de film culte[2].

Analyse[modifier | modifier le code]

Helen McCarthy remarque que Le Château dans le ciel est une illustration de la méfiance de Miyazaki envers la science et la technologie en tant que vecteurs de progrès ; dans ses productions, plus le niveau de contrôle sur la technologie est grand, plus la violence, la cupidité et l’injustice qui l’accompagnent sont présentes[15]. Cependant, il ne s’agit pas d’une critique de la technologie en elle-même, mais de l’incapacité pour l’homme à l’utiliser sagement[15].

Le philosophe Éric Dufour, dans son ouvrage Le cinéma de science-fiction (paru chez Armand Colin en 2012), considère Le Château dans le ciel comme une illustration du style steampunk (le steampunk renvoie à un imaginaire visuel de l’Angleterre industrielle de la fin du XIXe siècle). Selon lui, le film de Miyazaki ne fait aucune référence à l’Histoire mais introduit Laputa, une île céleste fictive : il met en scène un futur tel qu’il a pu être conçu et rêvé dans l’imaginaire de la révolution industrielle[16]. Le Château dans le ciel s’ouvre sur des représentations de vieilles machines avant de faire apparaître l’usine d’extraction de charbon et ses machines à vapeur, et les premiers moyens de locomotion et de communication (le téléphone, l’automobile). Ces machines ont une caractéristique insolite, qui a pour conséquence que le monde duquel elles sont issues fait référence au nôtre mais avec une négation de sa technologie[17] : par exemple, quand les pirates de Dora s’envolent après qu’on les a vu remonter à la main leurs machines volantes, É. Dufour suggère l'étonnement dont peut faire preuve le spectateur devant la différence entre la technologie rudimentaire qu’ils utilisent et les performances de leurs machines. Le film de Miyazaki plonge le spectateur dans un monde où la technologie, aussi vieillotte qu’elle puisse être, n’en a pas moins des résultats comparables – voire meilleurs – à ceux d’une technologie plus moderne[17]. Ce que décrit ici le steampunk, ce sont donc les résultats impossibles et inconcevables d’une technologie qui n’en est pas moins présentée comme si elle pouvait les produire[18].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Le Château dans le Ciel », sur planete-jeunesse.com (consulté le ).
  2. a b c d et e (en) Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation: Films, Themes, Artistry, p. 97
  3. a b et c Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation: Films, Themes, Artistry, p. 94
  4. The Anime Art of Hayao Miyazaki, p. 61
  5. Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation: Films, Themes, Artistry, p. 95–97
  6. Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation: Films, Themes, Artistry, p. 95–96
  7. « Tarn. Ce plus beau village de France a inspiré un chef-d'œuvre de l'animation japonaise », sur actu.fr, (consulté le )
  8. « Cordes-sur-Ciel, chemin de Compostelle », sur www.via-compostela.com (consulté le )
  9. « Un château dans le ciel et la vanille », sur Europe 1, (consulté le )
  10. The Anime Art of Hayao Miyazaki, p. 59
  11. Jérôme Lauté, Hayao Miyazaki : L'enfance de l'art, vol. 45, Éclipses, , 160 p., p. 27.
  12. « Disparition de Nizô Yamamoto », Buta Connection,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. a et b (en) The Anime Art of Hayao Miyazaki, p. 58
  14. « Box Office France », sur Allociné (consulté le )
  15. a et b (en) Hayao Miyazaki: Master of Japanese Animation : Films, Themes, Artistry, p. 94-95
  16. Le cinéma de science-fiction, p. 164.
  17. a et b Le cinéma de science-fiction, p. 165.
  18. Le cinéma de science-fiction, p. 166.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]