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'''Frugivore''' : C’est un être qui se nourrit de fruits mûrs, de légumes frais, de graines et de noix. |
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Un '''frugivore''' (ou '''fructivore'''), appelé aussi '''carpophage'''<ref>[http://dico-sciences-animales.cirad.fr/liste-mots.php?fiche=5053&def=carpophage carpophage] dans Meyer C., ed. sc., 2016, ''[http://dico-sciences-animales.cirad.fr/ Dictionnaire des Sciences Animales]''. Montpellier, France, Cirad. [31/12/2016].</ref>, est un [[animal]] qui se nourrit de [[Fruit (botanique)|fruits]] mûrs. On le dit [[granivore]] s'il se nourrit de [[graine]]s. |
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L'humain, ainsi que de nombreux [[singe]]s sont frugivores mais pas exclusivement<ref>{{Lien web|langue = |titre = Régime alimentaire de l'homo sapiens|url = http://fr.wikipedia.org/wiki/Homo_sapiens#R.C3.A9gime_alimentaire|site = |date = |consulté le = }}</ref>. Aussi beaucoup d'oiseaux (par exemple les [[perroquet]]s) et certaines grandes [[Chiroptera|chauves-souris]], comme les [[Roussette (chiroptère)|roussettes]] sont à 100% herbivores. |
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[[image:Rhagoletis cerasi01.jpg|thumb|[[Mouche de la cerise]], l'une des espèces de mouches du genre ''[[Rhagoletis]]'', spécialisé dans la consommation de fruits.]] |
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[[File:Angebissener Apfel als Nahrungsquelle für Wespen und Ameisen.JPG|thumb|La [[guêpe germanique]] est frugivore durant une partie de sa vie.]] |
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On note des phénomènes de [[coévolution]] entre plantes et animaux frugivores. La [[Magnoliophyta|plante à fleur]] développe des fruits qui attirent des animaux pour les manger et en disséminer les graines ([[zoochorie]]). Le [[péricarpe]] devient juteux et sucré, et se pare de couleurs chatoyantes au moment où les graines sont matures. |
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[[File:Barking deer female chewing a Careya arborea fruit AJTJohnsingh.jpg|thumb|[[Cerf aboyeur]], mammifère frugivore mâchant le fruit de ''[[Careya arborea]]''.]] |
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[[File:Chauves-souris-Jardin botanique de Kandy (1).jpg|thumb|Chauves-souris frugivores ''[[Pteropus giganteus]]'' au [[jardin botanique de Peradeniya]] ([[Sri Lanka]]).]] |
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[[File:LTM ficus.JPG|thumb|Macaque ''[[Ouandérou]]'' mangeant les fruits du ficus ''[[Ficus racemosa]]''.]] |
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[[File:Zosterops japonicus eating seed of Triadica sebifera.JPG|thumb|[[Zostérops du Japon]] mangeant le fruit de ''[[Triadica sebifera]]''.]] |
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En français, les [[carpophage]]s sont aussi de gros pigeons frugivores de la [[Sous-famille (biologie)|sous-famille]] des [[Treroninae]]<ref>[http://dico-sciences-animales.cirad.fr/liste-mots.php?fiche=5054&def=carpophages carpophages] dans Meyer C., ed. sc., 2016, ''[http://dico-sciences-animales.cirad.fr/ Dictionnaire des Sciences Animales]''. Montpellier, France, Cirad. [31/12/2016].</ref>. Certains [[singe]]s sont frugivores, mais pas exclusivement. Beaucoup d'oiseaux, par exemple les [[perroquet]]s, mais aussi certaines grandes [[Chiroptera|chauves-souris]], comme les [[Roussette (chiroptère)|roussettes]], sont à 100 % [[herbivore]]s. Le [[binturong]] ''Arctictis binturong'' a la particularité de faire partie des mammifères [[Carnivora|carnivores]] alors qu'il s'agit d'un [[omnivore]] principalement frugivore. |
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De nombreux fruits contiennent des [[tanin]]s, qui entraînent un transit plus rapide à travers les [[Tractus (anatomie)|tractus intestinaux]] des animaux. Ceci permet au graines de ne pas trop subir les attaques des [[suc digestif|sucs digestifs]]. |
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Il existe aussi des insectes frugivores (dont les mouches du gendre ''[[Rhagoletis]]'' ([[Diptera]]-[[Tephritidae]])<ref>Bush, G. L. (1969). Mating behavior, host specificity, and the ecological significance of sibling species in frugivorous flies of the genus Rhagoletis (Diptera-Tephritidae). The American Naturalist, 103(934), 669-672.</ref> ou encore la [[Ceratitis capitata|mouche à fruit]] qui – facile à élever – est devenue un [[modèle animal]]). |
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Certaines espèces de plantes ne sont d'ailleurs capables de germer qu'après avoir traversé l'intestin d'un animal, ce qui ramollit les coques trop dures des graines. |
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== Frugivorie et climat == |
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De leur côté, les animaux frugivores ont généralement une bonne vision des couleurs leur permettant de discerner si un fruit est à pleine maturité. Ce sont généralement des animaux arboricoles. Ils peuvent lutter contre les problèmes de digestion dus à la présence de tanins en mangeant certaines formes d'argiles qui les absorbent (voir [[géophagie]]). |
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En zone tropicale des fruits sont produits toute l'année, mais plus on s'approche des zones polaires plus cette production est saisonnière. Les frugivores peuvent alors s'adapter en hibernant, en migrant. |
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Les études écologiques de dispersion de graines ont mis en évidence dans la nature de nombreux phénomènes de [[coévolution]] entre des plantes à fruits et des animaux frugivores<ref>Howe, H. F., & Smallwood, J. (1982). [http://artifex.org/~ecoreaders/lit/Howe1982.pdf Ecology of seed dispersal]. Annual review of ecology and systematics, 13(1), 201-228.</ref>{{,}}<ref>Levey, D. J., Silva, W. R., & Galetti, M. (Eds.). (2002). Seed dispersal and frugivory: ecology, evolution, and conservation. CABI ([https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=nmqBCwAAQBAJ&oi=fnd&pg=PP2&dq=frugivore+ecology&ots=nLyupPCZNl&sig=zP7EarTHi3bpm9vX_K5Awd3WbTw résumé]).</ref>. |
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La [[Angiosperme|plante à fleur]] développe des fruits qui attirent des animaux qui les mangent, et en disséminent ainsi les graines ([[zoochorie]]). Le [[Fruit (botanique)#Péricarpe|péricarpe]] (fruit) grossit, devient juteux, nutritif<ref>Johnson, R. A., Willson, M. F., Thompson, J. N., & Bertin, R. I. (1985). ''[http://www.asu.edu/clas/sirgtools/ecology-1985.pdf Nutritional values of wild fruits and consumption by migrant frugivorous birds]''. Ecology, 66(3), 819-827.</ref> et énergétique<ref>Morrison D.W (1978) ''Foraging ecology and energetics of the frugivorous bat Artibeus jamaicensis''. Ecology, 59(4), 716-723 ([http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.2307/1938775/full résumé]).</ref> (sucré), et se pare de couleurs vives quand les graines qu'il abrite sont prêtes à être dispersées. De leur côté, les animaux frugivores ont généralement un bon odorat et une vision des couleurs leur permettant de discerner si un fruit est à pleine maturité. Ce sont généralement des oiseaux<ref>Herrera C.M, Jordano P, Lopez-Soria L & Amat J.A (1994) ''[http://ebd10.ebd.csic.es/pdfs/hjla1994ecolmonogrlq.pdf Recruitment of a mast‐fruiting, bird‐dispersed tree: bridging frugivore activity and seedling establishment]''. Ecological monographs, 64(3), 315-344.</ref> ou des animaux arboricoles. |
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De nombreux fruits contiennent des [[tanin]]s ou des substances laxatives, qui entraînent un transit plus rapide à travers les [[Tractus (anatomie)|tractus intestinaux]] des animaux<ref name=Murray1994/>. Ceci permet au graines de ne pas trop subir les attaques des [[Digestion|sucs digestifs]], mais limite la distance de dispersion<ref name=Murray1994/>. Certains animaux frugivores ou herbivores luttent contre les problèmes de digestion dus à la présence de tanins ou de produits toxiques ou [[laxatif]]s<ref name=Murray1994>Murray, K. G., Russell, S., Picone, C. M., Winnett-Murray, K., Sherwood, W., & Kuhlmann, M. L. (1994). ''[https://deepblue.lib.umich.edu/bitstream/handle/2027.42/119059/ecy1994754989.pdf?sequence=1&isAllowed=y Fruit laxatives and seed passage rates in frugivores: consequences for plant reproductive success]''. Ecology, 75(4), 989-994.</ref> en ingérant des argiles qui absorbent les toxines (voir [[géophagie]]). |
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Certaines espèces de plantes ne germent qu'après avoir traversé l'[[appareil digestif]] d'un animal, après que le processus de digestion ait ramolli la coque ou une enveloppe trop dure de la graine. La graine expulsée dans les excréments y trouve de plus un milieu nutritif. |
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Certaines plantes produisent des fruits toute l'année ou presque (en zone tropicale). Certaines plantes ont une fructification superabondante et d'autres ne produisent que de rares fruits. Ces phénomènes sont sources de pressions sélectives sur les guildes de frugivores et disperseurs de graines<ref name=Flemming1979/>. Il peut arriver que des conditions météorologiques inhabituelles (gel tardif par exemple) privent occasionnellement des frugivores de nourriture, causant des pénuries alimentaires phénologiques et une concurrence entre individus et/ou espèces étroitement liées<ref name=Flemming1979/>. Il semble que les frugivores aviaires et mammifères soient rarement en compétition notamment en zones tropicales où les plantes produisent des fruits sélectivement attrayants pour un sous-ensemble limité de frugivores (uniquement oiseaux ou chauve-souris par exemple)<ref name=Flemming1979>Fleming T.H (1979) ''[https://academic.oup.com/icb/article-pdf/19/4/1157/319752/19-4-1157.pdf Do tropical frugivores compete for food ?]''. American Zoologist, 19(4), 1157-1172 ([https://academic.oup.com/icb/article/19/4/1157/137798/Do-Tropical-Frugivores-Compete-for-Food résumé]).</ref>. |
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Certains patrons de répartition de plantes et de populations animales sont ainsi fortement liés, notamment en zone tropicale<ref>Fleming, T. H., Breitwisch R & Whitesides G.H (1987) ''Patterns of tropical vertebrate frugivore diversity''. Annual Review of Ecology and Systematics, 18(1), 91-109.</ref>{{,}}<ref>Bleher, B., & Böhning-Gaese, K. (2001). Consequences of frugivore diversity for seed dispersal, seedling establishment and the spatial pattern of seedlings and trees. Oecologia, 129(3), 385-394.</ref>{{,}}<ref>Estrada, A., Coates-Estrada, R., Meritt, D., Montiel, S., & Curiel, D. (1993). Patterns of frugivore species richness and abundance in forest islands and in agricultural habitats at Los Tuxtlas, Mexico. Vegetatio, 107(1), 245-257.</ref>, et pour certaines espèces végétales uniquement dispersées par une unique espèce animale, la disparition de l'un peut entrainer à terme la disparition de l'autre. |
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Comprendre ces interactions est important pour comprendre la succession forestière<ref name=succession1996/> et donc mieux accompagner certains efforts de [[gestion restauratoire]]<ref name=succession1996>Silva J.M.C, Uhl C & Murray G (1996). ''Plant succession, landscape management, and the ecology of frugivorous birds in abandoned Amazonian pastures.'' Conservation biology, 10(2), 491-503.</ref>, pour la gestion d'espèces menacées ou d'[[Espèce envahissante|espèces envahissantes]] susceptibles d'être dispersées par des animaux frugivores<ref name=invasives2006>Buckley, Y. M., Anderson, S., Catterall, C. P., Corlett, R. T., Engel, T., Gosper, C. R., ... & Vivian‐Smith, G. A. Brielle (2006). [http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1365-2664.2006.01210.x/full Management of plant invasions mediated by frugivore interactions]. Journal of Applied Ecology, 43(5), 848-857.</ref>{{,}}<ref>Restrepo, C., Gomez, N., & Heredia, S. (1999). ''[https://www.academia.edu/download/36564909/Restrepo_et_al_1999.pdf Anthropogenic edges, treefall gaps, and fruit–frugivore interactions in a neotropical montane forest]''. Ecology, 80(2), 668-685.</ref> ([[Prunus serotina|cerisier tardif]] en Europe par exemple, diffusé par les oiseaux). L'identification de [[écologie fonctionnelle|groupe fonctionnels]] basée sur des « traits » frugivores et de leurs interactions avec le paysage pourrait permettre d'anticiper certaines [[Invasion (écologie)|invasions]] biologiques et de mieux les gérer, à moindre coûts<ref name=invasives2006/>. |
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== Interactions avec l'humain == |
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De nombreux animaux frugivores stricts ou occasionnels ont été considérés comme nuisibles par des législateurs quand ils consomment des fruits cultivés ou des fruits sauvages récoltés pour la consommation humaine. Des études expérimentales faites en zones tropicales où plusieurs espèces de fruits sauvages ou semi-cultivés sont abondamment récoltés par les humains, ont montré que l'abondance des fruits influence la composition des espèces des communautés frugivores, l'abondance des individus, et leur comportement alimentaire<ref name=recolteReponse2003/>. {{Citation|La récolte de fruits provenant de systèmes forestiers, une pratique courante dans les forêts tropicales, peut donc affecter les populations d'animaux frugivores}}<ref name=recolteReponse2003/>, mais pour des arbres produisant beaucoup de fruits, il semble que des prélèvement modestes (10 % des fruits d'un palmier [[Euterpe oleracea]] par exemple) soit sans effets, au moins sur la fréquentation de l'arbre par les frugivores<ref name=recolteReponse2003>Moegenburg, S. M., & Levey, D. J. (2003). [http://132.248.13.1/directorio/r/d_renton/pdf/11.pdf ''Do frugivores respond to fruit harvest? An experimental study of short‐term responses'']. Ecology, 84(10), 2600-2612.</ref>. |
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* Fleming T.H (1979) ''[https://academic.oup.com/icb/article-pdf/19/4/1157/319752/19-4-1157.pdf Do tropical frugivores compete for food ?]''. American Zoologist, 19(4), 1157-1172 ([https://academic.oup.com/icb/article/19/4/1157/137798/Do-Tropical-Frugivores-Compete-for-Food résumé]). |
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* Herrera C.M, Jordano P, Lopez-Soria L & Amat J.A (1994) ''[http://ebd10.ebd.csic.es/pdfs/hjla1994ecolmonogrlq.pdf Recruitment of a mast‐fruiting, bird‐dispersed tree: bridging frugivore activity and seedling establishment]''. Ecological monographs, 64(3), 315-344. |
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* Sallabanks, R. (1993). Hierarchical mechanisms of fruit selection by an avian frugivore. Ecology, 74(5), 1326-1336 ([http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.2307/1940063/full révision]). |
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== Notes et références == |
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Dernière version du 28 mai 2023 à 17:51
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Un frugivore (ou fructivore), appelé aussi carpophage[1], est un animal qui se nourrit de fruits mûrs. On le dit granivore s'il se nourrit de graines.
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En français, les carpophages sont aussi de gros pigeons frugivores de la sous-famille des Treroninae[2]. Certains singes sont frugivores, mais pas exclusivement. Beaucoup d'oiseaux, par exemple les perroquets, mais aussi certaines grandes chauves-souris, comme les roussettes, sont à 100 % herbivores. Le binturong Arctictis binturong a la particularité de faire partie des mammifères carnivores alors qu'il s'agit d'un omnivore principalement frugivore.
Il existe aussi des insectes frugivores (dont les mouches du gendre Rhagoletis (Diptera-Tephritidae)[3] ou encore la mouche à fruit qui – facile à élever – est devenue un modèle animal).
Frugivorie et climat[modifier | modifier le code]
En zone tropicale des fruits sont produits toute l'année, mais plus on s'approche des zones polaires plus cette production est saisonnière. Les frugivores peuvent alors s'adapter en hibernant, en migrant.
Écologie fonctionnelle et coévolution[modifier | modifier le code]
Les études écologiques de dispersion de graines ont mis en évidence dans la nature de nombreux phénomènes de coévolution entre des plantes à fruits et des animaux frugivores[4],[5].
La plante à fleur développe des fruits qui attirent des animaux qui les mangent, et en disséminent ainsi les graines (zoochorie). Le péricarpe (fruit) grossit, devient juteux, nutritif[6] et énergétique[7] (sucré), et se pare de couleurs vives quand les graines qu'il abrite sont prêtes à être dispersées. De leur côté, les animaux frugivores ont généralement un bon odorat et une vision des couleurs leur permettant de discerner si un fruit est à pleine maturité. Ce sont généralement des oiseaux[8] ou des animaux arboricoles.
De nombreux fruits contiennent des tanins ou des substances laxatives, qui entraînent un transit plus rapide à travers les tractus intestinaux des animaux[9]. Ceci permet au graines de ne pas trop subir les attaques des sucs digestifs, mais limite la distance de dispersion[9]. Certains animaux frugivores ou herbivores luttent contre les problèmes de digestion dus à la présence de tanins ou de produits toxiques ou laxatifs[9] en ingérant des argiles qui absorbent les toxines (voir géophagie).
Certaines espèces de plantes ne germent qu'après avoir traversé l'appareil digestif d'un animal, après que le processus de digestion ait ramolli la coque ou une enveloppe trop dure de la graine. La graine expulsée dans les excréments y trouve de plus un milieu nutritif.
Certaines plantes produisent des fruits toute l'année ou presque (en zone tropicale). Certaines plantes ont une fructification superabondante et d'autres ne produisent que de rares fruits. Ces phénomènes sont sources de pressions sélectives sur les guildes de frugivores et disperseurs de graines[10]. Il peut arriver que des conditions météorologiques inhabituelles (gel tardif par exemple) privent occasionnellement des frugivores de nourriture, causant des pénuries alimentaires phénologiques et une concurrence entre individus et/ou espèces étroitement liées[10]. Il semble que les frugivores aviaires et mammifères soient rarement en compétition notamment en zones tropicales où les plantes produisent des fruits sélectivement attrayants pour un sous-ensemble limité de frugivores (uniquement oiseaux ou chauve-souris par exemple)[10].
Certains patrons de répartition de plantes et de populations animales sont ainsi fortement liés, notamment en zone tropicale[11],[12],[13], et pour certaines espèces végétales uniquement dispersées par une unique espèce animale, la disparition de l'un peut entrainer à terme la disparition de l'autre.
Comprendre ces interactions est important pour comprendre la succession forestière[14] et donc mieux accompagner certains efforts de gestion restauratoire[14], pour la gestion d'espèces menacées ou d'espèces envahissantes susceptibles d'être dispersées par des animaux frugivores[15],[16] (cerisier tardif en Europe par exemple, diffusé par les oiseaux). L'identification de groupe fonctionnels basée sur des « traits » frugivores et de leurs interactions avec le paysage pourrait permettre d'anticiper certaines invasions biologiques et de mieux les gérer, à moindre coûts[15].
Interactions avec l'humain[modifier | modifier le code]
De nombreux animaux frugivores stricts ou occasionnels ont été considérés comme nuisibles par des législateurs quand ils consomment des fruits cultivés ou des fruits sauvages récoltés pour la consommation humaine. Des études expérimentales faites en zones tropicales où plusieurs espèces de fruits sauvages ou semi-cultivés sont abondamment récoltés par les humains, ont montré que l'abondance des fruits influence la composition des espèces des communautés frugivores, l'abondance des individus, et leur comportement alimentaire[17]. « La récolte de fruits provenant de systèmes forestiers, une pratique courante dans les forêts tropicales, peut donc affecter les populations d'animaux frugivores »[17], mais pour des arbres produisant beaucoup de fruits, il semble que des prélèvement modestes (10 % des fruits d'un palmier Euterpe oleracea par exemple) soit sans effets, au moins sur la fréquentation de l'arbre par les frugivores[17].
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Articles connexes[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Fleming T.H (1979) Do tropical frugivores compete for food ?. American Zoologist, 19(4), 1157-1172 (résumé).
- Herrera C.M, Jordano P, Lopez-Soria L & Amat J.A (1994) Recruitment of a mast‐fruiting, bird‐dispersed tree: bridging frugivore activity and seedling establishment. Ecological monographs, 64(3), 315-344.
- Sallabanks, R. (1993). Hierarchical mechanisms of fruit selection by an avian frugivore. Ecology, 74(5), 1326-1336 (révision).
Notes et références[modifier | modifier le code]
- carpophage dans Meyer C., ed. sc., 2016, Dictionnaire des Sciences Animales. Montpellier, France, Cirad. [31/12/2016].
- carpophages dans Meyer C., ed. sc., 2016, Dictionnaire des Sciences Animales. Montpellier, France, Cirad. [31/12/2016].
- Bush, G. L. (1969). Mating behavior, host specificity, and the ecological significance of sibling species in frugivorous flies of the genus Rhagoletis (Diptera-Tephritidae). The American Naturalist, 103(934), 669-672.
- Howe, H. F., & Smallwood, J. (1982). Ecology of seed dispersal. Annual review of ecology and systematics, 13(1), 201-228.
- Levey, D. J., Silva, W. R., & Galetti, M. (Eds.). (2002). Seed dispersal and frugivory: ecology, evolution, and conservation. CABI (résumé).
- Johnson, R. A., Willson, M. F., Thompson, J. N., & Bertin, R. I. (1985). Nutritional values of wild fruits and consumption by migrant frugivorous birds. Ecology, 66(3), 819-827.
- Morrison D.W (1978) Foraging ecology and energetics of the frugivorous bat Artibeus jamaicensis. Ecology, 59(4), 716-723 (résumé).
- Herrera C.M, Jordano P, Lopez-Soria L & Amat J.A (1994) Recruitment of a mast‐fruiting, bird‐dispersed tree: bridging frugivore activity and seedling establishment. Ecological monographs, 64(3), 315-344.
- Murray, K. G., Russell, S., Picone, C. M., Winnett-Murray, K., Sherwood, W., & Kuhlmann, M. L. (1994). Fruit laxatives and seed passage rates in frugivores: consequences for plant reproductive success. Ecology, 75(4), 989-994.
- Fleming T.H (1979) Do tropical frugivores compete for food ?. American Zoologist, 19(4), 1157-1172 (résumé).
- Fleming, T. H., Breitwisch R & Whitesides G.H (1987) Patterns of tropical vertebrate frugivore diversity. Annual Review of Ecology and Systematics, 18(1), 91-109.
- Bleher, B., & Böhning-Gaese, K. (2001). Consequences of frugivore diversity for seed dispersal, seedling establishment and the spatial pattern of seedlings and trees. Oecologia, 129(3), 385-394.
- Estrada, A., Coates-Estrada, R., Meritt, D., Montiel, S., & Curiel, D. (1993). Patterns of frugivore species richness and abundance in forest islands and in agricultural habitats at Los Tuxtlas, Mexico. Vegetatio, 107(1), 245-257.
- Silva J.M.C, Uhl C & Murray G (1996). Plant succession, landscape management, and the ecology of frugivorous birds in abandoned Amazonian pastures. Conservation biology, 10(2), 491-503.
- Buckley, Y. M., Anderson, S., Catterall, C. P., Corlett, R. T., Engel, T., Gosper, C. R., ... & Vivian‐Smith, G. A. Brielle (2006). Management of plant invasions mediated by frugivore interactions. Journal of Applied Ecology, 43(5), 848-857.
- Restrepo, C., Gomez, N., & Heredia, S. (1999). Anthropogenic edges, treefall gaps, and fruit–frugivore interactions in a neotropical montane forest. Ecology, 80(2), 668-685.
- Moegenburg, S. M., & Levey, D. J. (2003). Do frugivores respond to fruit harvest? An experimental study of short‐term responses. Ecology, 84(10), 2600-2612.
