« Histoire du vocabulaire de l'espéranto » : différence entre les versions

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==Transformation des mots empruntés==
==Transformation des mots empruntés==
Zamenhof n’a cependant pas hésité à déformer nombre de mots qu’il empruntait, pour diverses raisons :
Zamenhof n’a cependant pas hésité à transformer nombre de mots qu’il empruntait, pour diverses raisons :


*Pour des raisons grammaticales, notamment afin de ne pas interférer avec les affixes de l’espéranto : ainsi « récolter » et « regarder » se traduisent par ''rikolti'' et ''rigardi'', car le préfixe « re- » signifie comme en français « répétition de l’action » ; « chagrin » par ''ĉagren-'', « matin » par ''maten-'', pour éviter que ces racines se terminent par « -in », laquelle terminaison est en espéranto le suffixe féminisant (''patro'' : père, patrino'' : mère) ; on peut faire la même remarque pour le diminutif ''-et-'' : une ''cigarette'' n’est pas exactement un petit cigare, et une ''casquette'' n’est pas exactement un petit casque ; Zamenhof a donc utilisé pour traduire ces mots la terminaison ''-ed-'' : ''cigaredo'', ''kaskedo'' ; de même ''cassette'' se traduit par ''kasedo''. Il ne s’agit cependant pas là d’une règle totalement absolue : Zamenhof a ainsi conservé des mots tels que ''najbaro'' (« voisin ») alors que ''-ar-'' est le suffixe de regroupement (''arbo'' : arbre, ''arbaro'' : forêt) ; il a également gardé ''esper-'', alors que ''-er-'' indique un élément (''salo'' : sel, ''salero'' : grain de sel). Il aurait cependant été difficile de faire autrement.
*Pour des raisons grammaticales, notamment afin de ne pas interférer avec les affixes de l’espéranto : ainsi « récolter » et « regarder » se traduisent par ''rikolti'' et ''rigardi'', car le préfixe « re- » signifie comme en français « répétition de l’action » ; « chagrin » par ''ĉagren-'', « matin » par ''maten-'', pour éviter que ces racines se terminent par « -in », laquelle terminaison est en espéranto le suffixe féminisant (''patro'' : père, patrino'' : mère) ; on peut faire la même remarque pour le diminutif ''-et-'' : une ''cigarette'' n’est pas exactement un petit cigare, et une ''casquette'' n’est pas exactement un petit casque ; Zamenhof a donc utilisé pour traduire ces mots la terminaison ''-ed-'' : ''cigaredo'', ''kaskedo'' ; de même ''cassette'' se traduit par ''kasedo''. Il ne s’agit cependant pas là d’une règle totalement absolue : Zamenhof a ainsi conservé des mots tels que ''najbaro'' (« voisin ») alors que ''-ar-'' est le suffixe de regroupement (''arbo'' : arbre, ''arbaro'' : forêt) ; il a également gardé ''esper-'', alors que ''-er-'' indique un élément (''salo'' : sel, ''salero'' : grain de sel). Il aurait cependant été difficile de faire autrement.

Version du 17 août 2008 à 13:56

Ludwik Lejzer Zamenhof, l'initiateur de l'espéranto, a voulu que les mots espéranto soient tirées des langues naturelles (La vortradikoj devas esti prenataj el la naturaj lingvoj) ; ce choix classe l’espéranto dans les langues construites a posteriori.

Composition du vocabulaire

Pour constituer les bases lexicales de l’espéranto, Zamenhof n’a cependant utilisé, à quelques exceptions près, que les langues indo-européennes : 70 % des racines de l’espéranto sont issues du latin et des langues romanes ; 20 % sont d’origine germanique. Les autres mots proviennent du grec ancien ou des langues slaves (le polonais était sa langue maternelle). Zamenhof a complètement ignoré les langues afro-asiatiques pour ce qui est du vocabulaire (mais il les a utilisées pour la formation des mots car ce sont souvent des langues agglutinantes) et a également respecté le principe d'invariabilité des éléments que l'on retrouve dans les langues isolantes (comme le chinois).

Origine du vocabulaire

Les chiffres donnés laissent supposer que la langue est déséquilibrée au niveau de l'origine du vocabulaire ; il faut cependant garder à l'esprit qu'un grand nombre de mots d'origine indo-européenne est passé dans des langues non-européennes : par exemple :

Pétrole existe en arabe sous la forme لبترول (bytrwl pronnoncée bitroul) (cette langue ne connaissant pas les phonèmes p é et o, elle a donc du adapter le mot à sa phonologie).

Musée se retrouve dans diverses langues sous les formes musé, muzé, muséum, musej, musej, muzeum...

Nul se retrouve également dans beaucoup de langues.

Enfin, les noms espéranto des espèces animales et végétales ainsi que de l’anatomie s'inspirent de termes latins universels :

Par exemple : quercus (pronnoncer kouèrkouss) désigne un chêne chez les botanistes ; l'espéranto a repris ce mot sous la forme kverko.

Notons que les mots latins comportant la syllabe qu sont souvent transcrits en espéranto en kv (c'est la prononciation que l'on retrouve dans les langues germaniques et notamment en allemand ou aquarium se pronnonce Akvarium la raison de ce choix est de permettre une meilleure agglutination des affixes et une meilleure sonorité, tout comme l'obligation pour les racines de se terminer par des consonnes et pour les suffixes de commencer par des voyelles)

L'espéranto et les langues nationales

L’origine essentiellement indo-européenne du vocabulaire facilite l’apprentissage de l’espéranto pour les locuteurs d’une langue de cette famille, mais ne représente pas un obstacle insurmontable à la diffusion mondiale de l’espéranto, comme le montre l’exemple de la Chine où l’espéranto s’est rapidement diffusé dès le début du XXe siècle ; en effet :

1. À travers les anciennes colonies, les langues indo-européennes sont présentes en Amérique du nord et du sud ainsi qu’en Afrique et en Océanie avec l’anglais, le français, le néerlandais, l’espagnol et le portugais.

2. L’ex-URSS, donc une large part de l'Asie, est russophone.

3. La structure agglutinante des mots fait ressembler l’espéranto à un grand nombre de langues (notamment les langues ouralo-altaïques tel que le japonais, le coréen, les langues turques, les langues africaines comme le swahili).

4. Le principe d’invariabilité des éléments de la langue se retrouve, de manière encore plus prononcée, dans les langues isolantes telles que les langues sino-tibétaines et notamment le chinois.

5. La phonologie très simple de l’espéranto le rend facilement prononçable pour la majorité des peuples ; de plus les sons qu'il utilise se retrouvent déjà dans la plupart des langues nationales.

La cohérence et la sonorité de la langue donnent un tout homogène et agréable à l’oreille malgré les origines nombreuses ; Zamenhof avait veillé à cela dès les début de la conception de sa langue, notamment en traduisant des poèmes ; il fallait que l’espéranto puisse exprimer toute la palette des sentiments humains et qu’il soit adapté à la versification. Ce dernier point a fait que l’espéranto est une langue extrêmement expressive. (à tel point que certains ouvrages sont d'abord traduits en espéranto avant de l’être dans d'autres langues ; c’est notamment le cas du Kalevala l’épopée nationale finnoise).

En matière de traduction littéraire, l'espéranto est la langue qui respecte le plus les originaux.[1]

[2]

Exemple d'invariabilité et d'agglutination

Comme dit plus haut l'espéranto a un vocabulaire d'origine essentiellement indo-européenne, mais la structure des mots comporte certains traits de langue isolante et/ou agglutinante :

Quelques exemples :

En espéranto forêt se dit arbaro et petite forêt se dit arbareto. Barbe se dit barbo et barbu se dit barbulo

Voici des contre-exemples dans diverses langues nationales :

En japonais forêt se dit hayashi et petite se dit ko ; mais petite forêt se dira kobayashi (il y a modification des éléments basiques constituant le mot final, le h se transformant en b. Ici il y a bien agglutination mais on ne respecte pas l'invariabilité des éléments constituant le mot (pour des raisons de phonologie propre au japonais).

En français on dispose du verbe corrompre, mais on parle de corruption.

En anglais on dispose de verbes qui muttent : ex : pour le verbe to find on a find/fand/found. En espéranto on aura respectivement pour le verbe trovi : trovas (au présent)/trovis (au passé)/trovos (au futur).

En allemand on dit der Mann/die Männer ; en anglais on dit the man/the men ; en français on dit ; l'homme/les hommes ; en espéranto on dit simplement la viro/la viroj.

Choix du vocabulaire

Lorsque cela était possible, Zamenhof a repris des mots communs ou très proches dans toutes les langues européennes, tels que :

garaĝo (garage) qui en russe se dit garaž (emprunt aux langues latines).

ĝardeno (jardin) Garten/garden respectivement en allemand et anglais.

poŝto (poste) et telefoni (téléphoner) sont des mots que l'on retrouve couramment dans toutes les langues européennes.

Il est également important de noter qu'un grand nombre de mots d'origine grecque sont également présents en espéranto (deux origines possibles, via le latin et via le vocabulaire scientifique récent : biologie, cinéma, ...)

Bien souvent, les langues avaient trop divergé et il dut faire, racine après racine, des choix étymologiques forcément difficiles ; mais il veilla à ce que les emprunts soient divers et les plus communs possible :

Les jours de la semaine proviennent des langues romanes : lundo, mardo, merkredo, jaŭdo, vendredo, sabato, dimanĉo,

Les mois de l'année proviennent des langues romanes et germaniques (les langues slaves, comme le polonais, ont d'autres racines) : Januaro, Februaro, Marto, Aprilo, Majo, Junio, Julio, Aŭgusto, Septembro, Oktobro, Novembro, Decembro

Les unités de temps proviennent des deux groupes de langues : sekundo, minuto, tago (Tag : le jour), semajno, monato (Monat : le mois), jaro (Jahr/year : l'année), hieraŭ (hier), mais hodiaŭ (du latin hodie) pour aujourd'hui, et morgaŭ (dans les langues germaniques on a Morgen, morning) pour demain. (seconde et minute existent aussi dans les langues germaniques)

Lorsqu’il avait le choix entre des mots très proches dans diverses langues, il a le plus souvent fait une traduction espéranto « médiane » : Glisser qui se dit to glide en anglais, et gleiten en allemand, a donné en espéranto gliti.

Boire qui se dit to drink en anglais , trinken en allemand, et drinken en néerlandais a donné en espéranto trinki (on retrouve également cette racine dans les mots trinquer (français) et trincciare (italien).

Oublier, qui se dit to forget en anglais et vergessen en allemand (prononcer /fɛɐ̯ˈgɛsn̩/), a donné en espéranto forgesi.

Ingénieur qui se dit Ingenieur en allemand et ingener en anglais à donné en espéranto inĝenioro.

De plus, la formation du vocabulaire s'inspire des mécanismes des langues agglutinnantes, où les mots du vocabulaire courant sont formés d'une racine qui donne le sens (souvent avec préfixe et suffixe) et d'une terminaison qui indiquent la fonction grammaticale. On aura de même en espéranto :

-o pour les substantifs

-a pour les adjectifs

-e pour les adverbes dérivés

-i pour les verbes à l'infinitif

-j pour le pluriel

-n pour le complément (nommé accusatif

Exemples

  • apro = sanglier
  • aprino = laie
  • aprido = marcassin
  • apra = propre au sanglier
  • apraro = groupe de sangliers
  • apre = à la manière d'un sanglier
  • apri = agir comme un sanglier

Le français utilise trois termes pour désigner les différents individus présent chez les sangliers (respectivement sanglier, laie et marcassin) tandis que l'espéranto utilise une seule racine (ce qui facilite la mémorisation sans pour autant réduire la capacité à s'exprimer).

  • kanguruo = kangourou
  • kanguruino = kangourou femelle
  • kanguruido = petit kangourou
  • kangurua = propre au kangourou
  • kanguruaro = groupe de kangourous
  • kangurue = à la manière d'un kangourou
  • kangurui = agir comme un kangourou
  • patro = père
  • patra = paternel(le)
  • patre = paternellement
  • patri = paterner
  • paĉjo = papa

(Le français utilise trois racines différentes  : pèr-, pater- et pap- ; l'espéranto utilise une seule racine, ce qui facilite la mémorisation.)

  • patrino = mère
  • patrina = maternel(le)
  • patrine = maternellement
  • patrini = materner
  • panjo = maman

(Le français utilise trois racines différentes  : mèr-, mater- et mam- ; l'espéranto utilise une seule racine, ce qui facilite la mémorisation.)

  • sciuro = écureuil
  • sciurino = écureuil femelle
  • sciurido = petit écureuil
  • sciura = propre à l'écureuil
  • sciuraro groupe d'écureuils
  • sciure = à la façon d'un écureuil
  • sciuri = agir comme un écureuil
  • simio = singe
  • simiino = guenon
  • simiido = petit singe
  • simia = simiesque
  • simiaro = groupe de singes
  • simie = de manière simiesque
  • simi = singer (agir comme un singe)

(Le français utilise deux racines différentes : sing- et simi- ; l'espéranto utilise une seule racine, ce qui facilite la mémorisation ; de plus bon nombre de francophones, même adultes, ne connaissent pas l'adjectif simiesque, alors qu'en espéranto le mot est naturellement disponible ; le mot simiesquement qui pourrait sembler convenir pour traduire simie n'existe pas en français).

  • ŝakalo = chacal
  • ŝakalino = chacal femelle
  • ŝakalido = petit du chacal
  • ŝakala = propre au chacal
  • ŝakalaro = meute de chacals
  • ŝakale = à la manière d'un chacal
  • ŝakali = agir comme un chacal

(Pour ces exemples, le français ne permet pas de nuancer très simplement.)

  • vulpo = renard
  • vulpino = renarde
  • vulpido = renardeau
  • vulpa = vulpin(e)
  • vulparo = meute de renards
  • vulpe = à la manière d'un renard
  • vulpi = agir comme un renard

(Le français utilise deux racines différentes : renard- et vulp- ; l'espéranto utilise une seule racine ce qui facilite la mémorisation ; de plus bon nombre de francophones, même adultes, ne connaissent pas l'adjectif vulpin(e), dont l'usage est des plus limités, alors qu'en espéranto le mot est naturellement disponible.)

Dans les exemples le rôle du suffixe -id- a été traduit par petit ; ceci ne fait pas référence à la taille mais doit être compris dans le sens de descendant. (katido = chaton)

Les exemples sont donnés à titre indicatif, mais il est possible en espéranto d’avoir des racines suivies de plusieurs affixes :

  • ĉevalo = cheval
  • ĉevalidino = pouliche (suffixes id et in)

Une origine multi-langagière pour éviter l'homonymie

Zamenhof a également voulu éviter les homonymies : l’un des moyens qu’il a utilisés pour cela est de varier les emprunts étymologiques :

Le garçon se traduit par knabo d’origine allemande lorsqu'il s’agit d'un jeune homme, par kelnero de même origine, lorsqu’il s'agit d'un serveur et par filo, d’origine latine lorsqu’il s'agit du fils de quelqu'un.

La fille se traduit par knabino pour une jeune personne féminine, (Au même titre que l’allemand Mädchen où l’anglais girl. En ancien français, ceci était également le sens du mot garce, qui à l’origine n’était pas défini comme un terme péjoratif.) par filino pour la descendante de quelqu'un, et par amovendistino pour une prostituée.

Le verre se traduit par vitro, d’origine latine, lorsqu’il s’agit de la matière, et par glaso, d’origine germanique, pour le récipient dans lequel on boit.

La langue se traduit par lingvo lorsqu'il s'agit de langue parlée, et par lango pour l'organe de la bouche. Il a également utilisé d’autres procédés : ainsi rêver se traduit par revi si le rêve est éveillé, et par sonĝi s’il s’agit d’un rêve survenu au cours du sommeil.

Les affixes, très utilisés en espéranto, sont également issus des langues européennes : on peut citer l’exemple du préfixe mal- d'origine française, qui indique le contraire (bela = beau, malbela = laid). Sont également d'origine française les suffixes -aĵ- qui indique un dérivé concret (exemple : lano-lanaĵo (laine-lainage), lakto-lakaĵo (lait-laitage)), et -ad- (qui indique la répétition : exemple : promeni-promenado (se promener, la promenade), legi-legado (lire, la lecture), paroli-parolado (parler, le discours) : le suffixe -ej-, qui indique le lieu (pano = pain, panejo = boulangerie) vient de l’allemand de même que -in-, qui indique le sexe féminin (leporo = lièvre, leporino = hase) ; le suffixe -ec-, qui indique l'idée abstraite, provient de l’italien -ezza (bellezza-beleco). Les suffixes -ĉj- et -nj-, qui indiquent respectivement les diminutifs affectueux masculins et féminins, proviennent du russe -чка (tchka) et -нька (n’ka).

Le tableau des corrélatifs

Le tableau des corrélatifs est une création de Zamenhof (bien qu’on le retrouve de façon partielle en bulgare, en russe et en grec) ; enfin, la grammaire de l'espéranto ne connait pas d’exceptions, contrairement à la très grande majorité des langues nationales.

Transformation des mots empruntés

Zamenhof n’a cependant pas hésité à transformer nombre de mots qu’il empruntait, pour diverses raisons :

  • Pour des raisons grammaticales, notamment afin de ne pas interférer avec les affixes de l’espéranto : ainsi « récolter » et « regarder » se traduisent par rikolti et rigardi, car le préfixe « re- » signifie comme en français « répétition de l’action » ; « chagrin » par ĉagren-, « matin » par maten-, pour éviter que ces racines se terminent par « -in », laquelle terminaison est en espéranto le suffixe féminisant (patro : père, patrino : mère) ; on peut faire la même remarque pour le diminutif -et- : une cigarette n’est pas exactement un petit cigare, et une casquette n’est pas exactement un petit casque ; Zamenhof a donc utilisé pour traduire ces mots la terminaison -ed- : cigaredo, kaskedo ; de même cassette se traduit par kasedo. Il ne s’agit cependant pas là d’une règle totalement absolue : Zamenhof a ainsi conservé des mots tels que najbaro (« voisin ») alors que -ar- est le suffixe de regroupement (arbo : arbre, arbaro : forêt) ; il a également gardé esper-, alors que -er- indique un élément (salo : sel, salero : grain de sel). Il aurait cependant été difficile de faire autrement.
  • Il écourte parfois les racines, ce qui évite que des mots composés, très fréquents en espéranto, soient trop longs : ainsi, « éternuer » se dit terni ; « emprunter » se traduit par prunti.
  • Pour éviter là aussi les homonymies : ainsi « laver » se dit lavi, la lave du volcan se dit lafo.
  • Zamenhof respecte parfois l’orthographe du mot d’origine et modifie la prononciation ; parfois il modifie l’orthographe pour reprendre la prononciation : par exemple "soifi", vient du français « soif », mais se prononce so-i-fi, alors qu’ « exploiter » et « trottoir » se disent ekspluati et trotoaro ; teamo (équipe) provient de l'anglais team mais se prononce différemment, (timo était déjà pris par un mot d'origine latine (timo : la crainte)) la première syllabe de genuo (le genou) s’écrit comme en français, mais se prononce « gué », la seconde syllabe se prononce comme en français, mais s’écrit différemment. Toutefois, les langues d’origine sont toujours respectées, soit de manière phonétique (orale) soit de manière graphique (écrite).

Emprunts lexicaux

Emprunts au latin et aux langues romanes : (70% du vocabulaire)
Français Voir le paragraphe détaillé ci-dessous.
Italien ĉielo (cielo) (ciel), fari (fare) (faire), kaco (kazzo), (vulgairement sexe masculin) se (si) (condition), Sinjoro (Signore)  ; (Seigneur (titre d’honneur) ; Monsieur), voĉo (voce) (voix) -ec- (-ezza = idée abstraite)
Latin abio (sapin), sed (mais), tamen (cependant, pourtant), okulo (œil), akvo (eau), iom (un peu), vulpo (vulpes = renard)
Langues romanes en général amiko (ami), facila (facile), fero (fer), tra (à travers), verda (vert)
Emprunts aux langues germaniques : (20% du vocabulaire)
Allemand anstataŭ (anstatt = au lieu de), baldaŭ (bald = bientôt), bedaŭri (bedauern = regretter), danki (danken = remercier), jaro (Jahr = année), kino (Kinn = cinéma), knabo (Knabe = garçon (jeune homme)), nur (nur = seulement), hundo (Hund = chien), Fraŭlino (Fräulein = Mademoiselle), -n de l'accusatif, ge- (rassemblemant des deux sexes),-in- (sexe féminin), ŝranko (Schrank = armoire)
Anglais birdo (bird = oiseau), helpi (to help = aider), spite (in spite of = en dépit de), suno (sun = soleil), teamo (team = équipe), jes (yes = oui) lasta (last = dernier), najlo (nail = clou), ŝarko (shark = requin) kato (cat = chat), ŝuo (shoe = chaussure), ŝi (she = elle), ŝipo (ship = bateau), profesoro (professor = professeur)
Langues germaniques en général bildo (Bild = image), fiŝo (fisch = fish = poisson), fremda (fremd = étranger), grundo (Grund = sol), halti (halten = arrêter), hasti (se dépêcher), lerni (lernen = to learn = apprendre) ofta (oft = often = souvent), somero (summer = Sommer = été), vintro (Winter = winter = hiver), forgesi (anglais to forget = allemand vergessen = oublier)
Emprunts aux langues slaves : ()
Polonais celo (celować) (but, dessein, fin, objectif), ĉu (czy) (est-ce que), krado (krata) (dièse, grillage, grille), luti (lutować) (souder), moŝto (mość) (seigneurie), piĉo (piczka) (vulgairement sexe féminin)
Russe barakti (барахтаться = se débattre), vosto (вост = queue d’animal), -ĉj- (-чка) (-tchka = diminutif affectueux), -nj- (-нька = diminutif affectueux).
Langues slaves en général klopodi (essayer), krom (sauf, en outre)
Emprunts à d’autres langues indo-européennes : ()
Grec ancien Directement :

kaj (et), -j (terminaison du pluriel)
Par l'intermédiaire des langues romanes et germaniques :
biologio (biologie), hepato (foie), politiko (politique), et beaucoup de termes scientifiques.

Lituanien du (deux), ju (plus), tuj (aussitôt, d’abord, immédiatement, sitôt, tout de suite).
Sanskrit Essentiellement des objets et pratiques culturellement liés à l’Inde :

Budho (Bouddha), Nirvano (Nirvana)

Emprunts à d’autres langues non indo-européennes : ()
Finnois Un terme typiquement scandinave :

saŭno (sauna)

Hongrois ĉako (csákó), ĉuro (csuró) (vulgairement sperme)
Japonais Essentiellement des objets et pratiques culturellement liés au Japon, généralement avec une déformation phonétique due au passage à travers des langues européennes :

animeo (アニメ) (anime), aikido (合気道) (あいきどう) (aikidō), cunamo (津波) (つなみ) (tsunami), ĉanojo (茶の湯) (ちゃのゆ) (chanoyu), ĉirimeno (縮緬) (ちりめん) (chirimen), eno (円) (えん) (en), goo (囲碁) (いご) (igo), hajko (俳句) (はいく) (haiku), harakiro (切腹) (はらきり) (harakiri), haŝio (箸) (はし) (hashi), hibakŝo (被爆者) (ひばくしゃ) (hibakusha), ĵudo (柔道) (じゅうどう) (jūdō), kamikazo (神風) (かむかぜ) (kamikaze), kapao (河童) (かっぱ) (kappa), karaokeo (カラオケ) (karaoke), karateo (空手道) (からてどう) (karatedō), katano (刀) (かたな) (katana), kimono (着物) (きもの) (kimono), mangao (漫画) (まんが) (manga), noo (能) (のう) (nō), origamio (折り紙) (おりがみ) (origami), sakeo (酒) (さけ) (sake), samurajo (侍) (さむらい) (samurai), ŝintoo (神道) (しんとう) (shintō), ŝogio (将棋) (しょうぎ) (shōgi), ŝoguno (将軍) (しょうぐん) (shōgun), suŝio (寿司) (すし) (sushi), tankao (短歌) (たんか) (tanka), tofuo (豆腐) (とうふ) (tōfu), udono (饂飩) (うどん) (udon), utao (歌) (うた) (uta), zorio (草履) (ぞうり) (zōri), bonsajo (盆栽) (ぼんさい) (bonsai)

Same boaco (renne)

Emprunts lexicaux au français

Les racines (on utilise le terme de lexèmes) espéranto proches ou d’origine françaises (nous les exprimerons le plus souvent sous la forme verbale infinitive) peuvent être divisés de la façon suivante :

  • les lexèmes ayant le même sens, s’écrivant et se prononçant comme en français :

absorbi (absorber), adopti (adopter), brodi (broder), diri (dire), dormi (dormir), fini (finir), honori (honorer), lavi (laver), profiti (profiter)

  • les lexèmes ayant le même sens et la même prononciation qu’en français, mais dont l’orthographe est un peu différente, notamment pour respecter l'écriture phonétique. Il faut ainsi souvent remplacer les lettres c, ss, s par respectivement k, s et z, élaguer les lettres redoublées, utiliser une lettre de substitution pour les lettres n'existant pas en espéranto (q notamment) :

agresi (agresser) akomodi (accommoder), asimili (assimiler), ataki (attaquer) deziri (désirer) doni (donner), esperi (espérer), froti (frotter), grati (gratter), izoli (isoler), krii (crier), lui (louer), metodo (méthode), piki (piquer), proklami (proclamer), rafini (raffiner), regali (régaler), revi ("rêver", dans le sens "rêve éveillé", "rêver en dormant" se dit "sonĝi")

  • les lexèmes ayant le même sens et la même orthographe qu’en français, mais dont la prononciation est un peu différente

La lettre u se prononce comme "ou" en français Exemples : debuti (débuter), disputi (disputer), refuti (réfuter), repudii (répudier)

Les sons nasonnés français am-em-im-om-um et an-en-in-on-un n'existent pas en espéranto et se prononcent comme ame-éme-ime-ome-oume et ane-éne-ine-one-oune Exemples : grimpi (grimper), investi (investir), montri (montrer), pensi (penser), inventi (inventer), renversi (renverser)

La lettre e se prononce comme "é" en français) Exemples : veni (venir)

  • les lexèmes dont la prononciation et l’orthographe sont un peu différentes du français, mais dont le sens est aisément perceptible pour une personne francophone :

aplaŭdi (applaudir), brili (briller) cedi (céder), cirkuli (circuler), kredi (croire), defendi (défendre), degeli (dégeler), disocii (dissocier), ekspedi (expédier) (en espéranto, la lettre x n’est pas utilisée) fenestro (fenêtre), improvizi (improviser), inventi (inventer), inspekti (inspecter)instrui (instruire, enseigner)kelkfoje (quelquefois), komerci (commercer), kongreso (congrès), kondamni (condamner), komenci (commencer), konsterni (consterner), liveri (livrer), manĝi (manger), marĉandi (marchander), naŭzi (provoquer la nausée), neĝi (neiger), neglekti (négliger), parolo (parole) paroli (parler), percepti (percevoir), pesi (peser), pluvi (pleuvoir), protekti (protéger), respondi (répondre) rigardi (regarder), rikolti (récolter), traduki (traduire), vendi (vendre)

  • Les lexèmes ressemblant au français, mais dont le sens est différent, c’est-à-dire les faux-amis.

Bibliographie

Gaston Waringhien, Lingvo kaj Vivo.

Lien externe

Langue occidentale, l'espéranto? de Claude Piron

Notes et références

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