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{{japonais|'''''Shōjo Club'''''|少女クラブ|shōjo kurabu}} est un magazine {{langue|ja-Latn|''[[shōjo]]''}} généraliste, c'est à dire de la [[presse féminine]] [[japon]]aise dédiée à un public d'adolescentes. Édité par [[Kōdansha]] de 1923 à 1962, il propose des articles, [[nouvelle]]s, [[illustration]]s, poèmes et [[manga]]s. Kōdansha le remplace en 1963 par le ''[[Shōjo Friend]]''.
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[[Fichier:Machiko Hasegawa Girlhood.jpg|vignette|alt=Page d'un magazine, montrant en haut de page la photographie d'une jeune femme qui dessine, et en bas de page un texte rédigé en japonais.|Article publié dans le numéro d'{{date||10|1935}} pour célébrer le début de carrière de [[Machiko Hasegawa]] comme [[mangaka]].]]
''{{langue|ja-Latn|Shōjo}} Club'' est un [[presse féminine|magazine féminin]] généraliste, qui cible spécifiquement un public d'adolescentes, les {{langue|ja-Latn|''[[shōjo]]''}}. Il propose à ses lectrices des articles éducationnels, de l'actualité, de la littérature ([[nouvelle]]s, [[poésie]]…), des [[illustration]]s et des [[manga]]s<ref>{{Chapitre |langue=en |auteur1=Jennifer Prough |titre=Sampling Girls’ Culture |sous-titre=An Analysis of Shōjo Manga Magazines |titre ouvrage=Introducing Japanese Popular Culture |éditeur=[[Routledge]] |date=2018 |isbn=978-1-315-72376-1 |passage=280-281}}.</ref>. Contrairement aux autres magazines contemporains pour {{langue|ja-Latn|''shōjo''}}, le ''{{langue|ja-Latn|Shōjo}} Club'' ne laisse que très peu de place aux contributions des lectrices{{sfn|Shamoon|2012|id=Shamoon 2012|p=49-50}}.

Suivant un agenda [[conservatisme|conservateur]], le magazine porte une attention particulière à son contenu éducationnel, notamment l'éducation [[morale]]{{sfn|Shamoon|2012|id=Shamoon 2012|p=48}}, avec des slogans tels que {{citation|Un manuel scolaire dans la main gauche, ''{{langue|ja-Latn|Shōjo}} Club'' dans la main droite}}{{sfn|Dollase|2019|id=Dollase 2019|p=77}}. L'objectif est ainsi de former des citoyennes compétentes à partir des valeurs japonaises du présent et du passé{{sfn|Bae|2012|id=Bae 2012|p=130}}.

En outre, le magazine évite autant que possible les sujets sociaux ou de critiquer le gouvernement, quel qu'il soit, et au contraire s'aligne avec enthousiasme à sa ligne politique<ref name=Dower2000>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=John W. Dower |titre=Embracing Defeat |sous-titre=Japan in the Wake of World War II |éditeur=[[W. W. Norton & Company]] |date=2000 |isbn=0-393-04686-9 |page=94 ; 175}}.</ref>, ce qui résulte en trois périodes bien distinctes concernant la teneur de son contenu.


== Histoire ==
== Histoire ==
=== Avant-guerre, 1923-37 ===
=== Avant-guerre, 1923-37 ===
[[Fichier:Haha no ai by Yamakawa Shūhō.jpg|vignette|alt=Peinture représentant une jeune fille en Kimono, habillée par sa mère.|{{japonais|''Haha no ai''|母の愛}} par [[Yamakawa Shūhō]], peinture pour le numéro de {{date-||janvier|1927}} du ''Shōjo Club''.]]
[[Fichier:Haha no ai by Yamakawa Shūhō.jpg|vignette|alt=Peinture représentant une jeune fille en Kimono, habillée par sa mère.|[[Frontispice (livre)|Frontispice]] pour {{japonais|''Haha no ai''|母の愛}} peint par [[Yamakawa Shūhō]], publiée dans le numéro de {{date-||01|1927}}.]]
Les premiers magazines féminins dédiés à un public adolescent apparaissent au début du {{s|XX}} dans le cadre d'une augmentation de la popularité de la presse au Japon et de la fragmentation du marché qui s'ensuit{{sfn|Shamoon|2012|id=Shamoon 2012|p=48}}. C'est dans ce contexte que la société [[Kōdansha]] lance en 1923 le mensuel {{japonais|''Shōjo Club''|少女倶楽部|shōjo kurabu}}, aux côtés d'autres magazines comme par exemple le ''Kōdan Club'' (1911) ou le ''[[Shōnen Club]]'' (1914){{sfn|Poupée|2013|id=Poupée 2013|p=La littérature populaire, un produit bon marché}}{{,}}{{sfn|Shamoon|2012|id=Shamoon 2012|p=64}}.
Les premiers magazines féminins dédiés à un public adolescent apparaissent au début du {{s|XX}} dans le cadre d'une augmentation de la popularité de la presse au Japon et de la fragmentation du marché qui s'ensuit{{sfn|Shamoon|2012|id=Shamoon 2012|p=48}}. C'est dans ce contexte que la société [[Kōdansha]] lance en 1923 le mensuel {{japonais|''Shōjo Club''|少女倶楽部|shōjo kurabu}}, aux côtés d'autres magazines comme par exemple le ''Kōdan Club'' (1911) ou le ''[[Shōnen Club]]'' (1914){{sfn|Poupée|2013|id=Poupée 2013|p=La littérature populaire, un produit bon marché}}{{,}}{{sfn|Shamoon|2012|id=Shamoon 2012|p=64}}.


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=== Guerre totale, 1937-45 ===
=== Guerre totale, 1937-45 ===
Avec la [[Guerre sino-japonaise (1937-1945)|guerre sino-japonaise]] qui débute le {{date-|07|07|1937}} puis la [[guerre du Pacifique]] qui débute en 1941, le Japon entre en état de [[guerre totale]]. La presse japonaise est ainsi sommée de soutenir l'effort de guerre et se trouve de plus en plus assujettie à la censure gouvernementale.
Avec la [[Guerre sino-japonaise (1937-1945)|guerre sino-japonaise]] qui débute le {{date-|07|07|1937}} puis la [[guerre du Pacifique]] qui débute en 1941, le Japon entre en état de [[guerre totale]]. Notamment la [[loi de mobilisation nationale]] promulguée le {{date-||05|1938}} somme la presse japonaise de soutenir l'effort de guerre et se trouve de plus en plus assujettie à la censure gouvernementale{{sfn|Dollase|2019|id=Dollase 2019|p=xvii}}.


Les magazines féminins sont de plus en plus critiqués pour leur {{citation|sentimentalité}}, ainsi la littérature {{langue|ja-Latn|''esu''}} est attaquée et les magazines font évoluer leur contenu pour mettre en avant le [[patriotisme]]{{sfn|Shamoon|2012|id=Shamoon 2012|p=56}}. Avec la guerre s'installe en outre une pénurie de papier qui atteindra son paroxysme en 1945 ; les magazines les moins en phase avec le gouvernement sont forcés de s'arrêter ; en s'alignant ainsi sur le gouvernement, ''Shōjo Club'' et son principal concurrent ''Shōjo no tomo'' seront publiés tout au long de la guerre{{sfn|Shamoon|2012|id=Shamoon 2012|p=56}}.
Les magazines féminins sont de plus en plus critiqués pour leur {{citation|sentimentalité}}, ainsi la littérature {{langue|ja-Latn|''esu''}} est attaquée et les magazines font évoluer leur contenu pour mettre en avant le [[patriotisme]]{{sfn|Shamoon|2012|id=Shamoon 2012|p=56}}. Avec la guerre s'installe en outre une pénurie de papier qui atteindra son paroxysme en 1945 ; les magazines les moins en phase avec le gouvernement sont forcés de s'arrêter ; en s'alignant ainsi sur le gouvernement, ''Shōjo Club'' et son principal concurrent ''Shōjo no tomo'' seront publiés tout au long de la guerre{{sfn|Shamoon|2012|id=Shamoon 2012|p=56}}.

Version du 30 décembre 2021 à 19:20

Shōjo Club
(ja)少女倶楽部
(ja)少女クラブ
Image illustrative de l’article Shōjo Club
Numéro de

Pays Drapeau du Japon Japon
Langue Japonais
Périodicité Mensuelle
Genre Presse féminine
Fondateur Seiji Noma
Date de fondation 1923
Date du dernier numéro 1962
Éditeur Kōdansha

Shōjo Club (少女クラブ, shōjo kurabu?) est un magazine shōjo généraliste, c'est à dire de la presse féminine japonaise dédiée à un public d'adolescentes. Édité par Kōdansha de 1923 à 1962, il propose des articles, nouvelles, illustrations, poèmes et mangas. Kōdansha le remplace en 1963 par le Shōjo Friend.


Ligne éditoriale

Page d'un magazine, montrant en haut de page la photographie d'une jeune femme qui dessine, et en bas de page un texte rédigé en japonais.
Article publié dans le numéro d' pour célébrer le début de carrière de Machiko Hasegawa comme mangaka.

Shōjo Club est un magazine féminin généraliste, qui cible spécifiquement un public d'adolescentes, les shōjo. Il propose à ses lectrices des articles éducationnels, de l'actualité, de la littérature (nouvelles, poésie…), des illustrations et des mangas[1]. Contrairement aux autres magazines contemporains pour shōjo, le Shōjo Club ne laisse que très peu de place aux contributions des lectrices[2].

Suivant un agenda conservateur, le magazine porte une attention particulière à son contenu éducationnel, notamment l'éducation morale[3], avec des slogans tels que « Un manuel scolaire dans la main gauche, Shōjo Club dans la main droite »[4]. L'objectif est ainsi de former des citoyennes compétentes à partir des valeurs japonaises du présent et du passé[5].

En outre, le magazine évite autant que possible les sujets sociaux ou de critiquer le gouvernement, quel qu'il soit, et au contraire s'aligne avec enthousiasme à sa ligne politique[6], ce qui résulte en trois périodes bien distinctes concernant la teneur de son contenu.

Histoire

Avant-guerre, 1923-37

Peinture représentant une jeune fille en Kimono, habillée par sa mère.
Frontispice pour Haha no ai (母の愛?) peint par Yamakawa Shūhō, publiée dans le numéro de .

Les premiers magazines féminins dédiés à un public adolescent apparaissent au début du XXe siècle dans le cadre d'une augmentation de la popularité de la presse au Japon et de la fragmentation du marché qui s'ensuit[3]. C'est dans ce contexte que la société Kōdansha lance en 1923 le mensuel Shōjo Club (少女倶楽部, shōjo kurabu?), aux côtés d'autres magazines comme par exemple le Kōdan Club (1911) ou le Shōnen Club (1914)[7],[8].

Le magazine adopte une ligne éditoriale conservatrice marquée par l'idéologie de la bonne épouse, sage mère ; les articles du magazine sont principalement de nature éducationnelle[3] et alignés sur le cursus scolaire des jeunes filles[9]. Outre les articles, le magazine publie de la littérature comme les nouvelles esu de Nobuko Yoshiya[10], des illustrations comme celles de Kashō Takabatake[8] ou encore des mangas comme ceux de Suihō Tagawa[11].

Sa ligne éditoriale conservatrice lui permet d'être populaire auprès des parents des jeunes filles ; avec 67 000 copies vendues en 1923 et 492 000 copies vendues en 1937[12], il est le magazine pour adolescentes qui se vend le plus[3]. Mais si le magazine est populaire auprès des parents, les filles lui préfèrent son principal concurrent, Shōjo no tomo, moins conservateur et qui met en avant les contributions des lectrices, alors que Shōjo Club ne propose que très peu de pages dédiées aux contributions des lectrices[13].

Guerre totale, 1937-45

Avec la guerre sino-japonaise qui débute le puis la guerre du Pacifique qui débute en 1941, le Japon entre en état de guerre totale. Notamment la loi de mobilisation nationale promulguée le somme la presse japonaise de soutenir l'effort de guerre et se trouve de plus en plus assujettie à la censure gouvernementale[14].

Les magazines féminins sont de plus en plus critiqués pour leur « sentimentalité », ainsi la littérature esu est attaquée et les magazines font évoluer leur contenu pour mettre en avant le patriotisme[15]. Avec la guerre s'installe en outre une pénurie de papier qui atteindra son paroxysme en 1945 ; les magazines les moins en phase avec le gouvernement sont forcés de s'arrêter ; en s'alignant ainsi sur le gouvernement, Shōjo Club et son principal concurrent Shōjo no tomo seront publiés tout au long de la guerre[15].

Après-guerre, 1945-62

En 1945, après la défaite du Japon face aux États-Unis, le magazine opère un important changement de ligne éditoriale, où le patriotisme laisse place au pacifisme. Pour accompagner ce changement, la graphie du titre change de Shōjo Club (少女倶楽部?) à Shōjo Club (少女クラブ?), avec des katakana pour marquer l'utilisation de mots étrangers[16]. En outre, le Shōjo Club, comme ses concurrents, abaisse l'âge de son lectorat cible pour passer des collégiennes et lycéennes aux élèves d'école primaire. Les nouvelles esu sophistiquées laissent alors place aux histoires autour de la famille[17].

Au contraire le manga prend de plus en plus de place au sein du magazine, particulièrement après la publication de Princesse Saphir d'Osamu Tezuka entre 1953 et 1956 au sein du Shōjo Club, qui lance commercialement le shōjo manga[18]. Le magazine gagne notamment une mascotte manga en 1957 avec Fuichin-san par Toshiko Ueda[19].

Mais la télévision commence à sérieusement concurrencer les magazines mensuels, et les mangas des librairies de prêt sont beaucoup plus populaires que les mangas de magazines. Ce contexte provoque une hécatombe des magazines mensuels pour la jeunesse, qui sont remplacés par des revues hebdomadaires ; le Shōjo Club s'arrête ainsi en 1962 ; l'année suivante Kōdansha lance l'hebdomadaire Shōjo Friend afin de remplacer le Shōjo Club[20].

Annexes

Bibliographie

Notes et références

  1. (en) Jennifer Prough, « Sampling Girls’ Culture : An Analysis of Shōjo Manga Magazines », dans Introducing Japanese Popular Culture, Routledge, (ISBN 978-1-315-72376-1), p. 280-281.
  2. Shamoon 2012, p. 49-50.
  3. a b c et d Shamoon 2012, p. 48.
  4. Dollase 2019, p. 77.
  5. Bae 2012, p. 130.
  6. (en) John W. Dower, Embracing Defeat : Japan in the Wake of World War II, W. W. Norton & Company, (ISBN 0-393-04686-9), p. 94 ; 175.
  7. Poupée 2013, p. La littérature populaire, un produit bon marché.
  8. a et b Shamoon 2012, p. 64.
  9. Shamoon 2012, p. 50.
  10. Shamoon 2012, p. 78.
  11. Xavier Hébert, « L'esthétique shôjo : de l'illustration au manga », dans Le manga au féminin : Articles, chroniques, entretiens et mangas, Versailles, Éditions H, coll. « Manga 10 000 images » (no 3), (ISBN 978-2-9531781-4-2), p. 10.
  12. (ja) Erika Imada, 「少女」の社会史, Keisōshobō,‎ (ISBN 978-4-326-64878-8).
  13. Shamoon 2012, p. 52.
  14. Dollase 2019, p. xvii.
  15. a et b Shamoon 2012, p. 56.
  16. Poupée 2013, p. Magazines et théâtre ambulant pour enfants.
  17. Shamoon 2012, p. 84.
  18. Poupée 2013, p. Du manga pour enfants au manga pour filles.
  19. Poupée 2013, p. Le temps des -san, -chan et -kun.
  20. Poupée 2013, p. Shojo manga : le monde du manga se féminise.