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{{japonais|'''''Garo'''''|ガロ|}} est un mensuel [[japon]]ais de [[bande dessinée]] fondé par [[Katsuichi Nagai]] en juillet 1964 et disparu en décembre 2002. Spécialisé dans l'underground et les œuvres d'avant-garde, il a joué un rôle déterminant dans l'histoire du [[manga]] d'auteur. Il connut diverses périodes artistiques, des drames gauchistes de [[Sampei Shirato]], à l'art abstrait, le surréalisme, l'[[ero-guro]] ou [[Mouvement punk|Punk]]. [[Yoshiharu Tsuge]] y a lancé la bande dessinée autobiographique japonaise, [[Yoshihiro Tatsumi]] ou [[Shigeru Mizuki]] y ont confirmé leur talent.
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== Histoire ==
== Histoire ==
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=== Fondation ===
=== Fondation ===


Dans les années 1950, le marché de la bande dessinée est partagé entre les périodiques des grands éditeurs ([[Kōdansha]] et [[Shōgakukan]] pour les principaux) et les [[librairie de prêt|librairies de prêt]] qui proposent de nombreux livres et revues plus variées à bas prix<ref>Maréchal (2004), p. 48</ref>. L'éditeur [[Katsuichi Nagai]] travaille alors pour le second marché, pour lequel il publie les ''Carnets des arts martiaux d'un ninja'' (''Sanyō-sha'') de [[Sampei Shirato]]<ref name="mar49">Maréchal (2004), p. 49</ref>. Lorsque les librairies de prêt commencent à décliner, suite à l'arrivée de la télévision et au passage à un rythme hebdomadaire des publications des grands éditeurs, Nagai décide de fonder une revue à la fois pour publier la nouvelle série de Shiratō, {{japonais|''La Vie de Kamui''|カムイ伝|Kamui-den}}, et pour permettre à des auteurs qu'intéressant la possibilité d'être publiés sans contraintes formelles ou temporelles de l'être<ref name="mar49"/>. Nagai crée la société d'édition {{japonais|Seirindō|青林堂}} et ''Garo'', du nom d'un personnage ninja de Shiratō, naît en septembre 1964, avec un premier numéro de 130 pages dont la plupart en noir et blanc<ref name="mar49"/>, tiré à {{formatnum:8000}} exemplaires<ref name="mar50">Maréchal (2004), p. 50</ref>.
Dans les années 1950, le marché de la bande dessinée est partagé entre les périodiques des grands éditeurs ([[Kōdansha]] et [[Shōgakukan]] pour les principaux) et les librairies de prêt qui proposent de nombreux livres et revues plus variées à bas prix<ref>Maréchal (2004), p. 48</ref>. L'éditeur [[Katsuichi Nagai]] travaille alors pour le second marché, pour lequel il publie les ''Carnets des arts martiaux d'un ninja'' (''Sanyō-sha'') de [[Sampei Shirato]]<ref name="mar49">Maréchal (2004), p. 49</ref>. Lorsque les librairies de prêt commencent à décliner, à la suite de l'arrivée de la télévision et du passage à un rythme hebdomadaire des publications des grands éditeurs, Nagai décide de fonder une revue à la fois pour publier la nouvelle série de Shiratō, {{japonais|''La Vie de Kamui''|カムイ伝|Kamui-den}}, et pour permettre à des auteurs qu'intéressant la possibilité d'être publiés sans contraintes formelles ou temporelles de l'être<ref name="mar49"/>.
Nagai crée la société d'édition [[Seirindō]] et ''Garo'', du nom d'un personnage ninja de Shiratō, naît en {{date-|septembre 1964}}, avec un premier numéro de 130 pages dont la plupart en noir et blanc<ref name="mar49" />, tiré à {{formatnum:8000}} exemplaires<ref name="mar50">Maréchal (2004), p. 50</ref>.


=== 1964-1971 : la revue d'avant-garde ===
=== 1964-1971 : la revue d'avant-garde ===


Si dans le premier numéro on ne trouve que Shiratō, [[Shigeru Mizuki]], [[Gōseki Kojima]] et du rédactionnel, la revue prend rapidement de l'ampleur : dès décembre ''La Vie de Kamui'' occupe en moyenne une centaine de pages de la revue ; les histoires courtes de Mizuki, déjà connu pour ''[[Kitaro le repoussant]]'', connaissent un grand succès tandis que [[Yoshiharu Tsuge]], auteur déjà célèbre de ''[[gekiga]]'', en créant la bande dessinée autobiographique<ref>[[Shōhei Kusunoki]], arrivé dès octobre 1964, le rejoint rapidement dans ce genre.</ref>, attire l'attention des intellectuels<ref name="mar49"/>. En septembre 1965, la première femme est publiée, [[Kuniko Tsurita]] : loin du ''[[Shōjo manga]]'' elle s'intéresse à la science-fiction comme aux mœurs japonaises ; en 1966, c'est au tour de [[Susumu Katsumata]], [[Ryōichi Ikegami]] et [[Maki Sasaki]] (précurseur des recherches de l'OuBaPo) de se faire connaître<ref name="mar49"/>. En 1967, [[Yū Takita]] s'attaque à l'actualité, puis l'année suivante à ses souvenirs d'enfance, [[Seiichi Hayashi]], arrivé la même année, marque le public en 1970-1971 avec ''[[Élégie en rouge]]'', en 1968, [[Tadao Tsuge]], frère de Yoshiharu, fait également une entrée remarquée en s'interrogeant sur le sens de la vie après Hiroshima<ref name="mar50"/>.
Si dans le premier numéro on ne trouve que Shiratō, [[Shigeru Mizuki]], [[Gōseki Kojima]] et du rédactionnel, la revue prend rapidement de l'ampleur : dès décembre ''La Vie de Kamui'' occupe en moyenne une centaine de pages de la revue ; les histoires courtes de Mizuki, déjà connu pour ''[[Kitaro le repoussant]]'', connaissent un grand succès tandis que [[Yoshiharu Tsuge]], auteur déjà célèbre de ''[[gekiga]]'', en créant la bande dessinée autobiographique<ref>[[Shōhei Kusunoki]], arrivé dès octobre 1964, le rejoint rapidement dans ce genre.</ref>, attire l'attention des intellectuels<ref name="mar49"/>. En {{date-|septembre 1965}}, la première femme est publiée, [[Kuniko Tsurita]] : loin du ''[[Shōjo manga]]'' elle s'intéresse à la science-fiction comme aux mœurs japonaises. En 1966, c'est au tour de [[Susumu Katsumata]], [[Ryōichi Ikegami]] et [[Maki Sasaki]] (précurseur des recherches de l'OuBaPo) de se faire connaître<ref name="mar49"/>. En 1967, [[Yū Takita]] s'attaque à l'actualité, puis l'année suivante à ses souvenirs d'enfance, [[Seiichi Hayashi]], arrivé la même année, marque le public en 1970 avec ''[[Élégie en rouge]]'', en 1968, [[Tadao Tsuge]], frère de Yoshiharu, fait également une entrée remarquée en s'interrogeant sur le sens de la vie après [[Bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki|Hiroshima]]<ref name="mar50"/>.


Les bandes dessinées publiées dans ''Garo'', bien que variées, d'auteurs confirmés comme débutants, sont donc marquées par un souci de se détacher de la bande dessinée pour enfant et d'aller plus loin que le ''gekiga'' dans l'exploration des possibles de la bande dessinée, via l'engagement politique et l'inspiration littéraire : le succès est rapide, avec un tirage de {{formatnum:80000}} exemplaires dès 1966. Voyant ce succès, les grands éditeurs décident de lancer des mensuels ou bimensuels qui en sont inspirés : ''[[COM (périodique)|COM]]'', d'[[Osamu Tezuka]] (Mushi Pro, janvier 1967), ''[[Manga Action]]'' ([[Futabasha]], 1968), ''[[Big Comic]]'' (Shōgakukan, février 1968)<ref name="mar50"/>.
Les bandes dessinées publiées dans ''Garo'', bien que variées, d'auteurs confirmés comme débutants, sont donc marquées par un souci de se détacher de la bande dessinée pour enfant et d'aller plus loin que le ''gekiga'' dans l'exploration des possibles de la bande dessinée, via l'engagement politique et l'inspiration littéraire. Le succès est rapide, avec un tirage de {{formatnum:80000}} exemplaires dès 1966. Voyant ce succès, les grands éditeurs décident de lancer des mensuels ou bimensuels qui en sont inspirés : ''[[COM (magazine)|COM]]'', d'[[Osamu Tezuka]] ([[Mushi Production]], {{date-|janvier 1967}}), ''[[Manga Action]]'' ([[Futabasha]], 1968), ''[[Big Comic]]'' (Shōgakukan, {{date-|février 1968}})<ref name="mar50"/>.


=== Les années 1970 : une revue au sommet de sa gloire ===
=== Les années 1970 : une revue au sommet de sa gloire ===
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Avec le succès économique, le Japon devient plus conservateur et les rêves de la reconstruction s'éteignent<ref name="mar50"/>. Les histoires de ''Garo'' deviennent plus sombres, derrière celles de [[Shinichi Abe]], [[Ōji Suzuki]] ou [[Masuzō Furukawa]]<ref name="mar51">Maréchal (2004), p. 51</ref>. ''Garo'' continue d'attirer les artistes japonais d'avant-garde : le photographe [[Nobuyoshi Araki]], l'artiste [[Genpei Akasegawa]], l'auteur ''gekiga'' [[Yoshihiro Tatsumi]], l'illustrateur [[Kazuichi Hanawa]] qui se lance alors dans la bande dessinée, le débutant [[Yukio Kawasaki]]<ref name="mar51"/>. Plus tard dans les années 1970 arrivent [[Michio Hisauchi]], [[Suehiro Maruo]], [[Jun Miura]], etc<ref name="mar52">Maréchal (2004), p. 52</ref>.
Avec le succès économique, le Japon devient plus conservateur et les rêves de la reconstruction s'éteignent<ref name="mar50"/>. Les histoires de ''Garo'' deviennent plus sombres, derrière celles de [[Shinichi Abe]], [[Ōji Suzuki]] ou [[Masuzō Furukawa]]<ref name="mar51">Maréchal (2004), p. 51</ref>. ''Garo'' continue d'attirer les artistes japonais d'avant-garde : le photographe [[Nobuyoshi Araki]], l'artiste [[Genpei Akasegawa]], l'auteur ''gekiga'' [[Yoshihiro Tatsumi]], l'illustrateur [[Kazuichi Hanawa]] qui se lance alors dans la bande dessinée, le débutant [[Yukio Kawasaki]]<ref name="mar51"/>. Plus tard dans les années 1970 arrivent [[Michio Hisauchi]], [[Suehiro Maruo]], [[Jun Miura]], etc<ref name="mar52">Maréchal (2004), p. 52</ref>.


[[Shinbō Minami]], assistant-éditeur nommé au début de la décennie, résume « en un terme qui devient rapidement à la mode, « l'intéressantissime », le dynamisme créatif et la diversité d'expressions représentatifs du ''Garo'' de cette période », dans un marché du période de [[manga]] de plus en plus segmenté selon l'âge, la profession ou le sexe du lecteur<ref name="mar51"/>. À la fin des années 1970, les ventes du mensuel ont chuté, mais Seirindō publie également des livres, et l'influence de ''Garo'' a permis à la bande dessinée d'être reconnue comme objet culturel dès cette décennie<ref name="mar51"/>.
[[Shinbō Minami]], assistant-éditeur nommé au début de la décennie, résume « en un terme qui devient rapidement à la mode, « l'intéressantissime », le dynamisme créatif et la diversité d'expressions représentatifs du ''Garo'' de cette période », dans un marché du période de [[manga]] de plus en plus segmenté selon l'âge, la profession ou le sexe du lecteur<ref name="mar51"/>. À la fin des années 1970, les ventes du mensuel ont chuté, mais [[Seirindō]] publie également des livres, et l'influence de ''Garo'' a permis à la bande dessinée d'être reconnue comme objet culturel dès cette décennie<ref name="mar51"/>.


=== 1980-2002 : le long déclin de ''Garo'' ===
=== 1980-2002 : le long déclin de ''Garo'' ===


Cependant, au tournant des années 1980 naissent de nouveaux hebdomadaires ou bimensuels s'adressant aux étudiants : les ''young magazines'', moins originaux mais plus fédérateurs, comme ''[[Big Comic Spirits]]''<ref name="mar51"/>, alors que la bande dessinée expérimentale s'est déplacée vers les fanzines et le ''[[Komiket]]''<ref name="mar52"/>. ''Garo'' découvre encore des auteurs intéressants, comme [[Takashi Nemoto]], [[Murasaki Yamada]], [[Hajime Yamano]], [[Hideyashi Moto]], [[Usamaru Furuya]] (en 1994), [[Kiriko Nananan]] ou [[Q.B.B.]] (deux frères qui remportent le prix de la bande dessinée [[prix Bungeishunjū|Bungeishunjū]] en 1998)<ref name="mar52"/>.
Cependant, au tournant des années 1980 naissent de nouveaux hebdomadaires ou bimensuels s'adressant aux étudiants : les ''young magazines'', moins originaux mais plus fédérateurs, comme ''[[Big Comic Spirits]]''<ref name="mar51"/>, alors que la bande dessinée expérimentale s'est déplacée vers les fanzines et le ''[[Comiket]]''<ref name="mar52"/>. ''Garo'' découvre encore des auteurs intéressants, comme [[Takashi Nemoto]], [[Murasaki Yamada]], [[Hajime Yamano]], [[Hideyashi Moto]], [[Usamaru Furuya]] (en 1994), [[Kiriko Nananan]] ou [[Q.B.B.]] (deux frères qui remportent le prix de la bande dessinée [[prix Bungeishunjū|Bungeishunjū]] en 1998)<ref name="mar52"/>.


Cependant, les ventes ont fortement décliné ({{formatnum:20000}} exemplaires en 1991 contre 1,5 million pour ''Big Comic''), en 1991, Seirindō est revendu à une société de jeux vidéo et publications informatiques et Nagai perd du pouvoir au sein de sa revue, en 1996, le fondateur meurt : en août 1997, la fin du magazine est annoncée<ref name="mar52"/>. Il reparaît 9 mois en 1998 puis de janvier 2000 à juillet 2002 (bimensuellement à partir d'août 2001) mais le magazine n'est déjà plus lui-même : en 1998, ses auteurs d'alors les plus talentueux partent et fondent une nouvelle revue reprenant les principes de Nagai, ''[[AX (périodique)|AX]]'' est né.
Cependant, les ventes déclinent fortement, avec {{formatnum:20000}} exemplaires en 1991 contre 1,5 million pour ''Big Comic''). En 1991, [[Seirindō]] est revendu à une société de jeux vidéo et publications informatiques et Nagai perd du pouvoir au sein de sa revue, avant de décéder en 1996. En {{date-|août 1997}}, la fin du magazine est annoncée<ref name="mar52"/>. Il reparaît neuf mois en 1998 puis de {{date-|janvier 2000}} à {{date-|juillet 2002}} (bimensuellement à partir d'{{date-|août 2001}}) mais le magazine n'est déjà plus lui-même. En 1998, ses auteurs d'alors les plus talentueux partent et fondent une nouvelle revue reprenant les principes de Nagai : ''[[AX (périodique)|AX]]'' est né.


== Influences ==
== Influences ==
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=== Au Japon ===
=== Au Japon ===


''Garo'' n'a jamais été un magazine extrêmement populaire mais son influence sur le manga et la société japonaise a été considérable ; des [[mangaka]] découverts là ont connu le succès ailleurs, des films ont été tirés d'histoires publiées dans le magazine, le design graphique japonais actuel lui doit beaucoup (King Terry, Seiichi Hayashi, Shigeru Tamura). Des articles sur le magazine ont été publiés dans des magazines grand-public non-manga et, en 1994 le musée municipal de la ville de [[Kawasaki (Kanagawa)]] a présenté une exposition de ses dessinateurs. Il fut la plaque tournante du manga d'« art » au Japon, inspirateur de magazines comme ''COM'' (fondé par [[Osamu Tezuka]]) ou ''Comic Baku''.
''Garo'' n'est pas un magazine extrêmement populaire mais son influence sur le manga et la société japonaise est considérable ; des [[mangaka|mangakas]] découverts là connaissent le succès ailleurs, des films sont tirés d'histoires publiées dans le magazine, et le design graphique japonais actuel lui doit beaucoup (King Terry, Seiichi Hayashi, Shigeru Tamura). Des articles sur le magazine sont publiés dans des magazines grand public non-manga et, en 1994, le musée municipal de la ville de [[Kawasaki (Kanagawa)|Kawasaki]] présente une exposition de ses dessinateurs. Il est la plaque tournante du manga d'« art » au Japon, inspirateur de magazines comme ''COM'', fondé par [[Osamu Tezuka]], ou ''Comic Baku''.


=== À l'étranger ===
=== À l'étranger ===


Dans ses premières années, ''Garo'' n'a pas échappé au fort désintérêt pour le Japon des autres pays consommateurs de bande dessinée. ''[[RAW (magazine)|RAW]]'', la revue d'[[Art Spiegelman]] a publié au début des années 1980 quelques auteurs de ''Garo'' et, au début des années 1990, Viz Comics a publié une partie de ''Kamui'' de Sampei Shirato, sous le titre ''The Legend of Kamui''. Blast Books a aussi publié des manga d'avant-garde, avec des bandes issues de ''Garo'', [[The Comics Journal]] a publié ''Screw Style'' de Yoshiharu Tsuge dans son numéro 250.
Dans ses premières années, ''Garo'' n'échappe pas au fort désintérêt pour le Japon des autres pays consommateurs de bande dessinée. ''[[RAW (magazine)|RAW]]'', la revue d'[[Art Spiegelman]], publie au début des années 1980 quelques auteurs de ''Garo'' et, au début des années 1990, Viz Comics publie une partie de ''Kamui'' de Sampei Shirato, sous le titre ''The Legend of Kamui''. Blast Books publie également des mangas d'avant-garde, avec des bandes issues de ''Garo'' et [[The Comics Journal]] publie ''Screw Style'' de Yoshiharu Tsuge dans son numéro 250.

En [[France]], il faut attendre l'émergence d'un intérêt pour le manga d'auteur, après la publication en 2002 de ''[[Quartier lointain]]'' de [[Jirō Taniguchi]], pour que soit consacré un article à ''Garo'' dans une revue spécialisée (''[[Neuvième Art]]'', en 2004) puis pour que des auteurs de ''Garo'' soit publiés, à partir de 2006, comme [[Shigeru Mizuki]] chez [[Cornélius (éditeur)|Cornélius]] ou [[Shin'ichi Abe]] et [[Oji Suzuki]] aux [[éditions du Seuil]]. Le prix du meilleur album du [[Festival d'Angoulême 2007]] est décerné à Mizuki pour ''[[NonNonBâ]]''.


En 2014, la [[friche Belle de Mai|Friche la Belle de Mai]] à [[Marseille]] accueille une exposition collective consacrée à la scène graphique alternative au Japon, « MANGARO », qui s'appuie sur les archives de la revue<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Mangaro : le manga alternatif et undergroud s'affiche à la Belle de Mai |url=https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/peinture/mangaro-le-manga-alternatif-et-undergroud-s-affiche-a-la-belle-de-mai_3292279.html |site=Franceinfo |date=2015-02-26 |consulté le=2024-03-09}}</ref>. Les œuvres des artistes originaux de ''Garo'' sont associées aux productions de leurs héritiers, publiés chez [[Seirin Kōgeisha]] ou dans les revues ''AX'' et ''mograg''<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Mangaro Heta-Uma – Le dernier cri |url=https://www.lederniercri.org/exhibitions/mangaro-heta-uma/ |consulté le=2024-03-09}}</ref>.
En France, il a fallu attendre l'émergence d'un intérêt pour le manga d'auteur, après la publication en 2002 de ''[[Quartier lointain]]'' de [[Jirō Taniguchi]], pour que soit consacré un article à ''Garo'' dans une revue spécialisée (''[[Neuvième Art]]'', en 2004) puis pour que des auteurs de ''Garo'' soit publiés, comme à partir de 2006 [[Shigeru Mizuki]] chez [[Cornélius (éditeur)|Cornélius]] ou [[Shin'ichi Abe]] et [[Oji Suzuki]] aux [[éditions du Seuil]]. Le prix du meilleur album du [[Festival d'Angoulême 2007]] a été décerné à Mizuki pour ''[[NonNonBâ]]''


== Mangakas ayant travaillé à ''Garo'' ==
== Mangakas ayant travaillé à ''Garo'' ==
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* [[Shin'ichi Abe]]
* [[Shin'ichi Abe]]
* [[Suzy Amakane]]
* [[Suzy Amakane]]
* [[Yoshikazu Ebisu]]
* {{lien|Yoshikazu Ebisu}}
* [[Kazuichi Hanawa]]
* [[Kazuichi Hanawa]]
* [[Seiichi Hayashi]]
* [[Seiichi Hayashi]]
* [[Masumura Hiroshi]]
* [[Hiroshi Masumura]]
* [[Ryōichi Ikegami]]
* [[Ryōichi Ikegami]]
* [[Takashi Ishii]]
* [[Takashi Ishii (réalisateur)|Takashi Ishii]]
* [[Susumu Katsumata]]
* [[Susumu Katsumata]]
* [[Suehiro Maruo]]
* [[Suehiro Maruo]]
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* [[Shigeru Tamura (illustrateur)|Shigeru Tamura]]
* [[Shigeru Tamura (illustrateur)|Shigeru Tamura]]
* [[Yoshihiro Tatsumi]]
* [[Yoshihiro Tatsumi]]
* {{lien|Tadao Tsuge}}
* [[King Terry]]
* [[Tadao Tsuge]]
* [[Yoshiharu Tsuge]]
* [[Yoshiharu Tsuge]]
* [[Kuniko Tsurita]]
* [[Shungicu Uchida]]
* [[Shungicu Uchida]]
* [[Muddy Wehara]]
* [[Muddy Wehara]]
* {{lien|Teruhiko Yumura}} (King Terry)
}}
}}


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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===


* Paul Gravett, ''Manga - Soixante Ans de bande dessinée japonaise'', Le Rocher, coll. « Beau Livres », 2005 {{ISBN|9782268055503}}
* [[Paul Gravett]], ''Manga - Soixante Ans de bande dessinée japonaise'', Le Rocher, coll. « Beau Livres », 2005 {{ISBN|9782268055503}}
* {{plume}} Béatrice Maréchal, « Garo'', magazine rebelle », dans ''[[9e Art|{{9e}} Art]]'' {{numéro}}10, [[Centre national de la bande dessinée et de l'image]], avril 2004, {{p.|48-53}} {{lire en ligne|lien=http://neuviemeart.citebd.org/spip.php?article239}}
* {{plume}} Béatrice Maréchal, « Garo'', magazine rebelle », dans ''[[9e Art|{{9e}} Art]]'' {{numéro}}10, [[Centre national de la bande dessinée et de l'image]], {{date-|avril 2004}}, {{p.|48-53}} {{lire en ligne|lien=http://neuviemeart.citebd.org/spip.php?article239}}
* {{en}} Kevin Quigley (dir.), Introduction à ''Comics Underground Japan'' {{ISBN|0-922233-16-0}}
* {{en}} Kevin Quigley (dir.), Introduction à ''Comics Underground Japan'' {{ISBN|0-922233-16-0}}
* {{Article|langue=fr|titre=« Garo », le magazine avant-gardiste qui a révolutionné le manga|périodique=[[Le Monde]]|date=2022-06-18|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/06/18/garo-le-magazine-avant-gardiste-qui-a-revolutionne-le-manga_6130932_4408996.html}}
* Claude Leblanc, ''La révolution Garo. 1945-2002'', [[Éditions IMHO]], 2023


=== Liens externes===
=== Liens externes ===


* {{Site officiel|ja|http://www.garo.co.jp/}}
* {{Site officiel|ja|http://www.garo.co.jp/}}
* [http://www.arte.tv/fr/art-musique/mangarte/Planete-Manga/Interviews-mangaka---dessinateurs/1159164.html Interview de Noriko Tetsuka, éditrice de ''AX'' et ancienne de ''Garo''], sur Mang'Arte, 2006
* [http://www.arte.tv/fr/art-musique/mangarte/Planete-Manga/Interviews-mangaka---dessinateurs/1159164.html Interview de Noriko Tetsuka, éditrice de ''AX'' et ancienne de ''Garo''], sur Mang'Arte, 2006
* [https://www.youtube.com/live/6DtopXsEPMs?si=gj18abiXNzy8favU Conférence de Claude Leblanc] à la [[Maison de la culture du Japon à Paris]], 2022


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Dernière version du 5 avril 2024 à 20:06

Garo
Image illustrative de l'article Garo (magazine)
Logo du magazine Garo.
ガロ
Mensuel japonais
Éditeur Drapeau du Japon Seirindō
Publié depuis
Jusqu’à

Garo (ガロ?) est un mensuel japonais de bande dessinée fondé par Katsuichi Nagai en et disparu en . Spécialisé dans l'underground et les œuvres d'avant-garde, il joue un rôle déterminant dans l'histoire du manga d'auteur. Il connaît diverses périodes artistiques, des drames gauchistes de Sampei Shirato, à l'art abstrait, le surréalisme, l'ero-guro ou le punk.

Histoire[modifier | modifier le code]

Fondation[modifier | modifier le code]

Dans les années 1950, le marché de la bande dessinée est partagé entre les périodiques des grands éditeurs (Kōdansha et Shōgakukan pour les principaux) et les librairies de prêt qui proposent de nombreux livres et revues plus variées à bas prix[1]. L'éditeur Katsuichi Nagai travaille alors pour le second marché, pour lequel il publie les Carnets des arts martiaux d'un ninja (Sanyō-sha) de Sampei Shirato[2]. Lorsque les librairies de prêt commencent à décliner, à la suite de l'arrivée de la télévision et du passage à un rythme hebdomadaire des publications des grands éditeurs, Nagai décide de fonder une revue à la fois pour publier la nouvelle série de Shiratō, La Vie de Kamui (カムイ伝, Kamui-den?), et pour permettre à des auteurs qu'intéressant la possibilité d'être publiés sans contraintes formelles ou temporelles de l'être[2].

Nagai crée la société d'édition Seirindō et Garo, du nom d'un personnage ninja de Shiratō, naît en , avec un premier numéro de 130 pages dont la plupart en noir et blanc[2], tiré à 8 000 exemplaires[3].

1964-1971 : la revue d'avant-garde[modifier | modifier le code]

Si dans le premier numéro on ne trouve que Shiratō, Shigeru Mizuki, Gōseki Kojima et du rédactionnel, la revue prend rapidement de l'ampleur : dès décembre La Vie de Kamui occupe en moyenne une centaine de pages de la revue ; les histoires courtes de Mizuki, déjà connu pour Kitaro le repoussant, connaissent un grand succès tandis que Yoshiharu Tsuge, auteur déjà célèbre de gekiga, en créant la bande dessinée autobiographique[4], attire l'attention des intellectuels[2]. En , la première femme est publiée, Kuniko Tsurita : loin du Shōjo manga elle s'intéresse à la science-fiction comme aux mœurs japonaises. En 1966, c'est au tour de Susumu Katsumata, Ryōichi Ikegami et Maki Sasaki (précurseur des recherches de l'OuBaPo) de se faire connaître[2]. En 1967, Yū Takita s'attaque à l'actualité, puis l'année suivante à ses souvenirs d'enfance, Seiichi Hayashi, arrivé la même année, marque le public en 1970 avec Élégie en rouge, en 1968, Tadao Tsuge, frère de Yoshiharu, fait également une entrée remarquée en s'interrogeant sur le sens de la vie après Hiroshima[3].

Les bandes dessinées publiées dans Garo, bien que variées, d'auteurs confirmés comme débutants, sont donc marquées par un souci de se détacher de la bande dessinée pour enfant et d'aller plus loin que le gekiga dans l'exploration des possibles de la bande dessinée, via l'engagement politique et l'inspiration littéraire. Le succès est rapide, avec un tirage de 80 000 exemplaires dès 1966. Voyant ce succès, les grands éditeurs décident de lancer des mensuels ou bimensuels qui en sont inspirés : COM, d'Osamu Tezuka (Mushi Production, ), Manga Action (Futabasha, 1968), Big Comic (Shōgakukan, )[3].

Les années 1970 : une revue au sommet de sa gloire[modifier | modifier le code]

Avec le succès économique, le Japon devient plus conservateur et les rêves de la reconstruction s'éteignent[3]. Les histoires de Garo deviennent plus sombres, derrière celles de Shinichi Abe, Ōji Suzuki ou Masuzō Furukawa[5]. Garo continue d'attirer les artistes japonais d'avant-garde : le photographe Nobuyoshi Araki, l'artiste Genpei Akasegawa, l'auteur gekiga Yoshihiro Tatsumi, l'illustrateur Kazuichi Hanawa qui se lance alors dans la bande dessinée, le débutant Yukio Kawasaki[5]. Plus tard dans les années 1970 arrivent Michio Hisauchi, Suehiro Maruo, Jun Miura, etc[6].

Shinbō Minami, assistant-éditeur nommé au début de la décennie, résume « en un terme qui devient rapidement à la mode, « l'intéressantissime », le dynamisme créatif et la diversité d'expressions représentatifs du Garo de cette période », dans un marché du période de manga de plus en plus segmenté selon l'âge, la profession ou le sexe du lecteur[5]. À la fin des années 1970, les ventes du mensuel ont chuté, mais Seirindō publie également des livres, et l'influence de Garo a permis à la bande dessinée d'être reconnue comme objet culturel dès cette décennie[5].

1980-2002 : le long déclin de Garo[modifier | modifier le code]

Cependant, au tournant des années 1980 naissent de nouveaux hebdomadaires ou bimensuels s'adressant aux étudiants : les young magazines, moins originaux mais plus fédérateurs, comme Big Comic Spirits[5], alors que la bande dessinée expérimentale s'est déplacée vers les fanzines et le Comiket[6]. Garo découvre encore des auteurs intéressants, comme Takashi Nemoto, Murasaki Yamada, Hajime Yamano, Hideyashi Moto, Usamaru Furuya (en 1994), Kiriko Nananan ou Q.B.B. (deux frères qui remportent le prix de la bande dessinée Bungeishunjū en 1998)[6].

Cependant, les ventes déclinent fortement, avec 20 000 exemplaires en 1991 contre 1,5 million pour Big Comic). En 1991, Seirindō est revendu à une société de jeux vidéo et publications informatiques et Nagai perd du pouvoir au sein de sa revue, avant de décéder en 1996. En , la fin du magazine est annoncée[6]. Il reparaît neuf mois en 1998 puis de à (bimensuellement à partir d') mais le magazine n'est déjà plus lui-même. En 1998, ses auteurs d'alors les plus talentueux partent et fondent une nouvelle revue reprenant les principes de Nagai : AX est né.

Influences[modifier | modifier le code]

Au Japon[modifier | modifier le code]

Garo n'est pas un magazine extrêmement populaire mais son influence sur le manga et la société japonaise est considérable ; des mangakas découverts là connaissent le succès ailleurs, des films sont tirés d'histoires publiées dans le magazine, et le design graphique japonais actuel lui doit beaucoup (King Terry, Seiichi Hayashi, Shigeru Tamura). Des articles sur le magazine sont publiés dans des magazines grand public non-manga et, en 1994, le musée municipal de la ville de Kawasaki présente une exposition de ses dessinateurs. Il est la plaque tournante du manga d'« art » au Japon, inspirateur de magazines comme COM, fondé par Osamu Tezuka, ou Comic Baku.

À l'étranger[modifier | modifier le code]

Dans ses premières années, Garo n'échappe pas au fort désintérêt pour le Japon des autres pays consommateurs de bande dessinée. RAW, la revue d'Art Spiegelman, publie au début des années 1980 quelques auteurs de Garo et, au début des années 1990, Viz Comics publie une partie de Kamui de Sampei Shirato, sous le titre The Legend of Kamui. Blast Books publie également des mangas d'avant-garde, avec des bandes issues de Garo et The Comics Journal publie Screw Style de Yoshiharu Tsuge dans son numéro 250.

En France, il faut attendre l'émergence d'un intérêt pour le manga d'auteur, après la publication en 2002 de Quartier lointain de Jirō Taniguchi, pour que soit consacré un article à Garo dans une revue spécialisée (Neuvième Art, en 2004) puis pour que des auteurs de Garo soit publiés, à partir de 2006, comme Shigeru Mizuki chez Cornélius ou Shin'ichi Abe et Oji Suzuki aux éditions du Seuil. Le prix du meilleur album du Festival d'Angoulême 2007 est décerné à Mizuki pour NonNonBâ.

En 2014, la Friche la Belle de Mai à Marseille accueille une exposition collective consacrée à la scène graphique alternative au Japon, « MANGARO », qui s'appuie sur les archives de la revue[7]. Les œuvres des artistes originaux de Garo sont associées aux productions de leurs héritiers, publiés chez Seirin Kōgeisha ou dans les revues AX et mograg[8].

Mangakas ayant travaillé à Garo[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Maréchal (2004), p. 48
  2. a b c d et e Maréchal (2004), p. 49
  3. a b c et d Maréchal (2004), p. 50
  4. Shōhei Kusunoki, arrivé dès octobre 1964, le rejoint rapidement dans ce genre.
  5. a b c d et e Maréchal (2004), p. 51
  6. a b c et d Maréchal (2004), p. 52
  7. « Mangaro : le manga alternatif et undergroud s'affiche à la Belle de Mai », sur Franceinfo, (consulté le )
  8. « Mangaro Heta-Uma – Le dernier cri » (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]