Baouit

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Monastère de Baouit
Image illustrative de l’article Baouit
Panneau du Christ et de l'abbé Ména (VIe – VIIe siècle après J.-C.). Monastère de Baouit.
Localisation
Pays Drapeau de l'Égypte Égypte
Coordonnées 27° 33′ 00″ nord, 30° 43′ 09″ est
Géolocalisation sur la carte : Égypte
(Voir situation sur carte : Égypte)
Monastère de Baouit
Monastère de Baouit
Histoire
Époque VIe-Xe siècle

Baouit (arabe : باويط, « bāwīṭ ») est un site archéologique qui couvre une surface de 40 ha, situé sur la rive gauche du Nil, à 80 km au nord d’Assiout, et à 2 km du village de Dashlout. Il abrite une nécropole et les ruines du monastère fondé par Saint Apollo à la fin du IVe siècle. Les fouilles sur ce relativement bien conservé (à partir de 1901 et toujours en cours) permettent d’étudier les différents aspects d’un complexe monastique de Moyenne-Égypte.

Les découvertes importantes faites sur ce site sont essentiellement exposées au musée du Louvre et au musée copte du Caire. L'une des plus célèbres est l'icône du Christ et de l'abbé Ména (Louvre).

Monastère de Baouit[modifier | modifier le code]

Un motif décoratif du monastère, datant du VIe-VIIe siècle. Fondation Martin Bodmer, Genève.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le monastère de Baouit est un monastère copte égyptien, fondé vers 385/390[Note 1] par l'apa (« abba », « anba », père, c'est-à-dire « abbé ») Apollo (Apollonius, puis Apollon — mort en 395)[1], auquel on doit aussi une règle concise rédigée pour ses moines. Encore de son vivant, la communauté était conséquente et très bien organisée[1]. L'auteur du De Vitis Patrum nous apprend que la messe et la communion étaient quotidiennes et que l’office était chanté en commun.

Les VIe et VIIe siècles constituent une période de prospérité (probablement son apogée) pour ce double monastère qui accueillait sans doute également une communauté de femmes, sous le patronage, peut-être, d'une Rachel, dont on trouve une représentation accompagnée de la mention « Rachel, la Mère du couvent »[1]. À un moment donné, ce vaste monastère comprenait plusieurs monastères plus petits avec des chapelles individuelles[2].

Après la conquête musulmane de l'Égypte, le monastère dépérit du fait des taxes qui lui sont imposées, et il est abandonné définitivement au cours du XIIe siècle[1].

Structure du monastère[modifier | modifier le code]

Le monastère était entouré d'un mur d'enceinte, destiné à séparer les moines du monde. Les bâtiments monastiques sont construits en briques crues, la pierre (souvent appareillée) ou la brique cuite étant réservées en général aux églises, selon une tradition qui remonte à l'Ancien Empire (ou l'on distinguait ainsi les bâtiments pour les vivants des bâtiments pour les dieux et les morts)[3].

Les cellules des moines étaient couvertes d'une coupole ou d'une voûte en berceau, et elles pouvaient être surmontée par un étage ou une terrasse, comme semblent l'indiquer des restes d'escalier. Leur murs couverts d'un enduit blanc étaient souvent décorées de scènes peintes, avec des inscriptions ainsi que des graffiti. Certaines d'entre elles comportaient une niche, souvent richement décorée[Note 2], et il se peut qu'elles aient servi de salles de prière[4].

Au centre du complexe monastique se trouvaient deux églises, orientées vers l'est, de plan basilical (comme toutes les églises coptes)[4].

Fouilles[modifier | modifier le code]

Des recherches archéologiques françaises sont menées au tout début du XXe siècle. Au début de 1901, une prospection du site et des alentours est effectuée par Jean Clédat, pensionnaire à l'Institut français d'archéologie orientale. À la fin de la même année, commence une fouille officielle et c’est dans les premiers mois de 1902 que, aidé par Émile Chassinat et Charles Palanque, Clédat copie les scènes peintes découverte dans les ermitages (qu’il nomme « chapelles ») révélant au monde scientifique un art copte, tandis que ses collègues mettent au jour deux églises, appelées « églises sud et nord », dont les éléments sculptés en pierre et en bois offrent au futur musée copte du Caire et au Louvre leurs plus belles pièces.

Jean Maspero reprend les fouilles en 1913, découvrant une salle commune et relevant un grand nombre d’inscriptions. En 1976, puis 1984 et 1985, l’Organisation des Antiquités égyptiennes reprend les fouilles et complète les collections du musée copte. Depuis, les fouilles se poursuivent, menées par différents organismes.

Des recherches archéologiques françaises sont menées au tout début du XXe siècle ; elles sont à l'origine de la collection de la « salle Baouit » au Musée du Louvre. On l'a vu, deux églises ont été découvertes alors dans le complexe monastique, appelées simplement aujourd'hui « église nord » et « église sud », reconstituée en partie par les archéologues. En 1976, des fouilles privées mirent au jour de beaux vestiges, installés au Musée copte du Caire (fresques, en particulier).

Depuis 2004, la fouille est menée conjointement par l'IFAO (Institut français d'archéologie orientale) et le Musée du Louvre à raison d'une campagne annuelle d'environ cinq semaines (les travaux sont toujours en cours en 2024[5]). La fouille est poursuivie dans la salle 7 (petite salle d'environ 5 × 9 mètres présentant un important ensemble de peintures murales) et dans un édifice présentant plutôt les caractéristiques d'une basilique.

Plusieurs objets découverts à Baouit sont exposés au Musée copte du Caire et au Louvre[2].

Galerie[modifier | modifier le code]

Œuvres d'art se trouvant sur le site de Baouit ou en provenant. La peinture polychrome de la niche-oratoire ci-dessous tout à gauche, est une des pièces les plus célèbres du site[2].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Selon Otto F.A. Meinardus, la fondation remonte au Ve ou VIe siècle. (Two Thousand Years of Coptic Christianity, Cairo, The American University in Cairo Press, 2000, viii - 344 p. (ISBN 978-9-774-24511-4) p. 221.
  2. Voir la galerie d'images.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Rutschowscaya 1998, p. 12
  2. a b et c (en) Otto F.A. Meinardus, Two Thousand Years of Coptic Christianity, Cairo, The American University in Cairo Press, , viii - 344 p. (ISBN 978-9-774-24511-4), p. 221
  3. Rutschowscaya 1998, p. 13
  4. a et b Rutschowscaya 1998, p. 14
  5. « Fouilles du monastère de Baouît – Moyenne Égypte », sur ifao.egnet.net (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Vulgarisation[modifier | modifier le code]

  • Dominique Bénazeth, Baouit: une église copte au Louvre, Paris, Louvre éditions - Réunion des musées nationaux, coll. « Solo » (no 18), , 64 p. (ISBN 2-711-84450-1)
  • Marie-Hélène Rutschowscaya (préf. de Pierre Rosenberg), Le Christ et l'abbé Ména, Paris, Louvre éditions - Réunion des musées nationaux, coll. « Solo » (no 11), , 56 p. (ISBN 978-2-711-83750-2), p. 9-22. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Marie-Hélène Rutschowscaya (dir.), L'Art copte en Égypte. 2000 ans de christianisme, Paris, Gallimard - Institut du monde arabe, , 256 p. (ISBN 978-2-843-06061-8)
    Édité à l'occasion de l'exposition « L'art copte en Égypte, 2000 ans de christianisme », présentée à l'Institut du Monde arabe, 16 mai au 3 septembre 2000
  • Jean-Luc Bovot, André Del (art. scient. mais avec plusieurs images de reconstitution de l'église nord), « La modélisation de l’église copte de Baouit (Egypte):exemple d’une démarche commune entre archéologues et architectes », dans Robert Vergnieux, Virtual Retrospect 2007, Pessac, (ISBN 978-2-356-13007-5, lire en ligne)

Publications scientifiques[modifier | modifier le code]

  • Jean Clédat, « Notes archéologiques et philologiques », BIFAO, no 1,‎ , p. 87-91 (lire en ligne)
  • Jean Clédat, « Recherches sur le Kôm de Baouît », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 46ᵉ année no 5,‎ , p. 525-546 (DOI https://doi.org/10.3406/crai.1902.17296, lire en ligne)
  • Jean Clédat, Le Monastère et la nécropole de Baouît, Le Caire, Imprimerie de l'Institut Français d'Archéologie Orientale, coll. « Mémoires de l'Institut Français d'Archéologie Orientale du Caire » (no XII), , 214 p. (lire en ligne)
  • Jean Clédat, « Nouvelles recherches à Baouît (Haute-Égypte). Campagnes 1903-1904 », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 48ᵉ année no 5,‎ , p. 517-526 (DOI https://doi.org/10.3406/crai.1904.19935, lire en ligne)
  • Charles Palanque, « Rapport sur les recherches effectuées à Baouît en 1903 », Bulletin de l'Institut Français d'Archéologie Orientale, Imprimerie de l'IFAO, no 5,‎ , p. 1-21 (lire en ligne)
  • Emile Chassinat, Les fouilles de Baouît, t. 1, Le Caire, Imprimerie de l'Institut Français d'Archéologie Orientale, coll. « Mémoires de l'Institut Français d'Archéologie Orientale du Caire » (no XIII), , 224 p. (lire en ligne)
  • Jean Maspero, « Rapport de M. Jean Maspero sur les fouilles entreprises à Bâouit », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,‎ , p. 287-301 (DOI https://doi.org/10.3406/crai.1913.73222, lire en ligne)
  • Jean Clédat, Le monastère et la nécropole de Baouit saison de fouilles avril-mai 1903, Le Caire, Impr. de l'Institut français d'archéologie orientale, coll. « Mémoires de l'Institut Français d'Archéologie Orientale » (no 39), , 67 p. (lire en ligne)
  • Gustave Schlumberger, « Les fouilles de Jean Maspero à Baouît en 1913 », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 63ᵉ année no 3,‎ , p. 243-248 (DOI https://doi.org/10.3406/crai.1919.74152, lire en ligne)
  • Jean Maspero, « Fouilles exécutées à Baouît, (notes mises en ordre et éditées par Étienne Drioton) - fascicule 1 (texte) », Mémoires de l'Institut Français d'Archéologie Orientale, Imprimerie de l'IFAO, no LIX-1,‎ 1931 et 1943, p. 4-184 (lire en ligne)
  • Jean Maspero, « Fouilles exécutées à Baouît, (notes mises en ordre et éditées par Étienne Drioton) - fascicule 2 (illustrations) », Mémoires de l'Institut Français d'Archéologie Orientale, no LIX-2,‎ 1931 et 1943 (lire en ligne)
  • Marie-Hélène Rutschowscaya, « Le monastère de Baouît. État des publications », dans Cäcilia Fluck (Hrsg.), Divitiae Aegypti : Koptologische und verwandte Studien zu Ehren von Martin Krause, Wiesbaden, Reichert, , XXII, 348 p. (ISBN 978-3-882-26835-5), p. 279-288
  • Dominique Bénazeth, Marie-Hélène Rutschowscaya (Ed.), Le monastère et la nécropole de Baouît, de Jean Clédat, Le Caire, Institut français d'archéologie orientale, coll. « MIFAO » (no 111), , iv, 477 p. (ISBN 978-2-724-70221-7)
  • (fr + en) Dominique Bénazeth, Thomasz Herbich, « Le kôm de Baouît : étapes d’une cartographie », BIFAO, no 108,‎ , p. 165-204 (lire en ligne)

Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]