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[[Fichier:Akihabara picture.jpg|vignette|Le quartier d'[[Akihabara]], lieu de rencontre populaire pour les otakus.]]
'''''Otaku''''' ({{Langue|ja|おたく}} en [[hiragana]], {{Langue|ja|オタク}} en [[katakana]], et dérivé du mot {{Langue|ja|[[wikt:お宅|お宅]]}} formé du [[kanji]] {{Langue|ja|[[wikt:宅|宅]]}}) est un terme (souvent utilisé à des fins péjoratives) désignant une personne qui consacre une grande partie de son temps à une activité d'intérieur (les ''otaku'' sont aussi désignés comme des personnes sans vie, ce qui n'est pas nécessairement le cas), comme les [[manga]], les [[anime]] ou les [[films d'animation]], la cuisine, le dessin, ou encore les [[Jeu vidéo|jeux vidéo]] (les {{lang|en|''otome game''}}<ref>Un {{lang|en|''otome game''}} (genre très répandu au Japon) est un jeu vidéo alliant {{lang|en|''visual novel''}} et jeu de {{lang|en|''dating simulation''}}. Un {{lang|en|''otome game''}} accueille généralement un public féminin, avec une héroïne. Le but d'un {{lang|en|''otome game''}} est de faire en sorte que l'un des nombreux personnages masculins du jeu tombe amoureux de vous.</ref> par exemple). Le terme japonais est composé de la préposition honorifique {{japonais|« ''o'' »|お}} et du substantif {{japonais|« ''taku'' »|宅}} signifiant « maison », « demeure », le « chez-soi ».
'''''Otaku''''' ({{Langue|ja|おたく}} en [[hiragana]], {{Langue|ja|オタク}} en [[katakana]], et dérivé du mot {{Langue|ja|[[wikt:お宅|お宅]]}} formé du [[kanji]] {{Langue|ja|[[wikt:宅|宅]]}}) est un terme [[japonais]] (souvent utilisé à des fins péjoratives) désignant une personne qui consacre une grande partie de son temps à une activité d'intérieur. Il a donné comme dérivé « ''{{Langue|ja-Latn|[[jeu vidéo otome|otome game]]}}'' » (jeu vidéo ''{{Langue|ja-Latn|otome}}''). ''Otaku'' est composé de la préposition honorifique {{japonais|« ''o'' »|お}} et du substantif {{japonais|''taku''|宅}} signifiant « maison », « demeure », le « chez-soi ».


== Description ==
== Description ==
À l'origine, cette expression n'avait pas le sens que l'on peut lui donner aujourd'hui : ''{{lang|ja-Latn|otaku}}'', en japonais, c'est « votre maison » et donc, par extension, une façon polie de vouvoyer son interlocuteur. Il semblerait que cette tournure ait été très prisée parmi les amateurs d'animation et de manga et, par extension, que le sens du terme ait évolué pour désigner aujourd'hui toute personne se consacrant à un hobby, le plus souvent fait en intérieur {{incise|le terme a, par la suite, acquis une connotation péjorative|stop}}. Il désigne aujourd'hui (du moins au Japon) une personne simplement fanatique de culture japonaise actuelle, notamment dans les domaines du manga, de l'animation et des jeux vidéo, qui se replie sur elle-même et ne vit plus que pour une passion : poupée, [[culte]] d'une « idole », [[ordinateur]] (''{{lang|en|[[nerd]]}}''), [[jeu vidéo]], jeux en ligne{{etc.}}
À l'origine, cette expression n'avait pas le sens que l'on peut lui donner aujourd'hui : ''{{lang|ja-Latn|otaku}}'', en japonais, c'est « votre maison » et donc, par extension, une façon polie de vouvoyer son interlocuteur. Il semblerait que cette tournure ait été très prisée parmi les amateurs d'animation et de [[manga]] et, par extension, que le sens du terme ait évolué pour désigner aujourd'hui toute personne se consacrant à un passe-temps, le plus souvent fait en intérieur {{incise|le terme a, par la suite, acquis une connotation méliorative|stop}}. Il désigne aujourd'hui (du moins au [[Japon]]) une personne simplement fanatique de [[culture japonaise]] contemporaine, notamment dans les domaines du manga, de l'animation et des jeux vidéo, qui se replie sur elle-même et ne vit plus que pour une passion : poupée, [[culte]] d'une « idole » (chanteur, acteur), [[informatique]], [[jeu vidéo]], etc.


En japonais, la graphie permet de distinguer les deux emplois : {{Langue|ja|お宅}} (''{{lang|ja-Latn|otaku}}''), c'est « chez vous », alors que {{Langue|ja|オタク}} (''{{lang|ja-Latn|otaku}}''), c'est le passionné monomaniaque dont il est question dans cet article. Bon nombre de personnes âgées, au Japon, ne connaissent d'ailleurs que le premier sens. Par ailleurs, dans le sens de monomaniaque, il s'utilise souvent avec un mot le précisant. Par exemple, un fan d’''anime'' sera un ''{{lang|ja-Latn|anime otaku}}'' ou ''{{lang|ja-Latn|aniota}}'', un fan d’''[[Idole japonaise|{{lang|en|idol}}]]'' sera un ''{{lang|ja-Latn|[[wota]]}}'', un ''{{lang|ja-Latn|otaku}}'' malsain sera un ''{{lang|ja-Latn|kimo-ota}}'' (pour ''{{lang|ja-Latn|kimoi otaku}}'', lui-même pour ''{{lang|ja-Latn|kimochi warui otaku}}'').
En [[japonais]], la graphie permet de distinguer les deux emplois : {{Langue|ja|お宅}} (''{{lang|ja-Latn|otaku}}''), c'est « chez vous », alors que {{Langue|ja|オタク}} (''{{lang|ja-Latn|otaku}}''), c'est le passionné monomaniaque dont il est question dans cet article. Bon nombre de personnes âgées, au Japon, ne connaissent d'ailleurs que le premier sens. Par ailleurs, dans le sens de monomaniaque, il s'utilise souvent avec un mot le précisant. Par exemple, un fan d’''anime'' sera un ''{{lang|ja-Latn|anime otaku}}'' ou ''{{lang|ja-Latn|aniota}}'', un fan d’''[[Idole japonaise|{{lang|en|idol}}]]'' sera un ''{{lang|ja-Latn|[[wota]]}}'', un ''{{lang|ja-Latn|otaku}}'' malsain sera un ''{{lang|ja-Latn|kimo-ota}}'' (pour ''{{lang|ja-Latn|kimoi otaku}}'', ''{{lang|ja-Latn|kimoi}}'' signifiant répugnant ou obscène, lui-même pour ''{{lang|ja-Latn|kimochi warui otaku}}'').


Un terme {{quand|plus récent}}<!-- préciser la période d’apparition du terme --> commence à s'imposer pour décrire une personne qui reste cloîtrée chez elle, celui de ''{{lang|ja-Latn|[[hikikomori]]}}''. Ce mot fut popularisé en France par la série ''[[NHK ni yōkoso!|Bienvenue à NHK]]'' qui décrit avec humour et réalisme les différents aspects qui caractérisent ces individus. Mais le terme ''{{lang|ja-Latn|otaku}}'' reste largement usité même s'il a évolué. Au {{s-|XXI|e}}, ce terme décrit toujours un individu obsédé par une passion exclusive qui lui sert de rempart face à une société qu'il refuse, mais sans pour autant être enfermé chez lui et coupé de toute relation sociale comme le serait un ''{{lang|ja-Latn|[[hikikomori]]}}''.
Un terme plus récent<ref>Le terme a été inventé dans les années {{Date-|1980}} (voir http://www.psychomedia.it/pm/pit/cybpat/pierdominici-palma.htm) par {{Lien|langue=en|trad=Tamaki Saitō|Tamaki Saitō}} mais est utilisé fréquemment depuis les années 2000 par le gouvernement japonais (exemple en 2003 : http://www.jpsychopathol.it/wp-content/uploads/2015/07/05Aguglia1.pdf).</ref> commence à s'imposer pour décrire une personne qui reste cloîtrée chez elle, celui de ''{{lang|ja-Latn|[[hikikomori]]}}''. Ce mot fut popularisé en France par la série ''[[NHK ni yōkoso!|Bienvenue à NHK]]'' qui décrit avec humour et réalisme les différents aspects qui caractérisent ces individus. Mais le terme ''{{lang|ja-Latn|otaku}}'' reste largement usité même s'il a évolué. Au {{s-|XXI|e}}, ce terme décrit toujours un individu obsédé par une passion exclusive qui lui sert de rempart face à une société qu'il refuse, mais sans pour autant être enfermé chez lui et coupé de toute relation sociale comme le serait un ''{{lang|ja-Latn|[[hikikomori]]}}''.


En effet, le développement des nouveaux moyens de communication a contribué à développer une véritable communauté ''{{lang|ja-Latn|otaku}}'' qu'il est fréquent de voir se réunir physiquement au sein de clubs ou d'associations, voire organiser des manifestations de promotion de leur passion. Ces groupes sont d'ailleurs devenus de véritables acteurs économiques au poids considérable.
En effet, le développement des nouveaux moyens de communication a contribué à développer une véritable communauté ''{{lang|ja-Latn|otaku}}'' qu'il est fréquent de voir se réunir physiquement au sein de clubs ou d'associations, voire organiser des manifestations de promotion de leur passion. Ces groupes sont d'ailleurs devenus de véritables acteurs économiques au poids considérable.


Au départ, l’''{{lang|ja-Latn|otaku}}'' était considéré par les Japonais comme un inadapté. Depuis la création du [[Studio Gainax]] (''[[Neon Genesis Evangelion]]''…), composé exclusivement d’''{{lang|ja-Latn|otaku}}'', ce point de vue tend à évoluer. Ce studio a d'ailleurs réalisé deux [[Original video animation|OAV]] ayant pour héros des ''{{lang|ja-Latn|otaku}}'' : ''{{lang|ja-Latn|[[Otaku no Video]]}}'', suivi de ''[[Otaku no Video|{{lang|en|More}} {{lang|ja-Latn|Otaku no Video}}]]''. {{quand|Plus récemment}}, ''{{lang|ja-Latn|[[Genshiken]]}}'' ainsi que ''{{lang|en|[[Otaku in Love]]}}'', ''{{lang|ja-Latn|[[Densha otoko]]}}'', ''{{lang|ja-Latn|[[NHK ni yōkoso!]]}}'' et [[Lucky☆Star]] abordaient également le sujet. ''{{lang|en|[[Otaku girls]]}}'' (''{{lang|ja-Latn|KONJOH natsumi}}'') est un nouveau manga sorti qui aborde ce sujet avec humour.
Au départ, l’''{{lang|ja-Latn|otaku}}'' était considéré par les Japonais comme un inadapté. Depuis la création du [[Studio Gainax]] (''[[Neon Genesis Evangelion]]''…), composé exclusivement d’''{{lang|ja-Latn|otaku}}'', ce point de vue tend à évoluer. Ce studio a d'ailleurs réalisé deux [[Original video animation|OAV]] ayant pour héros des ''{{lang|ja-Latn|otaku}}'' : ''{{lang|ja-Latn|[[Otaku no Video]]}}'', suivi de ''[[Otaku no Video|{{lang|en|More}} {{lang|ja-Latn|Otaku no Video}}]]''. Au début des années 2000, ''{{lang|ja-Latn|[[Genshiken]]}}'' ainsi que ''{{lang|en|[[Otakus in Love]]}}'', ''{{lang|ja-Latn|[[Densha otoko]]}}'', ''{{lang|ja-Latn|[[NHK ni yōkoso!]]}}'' et [[Lucky☆Star]] abordaient également le sujet. ''{{lang|en|[[Otaku girls]]}}'' (''{{lang|ja-Latn|KONJOH natsumi}}'') est un nouveau manga sorti qui aborde ce sujet avec humour.


En raison de l'évolution sociale à travers les années de la communauté des passionnés de culture [[Japon|nippone]], la majorité d'entre eux se considèrent désormais comme des {{lang|ja-Latn|otaku}} en définissant ce terme par toute personne passionnée uniquement de japanimation, de mangas ou du Japon sans les connotations d'isolation sociale.
En raison de l'évolution sociale à travers les années de la communauté des passionnés de culture [[Japon|nippone]], la majorité d'entre eux se considèrent désormais comme des {{lang|ja-Latn|otaku}} en définissant ce terme par toute personne passionnée uniquement de japanimation, de mangas ou du Japon sans les connotations d'isolation sociale.
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== Bibliographie et filmographie ==
== Bibliographie et filmographie ==
* ''{{lang|ja-Latn|Otaku}} : fils de l'Empire du virtuel'', documentaire réalisé par [[Jean-Jacques Beineix]] et Jackie Bastide, diffusé en 1994 sur {{nobr|[[France 2]]}}, abordant le thème de ce type de personnalité sociale alors émergente au [[Japon]]. Disponible en DVD sous le titre ''Jean-Jacques Beinex, le cinéma du réel'' édité par {{lang|en|[[Warner Home Video]]}} en 2006. La version présente sur le DVD est une version longue de {{nombre|164|minutes}}, qui présente beaucoup de séquences inédites, coupées au montage à l'époque pour les besoins du format de l'émission ''[[Envoyé Spécial]]'' diffusée sur {{nobr|France 2}}.
* [[Otaku : fils de l'empire du virtuel|''{{lang|ja-Latn|Otaku}} : fils de l'Empire du virtuel'']], documentaire réalisé par [[Jean-Jacques Beineix]] et Jackie Bastide, diffusé en 1994 sur {{nobr|[[France 2]]}}, abordant le thème de ce type de personnalité sociale alors émergente au [[Japon]]. Disponible en DVD sous le titre ''Jean-Jacques Beinex, le cinéma du réel'' édité par {{lang|en|[[Warner Home Video]]}} en 2006. La version présente sur le DVD est une version longue de {{nombre|164|minutes}}, qui présente beaucoup de séquences inédites, coupées au montage à l'époque pour les besoins du format de l'émission ''[[Envoyé Spécial]]'' diffusée sur {{nobr|France 2}}.
* ''{{lang|ja-Latn|Otaku}}, les enfants du virtuel'', d'[[Étienne Barral]], publié en 1999, l'envers et l'enfer des jeux vus à travers les jeunes s'enfermant dans leur monde virtuel à force de jouer<ref name="VIR">{{Article
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{lien web | auteur = Nicolas Olivier | date = 2007 | url = https://www.persee.fr/doc/colan_0336-1500_2007_num_151_1_4638 | site = www.persee.fr | titre = Le phénomène japonais ''otaku'' | consulté le = 4 décembre 2019}}.
* {{lien web |auteur=Nicolas Oliveri |date=2007 |url=https://www.persee.fr/doc/colan_0336-1500_2007_num_151_1_4638 |site=www.persee.fr |titre=Le phénomène japonais ''otaku'' |consulté le=4 décembre 2019}}.
* {{lien web | url = https://dailygeekshow.com/geek-nerd-otaku-signification/ | titre = Geek, ''nerd'', ''otaku''… si vous vous perdez entre ces termes, ce lexique va vous aider à y voir plus clair | site = dailygeekshow.com | consulté le = 4 décembre 2019}}.
* {{lien web | url = https://www.denshift.com/japon/le-geek-et-lotaku | site = www.denshift.com | titre = Le geek et l’''otaku'' | consulté le = 4 décembre 2019}}.
* {{lien web | url = https://www.denshift.com/japon/le-geek-et-lotaku | site = www.denshift.com | titre = Le geek et l’''otaku'' | consulté le = 4 décembre 2019}}.


{{Portail|Japon|animation et bande dessinée asiatiques|jeu vidéo}}
{{Portail|Japon|animation et bande dessinée asiatiques|jeu vidéo|roman vidéoludique}}


[[Catégorie:Phénomène de société au Japon]]
[[Catégorie:Phénomène de société au Japon]]
[[Catégorie:Sous-culture]]
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[[Catégorie:Idole japonaise dans l'art et la culture|*]]
[[Catégorie:Culture du jeu vidéo]]
[[Catégorie:Culture du jeu vidéo]]

Dernière version du 23 avril 2024 à 17:48

Le quartier d'Akihabara, lieu de rencontre populaire pour les otakus.

Otaku (おたく en hiragana, オタク en katakana, et dérivé du mot お宅 formé du kanji ) est un terme japonais (souvent utilisé à des fins péjoratives) désignant une personne qui consacre une grande partie de son temps à une activité d'intérieur. Il a donné comme dérivé « otome game » (jeu vidéo otome). Otaku est composé de la préposition honorifique « o » (?) et du substantif taku (?) signifiant « maison », « demeure », le « chez-soi ».

Description[modifier | modifier le code]

À l'origine, cette expression n'avait pas le sens que l'on peut lui donner aujourd'hui : otaku, en japonais, c'est « votre maison » et donc, par extension, une façon polie de vouvoyer son interlocuteur. Il semblerait que cette tournure ait été très prisée parmi les amateurs d'animation et de manga et, par extension, que le sens du terme ait évolué pour désigner aujourd'hui toute personne se consacrant à un passe-temps, le plus souvent fait en intérieur — le terme a, par la suite, acquis une connotation méliorative. Il désigne aujourd'hui (du moins au Japon) une personne simplement fanatique de culture japonaise contemporaine, notamment dans les domaines du manga, de l'animation et des jeux vidéo, qui se replie sur elle-même et ne vit plus que pour une passion : poupée, culte d'une « idole » (chanteur, acteur), informatique, jeu vidéo, etc.

En japonais, la graphie permet de distinguer les deux emplois : お宅 (otaku), c'est « chez vous », alors que オタク (otaku), c'est le passionné monomaniaque dont il est question dans cet article. Bon nombre de personnes âgées, au Japon, ne connaissent d'ailleurs que le premier sens. Par ailleurs, dans le sens de monomaniaque, il s'utilise souvent avec un mot le précisant. Par exemple, un fan d’anime sera un anime otaku ou aniota, un fan d’idol sera un wota, un otaku malsain sera un kimo-ota (pour kimoi otaku, kimoi signifiant répugnant ou obscène, lui-même pour kimochi warui otaku).

Un terme plus récent[1] commence à s'imposer pour décrire une personne qui reste cloîtrée chez elle, celui de hikikomori. Ce mot fut popularisé en France par la série Bienvenue à NHK qui décrit avec humour et réalisme les différents aspects qui caractérisent ces individus. Mais le terme otaku reste largement usité même s'il a évolué. Au XXIe siècle, ce terme décrit toujours un individu obsédé par une passion exclusive qui lui sert de rempart face à une société qu'il refuse, mais sans pour autant être enfermé chez lui et coupé de toute relation sociale comme le serait un hikikomori.

En effet, le développement des nouveaux moyens de communication a contribué à développer une véritable communauté otaku qu'il est fréquent de voir se réunir physiquement au sein de clubs ou d'associations, voire organiser des manifestations de promotion de leur passion. Ces groupes sont d'ailleurs devenus de véritables acteurs économiques au poids considérable.

Au départ, l’otaku était considéré par les Japonais comme un inadapté. Depuis la création du Studio Gainax (Neon Genesis Evangelion…), composé exclusivement d’otaku, ce point de vue tend à évoluer. Ce studio a d'ailleurs réalisé deux OAV ayant pour héros des otaku : Otaku no Video, suivi de More Otaku no Video. Au début des années 2000, Genshiken ainsi que Otakus in Love, Densha otoko, NHK ni yōkoso! et Lucky☆Star abordaient également le sujet. Otaku girls (KONJOH natsumi) est un nouveau manga sorti qui aborde ce sujet avec humour.

En raison de l'évolution sociale à travers les années de la communauté des passionnés de culture nippone, la majorité d'entre eux se considèrent désormais comme des otaku en définissant ce terme par toute personne passionnée uniquement de japanimation, de mangas ou du Japon sans les connotations d'isolation sociale.

Deux définitions du terme « otaku » subsistent donc actuellement : l'ancienne, péjorative, et la nouvelle, née du progrès social.

En 2006, Takuro Morinaga a estimé le marché global des otakus entre 26 milliards et 34 milliards de dollars[2]

Bibliographie et filmographie[modifier | modifier le code]

  • Otaku : fils de l'Empire du virtuel, documentaire réalisé par Jean-Jacques Beineix et Jackie Bastide, diffusé en 1994 sur France 2, abordant le thème de ce type de personnalité sociale alors émergente au Japon. Disponible en DVD sous le titre Jean-Jacques Beinex, le cinéma du réel édité par Warner Home Video en 2006. La version présente sur le DVD est une version longue de 164 minutes, qui présente beaucoup de séquences inédites, coupées au montage à l'époque pour les besoins du format de l'émission Envoyé Spécial diffusée sur France 2.
  • Otaku, les enfants du virtuel, d'Étienne Barral, publié en 1999, l'envers et l'enfer des jeux vus à travers les jeunes s'enfermant dans leur monde virtuel à force de jouer[3]. (ISBN 2-290-31205-3).
  • Nicolas Oliveri, Cyberdépendances. Une étude comparative France-Japon, Paris, L'Harmattan, .
    Une partie de l'ouvrage est consacrée à l'otakisme japonais et son rapport à la culture française.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le terme a été inventé dans les années (voir http://www.psychomedia.it/pm/pit/cybpat/pierdominici-palma.htm) par Tamaki Saitō (en) mais est utilisé fréquemment depuis les années 2000 par le gouvernement japonais (exemple en 2003 : http://www.jpsychopathol.it/wp-content/uploads/2015/07/05Aguglia1.pdf).
  2. (en) « Japan's “nerd culture” almost mainstream », sur www.nbcnews.com, (consulté le ).
  3. « Voyage dans les mondes virtuels », Enjeux,‎ (ISSN 1167-2196).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]