« Oni » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
PP Tom (discuter | contributions)
m →‎Culture populaire : forme dernier ajout
« oni » soit celui qui mal y pense ! :-p
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Titre en italique|ja-Latn}}
{{voir homonymes|Oni (homonymie)}}
{{voir homonymes|Oni (homonymie)}}
{{Infobox Créature
{{Infobox Créature
| nom = ''Oni''
| nom = ''{{lang|ja-Latn|Oni}}''
| image =Oni in pilgrim's clothing.jpg
| image =Oni in pilgrim's clothing.jpg
| upright = 0.6
| upright = 0.6
| légende =<center>Un ''oni'' en habit de pèlerin</center>
| légende =<center>Un ''{{lang|ja-Latn|oni}}'' en habit de pèlerin.</center>
| autres noms =
| autres noms =
| nom2 =
| nom2 ={{lang|ja|鬼}}
| langue2 =
| langue2 =japonais
| groupe = [[Contes et légendes traditionnels du Japon|Folklore populaire]]
| groupe = [[Contes et légendes traditionnels du Japon|Folklore populaire]]
| sous-groupe = [[Démon (esprit)|Démon]]
| sous-groupe = [[Démon (esprit)|Démon]]
Ligne 21 : Ligne 22 :
}}
}}


Les {{japonais|'''''oni'''''|鬼}} sont des créatures du [[folklore japonais]] populaire dans les [[art]]s, la [[littérature]] et le [[théâtre]] [[nippon]]<ref>{{ouvrage|url=https://books.google.com/books?id=X0ntg_EzA0kC&pg=PA242&dq=ogres+oni&num=100&cd=2#v=onepage&q=ogres%20oni&f=false|titre=Reading the Literatures of Asian America |first1=Shirley |nom1=Lim|prénom2=Amy |nom2=Ling|éditeur=Temole University Press|année=1992|page=242|isbn=0-87722-935-X}}.</ref>.
Les {{japonais|'''''oni'''''|鬼}} sont des créatures du [[folklore japonais]] populaire dans les [[art]]s, la [[littérature]] et le [[théâtre]] [[Japon|nippon]]<ref>{{ouvrage|lang=en |url=https://books.google.com/books?id=X0ntg_EzA0kC&pg=PA242&dq=ogres+oni&num=100&cd=2#v=onepage&q=ogres%20oni&f=false |titre=Reading the Literatures of Asian America |first1=Shirley |nom1=Lim |prénom2=Amy |nom2=Ling |éditeur={{lang|en|Temole University Press}} |année=1992 |page=242 |isbn=0-87722-935-X}}.</ref>.


Leur apparence diverge de source en source, mais ils ont habituellement une forme humanoïde, une taille gigantesque, des griffes acérées, deux cornes protubérantes poussant sur leur front, des poils ébouriffés et un aspect hideux<ref name="Mack">{{Ouvrage|url=https://books.google.com/books?id=1IDS3UUrqAIC&pg=PA116&dq=oni#v=onepage&q=oni&f=false|titre=A Field Guide to Demons, Fairies, Fallen Angels, and Other Subversive Spirits|prénom1=Carol|nom1=Mack|prénom2=Dinah|nom2=Mack|éditeur=Arcade Publishing|passage=116|année=1998|isbn=9781559704472}}.</ref>.
Leur apparence diverge de source en source, mais ils ont habituellement une forme humanoïde, une taille gigantesque, des griffes acérées, deux cornes protubérantes poussant sur leur front, des poils ébouriffés et un aspect hideux<ref name="Mack">{{Ouvrage|lang=en |url=https://books.google.com/books?id=1IDS3UUrqAIC&pg=PA116&dq=oni#v=onepage&q=oni&f=false |titre=A Field Guide to Demons, Fairies, Fallen Angels, and Other Subversive Spirits |prénom1=Carol |nom1=Mack |prénom2=Dinah |nom2=Mack |éditeur={{lang|en|Arcade Publishing}} |passage=116 |année=1998 |isbn=978-1-55970-447-2}}.</ref>.


Cependant, comme leur forme n’est pas totalement définie, certains détails de leur anatomie varient énormément comme le nombre d’yeux, de doigts ou d’orteils qu’ils possèdent<ref name="Bush">{{Ouvrage|url=https://books.google.com/books?id=lesg5YSXckQC&pg=PA141&dq=oni#v=onepage&q=oni&f=false|titre=Asian Horror Encyclopedia: Asian Horror Culture in Literature, Manga and Folklore |prénom=Laurence C. |nom=Bush|éditeur=Writers Club Press|page=141|année=2001|isbn=0-595-20181-4}}.</ref>, ou bien la couleur de leur peau, qui est cependant généralement rouge ou bleue<ref name="Hackin">{{Ouvrage|url=https://books.google.com/books?id=0ECwJUcn1_UC&pg=PA443&dq=oni#v=onepage&q=oni&f=false|titre=Asiatic Mythology 1932|prénom1=J.|nom1=Hackin|prénom2=Paul Louis|nom2=Couchoud|éditeur=Kessinger Publishing|passage=443|année=2005|isbn=1-4179-7695-0}}.</ref>{{,}} <ref name="Turne">{{ouvrage|url=https://books.google.com/books?id=jEcpkWjYOZQC&pg=PA363&dq=oni#v=onepage&q=oni&f=false|titre=Dictionary of Ancient Deities|prénom1=Patricia |nom1=Turne|prénom2=Charles Russell |nom2=Coulter|éditeur=Oxford University Press|année=2000|page=363|isbn=0-19-514504-6}}.</ref>. Quoi qu’il en soit, ils entretiennent des similitudes avec les [[trolls]] et les [[ogres]] ; en français, on traduit leur nom par « [[démon (esprit)|démons]] » ou « [[diable]]s ».
Cependant, comme leur forme n’est pas totalement définie, certains détails de leur anatomie varient énormément comme le nombre d’yeux, de doigts ou d’orteils qu’ils possèdent<ref name="Bush">{{Ouvrage|lang=en |url=https://books.google.com/books?id=lesg5YSXckQC&pg=PA141&dq=oni#v=onepage&q=oni&f=false |titre=Asian Horror Encyclopedia: Asian Horror Culture in Literature, Manga and Folklore |prénom=Laurence C. |nom=Bush |éditeur={{lang|en|Writers Club Press}} |page=141 |année=2001 |isbn=0-595-20181-4}}.</ref>, ou bien la couleur de leur peau, qui est cependant généralement rouge ou bleue<ref name="Hackin">{{Ouvrage|lang=en |url=https://books.google.com/books?id=0ECwJUcn1_UC&pg=PA443&dq=oni#v=onepage&q=oni&f=false |titre=Asiatic Mythology 1932 |prénom1=J. |nom1=Hackin |prénom2=Paul Louis |nom2=Couchoud |éditeur={{lang|en|Kessinger Publishing}} |passage=443 |année=2005 |isbn=1-4179-7695-0}}.</ref>{{,}}<ref name="Turne">{{ouvrage|lang=en |url=https://books.google.com/books?id=jEcpkWjYOZQC&pg=PA363&dq=oni#v=onepage&q=oni&f=false |titre=Dictionary of Ancient Deities |prénom1=Patricia |nom1=Turne |prénom2=Charles Russell |nom2=Coulter |éditeur={{lang|en|Oxford University Press}} |année=2000 |page=363 |isbn=0-19-514504-6}}.</ref>. Quoi qu’il en soit, ils entretiennent des similitudes avec les [[trolls]] et les [[ogres]] ; en français, on traduit leur nom par « [[Démon (esprit)|démons]] » ou « [[diable]]s ».


Les ''oni'' sont couramment dépeints portant des [[pagne]]s de peau de [[tigre]] et maniant un [[gourdin]] de fer appelé {{japonais|''[[kanabō]]''|金棒}}. De cette représentation découle l'expression {{japonais|« ''oni-ni-kanabō'' »|鬼に金棒||« ''oni'' avec un gourdin de fer »}}, c'est-à-dire être invincible ou imbattable. Elle peut aussi être utilisée dans le sens « de fort au-delà de fort », ou celui de voir une ou plusieurs de ses habiletés naturelles améliorées grâce à l’utilisation d’un outil<ref>{{Ouvrage|url=https://books.google.com/books?id=_oFqBqj4HVAC&pg=PA168&dq=oni+kanabo&num=100&cd=7#v=onepage&q=oni%20kanabo&f=false|titre=Evil in Our Midst: A Chilling Glimpse of Our Most Feared and Frightening Demons|prénom=David E.|nom=Jones|éditeur=Square One Publishers|passage=168|année=2002|isbn=0-7570-0009-6}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|url=https://books.google.com/books?id=wGb4zNqYj10C&pg=PA136&dq=oni-ni-kanabo&num=100&cd=3#v=onepage&q=oni-ni-kanabo&f=false|titre=Japanese Proverbs and Sayings|prénom=Daniel Crump|nom=Buchanan|éditeur=University of Oklahoma Press|année=1965|passage=136|isbn=0-8061-1082-1}}.</ref>.
Les ''{{lang|ja-Latn|oni}}'' sont couramment dépeints portant des [[pagne]]s de peau de [[tigre]] et maniant un [[gourdin]] de fer appelé {{japonais|''[[kanabō]]''|金棒}}. De cette représentation découle l'expression {{japonais|« ''oni-ni-kanabō'' »|鬼に金棒||« ''{{lang|ja-Latn|oni}}'' avec un gourdin de fer »}}, c'est-à-dire être invincible ou imbattable. Elle peut aussi être utilisée dans le sens « de fort au-delà de fort », ou celui de voir une ou plusieurs de ses habiletés naturelles améliorées grâce à l’utilisation d’un outil<ref>{{Ouvrage|lang=en |url=https://books.google.com/books?id=_oFqBqj4HVAC&pg=PA168&dq=oni+kanabo&num=100&cd=7#v=onepage&q=oni%20kanabo&f=false |titre=Evil in Our Midst: A Chilling Glimpse of Our Most Feared and Frightening Demons |prénom=David E. |nom=Jones |éditeur={{lang|en|Square One Publishers}} |passage=168 |année=2002 |isbn=0-7570-0009-6}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|lang=en |url=https://books.google.com/books?id=wGb4zNqYj10C&pg=PA136&dq=oni-ni-kanabo&num=100&cd=3#v=onepage&q=oni-ni-kanabo&f=false |titre=Japanese Proverbs and Sayings |prénom=Daniel Crump |nom=Buchanan |éditeur={{lang|en|University of Oklahoma Press}} |année=1965 |passage=136 |isbn=0-8061-1082-1}}.</ref>.


== Origines ==
== Origines ==
[[Fichier:Oni.jpg|thumb|left|Statue d’''oni'']]
[[Fichier:Oni.jpg|vignette|gauche|Statue d’''{{lang|ja-Latn|oni}}''.]]


L’origine du mot ''oni'' dérive, semble-t-il, de la lecture ''[[on'yomi]]'' du caractère « {{lang|ja|隠}} » signifiant « cacher » ou « dissimuler », car les ''oni'' étaient à l’origine des [[esprits]] ou des [[dieux]] qui causaient des désastres, des maladies et d’autres manifestations désagréables. Selon le livre ''Les Créatures mythologiques'', les ''oni'' auraient été plutôt à l'origine des esprits qui protégeaient les humains de certaines créatures malfaisantes, mais dont la proximité avec les forces des ténèbres aurait avili la nature pacifique. Ces créatures obscures pouvaient aussi prendre une variété de formes pour tromper (et parfois dévorer) des humains. Ainsi, le caractère [[Langues chinoises|chinois]] « {{lang|ja|鬼}} », signifiant « [[fantôme]] », vint à être employé pour ces créatures [[métamorphe|polymorphiques]].
L’origine du mot ''{{lang|ja-Latn|oni}}'' dérive, semble-t-il, de la lecture ''{{lang|ja-Latn|[[on'yomi]]}}'' du caractère « {{lang|ja|隠}} » signifiant « cacher » ou « dissimuler », car les ''{{lang|ja-Latn|oni}}'' étaient à l’origine des [[esprits]] ou des [[dieux]] qui causaient des désastres, des maladies et d’autres manifestations désagréables. Selon le livre ''Les Créatures mythologiques'', les ''{{lang|ja-Latn|oni}}'' auraient été plutôt à l'origine des esprits qui protégeaient les humains de certaines créatures malfaisantes, mais dont la proximité avec les forces des ténèbres aurait avili la nature pacifique. Ces créatures obscures pouvaient aussi prendre une variété de formes pour tromper (et parfois dévorer) des humains. Ainsi, le caractère [[Langues chinoises|chinois]] « {{lang|ja|鬼}} », signifiant « [[fantôme]] », vint à être employé pour ces créatures [[Métamorphe|polymorphiques]].


Les ''oni'' invisibles s’anthropomorphiseront pour prendre leur aspect moderne, qui rappelle celui de l’ogre, partiellement par [[syncrétisme]] avec des créatures importées du [[bouddhisme]] comme le ''[[rākshasa]]'', le ''[[yaksha]]'', les fantômes affamés appelés ''[[preta]]'' (ou ''gaki'') et les subalternes diaboliques de [[Emma-o|Enma-Ō]].
Les ''{{lang|ja-Latn|oni}}'' invisibles s’anthropomorphiseront pour prendre leur aspect moderne, qui rappelle celui de l’ogre, partiellement par [[syncrétisme]] avec des créatures importées du [[bouddhisme]] comme le ''{{lang|ja-Latn|[[rākshasa]]}}'', le ''{{lang|ja-Latn|[[yaksha]]}}'', les fantômes affamés appelés ''{{lang|ja-Latn|[[preta]]}}'' (ou ''{{lang|ja-Latn|gaki}}'') et les subalternes diaboliques de [[Emma-o|Enma-Ō]].


Une autre source possible de l’apparence du ''oni'' moderne est un concept provenant de la [[Chine]] et du [[Onmyōdō]]. La direction nord-est était précédemment dénommée {{japonais|''kimon''|鬼門||« porte démoniaque »}} et était considérée comme une direction malchanceuse par où les mauvais esprits passaient. En raison de l’attribution des points cardinaux aux douze animaux du [[zodiaque chinois]], le ''kimon'' était aussi connu comme le {{japonais|''ushitora''|丑寅}} ou la direction du « [[Bœuf (animal)|bœuf]]-tigre ». Cela expliquerait l’origine de ses cornes de [[Bovinae|bovin]], de ses griffes de [[félin]] et de son pagne en peau de tigre<ref>{{Ouvrage|url=https://books.google.com/books?id=EEQlVC_clo8C&pg=PA611&dq=kimon+oni&num=100&cd=1#v=onepage&q=kimon%20oni&f=false|titre=Encyclopedia of Religion and Ethics|volume=Part 8|prénom=James|nom=Hastings|éditeur=Kessinger Publishing|passage=611|année=2003|isbn=0-7661-3678-7}}.</ref>.
Une autre source possible de l’apparence du ''{{lang|ja-Latn|oni}}'' moderne est un concept provenant de la [[Chine]] et du {{lang|ja-Latn|[[Onmyōdō]]}}. La direction nord-est était précédemment dénommée {{japonais|''kimon''|鬼門||« porte démoniaque »}} et était considérée comme une direction malchanceuse par où les mauvais esprits passaient. En raison de l’attribution des points cardinaux aux douze animaux du [[zodiaque chinois]], le ''{{lang|ja-Latn|kimon}}'' était aussi connu comme le {{japonais|''ushitora''|丑寅}} ou la direction du « [[Bœuf (animal)|bœuf]]-tigre ». Cela expliquerait l’origine de ses cornes de [[Bovinae|bovin]], de ses griffes de [[félin]] et de son pagne en peau de tigre<ref>{{Ouvrage|lang=en |url=https://books.google.com/books?id=EEQlVC_clo8C&pg=PA611&dq=kimon+oni&num=100&cd=1#v=onepage&q=kimon%20oni&f=false |titre=Encyclopedia of Religion and Ethics |volume={{nobr|{{lang|en|Part}} 8}} |prénom=James |nom=Hastings |éditeur={{lang|en|Kessinger Publishing}} |passage=611 |année=2003 |isbn=0-7661-3678-7}}.</ref>.


Fait intéressant, les [[Temples_bouddhistes_au_Japon|temple]]s et monastères japonais sont souvent construits face à cette direction pour repousser les ''oni''. Par exemple, le monastère [[Enryakuji]] sur le [[mont Hiei]] est au nord-est du centre de [[Kyoto]] et le temple [[Kan'ei-ji]] se situe dans la même direction par rapport au [[château d'Edo]]. De plus, les bâtiments japonais comprennent parfois une indentation en forme de « L » au nord-est pour la même raison. Finalement, au {{s-|VIII|e}}, la [[capitale]] japonaise se déplaça au nord-est de [[Nagaoka]] à Kyoto<ref>{{Ouvrage|url=https://books.google.com/books?id=0DfKzKZlRpIC&pg=PA35&dq=nagaoka+kyoto+demon+gate#v=onepage&q=nagaoka%20kyoto%20demon%20gate&f=false|titre=The Samurai and the Sacred|prénom=Stephen R.|nom=Turnbull|passage=35|éditeur=Osprey Publishing|année=2006|isbn=1-84603-021-8}}.</ref>.
Fait intéressant, les [[Temples_bouddhistes_au_Japon|temples]] et monastères japonais sont souvent construits face à cette direction pour repousser les ''{{lang|ja-Latn|oni}}''. Par exemple, le monastère {{lang|ja-Latn|[[Enryakuji]]}} sur le [[mont Hiei]] est au nord-est du centre de [[Kyoto]] et le temple {{lang|ja-Latn|[[Kan'ei-ji]]}} se situe dans la même direction par rapport au [[château d'Edo]]. De plus, les bâtiments japonais comprennent parfois une indentation en forme de « L » au nord-est pour la même raison. Finalement, au {{s-|VIII|e}}, la [[capitale]] japonaise se déplaça au nord-est de [[Nagaoka]] à Kyoto<ref>{{Ouvrage|lang=en |url=https://books.google.com/books?id=0DfKzKZlRpIC&pg=PA35&dq=nagaoka+kyoto+demon+gate#v=onepage&q=nagaoka%20kyoto%20demon%20gate&f=false |titre=The Samurai and the Sacred |prénom=Stephen R. |nom=Turnbull |passage=35 |éditeur={{lang|en|Osprey Publishing}} |année=2006 |isbn=1-84603-021-8}}.</ref>.


== Culture traditionnelle ==
== Culture traditionnelle ==
[[File:Oni pelted by beans.jpg|thumb|upright=0.6|<center>Un ''oni'' se faisant chasser par des haricots dispersés. Cette pratique est associée au Nouvel An japonais (''setsubun'')</center>]]
[[File:Oni pelted by beans.jpg|vignette|redresse=0.6|<center>Un ''{{lang|ja-Latn|oni}}'' se faisant chasser par des haricots dispersés. Cette pratique est associée au Nouvel An japonais (''{{lang|ja-Latn|setsubun}}'').</center>]]
Certains villages tiennent des cérémonies annuelles pour faire fuir les ''oni'', particulièrement au début du printemps. Dans le même ordre d’idées, durant le festival ''[[setsubun]]'', les gens jettent des graines de soya à l’extérieur de leur maison et s’exclament : {{japonais|« ''Oni wa soto! Fuku wa uchi!'' »|鬼は外!福は内!||« ''Oni'' sort ! La fortune rentre ! »}}<ref>{{Ouvrage|url=https://books.google.com/books?id=T2blg2Kw_zcC&pg=PP17&dq=Oni+wa+soto+Fuku+wa+uchi+setsubun#v=onepage&q=Oni%20wa%20soto%20Fuku%20wa%20uchi%20setsubun&f=false|titre=Introduction to Japanese Culture|prénom=Daniel|nom=Sosnoski|éditeur=Charles E. Tuttle Publishing|passage=9|année=1966|isbn=0-8048-2056-2}}.</ref>. Par ailleurs, les statues de [[singes]] sont aussi réputées pour prémunir contre les ''oni'', car le mot japonais ''saru'' est un homophone pour « partir » dans cette langue<ref>{{youtube|F5e6Zkk8SCk|How to Escape a Japanese Oni}}</ref>. De surcroît, dans la version japonaise du [[jeu du loup]], la personne qui joue le rôle du loup est appelée ''oni''<ref>{{Ouvrage|url=https://books.google.com/books?id=eOlQJauoRAEC&pg=PA41&dq=onigokko&cd=9#v=onepage&q=onigokko&f=false|titre=Information Networking: Wired Communications and Mmanagement|prénom=Ilyoung|nom=Chong|éditeur=Springer-Verlag|année=2002|passage=41|isbn=3-540-44256-1}}.</ref>.
Certains villages tiennent des cérémonies annuelles pour faire fuir les ''{{lang|ja-Latn|oni}}'', particulièrement au début du printemps. Dans le même ordre d’idées, durant le festival ''{{lang|ja-Latn|[[setsubun]]}}'', les gens jettent des graines de soya à l’extérieur de leur maison et s’exclament : {{japonais|« ''Oni wa soto! Fuku wa uchi!'' »|鬼は外!福は内!||« ''{{lang|ja-Latn|Oni}}'' sort ! La fortune rentre ! »}}<ref>{{Ouvrage|lang=en |url=https://books.google.com/books?id=T2blg2Kw_zcC&pg=PP17&dq=Oni+wa+soto+Fuku+wa+uchi+setsubun#v=onepage&q=Oni%20wa%20soto%20Fuku%20wa%20uchi%20setsubun&f=false |titre=Introduction to Japanese Culture |prénom=Daniel |nom=Sosnoski |éditeur={{lang|en|Charles E. Tuttle Publishing}} |passage=9 |année=1966 |isbn=0-8048-2056-2}}.</ref>. Par ailleurs, les statues de [[singes]] sont aussi réputées pour prémunir contre les ''{{lang|ja-Latn|oni}}'', car le mot japonais ''{{lang|ja-Latn|saru}}'' est un homophone pour « partir » dans cette langue<ref>{{youtube|F5e6Zkk8SCk|How to Escape a Japanese Oni}}.</ref>. De surcroît, dans la version japonaise du [[jeu du loup]], la personne qui joue le rôle du loup est appelée ''{{lang|ja-Latn|oni}}''<ref>{{Ouvrage|lang=en |url=https://books.google.com/books?id=eOlQJauoRAEC&pg=PA41&dq=onigokko&cd=9#v=onepage&q=onigokko&f=false |titre=Information Networking: Wired Communications and Mmanagement |prénom=Ilyoung |nom=Chong |éditeur={{lang|de|Springer-Verlag}} |année=2002 |passage=41 |isbn=3-540-44256-1}}.</ref>.


Plus récemment, les ''oni'' perdent de temps en temps un peu de leur méchanceté originelle pour jouer un rôle plus protecteur. Ainsi, des hommes en costumes d’''oni'' prennent souvent la tête de parades au [[Japon]] pour chasser le malheur et les bâtiments japonais incluent parfois des tuiles avec un visage d’''oni'' appelées {{japonais|''onigawara''|鬼瓦}} sur leur toit pour éloigner la malchance de façon similaire aux [[gargouilles]] dans la tradition [[occidentale]]<ref>{{Ouvrage|url=https://books.google.com/books?id=SsmN4jxwnfUC&pg=PA21&dq=onigawara#v=onepage&q=onigawara&f=false|passage=21|titre=「日本の衣食住」まるごと事典|auteur= Toyozaki, Yōko|éditeur=IBC Publishing |année=2007|isbn=4-89684-640-0}}.</ref>.
Plus récemment, les ''{{lang|ja-Latn|oni}}'' perdent de temps en temps un peu de leur méchanceté originelle pour jouer un rôle plus protecteur. Ainsi, des hommes en costumes d’''{{lang|ja-Latn|oni}}'' prennent souvent la tête de parades au [[Japon]] pour chasser le malheur et les bâtiments japonais incluent parfois des tuiles avec un visage d’''{{lang|ja-Latn|oni}}'' appelées {{japonais|''onigawara''|鬼瓦}} sur leur toit pour éloigner la malchance de façon similaire aux [[gargouilles]] dans la tradition [[occidentale]]<ref>{{Ouvrage|lang=ja |url=https://books.google.com/books?id=SsmN4jxwnfUC&pg=PA21&dq=onigawara#v=onepage&q=onigawara&f=false |passage=21 |titre=「日本の衣食住」まるごと事典 |auteur= Toyozaki, Yōko |éditeur={{lang|en|IBC Publishing}} |année=2007 |isbn=4-89684-640-0}}.</ref>.


Dans la littérature, les ''oni'' sont spécialement bien représentés dans l’histoire japonaise pour enfants [[Momotarō]] ( « garçon de pêche ») et le livre ''{{lien|The Funny Little Woman|lang = en}}''.
Dans la littérature, les ''{{lang|ja-Latn|oni}}'' sont spécialement bien représentés dans l’histoire japonaise pour enfants {{lang|ja-Latn|[[Momotarō]]}} (« garçon de pêche ») et le livre ''{{lang|en|{{lien|The Funny Little Woman|lang = en}}}}''.


Certains [[samouraïs]] avaient pour bouton sur leur [[kimono]] un petit ''oni'' d'[[ivoire]].
Certains [[samouraïs]] avaient pour bouton sur leur [[kimono]] un petit ''{{lang|ja-Latn|oni}}'' d'[[ivoire]].

== Proverbes et expressions ==
Plusieurs expressions et proverbes japonais font référence aux ''oni''. Par exemple, l’expression {{japonais|« ''oya-ni ninu ko-wa oni-no ko'' »|親に似ぬ子は鬼の子}}, signifiant littéralement « un enfant qui ne ressemble pas à ses parents est l’enfant d’un ''oni'' », est utilisée pour référer au fait que tous les enfants prennent certaines caractéristiques de leurs parents ; dans le cas contraire, cela voudrait dire que les [[Parent (famille)|parents biologiques]] de ceux-ci ne sont pas ceux qui les ont élevés. Dépendant du contexte où elle est utilisée, cette expression peut aussi avoir comme connotation que les enfants qui n’agissent pas comme leurs parents ne sont pas des êtres humains. Enfin, elle peut être utilisée par un parent qui réprimande un enfant s’étant mal conduit. Il existe d’autres variantes de cette expression comme : {{japonais|« ''oya-ni ninu ko-wa onigo'' »|親に似ぬ子は鬼子}} et {{japonais|« ''oya-ni ninu ko-wa onikko'' »|親に似ぬ子は鬼っ子}}<ref>{{Ouvrage|url=https://books.google.com/books?id=wGb4zNqYj10C&pg=PA228&dq=oya#v=onepage&q=oya&f=false|titre=Japanese Proverbs and Sayings|prénom=Daniel Crump|nom=Buchanan|éditeur= University of Oklahoma Press|année=1965|passage=136|isbn=0-8061-1082-1}}.</ref>.


== Culture populaire ==
== Culture populaire ==
[[Fichier:Hogai Nio.jpg|vignette|''[[Niō]] se saisit d'un Oni''. [[Kanō Hōgai]], 1886. Rouleau suspendu. Encre et couleurs sur papier, 123,6 x 63.3 cm. [[Musée national d'art moderne de Tokyo]]]]
[[Fichier:Hogai Nio.jpg|vignette|''{{lang|ja-Latn|[[Niō]]}} se saisit d'un {{lang|ja-Latn|Oni}}''. {{lang|ja-Latn|[[Kanō Hōgai]]}}, 1886. Rouleau suspendu. Encre et couleurs sur papier, {{dunité|123.6|63.3|cm}}. [[Musée national d'art moderne de Tokyo]].]]


Il existe de nombreuses références à l’''oni'' dans la culture populaire, parmi lesquels :
Il existe de nombreuses références à l’''{{lang|ja-Latn|oni}}'' dans la culture populaire, parmi lesquels :
* Dans le jeu vidéo ''[[Super Street Fighter IV#Portages|Super Street Fighter IV: Arcade Edition]]'', un nouveau personnage nommé Oni, qui n'est autre qu'Akuma (ou Gouki au Japon), serait le mal absolu grâce à l'immersion totale de celui-ci au Satsui no Hado, une force surhumaine<ref>{{lien web|url=http://www.jeuxvideo.com/articles/0001/00015196-super-street-fighter-iv-arcade-edition-test.htm|titre=Test du jeu vidéo ''SSFIV AE''.|site=[[Jeuxvideo.com]]|date=24 juin 2011|auteur=Miniblob}}.</ref>.
* Dans le [[jeu vidéo]] ''[[Super Street Fighter IV#Portages|{{lang|en|Super Street {{nobr romains|Fighter IV}}: Arcade Edition}}]]'', un nouveau personnage nommé Oni, qui n'est autre qu'Akuma (ou Gouki au Japon), serait le mal absolu grâce à l'immersion totale de celui-ci au {{lang|ja-Latn|Satsui no Hado}}, une force surhumaine<ref>{{lien web|url=http://www.jeuxvideo.com/articles/0001/00015196-super-street-fighter-iv-arcade-edition-test.htm |titre=Test du jeu vidéo ''SSF{{IV}} AE'' |site=[[Jeuxvideo.com]] |date=24 juin 2011 |auteur=Miniblob}}.</ref>.
* Une espèce d'étoiles de mer cornues, ''[[Neoferdina|Neoferdina oni]]'', a été nommée d'après ces êtres<ref name="Chris Mah">{{Lien web |langue=en |auteur=Christopher Mah |lien auteur= |coauteurs= |url=http://echinoblog.blogspot.com/2017/05/five-highlights-from-my-new-paper-about.html |titre=Five Highlights from my NEW paper about the genus Ferdina and its relatives! |série= |jour=31 |mois=mai |année=2017 |site=echinoblog.blogspot.com |éditeur= |page= |citation= |en ligne le= |consulté le= }}.</ref>.
* Une espèce d'étoiles de mer cornues, ''[[Neoferdina|Neoferdina oni]]'', a été nommée d'après ces êtres<ref name="Chris Mah">{{Lien web |langue=en |auteur=Christopher Mah |lien auteur= |coauteurs= |url=http://echinoblog.blogspot.com/2017/05/five-highlights-from-my-new-paper-about.html |titre=Five Highlights from my NEW paper about the genus Ferdina and its relatives! |série= |jour=31 |mois=mai |année=2017 |site=echinoblog.blogspot.com |éditeur= |page= |citation= |en ligne le= |consulté le= }}.</ref>.
* Dans le jeu vidéo ''[[The Legend of Zelda: Majora's Mask]]'', le [[Link (The Legend of Zelda)|héros]] peu adopter la forme communément appelée Oni Link. Cette dernière lui octroyant une force impressionnante. Très populaire, cette forme est souvent réutilisée dans certains [[Spin-off (audiovisuel)|spin-offs]] et produits dérivés de la saga<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Oni Link|url=https://zelda.fandom.com/fr/wiki/Oni_Link|site=ZeldaWiki|consulté le=2020-05-19}}</ref>.
* Dans le jeu vidéo ''{{lang|en|[[The Legend of Zelda: Majora's Mask]]}}'', le [[Link (The Legend of Zelda)|héros]] peu adopter la forme communément appelée Oni Link. Cette dernière lui octroyant une force impressionnante. Très populaire, cette forme est souvent réutilisée dans certains [[Spin-off (audiovisuel)|{{lang|en|spin-offs}}]] et produits dérivés de la saga<ref>{{Lien web|langue=fr |titre=Oni Link |url=https://zelda.fandom.com/fr/wiki/Oni_Link |site=ZeldaWiki |consulté le=2020-05-19}}.</ref>.
* Dans les trois versions du jeu vidéo ''[[Fire Emblem Fates]]'', les personnages peuvent choisir parmi de nombreuses classes de combattants. Parmi elles, le sauvage oni et le chef oni se battant à la hache et ont l'apparence d'un ''oni'' japonnais<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Sauvage Oni|url=https://fireemblem.fandom.com/fr/wiki/Sauvage_Oni|site=Wiki Fire Emblem|consulté le=2020-05-19}}</ref>.
* Dans les trois versions du jeu vidéo ''{{lang|en|[[Fire Emblem Fates]]}}'', les personnages peuvent choisir parmi de nombreuses classes de combattants. Parmi elles, le sauvage {{lang|ja-Latn|oni}} et le chef {{lang|ja-Latn|on}}i se battant à la hache et ont l'apparence d'un ''{{lang|ja-Latn|oni}}'' japonais<ref>{{Lien web|langue=fr |titre=Sauvage Oni |url=https://fireemblem.fandom.com/fr/wiki/Sauvage_Oni |site={{lang|en|Wiki Fire Emblem}} |consulté le=2020-05-19}}.</ref>.

== Proverbes et expressions ==
Plusieurs expressions et proverbes japonais font référence aux ''{{lang|ja-Latn|oni}}''. Par exemple, l’expression {{japonais|« ''oya-ni ninu ko-wa oni-no ko'' »|親に似ぬ子は鬼の子}}, signifiant littéralement « un enfant qui ne ressemble pas à ses parents est l’enfant d’un ''{{lang|ja-Latn|oni}}'' », est utilisée pour référer au fait que tous les enfants prennent certaines caractéristiques de leurs parents ; dans le cas contraire, cela voudrait dire que les [[Parent (famille)|parents biologiques]] de ceux-ci ne sont pas ceux qui les ont élevés. Dépendant du contexte où elle est utilisée, cette expression peut aussi avoir comme connotation que les enfants qui n’agissent pas comme leurs parents ne sont pas des êtres humains. Enfin, elle peut être utilisée par un parent qui réprimande un enfant s’étant mal conduit. Il existe d’autres variantes de cette expression comme : {{japonais|« ''oya-ni ninu ko-wa onigo'' »|親に似ぬ子は鬼子}} et {{japonais|« ''oya-ni ninu ko-wa onikko'' »|親に似ぬ子は鬼っ子}}<ref>{{Ouvrage|lang=en |url=https://books.google.com/books?id=wGb4zNqYj10C&pg=PA228&dq=oya#v=onepage&q=oya&f=false |titre=Japanese Proverbs and Sayings |prénom=Daniel Crump |nom=Buchanan |éditeur= {{lang|en|University of Oklahoma Press}} |année=1965 |passage=136 |isbn=0-8061-1082-1}}.</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
Ligne 68 : Ligne 69 :
== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Amanojaku]], un ''[[yōkai]]'' habituellement représenté sous la forme d’un petit ''oni''.
* {{lang|ja-Latn|[[Amanojaku]]}}, un ''{{lang|ja-Latn|[[yōkai]]}}'' habituellement représenté sous la forme d’un petit ''{{lang|ja-Latn|oni}}''.
* [[Kagome Kagome]], un jeu d'enfants où l'un d'eux joue un ''oni''.
* {{lang|ja-Latn|[[Kagome Kagome]]}}, un jeu d'enfants où l'un d'eux joue un ''{{lang|ja-Latn|oni}}''.
* ''[[Onigawara]]'', un ornement de toit représentant un ''oni''.
* ''{{lang|ja-Latn|[[Onigawara]]}}'', un ornement de toit représentant un ''{{lang|ja-Latn|oni}}''.


=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===

Version du 19 mai 2020 à 21:10

Oni
Description de cette image, également commentée ci-après
Un oni en habit de pèlerin.
Créature
Nom japonais
Groupe Folklore populaire
Sous-groupe Démon
Caractéristiques Cornes, pagne, gourdin
Origines
Origines Mythologie japonaise
Région Japon

Les oni (?) sont des créatures du folklore japonais populaire dans les arts, la littérature et le théâtre nippon[1].

Leur apparence diverge de source en source, mais ils ont habituellement une forme humanoïde, une taille gigantesque, des griffes acérées, deux cornes protubérantes poussant sur leur front, des poils ébouriffés et un aspect hideux[2].

Cependant, comme leur forme n’est pas totalement définie, certains détails de leur anatomie varient énormément comme le nombre d’yeux, de doigts ou d’orteils qu’ils possèdent[3], ou bien la couleur de leur peau, qui est cependant généralement rouge ou bleue[4],[5]. Quoi qu’il en soit, ils entretiennent des similitudes avec les trolls et les ogres ; en français, on traduit leur nom par « démons » ou « diables ».

Les oni sont couramment dépeints portant des pagnes de peau de tigre et maniant un gourdin de fer appelé kanabō (金棒?). De cette représentation découle l'expression « oni-ni-kanabō » (鬼に金棒?, « oni avec un gourdin de fer »), c'est-à-dire être invincible ou imbattable. Elle peut aussi être utilisée dans le sens « de fort au-delà de fort », ou celui de voir une ou plusieurs de ses habiletés naturelles améliorées grâce à l’utilisation d’un outil[6],[7].

Origines

Statue d’oni.

L’origine du mot oni dérive, semble-t-il, de la lecture on'yomi du caractère «  » signifiant « cacher » ou « dissimuler », car les oni étaient à l’origine des esprits ou des dieux qui causaient des désastres, des maladies et d’autres manifestations désagréables. Selon le livre Les Créatures mythologiques, les oni auraient été plutôt à l'origine des esprits qui protégeaient les humains de certaines créatures malfaisantes, mais dont la proximité avec les forces des ténèbres aurait avili la nature pacifique. Ces créatures obscures pouvaient aussi prendre une variété de formes pour tromper (et parfois dévorer) des humains. Ainsi, le caractère chinois «  », signifiant « fantôme », vint à être employé pour ces créatures polymorphiques.

Les oni invisibles s’anthropomorphiseront pour prendre leur aspect moderne, qui rappelle celui de l’ogre, partiellement par syncrétisme avec des créatures importées du bouddhisme comme le rākshasa, le yaksha, les fantômes affamés appelés preta (ou gaki) et les subalternes diaboliques de Enma-Ō.

Une autre source possible de l’apparence du oni moderne est un concept provenant de la Chine et du Onmyōdō. La direction nord-est était précédemment dénommée kimon (鬼門?, « porte démoniaque ») et était considérée comme une direction malchanceuse par où les mauvais esprits passaient. En raison de l’attribution des points cardinaux aux douze animaux du zodiaque chinois, le kimon était aussi connu comme le ushitora (丑寅?) ou la direction du « bœuf-tigre ». Cela expliquerait l’origine de ses cornes de bovin, de ses griffes de félin et de son pagne en peau de tigre[8].

Fait intéressant, les temples et monastères japonais sont souvent construits face à cette direction pour repousser les oni. Par exemple, le monastère Enryakuji sur le mont Hiei est au nord-est du centre de Kyoto et le temple Kan'ei-ji se situe dans la même direction par rapport au château d'Edo. De plus, les bâtiments japonais comprennent parfois une indentation en forme de « L » au nord-est pour la même raison. Finalement, au VIIIe siècle, la capitale japonaise se déplaça au nord-est de Nagaoka à Kyoto[9].

Culture traditionnelle

Un oni se faisant chasser par des haricots dispersés. Cette pratique est associée au Nouvel An japonais (setsubun).

Certains villages tiennent des cérémonies annuelles pour faire fuir les oni, particulièrement au début du printemps. Dans le même ordre d’idées, durant le festival setsubun, les gens jettent des graines de soya à l’extérieur de leur maison et s’exclament : « Oni wa soto! Fuku wa uchi! » (鬼は外!福は内!?, « Oni sort ! La fortune rentre ! »)[10]. Par ailleurs, les statues de singes sont aussi réputées pour prémunir contre les oni, car le mot japonais saru est un homophone pour « partir » dans cette langue[11]. De surcroît, dans la version japonaise du jeu du loup, la personne qui joue le rôle du loup est appelée oni[12].

Plus récemment, les oni perdent de temps en temps un peu de leur méchanceté originelle pour jouer un rôle plus protecteur. Ainsi, des hommes en costumes d’oni prennent souvent la tête de parades au Japon pour chasser le malheur et les bâtiments japonais incluent parfois des tuiles avec un visage d’oni appelées onigawara (鬼瓦?) sur leur toit pour éloigner la malchance de façon similaire aux gargouilles dans la tradition occidentale[13].

Dans la littérature, les oni sont spécialement bien représentés dans l’histoire japonaise pour enfants Momotarō (« garçon de pêche ») et le livre The Funny Little Woman (en).

Certains samouraïs avaient pour bouton sur leur kimono un petit oni d'ivoire.

Culture populaire

Niō se saisit d'un Oni. Kanō Hōgai, 1886. Rouleau suspendu. Encre et couleurs sur papier, 123,6 × 63,3 cm. Musée national d'art moderne de Tokyo.

Il existe de nombreuses références à l’oni dans la culture populaire, parmi lesquels :

  • Dans le jeu vidéo Super Street Fighter IV: Arcade Edition, un nouveau personnage nommé Oni, qui n'est autre qu'Akuma (ou Gouki au Japon), serait le mal absolu grâce à l'immersion totale de celui-ci au Satsui no Hado, une force surhumaine[14].
  • Une espèce d'étoiles de mer cornues, Neoferdina oni, a été nommée d'après ces êtres[15].
  • Dans le jeu vidéo The Legend of Zelda: Majora's Mask, le héros peu adopter la forme communément appelée Oni Link. Cette dernière lui octroyant une force impressionnante. Très populaire, cette forme est souvent réutilisée dans certains spin-offs et produits dérivés de la saga[16].
  • Dans les trois versions du jeu vidéo Fire Emblem Fates, les personnages peuvent choisir parmi de nombreuses classes de combattants. Parmi elles, le sauvage oni et le chef oni se battant à la hache et ont l'apparence d'un oni japonais[17].

Proverbes et expressions

Plusieurs expressions et proverbes japonais font référence aux oni. Par exemple, l’expression « oya-ni ninu ko-wa oni-no ko » (親に似ぬ子は鬼の子?), signifiant littéralement « un enfant qui ne ressemble pas à ses parents est l’enfant d’un oni », est utilisée pour référer au fait que tous les enfants prennent certaines caractéristiques de leurs parents ; dans le cas contraire, cela voudrait dire que les parents biologiques de ceux-ci ne sont pas ceux qui les ont élevés. Dépendant du contexte où elle est utilisée, cette expression peut aussi avoir comme connotation que les enfants qui n’agissent pas comme leurs parents ne sont pas des êtres humains. Enfin, elle peut être utilisée par un parent qui réprimande un enfant s’étant mal conduit. Il existe d’autres variantes de cette expression comme : « oya-ni ninu ko-wa onigo » (親に似ぬ子は鬼子?) et « oya-ni ninu ko-wa onikko » (親に似ぬ子は鬼っ子?)[18].

Notes et références

  1. (en) Shirley Lim et Amy Ling, Reading the Literatures of Asian America, Temole University Press, (ISBN 0-87722-935-X, lire en ligne), p. 242.
  2. (en) Carol Mack et Dinah Mack, A Field Guide to Demons, Fairies, Fallen Angels, and Other Subversive Spirits, Arcade Publishing, (ISBN 978-1-55970-447-2, lire en ligne), p. 116.
  3. (en) Laurence C. Bush, Asian Horror Encyclopedia: Asian Horror Culture in Literature, Manga and Folklore, Writers Club Press, (ISBN 0-595-20181-4, lire en ligne), p. 141.
  4. (en) J. Hackin et Paul Louis Couchoud, Asiatic Mythology 1932, Kessinger Publishing, (ISBN 1-4179-7695-0, lire en ligne), p. 443.
  5. (en) Patricia Turne et Charles Russell Coulter, Dictionary of Ancient Deities, Oxford University Press, (ISBN 0-19-514504-6, lire en ligne), p. 363.
  6. (en) David E. Jones, Evil in Our Midst: A Chilling Glimpse of Our Most Feared and Frightening Demons, Square One Publishers, (ISBN 0-7570-0009-6, lire en ligne), p. 168.
  7. (en) Daniel Crump Buchanan, Japanese Proverbs and Sayings, University of Oklahoma Press, (ISBN 0-8061-1082-1, lire en ligne), p. 136.
  8. (en) James Hastings, Encyclopedia of Religion and Ethics, vol. Part 8, Kessinger Publishing, (ISBN 0-7661-3678-7, lire en ligne), p. 611.
  9. (en) Stephen R. Turnbull, The Samurai and the Sacred, Osprey Publishing, (ISBN 1-84603-021-8, lire en ligne), p. 35.
  10. (en) Daniel Sosnoski, Introduction to Japanese Culture, Charles E. Tuttle Publishing, (ISBN 0-8048-2056-2, lire en ligne), p. 9.
  11. [vidéo] How to Escape a Japanese Oni sur YouTube.
  12. (en) Ilyoung Chong, Information Networking: Wired Communications and Mmanagement, Springer-Verlag, (ISBN 3-540-44256-1, lire en ligne), p. 41.
  13. (ja) Toyozaki, Yōko, 「日本の衣食住」まるごと事典, IBC Publishing,‎ (ISBN 4-89684-640-0, lire en ligne), p. 21.
  14. Miniblob, « Test du jeu vidéo SSFIV AE », sur Jeuxvideo.com, .
  15. (en) Christopher Mah, « Five Highlights from my NEW paper about the genus Ferdina and its relatives! », sur echinoblog.blogspot.com, .
  16. « Oni Link », sur ZeldaWiki (consulté le ).
  17. « Sauvage Oni », sur Wiki Fire Emblem (consulté le ).
  18. (en) Daniel Crump Buchanan, Japanese Proverbs and Sayings, University of Oklahoma Press, (ISBN 0-8061-1082-1, lire en ligne), p. 136.

Voir aussi

Articles connexes

  • Amanojaku, un yōkai habituellement représenté sous la forme d’un petit oni.
  • Kagome Kagome, un jeu d'enfants où l'un d'eux joue un oni.
  • Onigawara, un ornement de toit représentant un oni.

Bibliographie

  • Amedeo de Santis, Les Créatures mythologiques, Éditions Piccolia, 2007
    Dessins de Rossana Berretta et Ilaria Spada, maquette de Eleonora Barsotti.