Pèlerinage

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Pèlerinage à la grotte sacrée de Benzaiten, par Hiroshige Ando — Japon, années 1850.

Un pèlerinage est un voyage effectué par un croyant vers un lieu de dévotion, vers un endroit tenu pour sacré selon sa religion.

Selon les origines étymologiques, le pèlerin est l'expatrié ou l'exilé. Il est partout un étranger inconnu des hommes. L'un des rôles sociaux des monastères est d'offrir l'hospitalité aux pèlerins qui sont en difficultés. Le déplacement des hommes et des femmes, généralement à pied, vers des lieux où ils entrent en contact avec le sacré est une pratique qui apparaît dans de très nombreuses cultures jusqu'à nos jours, et est constaté dès Stonehenge[1] en 2400 avant J.-C. Le pèlerinage est un phénomène quasi universel de l'anthropologie religieuse. Le pèlerin rencontre le surnaturel en un lieu précis où il participe à une réalité autre que la réalité profane.

Le pèlerinage peut constituer aussi une importante source de revenus pour l'industrie du tourisme et de développement pour une région : c'est la présence de Lourdes qui fait de Pau un aéroport international. Sur une entité géopolitique comme le bassin méditerranéen, ce sont quatre "cultures-monde" liées aux identités religieuses chétiennes (catholique et orthodoxe) judaïques et musulmanes[2] qui constituent la base d'un fort flux de touristique dans cette région du monde. Mais au-delà du seul aspect économique, la circulation de personnes désintéressées, curieuses et animées d'un idéal crée des interactions propres à ouvrir et à renforcer en même temps l'identité des cultures concernées (sur les lieux d'origine, d'arrivée et de passage)[3].

Christianisme

Les plus anciennes descriptions écrites de pèlerins chrétiens et de pèlerinage en Terre sainte remontent au IVe siècle. Les pèlerinages chrétiens au Moyen Âge, contrairement à une idée reçue développée au XIXe siècle, sont rarement des foules de personnes ne voyageant que par piété (pèlerinage pénitentiel ou lors de jubilés comme en attestent les archives de pénitencerie) sur des routes bien balisées, mais le plus souvent des voyages solitaires ou en petits groupes mêlant de nombreux commerçants, généralement vers des sanctuaires locaux (« pèlerinage de recours » favorisé par les récits de miracles liés à ces sanctuaires)[4] et parfois avec des pratiques touristiques[5].

Le premier jubilé formellement organisé par la papauté fut celui décrété en 1300 par le pape Boniface VIII, invitant les Chrétiens à se rendre à Rome pour bénéficier de l'indulgence plénière accordée auparavant aux Croisés, la perte du royaume de Jérusalem rendant difficile le pèlerinage à Jérusalem et développant fortement celui de Rome[6].

Les principaux pèlerinages chrétiens sont :


Parmi les pèlerinages catholiques, on peut retenir un certain nombre de pèlerinages dédiés à la Vierge Marie, nommés pèlerinages mariaux. Il existe aussi nombre de pèlerinages orthodoxes comme à saint Serge de Radonège à la Trinité-Saint-Serge, près de Moscou. Parmi les autres lieux de pèlerinage européens d'importance, il y a :

Drapeau de l'Allemagne Allemagne

Drapeau de l'Angleterre Angleterre

Drapeau de la Belgique Belgique

Drapeau de l'Espagne Espagne

San Sebastián de Garabandal

Drapeau de la France France

Basilique de Lisieux
Notre-Dame de Lourdes
Basilique de Vézelay
Sainte Alpais


Drapeau de l'Italie Italie

Drapeau de la Lituanie Lituanie

Colline des Croix

Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas

La Mère douloureuse de Warfhuizen

Drapeau du Pérou Pérou

Drapeau de la Pologne Pologne

Drapeau du Portugal Portugal

Sanctuaire de Notre-Dame de Fátima

Autres

  • Ostrog (Monténégro)
  • Međugorje (Bosnie-Herzégovine) : dans ce cas précis, les pèlerinages diocésains officiels sont interdits, mais sont autorisés les pèlerinages à titre privé.

Islam

Un pèlerin musulman à La Mecque

En Islam, deux concepts différents sont traduits sous le terme de pèlerinage :

  1. Le pèlerinage à La Mecque - le hajj et la omra - est l'un des cinq piliers de l'islam. Tous les musulmans aptes devraient si possible le faire au moins une fois dans leur vie.
  2. Le pèlerinage (ziyarat) à des sites liés à Mahomet, sa famille et ses descendants (y compris les imams chiites), ses compagnons, ou d'autres figures vénérées de l'Islam, comme les prophètes, les saints soufis et des savants islamiques. Les sites de pèlerinage (ziyarat) incluent notamment des mosquées, des tombeaux, des champs de bataille, des montagnes et des grottes.
Vue de la cour de la Grande Mosquée de Kairouan (en Tunisie)

En Tunisie, la ville de Kairouan, première cité de l'Occident musulman (fondée en 670), est considérée, selon la tradition locale, comme l'une des villes saintes de l'Islam et sept pèlerinages à Kairouan valent un pèlerinage à La Mecque[7]. Parmi les hauts lieux de la ville qui font d'elle un important lieu de pèlerinage figurent principalement sa Grande Mosquée (le plus ancien édifice religieux du monde musulman occidental) et la zaouïa de Sidi Sahab (mausolée d'un compagnon du Prophète)[7].

Pour les chiites et certains adeptes de confrérie soufies, les pèlerinages aux mausolées sont aussi recommandés. Pour les mourides, il y a le magal de Touba au Sénégal.

Judaïsme

Hindouisme

Il y a plusieurs lieux saints d'une grande importance pour les hindous. Certains de ces derniers (en Inde) incluent :

Les hindous croient que venir dans ces endroits mène à la moksha, la libération du cycle des renaissances, le saṃsāra.

  • Le mont Kailash (la demeure de Shiva) et le lac Manasarovar, tous deux situés au Tibet occidental, sont deux lieux de pèlerinage hindouistes très importants.

Bouddhisme

Inde

Les bouddhistes du monde entier font, s'ils le peuvent, la visite des quatre lieux saints (concernant les faits historiques) liés à la vie de Gautama Bouddha :

  • Lumbinî, le lieu de sa naissance ;
  • Bodh-Gaya, le lieu où il a atteint l'illumination ;
  • Sârnâth (anciennement Isipathana), le lieu où il a fait son premier sermon ;
  • Kusinara (maintenant Kusinâgar, Inde), le lieu où il est mort.

les quatre pèlerinages secondaires rappellent des faits « miraculeux » ; du nord-ouest au sud-est : Sâmkâsya (Descente des cieux Tusita), Srâvasti (Grand Prodige magique), Vaisâli (offrande du singe) et Râjagriha (subjugation de l'éléphant furieux).

Le mont Kailash et le lac Manasarovar, tous deux situés au Tibet occidental, lieux de pèlerinage hindou, sont également visités par des pèlerins bouddhistes tibétains et bön.

Jaïnisme

La Tour de la Renommée (Kîrti Stambha),à Chittor.

Les Jaïns aiment faire des pèlerinages (yâtrâ) à leurs nombreux lieux sacrés, à la fois pour raviver leur foi et pour rencontrer souvent parents et amis, lors de certaines fêtes ou foires ; les pèlerins marchent pieds nus et doivent monter souvent de nombreuses marches pour atteindre le sommet des collines qui mènent aux sanctuaires[8]. Parmi les lieux sacrés les plus fréquentés, on peut citer :

La plupart sont des sites avec des darmashâlâ sur place ou à proximité, pour héberger pèlerins et visiteurs. Tout jaïn doit faire au moins un pèlerinage, dans sa vie, à l'un de ces lieux saints[8]. Néanmoins, on peut trouver des temples jaïns hors d'Inde, aux États-Unis, en Afrique et en Europe (en Grande-Bretagne tout particulièrement) ; le plus grand site de pèlerinage du jaïnisme en Europe, à l'heure actuelle, est le temple jaïn d'Anvers [9],[10],[11], en Belgique, qui, par ailleurs, est le plus grand temple jaïn hors d'Inde.

Japon

Au Japon le plus connu des pèlerinages bouddhistes est le pèlerinage de Shikoku dont les pèlerins sont nommés henro.

Bahaïsme

Bahá’u’lláh, dans le Kitáb-i-Aqdas, a prescrit le pèlerinage (ḥajj) vers deux endroits : la maison de Bahá’u’lláh à Bagdad en Iraq, et la maison du Báb à Chiraz en Iran. Dans deux tablettes séparées, connues sous le nom de Suriy-i-Hajj, Bahá’u’lláh a prescrit des rites spécifiques pour chacun de ces pèlerinages. Le pèlerinage est recommandé pour les hommes et les femmes qui en sont capables, mais les croyants sont libres de choisir entre les deux destinations, chacune étant considérée comme suffisante. Actuellement, ces deux lieux de pèlerinage sont inaccessibles aux baha’is. Ce pèlerinage n’est pas considéré comme un pilier de la foi.

Plus tard, ‘Abdu’l-Bahá désigna le tombeau de Bahá’u’lláh à Bahji (la qiblah) comme lieu de pèlerinage (ziyarat) additionnel. Aucun rite spécifique n’a été prescrit pour ce lieu. À nouveau, ce pèlerinage n’est pas un pilier ni une obligation, mais une recommandation afin de rendre hommage aux personnes centrales : Bahá’u’lláh et le Báb. Beaucoup de baha’is le font[12].

Shintoïsme

  • Mont Fuji, lieu de pèlerinage pédestre et de recueillement dans les sanctuaires shintos.
  • L'Ise-jingū, plus haut lieu du shintoïsme.
  • Les Monts Kii, dont les routes de pèlerinage sont classées au patrimoine mondial de l'Humanité.
  • le Sanctuaire Yasukuni, pèlerinage très controversé des nationalistes japonais

Autres

Le pèlerinage à Grand-Pré, au Canada, a lieu pour commémorer la Déportation des Acadiens, ayant eu lieu à cet endroit en 1755. Ce pèlerinage n'est donc pas religieux, bien qu'il soit relié à la religion catholique car finissant à l'église-souvenir.

Le concept du pèlerinage a été également trouvé dans l'Amérique centrale précolombienne. Les lieux importants de pèlerinage étaient :

  • Teotihuacán (toujours visité des siècles après que ses bâtiments furent tombés en ruine), dit pour être le lieu où les dieux se sont réunis pour projeter la création de l'humanité ;
  • Chichén Itzá, particulièrement le Cenote sacré, un puits naturel consacré au dieu Chac de pluie, lieu de sacrifices ;
  • Izamal, consacré au dieu créateur Itzamna ;
  • Cozumel, consacré à Ix Chel, déesse de la lune et de l'accouchement.

Notes et références

  1. http://www.levif.be/actualite/sciences-et-decouvertes/72-64-22964/stonehenge--lieu-de-pelerinage-therapeutique-en-2400-avant-jc-.html
  2. Mario d'Angelo, "L'attractivité culturelle et touristique de la Méditerranée", Eurorient n°27, 2008, L'Harmattan, p. 140-148.
  3. http://cassiano.over-blog.com/article-l-europe-des-pelerins-80444864.html
  4. Emmanuel Laurentin, émission La fabrique de l'histoire sur France Culture, 23 mars 2011
  5. Alphonse Dupront, Tourisme et pèlerinage : réflexions sur la psychologie collective, Revue Communications, Volume 10, n° 10, 1967, pp. 97-121
  6. André Vauchez, Rome au Moyen Age, Riveneuve éditions, (ISBN 2360130145), p. 515
  7. a et b (en) Linda Kay Davidson et David Martin Gitlitz, Pilgrimage from the Ganges to Graceland : an encyclopedia, vol. I, éd. ABC-CLIO, Santa Barbara, 2002, pp. 301-302
  8. a et b Pierre Amiel, B.A.-BA Jaïnisme, Pardès, ISBN9782867144110
  9. http://www.youtube.com/watch?v=rdzcLV8wiJI&feature=channel_video_title
  10. http://www.youtube.com/watch?v=i_p0vjz9SxA&feature=relmfu
  11. http://www.herenow4u.net/index.php?id=75293
  12. (en) John Walbridge, « Bahaism : VIII. Bahai Shrines », Encyclopædia Iranica, Costa Mesa, Mazda, vol. 3,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes