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Maria Cécile Delhalle (1876–1946) était une résistante française. Née à Hargnies, elle a joué un rôle clé dans la "Ligne Comète" durant la Seconde Guerre mondiale, contribuant au sauvetage d'aviateurs alliés. Après la guerre, elle a été élue maire de son village natal, devenant l'une des premières femmes à occuper ce poste dans la région des Ardennes.

Cet article a comme source principale l'article "Maria Delhalle, une harnicote d’exception" du numéro de Ardennes wallone n°162[1]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Maria Cécile Delhalle, née le 16 septembre 1876 à Hargnies, était le troisième enfant de sa famille. Elle avait une sœur aînée, Marie Marguerite Elise, née le 12 février 1865 à Revin, et un frère plus âgé, Ernest Adolphe, né le 20 juillet 1868 à Hargnies. La famille s'agrandit douze ans après sa naissance avec l'arrivée d'un frère cadet, Alexis Victor Edmond, né le 11 septembre 1888.

A la tête d'une petite industrie à 27 ans[modifier | modifier le code]

Boulonnerie Delhalle

Dans la vingtaine, Maria Delhalle fut investie par sa mère et ses frères et sœurs de la responsabilité de diriger la "Boulonnerie Delhalle", une entreprise familiale située à Hargnies, sur ce qui est aujourd'hui la place de L'Aulnet. Cette entreprise, spécialisée dans la fabrication de boulons, servait une clientèle composée notamment d'industriels et de compagnies ferroviaires en France et en Belgique. Elle employait environ vingt femmes, ce qui était notable à l'époque pour une usine dirigée par une femme.

Engagée dans l'armée secrète[modifier | modifier le code]

En 1941, à l'âge de 65 ans, Maria Delhalle s'est engagée dans la résistance en rejoignant le réseau "Comète", à la demande de l'abbé Jules Grandjean de Willerzie. Elle est devenue un membre actif de ce réseau, qui apportait son aide aux aviateurs alliés abattus en Belgique. L'abbé Grandjean lui-même accompagnait de nombreux rescapés à Bruxelles, où ils étaient ensuite exfiltrés grâce au réseau d'évasion orchestré par Andrée de Jongh.

Hebergement à Hargnies[modifier | modifier le code]

Pour maintenir la discrétion et éviter d'éveiller les soupçons, Maria Delhalle recevait les aviateurs alliés évadés déguisés en séminaristes. Elle les cachait ensuite dans le grenier de sa maison située à Hargnies, dans la ruelle connue sous le nom de Chavée du Curé, en face de l'ancien presbytère.

Maison de Maria Delhalle
Maison de Maria Delhalle

"Charles Brichet, le frère de son mari qui était célibataire et résidait dans la maison de Maria et son époux où il disposait d’une chambre, s’était étonné plus d’une fois de tel ou tel curé, jamais bavard, partageant le repas de famille. ‟Ton curé n’a pas vraiment l’air d’un curé ” confiait-il à sa belle-sœur."

Comme couverture elle n'hésite pas à héberger parfois des officiers allemands aux étages inférieurs. Cette stratégie lui permettait de cacher efficacement les évadés et leur matériel, comme des parachutes, dans son domicile sans attirer l'attention des forces d'occupation.

"Ce fut toutefois le cas un jour où une fouille de la maison entreprise par les soldats allemands, pistolets au poing, risqua de mal se terminer. L’un d’eux, en effet, commençait à se diriger vers une cache. C’est alors que Maria Delhalle eut la présence d’esprit de demander les nouvelles d’un de leurs officiers qu’elle avait hébergé quelques semaines auparavant et dont elle avait pris soin de relever le nom et les références de son corps et régiment. Bien lui en prit : ils cessèrent aussitôt leur perquisition, tournèrent les talons et disparurent."

Exfilration par le pays basque[modifier | modifier le code]

L'exfiltration des aviateurs aidés par Maria Delhalle fut confiée à Clémentine Basterreix, alias "Ririne", résidente de Charritte-de-Bas, en Pays Basque, et agent de liaison pour "La Ligne Comète". Prétendant être la nièce de Delhalle, elle organisait le passage sécurisé des aviateurs vers l'Espagne, via Paris et Bayonne, avant leur rapatriement en Angleterre depuis Bilbao. Un témoignage notable est celui de Hilary Birck, co-pilote australien dont l'avion fut abattu en 1940. Après un bref séjour chez une famille locale, il fut hébergé par l'abbé Jules Grandjean puis par Delhalle.

Arrestation de l'abbé Grandjean[modifier | modifier le code]

L'abbé Jules Grandjean, trahi et arrêté le 15 mai 1942 à Willerzie, avait anticipé une éventuelle arrestation par les forces allemandes en installant une trappe sous son bureau pour s'échapper. Malgré une fouille approfondie du presbytère, les autorités n'ont trouvé ni documents compromettants ni résistants cachés. Emprisonné à Saint-Gilles pendant 15 mois, même sous la torture il ne révéla jamais les noms des membres du réseau de résistance, y compris celui de Maria Delhalle. Déporté le 28 août 1943, il décéda le 11 février 1945 lors de la marche de Dora, à l'âge de 45 ans.

Mme Blanche Obein, qui, à la demande de Maria Delhalle avertie de l’arrestation de l’abbé Grandjean, accepte de détruire toutes les copies des télégrammes qui auraient pu constituer autant d’indices de sa participation active au sein de mouvements de résistance.

La discrétion de Maria Delhalle pendant l'occupation a suscité des interrogations après la libération, ayant hébergé et soigné des officiers allemands elle fut une fois suspectée de collaboration parmi certains membres de la résistance d'un autre village.

Liens avec le maquis des Manises[modifier | modifier le code]

Maria Delhalle fournissait des informations sur les officiers allemands logés chez elle, illustrant ses liens étroits avec la résistance. À l'approche de la libération, le maquis envisagea d'installer une mitrailleuse sur le toit de sa maison, la plus haute d'Hargnies, pour sécuriser l'entrée du village depuis la route de Vireux.

Libération d'Hargnies[modifier | modifier le code]

Lors de la libération d'Hargnies, le 4 septembre 1944, Maria Delhalle a échappé de peu à une fusillade dans son jardin, un soldat allemand ouvrant le feu et laissant 47 impacts de balles sur sa porte et son plafond.

Puis, lors de la bataille des Ardennes en décembre 1944, elle fut contrainte de fuir l'avancée allemande. Revenant à Monthermé, elle découvrit que l'offensive avait été repoussée, lui permettant ainsi de retourner à Hargnies.

Elue Maire d'Hargnies[modifier | modifier le code]

Après la Seconde Guerre mondiale, grâce à une ordonnance du Général de Gaulle du 21 avril 1944, les femmes françaises ont obtenu le droit de vote et d'éligibilité. Lors des élections municipales du 29 avril 1945, les Françaises ont pu voter pour la première fois, et Maria Delhalle a été élue maire le 18 mai 1945, devenant ainsi l'une des premières femmes à occuper ce poste en France et spécifiquement dans les Ardennes.

Décédée après un discours d'hommage à la résistance[modifier | modifier le code]

Le 22 décembre 1946, les habitants d'Hargnies et des alentours sont réunis pour l'inauguration de la rue Gabriel Brichet, un événement présidé par Maria Delhalle, alors maire du village.

Cette rue fut nommée en l'honneur de Gabriel Brichet, un jeune résistant des Forces Françaises de l'Intérieur, décédé lors d'une opération de reconnaissance. L'événement a attiré des délégations de résistants, d'anciens combattants, et d'instituteurs de la région.

À l'issue de son discours commémoratif, Maria Delhalle s'est soudainement effondrée, victime d'une embolie, et est décédée peu après malgré les efforts des secours.

  1. Jean François Delarue, « Maria Delhalle, une harnicote d’exception », ARDENNE WALLONNE N° 162, JUIN 2023, no 162,‎