Internet

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En , l'espace Web connecté à Internet dépasse un milliard de sites en ligne[1], pour près de trois milliards d'internautes[2]. Le nombre de sites, d'internautes, de courriels envoyés, de recherches effectuées sur le moteur de recherche Google, est en augmentation permanente[3].

Gouvernance

Nombre d'utilisateurs par pays en 2006 (sources CIA).

Selon la définition du groupe de travail sur la gouvernance d'Internet, il faut entendre par « gouvernance de l’internet » l’élaboration et l’application par les États, le secteur privé et la société civile, dans le cadre de leurs rôles respectifs, de principes, normes, règles, procédures de prise de décisions et programmes communs propres à modeler l’évolution et l’usage de l’Internet.

Les registres de métadonnées sont importants dans l'établissement de règles d'accès aux ressources web qui utilisent les Uniform Resource Identifiers (qui peuvent être les URL qui s'affichent sur la barre de navigation de l'ordinateur personnel).

Un certain nombre d'organismes sont chargés de la gestion d'internet, avec des attributions spécifiques. Ils participent à l'élaboration des standards techniques, l'attribution des noms de domaines, des adresses IP, etc. :

Dans un but de maintenir ou d'élargir la neutralité des réseaux, mais aussi d'engager les diverses parties globales dans un dialogue sur le sujet de la gouvernance, les Nations unies ont convoqué :

La gestion des ressources numériques essentielles au fonctionnement d'internet est confiée à l'Internet Assigned Numbers Authority (IANA), celle-ci délègue l'assignation des blocs d'adresses IP et de numéros d'Autonomous System aux registres Internet régionaux.

Au niveau européen

Dans l'Union européenne :

Voir Utilisation de l'URI pour l'accès aux ressources informatiques dans l'Union européenne

Neutralité du réseau

La neutralité du Net ou la neutralité du réseau est un principe fondateur d'internet qui exclut toute discrimination à l'égard de la source, de la destination ou du contenu de l'information transmise sur le réseau. Mais de récents développements technologiques tendent à mettre fin à cette neutralité.[réf. nécessaire]

C'est aujourd'hui un grand enjeu technico-économique et socio-éthique. Conscient de cette situation, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, prend position le , en adoptant la résolution (A/HRC/32/L.20)[4], non contraignante, visant à condamner les restrictions de l'accès à l'information sur Internet. Le Conseil des droits de l'homme condamne sans équivoque les mesures qui visent à empêcher ou à perturber délibérément l'accès à l'information ou la diffusion d'informations en ligne, en violation du droit international des droits de l'homme, et invite tous les États à s'abstenir de telles pratiques et à les faire cesser[5],[6].

Sur le plan privé, l'association « accessnow.org » promeut et observe le libre accès à internet à travers le monde[7].

Aspects juridiques

Pays restreignant l'accès à Internet d'après Reporters sans frontières (2006).

Libre circulation de l'information

Internet trouve son fondement juridique dans l'existence d'un principe de libre-circulation de l'information qui remonte au XIXe siècle, lors de l'émergence du télégraphe. Depuis, ce principe a émergé graduellement de la rencontre progressive puis de la symbiose entre la libre-circulation internationale des services et la liberté d'expression[8].

Tout au long du XXe siècle, ce qui était à l'origine une problématique technique encadrée par l'Union internationale des télécommunications (UIT) a été progressivement captée, reprise et amplifiée par l'accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) puis l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dans le cadre de la libéralisation internationale du commerce des services.

Cette problématique a alors été nommée progressivement « libre-circulation de l'information ». Mais cette origine technique et économique n'est pas son seul fondement. Elle se base également sur le principe international de liberté d'expression.

Aujourd'hui, que l'on observe la jurisprudence du Conseil constitutionnel français ou des Cours européennes, le principe de libre circulation de l'information est consacré dans sa triple dimension : technique (en tant que support indissociable d'Internet), économique (en tant que préalable nécessaire à la libre-circulation mondiale des services) et éthique (en tant qu'instrument venant compléter et élargir le traditionnel principe de liberté d'expression). Porter atteinte à ce principe revient dans le même temps (potentiellement) à porter atteinte à la liberté d'utiliser Internet, à la liberté d'expression et à la liberté de prestation de services.

Règles de droit applicables au réseau

Il n'existe pas de droit spécifique à Internet, mais plutôt une application du droit commun au réseau Internet. Certaines législations nationales sont modifiées afin de prendre en compte ces particularités ; par exemple, en France, la Loi pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN) du et son article 6 sur la procédure de notification de contenu illicite sur internet.

Selon Benjamin Bayart, militant en faveur de la neutralité du réseau, la décision du Conseil constitutionnel rendue le [a] confirme qu'« Internet est essentiel à l’exercice de la liberté d'expression »[9].

L'application du droit sur internet est rendue difficile pour deux raisons principales :

  • le réseau est international, le droit le couvrant étant généralement national ;
  • sous le couvert du réseau, il est souvent difficile d'identifier les utilisateurs, donc les responsables d'infractions.

Règlement général sur la protection des données

La protection de données personnelles des pays membres de l’UE était, jusqu'au , communément basée sur la directive européenne du , qui n’était plus en accord avec les avancées technologiques des 20 dernières années. Cette dernière couvre la liberté de circulation des données personnelles en limitant les divergences entre les législations nationales.

En 2012, la Commission européenne a proposé le règlement général sur la protection des données (RGPD) qui révise cette loi afin d'y intégrer les échanges de données personnelles liés à la technologie, notamment à Internet et au Cloud. Il aura fallu quatre ans de négociations législatives pour que ce projet de loi soit finalement promulgué le . Il est entré en application le . Dans ce contexte, le traitement des données personnelles par les entreprises est soumis à de nouvelles règles strictes.

Les données à caractère personnel sont concernées par le RGPD, elles concernent les informations basiques telles que les noms et prénoms, coordonnées postales et téléphoniques, mais aussi l’adresse IP, les informations sur la santé et les loisirs ainsi que les données personnelles sous pseudonyme, qui sont considérées comme des informations personnellement identifiables et soumises au nouveau règlement[10].

Technique

Transit du trafic IP entre un ordinateur et un serveur[b].

Internet est constitué de la multitude de réseaux répartis dans le monde entier et interconnectés. Chaque réseau est rattaché à une entité propre (université, fournisseur d'accès à Internet, armée) et est associé à un identifiant unique appelé Autonomous System (AS) utilisé par le protocole de routage BGP. Afin de pouvoir communiquer entre eux, les réseaux s'échangent des données, soit en établissant une liaison directe, soit en se rattachant à un nœud d'échange (point de peering). Ces échanges peuvent se limiter au trafic entre leurs utilisateurs respectifs (on parle alors de peering) ou bien inclure le trafic de tiers (il s'agit alors d'accord de transit). Un opérateur qui fournit un service de transit Internet à d'autres fournisseurs d'accès est appelé carrier. Ces accords d'échange de trafic sont libres, ils ne font pas l'objet d'une régulation par une autorité centrale.

Chaque réseau est connecté à un ou plusieurs autres réseaux. Lorsque des données doivent être transmises d'un ordinateur vers un autre appartenant à un AS différent, il faut déterminer le chemin à effectuer parmi les réseaux. Les routeurs chargés du trafic entre les AS disposent généralement d'une table de routage complète (Full routing table)[11], de plus de 440 000 routes en 2013[12], et transmettent le trafic à un routeur voisin et plus proche de la destination après consultation de leur table de routage.

Des chercheurs israéliens de l'université Bar-Ilan ont déclaré, après avoir analysé les nœuds reliant l'ensemble des sites, qu'internet est un réseau méduse. Ils la définissent comme ayant un cœur dense connecté à une multitude d'autres sites, qui ne sont reliés entre eux que par ce cœur, semblable à un maillage à structure fractale. Cette zone permet à 70 % du réseau de rester connecté sans passer par le cœur. Les chercheurs indiquent donc cette zone comme piste pour désengorger le trafic, en répartissant mieux les sites de cette zone[13].

En pratique, ces connexions sont réalisées par des infrastructures matérielles, et des protocoles informatiques.
Ces connexions permettent notamment de relier des connexions grand public à des Centre de traitement de données.

Connexions grand public

L'accès à internet est souvent vendu sous la forme d'offre commerciale de services, avec un abonnement fixe ou un paiement aux données consommées. Certaines organisations, notamment les universités européennes, disposent de leurs propres réseaux (ex. : Renater).

Pour accéder à Internet, il faut disposer d'un équipement IP ainsi que d'une connexion à un fournisseur d'accès. Pour cela, l'utilisateur emploie les matériel et logiciel suivants :

Des logiciels sont, eux, nécessaires pour exploiter Internet suivant les usages :

Centre de données

Les centres de données sont des lieux occupés par des serveurs, des équipements de stockage et de réseau (commutateurs, routeurs, pare-feuxetc.)

Avant la bulle Internet, des millions de mètres carrés destinés à abriter de tels centres furent construits dans l'espoir de les voir occupés par des serveurs. Depuis, la concentration des centres s'est poursuivie, avec le développement de centres spécialisés pour lesquels les défis les plus importants sont la maîtrise de la climatisation et surtout de la consommation électrique. Ce mouvement a été intégré dans le green computing (informatique durable) et vise à aboutir à des centres de traitement de données dits écologiques pour lesquels sont apparus des outils spécialisés[14].

Infrastructures matérielles

Internet repose sur la transmission d'informations d'un point à un autre. Cette transmission se fait généralement au moyen d'ondes électromagnétiques. Les différents points sont donc connectés soit physiquement, soit indirectement à travers d'autres points.

Ces ondes peuvent être transmises dans l'air (technologies sans fil), dans une fibre optique ou dans un câble métallique (technologies filaires). Lorsque l'information doit passer d'une voie vers une autre, elle est aiguillée au moyen de matériels dédiés (commutateurs, routeurs).

Protocoles logiciels

Les protocoles logiciels utilisés sur internet sont les conventions structurant les échanges d'informations nécessaires au transfert des contenus applicatifs pour l'usager final. Ils permettent notamment d'identifier les interfaces (donc les machines), de s'assurer de la réception des données envoyées, et de l'interopérabilité.

Internet fonctionne suivant un modèle en couches, similaire au modèle OSI. Les éléments appartenant aux mêmes couches utilisent un protocole de communication pour s'échanger des informations.

Un protocole est un ensemble de règles qui définissent un langage afin de faire communiquer plusieurs ordinateurs. Ils sont définis par des normes ouvertes, les RFC (RFC 791[15], RFC 1000[16], RFC 1462[17] et RFC 1580[18]).

Chaque protocole a des fonctions propres et, ensemble, ils fournissent un éventail de moyens permettant de répondre à la multiplicité et à la diversité des besoins sur internet.

Les principaux sont les suivants, classés selon leur couche (IP, TCP et UDP) ; couches applicatives :

  • IP (Internet Protocol) aussi appelé IPv4 : protocole réseau qui définit le mode d'échange élémentaire entre les ordinateurs participant au réseau en leur donnant une adresse unique sur celui-ci. Cependant, en raison de l'épuisement des adresses IPv4, une nouvelle norme voit le jour ; nommée IPv6, elle permet d'accueillir un plus grand nombre d'utilisateurs.
    • TCP : responsable de l'établissement de la connexion et du contrôle de la transmission. C'est un protocole de remise fiable. Il s'assure que le destinataire a bien reçu les données, au contraire d'UDP.
      • HTTP (HyperText Transfer Protocol) : protocole mis en œuvre pour le chargement des pages web.
      • HTTPS : pendant du HTTP pour la navigation en mode sécurisé.
      • FTP (File Transfer Protocol) : protocole utilisé pour le transfert de fichiers sur Internet.
      • SFTP (SSH File Transfer Protocol) : protocole bâti sur SSH pour le transfert de fichiers sécurisé.
      • SMTP (Simple Mail Transfer Protocol) : mode d'échange du courrier électronique en envoi.
      • POP3 (Post Office Protocol version 3) : mode d'échange du courrier électronique en réception.
      • IMAP (Internet Message Access Protocol) : un autre mode d'échange de courrier électronique.
      • IRC (Internet Relay Chat) : protocole de discussion instantanée.
      • NNTP (Network News Transfer Protocol) : protocole de transfert de message utilisé par les forums de discussion Usenet
      • SSL ou TLS : protocoles de transaction sécurisée, utilisés notamment pour le paiement sécurisé.
    • UDP : permet de communiquer, de façon non fiable mais légère, par petits datagrammes.
      • DNS (Domain Name System) : système de résolution de noms Internet.
    • ICMP (Internet Control Message Protocol) : protocole de contrôle du protocole IP.

Indépendamment du transfert entre deux points, les routeurs doivent pouvoir s'échanger des informations de routage. Un IGP (Interior Gateway Protocol) et un EGP (Exterior gateway protocol) comme BGP (Border Gateway Protocol) satisfont ce besoin.

Impact écologique de l'infrastructure

Comme produit essentiellement « dématérialisé », Internet peut paraître écologique, ou tout du moins avoir un impact limité sur l'environnement[19]. En accélérant les transferts d'informations et en facilitant les échanges de données, l'usage d'Internet a fréquemment été présenté comme vertueux de ce point de vue ; cet argument a par exemple été présenté lors de la mise en place de factures électroniques ou de la dématérialisation des marchés publics[réf. souhaitée].

Le fonctionnement du réseau implique pourtant de très fortes consommations énergétiques[réf. incomplète][20],[21],[22]. Outre le coût énergétique engendré par la construction de l'infrastructure (dit énergie grise), le coût de fonctionnement des centres de données peut être mis en évidence et traduit en équivalent CO2[Combien ?].

Internet aurait une empreinte carbone extrêmement importante ; plus de 200 milliards d'emails seraient envoyés chaque jour[23],[24], sachant que chaque email est lié à l'émission de quelques grammes à quelques dizaines de grammes de CO2, en fonction du nombre de destinataires et de la taille des pièces jointes[25],[26],[25]. Cet impact écologique est principalement dû à la fabrication des terminaux (ordinateur, smartphone, tablette, etc.) ayant servi à envoyer et recevoir l'email[27]. Si Internet était un pays, ce serait le troisième plus gros consommateur d'électricité en 2018, après la Chine et les États-Unis[c],[19]. Selon plusieurs études, en 2018, Internet correspond à 6 à 10 % de la consommation mondiale d'électricité et pèserait près de 5 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales[19], soit plus que le transport aérien. Une heure d'échanges de courriels dans le monde correspond à 4 000 vols Paris-New York[réf. nécessaire]. La construction des centres de traitement de données des principaux acteurs d'Internet, Google, Apple et Facebook, dans l'État de Caroline du Nord aux États-Unis, est intimement liée au bas coût de l'énergie dans cet État[20]. Ce coût bas s'explique par le fonctionnement de centrales thermiques utilisant le charbon des Appalaches, dont l'exploitation à ciel ouvert détruit des montagnes entières[20].

Considérations sociales

Statistiques

En 2008, le monde compte 1,574 milliard d'internautes[28].

En , 2,4 milliards d'internautes sont recensés[29].

En , plus de 60 % la population mondiale accède à Internet ; on compte 4,93 milliards d'internautes, soit un taux de pénétration de 63,2 %[30]

Répartition des utilisateurs d'Internet par continent en [31]
Région Proportion d'utilisateurs (%)
Asie 37.6
Europe 27.1
Amérique du Nord 17.5
Amérique latine/Caraïbes 9.8
Afrique 3.6
Moyen-Orient 3.0
Océanie/Australie 1.4
Évolution du nombre d'internautes entre 1990 et 2004.
Évolution du nombre de serveurs entre 1992 et 2006.
Croissance de la table BGP mondiale de 1989.

Un bouleversement social

Le développement du réseau internet entraîne un bouleversement sans précédent depuis l'apparition de l'imprimerie. Comme l'ont fait l'écriture, le charbon et les télécommunications lors de leur apparition, Internet augmente la capacité des hommes à travailler ensemble de façon plus efficace et plus étendue[32]. Ce n'est pas une simple révolution technologique, mais un remaniement complet de la manière dont l'humanité appréhende le monde qui l'entoure. Le philosophe Guillaume Cazeaux remarque, quant à lui, que la libération de la parole, permise par le Web 2.0, entraîne un effet inattendu : noyés dans la masse d’informations et de désinformations, les internautes développent des représentations du monde qui les divisent. Comme l’imprimerie avait ébranlé la foi et provoqué la Réforme protestante, en favorisant la diffusion du savoir, Internet génère aussi des « schismes » qui menacent l’unité de nos sociétés. « Les questionnements vertigineux qui se posaient à l’homme de la Renaissance, à Montaigne par exemple, redeviennent ainsi étonnamment les nôtres », estime le philosophe[33].

La mise à disposition constante d'images et d'idées et leur transmission rapide ont des conséquences sur le développement psychologique, moral et social des personnes, la structure et le fonctionnement des sociétés, les échanges culturels, la perception des valeurs et les convictions religieuses. La planète est devenue un réseau mondial, bourdonnant de transmissions électroniques, une planète « en conversation ». Tout cela n'est pas sans poser des questions éthiques sur le développement de la personne humaine et la chance que peuvent avoir les personnes et les peuples de percevoir une transcendance[34]. Internet est un espace paradoxal : il se détache de la conception spatiale ou matérialiste de l'espace que l'histoire a mise en place. « Internet est un espace qui fait gagner de l'espace-temps. Il se révèle plus efficient que d'autres espaces dès lors que l'étendue est vaste, que le nombre de réalités considérées est important et que l'interaction n'exige pas de contact matériel », selon Boris Beaude[32].

Internet a bouleversé les rôles et les structures sociales jusqu'alors bien établis. Alors que le géant Google a transformé l'accès à l'information de différentes façons (accessibilité, rapidité et réseautage), les réseaux sociaux sont devenus les principaux moyens de médiation et de relation entre les individus, pour ne nommer que ceux-là[32]. Internet s'est donc immiscé dans l'ordre social pour le remanier. « La capacité d'Internet à créer du contact réticulaire en dépit de la distance territoriale offre aussi une opportunité considérable d'organisation, de production et de coordination »[32], souligne Boris Beaude.

Autant Internet peut être une occasion d'enrichissement personnel et culturel, et contribuer à un développement humain authentique, autant il risque de constituer une menace pour le lien social, s'il en vient à dispenser les hommes de toute communication directe. Le sociologue Philippe Breton met en garde contre une conception de la « société mondiale de l'information », où les liens sociaux seraient fondés sur la séparation des corps et la collectivisation des consciences. Selon lui, cette vision du tout-internet découle de l'héritage de Teilhard de Chardin, du bouddhisme zen et des croyances New Age[35].

Outil de mobilisation

Alors même que certains experts dénoncent de mauvaises hypothèses sur le rôle des technologies de l'information et de la communication par rapport aux problèmes d'environnement, les mêmes experts soulignent qu'internet peut jouer un rôle très important pour la mobilisation des citoyens sur les questions de responsabilité sociale et de développement durable. Internet est en effet un réseau de vigilance, alimenté par les associations, les ONG, et les gouvernements, accessible à tous les citoyens (au moins dans les pays les plus développés), et qui peuvent en outre servir de source d'information pour les médias. La convention d'Aarhus, signée en 1998 par trente-neuf États, porte sur l'accès à l'information et la participation du public au processus décisionnel. Le web de deuxième génération (web 2.0), fournit des plateformes d'échange entre utilisateurs grâce à des services collaboratifs tels que les wikis. L'encyclopédie Wikipédia en est d'ailleurs un excellent exemple[36].

Internet est souvent employé comme outil de mobilisation par les organisations non gouvernementales et altermondialistes, comme Attac[37]. Par ailleurs, des groupuscules politiques utilisent Internet comme un canal de sensibilisation et de propagande[réf. nécessaire].

Un phénomène nouveau apparu dans les années 2000 est la collecte de signatures pour des pétitions en ligne[réf. nécessaire].

La tendance apparue depuis 2012 environ en France est à une articulation entre l'usage offensif d'Internet par le biais des réseaux sociaux et l'expression publique dans la rue. Elle introduit des combinaisons innovantes entre les manifestations de rue et les techniques de prise de parole (sites internet, blogs, web social) ou les terminaux mobiles (SMS, prise d'images et de vidéos)[38].

Ces formes de mobilisations peuvent avoir un effet indésirable : le slacktivisme (dit « militantisme de canapé ») peut sembler suffisant à ses participants, par conséquent cela peut diminuer le nombre de ceux qui ensuite passent au militantisme[réf. nécessaire].

Fracture numérique

La fracture numérique est la disparité d'accès aux technologies informatiques, mise en évidence par la disponibilité inégale du réseau Internet. Elle recouvre parfois le clivage entre « les info-émetteurs et les info-récepteurs »[39].

Cette disparité est fortement marquée d'une part entre les pays riches et les pays pauvres, d'autre part entre les zones urbaines denses et les zones rurales. Elle existe également à l'intérieur des zones moyennement denses.

Arts et littérature

La période 1971-1975, qui a vu les prémices d'Internet, est évoquée sur le ton de l'humour dans Comédies françaises, un roman d’Éric Reinhardt publié en 2020. Le livre interroge les liens entre culture, politique et technologie lors de l'arrêt du réseau Cyclades, reposant sur le datagramme et qui inspirera la conception d'Internet[40][réf. à confirmer]. L'auteur décrit, via l'enquête d'un jeune journaliste de l'Agence France-Presse, comment Ambroise Roux, patron de la CGE, a obtenu du président Valéry Giscard d'Estaing, au début des surfacturations aux PTT, l'abandon du plan Calcul, d'Unidata, de la Délégation générale à l'informatique et du réseau Cyclades.

Notes et références

Notes

  1. À l'occasion de l'examen de la Loi Création et Internet.
  2. Chaque routeur oriente le trafic vers un routeur voisin plus proche de la destination.
  3. Internet était encore le cinquième consommateur mondial d'énergie en 2014[20].

Références

  1. internetlivestats.com
  2. « Internet compte plus d’un milliard de sites », Les Échos,‎ (lire en ligne).
  3. « Le Web a plus d'un milliard de sites », Le Monde, (version du sur Internet Archive).
  4. (en)[PDF]Résolution A/HRC/32/L.20, Organisation des Nations unies
  5. Le Conseil des droits de l'homme condamne les restrictions de l'accès à l'information sur Internet, Conseil des droits de l'homme des Nations unies, .
  6. La France demande avec l’ONU de respecter les droits de l’homme sur Internet, Numerama, 4 juillet 2016
  7. (en) AccessNow.org.
  8. Nicolas Ochoa, « Le principe de libre-circulation de l'information - Recherche sur les fondements juridiques d'Internet », HALSHS,‎ (lire en ligne)
  9. Benjamin Bayart, « La neutralité du réseau : Extrait du livre La bataille Hadopi », framablog,‎ (lire en ligne)
  10. « RGPD : comment se mettre aux normes ? », sur Orange professionnels, (consulté le ).
  11. (en)Analyzing the Internet BGP Routing Table, sur cisco.com
  12. (en)BGP routing table analysis, sur potaroo.net.
  13. Science & Avenir, , page 19.
  14. Thierry Lévy-Abégnoli, Climatisation et serveurs : vers des salles informatiques plus vertes, ZDNet France, le
  15. (en) Request for comments no 791
  16. (en) Request for comments no 1000
  17. (en) Request for comments no 1462
  18. (en) Request for comments no 1580
  19. a b et c Sylvain Rolland, « Comment le numérique pollue dans l'indifférence générale », sur latribune.fr, (consulté le ).
  20. a b c et d [vidéo] Internet : la pollution cachée, de Coline Tison et Laurent Lichtenstein, de Camicas Productions, avec France Télévisions, 2014, 52 min [présentation en ligne].
  21. Mireille Campana, Jean Cueugniet, Michel Schmitt et Cédric Siben, Réduire la consommation énergétique du numérique, (lire en ligne Accès libre [PDF]), p. 7, 12.
  22. « Quelle est la consommation énergétique de l'Internet mondial ? » [archive du ], sur TotalEnergies, (consulté le ).
  23. (en) « Daily number of e-mails worldwide 2025 », sur Statista (consulté le ).
  24. « Combien d'e-mails sont envoyés chaque jour ? », sur Combien.io, (consulté le ).
  25. a et b Céline Deluzarche, « Quelle est l'empreinte carbone d'un e-mail ? », sur futura-sciences.com, (consulté le ).
  26. Ademe 2021.
  27. Ademe 2021, p. 7.
  28. « Nombre d'internautes dans le monde », Le Journal du Net,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  29. (en)World Internet Usage Statistics News and Population Stats, internetworldstats.com
  30. (en)Statistiques sur le nombre d'utilisateurs dans le monde, www.internetworldstats.com
  31. « Lutte contre la fracture numérique dans le monde », sur La Documentation française (consulté le ).
  32. a b c et d « Internet. Changer l'espace changer la société », sur beaude.net (consulté le ).
  33. Guillaume Cazeaux, Odyssée 2.0 : la démocratie dans la civilisation numérique, Paris, Armand Colin, , 320 p. (ISBN 978-2-200-28948-5, présentation en ligne), p. 201-202 :

    « L'un des grands phénomènes sociaux actuels, que l'internet a généré, est en effet la création d'un gouffre, de plus en plus profond, entre deux types de populations : celles qui s'informent encore majoritairement sur les médias classiques, ou le web, mais dans son versant traditionnel (les grands sites d'information), et celles qui ont pris l'habitude de s'informer sur le web alternatif, et qui ont perdu presque toute confiance dans les médias dits "officiels". […] La base contextuelle à partir de laquelle nous forgeons notre représentation du réel se scinde, selon que l'on s'informe via les médias traditionnels ou le web, mais aussi - plus encore - selon les nébuleuses que l'on fréquente sur la Toile. Des univers mentaux très différents se créent, qui séparent les hommes, autant que pouvaient l'être jadis les habitants de différentes régions du monde. »

  34. Éthique en internet, Conseil pontifical pour les communications sociales, 22 février 2002.
  35. Philippe Breton, Le culte d'Internet : une menace pour le lien social ?, La Découverte, 2000
  36. Florence Rodhain, Bernard Fallery, « Après la crise de conscience écologique, les TIC en quête de responsabilité sociale », 15e Congrès de l'AIM, 2010, La Rochelle, France. p. 1-28.
  37. Éric Georges, de l'utilisation d'internet comme outil de mobilisation : les cas d'Attac et de SalAMI, Sociologie et sociétés, vol. 32, no 2, 2000, p. 172-188.
  38. Christian Harbulot, « Mouvement de masse et guerre de l’information », 29 avril 2013
  39. Hervé Le Crosnier, SMSI, Genève du 10 au 12 décembre 2003, cité par Dominique Lahary « La propriété intellectuelle s'invite au sommet de l'information » in Bulletin des bibliothèques de France t. 49, no 2, p. 104.
  40. Raphaëlle Leyris, « « Comédies françaises », d’Eric Reinhardt : sur les traces du fiasco de l’Internet français », sur lemonde.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Internet.

Filmographie

  • « Internet les origines du web », épisode de la saison 1 de la série d'animation documentaire Points de repères diffusée sur Arte.

Bibliographie

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Articles connexes

Liens externes