Llamingo

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Photographie couleur d'un lama qui broute de l'herbe séchée.
Un llamingo à proximité d'Ingapirca.

Le llamingo, également nommé lama d'Équateur, est une variété de lama originaire de l'Équateur. Caractérisé par sa petite taille et sa fourrure courte, il est principalement élevé par les peuples indigènes de l'Équateur.

Dénomination

Le lama d'Équateur est connu localement sous le nom de llamingo[1],[2] ; il a aussi été historiquement nommé le « petit lama de Riobamba »[3].

Il a été postulé que le terme llamingo puisse être d'origine quechua, avec le suffixe -ingo signifiant « similaire à » ou « dérivé de ». Mais cette explication sur l'origine du terme est tombée en désuétude pour privilégier une origine moderne à partir de l'espagnol, avec le suffixe -ingo servant de diminutif, car le terme n'apparaît nul part dans les chroniques historiques[1].

Origines

Lors du XIXe siècle et une bonne partie du XXe siècle, la majorité des chercheurs pensaient que le lama a été importé en Équateur pendant la conquête de la région par l'Empire inca au XVe siècle. La principale raison justifiant cette idée est d'ordre géographique : les lamas seraient des animaux adaptés à la puna andine, une écorégion sensiblement différente de la paramo équatorienne[4].

Mais la découverte en 1927 de restes de lamas datant de la période pré-inca dans la vallée de Riobamba donne du poids à l'hypothèse d'une introduction des lamas avant la conquête inca[4]. Des fouilles ultérieures menées en Équateur permettent d'établir grossièrement le processus de diffusion du lama dans la région[5] : les plus anciens fossiles sont retrouvés au sud de l'Équateur dans la vallée de Paute et datent du Ier millénaire av. J.-C., probablement dans sa seconde moitié sous l'influence de la culture Chavín installée plus au sud[6], puis s'est étendu progressivement vers le nord jusqu'à atteindre le sud de la Colombie à proximité d'Ipiales vers le XVe siècle[5].

Ces restes de lamas sont identifiés comme appartenant à une variété de « petit lama », d'une taille intermédiaire entre les lamas et les alpagas modernes et remplacent les cervidés comme principale source de viande pour les populations locales[7]. Ce « petit lama » est désormais regardé comme l'ancêtre du llamingo[2].

Mais la conquête espagnole de l'empire inca au XVIe siècle met un terme brutal au processus de diffusion du lama en Équateur et dans les régions plus au nord ; dans les années qui suivent la conquête, la population de lama s'effondre en Équateur avec des chroniques espagnoles qui mentionnent dès 1550 que l'espèce a pratiquement disparue, seulement présente dans des zones reculées et indigènes[8] ; la population de lama de la Colombie, déjà peu nombreuse, disparaît totalement[8].

Le llamingo, essentiellement présent dans les zones indigènes reculées, ne fait l'objet que de très peu d'études jusqu'aux années 1980[9]. Une analyse génétique menée en 2012 permet de mettre en évidence une différence notable entre les llamingos et les lamas du Pérou, montrant qu'il s'agit ainsi de populations génétiquement distinctes[10].

Description

Photographie en mode portrait et en couleur d'un lama à la robe brune foncée.
Un llamingo près du volcan de Pululahua dans la province de Pichincha, avec sa « crinière » caractéristique.

Jane C. Wheeler, autrice de l'étude de 2012 qui caractérise le llamingo comme une variété distincte du lama le décrit comme étant similaire à la variété q'ara, tout en étant de petite taille[2]. La FAO, dans son recensement en 2005 de la population de camélidés en Équateur, considère ainsi que la très grande majorité des lamas du pays sont de la variété q'ara et note comme caractéristiques principales : sa double fourrure de courte taille ; un cou long et fort qui présente des poils ordonnés dans la région postérieure, ce qui peut donner l'impression d'une « crinière » ; une robe de couleurs variées, allant de blanc au noir et parfois similaire à celle du guanaco sauvage[11].

Toutefois le recensement de la FAO mentionne aussi la présence d'une très faible quantité de lamas de variété chaku[12].

Élevage

Diffusion

La population des lamas en Équateur représente un très faible pourcentage de la population globale de l'espèce dans le monde avec quelques dizaines de milliers d'individus tout au plus[9]. Une première évaluation de la population menée par le docteur Stuart White en 1988 estime une population de 10 000 individus environs[9]. Une seconde étude menée en 2002 par l'Instituto Nacional de Estadística y Censos (INEC) de l'Équateur estime la population à 21 662 individus environs[13].

Une étude menée par la FAO en 2005 évalue quant à elle la population des lamas en Équateur à environs 10 286 individus[13], majoritairements situés dans les provinces centrales de l'Équateur que sont Bolívar (2 750 individus), Chimborazo (2 606 individus), Cotopaxi (2 141 individus), Pichincha (1 370 individus) et Tungurahua (1 150 individus)[14].

Les llamingos se retrouvent principalement en Équateur dans les hautes-terres andines à plus de 3 000 m d'altitude, nommées paramo. Ils sont élevés par les peuples indigènes et jouent un rôle important dans l'écosystème des paramos[9].

Utilisation

Les peuples indigènes utilisent les llamingos comme animal de bât et comme source de laine et de nourriture[15], par leur viande et lait[15].

La fibre de laine des llamingos est de meilleure qualité que celle des variétés de lamas du Pérou et de Bolivie ; les llamingos sont rasés tous les deux ans pour environs 3 kg de laine[16].

Notes et références

  1. a et b Bonavia 2008, p. 349.
  2. a b et c (en) Jane C. Wheeler, « South American camelids - past, present and future », Journal of Camelid Science, vol. 5,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. Bonavia 2008, p. 324.
  4. a et b Bonavia 2008, p. 345.
  5. a et b White 2004, p. 2.
  6. Bonavia 2008, p. 329.
  7. Miller et Gill 1990, p. 64.
  8. a et b White 2004, p. 3.
  9. a b c et d Ordoñez 1994, p. 67.
  10. Wheeler et al. 2012.
  11. Serrano 2005, p. 15.
  12. Serrano 2005, p. 16.
  13. a et b Serrano 2005, p. 11.
  14. Serrano 2005, p. 12.
  15. a et b Ordoñez 1994, p. 68.
  16. Ordoñez 1994, p. 69.

Annexes

Bibliographie

  • (en) George R. Miller et ArmeL. Gill, « Zooarchaeology at Pirincay, a formative period site in highland Ecuador », Journal of Field Archaeology, vol. 17,‎ (DOI 10.1179/009346990791548510).
  • (en) T. Hervas Ordoñez, « Llamas, llama production and llama nutrition in the Ecuador highlands », Journal of Arid Environments, vol. 26, no 1,‎ (DOI 10.1006/jare.1994.1010).
  • (es) Stuart White, « Alpacas y Llamas Como Herramientas de Conservación del Páramo », dans Foro Electrónico sobre Páramos, vol. 3 : Prácticas con menor impacto negativo sobre el Páramo/ Políticas que afectan el ecosistema de Páramos, Condesan, .
  • (es) Luis Peña Serrano, Situación actual de los Camélidos Sudamericanos en el Ecuador, FAO, coll. « Proyecto de Cooperación Técnica en apoyo a la crianza y aprovechamiento de los Camélidos Sudamericanos en la Región Andina TCP/RLA/2914 », (lire en ligne).
  • (en) Duccio Bonavia, « Archaeological and Historical Data from Other Latin American Countries: Ecuador », dans The South American Camelids, Cotsen Institute of Archaeology, UCLA, coll. « Monographs » (no 64), (ISBN 978-1-931745-41-3, lire en ligne).
  • (es) Jane C. Wheeler, L. Maturrano, J.M. Aguilar et Stuart White, « Evaluación genética de las variedades de llama ccara, chaku y suri en Perú y Ecuador », dans Resúmenes y Trabajos, VI Congreso Mundial de Camélidos Sudamericanos, .

Liens externes

  • (en) « Llamingos / Ecuador (Llama) », Domestic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations (DAD-IS) (consulté le ).