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Diplomatie féministe

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La diplomatie féministe ou politique étrangère féministe est un concept originaire de Suède, initié par l'ancienne Ministre des affaires étrangère suédoise Margot Wallström, qui consiste à promouvoir, au sein des relations internationales, des idéaux et bonnes pratiques pour atteindre "l'égalité entre les sexes" et à garantir "à toutes les femmes et filles la jouissance de leurs droits fondamentaux[1]'[2].

Les objectifs de la diplomatie féministe incluent notamment :

  • la lutte contre les violences sexuelles et sexistes[3]
  • l’éducation des filles et des femmes, des garçons et des hommes, partout dans le monde[3]
  • l’émancipation économique des femmes à travers le monde, et particulièrement en Afrique[3]

Contexte international et origine du concept

Originaire de Suède, le concept de "diplomatique féministe" s'inscrit dans une tradition de politique étrangère ambitieuses et porteuses d'idéaux sur les Droits de l'Homme, de la part de l'État scandinave[4]. Le Premier ministre sociaux-démocrates suédois, Olof Palme. avait adopté dans les années 1970 et 1980, une ligne dure contre l'Afrique du Sud de l'apartheid, l'Espagne de Francisco Franco ou le Chili d'Auguste 0inochet. Stockholm garde depuis une image d'allié de l'Organisation de Libération de la Palestine[4].

L'idée de "diplomatique féministe" a été officiellement lancée en Suède, dans la foulée des législatives de septembre 2014 par le gouvernement de centre-gauche, le premier à atteindre la parité homme-femmes[2]. Sur le terrain ou dans l'arène internationale, la diplomatie du pays scandinave actionne tous les levier : émancipation économique, lutte contre les violences sexuelles, influence dans les processus de paix, participation politique[5].

En février 2015, la ministre suédoise des affaires étrangères Margot Wallström, personnalité clé de ce virage politique du gouvernement, dénonce dans un discours devant le parlement le traitement des femmes dans les pétromonarchies du Golfe, provoquant une suspension des relations diplomatiques entre la Suède et l'Arabie Saoudite[4].

Trois ans après les législatives de 2014, le ministère jugeait les succès "significatifs", tandis que 40 % ambassadeurs suédois étaient des ambassadrices, contre seulement 10% seulement 20 ans plus tôt[5].

En août 2018, la Suède présenté un "Manuel de diplomatie féministe" pour faire partager aux ONG et aux chancelleries du monde entier les leçons de sa politique étrangère articulée autour du droit des femmes[5]. Ce livret d'une centaine de pages, accessible en anglais sur le site du gouvernement suédois, détaille ses principes et méthodes : assurer la parité hommes-femmes dans les conférences, investir les réseaux sociaux, mobiliser ressources humaines et financières, mettre les compétences en réseau[5].

Diffusion dans le monde

La diplomatie féministe en France

Après son élection en mai 2017, le président français Emmanuel Macron fait de l'égalité entre les hommes et les femmes une grande cause de son quinquennat[6]. Son gouvernement débloque une enveloppe de 120 millions d’euros portée par l’Agence française de développement avec pour objectif d’aider les mouvements féministes et les ONG, à mener partout le combat pour l’égalité, les droits et la dignité des filles et des femmes[3].

Le 13 mars 2018, à l'Assemblée général des Nations unies, Marlène Schiappa secrétaire d'État en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes conclut son intervention par « France is back, and so is feminism » (« La France est de retour, le féminisme aussi »)[7]. Cette orientation est confirmée par le président de la République Emmanuel Macron lors de son discours devant la 63e assemblée générale des Nations unies en septembre 2018 qui appelle à une mobilisation internationale contre les féminicides[6].

En mars 2019, Marlène Schiappa publie avec le Ministre français des affaires étrangère Jean-Yves Le Drian un tribune dans le journal Libération déclarant que : "La France est de retour pour elle-même : l’égalité entre les femmes et les hommes est la grande cause du quinquennat. Mais la France est aussi de retour pour le monde : l’égalité entre les femmes et les hommes doit désormais devenir une grande cause mondiale. La France est de retour et le féminisme avec elle."[3]

Dans le reste du monde

Le 2 mars 2020, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres publie une tribune dans le journal libanais L'Orient le Jour intitulée : "Le XXIe siècle doit être le siècle de l’égalité femmes-hommes"[8], dans laquelle il déclare :

« Une de mes priorités pour l’ONU a été de faire en sorte que plus de femmes occupent des postes de responsabilité. Nous sommes parvenus à la parité femmes-hommes aux postes de direction deux ans avant la date prévue et nous avons un plan d’action pour arriver à la parité à tous les niveaux dans les années à venir. Le XXIe siècle doit être le siècle de l’égalité femmes-hommes dans les pourparlers de paix comme dans les négociations commerciales, dans les conseils d’administration comme dans les salles de classe, au G20 comme à l’ONU. Le moment est venu d’arrêter de vouloir changer les femmes et de commencer à changer les systèmes qui les empêchent de réaliser leur potentiel. »[8]

  1. « Une diplomatie féministe est-elle possible ? », sur France Culture (consulté le )
  2. a et b Le Figaro fr avec AFP, « La Suède présente son Manuel de diplomatie féministe », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
  3. a b c d et e Jean-Yves Le Drian et Marlène Schiappa, « Pour une diplomatie féministe », sur Libération.fr, (consulté le )
  4. a b et c « La Suède adopte une diplomatie audacieuse et se brouille avec l'Arabie Saoudite », sur LExpress.fr, (consulté le )
  5. a b c et d « La Suède publie un "Manuel de diplomatie féministe" pour les nuls », sur France 24, (consulté le )
  6. a et b « Le gouvernement s'engage pour une "diplomatie féministe" », sur RTL.fr (consulté le )
  7. « La France est de retour. Le féminisme aussi. », sur France ONU (consulté le )
  8. a et b António Guterres, « Le XXIe siècle doit être le siècle de l’égalité femmes-hommes », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )