Provence

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Provence
Image illustrative de l’article Provence
Blason de Provence
Blason
Drapeau de Provence
Drapeau
Administration
Pays Drapeau de la France France
Chef-lieu Aix-en-Provence
Démographie
Gentilé Provençal, Provençale
Langues
régionales
latin, puis provençal (et vivaro-alpin)
Géographie
Coordonnées 44° 00′ nord, 6° 00′ est
Notre-Dame-de-la-Garde, à Marseille
Cabanon de Paul Cézanne dans les carrières de Bibémus.
Le santon est un des symboles de la Provence.

La Provence (prononcé [pʁɔ.vɑ̃s] en français septentrional et [pʁo.ˈvã.sə] en français méridional ; Provença ou Prouvènço [pʀu.ˈvɛ.sɔ] en provençal) est une région historique et culturelle ainsi qu'une ancienne province dans le Sud-Est de la France, s'étendant de la rive gauche du Rhône inférieur à l'ouest, jusqu'au fleuve Var à l'est et bordée au sud par la Méditerranée. La Provence fait aujourd'hui partie de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et correspond aux départements des Bouches-du-Rhône, du Var, des Alpes-de-Haute-Provence (à l'exception des communes de Redortiers et Revest-du-Bion), à une partie du Vaucluse et des Alpes-Maritimes, au sud de la Drôme, 155 communes de la Drôme provençale , et trois localités des Hautes-Alpes.

Toponymie

La Provence doit son nom à l'époque romaine : première conquête de la Gaule transalpine entre 58 et 51 av. J.C., elle est intégrée à la province romaine (en latin Provincia) dont la capitale est Narbonne, la Gaule narbonnaise. C'est le nom latin de Provincia qui a donné en langue occitane (provençale) la forme Proença. Ensuite, Proença a engendré en occitan plus récent la forme Provença (selon la norme classique) ou Prouvènço (selon la norma mistralienne). C'est de cette forme occitane que vient le nom français Provence. César dans la Guerre des Gaules dit passer de Provincia en Narbonnensis au moment de traverser le Rhône, ce qui explique probablement le fait que seule la partie de l'ancienne Gaule narbonnaise située à l'est du Rhône est appelée Provence par la suite.

Géographie

La principale enclave provençale au nord, dans le Dauphiné, jouxtant le Comtat venaissin: le Comté de Grignan de Provence (carte des environs de 1700)

Frontières

La province de Provence dans ses limites du XVIIIe siècle et les communes et départements actuels.

Historiquement, après la fin de l'empire romain, « Provence » désigne l'entité incluse en 536 dans le Royaume franc et devenue marquisat de Provence dans le cadre du royaume de Bourgogne-Provence de 947. Elle devient ensuite comté de Provence, avec pour capitale Arles puis Aix-en-Provence (la ville d'Arles subissant des attaques continues du comte de Toulouse, marquis de Provence), mais des frontières fluctuantes : en 1388, à la suite de la mort de la reine Jeanne, ses territoires situés à l'est du Var sont perdus, rattachés aux États de Savoie par la Dédition de Nice, aboutissant dans un premier temps aux Terres neuves de Provence puis au comté de Nice à partir de 1526. Un siècle plus tard, en 1481, le comté de Provence revient par succession au roi de France Louis XI et devient ainsi une province française.

Au Moyen Âge, la Provence englobe ainsi les Alpes du Sud jusqu'aux affluents de rive gauche du Var inclus. Une partie des régions alpines en est ensuite détachée : au nord celle englobée dans la province du Dauphiné et à l'est celle du Pays niçois[1] concédé à la Maison de Savoie en 1388 sous l'appellation des Terres-Neuves de Provence. Cette acquisition savoyarde au détriment de la Provence donne naissance de 1526 à 1860 à la division administrative du comté de Nice.

À la Révolution, la Provence est divisée en trois départements : Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence à partir de 1970), Bouches-du-Rhône et Var. Le département de Vaucluse est créé en 1793 à partir d'Avignon, du Comtat Venaissin et de la partie nord des Bouches-du-Rhône. Les Alpes-Maritimes sont créées en 1860 à partir du Comté de Nice et de la partie est du Var (arrondissement de Grasse).

Le sud de la Drôme, bien qu'historiquement partie du Dauphiné, est appelé Drôme provençale. Il peut être rapproché de la Provence par la langue parlée, le fait que l'évêché de Saint-Paul-Trois-Châteaux appartenait à la province métropolitaine de Provence (archevêché d'Arles), que la région de Bouchet appartenait au Comtat venaissin (Haut-Comtat) ou que le Diois et le Valentinois étaient vassaux du marquis de Provence.

Agrandissement de la carte de Cassini section 121 (Vaison) montrant, en vert, les enclaves de Provence en Dauphiné (environs de 1750).

Par la suite, certaines enclaves authentiquement provençales se sont perpétuées dans la partie sud de la Drôme provençale, comme le Comté de Grignan[2],[3](incluant les villages voisins de Réauville[2],[4], Montjoyer[2],[4], Salles[2],[4], Colonzelle[2],[3],[4], Allan[2],[4] ), l'enclave provençale de Lemps[2],[4] (s'écrivant Lens au XVIIIe siècle), l'enclave de Saint-May, Rémuzat, Cornillon[2] et Pommerol[2],[4]. Eygalayes[2],[4] .Tous ces villages se réclament de la Provence, avec des bases historiques réelles.

Villes principales

Ville Nom en provençal

(graphie classique / graphie mistralienne)

Département Nombre d'habitants (2015)
01 Marseille Marselha / Marsiho Bouches-du-Rhône 869 815
02 Toulon Tolon / Touloun Var 169 517
03 Aix-en-Provence Ais de Provença / Ais de Prouvènço Bouches-du-Rhône 146 192
04 Antibes Antíbol / Antibo Alpes-Maritimes 76 119
05 Cannes Canas / Cano Alpes-Maritimes 75 226
06 La Seyne-sur-Mer la Sanha de Mar / La Sagno de Mar Var 0 065 691
07 Hyères Ieras / Iero Var 0 057 578
08 Arles Arle / Arle Bouches-du-Rhône 0 053 853
09 Fréjus Frejú / Frejus Var 0 053 734
010 Grasse Grassa / Grasso Alpes-Maritimes 0 051 994
011 Martigues lo Martegue / Lou Martegue Bouches-du-Rhône 0 049 938
012 Cagnes-sur-Mer Canha de Mar / Cagno de Mar Alpes-Maritimes 0 049 799
013 Aubagne Aubanha / Aubagno Bouches-du-Rhône 0 045 844
014 Salon-de-Provence Selon de Provença / Seloun de Prouvènço Bouches-du-Rhône 0 045 461
015 Istres Istre / Istre Bouches-du-Rhône 0 044 514
016 Le Cannet Lo Canet / Lo Canet Alpes-Maritimes 0 042 016
017 Draguignan Draguinhan / Draguignan Var 0 041 149
018 La Ciotat La Ciutat / La Ciéutat Bouches-du-Rhône 0 035 994

Relief

Le relief de la Provence est globalement vallonné avec, dans sa partie centrale, des Préalpes impressionnantes et à l'est et au nord-est les Alpes du sud culminant à 3 412 m à l'Aiguille de Chambeyron (Alpes-de-Haute-Provence). Plus au sud se situe le massif du Pelat qui s'élève à 3 050 m. De part et d'autre du Var ainsi qu'à l'est du Verdon, les Préalpes de Castellane, qui culminent au Puy de Rent à 1 996 m, sont constituées de plateaux et de chaînons orientés ouest-est. Les Plans de Haute-Provence délimitent les préalpes des collines centrales (Plateau de Valensole, Plan de Canjuers, Plateau d'Albion). À l'ouest, le massif du mont Ventoux, situé majoritairement dans le Comtat Venaissin, déborde en Provence où son altitude atteint les 1 600 m dans la forêt domaniale de Sault. La Montagne Sainte-Victoire, célèbre pour les peintures de Cézanne, domine le Pays d'Aix. Dans les Bouches-du-Rhône se remarquent les Alpilles et dans le Vaucluse, à l'orée du Comtat Venaissin, se dresse le Petit Luberon, provençal dans sa partie orientale, que prolonge le Grand Luberon, culminant au Mourre Negre. Enfin le massif de la Sainte-Baume s'étend d'ouest en est, de Gémenos (Bouches-du-Rhône) à Mazaugues (Var).

Les côtes de Marseille à Menton sont plutôt escarpées (Calanques, Maures, Esterel, Riviera française). L’érosion due aux orages violents d’été pouvant constituer des ravines assez creusées.

L’ouest de la région est marqué par la plaine de la Crau et la Camargue, formée par le delta du Rhône, qui constituent les seuls véritables espaces plats de la région provençale.

Hydrographie

Parmi les cours d'eau qui traversent la Provence, le plus important est le Rhône qui forme frontière occidentale de la région. Le Rhône a le second débit de tous les fleuves s'écoulant en Méditerranée, après le Nil. Se jetant dans une mer sans marée, le fleuve a formé un delta. Désormais endigué, ce delta est figé hormis lors de crues exceptionnelles comme en 1993, 1994 et 2003.

La Durance est un affluent du Rhône qui prend sa source vers 2 390 mètres d'altitude, au pré de Gondran, sur les pentes du sommet des Anges[5]. La source se trouve à proximité de l’ancien Fort du Gondran, sur la commune de Montgenèvre[6],[7] dans les Hautes-Alpes, près de la frontière italienne. Elle se jette dans le Rhône à quelques kilomètres au sud-ouest d'Avignon, entre le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône dont elle fait office de frontière. La Durance est une rivière dite « capricieuse » et elle était autrefois redoutée pour ses crues (la tradition provençale dit que les trois fléaux de Provence étaient le mistral, la Durance et le Parlement d'Aix) aussi bien que pour ses étiages.

L’Ubaye est une rivière prenant sa source au col du Longet à 2 655 m d’altitude, dans la vallée de l’Ubaye, passant par Barcelonnette (sous préfecture des Alpes de Haute Provence), et alimente la Durance dans la retenue d’eau hydroélectrique de Serre-Ponçon.

Le Verdon, qui prend sa source au pied de la Tête de la Sestrière (altitude 2 572 mètres), se jette dans la Durance après avoir parcouru environ 175 kilomètres[8]. Il est particulièrement réputé pour ses gorges.

De nombreux fleuves côtiers existent en Provence, notamment :

Climat

Au Soleil de Provence

La Provence est une région au climat méditerranéen avec des étés chauds et secs. Les hivers y sont doux près de la côte, généralement humides à l'est, mais sont plus rudes dans le nord et le nord-est (Pelat, Ubaye, Préalpes de Digne) où le climat devient alpin.

Dans sa partie centrale et méditerranéenne la végétation de la Provence est du type garrigue, la sécheresse d'été la rendant particulièrement vulnérable aux incendies. En revanche dans sa partie la plus orientale et la plus alpine, elle devient plus verdoyante et humide.

Le vent principal est le mistral, dont la vitesse peut aller au-delà des 110 km/h. Il souffle entre 120 et 160 jours par an, avec une vitesse de 90 km/h par rafale en moyenne[10]. Le tableau suivant indique les différentes vitesses du mistral enregistrées par les stations d'Orange et Carpentras-Serres dans le sud de la vallée du Rhône et sa fréquence au cours de l'année 2006. La normale correspond à la moyenne des 53 dernières années pour les relevés météorologiques d'Orange et à celle des 42 dernières pour Carpentras[11].

Légende : « = » : idem à la normale ; « + » : supérieur à la normale ; « - » : inférieur à la normale.

Vitesse des vents du Mistral
Jan. Fév. Mars. Avril Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc.
Vitesse maximale relevée sur le mois 96 km/h 97 km/h 112 km/h 97 km/h 94 km/h 100 km/h 90 km/h 90 km/h 90 km/h 87 km/h 91 km/h 118 km/h
Tendance : jours avec une
vitesse > 16 m/s (58 km/h)
-- +++ --- ++++ ++++ = = ++++ + --- = ++

Histoire

Antiquité

La Provence grecque

Le littoral provençal a été colonisé par les Grecs : vers 600 av. J.-C., les Phocéens s'installent à Marseille (en grec, Massalia ; en latin, Massilia). Ils essaiment à Nice (Nikaia), Antibes (Antipolis), Hyères (Olbia), Six-Fours (Tauroeis), Arles, La Ciotat (Citharista), Brégançon (Pergantion ), Monaco (Monoïcos), Saint-Tropez (Athenopolis Massiliensium) ainsi que sur certaines parties du littoral languedocien comme à Agde (Agathé) ou au sud de Nîmes. Au nord, ils fondent Le Pègue près de Valréas et s'arrêtent à La Laupie à l'est de Montélimar. Antérieurement à l'invasion et la colonisation romaine, la région était principalement peuplée de Ligures qui se sont ensuite mêlés à quelques soldats celtes et fondèrent ensuite ce que l'on appelle aujourd'hui les Celto-Ligures[12] (autrefois Celto-lygiens).

La conquête romaine au IIe siècle av. J.-C.

Chronologie sommaire

  • -181 : les Massaliotes phocéens de la ville de Marseille et leurs alliés helléno-celtes Cavares de la région de Cavaillon-Avignon-Orange appellent Rome au secours contre les pirates Ligures.
  • -154 : Nice et Antibes assiégées par les Ligures des Alpes Maritimes, expédition d'Opimius.
  • -125/-124 : coalition de tribus celto-ligures (les Salyens) soutenus par les Voconces, Allobroges et Arvernes : le consul Marcus Fulvius Flaccus franchit les Alpes et les vainc. En -123, nouvelle campagne qui se termine par la destruction de l’oppidum d’Entremont.
  • En -123/-122 : fondation d’Aix-en-Provence pour contrôler les Salyens.
  • -122 : le proconsul Domitius Ahenobarbus écrase les Allobroges.
  • -121 : les Volques, à la tête d'un vaste territoire de 24 oppidums accueillent sans résistance les légions de Rome. .
  • -120 : Ahenobarbus en campagne ; on lui attribue la fondation et l’organisation de la Provincia.
  • -117 : début de la construction de la Via Domitia (en l’honneur de Cn. Domitius Ahenobarbus) en direction des Pyrénées. Elle emprunte le tracé d’une ancienne route grecque (la voie héracléenne). Son aménagement est le symbole de la romanisation et apporte un développement des échanges commerciaux.
  • -109/-105 : incursions des peuples germaniques (Cimbres, Teutons, Tigurins, Ambrons) : Marius écrase les Teutons à Pourrières (près d'Aix-en-Provence) (-102) et les Cimbres à Verceil (-101).

Moyen Âge

Haut Moyen Âge

La basse vallée du Rhône connait diverses invasions. Wisigoths et Alains pillent de nombreuses cités et descendent jusqu'à Orange et Avignon. Les Burgondes s'installent dans la région en 442, et choisissent Vienne, qui gardait son prestige de grande cité romaine, pour capitale. Avignon marqua la pointe sud de ce royaume[13]. Les Ostrogoths fondent au sud de ce royaume Burgonde un duché dépendant de leur royaume italo-dalmate : le duché de Provence, future basse Provence ou comté de Provence (la partie burgonde deviendra elle le marquisat de Provence). Charles Martel combat le patrice de Provence, Mauronte, allié des Maures de Gothie et fait entrer définitivement la Provence dans le domaine franc en 536.

En 843, le traité de Verdun donne la Provence à Lothaire Ier. Son fils Charles de Provence en fait le royaume de Provence-Viennois ou de Bourgogne cisjurane à l'existence éphémère (855-863). À sa mort, la Provence est intégrée à l'Italie et le Viennois à la Lotharingie de Lothaire II. Après une période trouble, la Provence est de nouveau incluse dans le domaine impérial par le traité de Meerssen, pour une brève durée, puisqu'elle échoitt à la mort de l'empereur Louis II, en 875, au roi de France Charles le Chauve, là aussi pour une courte période. Boson V de Provence, son beau-frère, se fait proclamer roi du deuxième royaume de Provence en 879. Boson est en lutte avec les Carolingiens. Le fils de Boson, Louis, empereur, confie le gouvernement de la Provence à Hugues d'Arles, qui le donne à son tour en 934 à Rodolphe II, roi de Bourgogne transjurane Le nouvel ensemble est le deuxième royaume de Bourgogne-Provence aussi appelé Royaume d'Arles. Il subsiste jusqu'en 1032.

Dans les années 880, quelques Sarrasins provenant de l'émirat d'Al-Andalus échouent par hasard sur le rivage varois et établissent une base au Fraxinet (Fraxinetum) ou Freinet, que l'on situe traditionnellement dans la région de La Garde-Freinet, d'où ils lancent des raids, notamment dans la basse Provence orientale. Hugues d'Arles mène deux attaques victorieuses contre eux en 931 et 942 avec l'aide de navires byzantins, mais sans pousser l'avantage jusqu'à leur expulsion. En 947, le bosonide Boson, comte d'Arles est investi de la Provence. À sa mort, ses deux fils, Guilhem dit le Libérateur (Guillaume Ier) et Roubaud, se partagent en indivis le comté, indivision que maintiennent leurs descendants. La branche issue de Guilhem donne celle des comtes de Provence, celle issue de Roubaud donne les marquis de Provence.

En 972, à la suite de l'enlèvement de Mayeul, abbé de Cluny, Guillaume Ier et Roubaud, avec l'aide de seigneurs provençaux et du marquis de Turin, libère la Provence des Sarrasins qui depuis le massif des Maures (au-dessus de Saint-Tropez) pillaient la région. La bataille de Tourtour marque la victoire définitive de Guillaume sur les Sarrasins. Cette campagne militaire contre les Sarrasins, obtenue sans les troupes de Conrad, masque en fait une mise au pas de la Provence, de l'aristocratie locale et des communautés urbaines et paysannes qui avaient jusque-là toujours refusé la mutation féodale et le pouvoir comtal. Elle permet à Guillaume d'obtenir la suzeraineté de fait de la Provence. Il distribue les terres reconquises à ses vassaux, arbitre les différents et crée ainsi la féodalité provençale[14]. Nommé marquis en 975, Guillaume fait d'Arles sa capitale.

En 1019, Emma, marquise de Provence, se marie à Guillaume III Taillefer, comte de Toulouse, transmettant les droits de la lignée de Roubaud à la maison de Toulouse. En 1112, Douce de Provence, héritière des droits de la ligne de Guilhem, épouse Raimond-Bérenger III, comte de Barcelone, qui devient Raimond-Bérenger Ier de Provence. Les maisons de Toulouse et de Barcelone entrent alors en conflit pour le marquisat. Pour aboutir à un traité en 1125 entre Raymond-Bérenger et Alphonse-Jourdain de Toulouse, qui partage le comté entre un marquisat au nord de la Durance, donné aux Toulouse, et le comté au sud, donné aux Barcelone, lesquels s'opposent entre 1144 et 1162 à la maison des Baux au cours des guerres Baussenques. En 1193, Alphonse II de Provence épouse Gersande de Forcalquier, ce qui donne naissance au comté de Provence-Forcalquier.

Pendant cette période, le comté d'Orange, vassal de Provence, est érigé en 1181 en principauté.

Bas Moyen Âge

Charles Ier d'Anjou, comte de Provence, intronisé par le pape Clément IV comme roi de Sicile
Fresque de la Tour Ferrande à Pernes-les-Fontaines
Possessions de la Maison capétienne Anjou-Valois au XVe siècle : comprenant le duché d'Anjou, incluant le comté du Maine et la Provence

En 1245, meurt Raymond-Bérenger V de Provence, dont les quatre filles sont mariées respectivement : Marguerite à saint Louis, Sancie à Richard de Cornouailles, Éléonore à Henri III, roi d'Angleterre et Béatrix à Charles, comte d'Anjou et du Maine, frère de saint Louis. C'est cette dernière qui reçoit en héritage les deux comtés de Provence et Forcalquier, les transmettant à la première maison capétienne d'Anjou. C'est pourquoi la ville de Forcalquier est surnommée « la cité des quatre reines ».

Mais le comté de Provence-Forcalquier est démembré. Conformément au traité de Meaux-Paris (1229) qui marque la fin de la croisade des Albigeois, à la mort d'Alphonse de Poitiers, en 1271, le marquisat passe au roi de France Philippe III, qui le cède dès 1274 au pape Grégoire X pour devenir le Comtat Venaissin.

En 1388, à la suite des troubles et de la guerre civile qui accompagnent la succession de la reine Jeanne, la ville de Nice et sa viguerie — la division administrative correspondante — la cité de Puget-Théniers et les vallées de la Tinée et de la Vésubie se constituent en Terres neuves de Provence et se mettent sous la protection de la maison de Savoie, c'est la dédition de Nice à la Savoie. Ces terres prendront le nom de comté de Nice en 1526.

En 1382, à la mort de la reine Jeanne, s'achève la première maison capétienne d'Anjou. Elle avait adopté Louis Ier (frère du roi Charles V), fait comte puis duc d'Anjou, fondant, après une période de troubles appelée guerre de l'Union d'Aix, la seconde maison capétienne d'Anjou. Cette dynastie s'achève avec la mort de Charles III du Maine en 1481.

Le , le comte Charles III dicte un testament qui institue le roi de France, Louis XI, comme légataire universel[15]. Charles III meurt le lendemain, [15]. Le , Louis XI charge Palamède de Forbin de prendre possession de la Provence[15]. Le , les états se réunissent sous la présidence de Pierre de La Jaille afin de prendre connaissance du testament de Charles III[15]. Forbin convoque les états pour le [15]. Les actes rédigés et adoptés de janvier 1482 à avril 1487 entérinent l'union de la Provence et de la France « comme un principal à un autre principal (...) sans que à la couronne [de France] comté et pays de Provence ne soient subalternez[16] ». En , les états demandent à Charles VIII de proclamer « définitive et éternelle » l'union de la Provence à la France[15]. Le roi de France leur donne satisfaction par des lettres patentes d'[15], communiquées aux états le [15]. Juridiquement, il ne s'agit que d'une union personnelle des couronnes, le roi de France n'agit en Provence qu'en tant que comte de Provence, et il en sera ainsi jusqu'à la Révolution française. « Qu'il plaise à votre majesté de s'intituler [...] comte de Provence, [...] de façon que nous ne soyons nullement tenus d'obéir à aucune lettre dépourvue de ce titre[17]. »

Renaissance

Le roi René et son épouse Jeanne de Laval
Pluie de sang en Provence en juillet 1608

Accumulant les titres royaux (Naples-Sicile, Jérusalem, Chypre, Acre, Thessalonique, etc.), les comtes se font appeler « roi » dont le célèbre roi René, de la seconde maison capétienne d'Anjou.

À l'époque classique, la sagesse populaire clamait que les trois maux de la Provence étaient la Durance, le mistral et le parlement d'Aix.

La Provence est néanmoins touchée précocement par les guerres de religion, dont le prélude est le massacre de Mérindol (1545), et qui ont lieu de 1562 à 1598. Au moment du massacre de la Saint-Barthélemy (août-octobre 1572), le gouverneur Sommerive, pourtant catholique intransigeant, y empêche le massacre des protestants[18].

Après la mort d’Henri III, une majorité de la France, et notamment la Provence catholique, refuse Henri de Navarre comme roi, du fait qu'il est protestant, ce qui déclenche la huitième guerre de religion. Les parlementaires royalistes, minoritaires, s’établissent à Pertuis, en concurrence du Parlement d’Aix. La Ligue prend le pouvoir dans la plupart des villes et facilite l’entrée du duc de Savoie Charles-Emmanuel en Provence, où le Parlement lui donne les pouvoirs civils et militaires, après sa victoire à Riez (fin 1590). Le duc de Lesdiguières et le duc d’Épernon le battent au début de 1591 à Esparon et à Vinon[19], puis à Pontcharra le 17 septembre. Il quitte définitivement la Provence le . Le Parlement d’Aix reconnaît Henri IV comme roi légitime après son abjuration, en janvier 1594.

Carte de la Provence, par Mercator, 1608

Au début de juillet 1608, les faubourgs d'Aix-en-Provence sont recouverts d'une pluie de sang. On croit à l'œuvre du diable, à des vapeurs sorties d'une terre rouge. Nicolas-Claude Fabri de Peiresc en recueille quelques gouttes sur la muraille du cimetière de la cathédrale. Il découvre que c'était les excréments des papillons qui avaient été observés récemment. Cette explication scientifique ne calme pas la terreur populaire[20].[pertinence contestée]

1720-1722, la grande peste, partie de Marseille, envahit la Provence et la dévaste ainsi que les États pontificaux (Comtat Venaissin)

Époque moderne

Pendant la période révolutionnaire, la Provence est surtout marquée par la Terreur blanche : Provençaux et Bas-Languedociens s'engagent massivement dans les Compagnies du Soleil, en particulier en Comtat Venaissin, où se retrouve une bonne part de la noblesse du sud-est exilée. La région du Comtat gagne alors le surnom de Vendée provençale.

À la suite de la Révolution française, la Provence est divisée en trois départements : Bouches-du-Rhône, Var et Basses-Alpes. En 1793, le Comté de Nice devient français une première fois, qui donne naissance au département des Alpes-Maritimes avant de repasser sous le contrôle piémontais et sarde. En 1860, à la suite d'un référendum populaire, le rattachement définitif du Comté de Nice à la France voit la recréation du département des Alpes-Maritimes qui, cette fois-ci, ampute de l'arrondissement de Grasse le département du Var. Le Comtat Venaissin et le Comté d'Avignon, terres pontificales, sont dans un premier temps, lors de leur intégration à la France, divisées en Bouches-du-Rhône au sud et Drôme au nord (la Principauté d'Orange est rattachée à sa demande aux Bouches-du-Rhône). Cependant, comme on trouve ces deux départements démesurés, on décide de créer un département intermédiaire : le Vaucluse, du nom de la vallée[21] dans laquelle se trouve la source de la Sorgues, aujourd’hui Fontaine de Vaucluse pour éviter toute confusion. Ce nouveau département est composé des anciens États pontificaux, de la principauté d'Orange, du Luberon occidental et du comté de Sault, anciennement terre adjacente de Provence.

Époque contemporaine

Carte de la Provence, au sein de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Après le débarquement des alliés en Algérie et au Maroc, la résistance s'organise dans plusieurs maquis, dont celui du Mont Ventoux[22].

Le , les forces alliées débarquent en Provence (Opération Dragoon).

Culture

Langue

Langues en Provence.
La Provence linguistique :
1 Limite de langue
2 Limite de dialecte
3 Limite de sous-dialecte
Points de vue de P. Blanchet[23],[24] :
4 « Limite de la langue provençale »
a « La Provence historique et culturelle »
b « Zones extérieures de culture provençale »
c « Zone historique provençale ayant appartenu au Royaume de Savoie-Piémont de 1388 à 1713 et surtout de culture alpine »
d « Zone dauphinoise aujourd'hui rattachée à la région Provence Alpes Côte d'Azur »
e « Pays niçois (provençal jusqu'en 1388, savoyard et piémontais jusqu'en 1860, aujourd'hui rattaché à la région Provence Alpes Côte d'Azur »

La langue historique de la Provence est l'occitan dans son ensemble dialectal provençal. On distingue plusieurs variétés de provençal : le maritime (appelé aussi marseillais ou central), le rhodanien, l'alpin (appelé aussi gavot) et le niçois. Le vivaro-alpin lui aussi a été considéré comme une variante du provençal. Le niçois est basé sur le provençal médiéval et archaïque et a reçu quelques influences nord-italiennes. En 1999, le nombre de « locuteurs réguliers » du provençal serait de 250 000, les locuteurs dits « passifs » ou « potentiels » (comprenant au moins partiellement la langue ou pouvant en dire quelques mots et expressions) de 500 000[25]. Cependant, si le provençal maritime est en danger selon l'UNESCO, le vivaro-alpin n'est lui que vulnérable, grâce à la vivacité qu'il a gardée dans les vallées du Piémont italien.

Le , la région Provence-Alpes-Côte d'Azur adopte un vœu reconnaissant le caractère patrimonial des « langues provençales et niçoises »[26]. Ce vœu est modifié le en précisant le caractère unitaire de la langue d'oc dans le respect de ses variantes parlées en Provence[27].

Les principales associations qui œuvrent pour le développement du provençal sont le Félibrige (fondée par Frédéric Mistral) , le Collectif Provence qui milite pour la reconnaissance du provençal comme langue distincte, ainsi que Leis Amics de Mesclum, la fédération des associations Parlaren, l'Unioun prouvençalo, l'Astrado Prouvençalo, l'Association des enseignants de provençal, les écoles félibréennes, Lou Prouvençau à l'Escolo, la Fédération des Associations du comté de Nice, l'Acadèmia Nissarda, le Centre culturau Occitan-País Niçard, l'Ostau dau Pais Marselhés, etc.

La Provence comportait aussi des enclaves de langue ligurienne, dont le parler fut appelé figoun à Biot, Vallauris, Mouans-Sartoux, Mons et Escragnolles[28]. Le mentonasque, parlé à Menton, constitue un parler de transition avec le ligurien. Dans la vallée de la Roya, aux confins orientaux des Alpes-Maritimes, sont employés le royasque et sa variante le brigasque qui constituent deux dialectes liguriens de transition avec le vivaro-alpin.

En outre, l'immigration à partir du XIXe siècle a également établi d’importantes communautés italiennes (dans toute leur variété linguistique), puis d’autres langues, liées à l’attrait touristique de la côte d'Azur, au rapatriement des Pieds-Noirs et à l’immigration d’origine africaine qui a accompagné le développement économique et industriel des années 1950 et 1960.

Costume traditionnel

Deux comtadines en costume traditionnel

Jusque dans les années 1950, le costume traditionnel féminin était encore porté quotidiennement à Arles par un certain nombre de femmes et plus particulièrement le dimanche dans le Comtat Venaissin. Le costume d'Arles a été la tenue féminine traditionnelle dans tout l'ancien archevêché et a tenté de s'imposer jusqu'à Avignon sous l'impulsion de Frédéric Mistral. Il a débordé sur la rive droite du Rhône de la Camargue gardoise jusqu'à l'Uzège[29], s'est étendu à l'Est par delà la Crau, jusqu'à la Durance et le golfe de Fos[30].

Parmi toutes les variétés locales alors à la mode, seuls les costumes d'Arles et comtadins, portés indifféremment par les femmes de toutes conditions, ont traversé la Révolution, tout en continuant à évoluer d'une façon naturelle. Parmi les pièces qui compose l'habillement, il y a la chapelle, plastron de dentelle en forme de trapèze apparu en 1860 et qui couvre la poitrine[31], le grand châle de forme carrée qui moule le buste, la robe longue en satin de différentes couleurs, toujours pincée à la taille, les dorures (bijoux, agrafes, boucles ou crochets) qui sont transmises de génération en génération. Le signe le plus distinctif du costume comtadin est la coiffe « à la grecque ». Ses autres composantes sont : chemise, jupon, jupe simple ou matelassée, le couthiloun, tablier, corselet, caraco, fichu et coiffe.

Le paysan provençal du XVIIIe siècle portait la culotte « à la française » avec des bas ou des guêtres de peau, un gilet et une jaquette à deux basques. Le seul élément qui a traversé les siècles est la taillolle (taiolo), ceinture de laine, généralement rouge, qu'il portait à la taille. Pour les autres parties de l'habillement, continuèrent à rester populaires la blouse, alors appelée camisole, qui était considérée comme un cache-poussière[32], le tricorne, le bonnet ainsi que le chapeau de feutre rond qui étaient portés sur une perruque - élément depuis longtemps surrané - par le paysan ou l'artisan. Ces coiffes ne cédèrent la place au haut de forme qu'au cours du XIXe siècle. Celui-ci fut dénommé lou sofé, car il chauffait comme un tuyau de poêle[33].

Cuisine

La cuisine provençale se distingue par l'utilisation d'huile d'olive, d'ail, de légumes, d'herbes aromatiques et de poissons pour les terres proches de la mer. C'est une cuisine riche et variée. Elle est influencée par la cuisine méditerranéenne et plus particulièrement par la cuisine italienne. Les conquêtes arabes ont aussi modifié la cuisine provençale ainsi que l'arrivée de la tomate et de l'aubergine après la découverte de l'Amérique.

Parmi les plats appréciés en Provence : l'aïoli garni, la tapenade, l'anchoïade, les petits farcis, la ratatouille, la bouillabaisse, la pissaladière, le pan bagna, la bourride, la daube provençale, la socca (plat typiquement niçois, existe aussi à Toulon sous la dénomination « cade »), la soupe au pistou (soupe au basilic avec divers légumes locaux mélangés à une purée de tomates), la fougasse.

Vins

Les vins de Vaucluse font partie du vignoble de la vallée du Rhône. Les AOC régionales se déclinent en Côtes-du-rhône, Côtes-du-Rhône villages, Côtes-du-Luberon et Ventoux (AOC). Les Côtes-du-Rhône villages comprennent dix appellations : Cairanne, Massif-d'uchaux, Plan-de-dieu, Puyméras, Rasteau (AOC), Roaix, Sablet, Séguret, Valréas et Visan. Les appellations locales ou crus sont au nombre de quatre : Beaumes-de-venise (AOC), Châteauneuf-du-pape, Gigondas et Vacqueyras, tandis que les vins doux naturels sont représentés par le muscat de Beaumes-de-Venise et le Rasteau (VDN). Les quelques vins qui n'ont pas droit à l'appellation peuvent être labellisés soit en vin de pays de Vaucluse, vin de pays d'Aigues ou encore vin de pays de la Principauté d'Orange. Autour de cette production s'est développé l'œnotourisme avec, en particulier, la mise en place de la Route des vins des Côtes du Rhône

Le vignoble de Provence s'étend du sud d'Avignon jusqu'aux Alpes-Maritimes. Ses terroirs viticoles sont d'une très grande hétérogénéité tant pédo-géologique que climatique avec bien évidemment une dominante de climat méditerranéen strict mais également de zones plus froides où l'influence du vent est déterminante. Au sein de ce vignoble ont été reconnues deux grands types d'appellations d'origine contrôlées (AOC). Les appellations régionales qui regroupent : Côtes-de-provence, Coteaux-d’aix-en-provence, Coteaux-des-baux-en-provence, Coteaux-varois et Coteaux-de-pierrevert. Les appellations locales comprennent : Bandol, Bellet, Cassis et Palette

Les vins qui n'ont pas droit à l'appellation peuvent être labellisés soit en vin de pays des Bouches-du-Rhône, vin de pays du Var ou encore vin de pays des Alpes-de-Haute-Provence. À ces vins de pays départementaux s'ajoutent des vins de pays de zone : Vin de pays d'Argens, Vin de pays des Maures, Vin de pays de Mont-Caume et Vin de pays des Alpilles (ex Petite Crau),

Littérature

Tartarin de Tarascon, héros d'Alphonse Daudet

De nombreuses œuvres littéraires évoquent la Provence :

Troubadours

Parmi les troubadours directement issus de la mouvance provençale, on compte : Raimbaut d'Orange, Raimbaut de Vaqueiras, Albertet de Sisteron, Bertran de Lamanon, Folquet de Marseille, Blacas de Blacas.

Félibres

Jusqu'au milieu du XXe siècle, le terme provençal, associé aux troubadours, désignait l'ensemble de la langue d'oc. En 1854, autour de Frédéric Mistral se forme le Félibrige à Châteauneuf-de-Gadagne, association littéraire qui se donne pour objectif la restauration de la langue provençale et la codification de son orthographe par la littérature et particulièrement par la poésie. En 1904, Mistral obtiendra le prix Nobel de littérature pour Mirèio (Mireille) ainsi que pour ses travaux lexicologiques. Ce prix nobel de littérature fut le seul octroyé à une œuvre écrite dans une langue qui ne dispose d'aucune reconnaissance institutionnelle jusqu'au prix nobel de littérature obtenu par Isaac Bashevis Singer pour son œuvre en Yiddisch.

Musique

Festivals

Orange

Chaque été ont lieu les Chorégies d'Orange dans le célèbre amphithéâtre romain plus connu sous le nom de Théâtre antique d'Orange. C'est un festival d’opéra et de musique classique.

Aix-en-Provence

Le Festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence est un festival d’opéra et de musique classique créé en 1948 et qui a lieu chaque été à Aix-en-Provence. C’est l’un des grands festivals lyriques européens, avec une affinité particulière pour les opéras de Mozart ; les représentations données à l'origine, en plein air, dans la cour de l’ancien Archevêché sont réparties aujourd'hui sur plusieurs sites : le théâtre de l'Archevêché, le Grand Théâtre de Provence (construit en 2007), le théâtre du Jeu de Paume et l'hôtel Maynier d'Oppède en sont les principaux.

Antibes Juan-les-Pins

Le Festival de Jazz d'Antibes Juan-les-Pins, créé le , est le premier festival Européen de jazz. Cet évènement fut créé par Jacques Souplet en collaboration avec Jacques Hebey. Cette manifestation se déroule tous les ans au mois de juillet. Devant le succès remporté par la première édition de 1960, le Festival fut reconduit tous les ans. Grâce à Norbert Gamsohn, directeur artistique, il a acquis une notoriété mondiale devenant le plus prestigieux après celui de Newport, et ce pendant 27 ans sous sa direction. Il y a programmé les plus grands noms mais a apporté une ouverture de style qui a fait la différence avec tous les autres festivals, permettant ainsi à de jeunes artistes et à de nouvelles musiques de s'exprimer. Il a aussi introduit la télévision, qui avec Jean-Christophe Averty, a apporté une touche unique et une diffusion sans précédent au jazz. En 2010, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la manifestation, le marché d'appel d'offre de l'Office du tourisme pour l'organisation du festival a retenu la candidature de la Société anonyme monégasque d'entreprises de spectacles (SAMES), filiale de la Société des bains de mer de Monaco (SBM), dirigée par Jean-René Palacio.

La Roque-d'Anthéron

Le Festival international de piano de La Roque-d'Anthéron est un festival international de piano, fondé en 1980 par Paul Onoratini[34], maire de La Roque-d'Anthéron et René Martin, alors stagiaire à la Direction régionale des affaires culturelles, cherchant à créer un festival de piano. Se déroulant à ciel ouvert, chaque été, dans le parc du château de Florans, il est aujourd'hui reconnu comme l'un des grands rendez-vous musical en Europe. C'est le lieu de rencontre de tous les talents pianistiques, rassemblant aussi bien les nouveaux jeunes talents que ceux dont la renommée n'est plus à faire. Des artistes comme Martha Argerich, Nelson Freire, Boris Berezovsky, Evgeny Kissin, Zhu Xiao-Mei, François-Frédéric Guy, Claire Désert, Nikolaï Lugansky, Brigitte Engerer, Arcadi Volodos, Anne Queffélec, Alexandre Tharaud, Marie-Josèphe Jude, Hélène Grimaud viennent se produire régulièrement à ce festival.

Sisteron

Le festival les Nuits de la Citadelle est l'événement important du paysage culturel sisteronais et des Alpes provençales. Depuis plus de cinquante ans, le théâtre de verdure de la Citadelle, créé en 1928, accueille chaque année des spectacles de théâtre, danse ou musique. Plusieurs lieux servant actuellement de cadre à ces différentes manifestations. L'égise Saint-Dominique (XIIIe siècle) est réservée aux concerts de musique de chambre, ceux de musique sacrée se déroulent en la cathédrale Notre-Dame-des-Pommiers (XIIe siècle). La partie danse et théâtre est programmée au théâtre de verdure[35].

Des artistes de renommée internationale sont venus se produire lors des Nuits. Parmi les grands noms du théâtre, on compte Edwige Feuillère, Maria Casarès et Jean Marais, pour la danse Patrick Dupond, Noëlla Pontois et Marie-Claude Pietragalla. Pour la partie musique, ont été invités des chefs d'orchestre comme Karl Münchinger et Michel Corboz, et ont chanté en soliste Georges Cziffra, Lily Laskine, Barbara Hendricks et Vadim Repin[35].

Cinéma

Les frères Lumière, qui possédaient une belle maison à La Ciotat, dans les Bouches-du-Rhône, y réalisèrent leurs premières œuvres cinématographiques avec celles tournées à leur usine de Lyon : L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat, L'Arroseur arrosé. La première salle de cinéma de l'histoire, L'Éden, se situe à La Ciotat. L'Éden est toujours présent et est classé monument historique. Un comité de soutien présidé par Bertrand Tavernier est en cours pour sa réhabilitation. La première projection publique du cinématographe y eut lieu le . Michel Simon tombera amoureux de cette ville et y achètera une maison devenue propriété de la commune et siège de l’association « Les Amis de Michel Simon ». La Provence a connu bien d'autres aventures avec ces précurseurs du cinéma. Le matériel d'Auguste et Louis Lumière, à l'arrivée de la Première Guerre mondiale, a été sauvegardé dans une maison de Signes (Var). Marseille a eu ses studios de cinéma. De nombreux films ont été réalisés dans les villes et villages. Le fameux Napoléon d'Abel Gance a été tourné en Cinérama, l'ancêtre du CinemaScope, en 1927 à La Garde (Var). En 1935, sort Toni, réalisé et tourné à Martigues par Jean Renoir, film instigateur du cinéma néoréaliste italien. La Femme du boulanger, de Marcel Pagnol, tourné au village de Le Castellet, est le plus connu des années de l'entre-deux-guerres. Il est resté sept ans à l'affiche à New York. C'est en 1946 qu'Orson Welles, désirant faire la connaissance de Raimu, vient à Toulon, ville natale du célèbre acteur provençal. Il rencontre Marcel Pagnol qui lui annonce qu'il arrive une semaine trop tard. Orson Welles dira : « C'est dommage car il était le plus grand de nous. » La région, depuis le début du cinéma, possède une histoire très riche et l'activité dans ce domaine continue, en regrettant toutefois la mise en sommeil des Studios de la Victorine à Nice. Les tournages, les festivals, principalement le Festival de Cannes, le plus connu mondialement, font que la région est devenue une plaque tournante essentielle du 7e art.

Festival de Cannes

Le Festival de Cannes, fondé en 1946 sous l'égide de Jean Zay[36], ministre des Beaux-Arts du Front populaire est un festival de cinéma international se déroulant à Cannes (Alpes-Maritimes, France).

Il est devenu, au fil des années, le plus médiatisé au monde[37], et son influence n'a cessé de croître grâce aux médias et sponsors présents à cette occasion, notamment lors de la cérémonie d'ouverture et de la traditionnelle montée des marches : le célèbre tapis rouge et ses vingt-quatre « marches de la gloire »[38]. Malgré ce prestige, le Festival a souvent été critiqué, et il fut à l'origine de plusieurs scandales ou controverses que relayèrent magazines et journaux, français et étrangers. Chaque année, durant la seconde quinzaine de mai, la ville de Cannes est envahie par des cinéastes et prise d'assaut par des milliers de photographes. C'est au Palais des Festivals et des Congrès, situé sur le boulevard de la Croisette, que les principales projections ont lieu.

Artistes de Provence

Écrivains

Au XXe siècle, la littérature provençale s'est renouvelée et a été plus productive que jamais, grâce à l'œuvre d'écrivains parmi lesquels Joseph d'Arbaud, Bruno Durand, Louis Brauquier (poète, peintre, agent des Messageries Maritimes), Marius Jouveau, Sully-André PeyreMarcelle DrutelFrancis GagHenriette Dibon, René Jouveau, Jean-Calendal Vianès, Charles GaltierFernand Moutet, Pierre Millet, Max-Philippe Delavouët, Marcel Bonnet, Robert Lafont, Jean-Pierre Tennevin, Jòrgi ReboulRobert AllanSerge Bec, Florian Vernet, Philippe Gardy, Danielle Julien, René Toscano, Michel Miniussi, Claude Barsotti, Pierre Pessemesse, Alain Peillon, Bernard Blua, Bernard Giély, Philippe BlanchetAndré Resplandin.

Peintres

École provençale du XIXe siècle

Sculpteurs et architectes

Acteurs, musiciens, chanteurs

La musique en provençal est très créative, aussi bien dans les genres traditionnels que dans les genres plus modernes, avec une vague folk depuis les années 1970 (Miquèla e lei Chapacans, Jan Nouvè Mabelly, Daumas…) et une seconde vague renouvelée depuis les années 1990 avec des genres nouveaux (comme Jean-Bernard Plantevin et les groupes Massilia Sound System, Nux Vomica, Gacha-Empega, Dupain, Crous e Pielo, Terro de Sau, lo Còrou de Berra, D'Aquí Dub, lo Còr de la Plana, Miquèu Montanaro, Jean Louis Todisco, Benjamin Mélia, Belouga quartet par exemple).


Héraldique

Provence
  • D'or à quatre pals de gueules.

Armes de la Provence dites « anciennes », dont le premier témoignage date de Raimond Bérenger V de Provence (1209-1245), petit-fils de Alphonse II d'Aragon[39].

Plusieurs hypothèses existent quant à l'origine de ce blason. Selon l’héraldiste français Michel Pastoureau, l'origine de ces armes serait provençale : il les attribue au royaume d'Arles et, selon lui, c'est en gouvernant la Provence que les comtes de Barcelone auraient ramené ces armes en Catalogne[40]. Cette hypothèse est refutée par l'héraldiste Faustino Menéndez Pidal de Navascués, selon lequel ce blason ne revint pas à Raimond-Bérenger IV en tant que comte de Barcelone, mais par une attribution légendaire au XVIe siècle des comtes de Provence à la maison royale d'Aragon, elle-même à l'origine du blason, par le biais du grand-père du Raimond-Bérenger V de Provence, Alphonse II d'Aragon[incompréhensible][41].

Provence
  • D’azur, à la fleur de lys d’or, surmontée d’un lambel de gueules

Ces armes remontent au XVIIIe siècle : il s'agit d'une version simplifié des armes des ducs d'Anjou capétiens qui, à compter de Charles Ier en 1245, sont comtes de Provence.

Notes et références

  1. Le Pays niçois appartient à la Provence, non seulement comme entité administrative mais aussi géographiquement et historiquement, car il fait partie de la Provence lorsque celle-ci est incluse en 536 dans le Royaume franc, et le reste jusqu'en 1388.
  2. a b c d e f g h i et j Carte de Cassini, section 121 (VAISON), vers 1750
  3. a et b Christian Trézin, Un palais d'Apollidon- le château de Grignan de 1516 à 1776, , 422 p.
  4. a b c d e f g et h Michel de la Torre, Drôme: le guide complet de ses 371 communes, Deslogis-Lacoste,
  5. Clébert & Rouyer, La Durance, op. cit., p. 18
  6. Gilbert Bessonnat, Durance et Verdon : la région alpine, Riez, Musée de Riez, 1980, p. 1
  7. Altisud, consulté le 28 août 2008
  8. SANDRE, « Fiche rivière le verdon (X2--0200) » (consulté le )
  9. SANDRE, « Fiche fleuve le var (Y6--0200) » (consulté le )
  10. Jean Vialar, Les vents régionaux et locaux, 1948 ; réédité par Météo-France en 2003.
  11. Source : Services techniques d'Inter Rhône à Avignon Données météorologiques concernant l'année 2006 [PDF]
  12. Dominique Garcia, La Celtique méditerranéenne. Paris, Errance, 2004, 206 p.
  13. Félix Vernay, Petite histoire du Dauphiné , 1933, p. 2.
  14. Jean Pierre Poly, La Provence et la société féodale (879-1166), Paris,
  15. a b c d e f g et h Agulhon et Coulet 2007.
  16. Paul Masson, Bouches-du-Rhône (Les) : 03 : Les Temps modernes, 1482-1789 [sous-titre : Encyclopédie départementale. Première partie : Des origines à 1789.], page 293 ; etc.
  17. Histoire de la Provence, Maurice Agulhon et Noël Coulet, PUF, 1987.
  18. Pierre Miquel, Les Guerres de Religion, Paris, Fayard, , 596 p. (ISBN 978-2-21300-826-4, OCLC 299354152, présentation en ligne)., p. 287
  19. Jacques Cru, Histoire des Gorges du Verdon jusqu’à la Révolution, coédition Édisud et Parc naturel régional du Verdon, 2001, (ISBN 2-7449-0139-3), p. 204
  20. Nicolas-Claude Fabri de Peiresc sur le site peiresc.org.
  21. De Vallis Clausa (« vallée close »).
  22. « PROVENCE : époque contemporaine », sur The Provence Herald, (consulté le )
  23. Limite de la langue dans Le provençal. Essai de description…, op. cit.
  24. Frontières historiques et culturelles dans Philippe Blanchet, Zou boulegan ! Expressions familières de Marseille et de Provence En ligne : https://books.google.com/books?id=QFqbSsWENWIC&source=gbs_navlinks_s
  25. Philippe, Blanchet, Parlons provençal !, langue et culture, l'Harmattan, 1999.
  26. http://prouvenco.presso.free.fr/motion.html
  27. http://c-oc.org/oc/provenca/spip.php?article21
  28. Jules Ronjat, Grammaire istorique des parlers provençaux modernes, Montpellier, Société des langues romanes, 1930-1941, tome I, p. 23-24
  29. Benoit 1992, p. 114
  30. Benoit 1992, p. 115
  31. Benoit 1992, p. 127
  32. Benoit 1992, p. 112-113
  33. Benoit 1992, p. 113
  34. « La Roque-d'Anthéron endeuillée », La Provence, 10 janvier 2010.
  35. a et b Dictionnaire de la Provence, op. cit., p. 551.
  36. « Histoire du Festival », Festival de Cannes (consulté le )
  37. Macha Séry, « L'événement culturel le plus médiatisé au monde », Le Monde, (consulté le )
  38. Associated Press (AP), « Ouverture officielle du 60e Festival de Cannes », (consulté le )
  39. G. Fatás Cabeza et G. Redondo Veintemillas, «Palos de Aragón», Gran Enciclopedia Aragonesa, IX, Saragosse, 1981.
  40. Dans «L'origine suisse des armoiries du royaume d'Aragon», Archives héraldiques suisses, 1980, p. 3-10; aussi à « L'hermine et le sinople », Études d'héraldique médiévale, Paris, 1982, p. 95-102 et avec le titre de « L'origine des armoiries de la Catalogne », II simposium numismàtic de Barcelona, à Barcelona, 1980, p. 57-62
  41. Faustino Menéndez Pidal de Navascués, Símbolos de España, Madrid, Centro de Estudios Políticos y Constitucionales, 2000, p. 95-138. (ISBN 978-84-259-1110-1).

Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes