Jeux olympiques d'hiver de 1972

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Comité d'organisation

Le Comité d'organisation des Jeux olympiques d'hiver de Sapporo (COOS) est mis en place le , trois mois après le vote du CIO. Il se compose d'un conseil, d'un comité exécutif et d'un secrétariat, et devient une fondation d'utilité publique le . Kogoro Uemura, vice-président puis président de la Fédération des organisations économiques japonaisont 8,108 milliards de yens alloués à l'administration des Jeux et 9,197 milliards de yens pour la construction des installations sportives[1]. Cette dernière somme, ce qui concerne les installations permanentes, est partagée entre l'État, la ville de Sapporo et le Comité d'Organisation. L'État japonais dépense à lui seul 4,01 milliards de yens pour la reconstruction du tremplin d'Ōkurayama, de l'anneau de patinage de vitesse, de la piste couverte et du site des épreuves de biathlon de Makomanai. La construction du tremplin de Miyanomori, des patinoires de Tsukisamu et Mikaho, des pistes de slalom et slalom géant du mont Teine et de la piste de luge de Fujino sont pris en charge par la municipalité de Sapporo, pour un montant total de 2,676 milliards de yens. Enfin, le comité d'organisation dépense 1,284 milliard de yens pour la construction des pistes de luge et de bobsleigh du mont Teine, de la piste de descente du mont Eniwa et du site des épreuves de ski de fond de Makomanai. À cela s'ajoute le coût des installations temporaires sur les différents sites, pris en charge par le Comité d'organisation, pour un montant de 1,227 milliard de yens[1].

Les dépenses liées aux Jeux sont notamment couvertes par les subventions de l'État, de la préfecture de Hokkaidō et de la ville de Sapporo, pour un montant total de 2,95 milliards de yens, de dons venant par exemple d'entreprises privées pour 2,228 milliards de yens, des revenus des droits de télévision pour 1,491 milliards de yens, ou encore de la vente de tickets pour 0,706 milliard de yens. Les distributions cinématographiques, la liquidation de propriétés et des sources diverses complètent l'ensemble des recettes[1].

Au-delà des dépenses strictement liées à l'organisation des Jeux, les autorités engagent un certain nombre de travaux publics, pour un montant total de 201,74 millions de yens, parmi lesquels la modernisation du réseau routier, pour 85 millions de yens, la construction de la première ligne du métro de Sapporo pour 42,6 millions de yens ou encore le développement du parc hôtelier de la ville pour 13,14 millions de yens[2].

Transports

Photographie montrant une rame de métro en fonctionnement de couleurs verte et blanche.
Le métro de Sapporo est créé spécialement pour les Jeux.

Le Comité d'organisation collabore avec l'État du Japon, la préfecture de Hokkaidō et la municipalité de Sapporo pour améliorer les infrastructures routières de la région. Quarante-et-une routes sont construites ou améliorées pour relier entre eux les différents sites sportifs, les villages olympiques et les quartiers principaux de la ville. L'ensemble de ces travaux couvre un total de 213 kilomètres de voies[3]. Parmi les principales réalisations, la première autoroute de la préfecture de Hokkaidō réservée aux voitures est notamment aménagée, de même que le métro de Sapporo, en partie souterrain, qui entre en fonctionnement le , deux mois avant l'ouverture des Jeux. Seul le premier tronçon de la ligne est construit avant l'évènement, traversant la ville en suivant un axe nord-sud sur une longueur de 12,625 kilomètres. Ce premier tronçon relie la patinoire de Mikaho aux différents sites de Makomanai en passant par les quartiers les plus peuplés de la ville. Sapporo devient ainsi la quatrième ville à se doter d'un métro après Tokyo, Osaka et Nagoya[3],[4]. Par ailleurs, l'aéroport de Chitose est rénové et agrandi, de même que les pistes d'envol, tandis que celui d'Okadama, destinés aux avions de plus faible capacité, subit lui aussi quelques transformations[3].

Le Bureau des Transports mis en place pour les Jeux utilise environ 15 000 véhicules, dont près de 7 000 voitures, 3 000 autocars et 3 000 microbus, pour assurer le transport des athlètes, des officiels, des journalistes, des invités et des employés, du 10 janvier au 17 février[5].

Médias

La couverture médiatique des Jeux de Sapporo est assurée par 3 713 représentants de la presse japonaise et internationale. Un Centre de Presse est construit à Kashiwagaoka, dans le district de Makomanai, à proximité du village olympique et de l'anneau de vitesse de Makomanai. Mis en service le , il se compose de trois bâtiments couvrant une surface de 9 216 m2. Les journalistes internationaux sont logés dans les 340 logements construits à cet effet, dont 230 à Kashiwagaoka et 110 à Midorimachi, tandis que les journalistes japonais sont logés à Sapporo dans deux immeubles de la Japan Housing Corporation[6].

Le groupe audiovisuel japonais NHK est le diffuseur hôte des Jeux, chargé de produire les images et les services techniques aux organismes étrangers ayant acquis les droits de diffusion télévisée. Le groupe NBC débourse 6,401 millions de dollars américains pour obtenir l'exclusivité des droits aux États-Unis. L'Union européenne de radio-télévision verse 1,233 million de dollars pour la diffusion dans trente-et-un pays d'Europe de l'Ouest tandis que l'Organisation internationale de radiodiffusion et de télévision paie un peu moins de 200 000 dollars pour la diffusion dans six pays d'Europe de l'Est. La diffusion au Canada est assurée par la société CBC, pour 115 200 dollars, et le groupe NBC International retransmet les Jeux au Mexique contre 3 400 dollars. Enfin, la NHK verse 530 000 dollars, portant le total des droits de retransmission télévisée à près de 8,5 millions de dollars, un montant supérieur à celui atteint par les précédents Jeux d'hiver[7]. Comme à Grenoble quatre ans plus tôt, la diffusion des images à travers le monde est assurée par le biais du satellite Intelsat I[8].

Identité visuelle

L'emblème des Jeux est conçu par Kazumasa Nagai. Choisi parmi les propositions de huit designers japonais, il compte trois parties : le soleil levant, symbole du Japon ; un flocon de neige, symbole de l'hiver ; et les anneaux olympiques accompagnés des mots « Sapporo'72 »[9]. Quatre affiches officielles dessinées par de célèbres artistes japonais sont imprimées à plus de 30 000 exemplaires chacune. En plus de l'emblème des Jeux, la première affiche contient un sommet enneigé et un ovale qui représente une patinoire. Les deuxième et troisième affiches présentent respectivement un skieur descendant une piste et une patineuse artistique, et les mots « Sapporo'72 » jaillissent en relief de la quatrième affiche[10]. En plus des affiches et des programmes d'information publique, cinq films sont réalisés pour assurer la publicité des Jeux avant leur ouverture[11].

Les pictogrammes sportifs utilisés pour les Jeux de Sapporo sont conçus par le graphiste Yoshiro Yamashita sur la base de ceux utilisés pendant les Jeux d'été de 1964 à Tokyo. Ils présentent des formes simples et schématisées, contenant peu d'éléments graphiques[12]. Des symboles particuliers sont également créés pour chaque installation sportive, ils sont l'œuvre de Shigeo Fukuda, créateur des symboles de l'exposition universelle de 1970 à Osaka[13].

Nations participantes

Carte du monde des pays participant aux Jeux olympiques de Grenoble.
Trente-cinq nations (en vert) participent aux Jeux de Sapporo.

Trente-cinq nations envoient des athlètes à Sapporo, soit deux de moins qu'à Grenoble en 1968, et le nombre d'athlètes est de 1 006 contre 1 158 quatre ans plus tôt[14],[9]. Cette baisse s'explique par le coût élevé du voyage vers le Japon pour les athlètes européens et américains[15]. Les Philippines et le Taipei chinois participent à leurs premiers Jeux d'hiver. La Corée du Nord prend part à cette compétition pour la deuxième fois après 1964, et la Belgique la retrouve après l'avoir manquée en 1968. En revanche, six pays présents à Grenoble ne participent pas à Sapporo : le Chili, le Danemark, l'Inde, l'Islande, le Maroc et la Turquie[16].Sportifs les plus médaillés

Photographie en noir et blanc d'une athlète portant un dossard marqué Grenoble 1968 et les anneaux olympiques.
Galina Kulakova, ici en 1968, est l'athlète féminine la plus médaillée de ces Jeux.

La fondeuse soviétique Galina Kulakova et le patineur de vitesse néerlandais Ard Schenk sont les athlètes les plus médaillés de ces Jeux, avec trois titres olympiques. Au total, six sportifs dont deux Soviétiques et deux Néerlandais remportent trois médailles au cours de ces Jeux[17].

Sportifs les plus médaillés
Rang Athlète Sport Médaille d'or, Jeux olympiques Médaille d'argent, Jeux olympiques Médaille de bronze, Jeux olympiques Total
1 Galina Kulakova (URS) Ski de fond 3 0 0 3
Ard Schenk (NED) Patinage de vitesse 3 0 0 3
3 Vyacheslav Vedenin (URS) Ski de fond 2 0 1 3
4 Pål Tyldum (NOR) Ski de fond 1 2 0 3
5 Marjatta Kajosmaa (FIN) Ski de fond 0 2 1 3
6 Atje Keulen-Deelstra (NED) Patinage de vitesse 0 1 2 3

Réactions et retombées

Les Jeux de Sapporo sont considérés comme une réussite et la qualité de l'organisation japonaise est saluée[18]. Selon Yugo Ono, professeur des Sciences de la Terre et de l'Environnement à l'Université de Hokkaidō, la ville de Sapporo « a retiré un bénéfice indéniable des Jeux olympiques ». L'organisation de l'évènement lui a permis d'accélérer sa croissance et son urbanisation en la dotant d'un certain nombre d'infrastructures comme le métro et les différentes installations sportives construites pour l'occasion. Les Jeux d'hiver ont également permis à Sapporo d'acquérir une réputation mondiale et l'image d'une ville jeune et ouverte sur le monde[19]. Les Jeux de Sapporo connaissent aussi un certain succès populaire puisque 642 000 spectateurs assistent aux épreuves, particulièrement lors des compétitions de saut à ski qui se déroulent à guichet fermé[15]. L'attrait touristique de la ville est renforcé après les Jeux et d'autant plus pour le tourisme de sports d'hiver. La mise en lumière apportée par l'évènement olympique a notamment permis d'accroître la popularité du Festival de la neige de Sapporo, une manifestation organisée chaque année au début du mois de février lors de laquelle des sculptures de neige et de glace attirent de nombreux touristes[19]. Par ailleurs, l'impact des Jeux de Sapporo sur l'environnement est jugé relativement faible, comme l'affirme Jean-Loup Chappelet, pour qui les Jeux de Sapporo sont les premiers à prendre réellement en compte la question environnementale[20]. À titre d'exemple, le déboisement d'un secteur forestier du mont Eniwa pour y aménager les pistes de descente de ski alpin a été compensé par la plantation de nouveaux arbres sur ce secteur après les Jeux[19].

Sur le plan sportif, l'héritage des Jeux pour la ville est lui aussi manifeste. En 1986, Sapporo accueille les premiers Jeux asiatiques d'hiver[21], un rôle de ville hôte qu'elle tient également en 1990 et 2017[22]. De grandes compétitions internationales sont organisées sur les différents sites de compétitions construits lors des Jeux, comme les Championnats du monde de ski nordique 2007[23]. La ville se porte également candidate à l'accueil des Jeux olympiques d'hiver de 2026[22]. Tsunekazu Takeda, président du Comité olympique japonais, met en avant le fait que toutes les installations sportives nécessaires à l'organisation des Jeux sont déjà en place et qu'aucun nouveau site ne devrait être construit. Il insiste également sur l'importance de Sapporo pour les sports d'hiver sur le continent asiatique et le soutien apporté par les habitants de Sapporo à cette nouvelle candidature[24].

Notes et références

Notes

Références

  1. a b et c Comité d'organisation 1973, p. 125-129.
  2. Comité d'organisation 1973, p. 132.
  3. a b et c Comité d'organisation 1973, p. 303-305.
  4. « Le métro de Sapporo », sur urbanrail.net (consulté le ).
  5. Comité d'organisation 1973, p. 389.
  6. Comité d'organisation 1973, p. 309-319.
  7. Comité d'organisation 1973, p. 325-329.
  8. Comité d'organisation 1973, p. 333.
  9. a et b « Sapporo 1972 », Comité international olympique (consulté le ).
  10. Centre d'Études Olympiques, « Les affiches des Jeux Olympiques d’hiver de Chamonix 1924 à Sotchi 2014 » [PDF] (consulté le ), p. 24-25.
  11. Comité d'organisation 1973, p. 343.
  12. « Les pictogrammes sportifs des Jeux Olympiques d'hiver de Grenoble 1968 à PyeongChang 2018 » [PDF], Centre d'Études olympiques, (consulté le ).
  13. Comité d'organisation 1973, p. 344-345.
  14. « Grenoble 1968 », sur olympic.org (consulté le ).
  15. a et b Pierre Lagrue, « Sapporo (Jeux olympiques de 1972) - Contexte, organisation, bilan », Encyclopædia Universalis (consulté le ) Inscription nécessaire.
  16. (en) « Olympic Countries », sur sports-reference.com (consulté le )0
  17. « 1972 Sapporo Winter Games », sur sports-reference.com (consulté le ).
  18. Monnin 2010, p. 91.
  19. a b et c Ono 1999, p. 105-106.
  20. (en) Jean-Loup Chappelet, « Olympic Environmental Concerns as a Legacy of the Winter Games », The International Journal of the History of Sport, vol. 25,‎ , p. 1884-1902.
  21. « Ouverture des Jeux asiatiques d'hiver 2017 au Japon », sur lecourrier.vn, Le Courrier du Vietnam, .
  22. a et b « Sapporo 2026, une candidature à prendre très au sérieux », sur francsjeux.com, .
  23. « Sapporo, la porte d'entrée des Jeux d'hiver en Asie », sur olympic.org, Comité international olympique, .
  24. « JO d'hiver 2026: Sapporo déjà "prêt" à accueillir éventuellement les Jeux », sur lepoint.fr, Le Point, .

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en + fr) Le Comité d'organisation des XIes Jeux olympiques d'hiver, Rapport officiel, Sapporo (Japon), , 502 p. (lire en ligne [PDF]). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Stéphane Vallet, Les Jeux olympiques d'hiver, Lyon (France), La Manufacture, , 182 p. (ISBN 2-7377-0057-4, présentation en ligne).
  • Christian Mogore, La grande histoire des Jeux olympiques d'hiver, Chambéry (France), Agraf, , 223 p. (ISBN 2-908240-01-7, présentation en ligne).
  • Pierre Kukawka, « Les Jeux Olympiques d'hiver : enjeux et perspectives. Grenoble 1968 - Nagano 1998 », Revue de géographie alpine, vol. 87, no 1,‎ , p. 99-104 (lire en ligne).
  • Yugo Ono, « Sapporo et Nagano : de la légitimité symbolique de la ville olympique », Revue de géographie alpine, vol. 87, no 1,‎ , p. 105-107 (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) David Wallechinsky, The complete book of the Winter Olympics, Woodstock (New York, États-Unis), Overlook Press, , 353 p. (ISBN 1-58567-195-9, présentation en ligne).
  • (en) Junko Tahara, « Sapporo 1972 », dans Encyclopedia of the Modern Olympic Movement, Westport (Connecticut, États-Unis), John E. Findling et Kimberly D. Pelle, Greenwood Press, , 602 p. (ISBN 0-313-32278-3, présentation en ligne), p. 381-387. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Guy-Lionel Loew, « Karl Schranz and the International Debate on Amateurism, Sapporo 1972 », Olympika, no XVII,‎ , p. 153-168 (lire en ligne).
  • Éric Monnin, De Chamonix à Vancouver : Un siècle d'olympisme en hiver, Éditions Désiris, , 216 p. (ISBN 978-2364030664, présentation en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Mustapha Kessous, Les 100 histoires des Jeux Olympiques, PUF, coll. « Que sais-je ? », , 127 p. (ISBN 978-2-13-060629-1). Document utilisé pour la rédaction de l’article

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