Miyako Maki

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Miyako Maki
Nom de naissance 牧 美也子
Naissance (88 ans)
Kobe, Japon
Nationalité Japonaise
Activité principale
Distinctions
1974 : Prix de l'Association des auteurs de bande dessinée japonais
1975 : Montreal International Comic Contest
1988 : Prix Shōgakukan
Conjoint

Miyako Maki (牧 美也子?), née le à Kobe, préfecture de Hyogo, est une mangaka japonaise.

Débutant sa carrière en 1957, elle est l'une des toutes premières femmes mangaka. Elle participe à la diversification du shōjo manga pendant les années 1960 et devient l'une des auteurs shōjo les plus populaires de sa génération, avant de devenir pionnière dans les manga féminins pour adultes, produisant des gekiga et redikomi à partir de la fin des années 1960.

Elle est l'épouse du mangaka Leiji Matsumoto avec qui elle a collaboré sur des œuvres communes, et est aussi célèbre pour avoir élaboré le design de la poupée Licca-chan, concurrente japonaise de la poupée Barbie.

Biographie

Miyako Maki est née le à Kobe. Si elle commence à lire des livres à l'âge de 8 ans, et notamment des magazines pour écoliers gakunenshi qui contenaient quelques bandes dessinées, elle ne découvre réellement le manga qu'après avoir terminé le lycée : les parents de Miyako viennent de créer une entreprise de distribution de livres à Ōsaka, elle démissionne alors de son emploi dans une banque pour aider ses parents. Parmi les livres distribués elle découvre des manga et est intéressée par les possibilités d'expression offertes par le médium[1],[2].

Considérant que la bande dessinée était pour elle le meilleur moyen d'exprimer sa pensée[2], elle débute sa carrière de mangaka en 1957, avec le shōjo manga Haha Koi Warutsu (母恋いワルツ?)[1]. Peu après elle déménage à Tokyo et rencontre rapidement un autre mangaka qui travaille dans le shōjo, Leiji Matsumoto, ils se marient en 1961 et collaborent sur la création de manga[3]. En 1968 Miyako Maki s'oriente vers le gekiga, les manga pour adulte, devenant la première femme à dessiner dans ce style[3].

Lors de sa carrière Miyako Maki rencontre un important succès. Deux de ses manga, Netsu ai (熱愛?) et Akujo seisho (悪女聖書?) sont adaptés sous la forme de séries télévisées et un autre, Koibito misaki (恋人岬?) est adapté au cinéma[3]. Elle reçoit aussi trois distinctions pour ses manga : le prix de l'Association des auteurs de bande dessinée japonais pour Himon no onna (緋紋の女?) en 1974[4], le Montreal International Comic Contest pour Les femmes du zodiaque (星座の女, Seiza no onna?) en 1975[5] et le prix Shōgakukan pour l'adaptation du Dit du Genji (源氏物語, Genji monogatari?) en 1988[6].

Carrière

Shōjo manga

Miyako Maki débute sa carrière de mangaka en 1957. Se basant sur le livre Manga Daigaku d'Osamu Tezuka et ses diverses lectures, elle créé son premier manga de 128 pages et alors que beaucoup de mangaka de l'époque — notamment les femmes — débutent leur carrière via les librairies de prêt, Maki présente son manga au directeur de Tōkōdō, l'éditeur d'Osamu Tezuka. Ce dernier refuse le publier son manga, mais reconnaissant le talent de la jeune femme, il lui fournit des planches de Tezuka afin de parfaire son art. Elle débute alors le projet d'un second manga, Haha Koi Warutsu (母恋いワルツ?), qui sera publié par un éditeur. Bien vite Miyako Maki s'installe à Tokyo et commence à travailler pour les grands éditeurs, tels que Kōdansha, Kōbunsha ou encore Shōgakukan[2].

Lors de son début de carrière, Maki s'inspire du style graphique et narratif de Tezuka, s'efforçant de suivre ses instructions provenant de ses livres. Mais en janvier 1957 l'artiste Macoto Takahashi publie son premier manga dans une revue, Arashi o koete (嵐を超えて?). À travers ce manga Takahashi définit le style graphique du sutairu-ga, un procédé à objectif décoratif qui magnifie les émotions des personnages, opposé aux techniques dynamiques de Tezuka qui se concentrent sur l'action des personnages. Miyako Maki fait partie de la toute première vague d'artistes qui adoptent le sutairu-ga, avec son manga Shōjo sannin (少女三人?) publié en août 1958. Bien vite le sutairu-ga s'impose dans le shōjo manga et devient la marque distinctive du shōjo par rapport au shōnen[7],[8],[9].

Dans ses shōjo manga Maki développe des histoires autour du ballet, de la recherche de l'amour familial — genre connu sous le nom de haha-mono (母もの, histoire de mère?) — et la poursuite de ses rêves, les héroïnes sont quant à elles mignonnes, innocentes mais déterminées. Ces histoires sont alimentées par les désirs de jeune fille de l'auteur, frustrée par les manques causés par la Seconde Guerre mondiale[10]. Mais au contraire de la tendance de l'époque des shōjo manga où il y avait une volonté de déplacer l'action vers un Occident fantasmé et idéalisé, Maki se distingue par sa volonté d'ancrer ses histoires dans le Japon contemporain[11].

Collaborations avec Leiji Matsumoto

À Tokyo Maki intègre un groupe d'amis mangaka, comprenant notamment Osamu Tezuka, Leiji Matsumoto ou encore Tetsuya Chiba. Miyako Maki et Leiji Matsumoto finissent par se marier en 1961 et commencent alors à collaborer sur divers manga. À l'époque Leiji Matsumoto était spécialisé dans les shōjo animaliers mignons, mais il souhaitait s'orienter vers le shōnen et surtout rêvait de se lancer dans l'animation.

Dans leurs collaborations Maki s'occupe des dessins des personnages féminins cependant que Matsumoto s'occupe des personnages masculins et animaliers[12]. Leurs manga intègrent des éléments typiques des shōjo et des shōnen avec par exemple le shōjo manga Watashi no Eru (わたしのエル?) publié en 1964 où l'on retrouve une alternance entre des pages très cinématiques typique des shōnen et d'autres plus décoratives basées sur le sutairu-ga du shōjo[13].

Suivant le rêve de Matsumoto de faire de l'animation, ils travaillent aussi sur des innovations visuelles comme pour le shōnen manga Le Champignon d'argent (銀のきのこ, Gin no kinoko?) publié en 1961 ou encore la couverture d'un livret du magazine Shōjo de l'éditeur Kōbunsha. Ces créations sont basées sur des prises de vues réelles, image par image qui sont plus tard assemblées, comme pour concevoir un film d'animation[11],[14].

Grâce à ces collaborations, Maki a influencé Matsumoto dans la conception de personnages féminins forts et combatifs, à l'égal des personnages masculins, devenant l'un des premiers artistes à développer de tels personnages dans le shōnen manga[12].

Gekiga et manga pour adulte

Annexes

Bibliographie

Documents centrés sur l'auteur

  • [Toku 2015] (en) Masami Toku (éditeur), « Profile and Interview with Miyako Maki », dans International Perspectives on Shojo and Shojo Manga : The Influence of Girl Culture, Routledge, (ISBN 978-1-31761-075-5), p. 168-174.
  • [Beaujean 2015] Stéphane Beaujean (trad. Aurélien Estager), « Miyako Maki : pionnière du manga », Kaboom, vol. 8,‎ .

Œuvres de l'auteur

Autres documents utilisés

  • [Toku 2007] (en) Masami Toku, « Shojo Manga! Girls' Comics! : A Mirror of Girls' Dreams », Mechademia, Université du Minnesota, vol. 2,‎ .
  • [Hébert 2010] Xavier Hébert, « L'esthétique shōjo, de l'illustration au manga : De l'origine des « grands yeux » aux mises en pages éclatées », Manga 10 000 images, Versailles, Éditions H, no 3 « Le manga au féminin : Articles, chroniques, entretiens et mangas »,‎ (ISBN 978-2-9531781-4-2)
  • [Fujimoto 2012] (en) Yukari Fujimoto (trad. Matt Thorn), « Takahashi Macoto : The Origin of Shōjo Manga Style », Mechademia, Université du Minnesota, vol. 7,‎ .
  • [Shamoon 2012] (en) Deborah Shamoon, « The Formation of Postwar Shōjo Manga, 1950–1969 », dans Passionate Friendship : The Aesthetics of Girl's Culture in Japan, Université d'Hawaï, (ISBN 978-0-82483-542-2).
  • [Dalma 2016] Kálovics Dalma, « The missing link of shōjo manga history : the changes in 60s shōjo manga as seen through the magazine Shūkan Margaret », 京都精華大学紀要, vol. 49,‎ .

Notes et références

  1. a et b Toku 2015, p. 168.
  2. a b et c Beaujean 2015, p. 83.
  3. a b et c Toku 2015, p. 169.
  4. (ja) « 歴代受賞者 (日本漫画家協会賞および文部科学大臣賞) » (consulté le )
  5. Maki 2015, p. 4.
  6. (ja) « 小学館漫画賞:歴代受賞者 » (consulté le ).
  7. Fujimoto 2012, p. 41.
  8. Shamoon 2012, p. 96.
  9. Hébert 2010, p. 21.
  10. Toku 2007, p. 23-24.
  11. a et b Beaujean 2015, p. 82.
  12. a et b Beaujean 2015, p. 85.
  13. Dalma 2016, p. 16-17.
  14. Toku 2015, p. 173.

Liens externes