Aller au contenu

Yaoi

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 15 novembre 2015 à 18:16 et modifiée en dernier par Lady freyja (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Modèle:Unicode japonais

Dessin couleur de style manga, où deux jeunes hommes s'embrassent sous un parapluie.
Deux bishōnen qui s'embrassent, situation typique dans une œuvre yaoi.

Le yaoi (やおい?), aussi appelé Boys' Love, désigne dans la culture populaire japonaise un genre d'œuvres de fiction centré sur les relations sentimentales et/ou sexuelles entre personnages de sexe masculin. Le genre du yaoi concerne essentiellement la littérature ainsi que le monde du manga et de l'anime, mais se retrouve aussi à plus petite échelle dans le cadre des jeux vidéo, de la télévision et du cinéma, ainsi que d'autres types de supports. L'équivalent féminin du yaoi est le yuri.

Le yaoi est réputé pour sa forte communauté amateur dans les cercles dōjinshi. Ces productions amateurs peuvent être des créations originales ou bien des parodies d'œuvres ou de personnes existantes. Là encore la littérature et les mangas forment la majeure partie des créations yaoi amateurs.

Des œuvres de type yaoi ou approchant sont apparues tout au long du XXe siècle, mais il ne s'établit comme genre à part entière qu'au cours des années 1970 au sein des shōjo manga. Au fil des décennies qui suivent le genre s'est diversifié, et bien que toujours fortement lié aux démographies féminines, il touche un public de plus en plus large et diversifié en terme de sexes, de genres et de sexualités. Depuis les années 2000, la production tant professionnelle qu'amateur de yaoi s'est globalisée à l'international.

Définitions

Au cours de l'histoire, différents termes ont été utilisés pour désigner tout ou partie du genre ainsi que ses sous-genres. Les universitaires spécialistes en manga Mark McLelland et James Welker considèrent qu'il y a eu quatre principaux termes historiques, qu'ils définissent ainsi[1] :

Shōnen'ai (少年愛?)
Ce terme a été largement utilisé pendant les années 1970 et 1980 pour désigner les shōjo manga mettant en scène l'homosexualité masculine. Aujourd'hui il est parfois utilisé rétroactivement afin de désigner les œuvres yaoi de cette époque, mais dans le discours japonais actuel le terme a reprit son sens premier, où il désigne la pédérastie.
JUNE
Ce terme est dérivé d'un magazine yaoi éponyme qui était publié de la fin des années 1970 au milieu des années 1990, et a été utilisé pour nommer le type de mangas publié dans ce magazine. Il a aussi été utilisé pour désigner des créations yaoi amateurs, essentiellement les créations originales et non les parodies.
Yaoi (やおい?)
Est un acronyme pour yama nachi, ochi nachi, imi nachi qui peut se traduire par « pas de climax [dans la narration], pas de chute [au récit], pas de sens [à l'histoire][2] ». Ce nom autodérisoire est établit en 1979 et a été diffusé par un cercle dōjinshi influent. Il s'est popularisé au cours des années 1980 et désigne depuis les créations amateurs du genre, mais est aussi parfois utilisé comme terme-parapluie pour désigner l'ensemble des créations amateurs et professionnelles.
Boys' love (ボーイズラブ?)
Généralement écrit en katakana ou par son acronyme « BL ». Ce terme apparaît au début des années 1990 pour désigner les productions yaoi professionnelles, mais est aussi utilisé comme terme-parapluie pour désigner l'ensemble de la production amateur et professionnelle.

Il existe aussi le terme men's love (メンズラブ?) (abrégé « ML ») pour désigner les productions dont la principale cible éditoriale est le public gay, en Occident le ML est parfois nommé bara (薔薇?, lit. rose). Mais le ML reste généralement vendu sous les termes de « yaoi » ou de « BL » par les éditeurs[3].

Ces termes représentent des concepts qui se chevauchent les uns les autres, il n'y a pas de frontière exacte entre chacun d'eux[4]. De plus en Occident le sens de ces termes à tendance à changer en fonction des pays[1], notamment le terme shōnen'ai est souvent utilisé en Occident pour désigner les amours suggérées ou platoniques[5].

D'autres termes sont régulièrement utilisés dans la culture yaoi, sans toutefois être limités à cette dernière. Par exemple[6] : tanbi (歎美, 嘆美?, « esthète » ou « esthétique »), aniparo (アニパロ?, contraction de « anime parody »), sōsaku (捜索?, création originale), niji sōsaku (二次捜索?, création dérivée) et sanji sōsaku (三時捜索?, création dérivée d'une création dérivée).

Caractéristiques

Certaines œuvres écrites par des femmes pour des femmes, mettent en scène les fantaisies féminines et les fantasmes projetés par des femmes sur les univers homosexuels masculins.

La relation homosexuelle dépeinte, sentimentale et physique, obéit en effet largement aux codes et aux normes imposées au couple hétérosexuel. On y retrouve souvent un modèle du couple homme-femme, selon une rhétorique basique, avec un partenaire viril dominant (seme - du verbe semeru, attaquer) et son amant efféminé et vulnérable à la psychologie « toute féminine » (uke - du verbe ukeru, recevoir).

Ce stéréotype évolue dans certaines œuvres : ainsi le uke devient le seme avec le même partenaire (Haru wo Daiteita de Nitta Youka, Le Jeu du chat et de la souris 2 de Setona Mizushiro) ou avec d'autres.

Yaoi et hentai

De par sa définition d'œuvre à caractère sexuel, on croit abusivement que le yaoi n'est qu'une simple œuvre pornographique centrée sur le sexe, rien de plus que du hentai ou pornographie pour fille. Or les mangas, romans et animes yaoi offrent en fait un vaste panel de genres, de la comédie à la science-fiction, des robots géants à la romance de collégiens, avec en général des intrigues longues et complexes. L'acte sexuel y apparaît le plus souvent comme un acte d'amour, la romance servant toujours de toile de fond principale. Nombre de mangas yaoi sont même peu explicites.

On notera d'ailleurs la tendance à ne pas dessiner les organes génitaux, même dans des animes yaoi très axés sur les relations intimes. Il n'y a guère que les dōjinshi yaoi cités précédemment qui minimisent l'intrigue au profit de l'acte sexuel.

Diffusion

Photo couleur d'une étagère remplie de mangas.
Section « yaoi » dans une librairie Kinokuniya à San Francisco.

Le marché des œuvres yaoi s'est énormément développé ces dernières années et touche un public de plus en plus large, au Japon comme à l'étranger.

De nombreux shōjo mangas incluent des éléments BL, comme des relations ambiguës entre personnages masculins secondaires, sans pour autant en faire leur intrigue principale. Voir par exemple des œuvres telles que Angel Sanctuary, Cardcaptor Sakura, X, Tsubasa Reservoir Chronicle ou Host Club, s'adressant à un large public.

De la même façon que des artistes amateurs ont détourné les personnages de leurs séries favorites pour écrire et dessiner des dōjinshi yaoi, des fans du monde entier ont adhéré à cette subversion appelée désormais Slash (nommé d'après la barre oblique appelée slash en anglais, utilisée pour séparer les noms de deux personnages que les fans mettent en couple). Le slash reprend le principe de l'utilisation des personnages d'une œuvre et de leur mise en scène dans une relation homosexuelle, quelle que soit leur orientation dans l'œuvre d'origine. Une telle pratique s'exerce artistiquement dans les œuvres écrites dites fanfictions ou graphiques dites fanarts. Il n'est pas rare de voir confondus Slash et Yaoi dans les fanfictions et fanarts à caractère sexuel.

Yaoi-Con

La première convention entièrement centrée autour du BL en général et du yaoi en particulier est la Yaoi-Con qui se tient tous les ans à San Francisco, et réunit des fans de tous les États-Unis (où le BL est le plus porteur) et du monde. Cette convention est destinée aux adultes et l'âge d'entrée minimal est 18 ans.

Il est à noter qu'au Japon, de très nombreux évènements organisés par des fans permettent aux cercles de vendre des doujinshi yaoi. Ces conventions sont toutefois en général assez discrètes (sur invitation seulement pour certaines d'entre elles).

En France depuis 2011 se tient tous les ans à Lyon, la première convention européenne sur le yaoi et le yuri. La Yaoi Yuri-Con a été créée par l'association Event Yaoi.

Notes et références

  1. a et b McLelland et Welker 2015, p. 5.
  2. Brient 2008, p. 5.
  3. Tina Anderson, interview par Bamboo, Casey, Sara, GloBL and Gay Comics, Chicks on Anime, Anime News Network,  (consulté le ).
  4. McLelland et Welker 2015, p. 9-12.
  5. Brient 2008, p. 6.
  6. McLelland et Welker 2015, p. 6.

Bibliographie

Articles connexes