Sortie des eaux

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Tiktaalik roseaevertébré à membre charnu sortant des eaux.

Dans l'histoire évolutive du vivant, la sortie des eaux correspond à l'adaptation progressive au cours du Silurien et du Dévonien de la faune et la flore jusque là exclusivement marines à un mode de vie terrestre. L'extinction de l'Ordovicien-Silurien et du Dévonien sont en effet marquées par d'importantes crises biologiques qui appauvrissent la vie marine et favorisent la conquête des terres émergées par les plantes chlorophylliennes et plusieurs grands groupes animaux, essentiellement les Arthropodes et les Vertébrés.

Ce processus se répète et se produit indépendamment au cours de l'histoire des êtres vivants, que ce soit pour les organismes unicellulaires, les champignons, les plantes, les invertébrés ou les vertébrés.

Historique

Un cladograme de l'évolution des tétrapodes sortant des eaux.
Fossiles de transition de bas en haut : Eusthenopteron, Panderichthys, Tiktaalik, Acanthostega, Ichthyostega , Pederpes

L'Ordovicien voit une explosion de la biodiversité (connue sous le nom d'événement de la grande biodiversification ordovicienne (en)). La vie à cette époque est exclusivement confinée aux mers et aux océans, plus particulièrement dans les mers épicontinentales peu profondes qui bordent les nombreux continents, la faible profondeur de l'eau y permettant la photosynthèse. Les fortes productivités phytoplanctoniques journalières et annuelles se trouvent alors dans ces écosystèmes côtiers et correspondent au maximum de biodiversité des milieux marins, l'abondance du phytoplancton se répercutant sur le reste de la chaîne alimentaire jusqu'aux poissons à mâchoires[1].

Deux extinctions massives se produisent à la fin de cette période entre 450 Ma et 440 Ma. L'extinction de l'Ordovicien-Silurien est marquée par une importante glaciation et une baisse du niveau de la mer. Cette régression marine voit un retrait de la mer sur des centaines de kilomètres, ce qui appauvrit la vie marine des plateaux continentaux. Une autre conséquence de cette régression est une expansion des environnements d'eau douce, puisque l'écoulement continental a de plus longues distances à parcourir avant d'atteindre les océans. Cette extinction est suivie par un événement anoxique (en) lié à une transgression marine globale majeure qui entraîne lui aussi des désordres écologiques rendant difficile l'adaptation des espèces et écosystèmes marins. Cela favorise au Silurien le développement des trachéophytes (à noter que des lichens et les premières embryophytes ont déjà entamé ce processus dès l'Ordovicien) et d'arthropodes (araignées, acariens, collemboles, myriapodes alors que des annélides ont probablement conquis les terres émergées dès l'Ordovicien) dans des écosystèmes terrestres marginaux (marais côtiers, lagunes sableuses, rives fluviales et lacustres)[2].

Encore inféodés aux milieux humides, les plantes terrestres (dont les trachéophytes), mollusques (dont les gastéropodes), arthropodes (dont les insectes) et vertébrés tétrapodes vont progressivement sortir des eaux pour devenir réellement terrestres au cours du Dévonien.

L'extinction du Dévonien entre 408 et 360 Ma (eustatisme, événement anoxique, changements climatiques) affecte essentiellement les invertébrés (ammonites et trilobites) et vertébrés (Placodermes, Sarcoptérygiens) de mer et d'eau douce. Cela favorise le développement des vertébrés modernes, principalement constitués des actinoptérygiens, chondrichtyens et tétrapodes dont les premières sorties de l'eau connues dateraient du Dévonien supérieur, vers -365 Ma, avec Ichthyostega, le plus ancien des vertébrés connus adapté à la fois à la nage et à une forme de locomotion terrestre. L'adaptation des tétrapodes au milieu terrestre devient très affirmée au cours du Carbonifère (-359 à 299 Ma), conduisant aux tétrapodes actuels que sont les amphibiens, les reptiles, les oiseaux et les mammifères[3].


Notes et références

  1. (en) B. D. Webby, Florentin Paris, Mary L. Droser, The Great Ordovician Biodiversification Event, Columbia University Press, , 496 p. (lire en ligne)
  2. Iustinus Tim Avery, Extinction de l'Ordovicien-Silurien, Cel Publishing, , 104 p.
  3. (en) Lauren Cole Sallan et Michael I. Coates, « End-Devonian extinction and a bottleneck in the early evolution of modern jawed vertebrates », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 107, no 22,‎ (DOI 10.1073/pnas.0914000107)

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