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Au niveau [[phonologie|phonologique]], la prononciation même du français se distingue de celle des autres régions :
Au niveau [[phonologie|phonologique]], la prononciation même du français se distingue de celle des autres régions :
* présence d'un [[accent tonique]] de mot, à peu près disparu du français standard au profit d'un accent de séquence verbale, avec quelques ''paroxytonies'' (accents sur des syllabes non terminales : ''’mè-fi'', ''’vò-mi'', ''ba’lè-ti''), ce qui donne au français de la zone occitane son aspect chantant<ref name="ref-1">Blanchet, op.cit., p.118</ref>. C'est ce qu'on appelle l'« accent méridional », audible chez toutes les générations, mais plus prononcé chez les personnes âgées qui ont eu l'occitan pour langue maternelle ;
* présence d'un [[accent tonique]] de mot, à peu près disparu du français standard au profit d'un accent de séquence verbale, avec quelques ''paroxytonies'' (accents sur des syllabes non terminales : ''’mè-fi'', ''’vò-mi'', ''ba’lè-ti''), ce qui donne au français de la zone occitane son aspect chantant<ref name="ref-1">Blanchet, op.cit., p.118</ref>. C'est ce qu'on appelle l'« accent méridional », audible chez toutes les générations, mais plus prononcé chez les personnes âgées qui ont eu l'occitan pour langue maternelle ;
* prononciation des [[e caduc]]s : ainsi ''cerise'' se prononce {{IPA|[səˈʁizə]}} ; [[Sisteron]] et [[Massif du Luberon#Toponymie|Luberon]] ont trois syllabes, malgré l'absence d'accent sur le -e- central ; une phrase comme « je te le donne », que {{référence souhaitée|le français standard prononce volontiers}} en deux syllabes (« j't'e l'donn' ») en conserve quatre en français méridional, voire cinq si le -e final est prononcé ; les -e terminaux sont souvent prononcés en forme atone, en analogie avec les terminaisons occitanes en -a ou -o : ''baguette'' ({{IPA|[baˈɡɛt]}}) se prononce {{IPA|[baˈɡɛtə]}}, {{IPA|[baˈɡɛtɘ]}}, {{IPA|[baˈɡɛtɐ]}} ou encore {{IPA|[baˈɡɛtø]}} selon la région ; ''mère'' ({{IPA|[ˈmɛʁə]}}) est distingué de ''mer'' ({{IPA|[mɛʁ]}} ou {{IPA|[mɛχ]}}) . Le français méridional peut même créer des -e- euphoniques : pe-neu<ref name="ref-2">Bouvier, op.cit., p.177</ref>, ''diz-e-sept'' ;
* prononciation des [[e caduc]]s : ainsi ''cerise'' se prononce {{IPA|[səˈʁizə]}} ; [[Sisteron]] et [[Massif du Luberon#Toponymie|Luberon]] ont trois syllabes, malgré l'absence d'accent sur le -e- central ; une phrase comme « je te le donne », que {{référence souhaitée|le français standard prononce volontiers}} en deux syllabes (« j't'e l'donn' ») en conserve quatre en français méridional, voire cinq si le -e final est prononcé ; les -e terminaux sont réalisés comme un [[schwa]], en analogie avec les terminaisons occitanes en -a ou -o : ainsi ''baguette'' ({{IPA|[baˈɡɛt]}}) se prononce {{IPA|[baˈɡɛtə]}}, {{IPA|[baˈɡɛtɘ]}}, {{IPA|[baˈɡɛtɐ]}} ou encore {{IPA|[baˈɡɛtø]}} selon la région ; ''mère'' ({{IPA|[ˈmɛʁə]}}) est distingué de ''mer'' ({{IPA|[mɛʁ]}} ou {{IPA|[mɛχ]}}) . Le français méridional peut même créer des -e- euphoniques : pe-neu<ref name="ref-2">Bouvier, op.cit., p.177</ref>, ''diz-e-sept'' ;
* refus de certaines diphtongations : ''jou-er'' a deux syllabes en francitan, ''cami-on'' en a trois<ref name="ref-2" /> ;
* refus de certaines diphtongations : ''jou-er'' a deux syllabes en francitan, ''cami-on'' en a trois<ref name="ref-2" /> ;
* confusion fréquente des sons voyelles ouverts et fermés : ''paume'' se prononce comme ''pomme'', ''jeûne'' comme ''jeune''<ref>à l'inverse du [[parler lyonnais]]</ref>, ''étais'' comme 'été''<ref name="ref-1" />.
* les sons ouverts {{IPA|[ε]}}, {{IPA|[œ]}}, et {{IPA|[ɔ]}} sont en [[distribution complémentaire]] avec les sons fermés {{IPA|[e]}}, {{IPA|[ø]}}, et {{IPA|[o]}} : le son est ouvert si la syllabe se termine par une consonne ou si la syllabe suivante a pour [[Syllabe#Noyau syllabique|noyau]] un schwa, sinon il est fermé ; il y a donc alternance vocalique entre ''peur'' ({{IPA|['pœʁ]}}), ''peureux'' ({{IPA|[pø'ʁø]}}) et ''peureuse'' ({{IPA|[pø'ʁœzə]}}), entre français ({{IPA|[fʁaŋ'se]}}) et française ({{IPA|[fʁaŋ'sɛzə]}}), entre côté ({{IPA|[ko'te]}}) et côte ({{IPA|['kɔtə]}}), et disparition de certaines distinctions du français standard : ''paume'' se prononce comme ''pomme'', ''jeûne'' comme ''jeune''<ref>à l'inverse du [[parler lyonnais]]</ref>, ''étais'' comme ''été''<ref name="ref-1" />.
* voyelles nasales parfois remplacées par le complexe ''voyelle + [[Consonne occlusive nasale vélaire voisée|{{IPA|[ŋ]}}]]'', ce qui donne par exemple pour le mot ''pain'' : {{IPA|[pɛŋ]}}, au lieu de {{IPA|[pɛ̃]}} en français standard<ref>Blanchet, op.cit., p.119</ref> ; prononciation du -en final comme -in ([[Ventabren]]) ; distinction des sons -un et -in, souvent confondus ailleurs<ref name="ref-1" />.
* voyelles nasales parfois remplacées par le complexe ''voyelle + [[Consonne occlusive nasale vélaire voisée|{{IPA|[ŋ]}}]]'', ce qui donne par exemple pour le mot ''pain'' : {{IPA|[pɛŋ]}}, au lieu de {{IPA|[pɛ̃]}} en français standard<ref>Blanchet, op.cit., p.119</ref> ; prononciation du -en final comme -in ([[Ventabren]]) ; distinction des sons -un et -in, souvent confondus ailleurs<ref name="ref-1" />.



Version du 26 mars 2012 à 18:45

Le francitan, ou français méridional, est une variante régionale du français, influencé par l'occitan. Il est présent dans toute l'aire linguistique de l'Occitanie[1], mais avec des différences importantes entre, par exemple, Marseille, Toulouse et Limoges, mais aussi entre villes et campagnes, ou entre la côte, la plaine et la montagne.

Particularités du français méridional

Au niveau lexical, les particularités du français parlé en zone occitane sont de deux types :

  • des importations en français de mots occitans francisés ; exemples : péguer, de l'occitan pegar, coller (et ses dérivés pégueux, empéguer, dépéguer), bordille, de l'occitan bordilha, déchet, ordure (souvent utilisé au sens figuré, c'est-à-dire comme injure), dégun, personne, cousin naturel du français aucun, se rembrailler, là où le français n'a conservé que l'adjectif débraillé. S'y ajoutent parfois des créations de termes « français » sur des modes occitans : démontagner pour descendre de la montagne[2]. Certains de ces termes d'origine occitane intégrés dans le français méridional ont ensuite essaimé dans le français général : bastide (doublon occitan de bâtisse), cade (espèce de genévrier), minot, pastis (à l'origine, signifiait désordre, mélange, d'où le verbe pastisser[3]), marronner (de marrounar, murmurer) ;
  • des usages locaux de termes ou expressions du français : adieu pour bonjour[4], beaucoup dans le sens de très[5] (« j'ai beaucoup faim »); à Marseille, un restaurant est un pain, un tournedos un steack haché, serpillière se dit pièce, etc. ;
  • chez les anciens, quelques variations de genre des noms provenant d'une discordance entre français et occitan : une lièvre[6].

Au niveau grammatical, on rencontre de même des importations directes de l'occitan : le passé surcomposé (« j'ai eu été »), de nombreuses formes verbales transitives (tomber la veste, crier un enfant).

Au niveau phonologique, la prononciation même du français se distingue de celle des autres régions :

  • présence d'un accent tonique de mot, à peu près disparu du français standard au profit d'un accent de séquence verbale, avec quelques paroxytonies (accents sur des syllabes non terminales : ’mè-fi, ’vò-mi, ba’lè-ti), ce qui donne au français de la zone occitane son aspect chantant[7]. C'est ce qu'on appelle l'« accent méridional », audible chez toutes les générations, mais plus prononcé chez les personnes âgées qui ont eu l'occitan pour langue maternelle ;
  • prononciation des e caducs : ainsi cerise se prononce [səˈʁizə] ; Sisteron et Luberon ont trois syllabes, malgré l'absence d'accent sur le -e- central ; une phrase comme « je te le donne », que le français standard prononce volontiers[réf. souhaitée] en deux syllabes (« j't'e l'donn' ») en conserve quatre en français méridional, voire cinq si le -e final est prononcé ; les -e terminaux sont réalisés comme un schwa, en analogie avec les terminaisons occitanes en -a ou -o : ainsi baguette ([baˈɡɛt]) se prononce [baˈɡɛtə], [baˈɡɛtɘ], [baˈɡɛtɐ] ou encore [baˈɡɛtø] selon la région ; mère ([ˈmɛʁə]) est distingué de mer ([mɛʁ] ou [mɛχ]) . Le français méridional peut même créer des -e- euphoniques : pe-neu[8], diz-e-sept ;
  • refus de certaines diphtongations : jou-er a deux syllabes en francitan, cami-on en a trois[8] ;
  • les sons ouverts [ε], [œ], et [ɔ] sont en distribution complémentaire avec les sons fermés [e], [ø], et [o] : le son est ouvert si la syllabe se termine par une consonne ou si la syllabe suivante a pour noyau un schwa, sinon il est fermé ; il y a donc alternance vocalique entre peur (['pœʁ]), peureux ([pø'ʁø]) et peureuse ([pø'ʁœzə]), entre français ([fʁaŋ'se]) et française ([fʁaŋ'sɛzə]), entre côté ([ko'te]) et côte (['kɔtə]), et disparition de certaines distinctions du français standard : paume se prononce comme pomme, jeûne comme jeune[9], étais comme été[7].
  • voyelles nasales parfois remplacées par le complexe voyelle + [ŋ], ce qui donne par exemple pour le mot pain : [pɛŋ], au lieu de [pɛ̃] en français standard[10] ; prononciation du -en final comme -in (Ventabren) ; distinction des sons -un et -in, souvent confondus ailleurs[7].

Références

  1. Francitan (le français régional), Institut d'Estudis Occitans Provence-Alpes-Côte d'Azur
  2. Martel, op.cit., pp.16 & 75
  3. Bouvier, op.cit., p.124
  4. Depecker, op.cit., p.21
  5. Bouvier, op.cit., p.26
  6. Blanchet, op.cit., p.69
  7. a b et c Blanchet, op.cit., p.118
  8. a et b Bouvier, op.cit., p.177
  9. à l'inverse du parler lyonnais
  10. Blanchet, op.cit., p.119

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

  • Henri Boyer, Clés sociolinguistiques pour le "francitan", C.R.D.P, Montpellier, 1990, 136 p. (ISBN 2-86626-895-4)
  • Henri Boyer, Langues en conflit : Études sociolinguistiques, Paris, L'Harmattan, coll. « Logiques sociales », , 274 p. (ISBN 2-7384-1084-7), p. 144-201
  • Guy Langlois, Lexique du francitan parlé à Sète, Médiathèque de Sète, Sète, 1991, 86 p. (ISBN 2-909445-01-1)
  • Gilbert Lhubac, Dictionnaire francitan ou Le parlé du Bas-Languedoc, Éd. du Mistral, Castries, 2003, 101 p. (ISBN 2-8464-7023-5)
  • Pierre Mazodier, Paroles d'ici : lexique du francitan - ou français parlé - de la région alésienne, Espace sud Ed, Montpellier, 1996, 210 p. (ISBN 2-906334-52-9)
  • Loïc Depecker, Les mots des régions de France, éd. Belin, 1992, 450 p., (ISBN 2-7011-1278-8), (ISSN 0291-7521)
  • Claude Martel, Le parler provençal, éd. Rivages, Paris, 1988, 200 p., (ISBN 2-86930-188-X)? (ISSN 0985-6773)
  • Robert Bouvier, Le Parler marseillais, éd. Jeanne Laffitte, Marseille, 1986, 192 p., (ISBN 2-86276-090-0)
  • Philippe Blanchet, Dictionnaire du français régional de Provence, éd. Bonneton, Paris, 1991, 162 p., (ISBN 2-86253-109-X)

Liens externes