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{{Citation bloc|Chaque fois que j’ai lu [[Shakespeare]], il m’a semblé que je déchiquète la cervelle d’un jaguar.|''Poésies II''}}
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{{Citation bloc|Toute l'eau de la mer ne suffirait pas à laver une tâche de sang intellectuelle.|''Poésies I''}}
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{{Citation bloc|Je ne connais pas d'obstacle qui passe les forces de l'esprit humain, sauf la vérité.|''Poésies II''}}
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Version du 18 juin 2010 à 11:02

Lautréamont
Description de l'image Lautréamont.jpg.
Nom de naissance Isidore Lucien Ducasse
Naissance
Montevideo, Drapeau de l'Uruguay Uruguay
Décès (à 24 ans)
Paris, Drapeau de la France France
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres

Isidore Lucien Ducasse, né le à Montevideo et mort le à Paris, plus connu par son pseudonyme de comte de Lautréamont (qu’il emprunta très probablement au Latréaumont d’Eugène Sue), est un poète franco-uruguayen, auteur des Chants de Maldoror et de deux fascicules, Poésies I et Poésies II.

Biographie

La vie d'Isidore Ducasse, auteur dont le succès fut posthume, reste relativement mal connue, par manque de sources.

Fils de François Ducasse, un commis-chancelier au Consulat général de France à Montevideo, et de Jacquette Célestine Davezac, qui décédera le 9 décembre 1847 dans des circonstances mystérieuses (elle se serait suicidée), Isidore Ducasse passe son enfance en Uruguay. En octobre 1859, il entre comme interne au lycée impérial de Tarbes. On perd sa trace entre août 1862 et octobre 1863, période durant laquelle il suit les cours de l'établissement qui deviendra le lycée Louis-Barthou à Pau, « où il est un élève des plus ternes »[1]. À cette époque, son tuteur est un avoué tarbais, Jean Dazet. En août 1865, il obtient son baccalauréat ès lettres avec la mention « passable ».

Après un voyage en Uruguay en 1867, il revient à Paris et s’installe à l’hôtel L’Union des Nations, rue Notre-Dame-des-Victoires. Il entame des études supérieures dont la nature reste inconnue (concours d’entrée à l’École Polytechnique, a-t-on souvent écrit). Il publie à compte d’auteur le premier des Chants de Maldoror en 1868 (l’œuvre complète sera imprimée en Belgique un an plus tard). En 1870, il habite rue Vivienne et publie les Poésies dont une publicité paraîtra dans la Revue populaire de Paris.

Le 24 novembre, alors que le Second Empire s’effondre, il meurt à son domicile au 7 rue Faubourg-Montmartre. Sur son acte de décès, est écrit : « Sans autres renseignements ». Selon certaines sources, il serait mort phtisique.

Succès posthume

En 1874, les exemplaires de l’édition originale des Chants de Maldoror sont rachetés par le libraire-éditeur tarbais J.-B. Rozez, installé en Belgique. Il faudra attendre 1885 pour que Max Waller, directeur de la Jeune Belgique, en publie un extrait et en fasse découvrir les textes. Plus tard, Alfred Jarry rendra hommage à « cet univers pataphysique »[réf. souhaitée] et les surréalistes reconnaîtront le poète comme l’un de leurs plus éminents précurseurs.

André Breton évoque Ducasse plusieurs fois dans ses Manifestes du surréalisme. ("Les types innombrables d’images surréalistes appelleraient une classification que, pour aujourd’hui, je ne me propose pas de tenter. [...] En voici, dans l’ordre, quelques exemples : "Le rubis du Champagne." Lautréamont. "Beau comme la loi de l’arrêt du développement de la poitrine chez les adultes dont la propension à la croissance n’est pas en rapport avec la quantité de molécules que leur organisme s’assimile." Lautréamont. " Il dit aussi dans un entretien : "Pour nous, il n'y eut d'emblée pas de génie qui tînt devant celui de Lautréamont".[2]

De même, Wilfredo Lam a dessiné un projet de carte pour le Jeu de Marseille des surréalistes qui porte le nom "Lautréamont. Génie du rêve, étoile".

André Gide écrit en 1925 " J'estime que le plus beau titre de gloire du groupe qu'ont formé Breton, Aragon et Soupault, est d'avoir reconnu et proclamé l'importance littéraire et ultra-littéraire de l'admirable Lautréamont "[3]

D'autre part, Lautréamont fait partie de la liste des polymathes.

Œuvre

Portrait de Lautréamont
par Félix Valloton
paru dans Le Livre des masques
de Remy de Gourmont (1898).

Les Chants de Maldoror, texte très riche, d’un abord difficile, et aux interprétations multiples, semble incarner une révolte adolescente où le monde de l’imaginaire paraît plus fort que la vie dite "réelle". Le lecteur se sent pris d'un sentiment de vertige à la lecture de Lautréamont. Il partage sa vision d'un monde en perpétuel mouvement. Dans son expression, l'artiste (dont la vision si personnelle semble bouleverser des mouvements tels que le naturalisme et le romantisme littéraire), communique au lecteur un certain mépris des situations et des personnages dont il rapporte l'expérience.

Il existe à ce jour huit préfaces[4] aux Chants de Maldoror, parfois contradictoires, publiées pour la majorité au cours de la seconde moitié du XXe siècle.

Citations

« Chaque fois que j’ai lu Shakespeare, il m’a semblé que je déchiquète la cervelle d’un jaguar. »

— Poésies II

« Toute l'eau de la mer ne suffirait pas à laver une tache de sang intellectuelle. »

— Poésies I

« Je ne connais pas d'obstacle qui passe les forces de l'esprit humain, sauf la vérité. »

— Poésies II

« Lecteur, c’est peut-être la haine que tu veux que j’invoque dans le commencement de cet ouvrage ! Qui te dit que tu n’en renifleras pas, baigné dans d’innombrables voluptés, avec tes narines orgueilleuses, larges et maigres, en te renversant de ventre, pareil à un requin, dans l’air beau et noir, comme si tu comprenais l’importance de cet acte et l’importance non moindre de ton appétit légitime, lentement et majestueusement, les rouges émanations ? Je t’assure, elles réjouiront les deux trous informes de ton museau hideux, ô monstre, si toutefois tu t’appliques auparavant à respirer trois mille fois de suite la conscience maudite de l’Éternel ! »

— Les Chants de Maldoror, I, 2

« Le roman est un genre faux, parce qu’il décrit les passions pour elles-mêmes ; la conclusion morale est absente. Décrire les passions n’est rien ; il suffit de naître un peu chacal, un peu vautour, un peu panthère »

— Poésies

« Il est beau [...] comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ! »

— Les Chants de Maldoror (Chant VI-§1)

Fichier:Maldoror-Chant VI-paragraphe1-Beau comme-2.jpg
Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie!

Bibliographie

  • Gaston Bachelard, Lautréamont
  • Guy Debord et Gil J. Wolman, Mode d'emploi du détournement, texte paru dans la revue Les Lèvres nues, mai 1956. Ce texte est inclus dans la nouvelle édition des œuvres de Lautréamont dans la collection de La Pléiade parue 2009. [1]
  • Louis Janover, Lautréamont et les chants magnétiques
  • Léon Pierre-Quint, Le Comte de Lautréamont et Dieu, Les Cahiers du Sud, 1930
  • Leyla Perrone-Moisés et Emir Rodríguez Monegal, Lautréamont, l’identité culturelle
  • Peter Dayan, Lautréamont et Sand
  • P. Fedy, Quatre Lectures de Lautréamont
  • Hara Taichi, Lautréamont : vers l’autre étude sur la création
  • Philip, Lectures de Lautréamont
  • Robert Pickering, Lautreamont-Ducasse
  • Paul Zweig, Lautréamont, ou les violences du narcisse
  • Rochon, Lautréamont et le style homérique
  • Maurice Blanchot, Lautréamont et Sade
  • Michel Teston, Lautréamont: Névrose et christianisme dans l’œuvre du poète
  • Michel Pierssens, [2]Lautréamont : Éthique à Maldoror
  • Michel Pierssens, Ducasse et Lautréamont : l’envers et l’endroit
  • Philippe Sollers, " La science de Lautréamont " in Logiques, 1968
  • Maurice Saillet, Les Inventeurs de Maldoror
  • Marcelin Pleynet, Lautréamont par lui-même, 1967
  • François Caradec, Isidore Ducasse, comte de Lautréamont
  • André Breton, Anthologie de l’humour noir
  • Peter W. Nesselroth, Lautréamont’s Imagery
  • Jean-Jacques Lefrère, Isidore Ducasse : Auteur des Chants de Maldoror, par le comte de Lautréamont, Fayard, 1998
  • Jean-Jacques Lefrère, Lautréamont, Flammarion, 2009
  • Jean-Luc Steinmetz, "Lautréamont", Oeuvres Complètes, Gallimard, Pléiade, 2009.

Notes et références

  1. Maurice Saillet, « Notes pour une vie d’Isidore Ducasse et de ses écrits » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique, introduction aux œuvres complètes d’Isidore Ducasse, Livre de poche n° 111
  2. A. Breton, Entretiens 1913-1952 avec André Parinaud, NRF, 1952
  3. Lectures de Lautréamont, André Gide in Nouvelle édition des Oeuvres complètes de Lautréamont par JL Steinmetz dans la bibliothèque de la Pléiade, 2009
  4. Préfaces par L.Genouceaux, R. de Gourmont, Éd. Jaloux, A. Breton, Ph. Soupault, J. Gracq, R. Caillois, M. Blanchot, rassemblées aux éditions : José Corti, 1954. (dépôt de la "Librairie Regards" au Musée de La Vieille Charité, Marseille, Bouches-du-Rhône, France)

Liens externes

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