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« Kitsch » : différence entre les versions

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Version du 8 novembre 2005 à 22:50

Origines étymologiques

Le terme « kitsch », introduit de manière plutôt accidentelle vers 1960, présente une étymologie incertaine. On recourt généralement à trois hypothèses différentes pour expliquer son origine. On relie parfois les sources du mot « kitsch » au verbe allemand verkitschen, qui signifie « brader », « vendre en dessous du prix » ou encore « vendre quelque chose à la place de ce qui avait été demandé ». On fait également remonter son origine au verbe allemand kitschen, qui signifie « ramasser des déchets dans la rue ». Finalement, on voit parfois dans le mot anglais sketch, prononcé à l'allemande, l'origine possible du terme « kitsch ».

Origines historiques

Le concept apparaît vers 1860-1870, en Bavière, sous le maniérisme de Louis II. Il est intimement lié à l'idée de l'inauthentique, de la surcharge et du mauvais goût. Désignant au départ la « production artistique et industrielle d'objets bon marché »(Legrand), le concept est indissociable de l'industrie de consommation de masse. Dans le langage courant, le kitsch désigne des objets de mauvais goût, agrémentés de décorations superflues, qui copient le plus souvent des œuvres reconnues comme des classiques. Le kitsch est le produit de changements sociaux et historiques. Il émerge au cours de deux périodes précises.

La première phase du kitsch est amenée, au milieu du XIXe siècle, par l'industrialisation et l'urbanisation. En Europe et en Amérique du Nord, ceux qui profitent des positions offertes par l'industrie forment une nouvelle classe moyenne. Ces travailleurs, satisfaits autrefois par l'art rural et traditionnel, ont maintenant accès à de nouveaux produits culturels. Les nouvelles classes moyennes cherchent à se divertir avec des moyens adaptés à elles. Ces dernières se contentent donc de ce que Greenberg appelle un « succédané de culture [...] destiné à une population insensible aux valeurs culturelles authentiques, mais néanmoins avide de ce divertissement que seule la culture, sous une forme ou une autre, peut offrir ». Les loisirs permettent entre autres aux classes moyennes de développer un goût pour les imitations à bon marché du grand art traditionnel. Les manufactures et le commerce au détail permettent ainsi aux classes moyennes d'acquérir facilement des produits culturels distribués à grande échelle.

Au milieu du XXe siècle, lorsque se développe la seconde phase du kitsch, ce dernier devient une cible privilégiée pour critiquer la culture de masse. Les intellectuels de gauche utilisent le kitsch pour condamner la culture de la nouvelle société de consommation. Cette fois, on ne reproche pas au kitsch d'éroder la culture d'élite. On l'accuse plutôt d'être un outil privilégié pour manipuler les masses : « Reducing adults to children, the new kitsch made masses easier to manipulate by reducing their cultural needs to the easy gratification offered by Disney cartoons, pulp literature, and romance novels » (Binkley) (Ce qui signifie: « Réduire les adultes à des enfants, le nouveau kitsch rend les masses plus faciles à manipuler en réduisant leurs besoins culturels à la gratification facile offerte par les dessins animés de Disney, la littérature « pulp » (réduite), et les nouvelles romantiques ») . Pour certains penseurs des années 1950, le kitsch, dans la mesure où il encourage l'abaissement de la masse devant l'autorité, opère de la même manière dans le contexte capitaliste américain qu'il a opéré chez les fascistes et les communistes.

Le kitsch aujourd'hui

Parallèlement à la globalisation progressive des marchés et des produits échangés, le kitsch est devenu involontairement un style les plus répandus dans le monde à travers les produits de consommation courante. Le terme, entre péjoratif et affectif, reflète toutefois le point de vue esthétique d'individus généralement cultivés et occidentaux : la kitschité d'un objet est surtout corrolaire des goûts de son observateur. Ainsi, l'art rococo, les nappes napolitaines et les horloges bavaroises sont souvent taxées de kitsch, parfois avec condescendance, ou avec humour.

Dans les années 1980, Jeff Koons a porté le kitsch a des hauteurs esthétiques transcendantales, trouvant dans la marketisation des images des ressources de création potentielles. Au Japon, la culture manga, et notamment le style kawai (mignon) ont été les vecteurs d'incalculables productions kitsch : Takeshi Murakami a détourné la connotation puérile de ces productions dans ses œuvres.

On peut estimer aujourd'hui que les courants esthétiques de l'après post-modernisme, accueillant avec bienveillance toutes les formes plastiques témoignant d'une histoire personnelle, ont largement revalorisé la notion de kitsch, associée avec l'idéologie d'une élite du bon goût, étant une valeur esthétique moyenne ayant de puissantes ressources au sein d'un monde en perte de repères.

Voir aussi

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