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Version du 15 mai 2024 à 19:22
Transition démocratique au Pays valencien | Del roig al blau | SLV | bvrsm | vcnsm | val | CPV | vrac |
CLV | fqsm | IncidentsQuartDePoblet | AttaquesSanchisGuarner | MeurtreMiquelGrau | 10d'Alaquàs | falles | UCD |
9-10-1977 | 9-10-1978 | 9-10-1979 |
b | nav |
Période s'étendant entre la mort du général Franco et les premières élections au Parlement valencien de mai 1983.
PERIPHERIQUE
Collusion UCD-extrême droite-néo-franquistes-blavéristes pour contrer les demandes d'autonomie en stigmatisant l'opposition de gauche comme « catalaniste »
Contexte
Économie
L'opposition valencienne au franquisme
Le régionalisme franquiste et l'instrumentalisation de l'identité et du folklore régionaux
(Núñez Seixas 2023, p. 86)
La langue
(Núñez Seixas 2023, p. 75, 85) Tolérance du régime, à la différence de la Catalogne(Núñez Seixas 2023, p. 90)
LRP(Núñez Seixas 2023, p. 90)
Les jeux floraux(Núñez Seixas 2023, p. 189)
Les fallas
Le drapeau
L'hymne
Instrumentalisation de l'histoire
La guerre civile comme version moderne de la conquête de Valence.
Identification de Franco avec le Cid(Núñez Seixas 2023, p. 89), avec Jacques Ier(Núñez Seixas 2023, p. 89, 115)
Récupération de Vincent Ferrier (Núñez Seixas 2023, p. 89) et Luis Vives
Organisations démocratiques clandestines dans les dernières années du franquisme et au début de la transition
En 1973, a lieu la fondation des Grups d’Acció i Reflexió Socialista (« Groupes d'action et réflexion socialiste », GARS)[1], qui seront refondées en tant que parti politique (clandestin) comme Partit Socialista del País Valencià (« Parti socialiste du Pays valencien », PSPV).
En décembre 1974, un appel est lancé pour former une Assemblea del País Valencià (« Assemblée du Pays valencien »)[2], qui débouche sur la constitution en août 1975 du Consell Democràtic del País Valencià (« Conseil démocratique du Pays valencien », CDPV). Il réunit les entités suivantes : Partit Socialista del País Valencià (PSPV), PSOE, Partit Carlí del País Valencià, Unió Democràtica del País Valencià (UDPV), Moviment Comunista del País Valencià (MCPV), Unificación Comunista de España (UCE), Partit Socialista d’Alliberament Nacional (PSAN), Unión Sindical Obrera (USO) et Unión General de Trabajadores (UGT).
En janvier 1976, le président du gouvernement Carlos Arias Navarro interdit une manifestation organisée à Valence par la Junta Democrática de España[3].
Junta Democràtica del País Valencià
En mai 1975 est formée la Junta Democràtica del País Valencià (« Comité démocratique du Pays valencien », JDPV), déclinaison locale de la Junta Democrática de España impulsée par le Parti communiste espagnol.[4].
Trois mois plus tard, en août de la même année, elle s'intègre dans le Conseil démocratique du Pays valencien[4].
Consell Democràtic del País Valencià
Le Conseil démocratique du Pays valencien est formé en août 1975. Il réunit le Partit Socialista del País Valencià (PSPV), le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), le Parti carliste du Pays valencien, Union démocratique du Pays valencien (UDPV), le Mouvement communiste du Pays valencien (MCPV), Unification communiste d'Espagne (UCE), le Partit Socialista d'Alliberament Nacional dels Països Catalans (PSAN), Union syndicale ouvrière (USO) et Union générale des travailleurs[4].
Le Consell Democràtic publie en février 1976 un avant-projet de statut d'autonomie, dit « Statut du Conseil », plus modéré que le statut d'Elx élaboré à la fin de l'année précédente[5], qui avait occasionné des divisions. Le projet est approuvé par les votes du PSPV, de l'UDPV, du Parti carliste, de l'USO et du MCPV, reçoit un vote contre du PSAN et de l'UCE, le PSOE et l'UCE s'abstenant[4].
En avril 1976, le Conseil démocratique intègre à son tour la Taula de Forces Polítiques i Sindicals del País Valencià[4].
Avril 1976: Taula de Forces Polítiques i Sindicals del País Valencià
La Taula de Forces Polítiques i Sindicals del País Valencià (« Table des forces politiques et syndicales du Pays valencien », TGPSPV) est formée par l'union du Consell Democràtic de València (avec par exemple le syndicaliste Antonio Montalbán[6] et l'homme politique et entrepreneur Joaquín Muñoz Peirats[7]) et le Consell Democràtic del País Valencià le 15[réf. nécessaire] avril 1976.
Cet organe unitaire rassemblait les groupes suivants : Convergència Socialista del País Valencià, Partido Comunista del País Valenciano, Demócratas Independientes del País Valenciano, Organisation communiste d'Espagne – Drapeau rouge (OCE-BR), Partit Socialista d’Alliberament Nacional (PSAN), Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Partido del Trabajo de España (PTE), Unificación Comunista de España (UCE), Partido Socialista Popular (PSP), Parti carliste du Pays valencien, Unió del País Valencià (UDPV), Comisiones Obreras (CCOO), Unión Sindical Obrera (USO) et Unión General de Trabajadores (UGT).
Il représente la région dans l'organisme unitaire espagnol Coordinación Democrática (es).
En mai 1976, elle publie un manifeste-programme avec les revendications suivantes[8] :
- Organisation d'un processus pré-autonomique avec la formation d'une Généralité valencienne provisoire ;
- Co-officialité du catalan-valencien et du castillan ;
- Établissement d'un cadre juridique fondé sur les principes et institutions d'un statut d'autonomie ;
- Élection de représentants pour une assemblée constituante du Pays valencien ;
- Restauration des libertés fondamentales (réunion, expression, manifestation) ;
- Abrogation et suppression des lois et des institutions de la dictature franquiste ;
- Amnistie des prisonniers politiques.
Processus politique
Manifestation du
Loi pour la réforme politique et référendum du 15 décembre 1976
En juillet 1976, le gouvernement d'Adolfo Suárez annonce un programme de réformes visant à sortir de la dictature et à instaurer un régime démocratique en Espagne. Prenant le contrepied de l'opposition démocratique au franquisme, qui défend une rupture institutionnelle, le gouvernement projette de le faire à travers une suite de réformes législatives, « de la loi à la loi » selon l'expression consacrée, notamment à travers un projet de loi pour la réforme politique (Ley para la Reforma Política), qui montre explicitement dès son préambule le souhait du gouvernement de s'ouvrir aux revendications régionalistes et autonomistes, en prétendant apporter une « solution des importants thèmes nationaux comme sont l'institutionnalisation des particularités régionales comme l'expression de la diversité des peuples qui constituent l'unité du Royaume et de l'État [...] »[9],[10].
Il s'agit d'instaurer un double processus de transfert, depuis l'État central vers les provinces et depuis ces dernières vers de nouvelles entités régionales, envisagées non plus dans une seule optique de décentralisation administrative, mais comme de nouvelles démarcations munies d'une véritable autonomie politique et susceptibles de promouvoir leurs propres identités culturelles[11].
D'une grande importance symbolique est l'autorisation accordée, pour la première fois depuis le début de la dictature, à la Catalogne, région où le mouvement nationaliste est extrêmement vivace, de célébrer la Diada, la fête nationale catalane, le 11 septembre 1976[12].
Un décret royal du reconnaît à l'Institut d'Estudis Catalans le statut de « corporation académique, scientifique et culturelle, dont le domaine d'activité s'étendra aux terres de langue et culture catalanes »[13],[14]. Sa section philologique, incluant un nombre notable de représentants valenciens, est celle chargée d'élaborée les normes linguistiques[14].
En Espagne, a loi pour la réforme politique est approuvée à une large majorité (85 % des suffrages exprimés) et une forte participation 77.7 % dans toute l'Espagne[12]. Face à un tel plebiscite, les velléités de l'opposition démocratique, qui prétendait faire faire pression pour obtenir une rupture démocratique, se trouvent désactivées et les Cortes franquistes se trouvent en position favorable pour mener les initiatives législatives envisagées[12].
Résultats du référendum sur la loi pour la réforme politique du 15 décembre 1976 au Pays valencien | ||
---|---|---|
Votes | Pourcentage | |
inscrits | 2 178 298 | 100 % |
votants | 1 872 372 | 86 % |
abstention | 305 926 | 14 % |
votes nuls | 16 804 | 0.9 % |
votes blanc | 48 053 | 2.2 % |
suffrages exprimés | 1 807 515 | 82.9 % |
oui | 1 763 865 | 97.6 % |
non | 43 650 | 2.4 % |
Source : Santacreu Soler et García Andreu 2002, p. 19 |
Au Pays valencien en particulier, le référendum est approuvé avec une majorité écrasante (97.6 % pour le « oui » contre 2.4 % pour le « non ») et un taux de participation encore supérieur (86 %)[15], parmi les plus élevés de toute l'Espagne[16]. Que ce soit au niveau provincial ou comarcal les résutats sont relativement uniformes — le « non » ne dépasse les 4 % dans aucune comarque —[15].
Le , Suárez prononce un discours devant la députation provinciale de Barcelone dans lequel il défend la vocation des régions à « satisfaire les légitimes aspirations d'affirmation de la personnalité des peuples », « institutionnaliser la région n'est pas seulement une nécessité de maintenant, mais un défi futur dans l'organisation de l'État »[17],[18]. Au mois de janvier suivant, d'autres mesures favorables à l'autonomie sont prises au Pays basque[19]. À ce moment, seuls les secteurs immobilistes « néofranquistes », très minoritaires, sont contraire aux changements politiques qui s'annoncent[19]. La gauche et l'extrême-gauche, ainsi que les secteurs de l'opposition au régime franquiste alors très actifs, et dont la principale incarnation est la Junta Democrática de España, réclament résolument l'instauration rapide de l'autonomie politique dans le cadre d'un État fédéral, parfois comme un prélude à l'exercice d'un droit à l'autodétermination des peuples d'Espagne[19]. Pour sa part le parti de droite Alianza Popular, fondé le , regroupant d'anciens franquistes, se déclare, par la voie de l'ancien ministre Manuel Fraga partisan de « la démocratie, mais la démocratie avec ordre, avec loi et avec autorité »[19]. S'il s'agit avant tout pour ce dernier de préserver « l'unité sacrée de l'Espagne », craignant de se retrouver hors jeu dans le nouveau contexte politique, les positions de ce parti évolueront rapidement face à la vague autonomiste déferlante, Fraga se déclarant dans son programme partisan de la « reconnaissance de la personnalité et de l'autonomie [des] régions [d'Espagne] »[20].
!!! Santacreu Soler et García Andreu 2002, p. 18-22
Élections générales de 1977
Campagne et forces en présence
C'est dans un contexte extrêmement favorabe à l'autonomie des régions, défendue par pratiquement toutes les forces politiques présentes, qu'ont lieu les élections générales de juin 1976, y compris au Pays valencien[20].
Le , l'ensemble des forces politiques significatives de la région se prononcent formellement en faveur de l'autonomie politique et tous inscrivent cette revendication dans leurs programmes électoraux respectifs[16].
Celui du PSOE reconnaît le « Pays valencien » comme « une communauté historique, politique et culturelle dotée d'une personnalité propre qui doit être maintenue et affirmée » et dénonce « la systématique oppression nationale » subie par « notre Pays » « depuis plus de 270 ans »[16],[21].
Le programme d'UCD est également remarquable, étant donné les changements qui se produiront au cours des mois suivants dans le discours idéologique du parti. Le programme de 1977 parle de revendiquer « l'autonomie des pays et régions » d'Espagne contre le «repelente centralismo» (« repoussant centralisme ») et le « colonialisme périphérique ». Il ajoute : « Nous sommes conscients que Valence, notre Pays ou Royaume, a été longtemps oublié [preterido], absent ou ignoré[22],[23],[24]. »
Celui du PPCV défend l'union de l'ensemble des forces démocratiques, la « normalisation idiomatique et culturelle de notre Pays [valencien] », « l'immédiate reconnaissance de la co-officialité du valencien et du castillan [...] dans le respect du légitime droit des hispanophones [castellanohablantes] »[22],[25].
Quant à AP, réunissant des hommes politiques issus du franquisme, bien qu'il se prononce contre le centralisme madrilène, il est le seul à faire apparaître un composant anticatalaniste dans son discours programmatique[22],[26] !!!? :
« El día 16 dejarás de ser valenciano: serás ya catalán. Los valencianos, no podemos entregar de ninguna manera nuestros votos a quien va a las Cortes con ese espíritu pancatalanista [...]. Piénsese que la Regíon y Reino de Valencia dejarán de existir para siempre jamás porque la mitad se dará a las provincias castellanas y la otra mitad será la Cataluña del sur, para formar la 'Catalunya Gran'. »
« Le 16 [juin 1977, lendemain des élections] tu cesseras d'être valencien : tu seras déjà catalan. Nous, les Valenciens, ne pouvons donner nos votes à celui qui va aux Cortes avec cet esprit pancatalaniste [...] Il faut considérer que la Région et Royaume de Valence cesseront d'exister à jamais parce que la moitié sera donnée aux provinces castillanes et l'autre moitié sera la Catalogne du Sud, pour former la 'Catalunya Gran'[27] »
+ Fabregat 1976-1977
Analyse des résultats
À l'échelle de toute l'Espagne, le deuxième vainqueur des élections est le PSOE, qui devient le parti hégémonique de la gauche — en obtenant 29,3 % des voix et 118 députés — devançant largement le PCE — 9,3 % des voix et 20 députés,, bien qu'il soit le parti ayant joué le plus grand rôle dans la lutte anti-franquiste ; Le PSP de Tierno Galván est également évincé, n'obtenant que 6 députés et 4 % des voix —. Le triomphe du PSOE, selon Núñez Seixas, est dû à « un surprenant retour de la mémoire historique : dans des régions comme le Pays valencien, une partie de la Manche, Aragon, Murcie, les îles Baléares ou Almería, où il disposait à peine d'une présence militante [...] le PSOE émergeait avec force et semblait reproduire partiellement sa géographie électorale de la Seconde République », mais surtout « au leadership de González, jeune et charismatique, [qui] possédait deux vertus additionnelles : il était capable de séduire beaucoup de votants potentiels d'autres options de gauche et n'effrayait pas les électeurs modérés. González incarnait l'avenir, tandis que Carrillo ou la Pasionaria représentaient, aux yeux de nombreux Espagnols, le passé en noir et blanc et certains de ses fantômes. En ce sens, il ressemblait à Suárez[28]. »
Résultats des principaux partis aux élections générales du 15 juin 1977 au Pays valencien par circonscription (province) | ||||
---|---|---|---|---|
Partis | Alicante | Castellón | Valence | Total |
PSOE | 214 127 votes
38.6 % |
70 850 votes
28.7 % |
389 613 votes
36.3 % |
674 590 votes
35.9 % |
UCD | 198 600 votes
35.8 % |
85 409 votes
34.6 % |
316 949 votes
29.5 % |
600 958 votes
32.0 % |
PCE/PCPV | 50 775
9.2 % |
14153 votes
5.7 % |
99 688 votes
9.3 % |
164 616 votes
8.8 % |
AP | 36 563
6.6 % |
14 532 votes
5.9 % |
58 004 votes
5.4 % |
100 099 votes
5.8 % |
US (PSP-US) | 21 654
3.9 % |
6 430 votes
2.6 % |
56 685 votes
5.3 % |
84 769 votes
4.5 % |
CIC | aucun candidat | 29 832 votes
12.1 % |
aucun candidat | 29 832 votes
1.6 % |
UDPV-EDC | 8404
1.5 % |
5 515 votes
2.2 % |
33 593 votes
3.1 % |
47 512 votes
2.5 % |
PSPV | aucun candidat | 1 727 votes
0.7 % |
27 842 votes
2.6 % |
29 569 votes
1.6 % |
AN 18-J (es)-FN | 4 195 votes
0.8 % |
1 805 votes
0.7 % |
13 796 votes
1.3 % |
19 796 votes
1.1 % |
Source : Santacreu Soler et García Andreu 2002, p. 26 |
!!! Voir aussi tableau dans Ribera 2023, p. 113, comparaison ac toute l'Espagne.
Suites
Au vu des résultats, le gouvernement Suárez se voit contraint de prendre en compte les fortes revendications régionalistes dans la préparation du futur texte constitutionnel. Le 26 juillet suivant, le Congrès des députés nouvellement formé se dote d'une Commission des affaires constitutionnelles et libertés publiques, bientôt rebaptisée Commission Constitutionnelle, présidée par le Valencien Emilio Attard. Sa première réunion, tenue le , est marquée par de fortes tensions, reflétant la polarisation des opinions en Espagne autour de la question régionale révélée par deux sondages sociologiques réalisés au même moment[29].
Sentiment régionaliste au début de la transition
Une série d'enquête confirment l'engouement régionaliste au sein de la population valencienne, qui se situe nettement au dessus de la moyenne nationale et la place parmi les régions où ce sentiment est le plus vif au début de la transition[30].
La première est une enquête de l'Instituto de la Opinión Pública (es) (un institut public) réalisée en juillet et août 1976 révélant une proportion équivalente des Espagnols favorables à un État centraliste (48 %) et de ceux favorables à une forte décentralisation (42 % pour l'autonomie et 6 % pour le fédéralisme ; seuls 2 % se montrant partisan de l'indépendance des régions)[29],[31]. Le même rapport révèle une grande disparité territoriale. Le Pays valencien (« Valence ») y apparaît comme la région d'Espagne la plus favorable à l'autonomie, avec 53 % d'opinions favorables (contre 40 % pour un État centraliste, 4 % pour le fédéralisme et seulement 1 % pour l'indépendance)[32],[31]. Ce sondage place ainsi la région parmi celles où le sentiment régionaliste est le plus important, avec la Catalogne, les Baléares, les Canaries, le Pays basque, la Galice et la province de Madrid[32].
Le second rapport, à l'initiative de la Fondation FOESSA, dirigée par le socilogue indépendant Juan Linz, réalisé en 1977, montre des aspirations régionalistes encore supérieures, en Espagne comme au Pays valencien : pour toute l'Espagne, le sondage indique 41 % d'opinions favorables au centralisme, 41 % pour l'autononomie et 8 % pour le fédéralisme (3 % pour l'indépendance) ; au Pays valencien, 34 %, 48 %, 10 % et 2 % respectivement[33],[34],[35]. Il montre aussi une forte dichotomie au sein de l'électorat entre gauche et droite, 69 % de l'électorat socialiste se montrant favorable à l'autonomie tandis que les votants de droite soutiennent à 60 % le centralisme[36].
La question est amplement abordée lors du processus de préparation de la nouvelle Constitution. La journée du est entièrement consacrée à l'examen d'amendements relatifs à la gestion de la pluralité linguistique et les débats se poursuivent au cours des semaines suivantes. Ces propositions suscitent des oppositions dans les rangs conservateurs, émanant essentiellement du parti postfranquiste Alianza Popular (AP), pour qui l'octroi d'un caractère d'officialité aux langues « régionales » est contrevient à l'unité de l'Espagne et à son rayonnement culturel, et pourrait donner lieu à une situation de discrimination des populations hispanophones. Une proposition de rejet de cette possibilité à l'initiative du député et ancien ministre franquiste Licinio de la Fuente qui présente l'espagnol comme la « langue de la liberté », est néanmoins écartée le 5 juillet par 283 contre 26. Lors des débats au Sénat, une série d'amendements visant à limiter les possibilités d'officialité sont déposé. Celui de Marcial Gamboa Sánchez-Barcáiztegui (es), sénateur par désignation royale, établit que le castillan soit utilisé dans les contextes officiels « de tout type » et dans les échanges des citoyens avec l'État. Justino de Azcárate et Guillermo Luca de Tena (es), également désignés par le roi, déposent à leur tour un amendement demandant que la connaissance ou l'usage d'une langue régionale ne puisse être exigée à personne. Enfin, le juriste indépendant Lorenzo Martín-Retortillo, sénateur pour Saragosse, propose de limiter l'officialité aux territoires des communautés autonomes concernées, critère qui sera finalement retenu[37],[38].
44 % des Valenciens se déclaraient également prêts à adhérer à une formation politique locale pour revendiquer l'autonomie, un chiffre supérieur à toutes les autres régions espagnoles[30].
En revanche l'aspiration indépendantiste est très faible (1 % seulement)[39].
La région se différencie néanmoins des « nationalités historiques » car la question de l'autonomie n'est indiquée comme l'un des deux problèmes les plus importants que par 2 % de la population (13 % en Catalogne et Baléares, 9 % au Pays basque et en Navarre, 8 % en Galice et même 15 % en Aragon), la population étant davantage préoccupée par la crise économique (inflation et chômage)[40]. Néanmoins, l'enquête de l'IOP révèle aussi le très grand attachement de la population au territoire valencien et une conception du régionalisme majoritairement perçu comme une marque d'« affection » et peu associé avec les idées de « séparatisme » ou « fanatisme »[41]. De plus, elle montre que si les Valenciens sont davantage attachés à la « région » qu'à la province (53 % contre 27 % respectivement), le sentiment d'appartenance provinciale est très supérieur à celui de la Catalogne (13 %) et la Galice (10 %)[42]. Le principal trait différenciateur reconnu par les Valenciens est la langue régionale, avec un pourcentage (39 %) proche de celui du Pays basque (38 %), mais sensiblement inférieur à la Catalogne et les Baléares (60 %) et dans une moindre mesure la Galice (50)[43]. Les propopositions de mesures de promotion de la langue sont soutenues par une large majorité de la population : 86 % sont favorables à son enseignement, 77 % sont favorables à son usage dans les médias et 63 % approuvent que la langue bénéficie d'un statut de co-officialité avec le castillan[44].
En résumé, ces enquêtes montrent donc une population très favorable à la mise en place de l'autonomie et à la promotion d'une identité régionale, très attachée à sa langue et à son territoire, mais également modérée et respectueuse de l'intégrité de l'État espagnol[45].
Août 1977 : formation du Plenari
Le les parlementaires valenciens du PSOE se réunissent au monastère de Santa Maria del Puig (en)[36].
Le est constituée l'Assemblée de parlementaires du Pays valencien (en catalan : Plenari de Parlamentaris del País Valencià)[36]. Son règlement est approuvé le suivant[46].
Élections générales de mars 1979
(Santacreu Soler et García Andreu 2002, p. 85-87)
Élections municipales d'avril 1979
(Santacreu Soler et García Andreu 2002, p. 88-90)
Les élections municipales du sont encore globalement dominées par la gauche, mais UCD obtient au total un plus grande nombre de conseillers que le PSPV-PSOE grâce à ses résultats dans des localités de petite taille, malgré un nombre de votes inférieurs — 33.69 % des votes et 42.03 % des conseillers pour UCD contre 35.51 % et 35.51 % respectivement pour le parti socialiste —[47].
Dans les 41 villes de plus de 20 000 habitants, la domination des forces de gauche est plus nette : sur un total de 907 postes de conseillers à pourvoir, le PSPV-PSOE en remporte 352, le PCE/PCPV 163 et UCD 280[48]. En termes de nombre de conseillers, le PSOE est devant UCD dans toutes ces villes, hormis les trois incluses dans la province de Castellón exceptée la capitale — Borriana, La Vall d'Uixó et Vila-real —, Algemesí — 4 et 7 conseillers respectivement —, Valence — égalité avec 13 conseillers —, Catarroja — égalité avec 7 conseillers —, Gandia — 6 et 7 — et Ontinyent — 5 et 8 —, dans la province de Valence, et Benidorm — égalité avec 7 —, Orihuela — 5 et 14 — et La Vila Joiosa — égalité avec 6 —, dans la province d'Alicante[48]. Orihuela est la seule ville où l'UCD et CD totalisent plus de conseillers que socialistes et communistes réunis[48].
Bilan électoral de 1979
(Santacreu Soler et García Andreu 2002, p. 91-96)
Négociations autour du statut d'autonomie
(Santacreu Soler et García Andreu 2002, p. 96-98)
Coup d'État du 23-F à Valence
(Santacreu Soler et García Andreu 2002, p. 98-101)
Le statut d'autonomie au Congrès des députés
Élections générales d'octobre 1982
(Santacreu Soler et García Andreu 2002, p. 102-109)
Élections municipales et autonomiques de 1983
(Santacreu Soler et García Andreu 2002, p. 111-126)
Voie d'accès à l'autonomie
Rôle de Las Provincias
Manifestations
Mobilisations pour l'autonomie
Si la défense de l'autonomie politique était assumée depuis les années 1960 par d'importants secteurs universitaires et culturels, les premières mobilisations importantes en ce sens ont lieu à l'occasion de la visite du roi Juan Carlos à Valence en novembre 1976. Le monarque tient un discours devant l'hôtel de ville et prononce, répondant à la demande de la foule, quelques mots en valencien, déclarant qu'il se sentait «com en la meua pròpia casa» (« comme dans ma propre demeure »), ce qui signifie une importante reconnaissance de l'identité régionale[16].
Grèves
Mobilisations blavéristes
Violences politiques
Attentats
Conséquences
Chronologie
(Cucó 2002, p. 363-369)
(Sanz 2018, p. 249-276)
(Sancho Lluna 2020, p. 316-324)
(Flor 2010, p. 611 et ss.)
Notes et références
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page « ORGANISMOS UNITARIOS: PAÍS VALENCIÀ » de Archivo de la Transición, le texte ayant été placé par l’auteur ou le responsable de publication sous la licence Creative Commons paternité partage à l'identique ou une licence compatible.
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page « Le « sécessionnisme linguistique valencien » : un « modèle » de transgressions et de débordements » , le texte ayant été placé par l’auteur ou le responsable de publication sous la licence Creative Commons paternité partage à l'identique ou une licence compatible.
- (ca) « Cronologia », sur Gran Enciclopèdia Catalana (consulté le ).
- (ca) « Convocatòria per a la Constitució de l'Assemblea del País Valencià », (consulté le ).
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Annexes
Articles connexes
- Assemblée de parlementaires du Pays valencien
- Bataille de Valence (transition démocratique espagnole)
- Blavérisme
- Catalan light
- Conseil du Pays valencien
- Diccionari normatiu valencià (ca)
- Fustérianisme
- Statut d'autonomie de la Communauté valencienne
- Statut de Elche
- Transition démocratique espagnole
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Liens externes
{{portail|politique en Espagne|Pays valencien|années 1970|années 1980|nationalisme}}
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