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== Historique ==
== Historique ==


=== A.    Les Dominicains à Guebwiller : installation de l’ordre et construction du couvent ===
=== Les Dominicains à Guebwiller : installation de l’ordre et construction du couvent ===
Dès ses origines, ce couvent se destine à l’ouverture sur le monde. Arrivés le [[dimanche des Rameaux]] à Guebwiller en 1294 sous l’égide du prince abbé de [[Murbach]] – seigneur du territoire et chef religieux –, les frères [[Ordre des Prêcheurs|Dominicains]] concrétisent leur installation au sein des remparts de la ville pour être proche de la population. Ils acquièrent pour trois cent vingt marcs et trois livres pfennig la maison de la douane et ses dépendances. Leur présence s’explique sans doute, car [[Abbaye de Murbach|l’abbaye bénédictine de Murbach]] connaît un affaiblissement à partir du XIIIe siècle ; la noblesse locale s’étant imposée au détriment de la vie monacale. Dans leur volonté d’échanger constamment avec le peuple, ces frères érudits spécialistes de la religion prêchent en transmettant la bonne parole. Outre l’instruction des fidèles par le biais de l’enseignement de la foi, les frères Dominicains devaient suivre la [[Règle de saint Augustin|règle de Saint Augustin]] élaborée au IVe siècle, comportant le vœu d’obéissance, c’est-à-dire le devoir d’obéir au prieur et au maître de l’ordre, le vœu de chasteté en restant célibataire, et le vœu de pauvreté promulguant la mendicité tout en vivant de dons utilisés pour leurs besoins et l’entretien du couvent. Publiée en 1844 mais écrite un siècle plus tôt, la Chronique de Guebwiller de [https://www.alsace-histoire.org/netdba/dietler-frere-seraphin/ Séraphin Dietler], prieur du couvent, renseigne avec une verve d’orateur habile sur le quotidien de ces prêcheurs, voués à la recherche de la Vérité. Relatant des faits avérés de 1124 à 1723, elle joue un rôle assurément théologique, en illustrant par ailleurs la prédication. Témoin direct de la vie des frères, l’auteur s’est évertué à rendre compte, de manière méticuleuse, l’histoire de la ville et notamment celle des Dominicains.
Dès ses origines, ce couvent se destine à l’ouverture sur le monde. Arrivés le [[dimanche des Rameaux]] à Guebwiller en 1294 sous l’égide du prince abbé de [[Murbach]] – seigneur du territoire et chef religieux –, les frères [[Ordre des Prêcheurs|Dominicains]] concrétisent leur installation au sein des remparts de la ville pour être proche de la population. Ils acquièrent pour trois cent vingt marcs et trois livres pfennig la maison de la douane et ses dépendances. Leur présence s’explique sans doute, car [[Abbaye de Murbach|l’abbaye bénédictine de Murbach]] connaît un affaiblissement à partir du XIIIe siècle ; la noblesse locale s’étant imposée au détriment de la vie monacale. Dans leur volonté d’échanger constamment avec le peuple, ces frères érudits spécialistes de la religion prêchent en transmettant la bonne parole. Outre l’instruction des fidèles par le biais de l’enseignement de la foi, les frères Dominicains devaient suivre la [[Règle de saint Augustin|règle de Saint Augustin]] élaborée au IVe siècle, comportant le vœu d’obéissance, c’est-à-dire le devoir d’obéir au prieur et au maître de l’ordre, le vœu de chasteté en restant célibataire, et le vœu de pauvreté promulguant la mendicité tout en vivant de dons utilisés pour leurs besoins et l’entretien du couvent. Publiée en 1844 mais écrite un siècle plus tôt, la Chronique de Guebwiller de [https://www.alsace-histoire.org/netdba/dietler-frere-seraphin/ Séraphin Dietler], prieur du couvent, renseigne avec une verve d’orateur habile sur le quotidien de ces prêcheurs, voués à la recherche de la Vérité. Relatant des faits avérés de 1124 à 1723, elle joue un rôle assurément théologique, en illustrant par ailleurs la prédication. Témoin direct de la vie des frères, l’auteur s’est évertué à rendre compte, de manière méticuleuse, l’histoire de la ville et notamment celle des Dominicains.


=== B.    La réforme des Dominicains (dont agrandissement) ===
=== La réforme des Dominicains (dont agrandissement) ===
Maître de l’ordre, [[Raymond de Capoue]] insuffla la réforme de la stricte observance. Contre les excès et l’enrichissement des frères, cette réforme instaurée en 1461 va bouleverser les six couvents alsaciens des Dominicains. Les avis divergent entre les opposants, c’est-à-dire Wissembourg, Strasbourg et Haguenau, et les partisans de la réforme à savoir Colmar, Sélestat et Guebwiller soutenu par [https://www.alsace-histoire.org/netdba/kreutzer-johann/ Jean Kreutzer], recteur de l’Université de Bâle et prêcheur expérimenté reconnu dans le monde rhénan. En rejoignant l’ordre la même année, ce dernier fait appliquer la réforme avec autorité et refreine l’engouement de la congrégation guebwilleroise à obtenir davantage de richesse, ce qui va assurément à l’encontre du vœu de pauvreté prononcé. En effet, la fortune de la communauté religieuse provenait essentiellement des biens personnels des frères reçus en héritage, des propriétés communes, ainsi que des rentes diverses ; l’influence économique des Dominicains est telle, qu’ils deviennent de véritables partenaires financiers et de forts créanciers. Soumis à la nouvelle doctrine, les Prêcheurs acceptent de négliger leurs vignes et leurs études, au profit d’une plus grande humilité en donnant l’exemple de renoncement. De nombreux religieux vont ainsi se déplacer et changer de couvent selon leurs accointances. D’ailleurs, le couvent de Guebwiller a vu augmenter son effectif jusqu’en 1789.
Maître de l’ordre, [[Raymond de Capoue]] insuffla la réforme de la stricte observance. Contre les excès et l’enrichissement des frères, cette réforme instaurée en 1461 va bouleverser les six couvents alsaciens des Dominicains. Les avis divergent entre les opposants, c’est-à-dire Wissembourg, Strasbourg et Haguenau, et les partisans de la réforme à savoir Colmar, Sélestat et Guebwiller soutenu par [https://www.alsace-histoire.org/netdba/kreutzer-johann/ Jean Kreutzer], recteur de l’Université de Bâle et prêcheur expérimenté reconnu dans le monde rhénan. En rejoignant l’ordre la même année, ce dernier fait appliquer la réforme avec autorité et refreine l’engouement de la congrégation guebwilleroise à obtenir davantage de richesse, ce qui va assurément à l’encontre du vœu de pauvreté prononcé. En effet, la fortune de la communauté religieuse provenait essentiellement des biens personnels des frères reçus en héritage, des propriétés communes, ainsi que des rentes diverses ; l’influence économique des Dominicains est telle, qu’ils deviennent de véritables partenaires financiers et de forts créanciers. Soumis à la nouvelle doctrine, les Prêcheurs acceptent de négliger leurs vignes et leurs études, au profit d’une plus grande humilité en donnant l’exemple de renoncement. De nombreux religieux vont ainsi se déplacer et changer de couvent selon leurs accointances. D’ailleurs, le couvent de Guebwiller a vu augmenter son effectif jusqu’en 1789.


=== C.     Fin de la vocation religieuse du bâtiment à la Révolution française ===
=== Fin de la vocation religieuse du bâtiment à la Révolution française ===
En 1789, l’édifice subit les affres de la Révolution en actant la fin des Dominicains ; le couvent est ainsi vendu puis désacralisé, devenant désormais Bien public. Une nouvelle destinée s’offre à ce lieu au gré des propriétaires successifs, des guerres et des aléas de l’histoire locale et internationale.
En 1789, l’édifice subit les affres de la Révolution en actant la fin des Dominicains ; le couvent est ainsi vendu puis désacralisé, devenant désormais Bien public. Une nouvelle destinée s’offre à ce lieu au gré des propriétaires successifs, des guerres et des aléas de l’histoire locale et internationale.


=== D.    Les Dominicains à l’essor industriel du Florival ===
=== Les Dominicains à l’essor industriel du Florival ===
Manufacture, écurie, hôpital militaire, dépôt pour un teinturier-blanchisseur, le bâtiment désormais Bien national acquière en 1836 sa fonction actuelle sous l’impulsion de [[Jean-Jacques Bourcart]], riche industriel et important mécène pour la musique ; d’une volonté farouche, il émit le souhait de diffuser et de populariser cet art en le rendant accessible à la nouvelle bourgeoisie. Président de la Société de musique de 1825 à 1855, il voyait en la musique un lien entre toutes les classes sociales. En 1855, un concert spirituel est donné en hommage à Jean-Jacques Bourcart, décédé soudainement. Cette perte est une tragédie pour la Société de musique, sans toutefois mettre un terme à la programmation.
Manufacture, écurie, hôpital militaire, dépôt pour un teinturier-blanchisseur, le bâtiment désormais Bien national acquière en 1836 sa fonction actuelle sous l’impulsion de [[Jean-Jacques Bourcart]], riche industriel et important mécène pour la musique ; d’une volonté farouche, il émit le souhait de diffuser et de populariser cet art en le rendant accessible à la nouvelle bourgeoisie. Président de la Société de musique de 1825 à 1855, il voyait en la musique un lien entre toutes les classes sociales. En 1855, un concert spirituel est donné en hommage à Jean-Jacques Bourcart, décédé soudainement. Cette perte est une tragédie pour la Société de musique, sans toutefois mettre un terme à la programmation.


=== E.     L’après Bourcart : le réemploi du Couvent ===
=== L’après Bourcart : le réemploi du Couvent ===
La nef devient une halle de marché jusqu’en 1950, puis les bâtiments sont transformés en hôpital municipal en 1838 et en hospice, investissant l’édifice jusqu’à leur fermeture en 1983 ; accréditant au monument une valeur sociale notable – pour une utilisation de bienfaisance – appuyée par Jean-Jacques Bourcart lui-même, membre de la [[Société industrielle de Mulhouse|Société Industrielle de Mulhouse]] et fondateur d’une loi protégeant les ouvriers, notamment les enfants employés dans les filatures – ses propositions sont à l’origine d’une loi sociale française adoptée en 1841.
La nef devient une halle de marché jusqu’en 1950, puis les bâtiments sont transformés en hôpital municipal en 1838 et en hospice, investissant l’édifice jusqu’à leur fermeture en 1983 ; accréditant au monument une valeur sociale notable – pour une utilisation de bienfaisance – appuyée par Jean-Jacques Bourcart lui-même, membre de la [[Société industrielle de Mulhouse|Société Industrielle de Mulhouse]] et fondateur d’une loi protégeant les ouvriers, notamment les enfants employés dans les filatures – ses propositions sont à l’origine d’une loi sociale française adoptée en 1841.


Les héritiers Bourcart abandonnent le couvent en 1881, le cédant à la ville tout en imposant une condition, celle de maintenir sa fonction en tant que lieu de production musicale et littéraire. Au XXe siècle, des travaux de rénovation ont été menés, pérennisant son statut de centre culturel. Manifestations et concerts profitent de l’acoustique exceptionnelle de la nef, et le musée municipal occupe le chœur supérieur de 1948 à 1984
Les héritiers Bourcart abandonnent le couvent en 1881, le cédant à la ville tout en imposant une condition, celle de maintenir sa fonction en tant que lieu de production musicale et littéraire. Au XXe siècle, des travaux de rénovation ont été menés, pérennisant son statut de centre culturel. Manifestations et concerts profitent de l’acoustique exceptionnelle de la nef, et le musée municipal occupe le chœur supérieur de 1948 à 1984


=== F.   Un couvent d’artistes : activités numériques et labellisation du Centre Culturel de Rencontres ===
=== Un couvent d’artistes : activités numériques et labellisation du Centre Culturel de Rencontres ===
Symbole de l’humanisme rhénan, l’ancien couvent s’érige à présent en tant que lieu musical et de culture éclectique ; en 1962, la nef sert déjà de cadre à un festival de musique. Dans la lignée de Jean-Jacques Bourcart, concerts, résidences d’artistes, école de musique ainsi qu’un Centre AudioVisuel ouvert en 2011 – spécialisé dans la création de mapping vidéo –, se partagent les murs de l’enceinte patrimoniale. D’ailleurs, le chœur inférieur est entièrement dédié à l’art numérique, puisqu’une œuvre interactive et immersive y est projetée à 360° plaçant ainsi le spectateur en son centre. En été, un dôme géodésique mobile est installé à l’extérieur, dans lequel se déploie également un mapping, créé notamment par les artistes en résidence, confirmant ainsi le caractère  artistique de ce lieu.
Symbole de l’humanisme rhénan, l’ancien couvent s’érige à présent en tant que lieu musical et de culture éclectique ; en 1962, la nef sert déjà de cadre à un festival de musique. Dans la lignée de Jean-Jacques Bourcart, concerts, résidences d’artistes, école de musique ainsi qu’un Centre AudioVisuel ouvert en 2011 – spécialisé dans la création de mapping vidéo –, se partagent les murs de l’enceinte patrimoniale. D’ailleurs, le chœur inférieur est entièrement dédié à l’art numérique, puisqu’une œuvre interactive et immersive y est projetée à 360° plaçant ainsi le spectateur en son centre. En été, un dôme géodésique mobile est installé à l’extérieur, dans lequel se déploie également un mapping, créé notamment par les artistes en résidence, confirmant ainsi le caractère  artistique de ce lieu.


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=== '''Personnalités historiques marquantes''' ===
=== '''Personnalités historiques marquantes''' ===
- [[Ordre des Prêcheurs|Les frères Dominicains]] : frères érudits, spécialistes de la religion, prêcheurs
* [[Ordre des Prêcheurs|Les frères Dominicains]] : frères érudits, spécialistes de la religion, prêcheurs
* [[Règle de saint Augustin|Règle de Saint-Augustin]] : vœu d’obéissance, vœu de chasteté, vœu de pauvreté
* [https://www.alsace-histoire.org/netdba/dietler-frere-seraphin/ Séraphin Dietler] auteur de la ''Chronique de Guebwiller'' (1844)
* [[Catherine de Sienne|Sainte Catherine de Sienne]], sœur dominicaine, canonisée en 1461
* [[Raymond de Capoue]], maître de l’ordre de 1380 à 1399, directeur spirituel, confesseur et biographe de Catherine de Sienne
* [https://www.alsace-histoire.org/netdba/kreutzer-johann/ Jean Kreutzer], recteur de l’Université de Bâle, puis dominicain à Guebwiller en 1461, fait appliquer la réforme à Guebwiller,
* Ziegler-Greuter, teinturerie-blanchisserie
* [[Jean-Jacques Bourcart]], riche industriel et président de la Société de musique de 1825 à 1855


== Culture ==
- [[Règle de saint Augustin|Règle de Saint-Augustin]] : vœu d’obéissance, vœu de chasteté, vœu de pauvreté


=== Centre culturel de rencontre ===
- [https://www.alsace-histoire.org/netdba/dietler-frere-seraphin/ Séraphin Dietler] auteur de la ''Chronique de Guebwiller'' (1844)

- [[Catherine de Sienne|Sainte Catherine de Sienne]], sœur dominicaine, canonisée en 1461

- [[Raymond de Capoue]], maître de l’ordre de 1380 à 1399, directeur spirituel, confesseur et biographe de Catherine de Sienne

- [https://www.alsace-histoire.org/netdba/kreutzer-johann/ Jean Kreutzer], recteur de l’Université de Bâle, puis dominicain à Guebwiller en 1461, fait appliquer la réforme à Guebwiller,

- Ziegler-Greuter, teinturerie-blanchisserie

- [[Jean-Jacques Bourcart]], riche industriel et président de la Société de musique de 1825 à 1855

== '''CULTURE''' ==

=== A.    Centre culturel de rencontre ===
Labellisé [[Centre culturel de rencontre]] (CCR) en 2013, le couvent intègre ainsi les trente-sept autres lieux patrimoniaux hébergeant des projets culturels et artistiques au sein d’un réseau international. Créé en 1973 par [[Serge Antoine]], ce label rapproche la créativité culturelle et les pays européens dans un premier temps, puis au-delà. Tout en donnant un nouveau souffle à des monuments, les CCR diffusent des projets culturels à l’expression artistique diverse, encouragée par le programme de résidence des artistes. En s’ancrant dans le territoire, ces centres tissent du lien entre l’histoire du lieu sélectionné, sa nouvelle activité culturelle et la population locale, qui s’ouvre davantage sur son patrimoine valorisé. Création culturelle et artistique, recherche et innovation forment la trame narrative de ce label en quête de développement constant.  
Labellisé [[Centre culturel de rencontre]] (CCR) en 2013, le couvent intègre ainsi les trente-sept autres lieux patrimoniaux hébergeant des projets culturels et artistiques au sein d’un réseau international. Créé en 1973 par [[Serge Antoine]], ce label rapproche la créativité culturelle et les pays européens dans un premier temps, puis au-delà. Tout en donnant un nouveau souffle à des monuments, les CCR diffusent des projets culturels à l’expression artistique diverse, encouragée par le programme de résidence des artistes. En s’ancrant dans le territoire, ces centres tissent du lien entre l’histoire du lieu sélectionné, sa nouvelle activité culturelle et la population locale, qui s’ouvre davantage sur son patrimoine valorisé. Création culturelle et artistique, recherche et innovation forment la trame narrative de ce label en quête de développement constant.  


=== B.    Têtes d’affiche ===
=== Têtes d’affiche ===
Le rayonnement de Guebwiller en tant que haut lieu de la représentation musicale est attesté dans les années 1850, par la venue d’importants musiciens. Marquant cette époque faste, la pianiste [[Clara Schumann]], épouse de l’éminent compositeur [[Robert Schumann]], s’est produite à plusieurs reprises au sein de l’édifice dès 1858.
Le rayonnement de Guebwiller en tant que haut lieu de la représentation musicale est attesté dans les années 1850, par la venue d’importants musiciens. Marquant cette époque faste, la pianiste [[Clara Schumann]], épouse de l’éminent compositeur [[Robert Schumann]], s’est produite à plusieurs reprises au sein de l’édifice dès 1858.


=== C.     Instruments remarquables ===
=== Instruments remarquables ===
Actuellement salle destinée aux représentations de spectacle ou de restauration ponctuelle, le réfectoire d’été constitue un symbole d’animation dès sa construction. Paré de [[Peinture murale|peintures murales]], il recèle aujourd’hui un instrument rare et inestimable, un piano [[Pleyel]] à deux claviers, ayant pour caractéristique deux systèmes de cordes entremêlés. Fondée par [[Ignace Joseph Pleyel|Ignace Pleyel]] – musicien et élève de [[Joseph Haydn]] – en 1807, cette marque devint iconique sous l’égide de son fils, [[Camille Pleyel|Camille]]. En développant l’entreprise grâce à ses travaux de recherches et innovations, il promeut la Maison à l’internationale, par le biais notamment de musiciens tel que [[Frédéric Chopin|Chopin]]. Connaissant un formidable essor, l’entreprise remporte la médaille d’or à l’Exposition Nationale de Paris en 1827. Deux ans plus tard, la Société Ignace Pleyel et compagnie est ainsi créée, en reconnaissant sa qualité de fabrication, de vente et de location de pianos. Cette mise en lumière se concrétise dès 1830 par l’ouverture des salons, dans lesquels des concerts publics sont, en effet, organisés pour présenter la pléthore de pianos proposés. Subissant la crise de 1929, l’atelier de production de Saint Denis a vécu une longue décadence jusqu’à sa fermeture en 2013. Mais en 2017, la Maison Pleyel connait un regain important, puisqu’elle est rachetée par des entrepreneurs passionnés, Gérard et Benjamin Garnier, qui dirigent le groupe Algam – l’un des leaders mondiaux de la distribution et fabrication d’instruments de musique. Le piano double présenté aux Dominicains fait partie de la série éditée entre 1896 et 1943 ; il n’en resterait qu’une dizaine d’exemplaires en état de fonctionnement.  À ce jour propriété de la [[Collectivité européenne d'Alsace|Collectivité européenne d’Alsace]], il a appartenu jadis aux musiciens de renoms [[Jacques Pills]] et [[Georges Tabet|George Tabet]], proches entre autres d’[[Édith Piaf]]. Restauré en 2006, il est utilisé lors de concert et représentation.
Actuellement salle destinée aux représentations de spectacle ou de restauration ponctuelle, le réfectoire d’été constitue un symbole d’animation dès sa construction. Paré de [[Peinture murale|peintures murales]], il recèle aujourd’hui un instrument rare et inestimable, un piano [[Pleyel]] à deux claviers, ayant pour caractéristique deux systèmes de cordes entremêlés. Fondée par [[Ignace Joseph Pleyel|Ignace Pleyel]] – musicien et élève de [[Joseph Haydn]] – en 1807, cette marque devint iconique sous l’égide de son fils, [[Camille Pleyel|Camille]]. En développant l’entreprise grâce à ses travaux de recherches et innovations, il promeut la Maison à l’internationale, par le biais notamment de musiciens tel que [[Frédéric Chopin|Chopin]]. Connaissant un formidable essor, l’entreprise remporte la médaille d’or à l’Exposition Nationale de Paris en 1827. Deux ans plus tard, la Société Ignace Pleyel et compagnie est ainsi créée, en reconnaissant sa qualité de fabrication, de vente et de location de pianos. Cette mise en lumière se concrétise dès 1830 par l’ouverture des salons, dans lesquels des concerts publics sont, en effet, organisés pour présenter la pléthore de pianos proposés. Subissant la crise de 1929, l’atelier de production de Saint Denis a vécu une longue décadence jusqu’à sa fermeture en 2013. Mais en 2017, la Maison Pleyel connait un regain important, puisqu’elle est rachetée par des entrepreneurs passionnés, Gérard et Benjamin Garnier, qui dirigent le groupe Algam – l’un des leaders mondiaux de la distribution et fabrication d’instruments de musique. Le piano double présenté aux Dominicains fait partie de la série éditée entre 1896 et 1943 ; il n’en resterait qu’une dizaine d’exemplaires en état de fonctionnement.  À ce jour propriété de la [[Collectivité européenne d'Alsace|Collectivité européenne d’Alsace]], il a appartenu jadis aux musiciens de renoms [[Jacques Pills]] et [[Georges Tabet|George Tabet]], proches entre autres d’[[Édith Piaf]]. Restauré en 2006, il est utilisé lors de concert et représentation.


=== D.    Classement monuments historiques ===
=== Classement monuments historiques ===
Le Couvent a été classé [[Monument historique]] à deux reprises en 1920 et en 1976.
Le Couvent a été classé [[Monument historique]] à deux reprises en 1920 et en 1976.


== '''TOURISME''' ==
== Tourisme ==
Différentes salles peuvent être soumises à la location pour des événements privés, comme des séminaires d’entreprise ou des mariages. Il est plaisant de déambuler dans le jardin à l’entrée du couvent. Orné d’une œuvre intitulée ''Nébula'' – une structure en bois en forme d’arches entrelacées – ce parterre est entretenu par des artisans paysagistes, soucieux de faire vivre l’art botanique en adéquation avec les bâtiments adjacents. En période estivale, la guinguette aménagée à l’arrière offre aux visiteurs un espace de restauration, où sont servis des produits locaux, dans une ambiance à la fois conviviale et animée.
Différentes salles peuvent être soumises à la location pour des événements privés, comme des séminaires d’entreprise ou des mariages. Il est plaisant de déambuler dans le jardin à l’entrée du couvent. Orné d’une œuvre intitulée ''Nébula'' – une structure en bois en forme d’arches entrelacées – ce parterre est entretenu par des artisans paysagistes, soucieux de faire vivre l’art botanique en adéquation avec les bâtiments adjacents. En période estivale, la guinguette aménagée à l’arrière offre aux visiteurs un espace de restauration, où sont servis des produits locaux, dans une ambiance à la fois conviviale et animée.


== '''ARCHITECTURE''' ==
== Architecture ==


=== A.    Église ===
=== Église ===
Construit dès 1312 selon le frère Dietler, le bâtiment se compose d’une [[nef]] – dont la première pierre daterait de 1306 d’après la chronique des Franciscains de Thann – dans laquelle se déroulaient les rencontres avec les fidèles en demande d’instruction. Témoignant de cette époque, les [[Peinture murale|peintures murales]] ornent avec attrait la salle. Perdues suite à l’application d’un [[badigeon]] en 1711, elles donnent néanmoins une idée notable sur la décoration initiale. Rares exemplaires de peintures du XIVe-XVe siècles en Alsace, leurs présences démontrent un sens esthétique perceptible toute en étant un moyen direct de communication avec la population, à l’époque, majoritairement illettrée ; elles jouent un rôle didactique et accentuent profondément la force spirituelle des prêches acclamés. Exécutée à la fin du XVe siècle, une peinture de [[Catherine de Sienne|Sainte Catherine de Sienne]], sœur dominicaine, est remarquablement préservée. Son parcours religieux est étroitement lié à la congrégation masculine, puisqu’elle est proche du maître de l’ordre [[Raymond de Capoue]], qui insuffla la réforme de la stricte observance.
Construit dès 1312 selon le frère Dietler, le bâtiment se compose d’une [[nef]] – dont la première pierre daterait de 1306 d’après la chronique des Franciscains de Thann – dans laquelle se déroulaient les rencontres avec les fidèles en demande d’instruction. Témoignant de cette époque, les [[Peinture murale|peintures murales]] ornent avec attrait la salle. Perdues suite à l’application d’un [[badigeon]] en 1711, elles donnent néanmoins une idée notable sur la décoration initiale. Rares exemplaires de peintures du XIVe-XVe siècles en Alsace, leurs présences démontrent un sens esthétique perceptible toute en étant un moyen direct de communication avec la population, à l’époque, majoritairement illettrée ; elles jouent un rôle didactique et accentuent profondément la force spirituelle des prêches acclamés. Exécutée à la fin du XVe siècle, une peinture de [[Catherine de Sienne|Sainte Catherine de Sienne]], sœur dominicaine, est remarquablement préservée. Son parcours religieux est étroitement lié à la congrégation masculine, puisqu’elle est proche du maître de l’ordre [[Raymond de Capoue]], qui insuffla la réforme de la stricte observance.


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La nef du Couvent se distingue également par son [[jubé]] : c'est une tribune en pierre (grès des Vosges) qui sépare le chœur de la nef, et recouvert de peintures murales. Ce jubé est l'un des derniers en bon état de conservation d'Alsace.
La nef du Couvent se distingue également par son [[jubé]] : c'est une tribune en pierre (grès des Vosges) qui sépare le chœur de la nef, et recouvert de peintures murales. Ce jubé est l'un des derniers en bon état de conservation d'Alsace.


=== B.    Éléments architecturaux remarquables (pierres commémoratives, blasons, excentricités) ===
=== Éléments architecturaux remarquables (pierres commémoratives, blasons, excentricités) ===
Lorsque nous pénétrons dans le [[cloître]], nous entrons dans un lieu vénérable, qui n’a cessé au fils des siècles de se transformer. En 1468, le cloître paisible a fait l’objet de travaux d’agrandissement pour accueillir davantage de frères de la congrégation. Au détour d’un tournant, une pierre taillée dans du grès rose détient le souvenir de cette métamorphose ; en levant les yeux, nous pouvons percevoir un blason composé d’une étoile de [[Dominique de Guzmán|Saint Dominique]] à six rais d’or accompagnée de deux bâtons de prêche croisés, ainsi que la date précise de son élévation.
Lorsque nous pénétrons dans le [[cloître]], nous entrons dans un lieu vénérable, qui n’a cessé au fils des siècles de se transformer. En 1468, le cloître paisible a fait l’objet de travaux d’agrandissement pour accueillir davantage de frères de la congrégation. Au détour d’un tournant, une pierre taillée dans du grès rose détient le souvenir de cette métamorphose ; en levant les yeux, nous pouvons percevoir un blason composé d’une étoile de [[Dominique de Guzmán|Saint Dominique]] à six rais d’or accompagnée de deux bâtons de prêche croisés, ainsi que la date précise de son élévation.



Version du 2 mai 2024 à 15:17

Couvent des Dominicains de Guebwiller
Présentation
Type
Propriétaire
Collectivité européenne d'Alsace
Patrimonialité
Logo monument historique Classé MH (1920, église)
Logo monument historique Classé MH (1976, couvent)
Site web
Localisation
Département
Commune
Adresse
34 rue des Dominicains
Coordonnées
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voir sur la carte de France

Le couvent des Dominicains est un monument historique situé à Guebwiller, dans le département français du Haut-Rhin.C'est un haut lieu du patrimoine architectural alsacien classé monument historique en 1920 et 1976. Le couvent abrite aujourd'hui un Centre culturel de rencontres consacré à la musique et aux arts numériques, labelisé par le Ministère de la Culture et de la Communication en 2013. Il héberge également un Centre AudioVisuel au service des nouvelles technologies, notamment du mapping vidéo, dont les créations sont régulièrement exposées sur les murs du couvent[1] et dans un dôme géodésique.

Historique

Les Dominicains à Guebwiller : installation de l’ordre et construction du couvent

Dès ses origines, ce couvent se destine à l’ouverture sur le monde. Arrivés le dimanche des Rameaux à Guebwiller en 1294 sous l’égide du prince abbé de Murbach – seigneur du territoire et chef religieux –, les frères Dominicains concrétisent leur installation au sein des remparts de la ville pour être proche de la population. Ils acquièrent pour trois cent vingt marcs et trois livres pfennig la maison de la douane et ses dépendances. Leur présence s’explique sans doute, car l’abbaye bénédictine de Murbach connaît un affaiblissement à partir du XIIIe siècle ; la noblesse locale s’étant imposée au détriment de la vie monacale. Dans leur volonté d’échanger constamment avec le peuple, ces frères érudits spécialistes de la religion prêchent en transmettant la bonne parole. Outre l’instruction des fidèles par le biais de l’enseignement de la foi, les frères Dominicains devaient suivre la règle de Saint Augustin élaborée au IVe siècle, comportant le vœu d’obéissance, c’est-à-dire le devoir d’obéir au prieur et au maître de l’ordre, le vœu de chasteté en restant célibataire, et le vœu de pauvreté promulguant la mendicité tout en vivant de dons utilisés pour leurs besoins et l’entretien du couvent. Publiée en 1844 mais écrite un siècle plus tôt, la Chronique de Guebwiller de Séraphin Dietler, prieur du couvent, renseigne avec une verve d’orateur habile sur le quotidien de ces prêcheurs, voués à la recherche de la Vérité. Relatant des faits avérés de 1124 à 1723, elle joue un rôle assurément théologique, en illustrant par ailleurs la prédication. Témoin direct de la vie des frères, l’auteur s’est évertué à rendre compte, de manière méticuleuse, l’histoire de la ville et notamment celle des Dominicains.

La réforme des Dominicains (dont agrandissement)

Maître de l’ordre, Raymond de Capoue insuffla la réforme de la stricte observance. Contre les excès et l’enrichissement des frères, cette réforme instaurée en 1461 va bouleverser les six couvents alsaciens des Dominicains. Les avis divergent entre les opposants, c’est-à-dire Wissembourg, Strasbourg et Haguenau, et les partisans de la réforme à savoir Colmar, Sélestat et Guebwiller soutenu par Jean Kreutzer, recteur de l’Université de Bâle et prêcheur expérimenté reconnu dans le monde rhénan. En rejoignant l’ordre la même année, ce dernier fait appliquer la réforme avec autorité et refreine l’engouement de la congrégation guebwilleroise à obtenir davantage de richesse, ce qui va assurément à l’encontre du vœu de pauvreté prononcé. En effet, la fortune de la communauté religieuse provenait essentiellement des biens personnels des frères reçus en héritage, des propriétés communes, ainsi que des rentes diverses ; l’influence économique des Dominicains est telle, qu’ils deviennent de véritables partenaires financiers et de forts créanciers. Soumis à la nouvelle doctrine, les Prêcheurs acceptent de négliger leurs vignes et leurs études, au profit d’une plus grande humilité en donnant l’exemple de renoncement. De nombreux religieux vont ainsi se déplacer et changer de couvent selon leurs accointances. D’ailleurs, le couvent de Guebwiller a vu augmenter son effectif jusqu’en 1789.

Fin de la vocation religieuse du bâtiment à la Révolution française

En 1789, l’édifice subit les affres de la Révolution en actant la fin des Dominicains ; le couvent est ainsi vendu puis désacralisé, devenant désormais Bien public. Une nouvelle destinée s’offre à ce lieu au gré des propriétaires successifs, des guerres et des aléas de l’histoire locale et internationale.

Les Dominicains à l’essor industriel du Florival

Manufacture, écurie, hôpital militaire, dépôt pour un teinturier-blanchisseur, le bâtiment désormais Bien national acquière en 1836 sa fonction actuelle sous l’impulsion de Jean-Jacques Bourcart, riche industriel et important mécène pour la musique ; d’une volonté farouche, il émit le souhait de diffuser et de populariser cet art en le rendant accessible à la nouvelle bourgeoisie. Président de la Société de musique de 1825 à 1855, il voyait en la musique un lien entre toutes les classes sociales. En 1855, un concert spirituel est donné en hommage à Jean-Jacques Bourcart, décédé soudainement. Cette perte est une tragédie pour la Société de musique, sans toutefois mettre un terme à la programmation.

L’après Bourcart : le réemploi du Couvent

La nef devient une halle de marché jusqu’en 1950, puis les bâtiments sont transformés en hôpital municipal en 1838 et en hospice, investissant l’édifice jusqu’à leur fermeture en 1983 ; accréditant au monument une valeur sociale notable – pour une utilisation de bienfaisance – appuyée par Jean-Jacques Bourcart lui-même, membre de la Société Industrielle de Mulhouse et fondateur d’une loi protégeant les ouvriers, notamment les enfants employés dans les filatures – ses propositions sont à l’origine d’une loi sociale française adoptée en 1841.

Les héritiers Bourcart abandonnent le couvent en 1881, le cédant à la ville tout en imposant une condition, celle de maintenir sa fonction en tant que lieu de production musicale et littéraire. Au XXe siècle, des travaux de rénovation ont été menés, pérennisant son statut de centre culturel. Manifestations et concerts profitent de l’acoustique exceptionnelle de la nef, et le musée municipal occupe le chœur supérieur de 1948 à 1984

Un couvent d’artistes : activités numériques et labellisation du Centre Culturel de Rencontres

Symbole de l’humanisme rhénan, l’ancien couvent s’érige à présent en tant que lieu musical et de culture éclectique ; en 1962, la nef sert déjà de cadre à un festival de musique. Dans la lignée de Jean-Jacques Bourcart, concerts, résidences d’artistes, école de musique ainsi qu’un Centre AudioVisuel ouvert en 2011 – spécialisé dans la création de mapping vidéo –, se partagent les murs de l’enceinte patrimoniale. D’ailleurs, le chœur inférieur est entièrement dédié à l’art numérique, puisqu’une œuvre interactive et immersive y est projetée à 360° plaçant ainsi le spectateur en son centre. En été, un dôme géodésique mobile est installé à l’extérieur, dans lequel se déploie également un mapping, créé notamment par les artistes en résidence, confirmant ainsi le caractère  artistique de ce lieu.

La programmation des événements est riche de propositions. Les genres s’entremêlent dans un foisonnement divertissant. Musique du monde, classique, cabaret, rock, contemporain, etc. se succèdent aisément saison après saison, touchant un public néophyte ou amateur. L’acoustique exceptionnelle de la nef et du chœur supérieur offre à toute représentation une intensité remarquable ; chaque spectacle devient une véritable expérience singulière, qui emporte l’auditoire dans la fantasmagorie à la fois d’une performance artistique et du lieu, toujours agrémenté d’un jeu de lumière saisissant. De nombreux artistes expérimentent cette acoustique lors de résidence, afin d’enrichir leurs créations.

Personnalités historiques marquantes

Culture

Centre culturel de rencontre

Labellisé Centre culturel de rencontre (CCR) en 2013, le couvent intègre ainsi les trente-sept autres lieux patrimoniaux hébergeant des projets culturels et artistiques au sein d’un réseau international. Créé en 1973 par Serge Antoine, ce label rapproche la créativité culturelle et les pays européens dans un premier temps, puis au-delà. Tout en donnant un nouveau souffle à des monuments, les CCR diffusent des projets culturels à l’expression artistique diverse, encouragée par le programme de résidence des artistes. En s’ancrant dans le territoire, ces centres tissent du lien entre l’histoire du lieu sélectionné, sa nouvelle activité culturelle et la population locale, qui s’ouvre davantage sur son patrimoine valorisé. Création culturelle et artistique, recherche et innovation forment la trame narrative de ce label en quête de développement constant.  

Têtes d’affiche

Le rayonnement de Guebwiller en tant que haut lieu de la représentation musicale est attesté dans les années 1850, par la venue d’importants musiciens. Marquant cette époque faste, la pianiste Clara Schumann, épouse de l’éminent compositeur Robert Schumann, s’est produite à plusieurs reprises au sein de l’édifice dès 1858.

Instruments remarquables

Actuellement salle destinée aux représentations de spectacle ou de restauration ponctuelle, le réfectoire d’été constitue un symbole d’animation dès sa construction. Paré de peintures murales, il recèle aujourd’hui un instrument rare et inestimable, un piano Pleyel à deux claviers, ayant pour caractéristique deux systèmes de cordes entremêlés. Fondée par Ignace Pleyel – musicien et élève de Joseph Haydn – en 1807, cette marque devint iconique sous l’égide de son fils, Camille. En développant l’entreprise grâce à ses travaux de recherches et innovations, il promeut la Maison à l’internationale, par le biais notamment de musiciens tel que Chopin. Connaissant un formidable essor, l’entreprise remporte la médaille d’or à l’Exposition Nationale de Paris en 1827. Deux ans plus tard, la Société Ignace Pleyel et compagnie est ainsi créée, en reconnaissant sa qualité de fabrication, de vente et de location de pianos. Cette mise en lumière se concrétise dès 1830 par l’ouverture des salons, dans lesquels des concerts publics sont, en effet, organisés pour présenter la pléthore de pianos proposés. Subissant la crise de 1929, l’atelier de production de Saint Denis a vécu une longue décadence jusqu’à sa fermeture en 2013. Mais en 2017, la Maison Pleyel connait un regain important, puisqu’elle est rachetée par des entrepreneurs passionnés, Gérard et Benjamin Garnier, qui dirigent le groupe Algam – l’un des leaders mondiaux de la distribution et fabrication d’instruments de musique. Le piano double présenté aux Dominicains fait partie de la série éditée entre 1896 et 1943 ; il n’en resterait qu’une dizaine d’exemplaires en état de fonctionnement.  À ce jour propriété de la Collectivité européenne d’Alsace, il a appartenu jadis aux musiciens de renoms Jacques Pills et George Tabet, proches entre autres d’Édith Piaf. Restauré en 2006, il est utilisé lors de concert et représentation.

Classement monuments historiques

Le Couvent a été classé Monument historique à deux reprises en 1920 et en 1976.

Tourisme

Différentes salles peuvent être soumises à la location pour des événements privés, comme des séminaires d’entreprise ou des mariages. Il est plaisant de déambuler dans le jardin à l’entrée du couvent. Orné d’une œuvre intitulée Nébula – une structure en bois en forme d’arches entrelacées – ce parterre est entretenu par des artisans paysagistes, soucieux de faire vivre l’art botanique en adéquation avec les bâtiments adjacents. En période estivale, la guinguette aménagée à l’arrière offre aux visiteurs un espace de restauration, où sont servis des produits locaux, dans une ambiance à la fois conviviale et animée.

Architecture

Église

Construit dès 1312 selon le frère Dietler, le bâtiment se compose d’une nef – dont la première pierre daterait de 1306 d’après la chronique des Franciscains de Thann – dans laquelle se déroulaient les rencontres avec les fidèles en demande d’instruction. Témoignant de cette époque, les peintures murales ornent avec attrait la salle. Perdues suite à l’application d’un badigeon en 1711, elles donnent néanmoins une idée notable sur la décoration initiale. Rares exemplaires de peintures du XIVe-XVe siècles en Alsace, leurs présences démontrent un sens esthétique perceptible toute en étant un moyen direct de communication avec la population, à l’époque, majoritairement illettrée ; elles jouent un rôle didactique et accentuent profondément la force spirituelle des prêches acclamés. Exécutée à la fin du XVe siècle, une peinture de Sainte Catherine de Sienne, sœur dominicaine, est remarquablement préservée. Son parcours religieux est étroitement lié à la congrégation masculine, puisqu’elle est proche du maître de l’ordre Raymond de Capoue, qui insuffla la réforme de la stricte observance.

Philanthrope, Jean-Jacques Bourcart fait construire dès 1836 une chapelle néogothique catholique dans l’ancienne salle capitulaire où se réunissaient les frères ; une sculpture de la Vierge trône au centre de vitraux. Il aménage également une chapelle protestante plus sobre – la sacristie – décorée par des gravures et des peintures mettant en scène la vie du Christ, exécutées par son fils Émile, qui a étudié l’art à Paris et à Rome ; les blasons des grandes familles seigneuriales locales couvrent le plafond en ogive. En outre, le chœur est divisé en deux parties distinctes, dans lesquelles se produisent des apartés musicaux : la partie inférieure est consacrée aux répétitions de la Société de musique et plus particulièrement aux ouvriers, en leur donnant une instruction musicale jugée nécessaire à leur émancipation. Inauguré en 1838 par un premier concert, l’espace supérieur est quant à lui réservé aux représentations.

La nef du Couvent se distingue également par son jubé : c'est une tribune en pierre (grès des Vosges) qui sépare le chœur de la nef, et recouvert de peintures murales. Ce jubé est l'un des derniers en bon état de conservation d'Alsace.

Éléments architecturaux remarquables (pierres commémoratives, blasons, excentricités)

Lorsque nous pénétrons dans le cloître, nous entrons dans un lieu vénérable, qui n’a cessé au fils des siècles de se transformer. En 1468, le cloître paisible a fait l’objet de travaux d’agrandissement pour accueillir davantage de frères de la congrégation. Au détour d’un tournant, une pierre taillée dans du grès rose détient le souvenir de cette métamorphose ; en levant les yeux, nous pouvons percevoir un blason composé d’une étoile de Saint Dominique à six rais d’or accompagnée de deux bâtons de prêche croisés, ainsi que la date précise de son élévation.

Galerie

Références

Voir aussi

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Bibliographie

  • Antoine Gardner, « Le couvent des Dominicains de Guebwiller », dans Congrès archéologique de France. 136e session. Haute-Alsace. 1978, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 249-263
  • Patrick Ponsot, « Le décor baroque des Dominicains de Guebwiller et sa restauration en 1711 », Bulletin Monumental, vol. 164-2,‎ , p. 179-185 (ISSN 2275-5039, lire en ligne).
  • Dont paragraphes dédiés aux sources anciennes : chronique des Dominicains de Dietler et Thann DIETLER, Séraphin, Chronique des Dominicains de Guebwiller 1124-1723, Guebwiller, Société d’Histoire et du Musée du Florival, 1994 [1844] MERCIER, Dominique [Coll.], Guebwiller, une histoire, Mulhouse, Médiapop Éditions, 2022 Ministère des affaires culturelles, Guebwiller. Inventaire topographique, Paris, Imprimerie Nationale, 1972

Articles connexes

Liens externes

  • Ressource relative à l'architectureVoir et modifier les données sur Wikidata :
  • Ressource relative à la musiqueVoir et modifier les données sur Wikidata :
  • « Les Dominicains », sur les-dominicains.com (consulté le )