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La montagne Noire est partagée entre quatre départements, l'Aude et le Tarn en sont les principaux tandis que la Haute-Garonne et l'Hérault en sont les bordures. Le massif, orienté est-ouest, présente deux visages : le versant nord abrupt est couvert de forêts sombres de [[chêne]]s, de [[Fagus sylvatica|hêtres]], de [[sapin]]s et d'[[épicéa]]s. La ville de Mazamet est située au pied de ce versant. Le versant sud est moins abrupt et comprend deux principaux pays : le [[Cabardès]] au sud qui s'étend jusqu'à [[Carcassonne]], le [[Minervois]] à l'est et une partie du [[Lauragais]] à l'ouest. De nombreux endroits de ce versant permettent d'observer de beaux panoramas de la chaîne pyrénéenne ([[Pradelles-Cabardès]], [[Saissac]], [[Cuxac-Cabardès]]).
La montagne Noire est partagée entre quatre départements, l'Aude et le Tarn en sont les principaux tandis que la Haute-Garonne et l'Hérault en sont les bordures. Le massif, orienté est-ouest, présente deux visages : le versant nord abrupt est couvert de forêts sombres de [[chêne]]s, de [[Hêtre commun|hêtres]], de [[sapin]]s et d'[[Picea|épicéas]]. La ville de Mazamet est située au pied de ce versant. Le versant sud est moins abrupt et comprend deux principaux pays : le [[Cabardès]] au sud qui s'étend jusqu'à [[Carcassonne]], le [[Minervois]] à l'est et une partie du [[Lauragais]] à l'ouest. De nombreux endroits de ce versant permettent d'observer de beaux panoramas de la chaîne pyrénéenne ([[Pradelles-Cabardès]], [[Saissac]], [[Cuxac-Cabardès]]).


Son point culminant est le [[pic de Nore]], à {{unité|1211|mètres}} d'altitude dans le département de l'[[Aude (département)|Aude]] ; le sommet est couronné d'une importante antenne TDF de {{unité|100|mètres}}. La montagne Noire est incluse pour partie dans le [[parc naturel régional du Haut-Languedoc]].
Son point culminant est le [[pic de Nore]], à {{unité|1211|mètres}} d'altitude dans le département de l'[[Aude (département)|Aude]] ; le sommet est couronné d'une importante antenne TDF de {{unité|100|mètres}}. La montagne Noire est incluse pour partie dans le [[parc naturel régional du Haut-Languedoc]].
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==== Roches et terrains ====
==== Roches et terrains ====
Le soulèvement du relief a permis de faire affleurer des roches anciennes, autrefois profondément enfouies : [[roches métamorphiques]] variées, [[gneiss]] (pic de Nore) et [[granite]].
Le soulèvement du relief a permis de faire affleurer des roches anciennes, autrefois profondément enfouies : [[Roche métamorphique|roches métamorphiques]] variées, [[gneiss]] (pic de Nore) et [[granite]].


Les [[nappe de charriage|nappes de charriage]] inversées (les roches les plus anciennes se trouvent au-dessus des roches les plus jeunes) au sud-ouest du massif sont très célèbres{{Référence souhaitée}}.
Les [[nappe de charriage|nappes de charriage]] inversées (les roches les plus anciennes se trouvent au-dessus des roches les plus jeunes) au sud-ouest du massif sont très célèbres{{Référence souhaitée}}.
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==== Étages collinéens et montagnard ====
==== Étages collinéens et montagnard ====
Côté versant nord et Cabardès, la densité de la [[forêt]] de la [[montagne]] pourrait être à l'origine de son nom. Elle comporte environ 55 % de [[feuillu]]s et beaucoup de [[résineux]].
Côté versant nord et Cabardès, la densité de la [[forêt]] de la [[montagne]] pourrait être à l'origine de son nom. Elle comporte environ 55 % de [[feuillu]]s et beaucoup de [[Pinales|résineux]].


Le haut Cabardès est avant tout une région forestière et sauvage, tout comme le versant nord. La nature y est préservée et les épicéas, sapins, hêtres, et autres châtaigniers constituent les principales essences d'arbres. La dense forêt de la Loubatière est un bon exemple de cette diversité avec également de nombreuses espèces végétales et animales. Il est d'ailleurs fréquent de croiser des chevreuils et sangliers au détour d'un chemin.
Le haut Cabardès est avant tout une région forestière et sauvage, tout comme le versant nord. La nature y est préservée et les épicéas, sapins, hêtres, et autres châtaigniers constituent les principales essences d'arbres. La dense forêt de la Loubatière est un bon exemple de cette diversité avec également de nombreuses espèces végétales et animales. Il est d'ailleurs fréquent de croiser des chevreuils et sangliers au détour d'un chemin.
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En fin d'été et à l'automne, les forêts de la montagne Noire sont arpentées par les cueilleurs de cèpes, lactaires délicieux (ou rousillous en occitan) et châtaignes, mais aussi les chasseurs et autres promeneurs venus admirer les couleurs changeantes et les beaux panoramas que le massif offre sur les Pyrénées dans ses hauts points.
En fin d'été et à l'automne, les forêts de la montagne Noire sont arpentées par les cueilleurs de cèpes, lactaires délicieux (ou rousillous en occitan) et châtaignes, mais aussi les chasseurs et autres promeneurs venus admirer les couleurs changeantes et les beaux panoramas que le massif offre sur les Pyrénées dans ses hauts points.


==== Étages méso-méditerranéen et supra-méditerranéen ====
==== Étages méso-méditerranéen et supra-méditerranéen ====


Le Minervois quant à lui possède la nudité et l'aridité des zones méditerranéennes avec [[Chêne vert|chênes verts]], [[Olivier (arbre)|oliviers]], pins et [[garrigue]]. C'est pourtant là que coulent, dans de profondes gorges, les eaux des rivières de la région.
Le Minervois quant à lui possède la nudité et l'aridité des zones méditerranéennes avec [[Chêne vert|chênes verts]], [[Olea europaea|oliviers]], pins et [[garrigue]]. C'est pourtant là que coulent, dans de profondes gorges, les eaux des rivières de la région.


Là aussi, de nombreuses espèces animales et végétales cohabitent. Les lapins, lièvres, sangliers et autres petits gibiers peuplent cette région faite de vignes et de pinèdes. Les basses vallées du versant sud-ouest de la montagne Noire (bas Cabardès aux environs de [[Lastours]] et extrême est du Lauragais au sud de [[Saissac]]) possèdent une végétation supra-méditerranéenne où l'on trouve encore des chênes verts. Sur les coteaux du bas Cabardès, poussent les vignes de l'[[AOC]] [[Cabardès (AOC)|Cabardès]] jusqu'aux portes de Carcassonne. Les oliviers étaient encore cultivés à [[Miraval-Cabardès]]<ref name=Georges>{{Harvsp|texte=Article de Georges|id=Georges|p=191}}</ref>, ce village n'étant qu'à quelques kilomètres de la ligne de crête. Il existe aussi quelques colonies isolées de chênes verts aux environs de [[Sorèze]]. Plus loin vers l'ouest, la végétation supra-méditerranéenne devient plus significative<ref name=Invasion>{{Harvsp|texte= Climat végétation|id= Dougados|p=151-152}}</ref>. L'invasion des espèces supra-méditerranéennes sur le versant aquitain se serait faite à travers la région entre [[Labécède-Lauragais]] et [[Revel (Haute-Garonne)|Revel]]<ref name=Invasion/>. La végétation juste au-dessus des vallées orientées vers le sud-ouest est [[Étage collinéen|collinéenne]]<ref>{{Harvsp|texte= Climat végétation|id= Dougados}}</ref>{{,}}<ref name=Gaussen/>.
Là aussi, de nombreuses espèces animales et végétales cohabitent. Les lapins, lièvres, sangliers et autres petits gibiers peuplent cette région faite de vignes et de pinèdes. Les basses vallées du versant sud-ouest de la montagne Noire (bas Cabardès aux environs de [[Lastours]] et extrême est du Lauragais au sud de [[Saissac]]) possèdent une végétation supra-méditerranéenne où l'on trouve encore des chênes verts. Sur les coteaux du bas Cabardès, poussent les vignes de l'[[Appellation d'origine contrôlée|AOC]] [[Cabardès (AOC)|Cabardès]] jusqu'aux portes de Carcassonne. Les oliviers étaient encore cultivés à [[Miraval-Cabardès]]<ref name=Georges>{{Harvsp|texte=Article de Georges|id=Georges|p=191}}</ref>, ce village n'étant qu'à quelques kilomètres de la ligne de crête. Il existe aussi quelques colonies isolées de chênes verts aux environs de [[Sorèze]]. Plus loin vers l'ouest, la végétation supra-méditerranéenne devient plus significative<ref name=Invasion>{{Harvsp|texte= Climat végétation|id= Dougados|p=151-152}}</ref>. L'invasion des espèces supra-méditerranéennes sur le versant aquitain se serait faite à travers la région entre [[Labécède-Lauragais]] et [[Revel (Haute-Garonne)|Revel]]<ref name=Invasion/>. La végétation juste au-dessus des vallées orientées vers le sud-ouest est [[Étage collinéen|collinéenne]]<ref>{{Harvsp|texte= Climat végétation|id= Dougados}}</ref>{{,}}<ref name=Gaussen/>.


==== Limite de la culture de l'olivier ====
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|titre=Les bons plans du Petit Futé Mas-Cabardès (11380)
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|consulté le=2017-04-22
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(mais replantés) puis finalement de la [[Vague de froid de l'hiver 1956 en Europe et au Maghreb|vague de froid de février 1956]]<ref name=Capera>{{Article
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|auteur=Jean-Claude Capera
|auteur=Jean-Claude Capera
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== Histoire ==
== Histoire ==


Les eaux de la montagne Noire servent à alimenter le [[canal du Midi]]. Sous [[Louis XIV de France|Louis XIV]], [[Pierre-Paul Riquet]], fermier des gabelles, a l'idée et pour mission de relier [[Toulouse]] à la [[Méditerranée]]. C'est le début d'un long chantier d'une quinzaine d'années : le canal du Midi. Une grande difficulté se dresse : alimenter en eau cette [[voie fluviale]]. Pierre-Paul Riquet a l'idée de faire construire trois [[lac]]s en cascade, alimentés par des [[Rigole de la montagne|rigoles]], dont le dernier est le [[lac de Saint-Ferréol]]. Là se trouve la machinerie qui permet de réguler l'alimentation et de stabiliser le niveau d'eau dans le [[Canal (voie navigable)|canal]]. Hier voie marchande et aujourd'hui de [[plaisance (loisir)|plaisance]] et d'irrigation, le canal du Midi reste une œuvre française majeure. Son nom a été donné à de nombreux établissements scolaires, rues et avenues.
Les eaux de la montagne Noire servent à alimenter le [[canal du Midi]]. Sous [[Louis XIV]], [[Pierre-Paul Riquet]], fermier des gabelles, a l'idée et pour mission de relier [[Toulouse]] à la [[Mer Méditerranée|Méditerranée]]. C'est le début d'un long chantier d'une quinzaine d'années : le canal du Midi. Une grande difficulté se dresse : alimenter en eau cette [[Canal (voie d'eau)|voie fluviale]]. Pierre-Paul Riquet a l'idée de faire construire trois [[lac]]s en cascade, alimentés par des [[Rigole de la montagne|rigoles]], dont le dernier est le [[lac de Saint-Ferréol]]. Là se trouve la machinerie qui permet de réguler l'alimentation et de stabiliser le niveau d'eau dans le [[Canal (voie d'eau)|canal]]. Hier voie marchande et aujourd'hui de [[Bateau de plaisance|plaisance]] et d'irrigation, le canal du Midi reste une œuvre française majeure. Son nom a été donné à de nombreux établissements scolaires, rues et avenues.


L'industrie textile s'est développée dans le [[Cabardès]] à partir du {{s|XIII}} ; elle exploite la laine des moutons élevés dans la montagne et apporte une certaine prospérité. Mais la concurrence d'autres régions mène à son déclin dès la fin du {{s|XVIII}}.
L'industrie textile s'est développée dans le [[Cabardès]] à partir du {{s|XIII}} ; elle exploite la laine des moutons élevés dans la montagne et apporte une certaine prospérité. Mais la concurrence d'autres régions mène à son déclin dès la fin du {{s|XVIII}}.
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La montagne Noire, avec ses sols pauvres qui ne peuvent accueillir que la forêt, les landes et quelques prairies à moutons, a souffert au {{s|XX}} d'un forte dépopulation. Elle a abrité, à [[Salsigne]], la dernière [[mine d'or de Salsigne|mine d'or]] de France.
La montagne Noire, avec ses sols pauvres qui ne peuvent accueillir que la forêt, les landes et quelques prairies à moutons, a souffert au {{s|XX}} d'un forte dépopulation. Elle a abrité, à [[Salsigne]], la dernière [[mine d'or de Salsigne|mine d'or]] de France.


La montagne Noire accueille en {{date-|avril 1944}} des [[corps franc]]s composés de jeunes de la région mais aussi de réfugiés juifs, de mineurs maghrébins, de républicains espagnols et d'autres [[antifasciste]]s.
La montagne Noire accueille en {{date-|avril 1944}} des [[corps franc]]s composés de jeunes de la région mais aussi de réfugiés juifs, de mineurs maghrébins, de républicains espagnols et d'autres [[Antifascisme|antifascistes]].


== Activités ==
== Activités ==
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La dernière mine d'[[or]] de France, exploitée à [[Mine d'or de Salsigne|Salsigne]] dans l'Aude, a également fermé en 2004<ref name="UsineNouvelle2004">{{Article |url=http://www.usinenouvelle.com/article/a-salsigne-la-derniere-mine-d-or-francaise-ferme-ses-portes.N8236 |titre=A Salsigne, la dernière mine d'or française ferme ses portes |date=30 juin 2004 |périodique=L'Usine Nouvelle |auteur=Marc Bertola |consulté le=7 janvier 2011}}</ref>. Elle avait donné jusqu'à deux tonnes d'or par an<ref name="UsineNouvelle2004" />, {{unité|3.4|tonnes}} d'[[argent]], {{unité|1000|tonnes}} de [[cuivre]] et quelques milliers de tonnes d'[[arsenic]]. L'exploitation minière de cette zone est fort ancienne : les Romains y extrayaient déjà du [[fer]], du [[cuivre]] et du [[plomb]].
La dernière mine d'[[or]] de France, exploitée à [[Mine d'or de Salsigne|Salsigne]] dans l'Aude, a également fermé en 2004<ref name="UsineNouvelle2004">{{Article |url=http://www.usinenouvelle.com/article/a-salsigne-la-derniere-mine-d-or-francaise-ferme-ses-portes.N8236 |titre=A Salsigne, la dernière mine d'or française ferme ses portes |date=30 juin 2004 |périodique=L'Usine Nouvelle |auteur=Marc Bertola |consulté le=7 janvier 2011}}</ref>. Elle avait donné jusqu'à deux tonnes d'or par an<ref name="UsineNouvelle2004" />, {{unité|3.4|tonnes}} d'[[argent]], {{unité|1000|tonnes}} de [[cuivre]] et quelques milliers de tonnes d'[[arsenic]]. L'exploitation minière de cette zone est fort ancienne : les Romains y extrayaient déjà du [[fer]], du [[cuivre]] et du [[plomb]].


Au village de [[Dourgne]], qui compte {{unité|1275 habitants}}, on exploite encore une [[ardoisière]] et des carrières de pierre. Des carrières de [[granite]] réputées sont exploitées dans la région du [[Sidobre]]. Le marbre rose de [[Marbre de Caunes-Minervois|Caunes-Minervois]] est utilisé depuis longtemps (décorations du château de Versailles notamment).
Au village de [[Dourgne]], qui compte {{unité|1275 habitants}}, on exploite encore une [[Ardoise|ardoisière]] et des carrières de pierre. Des carrières de [[granite]] réputées sont exploitées dans la région du [[Sidobre]]. Le marbre rose de [[Marbre de Caunes-Minervois|Caunes-Minervois]] est utilisé depuis longtemps (décorations du château de Versailles notamment).


=== Tourisme ===
=== Tourisme ===

Version du 13 avril 2023 à 23:30

Montagne Noire
Localisation de la montagne Noire sur la carte du Massif central.
Localisation de la montagne Noire sur la carte du Massif central.
Géographie
Altitude 1 211 m, Pic de Nore
Massif Massif central
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Occitanie
Départements Tarn, Haute-Garonne, Hérault, Aude
Géologie
Âge 360 à 300 millions d'années
Roches Roches métamorphiques et sédimentaires

La montagne Noire est un massif montagneux situé à l'extrémité sud-ouest du Massif central, en France. Il sépare les départements du Tarn, de l'Hérault, de l'Aude et de la Haute-Garonne. Il abrite à son pied la ville de Mazamet dans le Tarn.

Géographie

Situation, topographie

Pic de Nore, le point culminant de la montagne Noire.

La montagne Noire est partagée entre quatre départements, l'Aude et le Tarn en sont les principaux tandis que la Haute-Garonne et l'Hérault en sont les bordures. Le massif, orienté est-ouest, présente deux visages : le versant nord abrupt est couvert de forêts sombres de chênes, de hêtres, de sapins et d'épicéas. La ville de Mazamet est située au pied de ce versant. Le versant sud est moins abrupt et comprend deux principaux pays : le Cabardès au sud qui s'étend jusqu'à Carcassonne, le Minervois à l'est et une partie du Lauragais à l'ouest. De nombreux endroits de ce versant permettent d'observer de beaux panoramas de la chaîne pyrénéenne (Pradelles-Cabardès, Saissac, Cuxac-Cabardès).

Son point culminant est le pic de Nore, à 1 211 mètres d'altitude dans le département de l'Aude ; le sommet est couronné d'une importante antenne TDF de 100 mètres. La montagne Noire est incluse pour partie dans le parc naturel régional du Haut-Languedoc.

Carte de la montagne Noire.

Géologie

Limites géographiques (en rouge) et géologique (en magenta) de la montagne Noire.

Mise en place du relief

La montagne Noire au sens strict, s'érige à la fin de l'Éocène, à cause de la compression due au rapprochement de l'Ibérie et la formation des Pyrénées. C'est la faille de Mazamet qui permet cette érection sur 1 200 mètres.

Roches et terrains

Le soulèvement du relief a permis de faire affleurer des roches anciennes, autrefois profondément enfouies : roches métamorphiques variées, gneiss (pic de Nore) et granite.

Les nappes de charriage inversées (les roches les plus anciennes se trouvent au-dessus des roches les plus jeunes) au sud-ouest du massif sont très célèbres[réf. souhaitée].

La montagne Noire au sens large (des géologues)

La montagne Noire des géologues est nettement plus large que celle des géographes. Elle s'étend presque jusqu'à Castres et Camarès et incorpore ainsi les monts de Lacaune, le Sidobre et les monts de l'Espinouse[1].

Ce massif montagneux se décompose en trois zones. Un versant septentrional, constitué d'écailles déversées vers le sud-est. Un versant méridional composé d'un empilement de nappes-plis couchés très complexe. Et enfin une zone axiale constituée de dômes gneissiques (ortho et paragneiss) et de granites encadrés par des métasédiments (sédiments métamorphisés).

Climat

Le climat est assez doux dans l'ensemble, de type atlantique sur le versant nord et méditerranéen au sud-est, mais assez venteux. Cependant, dans le haut Cabardès et le versant nord, il y est plus frais. L'été est moins chaud que dans la plaine grâce aux forêts humides et l'hiver est souvent frais avec des chutes de neige régulières sur les hauteurs. Dans le Minervois, le vent est plus présent (Cers et Marin se relaient) mais le soleil également. La pluviosité varie entre 600 mm par an dans le bas Minervois et 1 600 mm par an aux environs du pic de Nore[2],[3].

Végétation

La végétation est extrêmement contrastée dans une toute petite région. Ainsi, le géographe Georges Bertrand affirme :

« En Montagne noire occidentale [...], en moins de 12 kilomètres, on passe de la garrigue à kermès à la hêtraie montagnarde[4]. »

Étages collinéens et montagnard

Côté versant nord et Cabardès, la densité de la forêt de la montagne pourrait être à l'origine de son nom. Elle comporte environ 55 % de feuillus et beaucoup de résineux.

Le haut Cabardès est avant tout une région forestière et sauvage, tout comme le versant nord. La nature y est préservée et les épicéas, sapins, hêtres, et autres châtaigniers constituent les principales essences d'arbres. La dense forêt de la Loubatière est un bon exemple de cette diversité avec également de nombreuses espèces végétales et animales. Il est d'ailleurs fréquent de croiser des chevreuils et sangliers au détour d'un chemin.

Cette région est également parsemée de lacs, servant essentiellement comme retenues d'eau pour le canal du Midi. On peut citer par exemple le Lampy, Laprade (connu pour ses anciennes forgeries), La Galaube ou encore Saint-Ferréol qui s'ouvre sur le Lauragais. Ces lacs ont une teinte très sombre et l'eau y est minérale en raison de la géologie de la région.

En fin d'été et à l'automne, les forêts de la montagne Noire sont arpentées par les cueilleurs de cèpes, lactaires délicieux (ou rousillous en occitan) et châtaignes, mais aussi les chasseurs et autres promeneurs venus admirer les couleurs changeantes et les beaux panoramas que le massif offre sur les Pyrénées dans ses hauts points.

Étages méso-méditerranéen et supra-méditerranéen

Le Minervois quant à lui possède la nudité et l'aridité des zones méditerranéennes avec chênes verts, oliviers, pins et garrigue. C'est pourtant là que coulent, dans de profondes gorges, les eaux des rivières de la région.

Là aussi, de nombreuses espèces animales et végétales cohabitent. Les lapins, lièvres, sangliers et autres petits gibiers peuplent cette région faite de vignes et de pinèdes. Les basses vallées du versant sud-ouest de la montagne Noire (bas Cabardès aux environs de Lastours et extrême est du Lauragais au sud de Saissac) possèdent une végétation supra-méditerranéenne où l'on trouve encore des chênes verts. Sur les coteaux du bas Cabardès, poussent les vignes de l'AOC Cabardès jusqu'aux portes de Carcassonne. Les oliviers étaient encore cultivés à Miraval-Cabardès[5], ce village n'étant qu'à quelques kilomètres de la ligne de crête. Il existe aussi quelques colonies isolées de chênes verts aux environs de Sorèze. Plus loin vers l'ouest, la végétation supra-méditerranéenne devient plus significative[6]. L'invasion des espèces supra-méditerranéennes sur le versant aquitain se serait faite à travers la région entre Labécède-Lauragais et Revel[6]. La végétation juste au-dessus des vallées orientées vers le sud-ouest est collinéenne[7],[3].

Limite de la culture de l'olivier

Le bas Cabardès a encore une végétation méso/supra méditerranéenne qui correspond peu ou prou à la zone de culture de l'olivier. Le carton botanique de la carte de végétation de la France datant de 1964[3] indique que la limite nord de la culture de l'olivier dans la vallée de l'Orbiel se situait juste au sud de Miraval-Cabardès, ce qui corrobore l'affirmation de Georges[5] qui affirmait que les oliviers étaient cultivés sur « les terrasses de Miraval ». Cependant, la culture de l'olivier a fortement régressé et, par exemple à Mas-Cabardès, les oliviers ont quasiment disparu[8], ce malgré le réchauffement climatique. À la Révolution française, la paroisse de Mas-Cabardès comptait pas moins de 2 800 pieds d'oliviers[9],[8] qui ont, semble-t-il, été remplacés par des chênes verts[3]. Les oliviers sont morts à la suite du Grand hiver de 1709[9],[10] (mais replantés) puis finalement de la vague de froid de février 1956[9]. Cela confirme une tendance générale de régression de la zone de culture des oliviers. Ainsi, Jules Verne affirme qu'en 1868[11], l'olivier était cultivé à Belpech qui est situé sur le versant atlantique du Lauragais. Cependant, la carte de végétation de Gaussen indique clairement qu'en 1964 les oliviers n'étaient plus cultivés à Belpech[3].

Histoire

Les eaux de la montagne Noire servent à alimenter le canal du Midi. Sous Louis XIV, Pierre-Paul Riquet, fermier des gabelles, a l'idée et pour mission de relier Toulouse à la Méditerranée. C'est le début d'un long chantier d'une quinzaine d'années : le canal du Midi. Une grande difficulté se dresse : alimenter en eau cette voie fluviale. Pierre-Paul Riquet a l'idée de faire construire trois lacs en cascade, alimentés par des rigoles, dont le dernier est le lac de Saint-Ferréol. Là se trouve la machinerie qui permet de réguler l'alimentation et de stabiliser le niveau d'eau dans le canal. Hier voie marchande et aujourd'hui de plaisance et d'irrigation, le canal du Midi reste une œuvre française majeure. Son nom a été donné à de nombreux établissements scolaires, rues et avenues.

L'industrie textile s'est développée dans le Cabardès à partir du XIIIe siècle ; elle exploite la laine des moutons élevés dans la montagne et apporte une certaine prospérité. Mais la concurrence d'autres régions mène à son déclin dès la fin du XVIIIe siècle.

La montagne Noire, avec ses sols pauvres qui ne peuvent accueillir que la forêt, les landes et quelques prairies à moutons, a souffert au XXe siècle d'un forte dépopulation. Elle a abrité, à Salsigne, la dernière mine d'or de France.

La montagne Noire accueille en des corps francs composés de jeunes de la région mais aussi de réfugiés juifs, de mineurs maghrébins, de républicains espagnols et d'autres antifascistes.

Activités

Productions

Mazamet s'est développée fortement à partir du XVIIIe siècle grâce à son industrie du délainage rendue possible par les eaux de l'Arnette et du Thoré qui permettaient de laver la peau et surtout la laine exploitée par l'industrie textile. Les deux dernières usines de délainage ont fermé leurs portes en 2004[12].

La dernière mine d'or de France, exploitée à Salsigne dans l'Aude, a également fermé en 2004[13]. Elle avait donné jusqu'à deux tonnes d'or par an[13], 3,4 tonnes d'argent, 1 000 tonnes de cuivre et quelques milliers de tonnes d'arsenic. L'exploitation minière de cette zone est fort ancienne : les Romains y extrayaient déjà du fer, du cuivre et du plomb.

Au village de Dourgne, qui compte 1 275 habitants, on exploite encore une ardoisière et des carrières de pierre. Des carrières de granite réputées sont exploitées dans la région du Sidobre. Le marbre rose de Caunes-Minervois est utilisé depuis longtemps (décorations du château de Versailles notamment).

Tourisme

Il est possible de visiter la grotte de Limousis, le gouffre de Cabrespine et l'oppidum de Berniquaut.

Protection environnementale

Logo du parc

La région bénéficie de la protection du parc naturel régional du Haut-Languedoc.

Références

  1. Bernard Gèze, Languedoc méditerranéen, Montagne Noire, Guides géologiques régionaux, 191 p., Masson, Paris, 1979 (ISBN 2-225-64120-X).
  2. Climat végétation, p. 132
  3. a b c d et e Henri Gaussen, Carte de la végétation de la France, Feuille de Carcassonne, vol. 72, Éditions du CNRS, (lire en ligne)
  4. Article de Georges, p. 190
  5. a et b Article de Georges, p. 191
  6. a et b Climat végétation, p. 151-152
  7. Climat végétation
  8. a et b « Les bons plans du Petit Futé Mas-Cabardès (11380) » (consulté le )
  9. a b et c Jean-Claude Capera, « L'Orbiel, la vallée des oliviers », Patrimoines, vallée de Cabardès, vol. 3,‎ , p. 83 (lire en ligne, consulté le )
  10. François Arago, Œuvres complètes de François Arago Tome 8, Paris, Gide, , 658 p. (lire en ligne), p. 282-285
  11. Jules Verne, Géographie illustrée de la France et de ses colonies, J. Hetzel, , 768 p. (lire en ligne), p. 86
  12. Robert Rossignol, « Industrie du délainage : c'est fini : Economie. Après l'usine de Cayenne en mai dernier, Sébastopol arrête la production », La Dépêche,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. a et b Marc Bertola, « A Salsigne, la dernière mine d'or française ferme ses portes », L'Usine Nouvelle,‎ (lire en ligne, consulté le )

Annexes

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Bibliographie

Par ordre chronologique de publication :

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  • Paul Marres, « Tectonique de la Montagne Noire Orientale et des Monts de Lacaune », dans Annales de géographie, 1937, tome 263, p. 513-514 (lire en ligne)
  • [Climat végétation] J. Dougados, « Les conditions climatiques et la végétation de la Montagne Noire », Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, vol. 3, no 2,‎ , p. 131-154 (DOI 10.3406/rgpso.1932.4052, lire en ligne)
  • Edmond Durand, Voyage à travers la Montagne Noire: Étude de géographie humaine, Imprimerie Coopérative du Sud-Ouest, 1946, 1947, 1950, 96 pages.
  • Bernard Gèze, « Étude géologique de la Montagne noire et des Cévennes méridionales », Société géologique de France, Paris, 1949 ; 215p. (compte-rendu par Paul Marres, dans Annales de géographie, 1951, no 321, p. 281-285)
  • Georges Baeckeroot, « Formes de cryergie quaternaire en Montagne Noire occidentale », dans Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest. Sud-Ouest européen, 1951, tome 22, fascicule 2-3, p. 137-153 (lire en ligne)
  • [Article de Georges] Bertrand Georges, « La carte de la végétation de la France au 1/200000 », Revue géographique des Pyrénées et du Sud-ouest, vol. 37, no 2,‎ (lire en ligne).
  • Marie-Claude Cassé, « Les milieux physiques en Montagne Noire occidentale », dans Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest. Sud-Ouest européen, 1972, tome 43, no 2, p. 254-270 (lire en ligne)
  • Bernard Gèze, « Languedoc méditerranéen, Montagne Noire, guides géologiques régionaux » (2e édition), Masson, Paris, 1995 (ISBN 978-2-22584669-4), 191 p.
  • Collectif, « Montagne Noire, regards sur un patrimoine », Éditions Loubatières 2005, 138 p. (ISBN 978-2-86266-586-3)
  • Jean-Pierre Larue, « Incision fluviatile et tectonique dans la Montagne Noire (sud du Massif central français) », dans Géographie physique et Quaternaire, 2007, volume 61, no 2–3, p. 145–163 (lire en ligne)

Articles connexes

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