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Le linguiste costaricain spécialiste des langues chibchanes {{Lien|Adolfo Constenla Umaña}} identifie plusieurs caractéristiques [[Phonologie|phonologiques]] et [[Grammaire|grammaticales]] qui distinguent le maléku et le rama des autres langues de cette famille, ce qui justifie d'en faire une branche distincte :
Le linguiste costaricain spécialiste des langues chibchanes {{Lien|Adolfo Constenla Umaña}} identifie plusieurs caractéristiques [[Phonologie|phonologiques]] et [[Grammaire|grammaticales]] qui distinguent le maléku et le rama des autres langues de cette famille, ce qui justifie d'en faire une branche distincte :
* au cours de leur histoire, le contraste entre [[Consonne occlusive|consonnes occlusives]] [[Consonne sourde|sourdes]] et [[Consonne sonore|sonores]] a tendu à disparaître en début de morphème ;
* au cours de leur histoire, le contraste entre [[Consonne occlusive|consonnes occlusives]] [[Consonne sourde|sourdes]] et [[Consonne sonore|sonores]] a tendu à disparaître en début de [[morphème]] ;
** *{{VAPI|p}} et *{{VAPI|b}} fusionnant en {{VAPI|p}}, sauf entre deux voyelles où ils fusionnent soit en {{VAPI|b}} (en rama), soit en {{VAPI|ɸ}} (en maléku) ;
** *{{VAPI|p}} et *{{VAPI|b}} fusionnant en {{VAPI|p}}, sauf entre deux voyelles où ils fusionnent soit en {{VAPI|b}} (en rama), soit en {{VAPI|ɸ}} (en maléku) ;
** *{{VAPI|t}} et *{{VAPI|d}} fusionnant en {{VAPI|t}} (pas devant les [[voyelle antérieure|voyelles antérieures]] en rama) ;
** *{{VAPI|t}} et *{{VAPI|d}} fusionnant en {{VAPI|t}} (pas devant les [[voyelle antérieure|voyelles antérieures]] en rama) ;
** *{{VAPI|k}} et *{{VAPI|g}} fusionnant en {{VAPI|k}} (phénomène également attesté en {{Lien|fr=dorasque|langue=en|trad=Dorasque language}}) ;
** *{{VAPI|k}} et *{{VAPI|g}} fusionnant en {{VAPI|k}} (phénomène également attesté en {{Lien|fr=dorasque|langue=en|trad=Dorasque language}}) ;
* le phonème *{{VAPI|h}} s'est nasalisé en {{VAPI|ŋ}} en début de morphème dans les syllabes accentuées ;
* le [[phonème]] *{{VAPI|h}} s'est nasalisé en {{VAPI|ŋ}} en début de morphème dans les syllabes accentuées ;
* des suffixes sont utilisés pour former les [[participe]]s et un [[adjectif]] intensifieur{{sfn|Constenla Umaña|2012|p=409-410}}.
* des suffixes sont utilisés pour former les [[participe]]s et un [[adjectif]] intensifieur{{sfn|Constenla Umaña|2012|p=409-410}}.


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Ces deux langues sont considérées comme [[Langues en voie de disparition|menacées]] par l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]], qui classe le maléku comme « sérieusement en danger » et le rama comme « en situation critique » dans son ''[[Livre rouge des langues en danger|Atlas des langues en danger dans le monde]]''. Le maléku ne compte plus que deux à trois cents locuteurs et le rama (abandonné par ses locuteurs à partir de la fin du {{s-|XIX}} au profit de la [[langue véhiculaire]] dominante, le {{Lien|fr=créole de la côte des Mosquitos|langue=en|trad=Miskito Coast Creole}}{{sfn|Pivot|2013}}), à peine une soixantaine{{sfn|Chevrier|2017|p=15}}. En 2012, Constenla Umaña les décrit respectivement comme « clairement sur le déclin » ({{citation étrangère|langue=en|clearly declining}}) et « obsolète » ({{citation étrangère|langue=en|obsolecent}}){{sfn|Constenla Umaña|2012|p=425}}. Le rama est cependant l'objet, depuis le milieu des années 1980, d'un projet de [[Revitalisation linguistique|revitalisation]] coordonné par la linguiste [[Colette Grinevald]]{{sfn|Chevrier|2017|p=19-20}}.
Ces deux langues sont considérées comme [[Langues en voie de disparition|menacées]] par l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]], qui classe le maléku comme « sérieusement en danger » et le rama comme « en situation critique » dans son ''[[Livre rouge des langues en danger|Atlas des langues en danger dans le monde]]''. Le maléku ne compte plus que deux à trois cents locuteurs et le rama (abandonné par ses locuteurs à partir de la fin du {{s-|XIX}} au profit de la [[langue véhiculaire]] dominante, le {{Lien|fr=créole de la côte des Mosquitos|langue=en|trad=Miskito Coast Creole}}{{sfn|Pivot|2013}}), à peine une soixantaine{{sfn|Chevrier|2017|p=15}}. En 2012, Constenla Umaña les décrit respectivement comme « clairement sur le déclin » ({{citation étrangère|langue=en|clearly declining}}) et « obsolète » ({{citation étrangère|langue=en|obsolecent}}){{sfn|Constenla Umaña|2012|p=425}}. Le rama est cependant l'objet, depuis le milieu des années 1980, d'un projet de [[Revitalisation linguistique|revitalisation]] coordonné par la linguiste [[Colette Grinevald]]{{sfn|Chevrier|2017|p=19-20}}.


Le {{Lien|fr=huetar|langue=en|trad=Huetar language}}, langue éteinte au {{s-|XVIII}}, présente des affinités avec le maléku et le rama. Néanmoins, les maigres traces qui en subsistent (principalement les [[Emprunt (linguistique)|emprunts]] à cette langue qui subsistent dans le lexique de l'[[espagnol]] tel qu'il est parlé dans la région qu'occupaient les [[Peuple huetar|Huetares]] à l'arrivée des Européens) ne permettent pas de le définir de manière certaine comme une langue votique{{sfn|Constenla Umaña|2012|p=391, 397, 417}}.
Le {{Lien|fr=huetar|langue=en|trad=Huetar language}}, langue éteinte au {{s-|XVIII}}, présente des affinités avec le maléku et le rama. Néanmoins, les maigres traces qui en subsistent (principalement les [[Emprunt (linguistique)|emprunts]] à cette langue qui subsistent dans le [[lexique]] de l'[[espagnol]] tel qu'il est parlé dans la région qu'occupaient les [[Peuple huetar|Huetares]] à l'arrivée des Européens) ne permettent pas de le définir de manière certaine comme une langue votique{{sfn|Constenla Umaña|2012|p=391, 397, 417}}.


== Références ==
== Références ==

Version du 7 juillet 2022 à 18:06

Langues votiques
Pays Drapeau du Costa Rica Costa Rica
Drapeau du Nicaragua Nicaragua
Écriture alphabet latin
Classification par famille
Codes de langue
Glottolog voti1248
Carte
Image illustrative de l’article Langues votiques
Sur cette carte des langues chibchanes, le maléku et le rama sont les deux points les plus au nord de la bande qui s'étend sur tout le sud de l'Amérique centrale (les points isolés plus au nord représentent le paya).

Les langues votiques sont une branche de la famille des langues chibchanes. Elles sont parlées de part et d'autre de la frontière entre le Costa Rica et le Nicaragua, en Amérique centrale.

Cette branche n'est plus représentée que par deux langues en voie de disparition, le maléku (ou guatuso) au Costa Rica et le rama au Nicaragua. Elle doit son nom au peuple rama, également appelé Votos à l'époque coloniale.

Définition

Le linguiste costaricain spécialiste des langues chibchanes Adolfo Constenla Umaña (en) identifie plusieurs caractéristiques phonologiques et grammaticales qui distinguent le maléku et le rama des autres langues de cette famille, ce qui justifie d'en faire une branche distincte :

L'analyse lexicostatistique (en) tend également à distinguer les deux langues votiques des autres langues chibchanes[2].

Membres

La branche des langues votiques n'est plus représentée que par deux langues[3] :

Ces deux langues sont considérées comme menacées par l'UNESCO, qui classe le maléku comme « sérieusement en danger » et le rama comme « en situation critique » dans son Atlas des langues en danger dans le monde. Le maléku ne compte plus que deux à trois cents locuteurs et le rama (abandonné par ses locuteurs à partir de la fin du XIXe siècle au profit de la langue véhiculaire dominante, le créole de la côte des Mosquitos (en)[4]), à peine une soixantaine[5]. En 2012, Constenla Umaña les décrit respectivement comme « clairement sur le déclin » (« clearly declining ») et « obsolète » (« obsolecent »)[6]. Le rama est cependant l'objet, depuis le milieu des années 1980, d'un projet de revitalisation coordonné par la linguiste Colette Grinevald[7].

Le huetar (en), langue éteinte au XVIIIe siècle, présente des affinités avec le maléku et le rama. Néanmoins, les maigres traces qui en subsistent (principalement les emprunts à cette langue qui subsistent dans le lexique de l'espagnol tel qu'il est parlé dans la région qu'occupaient les Huetares à l'arrivée des Européens) ne permettent pas de le définir de manière certaine comme une langue votique[8].

Références

  1. Constenla Umaña 2012, p. 409-410.
  2. Constenla Umaña 2012, p. 414-416.
  3. Constenla Umaña 2012, p. 416-417.
  4. Pivot 2013.
  5. Chevrier 2017, p. 15.
  6. Constenla Umaña 2012, p. 425.
  7. Chevrier 2017, p. 19-20.
  8. Constenla Umaña 2012, p. 391, 397, 417.

Bibliographie

  • Natacha Chevrier, Analyse de la phonologie du bribri (chibcha) dans une perspective typologique : nasalité et géminée modulée, Lyon, Université de Lyon, (lire en ligne).
  • (en) Adolfo Constenla Umaña, « Chibchan languages », dans Lyle Campbell & Veronica Grondona (éd.), The Indigenous Languages of South America : a comprehensive guide, Berlin, Boston, Mouton de Gruyter, (ISBN 978-3-11-025513-3), p. 391-439.
  • Bénédicte Pivot, « Revitalisation d'une langue post-vernaculaire en pays rama (Nicaragua) », Langage et société, no 145,‎ , p. 55-79 (DOI 10.3917/ls.145.0055).

Articles connexes

Liens externes