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Tamara est la fille de  [[Platon Karsavine]] et d’Anna Iousifovna (née Khomyakova).
Tamara est la fille de  [[Platon Karsavine]] et d’Anna Iousifovna (née Khomyakova).


Issu d’un milieu d’artistes de la scène, premier danseur au Ballet impérial de Saint-Pétersbourg, Platon Karsavine avait été un élève de [[Marius Petipa]]. Il devint lui-même pédagogue et eut notamment pour élève [[Michel Fokine|Mikhaïl Fokine]], danseur et chorégraphe. Suite à un différend avec Petipa, Platon fut mis prématurément à la retraite, ce qui plaça sa famille dans une situation financière délicate
Issu d’un milieu d’artistes de la scène, premier danseur au Ballet impérial de Saint-Pétersbourg, Platon Karsavine avait été un élève de [[Marius Petipa]]. Il devint lui-même pédagogue et eut notamment pour élève [[Michel Fokine|Mikhaïl Fokine]], danseur et chorégraphe. Suite à un différend avec Petipa, Platon fut mis prématurément à la retraite, ce qui plaça sa famille dans une situation financière délicate.<ref>{{Ouvrage|auteur1=Tamara Karsavina|titre=Ma vie|passage=pp. 35-36|éditeur=Complexe|date=2004}}</ref>


Née dans l’intelligentsia, Anna Iousifovna était une parente éloignée d’Alexeï Khomyakov, co-fondateur du [[Slavophilisme|mouvement slavophile.]]
Née dans l’intelligentsia, Anna Iousifovna était une parente éloignée d’Alexeï Khomyakov, co-fondateur du [[Slavophilisme|mouvement slavophile.]]
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== Formation ==
== Formation ==
Encouragée par sa mère, et malgré les réticences de son père, Tamara fut très tôt attirée par la danse classique. Formée à l'Ecole impériale de ballet de Saint-Pétersbourg (qui deviendra l’[[Académie de ballet Vaganova]]), notamment par [[Enrico Cecchetti]] et [[Pavel Gerdt]], qui était aussi son parrain, elle fut engagée au Théâtre Mariinsky en 1902, s’illustra dans les grands rôles du répertoire (''Giselle, La belle au bois dormant, Casse-noisette, Le lac des cygnes'', etc.) et fut promue Prima Ballerina en 1910. Dès 1909, elle fut repérée par Diaghilev qui l’engagea aussitôt dans sa nouvelle compagnie qui allait prendre le nom de « [[Ballets russes]] » en 1911.
Encouragée par sa mère, et malgré les réticences de son père, Tamara fut très tôt attirée par la danse classique. Formée à l'Ecole impériale de ballet de Saint-Pétersbourg (qui deviendra l’[[Académie de ballet Vaganova]]), notamment par [[Enrico Cecchetti]] et [[Pavel Gerdt]], qui était aussi son parrain, elle fut engagée au [[Théâtre Mariinsky]] en 1902, s’illustra dans les grands rôles du répertoire (''Giselle, La belle au bois dormant, Casse-noisette, Le lac des cygnes'', etc.) et fut promue Prima Ballerina en 1910<ref>{{Ouvrage|auteur1=Tamara Karsavina|titre=Ma vie|passage=p. 186|éditeur=Complexe|date=2004}}</ref>. Dès 1909, elle fut repérée par Diaghilev qui l'engagea aussitôt dans sa nouvelle compagnie<ref>{{Ouvrage|auteur1=Tamara Karsavina|titre=Ma vie|passage=p. 165|éditeur=Complexe|date=2004}}</ref>. Celle-ci allait prendre le nom de « [[Ballets russes]] » en 1911.


== Vie personnelle ==
== Vie personnelle ==
Après avoir repoussé par deux fois les demandes en mariage du danseur et chorégraphe Mikhaïl Fokine, Tamara épousa en 1907, en la chapelle de l’Ecole de danse, Vassili Moukhine (1880-1941 ?), fils naturel d’un noble, qui l’accompagnera dans certaines de ses nombreuses tournées à l’étranger. Durant plusieurs années, Tamara se partagea entre les Ballets russes de Diaghilev et sa carrière au Mariinsky.
Après avoir repoussé par deux fois les demandes en mariage du danseur et chorégraphe Mikhaïl Fokine, Tamara épousa en 1907, en la chapelle de l’Ecole de danse, Vassili Moukhine (1880-1941 ?), fils naturel d’un noble, qui l’accompagnera dans certaines de ses nombreuses tournées à l’étranger. Durant plusieurs années, Tamara se partagea entre les Ballets russes de Diaghilev et sa carrière au Mariinsky.


Admirée pour son talent et sa beauté, jouissant d’une renommée internationale, Tamara eut de nombreux soupirants, parmi lesquels [[Carl Gustav Mannerheim]], futur Président de la Finlande, et le diplomate britannique, [[Henri James Bruce|Henry James Bruce]] (1880-1951). Après s’être separée de Moukhine, Tamara épousa Bruce dont elle eut un fils Nikita (1916-2002). Ce dernier fit une carrière d’acteur de cinéma sous le nom de Nicholas Bruce avant de travailler pour la compagnie « Schweppes ».
Admirée pour son talent et sa beauté, jouissant d’une renommée internationale, Tamara eut de nombreux soupirants, parmi lesquels [[Carl Gustav Mannerheim]], futur Président de la Finlande, et le diplomate britannique, [[Henri James Bruce|Henry James Bruce]] (1880-1951)<ref>{{Ouvrage|auteur1=Henry James Bruce|titre=Thirteen Dozen Moons|passage=p. 2|lieu=London|éditeur=Constable and Company|date=1949}}</ref>. Après s’être separée de Moukhine, Tamara épousa Bruce dont elle eut un fils Nikita (1916-2002). Ce dernier étudia le théâtre puis fit une carrière d’acteur de cinéma sous le nom de Nicholas Bruce avant de travailler pour la compagnie « Schweppes ».


En juin 1918, Tamara quitta définitivement la Russie bolchevique en compagnie de Henry Bruce et de leur fils. Après un périple épuisant et semé d’embûches à travers la Carélie et la Mer blanche, elle gagna Londres. Elle poursuivit sa carrière aux Ballets russes tout en se partageant entre Londres et les différents postes où son mari poursuivit une carrière diplomatique (Tanger) avant de démissionner du Foreign Office et de travailler pour diverses organisations (Sofia, Budapest).
En juin 1918, Tamara quitta définitivement la Russie bolchevique en compagnie de Henry Bruce et de leur fils. Après un périple épuisant et semé d’embûches à travers la Carélie et la Mer blanche, elle gagna Londres<ref>{{Ouvrage|auteur1=Tamara Karsavina|titre=Ma vie|passage=p. 220|éditeur=Complexe|date=2004}}</ref>. Elle poursuivit sa carrière aux Ballets russes tout en se partageant entre Londres et les différents postes où son mari poursuivit une carrière diplomatique (Tanger<ref>{{Ouvrage|auteur1=Henry James Bruce|titre=Thirteen Dozen Moons|passage=p. 11|lieu=London|éditeur=Constable and Company|date=1949}}</ref>) avant de démissionner du Foreign Office et de travailler pour diverses organisations (Sofia<ref>{{Ouvrage|auteur1=Henry James Bruce|titre=Thirteen Dozen Moons|passage=p. 49|lieu=London|éditeur=Constable and Company|date=1949}}</ref>, Budapest<ref>{{Ouvrage|auteur1=Henry James Bruce|titre=Thirteen Dozen Moons|passage=p. 146|lieu=London|éditeur=Constable and Company|date=1949}}</ref>).


== Les ballets russes ==
== Les ballets russes ==
« Les noms d’[[Anna Pavlova (danseuse)|Anna Pavlova]] et de Tamara Karsavina sont liés à l’épanouissement du ballet au début du XXe siècle…La gloire de Karsavina, si l’on en juge par sa résonance mondiale, ne le cédait en rien à celle de Pavlova. Ces deux noms sont souvent associés, souvent aussi opposés »<ref>{{Ouvrage|auteur1=V.M. Krasovskaïa|titre=Pavlova, Karsavina, Spesivtseva|passage=pp. 275-304|lieu=Leningrad|éditeur=Iskoustvo|date=1972}}</ref>
« Les noms d’[[Anna Pavlova (danseuse)|Anna Pavlova]] et de Tamara Karsavina sont liés à l’épanouissement du ballet au début du XXe siècle…La gloire de Karsavina, si l’on en juge par sa résonance mondiale, ne le cédait en rien à celle de Pavlova. Ces deux noms sont souvent associés, souvent aussi opposés »<ref>{{Ouvrage|auteur1=V.M. Krasovskaïa|titre=Pavlova, Karsavina, Spesivtseva|passage=pp. 275-304|lieu=Leningrad|éditeur=Iskoustvo|date=1972}}</ref>


Tamara a participé à la première Saison russe au Théâtre du Châtelet à Paris en 1909. En 1910, elle créa l'Oiseau de feu dans le ballet éponyme (musique de Stravinsky, chorégraphie de Fokine) après qu’Anna Pavlova eut refusé le rôle. A partir de cette date, Tamara devint la vedette féminine principale des Ballets russes, souvent aux côtés de [[Vaslav Nijinski|Vaslav Nijinsky]].


Liste des créations des Ballets russes dans lesquelles Tamara a tenu les premiers rôles <ref>{{Ouvrage|auteur1=Andrew Foster|titre=Tamara Karsavina - Diaghilev's Ballerina|passage=pp. 242-243|lieu=London|éditeur=Kris Philipps|date=2010}}</ref>:

Tamara a participé à la première Saison russe au Théâtre du Châtelet à Paris en 1909. En 1910, elle s’illustra dans le ballet ''L’oiseau de feu'' (musique de Stravinsky, chorégraphie de Fokine) après qu’Anna Pavlova eut refusé le rôle. A partir de cette date, Tamara devint la vedette féminine principale des Ballets russes, souvent aux côtés de [[Vaslav Nijinski|Nijinsky]].



Liste des créations des Ballets russes dans lesquels Tamara a tenu les premiers rôles <ref>{{Ouvrage|auteur1=Andrew Foster|titre=Tamara Karsavina - Diaghilev's Ballerina|passage=pp. 242-243|lieu=London|éditeur=Kris Philipps|date=2010}}</ref>:




'''1909'''
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Ayant définitivement abandonné la scène au début des années 30, Tamara se consacra à l’enseignement. Elle ouvrit un studio a Baker Street et eut notamment pour élèves Lady Ursula Manners.
Ayant définitivement abandonné la scène au début des années 30, Tamara se consacra à l’enseignement. Elle ouvrit un studio a Baker Street et eut notamment pour élèves Lady Ursula Manners.


Tamara publia quelques ouvrages techniques sur la danse parmi lesquels ''The Flow of Movement''. Elle donna de nombreuses conférences sur les Ballets russes et transmit des chorégraphies, notamment ''Le spectre de la rose'' à [[Margot Fonteyn]] et Rudolph Noureev. Elle conseilla également Sir Frederick Ashton pour ''La fille mal gardée.''
Tamara publia quelques ouvrages techniques sur la danse parmi lesquels ''The Flow of Movement''. Elle donna de nombreuses conférences sur les Ballets russes et transmit des chorégraphies, notamment ''Le spectre de la rose'' à [[Margot Fonteyn]] et [[Rudolf Noureev|Rudolph Noureev]]. Elle conseilla également Sir [[Frederick Ashton]] pour ''La fille mal gardée.''


Elle participa à la fondation de la [[Académie royale de danse|Royal Academy of Dance]] dont elle fut Vice-présidente de 1930 à 1955.
Elle participa à la fondation de la [https://www.royalacademyofdance.org Royal Academy of Dance] dont elle fut Vice-présidente de 1930 à 1955.


En 1925, elle tourna dans ''[[Les Chemins de la force et de la beauté|Les chemins de la force et de la beauté]]'', un film muet de Nicholas Kaufmann et Wilhelm Prager avec Leni Rieffenstahl et Johnny Weissmuller. Elle interpréta également le rôle principal dans une pièce de théâtre de J.M. Barrie ''La vérité sur les danseurs russes.''
En 1925, elle tourna dans ''[[Les Chemins de la force et de la beauté|Les chemins de la force et de la beauté]]'', un film muet de Nicholas Kaufmann et Wilhelm Prager avec Leni Rieffenstahl et Johnny Weissmuller. Elle interpréta également le rôle principal dans une pièce de théâtre de J.M. Barrie ''La vérité sur les danseurs russes.''


Elle inspira un des personnages d’Agatha Christie dans son roman ''Le sentier d’Arlequin.''
Elle inspira un des personnages d’Agatha Christie dans son roman ''Le sentier d’Arlequin.''



Tamara Karsavina mourut le 26 mai 1978 à l’âge de 93 ans. Elle repose au cimetière de Hampstead à Londres.
Tamara Karsavina mourut le 26 mai 1978 à l’âge de 93 ans. Elle repose au cimetière de Hampstead à Londres.
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* [[1914]] : effigie en argent de Tamara, réalisé par [[Francis La Monaca]] à la demande de la reine-douairière des Deux-Siciles [[Marie-Sophie de Bavière]], pour offrir au Tsar et à son épouse pour leurs noces d'argent. Seule représentation conservée des représentations des artistes des Ballets russes.
* [[1914]] : effigie en argent de Tamara, réalisé par [[Francis La Monaca]] à la demande de la reine-douairière des Deux-Siciles [[Marie-Sophie de Bavière]], pour offrir au Tsar et à son épouse pour leurs noces d'argent. Seule représentation conservée des représentations des artistes des Ballets russes.


== Notes ==
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== Liens externes ==
== Liens externes ==
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Version du 6 avril 2021 à 15:31

Tamara Karsavina
Tamara Karsavina dans Shéhérazade (1911)
Biographie
Naissance
Décès
(à 93 ans)
BeaconsfieldVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière de Hampstead (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
russe - britannique
Formation
Activité
danseuse
Père
Conjoint
Vassili Moukhine puis Henry James Bruce
Enfant
Nikita (Nicholas) Bruce
Autres informations
Distinction
Queen Elizabeth II Coronation Award (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Tamara Platonovna Karsavina (en russe) est une danseuse russe née à Saint-Pétersbourg le 25 février 1885 (10 mars dans le calendrier grégorien) et morte à Beaconsfield dans le Buckinghamshire en Angleterre le 26 mai 1978.

Renommée pour sa beauté, elle fut l’une des principales ballerines du Théâtre Mariinsky puis des Ballets russes de Serge Diaghilev. Fuyant la révolution bolchevique en 1918, elle s’installa à Londres où elle enseigna et participa à la création de l’Académie royale de danse.

Famille

Tamara est la fille de  Platon Karsavine et d’Anna Iousifovna (née Khomyakova).

Issu d’un milieu d’artistes de la scène, premier danseur au Ballet impérial de Saint-Pétersbourg, Platon Karsavine avait été un élève de Marius Petipa. Il devint lui-même pédagogue et eut notamment pour élève Mikhaïl Fokine, danseur et chorégraphe. Suite à un différend avec Petipa, Platon fut mis prématurément à la retraite, ce qui plaça sa famille dans une situation financière délicate.[1]

Née dans l’intelligentsia, Anna Iousifovna était une parente éloignée d’Alexeï Khomyakov, co-fondateur du mouvement slavophile.

Le frère de Tamara, Lev Karsavine (ru) (1882–1952), fut un brillant historien des religions médiévales, philosophe et poète. Il fut professeur à l'université de Saint-Pétersbourg avant d’être expulsé par les bolcheviks en 1922 dans le « Bateau des philosophes ». Plus tard, il enseigna à l’université de Kaunas (Lituanie), fut arrêté par le régime de Staline et déporté au goulag (à Abez en Sibérie) où il mourut.

Formation

Encouragée par sa mère, et malgré les réticences de son père, Tamara fut très tôt attirée par la danse classique. Formée à l'Ecole impériale de ballet de Saint-Pétersbourg (qui deviendra l’Académie de ballet Vaganova), notamment par Enrico Cecchetti et Pavel Gerdt, qui était aussi son parrain, elle fut engagée au Théâtre Mariinsky en 1902, s’illustra dans les grands rôles du répertoire (Giselle, La belle au bois dormant, Casse-noisette, Le lac des cygnes, etc.) et fut promue Prima Ballerina en 1910[2]. Dès 1909, elle fut repérée par Diaghilev qui l'engagea aussitôt dans sa nouvelle compagnie[3]. Celle-ci allait prendre le nom de « Ballets russes » en 1911.

Vie personnelle

Après avoir repoussé par deux fois les demandes en mariage du danseur et chorégraphe Mikhaïl Fokine, Tamara épousa en 1907, en la chapelle de l’Ecole de danse, Vassili Moukhine (1880-1941 ?), fils naturel d’un noble, qui l’accompagnera dans certaines de ses nombreuses tournées à l’étranger. Durant plusieurs années, Tamara se partagea entre les Ballets russes de Diaghilev et sa carrière au Mariinsky.

Admirée pour son talent et sa beauté, jouissant d’une renommée internationale, Tamara eut de nombreux soupirants, parmi lesquels Carl Gustav Mannerheim, futur Président de la Finlande, et le diplomate britannique, Henry James Bruce (1880-1951)[4]. Après s’être separée de Moukhine, Tamara épousa Bruce dont elle eut un fils Nikita (1916-2002). Ce dernier étudia le théâtre puis fit une carrière d’acteur de cinéma sous le nom de Nicholas Bruce avant de travailler pour la compagnie « Schweppes ».

En juin 1918, Tamara quitta définitivement la Russie bolchevique en compagnie de Henry Bruce et de leur fils. Après un périple épuisant et semé d’embûches à travers la Carélie et la Mer blanche, elle gagna Londres[5]. Elle poursuivit sa carrière aux Ballets russes tout en se partageant entre Londres et les différents postes où son mari poursuivit une carrière diplomatique (Tanger[6]) avant de démissionner du Foreign Office et de travailler pour diverses organisations (Sofia[7], Budapest[8]).

Les ballets russes

« Les noms d’Anna Pavlova et de Tamara Karsavina sont liés à l’épanouissement du ballet au début du XXe siècle…La gloire de Karsavina, si l’on en juge par sa résonance mondiale, ne le cédait en rien à celle de Pavlova. Ces deux noms sont souvent associés, souvent aussi opposés »[9]

Tamara a participé à la première Saison russe au Théâtre du Châtelet à Paris en 1909. En 1910, elle créa l'Oiseau de feu dans le ballet éponyme (musique de Stravinsky, chorégraphie de Fokine) après qu’Anna Pavlova eut refusé le rôle. A partir de cette date, Tamara devint la vedette féminine principale des Ballets russes, souvent aux côtés de Vaslav Nijinsky.

Liste des créations des Ballets russes dans lesquelles Tamara a tenu les premiers rôles [10]:

1909

L’oiseau bleu dans Le festin (musique : Tchaïkovsky, chorégraphie : Fokine)

Les Sylphides (Chopin, Fokine)

1910

L’oiseau de feu (Stravinsky, Fokine)

1911

Narcisse (Tcherepnine, Fokine)

Petrouchka (Stravinsky, Fokine)

Le spectre de la rose (Weber, Fokine)

Shéhérazade (Rimski-Korsakov, Fokine)

1912

Le dieu bleu (Reynaldo Hahn, Fokine)

Thamar (Balakirev, Fokine)

1913

Jeu (Debussy, Fokine)

La tragédie de Salomé (Schmitt, Romanov)

1914

La légende de Joseph (Richard Strauss, Fokine)

Midas (Steinberg, Romanov)

Le coq d’or (Rimski-Korsakov, Fokine)

1919

Contes russes (Liadov, Massine)

Les femmes de bonne humeur (Scarlatti, Massine)

Parade (Satie, Massine)

Soleil de nuit (Rimski-Korsakov, Massine)

Le tricorne (De Falla, Massine)

1920

Les astuces féminines (Cimarosa, Massine)

La boutique fantasque (Rossini, Massine)

Le chant du rossignol (Stravinsky, Massine)

Pulcinella (Stravinsky, Massine)

1926

Roméo et Juliette (Lambert, Bronislava Nijinska)

1926 hors Ballets russes : Une revue (Reynaldo Hahn, Maurice Donnay et Henri Duvernois)

Avec la mort de Diaghilev en 1929, l’aventure des Ballets russes prit fin.

Les années en Angleterre

A Londres, Tamara et Bruce vécurent dans leur maison au 4 Albert Road. C’est là que Tamara rédigea, directement en anglais, Theatre Street publié en 1930 et aussitôt traduit en français sous le titre de Ma vie. Dans ces mémoires, elle évoque son enfance, sa formation et ses débuts aux Ballets russes avec beaucoup de pudeur et de retenue. Son projet d’écrire une suite resta à l’état d’ébauche.

Ayant définitivement abandonné la scène au début des années 30, Tamara se consacra à l’enseignement. Elle ouvrit un studio a Baker Street et eut notamment pour élèves Lady Ursula Manners.

Tamara publia quelques ouvrages techniques sur la danse parmi lesquels The Flow of Movement. Elle donna de nombreuses conférences sur les Ballets russes et transmit des chorégraphies, notamment Le spectre de la rose à Margot Fonteyn et Rudolph Noureev. Elle conseilla également Sir Frederick Ashton pour La fille mal gardée.

Elle participa à la fondation de la Royal Academy of Dance dont elle fut Vice-présidente de 1930 à 1955.

En 1925, elle tourna dans Les chemins de la force et de la beauté, un film muet de Nicholas Kaufmann et Wilhelm Prager avec Leni Rieffenstahl et Johnny Weissmuller. Elle interpréta également le rôle principal dans une pièce de théâtre de J.M. Barrie La vérité sur les danseurs russes.

Elle inspira un des personnages d’Agatha Christie dans son roman Le sentier d’Arlequin.

Tamara Karsavina mourut le 26 mai 1978 à l’âge de 93 ans. Elle repose au cimetière de Hampstead à Londres.

Bibliographie

  • Ouvrages de T. Karsavina

KARSAVINA Tamara, Theatre Street : the Reminiscences of Tamara, Columbus Books, London, 1930 (traduction française de Denyse Clairouin, Ma vie, Complexe, 2004)

KARSAVINA Tamara, Classical Ballet : the Flow of Movement, Theatre Arts Books, London, 1973

(KARSAVINA Tamara) PHELAN A.L., Tamara Karsavina : beyond the Ballerina : her unpublished, untitled manuscript about the first years in England (http://quailcreekeditions.com/record_publications.php?id=16)

  • Autres ouvrages

AUSTIN Richard, The Art of the Dancer (Taglioni, Pavlova, Duncan, Spessivtseva, Karsavina, Markova), Hutchinson Publishing Group (Australia), 2007

BRUCE Henry James, Thirty Dozen Moons, Constable and Company, London, 1949

BUCKLE Richard, Diaghilev, Atheneum Books, London, 1979

FEOFANOVA N.P. (sous la direction de), Karsavina Tamara, Art Deko, Sankt-Petersburg, 2010 (en russe et en anglais)

ФОКИН М. (FOKINE M.), Против течениа – Воспоминания балетмейстера, Искусство, Ленинград, 1981

FOSTER Andrew, Tamara Karsavina, Diaghilev’s Ballerina, Kris Phillips, London, 2010

GUILLAUME Lyane, Moi, Tamara Karsavina : vie et destin d’une étoile des Ballets russes, Le Rocher, 2021

HASKELL Arnold, Tamara Karsavina, Forgotten Books, London, 2018

KARSAVIN Lev, Le poème de la mort (traduction de Françoise Lesourd, L’Age d’Homme, Lausanne, 2003)

КРАСОВСКАЯ В. М. (KRASOVSKAIA V.M.), Павлова, Карсавина, Спесивцева //Русский балетный театр начала ХХ века : Танцовщики – Искусство, Ленинград, 1972 – Кн. 2

LIFAR Serge, Les Trois Grâces du 20ème siècle : légendes et vérité (Anna Pavlova, Tamara Karsavina, Olga Spessivtseva), Buchet-Chastel, 1957

Iconographie

  • 1914 : effigie en argent de Tamara, réalisé par Francis La Monaca à la demande de la reine-douairière des Deux-Siciles Marie-Sophie de Bavière, pour offrir au Tsar et à son épouse pour leurs noces d'argent. Seule représentation conservée des représentations des artistes des Ballets russes.

Notes

  1. Tamara Karsavina, Ma vie, Complexe, , pp. 35-36
  2. Tamara Karsavina, Ma vie, Complexe, , p. 186
  3. Tamara Karsavina, Ma vie, Complexe, , p. 165
  4. Henry James Bruce, Thirteen Dozen Moons, London, Constable and Company, , p. 2
  5. Tamara Karsavina, Ma vie, Complexe, , p. 220
  6. Henry James Bruce, Thirteen Dozen Moons, London, Constable and Company, , p. 11
  7. Henry James Bruce, Thirteen Dozen Moons, London, Constable and Company, , p. 49
  8. Henry James Bruce, Thirteen Dozen Moons, London, Constable and Company, , p. 146
  9. V.M. Krasovskaïa, Pavlova, Karsavina, Spesivtseva, Leningrad, Iskoustvo, , pp. 275-304
  10. Andrew Foster, Tamara Karsavina - Diaghilev's Ballerina, London, Kris Philipps, , pp. 242-243

Liens externes

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