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== Origines ==
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Lors du {{s-|XIX}} et une bonne partie du {{s-|XX}}, la majorité des chercheurs pensaient que le lama a été importé en Équateur pendant la conquête de la région par l'[[Empire inca]] au {{s-|XV}}. La principale raison justifiant cette idée est d'ordre géographique : les lamas sont des animaux adaptés à la [[puna]] [[Cordillère des Andes|andine]], une [[écorégion]] sensiblement différente de la [[Paramo (biotope)|paramo]] équatorienne{{sfn|Bonavia|2008|id=Bonavia 2008|p=345}}.
Lors du {{s-|XIX}} et une bonne partie du {{s-|XX}}, la majorité des chercheurs pensaient que le lama a été importé en Équateur pendant la conquête de la région par l'[[Empire inca]] au {{s-|XV}}. La principale raison justifiant cette idée est d'ordre géographique : les lamas seraient des animaux adaptés à la [[puna]] [[Cordillère des Andes|andine]], une [[écorégion]] sensiblement différente de la [[Paramo (biotope)|paramo]] équatorienne{{sfn|Bonavia|2008|id=Bonavia 2008|p=345}}.


Mais la découverte en 1927 de restes de lamas datant de la période pré-inca dans la [[Riobamba (canton)|vallée de Riobamba]] donne du poids à l'hypothèse d'une introduction des lamas avant la conquête inca{{sfn|Bonavia|2008|id=Bonavia 2008|p=345}}. Des fouilles ultérieures menées en Équateur permettent d'établir grossièrement le processus de diffusion du lama dans la région{{sfn|White|2004|id=White 2004|p=2}} : les plus anciens fossiles sont retrouvés au sud de l'Équateur dans la [[Paute (canton)|vallée de Paute]] et datent du {{-m-|I|er}}, probablement dans sa seconde moitié sous l'influence de la [[Chavín (culture)|culture Chavín]] installée plus au sud{{sfn|Bonavia|2008|id=Bonavia 2008|p=329}}, puis s'est étendu progressivement vers le nord jusqu'à atteindre le sud de la [[Colombie]] à proximité d'[[Ipiales]] vers le {{s-|XV}}{{sfn|White|2004|id=White 2004|p=2}}.
Mais la découverte en 1927 de restes de lamas datant de la période pré-inca dans la [[Riobamba (canton)|vallée de Riobamba]] donne du poids à l'hypothèse d'une introduction des lamas avant la conquête inca{{sfn|Bonavia|2008|id=Bonavia 2008|p=345}}. Des fouilles ultérieures menées en Équateur permettent d'établir grossièrement le processus de diffusion du lama dans la région{{sfn|White|2004|id=White 2004|p=2}} : les plus anciens fossiles sont retrouvés au sud de l'Équateur dans la [[Paute (canton)|vallée de Paute]] et datent du {{-m-|I|er}}, probablement dans sa seconde moitié sous l'influence de la [[Chavín (culture)|culture Chavín]] installée plus au sud{{sfn|Bonavia|2008|id=Bonavia 2008|p=329}}, puis s'est étendu progressivement vers le nord jusqu'à atteindre le sud de la [[Colombie]] à proximité d'[[Ipiales]] vers le {{s-|XV}}{{sfn|White|2004|id=White 2004|p=2}}.
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Ces restes de lamas sont identifiés comme appartenant à une variété de {{citation|petit lama}}, d'une taille intermédiaire entre les [[Lama (animal)|lama]]s et les [[alpaga]]s modernes et remplacent les [[cervidé]]s comme principale source de [[viande]] pour les populations locales{{sfn|Miller|Gill|1990|id=Miller & Gill 1990|p=64}}. Ce {{citation|petit lama}} est désormais regardé comme l'ancêtre du ''{{langue|es|llamingo}}''<ref name=Wheeler2012>{{Article |langue=en |auteur1=Jane C. Wheeler |titre=South American camelids - past, present and future |périodique=Journal of Camelid Science |date=2012 |volume=5 |p=10 |url=http://www.isocard.net/images/journal//FILE486198178b052d8.pdf |consulté le=08/11/2020}}.</ref>.
Ces restes de lamas sont identifiés comme appartenant à une variété de {{citation|petit lama}}, d'une taille intermédiaire entre les [[Lama (animal)|lama]]s et les [[alpaga]]s modernes et remplacent les [[cervidé]]s comme principale source de [[viande]] pour les populations locales{{sfn|Miller|Gill|1990|id=Miller & Gill 1990|p=64}}. Ce {{citation|petit lama}} est désormais regardé comme l'ancêtre du ''{{langue|es|llamingo}}''<ref name=Wheeler2012>{{Article |langue=en |auteur1=Jane C. Wheeler |titre=South American camelids - past, present and future |périodique=Journal of Camelid Science |date=2012 |volume=5 |p=10 |url=http://www.isocard.net/images/journal//FILE486198178b052d8.pdf |consulté le=08/11/2020}}.</ref>.


Mais la [[Conquête espagnole du Pérou|conquête espagnole de l'empire inca]] au {{s-|XVI}} met un terme brutal au processus de diffusion du lama en Équateur et dans les régions plus au nord ; dans les années qui suivent la conquête, la population de lama s'effondre en Équateur avec des chroniques espagnoles qui mentionnent dès 1550 que l'espèce a pratiquement disparue, seulement présent dans des zones reculées et indigènes{{sfn|White|2004|id=White 2004|p=3}} ; la population de lama de la Colombie, déjà peu nombreuse, disparaît totalement{{sfn|White|2004|id=White 2004|p=3}}.
Une analyse génétique en 2012 montre une différence notable entre les ''{{langue|es|llamingos}}'' et les lamas du [[Pérou]], notamment des ''[[q'ara]]s'', et qu'il s'agit de populations génétiquement distinctes{{sfn|Wheeler|Maturrano|Aguilar|White|2012|id=Congreso 2012}}.

Le ''{{langue|es|llamingo}}'', essentiellement présent dans les zones indigènes reculées, ne fait l'objet que de très peu d'études jusqu'aux années 1980{{sfn|Ordoñez|1994|id=Ordoñez 1994|p=67}}. Une analyse [[génétique]] menée en 2012 met en évidence une différence notable entre les ''{{langue|es|llamingos}}'' et les lamas du [[Pérou]], notamment ceux de la variété ''[[q'ara]]s'', et qu'il s'agit de populations génétiquement distinctes{{sfn|Wheeler|Maturrano|Aguilar|White|2012|id=Congreso 2012}}.


== Diffusion ==
== Diffusion ==

Version du 14 novembre 2020 à 10:32

Photographie couleur d'un lama qui broute de l'herbe séchée.
Un lama à proximité d'Ingapirca, Équateur.

Le llamingo, également nommé lama d'Équateur, est une variété de lama originaire de l'Équateur. Caractérisé par sa petite taille et sa fourrure courte, il est principalement élevé par les peuples indigènes de l'Équateur.

Dénomination

Le lama d'Équateur est connu localement sous le nom de llamingo[1],[2] ; il a aussi été historiquement nommé le « petit lama de Riobamba »[3].

Il a été postulé que le terme llamingo puisse être d'origine quechua, avec le suffixe -ingo signifiant « similaire à » ou « dérivé de ». Mais cette explication sur l'origine du terme est tombée en désuétude pour privilégier une origine moderne à partir de l'espagnol, avec le suffixe -ingo servant de diminutif, car le terme n'apparaît nul part dans les chroniques historiques[1].

Origines

Lors du XIXe siècle et une bonne partie du XXe siècle, la majorité des chercheurs pensaient que le lama a été importé en Équateur pendant la conquête de la région par l'Empire inca au XVe siècle. La principale raison justifiant cette idée est d'ordre géographique : les lamas seraient des animaux adaptés à la puna andine, une écorégion sensiblement différente de la paramo équatorienne[4].

Mais la découverte en 1927 de restes de lamas datant de la période pré-inca dans la vallée de Riobamba donne du poids à l'hypothèse d'une introduction des lamas avant la conquête inca[4]. Des fouilles ultérieures menées en Équateur permettent d'établir grossièrement le processus de diffusion du lama dans la région[5] : les plus anciens fossiles sont retrouvés au sud de l'Équateur dans la vallée de Paute et datent du Ier millénaire av. J.-C., probablement dans sa seconde moitié sous l'influence de la culture Chavín installée plus au sud[6], puis s'est étendu progressivement vers le nord jusqu'à atteindre le sud de la Colombie à proximité d'Ipiales vers le XVe siècle[5].

Ces restes de lamas sont identifiés comme appartenant à une variété de « petit lama », d'une taille intermédiaire entre les lamas et les alpagas modernes et remplacent les cervidés comme principale source de viande pour les populations locales[7]. Ce « petit lama » est désormais regardé comme l'ancêtre du llamingo[2].

Mais la conquête espagnole de l'empire inca au XVIe siècle met un terme brutal au processus de diffusion du lama en Équateur et dans les régions plus au nord ; dans les années qui suivent la conquête, la population de lama s'effondre en Équateur avec des chroniques espagnoles qui mentionnent dès 1550 que l'espèce a pratiquement disparue, seulement présent dans des zones reculées et indigènes[8] ; la population de lama de la Colombie, déjà peu nombreuse, disparaît totalement[8].

Le llamingo, essentiellement présent dans les zones indigènes reculées, ne fait l'objet que de très peu d'études jusqu'aux années 1980[9]. Une analyse génétique menée en 2012 met en évidence une différence notable entre les llamingos et les lamas du Pérou, notamment ceux de la variété q'aras, et qu'il s'agit de populations génétiquement distinctes[10].

Diffusion

Les llamingos se retrouvent principalement en Équateur dans les hautes-terres andines à plus de 3 000 m d'altitude, nommées paramo. Ils sont élevés par les peuples indigènes et jouent un rôle important dans l'écosystème des paramos[9].

Utilisation

Les peuples indigènes utilisent les llamingos comme animal de bât et comme source de laine et de nourriture[11], par leur viande et lait[11].

La fibre de laine des llamingos est de meilleure qualité que celle des variétés de lamas du Pérou et de Bolivie ; les llamingos sont rasés tous les deux ans pour environs 3 kg de laine[12].

Notes et références

  1. a et b Bonavia 2008, p. 349.
  2. a et b (en) Jane C. Wheeler, « South American camelids - past, present and future », Journal of Camelid Science, vol. 5,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. Bonavia 2008, p. 324.
  4. a et b Bonavia 2008, p. 345.
  5. a et b White 2004, p. 2.
  6. Bonavia 2008, p. 329.
  7. Miller et Gill 1990, p. 64.
  8. a et b White 2004, p. 3.
  9. a et b Ordoñez 1994, p. 67.
  10. Wheeler et al. 2012.
  11. a et b Ordoñez 1994, p. 68.
  12. Ordoñez 1994, p. 69.

Annexes

Bibliographie

  • (en) George R. Miller et ArmeL. Gill, « Zooarchaeology at Pirincay, a formative period site in highland Ecuador », Journal of Field Archaeology, vol. 17,‎ (DOI 10.1179/009346990791548510).
  • (en) T. Hervas Ordoñez, « Llamas, llama production and llama nutrition in the Ecuador highlands », Journal of Arid Environments, vol. 26, no 1,‎ (DOI 10.1006/jare.1994.1010).
  • (es) Stuart White, « Alpacas y Llamas Como Herramientas de Conservación del Páramo », dans Foro Electrónico sobre Páramos, vol. 3 : Prácticas con menor impacto negativo sobre el Páramo/ Políticas que afectan el ecosistema de Páramos, Condesan, .
  • (en) Duccio Bonavia, « Archaeological and Historical Data from Other Latin American Countries: Ecuador », dans The South American Camelids, Cotsen Institute of Archaeology, UCLA, coll. « Monographs » (no 64), (ISBN 978-1-931745-41-3, lire en ligne).
  • (es) Jane C. Wheeler, L. Maturrano, J.M. Aguilar et Stuart White, « Evaluación genética de las variedades de llama ccara, chaku y suri en Perú y Ecuador », dans Resúmenes y Trabajos, VI Congreso Mundial de Camélidos Sudamericanos, .

Liens externes

  • (en) « Llamingos / Ecuador (Llama) », Domestic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations (DAD-IS) (consulté le ).