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Au début des années 1960, le {{langue|ja-Latn|''[[shōjo]]''}} [[manga]] est caractérisé par une approche esthétique et symbolique, où le but est de représenter la beauté et les émotions des jeunes filles, dont le corps est alors intemporel, asexué et détaché de la réalité. Mais cette dimension évolue au fil des années, notamment avec l'apparition, aux environs de l'année 1965, des romances lycéennes de la mangaka [[Yoshiko Nishitani]], qui introduit un désir sexuel des jeunes filles et qui replace leur corps dans le contexte réaliste et temporel de la vie quotidienne. Selon le critique de manga Yoshihiro Yonezawa, les corps perdent leur symbolisme et gagnent en physicalité, ils deviennent {{citation|libres}}{{sfn|押山|2015|id=押山 2015|p=19-20}}.
Au début des années 1960, le {{langue|ja-Latn|''[[shōjo]]''}} [[manga]] est caractérisé par une approche esthétique et symbolique, où le but est de représenter la beauté et les émotions des jeunes filles, dont le corps est alors intemporel, asexué et détaché de la réalité. Mais cette dimension évolue au fil des années, notamment avec l'apparition, aux environs de l'année 1965, des romances lycéennes de la mangaka [[Yoshiko Nishitani]], qui introduit un désir sexuel des jeunes filles et qui replace leur corps dans le contexte réaliste et temporel de la vie quotidienne. Selon le critique de manga Yoshihiro Yonezawa, les corps perdent leur symbolisme et gagnent en physicalité, ils deviennent {{citation|libres}}{{sfn|押山|2015|id=押山 2015|p=19-20}}.


Les [[Jeux olympiques d'été de 1964]] se sont déroulés au Japon et ont vu les {{citation|{{japonais|Sorcières de l'Orient|東洋の魔女}}}}, surnom donné à l'[[équipe du Japon féminine de volley-ball]], remporter la médaille d'or. Cette victoire provoque une multiplication des mangas de sport dans les magazines {{langue|ja-Latn|''[[shōnen]]''}}, avec notamment {{langue|ja-Latn|''[[Kyojin no hoshi]]''}} en 1966{{sfn|Tanaka|2019|id=Tanaka 2019|p=31}}. L'impact sur le {{langue|ja-Latn|''shōjo''}} manga n'est quant à lui pas immédiat, mais la libération des corps permet finalement l'apparition de mangas sportifs{{sfn|押山|2015|id=押山 2015|p=19-20}}, qui deviennent populaires, avec par exemple les œuvres des mangakas Kimie Shiga ou Eiko Fujiwara<ref name=Dalma2016>{{Article |langue=en |auteur1=Kálovics Dalma |titre=The missing link of shōjo manga history |sous-titre=the changes in 60s shōjo manga as seen through the magazine ''Shūkan Margaret'' |périodique=京都精華大学紀要 |volume=49 |jour=15 |mois=4 |année=2016 |lire en ligne=http://www.kyoto-seika.ac.jp/researchlab/?post_type=bulletin&p=2220 |passage=7-8 |consulté le=30 juillet 2017}}.</ref>. Parmi ces autrices qui se spécialisent dans les œuvres de sport, Chikako Urano, ancienne joueuse de volley-ball au collège<ref name=mainichi2007>{{article |langue=ja |titre=特集ワイド- あいたくて 07夏 昭和の主人公たち/3 鮎原こずえ |périodique=[[Mainichi Shinbun]] |date=15/08/2007}}.</ref>, contribue au magazine ''[[Margaret (magazine)|Shūkan Margaret]]'' de [[Shūeisha]], où elle publie plusieurs courtes œuvres de volley-ball et de [[softball]]<ref name=Dalma2016/>.
Les [[Jeux olympiques d'été de 1964]] se sont déroulés au Japon et ont vu les {{citation|{{japonais|Sorcières de l'Orient|東洋の魔女}}}}, surnom donné à l'[[équipe du Japon féminine de volley-ball]], remporter la médaille d'or. Cette victoire provoque une multiplication des mangas de sport dans les magazines {{langue|ja-Latn|''[[shōnen]]''}}, avec notamment {{langue|ja-Latn|''[[Kyojin no hoshi]]''}} en 1966{{sfn|Tanaka|2019|id=Tanaka 2019|p=31}}. L'impact sur le {{langue|ja-Latn|''shōjo''}} manga n'est quant à lui pas immédiat, mais la libération des corps permet finalement l'apparition de mangas sportifs{{sfn|押山|2015|id=押山 2015|p=19-20}}, qui deviennent populaires, avec par exemple les œuvres des mangakas Kimie Shiga ou Eiko Fujiwara<ref name=Dalma2016>{{Article |langue=en |auteur1=Kálovics Dalma |titre=The missing link of shōjo manga history |sous-titre=the changes in 60s shōjo manga as seen through the magazine ''Shūkan Margaret'' |périodique=京都精華大学紀要 |volume=49 |jour=15 |mois=4 |année=2016 |lire en ligne=http://www.kyoto-seika.ac.jp/researchlab/?post_type=bulletin&p=2220 |passage=7-8 |consulté le=30 juillet 2017}}.</ref>. Parmi ces autrices qui se spécialisent dans les œuvres de sport, Chikako Urano contribue au magazine ''[[Margaret (magazine)|Shūkan Margaret]]'' de [[Shūeisha]], où elle publie plusieurs courtes œuvres de volley-ball et de [[softball]]<ref name=Dalma2016/>.


=== Publication ===
=== Publication ===
En 1968 se profilent les [[Jeux olympiques d'été de 1968|Jeux olympiques d'été de Mexico]] ; la société Tachikara, qui avait fournit les [[Ballon de volley-ball|ballons de volley-ball]] lors des précédents Jeux, espère développer sa clientèle. La société commande une série de volley-ball au magazine ''Shūkan Margaret'' ; Urano, dont les mangas de sport sont relativement populaires, est chargée de créer la série en s'inspirant de la victoire des {{citation|Sorcières de l'Orient}} quatre ans plus tôt{{sfn|押山|2015|id=押山 2015|p=36}}. Urano, qui avait déjà créé des mangas inspirés des {{citation|Sorcières de l'Orient}}, décide de concevoir le scénario avec son mari, Yū Gurumi, lui-même mangaka<ref name=mainichi2007/>. Lors de la publication du premier chapitre d'{{langue|en|''Attack No. 1''}} le {{date-|07|01|1968}}, le magazine offre {{unité|100|ballons}} de volley-ball lors d'un concours de dessin de l'héroïne du manga ; l'opération sera réitérée trois autres fois, le {{date-|09|06|1968}}, le {{date-|26|01|1969}} et le {{date-|15|06|1969}}{{sfn|押山|2015|id=押山 2015|p=23-24}}.
En 1968 se profilent les [[Jeux olympiques d'été de 1968|Jeux olympiques d'été de Mexico]] ; la société Tachikara, qui avait fournit les [[Ballon de volley-ball|ballons de volley-ball]] lors des précédents Jeux, espère développer sa clientèle. La société commande une série de volley-ball au magazine ''Shūkan Margaret'' ; Urano, dont les mangas de sport sont relativement populaires, est chargée de créer la série en s'inspirant de la victoire des {{citation|Sorcières de l'Orient}} quatre ans plus tôt{{sfn|押山|2015|id=押山 2015|p=36}}. Urano, qui avait déjà créé des mangas inspirés des {{citation|Sorcières de l'Orient}}, décide de concevoir le scénario avec son mari, Yū Gurumi, lui-même mangaka<ref name=mainichi2007>{{article |langue=ja |titre=特集ワイド- あいたくて 07夏 昭和の主人公たち/3 鮎原こずえ |périodique=[[Mainichi Shinbun]] |date=15/08/2007}}.</ref>. Lors de la publication du premier chapitre d'{{langue|en|''Attack No. 1''}} le {{date-|07|01|1968}}, le magazine offre {{unité|100|ballons}} de volley-ball lors d'un concours de dessin de l'héroïne du manga ; l'opération sera réitérée trois autres fois, le {{date-|09|06|1968}}, le {{date-|26|01|1969}} et le {{date-|15|06|1969}}{{sfn|押山|2015|id=押山 2015|p=23-24}}.


La série, publiée à un rythme hebdomadaire dans le ''Shūkan Margaret'', rencontre un véritable succès, ce qui permet à la mangaka de continuer la publication pendant près de {{unité|3|ans}}{{sfn|押山|2015|id=押山 2015|p=19-20}}. Face à ce succès, le magazine ''[[Shōjo Friend]]'', principal concurrent du ''Shūkan Margaret'', lance fin 1968 la série de volley-ball {{japonais|''Sign wa V!''|サインはV!}} pour concurrencer {{langue|en|''Attack No. 1''}}{{sfn|Tanaka|2019|id=Tanaka 2019|p=34}}. Pour se différencier de ce dernier, {{langue|ja-Latn|''Sign wa V!''}} est centré sur une équipe d'entreprise, et non scolaire<ref name=nikkan2020>{{article |langue=ja |titre=五輪ワイド 64年東京五輪が漫画を変え、漫画がスポーツ界を変えた |périodique=[[Nikkan Sports]] |date=27/06/2020}}.</ref>.
La série, publiée à un rythme hebdomadaire dans le ''Shūkan Margaret'', rencontre un véritable succès, ce qui permet à la mangaka de continuer la publication pendant près de {{unité|3|ans}}{{sfn|押山|2015|id=押山 2015|p=19-20}}. Face à ce succès, le magazine ''[[Shōjo Friend]]'', principal concurrent du ''Shūkan Margaret'', lance fin 1968 la série de volley-ball {{japonais|''Sign wa V!''|サインはV!}} pour concurrencer {{langue|en|''Attack No. 1''}}{{sfn|Tanaka|2019|id=Tanaka 2019|p=34}}. Pour se différencier de ce dernier, {{langue|ja-Latn|''Sign wa V!''}} est centré sur une équipe d'entreprise, et non scolaire<ref name=nikkan2020>{{article |langue=ja |titre=五輪ワイド 64年東京五輪が漫画を変え、漫画がスポーツ界を変えた |périodique=[[Nikkan Sports]] |date=27/06/2020}}.</ref>.

Version du 29 août 2020 à 21:33

Les Attaquantes
Image illustrative de l'article Les Attaquantes
Logo original du manga.
アタックNo.1
(Atakku Nanbā Wan)
Type Shōjo
Genres Drame, sport
Thèmes École, volley-ball
Manga
Auteur Chikako Urano
Éditeur (ja) Shūeisha
Prépublication Drapeau du Japon Margaret
Sortie initiale
Volumes 12

Anime japonais
Réalisateur
Eiji Okabe,
Fumio Kurokawa,
Yoshio Takeuchi
Scénariste
Haruya Yamazaki,
Masaki Tsuji,
Mon Shichijō,
Satoshi Dezaki,
Tatsuo Tamura,
Tsunehisa Ito
Studio d’animation Tokyo Movie
Compositeur
Chaîne Drapeau du Japon Fuji TV
1re diffusion
Épisodes 104

Manga : Shin Attack No. 1
Auteur Chikako Urano
Éditeur (ja) Shūeisha
Prépublication Drapeau du Japon Margaret
Sortie initiale
Volumes 2

Manga : Shin Attack No. 1 (remake)
Auteur Kanon Ozawa
Éditeur (ja) Shūeisha
Prépublication Drapeau du Japon Margaret
Sortie initiale
Volumes 3

Drama japonais
Producteur
Chaîne Drapeau du Japon TV Asahi
1re diffusion
Épisodes 11

Les Attaquantes (アタックNo.1, Atakku Nanbā Wan?) est un shōjo manga de sport écrit et dessiné par Chikako Urano. Il est publié entre 1968 et 1970 dans le magazine Shūkan Margaret. L'œuvre suit la carrière d'une joueuse de volley-ball nommée Kozue Ayuhara.

Deux suites du manga, intitulées Shin Attack No.1 (新・アタックNo.1?), voient le jour en 1975 et en 2004. Il est en outre adapté en anime en 1969 et en drama en 2005. L'anime est diffusé sur les chaînes de télévisions européennes, notamment en France, en Allemagne ou encore en Italie.

Synopsis

L'histoire du manga raconte la carrière d'une joueuse de volley-ball japonaise nommée Kozue Ayuhara au collège puis au lycée. Au début de l'histoire, Kozue est une collégienne de la prestigieuse école Meiko de la ville de Tokyo ; elle fait partie des meilleurs élèves de l'établissement et est membre du club de volley-ball. Mais elle subit une opération à cause du gonflement de ses ganglions lymphatiques. Pour que la jeune fille puisse récupérer de son opération, sa famille déménage dans la ville de Shizuoka, où l'air est plus sain qu'à Tokyo, et la jeune fille est scolarisée au collège Fujimi[1].

À Fujimi, Kozue intègre le club de volley-ball, où elle devient rapidement capitaine, et se lie d'amitié avec sa coéquipière Midori Hayakawa. Kozue rêve de devenir la meilleure attaquante du Japon, si ce n'est du monde ; pour atteindre son objectif, elle se soumet à un entraînement intensif, par exemple en s'entraînant avec une équipe universitaire, ou en intégrant momentanément le club de gymnastique afin de perfectionner une technique[2]. Lors de ces épreuves, elle soutenue par garçon nommé Tsutomu Ichinose ; une tension romantique s'installe entre Kozue et Tsutomu, qui nourrit des sentiments pour la jeune fille sans jamais oser les révéler[3].

Les efforts de la jeune fille s'avèrent payant ; l'équipe de Fujimi remporte la coupe nationale de volley-ball pour collégiennes. La coupe remportée, Fujimi joue un match amical contre l'équipe soviétique, dirigée Shellenina, qui est championne du monde. Le match est une catastrophe pour Fujimi et les soviétiques remportent facilement la confrontation. Kozue est choquée par cette défaite cuisante ; elle devient encore plus stricte et se donne pour objectif de vaincre Shellenina lors de futurs Jeux olympiques[2].

Une fois au lycée, Kozue doit affronter de nouvelles épreuves, notamment la mort de Tsutomu, heurté par un train[3]. De plus, l'entraînement intense de la jeune fille provoque chez elle une seconde maladie, une annexite, causée par des efforts trop importants, notamment lors de ses menstruations. Kozue subit ainsi une nouvelle opération, ce qui la rend stérile. Lors de sa convalescence, elle tombe amoureuse d'un garçon pour la première fois de sa vie. D'abord partagée entre son amour et sa carrière, Kozue décide finalement d'abandonner son amour et de dédier sa vie au volley-ball, du fait de sa stérilité[4].

Kozue est finalement sélectionnée pour intégrer l'équipe nationale et ainsi participer aux prochains Jeux olympiques. Si l'équipe japonaise ne remporte pas le championnat des Jeux, Kozue est tout de même sacrée meilleure joueuse de volley-ball[5].

Genèse de l'œuvre

Contexte de création

Au début des années 1960, le shōjo manga est caractérisé par une approche esthétique et symbolique, où le but est de représenter la beauté et les émotions des jeunes filles, dont le corps est alors intemporel, asexué et détaché de la réalité. Mais cette dimension évolue au fil des années, notamment avec l'apparition, aux environs de l'année 1965, des romances lycéennes de la mangaka Yoshiko Nishitani, qui introduit un désir sexuel des jeunes filles et qui replace leur corps dans le contexte réaliste et temporel de la vie quotidienne. Selon le critique de manga Yoshihiro Yonezawa, les corps perdent leur symbolisme et gagnent en physicalité, ils deviennent « libres »[6].

Les Jeux olympiques d'été de 1964 se sont déroulés au Japon et ont vu les « Sorcières de l'Orient (東洋の魔女?) », surnom donné à l'équipe du Japon féminine de volley-ball, remporter la médaille d'or. Cette victoire provoque une multiplication des mangas de sport dans les magazines shōnen, avec notamment Kyojin no hoshi en 1966[7]. L'impact sur le shōjo manga n'est quant à lui pas immédiat, mais la libération des corps permet finalement l'apparition de mangas sportifs[6], qui deviennent populaires, avec par exemple les œuvres des mangakas Kimie Shiga ou Eiko Fujiwara[8]. Parmi ces autrices qui se spécialisent dans les œuvres de sport, Chikako Urano contribue au magazine Shūkan Margaret de Shūeisha, où elle publie plusieurs courtes œuvres de volley-ball et de softball[8].

Publication

En 1968 se profilent les Jeux olympiques d'été de Mexico ; la société Tachikara, qui avait fournit les ballons de volley-ball lors des précédents Jeux, espère développer sa clientèle. La société commande une série de volley-ball au magazine Shūkan Margaret ; Urano, dont les mangas de sport sont relativement populaires, est chargée de créer la série en s'inspirant de la victoire des « Sorcières de l'Orient » quatre ans plus tôt[9]. Urano, qui avait déjà créé des mangas inspirés des « Sorcières de l'Orient », décide de concevoir le scénario avec son mari, Yū Gurumi, lui-même mangaka[10]. Lors de la publication du premier chapitre d'Attack No. 1 le , le magazine offre 100 ballons de volley-ball lors d'un concours de dessin de l'héroïne du manga ; l'opération sera réitérée trois autres fois, le , le et le [11].

La série, publiée à un rythme hebdomadaire dans le Shūkan Margaret, rencontre un véritable succès, ce qui permet à la mangaka de continuer la publication pendant près de 3 ans[6]. Face à ce succès, le magazine Shōjo Friend, principal concurrent du Shūkan Margaret, lance fin 1968 la série de volley-ball Sign wa V! (サインはV!?) pour concurrencer Attack No. 1[12]. Pour se différencier de ce dernier, Sign wa V! est centré sur une équipe d'entreprise, et non scolaire[13].

Lors de la publication de la série, en , Urano accouche d'une petite fille, qu'elle nomme Kozue ; l'expérience de la grossesse par l'autrice lui inspire l'annexite de l'héroïne, à une époque où des efforts trop importants étaient considérés comme une cause possible de cette maladie[14]. La série s'achève dans le numéro du  ; Shūeisha rassemble par la suite les chapitres de la série pour la publier en 12 volumes dans sa collection Margaret Comics[15].

Analyses

Réalisme de la représentation du volley-ball

Lors de la publication du manga dans le Shūkan Margaret, les contributrices au courrier des lectrices, qu'elles soient joueuses de volley-ball ou non, font l'éloge du réalisme qui se dégage de l'œuvre dans sa représentation du sport, comme si « l'on regardait un véritable match »[16].

Cette sensation s'explique principalement par le cadrage et le découpage des cases lors des matchs : les corps sont représentés en entier et ne sont jamais coupés par le cadre, à l'exception de quelques gros plans sur les visages des joueuses ; le découpage des cases devient plus dynamique et suit le mouvement du ballon lors des smashs ; des lignes de mouvement sont représentées pour symboliser le déplacement des joueuses ou du ballon[17].

Yukari Fujimoto note aussi que les corps et le ballon débordent régulièrement des bordures des cases. Cette technique visuelle, empruntée aux mangas de ballet populaires dans le shōjo manga depuis les années 1950, donne l'impression que les personnages et le ballon « surgissent » de la page[2].

Progression de Kozue

Photographie couleur d'une joueuse de volley-ball après un smash.
Emiko Miyamoto, membre des « Sorcières de l'Orient », était comparée à un « écureuil » et à une « poupée »[18].

Le manga suit la progression de Kozue sur plusieurs années. Cette progression se fait par étapes successives, où après une défaite contre ses différentes rivales, elle s'entraîne durement pour pallier ses lacunes, reçoit des conseils de tierces personnes, ou se met dans la peau de ses adversaires[19].

Kozue est en outre confrontée à deux maladies. Pour la première, le gonflement de ses ganglions lymphatiques, le volley-ball participe à la récupération de la jeune fille, tandis qu'il provoque la seconde maladie, l'annexite. La stérilité induite par cette dernière met un terme à tout potentiel romantique pour Kozue ; l'œuvre représente à ce titre un précédent pour les shōjo mangas sportifs ultérieurs, où l'amour et le sport apparaissent le plus souvent comme deux concepts diamétralement opposés et irréconciliables[20].

La corpulence du corps de Kozue ne change pas au fil des années, sans le moindre signe visuel de musculature, et reste « ordinaire », ceci malgré les entraînements intensifs de la jeune femme. Alors que typiquement dans les mangas de sport, le progrès de l'athlète se matérialise par des changements physiques du corps[18]. Il s'agit d'un choix de design volontaire, inspiré des « Sorcières de l'Orient » qui ont influencé le manga ; des années 1930 aux années 1960, il était mal vu au Japon que les femmes, même athlètes, développent de la musculature, car cela était perçu comme un signe de masculinité ; les femmes athlètes devaient alors compenser leur manque de musculature par leur force mentale. À ce titre, les « Sorcières de l'Orient » ont été remarquées pour leur corps « médiocre » et « ordinaire » par rapport à celui des membres des équipes adverses[21].

Adaptations

Anime

Personnel

  • Directeur supplémentaire : Fumio Kurokawa, Eiji Okabe, Yoshio Takeuchi, Toshitsugu Mukōtsubo, Kenji Kamiyama
  • Scénaristes : Tatsuo Tamura, Masaki Tsuji, Tetsu Dezaki, Haruya Yamazaki, Tsunehisa Ito
  • Création : Jun Ikeda
  • Directeur d'animation : Tomekichi Takeuchi, Osamu Kobayashi, Ei'ichi Nakamura, Shigetsugu Yoshida, Tetsuhiro Wakabayashi, Hiroshi Iino
    • Animateur : Keiichiro Kimura, Yoshiyuki Hane, Takeshi Shirato, Shingo Araki, Saburō Sakamoto, Shigetaka Kiyoyama, Kōichi Murata, Yoshiyuki Momose etc.

Films

Entre 1970 et 1971, un total de quatre films d'anime ont été créés sur la base de la série par Tōhō et le réalisateur Eiji Okabe.

Nom japonais Nom anglais Date de sortie Durée
ア タ ッ ク No.1 Attaque n° 1 Le film 63 min
ア タ ッ ク No.1 涙 の 回 転 レ シ ー ブ Attack No.1 Revolution 60 min
ア タ ッ ク No.1 涙 の 世界 選手 権 Championnat du monde d'attaque n° 1 63 min
ア タ ッ ク No.1 涙 の 不 死鳥 Attack No.1 Immortal Bird 50 min

Drama

En 2005, un drama de 11 épisodes, basé sur Attack No. 1, est diffusé sur TV Asahi entre les mois d'avril et juin[15]. L'actrice et chanteuse japonaise Aya Ueto incarne Kozue Ayuhara[22].

Récit

L'histoire est très similaire à l'original, mais elle présente quelques différences.

Au début de la série de mangas, Midori Hayakawa n'aimait pas tellement Kozue parce que Kozue était vraiment bonne en volley-ball (mais elles deviennent rapidement les meilleures amies), mais dans le drame de 2005, Midori a de plus gros problèmes avec Kozue. Tout d'abord, Midori était meilleure que Kozue au début de ce drame, et était très jalouse quand Kozue a été appelée pour venir jouer pour l'équipe nationale du Japon (bien qu'à ce stade, ils n'ont joué aucun match, mais se sont entraînés pour devenir plus fort). Deuxièmement, Midori a un énorme béguin pour Ichinose Tsutomu. Midori connaissait Tsutomu depuis qu'elle était très jeune, et lorsqu'elle a découvert qu'il aimait Kozue, elle était extrêmement jalouse de Kozue. Mais quand Tsutomu est mort en sauvant un jeune garçon, la jalousie de Midori s'est en quelque sorte évaporée. Troisièmement, lorsque Kozue a aidé des filles qui faisaient partie de son équipe de volley-ball, Fujimi, d'un homme ivre, elle est devenue populaire et a obtenu le survêtement no 1 pour Fujimi, Midori était très jalouse, donc elle n'a pas dit à Kozue que Kozue avait a été retirée de l'équipe japonaise de volley-ball parce que, en la remplaçant, Midori avait été appelée à jouer pour le Japon. Malgré toute cette jalousie de Midori, Kozue et elle sont les meilleures amies et finissent par jouer ensemble pour le Japon, comme Kozue est rappelé.

Une autre différence est que Kozue se blesse très gravement à la jambe et doit subir une intervention chirurgicale, mais se rétablit complètement. De plus, dans ce drame, cela ne révèle pas si le Japon a gagné dans le monde entier, car il se termine là où le Japon joue au Brésil.

Réception

Manga

Le manga rencontre un grand succès dès le début de sa publication dans le Shūkan Margaret[23] ; il s'agit de la première série de shōjo manga dont la sérialisation s'est étendue sur plusieurs années dans un magazine hebdomadaire, les précédentes longues sérialisations de shōjo manga, comme Princesse Saphir, s'étaient déroulées dans des magazines mensuels, et non hebdomadaires[24], de plus des illustrations du manga ont été utilisées comme couverture du magazine une dizaine de fois, à une époque où les couvertures reprenait principalement des photographies de célébrités et non des illustrations de manga[25]. Il est en outre, avec son concurrent Sign wa V!, reconnu comme un pionnier du manga sportif dans le shōjo[12].

Incidemment, le manga remplit son objectif marketing au profit de la société Tachikara, à servir d'« entremetteur » entre le volley-ball et les lectrices ; le courrier des lectrices contenait à l'époque de nombreux témoignages des jeunes filles qui ont commencé à jouer au volley-ball à cause de la série[26],[27].

Anime

L'anime a été initialement projeté en soirée aux heures de grande écoute avec une audience d'environ 20%, et le disque avec son thème d'ouverture emblématique, chanté par Kumiko Ōsugi, a enregistré environ 700 000 ventes[28]. Il y avait d'innombrables séries qui suivaient le même concept, mais se sont concentrées sur différents sports. Ace wo Nerae! pour le tennis, Yawara! une fille de judo à la mode pour le judo ne sont que quelques exemples de séries qui sont apparues dans les décennies qui ont suivi la disparition de cette série.

La série a reçu de nombreux prix. Le , il a été élu TV Asahi Top Anime, plaçant 61 sur 100. Le , il a été élu Anime japonais de télévision préféré, plaçant 9 sur 100 parmi les célébrités.

Cette série a également eu un impact profond non seulement pour être un anime sportif (supokon) au Japon, mais a eu une forte influence longtemps après la fin de la série. Les joueuses professionnelles Francesca Piccinini et Motoko Ōbayashi (ja), sont des exemples de personnes inspirées par la série[29],[22]. En Italie, l'anime a été diffusé à la télévision dans les années 1980 sous le titre Mimi e la nazionale della pallavolo. Il était également connu sous le nom de Mila Superstar en Allemagne et dans d'autres pays, Les Attaquantes en français, La Panda de Julia en espagnol et Takkitakki en Ouzbékistan.

Kazuko Suzuki décrit Attack No 1 comme une « histoire d'innovation sur le campus », où une héroïne irait à l'université et rencontrerait son futur mari. Elle décrit Kozue comme « psychologiquement indépendante », car Kozue a réalisé qu'elle doit s'efforcer de créer son propre bonheur et continue de lutter après la mort de son petit ami[30].

Annexes

Références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Attack No. 1 » (voir la liste des auteurs).
  1. 押山 2015, p. 25-26.
  2. a b et c 押山 2015, p. 30.
  3. a et b (ja) Yumiko Fujita, « スポーツマンガに描かれたジェンダー文化 : 女子バレーボールを題材に », 九州保健福祉大学研究紀要, vol. 13,‎ , p. 51 (DOI 10.15069/00000810, lire en ligne, consulté le ).
  4. 押山 2015, p. 39.
  5. 押山 2015, p. 42.
  6. a b et c 押山 2015, p. 19-20.
  7. Tanaka 2019, p. 31.
  8. a et b (en) Kálovics Dalma, « The missing link of shōjo manga history : the changes in 60s shōjo manga as seen through the magazine Shūkan Margaret », 京都精華大学紀要, vol. 49,‎ , p. 7-8 (lire en ligne, consulté le ).
  9. 押山 2015, p. 36.
  10. (ja) « 特集ワイド- あいたくて 07夏 昭和の主人公たち/3 鮎原こずえ », Mainichi Shinbun,‎ .
  11. 押山 2015, p. 23-24.
  12. a et b Tanaka 2019, p. 34.
  13. (ja) « 五輪ワイド 64年東京五輪が漫画を変え、漫画がスポーツ界を変えた », Nikkan Sports,‎ .
  14. 押山 2015, p. 40-41.
  15. a et b Kotobank.
  16. 押山 2015, p. 27.
  17. 押山 2015, p. 28-29.
  18. a et b 押山 2015, p. 33.
  19. 押山 2015, p. 31.
  20. 押山 2015, p. 40.
  21. 押山 2015, p. 35.
  22. a et b (ja) « 帰ってきた「アタックNo.1」「2005年の鮎原こずえ」探る », Yomiuri shinbun,‎ .
  23. 押山 2015, p. 22.
  24. 押山 2015, p. 19.
  25. 押山 2015, p. 21.
  26. 押山 2015, p. 24-25.
  27. Tanaka 2019, p. 34-35.
  28. Keishi Yamasaki, テレビアニメ魂, Kodansha,‎ (ISBN 4-06-149789-8).
  29. (en) « Summary of Attack No. 1 », sur ww001.upp.so-net.ne.jp (consulté le ).
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Liens externes