« La Femme-serpent » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
VKaeru (discuter | contributions)
m présent
VKaeru (discuter | contributions)
Aucun résumé des modifications
Balises : Modification par mobile Modification par le web mobile Modification sur mobile avancée
Ligne 7 : Ligne 7 :
| titreJaponais = Hebi onna
| titreJaponais = Hebi onna
| type = Shōjo
| type = Shōjo
| genre = [[manga d'horreur|Horreur]]
| genre = [[manga d'horreur|Horreur]], [[Bande dessinée fantastique|fantastique]]
}}
}}
{{Infobox Animation et bande dessinée asiatiques/Livre
{{Infobox Animation et bande dessinée asiatiques/Livre

Version du 23 juillet 2020 à 15:17

La Femme-serpent
Image illustrative de l'article La Femme-serpent
へび女
(Hebi onna)
Type Shōjo
Genres Horreur, fantastique
Manga : J'ai peur de maman
Auteur Kazuo Umezu
Éditeur (ja) Kōdansha
(fr) Le Lézard noir
Prépublication Drapeau du Japon Shūkan Shōjo Friend
Sortie initiale

Manga : La Fillette tachetée
Auteur Kazuo Umezu
Éditeur (ja) Kōdansha
(fr) Le Lézard noir
Prépublication Drapeau du Japon Shūkan Shōjo Friend
Sortie initiale

Manga : La Fillette-serpent
Auteur Kazuo Umezu
Éditeur (ja) Kōdansha
(fr) Le Lézard noir
Prépublication Drapeau du Japon Shūkan Shōjo Friend
Sortie initiale

La Femme-serpent (へび女, Hebi onna?) est une trilogie de mangas d'horreur écrite et dessinée par Kazuo Umezu ; elle est pré-publiée dans le magazine de shōjo manga Shūkan Shōjo Friend de Kōdansha entre 1965 et 1966. La version anglaise est publiée par IDW Publishing sous le titre Reptilia en et en version française par Le Lézard noir en .

Cette série est le premier grand succès de l'auteur et provoque un boom du manga d'horreur à la fin des années 1960.

Description

La Femme-serpent est une série de manga constituée de trois histoires[1], toutes trois publiées dans le magazine Shūkan Shōjo Friend[2] :

  • J'ai peur de maman (ママがこわい, Mama ga kowai?), (no 32) – (no 36) ;
  • La Fillette tachetée (まだらの少女, Madara no shōjo?), (no 37) – (no 45) ;
  • La Fillette-serpent (へび少女, Hebi shōjo?), (no 11) – (no 25).

Cette trilogie est située dans le Japon contemporain à l'époque de sa publication et met en scène la femme-serpent[3], un yōkai féminin qui a l'apparence d'une femme avec des caractéristiques ophidiennes, notamment sa peau qui est recouverte d'écailles. L'universitaire Hiromi Dollase considère que ce yōkai est semblable à la yamanba[4].

Les deux premières histoires, J'ai peur de maman et la Fillette tachetée mettent en scène la jeune Yumiko, une petite fille dont la mère est hospitalisée, mais cette dernière est remplacée par la femme-serpent, qui cherche alors à dévorer Yumiko[4].

La troisième partie, la Fillette-serpent, raconte l'origine de la femme-serpent, qui s'en prend à deux autres fillettes, Yōko Nakamura et Satsuki Yamakawa. En plus de compléter la trilogie de la Femme-serpent, la Fillette-serpent complète une autre trilogie, Yamabiko shimai (山びこ姉妹?), publiée par l'éditeur de manga de prêt Sato Production. Cette trilogie est constituée de Hebi oba-san (へびおばさん?) en 1964, Kitsune ga kureta ki no happa (狐がくれた木のはっぱ?) en 1965 et la Fillette-serpent en 1966, et a Satsuki pour héroïne[5],[6].

Conception

Photographie couleur d'un étang sur le plateau d'une montagne, en vue contre-plongée.
Okameike, l'étang d'où provient la figure de la femme-serpent.

Le père de Kazuo Umezu avait pour habitude de lui raconter des légendes horrifiques du folklore japonais. La légende qui a le plus terrifié le jeune garçon est Okameike densetsu (お亀池伝説?, litt. la légende de l'étang de la tortue), originaire du village Soni de la préfecture de Nara. Cette légende raconte l'histoire d'une femme qui se rend à Okameike et se transforme en serpent. Lorsqu'il devient mangaka, Umezu s'appuie sur cette légende et fait du serpent et de la femme-serpent son motif de base[7], par exemple dans les titres Kuchi ga mimi made sakeru toki (口が耳までさける時?) ou Hebi oba-san (へびおばさん?)[8].

Lors des années 1960, le shōjo manga est divisé entre les mangas de prêts et les mangas publiés dans les magazines ; les histoires horrifiques sont populaires dans les mangas de prêts, mais absentes des mangas de magazines[9].

Kazuo Umezu, qui avait déjà dessiné plusieurs shōjo manga, trouve un motif récurrent du genre particulièrement « suspicieux », celui de la relation mère-fille qui est quasi-systématiquement fusionnelle. Le mangaka pense quant à lui qu'il arrive souvent que la mère considère sa fille comme étant sa propriété personnelle, ce que Umezu trouve « effrayant ». Aussi, il décide de créer une histoire qui pervertie la figure de la mère en s'inspirant de la femme-serpent d'Okameike densetsu pour la rendre monstrueuse, et cherche à publier cette histoire dans un magazine[8],[10].

La trilogie est ainsi publiée dans le magazine Shūkan Shōjo Friend de Kōdansha, elle est en outre publiée en manga de prêt, éditée par Sato Production dans sa collection Hana (?). Il existe quelques différences entre la version Kōdansha et celle de Sato Production. Notamment dans la version Kōdansha de la Fillette tachetée, l'histoire se passe dans les montagnes de la préfecture de Nagano quand dans la version Sato elle se déroule dans le district de Yoshino de la préfecture de Nara, en outre le sort de Yōko change à la fin de la Fillette-serpent[11].

Publication

Les trois histoires constituant La Femme-serpent sont prépubliées dans le magazine Shūkan Shōjo Friend entre et . Elle sont publiées à plusieurs reprises sous divers formats et notamment regroupées par Shōgakukan en (ISBN 978-4091878915)[12], en version anglaise par IDW Publishing sous le titre Reptilia en (ISBN 978-1600100413), premier manga de l'éditeur[13],[14], et en version française par Le Lézard noir en (ISBN 978-2-353-48088-3)[15].

Analyses

Thèmes

Chaque histoire de la trilogie suit la structure classique du récit d'horreur, basée sur le jeu de l'anticipation et des effets d'annonces, jusqu'à pousser la protagoniste dans des situations sans issue ni espoir[3]. Ces histoires utilisent aussi des archétypes du genre : la protagoniste est une fillette dont l'histoire n'est pas détaillé[4], et elle est entourée d'adultes qui sont dans le meilleur des cas inutiles ou absents[5],[3].

Le thème principal de l'œuvre est celui de la transformation, que l'on retrouve aussi dans la plupart des œuvres de l'auteur[3]. Cette transformation est ici de l'ordre de l'intime[3], celle de l'éveil du yōkai qui sommeille en nous ; la romancière Hitomi Kanehara définit ce yōkai intérieur comme étant un « être mystérieux, incapable lui-même d'expliquer son comportement, qui installe une atmosphère sombre et trouble, et qui a quelque chose de répugnant[16]. » Le mangaka attribue cet intérêt pour la peur des personnages qui se transforment subitement à l'œuvre de Koizumi Yakumo, notamment le texte Mujina de son livre Kwaidan ou Histoires et études de choses étranges[8], mettant en scène le noppera-bō, un yōkai à la forme humaine qui peut faire disparaître son visage.

Si chaque histoire transforme différents personnages en femme-serpent, la première, J'ai peur de maman, a la particularité de transformer la mère de la protagoniste[4]. Le thème du haha mono (母もの?), mettant en scène une fille à la recherche de sa tendre mère disparue, est très populaire dans le shōjo manga des années 1960 qui met régulièrement en avant la relation mère-fille[4]. Umezu, qui rencontre son premier succès public avec La Femme-serpent, cherche dans cette oeuvre à prendre le contre-pied de ce schéma de la mère aimante prête à tous les sacrifices pour ses enfants[17]. Selon le psychiatre Ryōji Nishimura, qui utilise les shōjo mangas dans le cadre de ses thérapies sur les relations problématiques mère-fille, souligne que la figure maternelle, bien que rassurante, est souvent incomprise par la fille[18]. Le manga d'Umezu va plus loin en soulignant à quel point une mère peut être différente, en la dépeignant sous un jour monstrueux[4] et permet ainsi de briser cette image idéalisée de la mère[19].

Style graphique

En contraste avec le style des œuvres ultérieures d'Umezu, sombre et réaliste, le dessin est ici simple et lumineux[3]. Notamment les fillettes qui servent de protagonistes s'inscrivent dans le style typique du shōjo manga de l'époque, sous l'influence de Macoto Takahashi : un design simple qui met en avant leur beauté, innocence et pureté. Ces caractéristiques sont particulièrement soulignées par les yeux des jeunes filles : très grands et brillants, avec un rehaut en forme d'étoile placé à côté de la pupille[20]. Cette beauté des jeunes filles n'est brisée que lorsqu'elles se transforment en femme-serpent, mettant à jour leur caractère de « mauvaise fille », et deviennent grotesques. Ce qui est une innovation visuelle pour le shōjo manga de l'époque alors empli de beauté[4].

Postérité

Le manga J'ai peur de maman rencontre un vif succès lors de sa publication et provoque quelques années plus tard un boom du manga d'horreur[9]. Hiromi Dollase attribue ce succès au fait que l'auteur, en pervertissant la figure maternelle, brise les codes et conventions du shōjo manga d'alors[4]. Elle remarque aussi que la thématique de la mère monstrueuse est depuis devenu l'un des principaux motifs du shōjo manga d'horreur[10].

Deux des trois parties de la série ont été adaptées en film. L'histoire J'ai peur de maman est adaptée en 1968 en duo avec une autre manga de l'auteur, Akanbon shōjo (赤ん坊少女?), dans le film Hebi musume to haku hatsuma (蛇娘と白髪魔?)[21]. L'histoire La Fillette tachetée est adaptée en 2005 dans le film Umezu Kazuo kyōfu gekijō - Madara no shōjo (楳図かずお恐怖劇場 まだらの少女?)[1].

Annexes

Références

  1. a et b (ja) « まだらの少女 », sur Kotobank (consulté le ).
  2. Umezu 2016, p. 7.
  3. a b c d e et f Guilbert 2007.
  4. a b c d e f g et h Dollase 2010, p. 61.
  5. a et b Hosokawa 2009, p. 201.
  6. (ja) Kazuo Umezu, 楳図かずお 美少女コレクション, Genkōsha,‎ (ISBN 978-4-7683-1218-6), p. 126.
  7. Atom 2017, p. 69.
  8. a b et c (ja) « [ALL ABOUT]楳図かずお 日本の昔話すごい!孤独って素晴らしい », Yomiuri shinbun,‎ .
  9. a et b Karyn Nishimura-Poupée, « Shojo manga : le monde du manga se féminise », dans Histoire du manga : l'école de la vie japonaise, éditions Tallandier, (ISBN 979-1-02100-216-6).
  10. a et b Dollase 2010, p. 62.
  11. Hosokawa 2009, p. 210.
  12. (ja) « へび女 », sur comics.shogakukan.co.jp
  13. « IDW Publishing Unleashes "The Father of Horror Manga" on U.S. », sur cbr.com, (consulté en )
  14. (en) « DW Publishes Umezu's Reptilia as Its First Manga », sur Anime News Network, (consulté en )
  15. « La Femme Serpent », sur lezardnoir.com
  16. Umezu 2016, p. 322.
  17. Atom 2017, p. 70.
  18. (ja) « 母と娘の葛藤 医師が分析すると 愛憎 過干渉 嫉妬心… 少女漫画が解決のヒント 西村良二・福岡大教授 「精神科治療に活用」 », Nishinippon Shinbun,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. Hosokawa 2009, p. 203.
  20. Dollase 2010, p. 60.
  21. (ja) « 蛇娘と白髪魔 », sur Natalie (consulté le ).

Éditions du manga

Bibliographie

  • [Guilbert 2007] Xavier Guilbert, « Hebi-onna », sur du9, .
  • [Hosokawa 2009] (ja) Ryōichi Hosokawa, « 楳図かずおにおける母と娘 », dans 母と娘の歴史文化学 : 再生産される, 白地社,‎ (ISBN 978-4893592514).
  • [Dollase 2010] (en) Hiromi Tsuchiya Dollase, « Shōjo Spirits in Horror Manga », U.S.-Japan Women's Journal, Université d'Hawaï, no 38,‎ (JSTOR 42772010).
  • [Atom 2017] Fausto Fasulo (trad. Aurélien Estager), « Kazuo Umezz : L'horreur est à lui (entretien) », Atom, no 2,‎ , p. 66-75 (ISSN 2552-9900)

Liens externes