« Anglicisme » : différence entre les versions

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Un '''anglicisme''' {{prononciation|Fr-anglicisme.ogg}} est un [[emprunt lexical|emprunt]] fait à la [[Anglais|langue anglaise]] par une autre [[langue]]. L'anglicisme naît soit de l'adoption d'un mot anglais par suite d'un défaut de traduction, même si un terme équivalent existe dans la langue du [[locuteur]], soit d'une mauvaise traduction, comme le mot-à-mot.
Un '''anglicisme''' {{prononciation|Fr-anglicisme.ogg}} est un [[emprunt lexical|emprunt]] fait à la [[Anglais|langue anglaise]] par une autre [[langue]]. L'anglicisme naît soit de l'adoption d'un mot anglais par suite d'un défaut de traduction, même si un terme équivalent existe dans la langue du [[locuteur]], soit d'une mauvaise traduction, comme le mot-à-mot.


Un '''américanisme''' est une tournure, un mot propre à l'anglais d'Amérique.
Un '''américanisme''' est une tournure, un mot propres à l'anglais d'Amérique.


On parle dans certains cas de [[Calque (linguistique)|calque linguistique]], c'est-à-dire d'une traduction mot à mot d'une tournure ou d'un sens n'existant pas dans la langue d'origine : <!-- ceci est un néologisme, pas un anglicisme ''[[gratte-ciel]]'' pour {{lang|en|''skyscraper''}} ({{lang|en|''sky''}} signifie « ciel » et {{lang|en|''scrape''}} « gratter »)--> ''réaliser'' au sens de « prendre conscience » ou encore celle d’''initier'' pour « entreprendre, mettre en œuvre ».
On parle dans certains cas de [[Calque (linguistique)|calque linguistique]], c'est-à-dire d'une traduction mot à mot d'une tournure ou d'un sens n'existant pas dans la langue d'origine : <!-- ceci est un néologisme, pas un anglicisme ''[[gratte-ciel]]'' pour {{lang|en|''skyscraper''}} ({{lang|en|''sky''}} signifie « ciel » et {{lang|en|''scrape''}} « gratter »)--> ''réaliser'' au sens de « prendre conscience » ou encore celle d’''initier'' pour « entreprendre, mettre en œuvre ».

Version du 3 mai 2020 à 14:09

Un exemple de l'intrusion de la langue anglaise dans le français européen : people pour personnalités, célébrités, vedettes. Exemple qu'on retrouve dans l'hebdomadaire français Le Nouvel Observateur[1],[2].

Un anglicisme Écouter est un emprunt fait à la langue anglaise par une autre langue. L'anglicisme naît soit de l'adoption d'un mot anglais par suite d'un défaut de traduction, même si un terme équivalent existe dans la langue du locuteur, soit d'une mauvaise traduction, comme le mot-à-mot.

Un américanisme est une tournure, un mot propres à l'anglais d'Amérique.

On parle dans certains cas de calque linguistique, c'est-à-dire d'une traduction mot à mot d'une tournure ou d'un sens n'existant pas dans la langue d'origine : réaliser au sens de « prendre conscience » ou encore celle d’initier pour « entreprendre, mettre en œuvre ».


Dans le cadre du monde francophone (ou francophonie), la perception des anglicismes n'est pas toujours la même d'une institution à l'autre.

Aspects culturels

Les anglicismes ne sont pas perçus et traités de la même façon à travers la francophonie, par exemple l'Académie française a plus tendance à accepter des anglicismes que l'Office québécois de la langue française ; « Il a fallu des années pour les convaincre de traduire e-mail par «  courriel  » car ils n'appréciaient pas ce néologisme des Québécois »[3].

Catégories d'anglicismes

Selon le Colpron, dictionnaire des anglicismes publié au Québec[4], on peut classer les anglicismes en six catégories[5] :

  • l'anglicisme sémantique[6] : c'est l'attribution à un mot d'une acception qu'il n'a qu'en anglais (faux-ami), ou la traduction littérale d'un idiotisme anglais ;
    • vol domestique pour vol intérieur ; définitivement pour definitely (« certainement ») ; « je suis désolé » pour excusez-moi ; « votre honneur » pour « monsieur (ou madame) le juge » ; « opportunité » pour occasion ; « développer une maladie » pour contracter une maladie[7] ; expertise pour savoir-faire technique, compétence technique, qualité d’expert (dans un domaine donné), expérience professionnelle
  • l'anglicisme lexical : c'est l'emprunt de mots ou d'expressions anglais employés tels quels ;
    • feedback (rétroaction, commentaire, appréciation).
  • l'anglicisme syntaxique : c'est le calque de constructions syntaxiques propres à la langue anglaise ;
    • être en charge de[8] (in charge of) : avoir (la) charge de (une personne, une famille), être chargé de (une tâche ou un domaine d'activité), être responsable de (une organisation, une personne).
    • il a travaillé depuis dix ans (he has worked for ten years) : il travaille depuis dix ans.
    • la souris est mangée par le chat (the mouse is eaten by the cat) : le chat mange la souris.
    • je suis intéressé par cette chose (I'm interested in that thing) : cette chose m'intéresse, je m'intéresse à cette chose.
  • l'anglicisme morphologique : ce sont des erreurs dans la formation des mots (genre, suffixations, etc.) ;
    • les actifs d'une société (the assets) : l'actif.
  • l'anglicisme phonétique : c'est une faute de prononciation ;
    • zoo prononcé [zu] au lieu de [zo] ou [zoo][9].
  • l'anglicisme graphique : c'est l'emploi d'une orthographe ou d'une typographie qui suit l'usage anglophone ;
    • emploi du point décimal au lieu de la virgule et des guillemets anglais (“ ”) à la place des guillemets français (« ») ;
    • emploi des capitales aux noms communs comme dans : Association Les Plus Beaux Villages de France.

Le linguiste Jean Darbelnet[10] ajoute :

  • l'anglicisme de fréquence : c'est l'utilisation correcte d'un terme, mais à une plus grande fréquence que s'il n'y avait pas contact avec la langue anglaise[11].
    • incidemment[12] est un adverbe peu usité en France mais fréquent au Canada en raison de l'emprunt d'incidentally. La langue française dispose pourtant d'un grand nombre d'équivalents : soit dit en passant, au fait, à propos, entre parenthèses.

Anglicismes en français

Un anglicisme allégué propagé par la Banque postale française : l'abréviation de « Monsieur » au moyen de l'abréviation qu'on trouve également en anglais « Mr » au lieu de l'abréviation française recommandée actuelle « M. »

L'usage du français contemporain est marqué par de nombreux anglicismes[13].

Il ne faut pas oublier que, si la tendance s'est inversée ces dernières décennies, avant le XVIIIe siècle la langue anglaise avait plus emprunté à la langue française que le contraire ; ce qui fait que certains des anglicismes actuels du français furent des gallicismes en anglais à une certaine époque (ex. : obsolète). Étiemble rappelle dans Parlez-vous franglais ?[14] que le mot manager vient de ménager, comme notre « ménagère » et management de ménagement[15] (Il faut dans les deux cas veiller aux affaires courantes, gérer un budget, déléguer, etc.).

Beaucoup d'anglicismes utilisés il y a un siècle (on en trouve chez Alphonse Allais) sont tombés aujourd'hui en désuétude ou dans l'oubli. Des anglicismes plus récents comme computer ou software ont disparu, chassés par ordinateur (plus précis, computer désignant n'importe quel type de calculateur, même analogique) ou logiciel (qui fait parfaitement pendant à matériel)[16].

Le nombre et la fréquence des anglicismes varient selon les locuteurs et selon les domaines de spécialité. Certains domaines en regorgent, comme l'économie, mais surtout l'informatique. Celle-ci est en effet sujette à de nombreux emprunts à l'anglais (au jargon informatique anglo-américain) comme dans le reste du monde la musique l'est à l'italien ou la cuisine et la mode… au français; ainsi, la lingua franca de fait entre les informaticiens du monde entier est l'anglais. De plus, la plupart des langages de programmation ont un vocabulaire inspiré de l'anglais, ce qui fait que les programmeurs ont une tendance naturelle à penser en anglais.

Le français contribue cependant à des termes qui s'internationalisent : Informatique, néologisme inventé en 1962 par Philippe Dreyfus[17], a été acclimaté en Informatics vers la fin des années 1970 dans les pays anglophones, où il unifie les disciplines jadis cloisonnées qui s'y nommaient respectivement Computer Science et Data Processing. L'avionique a elle-même sans doute donné naissance à « avionics ». Un autre néologisme français, télématique (apparu vers 1982), désignant la synergie de l'informatique et des télécommunications, y a fait naître compunication ou compucation (contractions de computer communication, 1. communication entre ordinateurs ; 2. télématique).

De nombreux anglicismes possèdent des équivalents français. Leur emploi n'est donc plus motivé par une lacune du lexique français, mais l'unification du vocabulaire permet de faciliter la transmission sans ambiguïté de connaissances pointues et en rapide évolution. Ainsi, dans d'autres domaines comme la zoologie et la botanique, l'usage du latin est généralisé pour nommer plantes et animaux.

Propagation des anglicismes

Certains journalistes de la télévision française, dont la fonction exige une grande maîtrise du français, introduisent néanmoins dans celui-ci des anglicismes[18]. Lexicaux, syntaxiques ou phonétiques, ces calques jouissent auprès des téléspectateurs d’un fort effet de mode qui garantit leur rapide acclimatation dans la langue française, par le simple fait qu'il s'agit de termes inhabituels et ressentis comme nouveaux donc avantageux[19].

En France, dans le domaine du management du personnel, à la question « Comment s'explique la prédominance de termes venus de l'anglais ? », un ex-conseiller en gestion répond (en 2008), extrait : « la plupart des termes anglais viennent de la psychosociologie américaine qui est l'un des premiers fournisseurs de concepts du monde économique. Depuis l'après-guerre, la montée des études comportementalistes aux États-Unis a accompagné la valorisation de la notion de ressources humaines. Les facs servant ainsi de boîte à outils aux entreprises »[20]. Dans la même interview, il répond aussi aux questions « À quelles fins est utilisé ce vocabulaire ? » (extrait : « les anglicismes font office de cryptage supplémentaire ») et « Comment désamorcer cette manipulation du langage ? ».

Au Québec

Chantal Bouchard énonce six facteurs externes à l'anglicisation du français au Québec dans son article Une obsession nationale : l'anglicisme publié en 1989 dans Recherches sociographiques de l'Université Laval[21].

  • L'environnement : la situation géographique du Québec force le Canadien français à être en constant contact avec les anglophones, qui dominent le reste du pays.
  • L'inaction des gouvernements : durant les années 1900, le gouvernement fédéral anglophone se fait reprocher d'interagir avec son « quasi-unilinguisme » au Québec. Il y aurait un manque de soutien de la langue française au niveau national.
  • L'attitude des anglophones : on reproche aux anglophones et aux commerçants anglophones d'utiliser exclusivement l'anglais, sans s'efforcer de s'adapter aux Canadiens français.
  • Le bilinguisme : le bilinguisme avantage le travailleur en recherche d'emploi dans les industries et dans la ville. Du côté linguistique, le bilingue peut avoir de la difficulté à reconnaître lui-même un anglicisme.
  • L'anglomanie en France : la France, qui est le modèle linguistique du Canadien français, succomberait elle-même à la dominance anglophone.
  • La traduction : à cause des facteurs précédents, lorsque les écrits anglais sont traduits en français, il peut y avoir plusieurs erreurs grammaticales, dont des anglicismes. À ce moment-là, même les journaux qui traduisaient n'avaient pas un français soigné.

Acclimatation des anglicismes

Si certains des mots anglais qui sont passés en masse dans le français aux XVIIIe et XIXe siècles ont conservé leur graphie d'origine, d'autres avec le temps se sont conformés aux habitudes de l'orthographe française. Ainsi « redingote », qui vient de riding-coat, « paquebot », qui vient de packet-boat, et « boulingrin », qui vient de bowling green, exemples cités par Étiemble dans Parlez-vous franglais ?[22]. C'est aussi le cas de « bol », issu de bowl (orthographié ainsi en 1826), de « partenaire », issu de partner (orthographié de la sorte en 1836), et de « névrose », issu de neurosis[23].

Au XXe siècle, l'orthographe reste inchangée dans la plupart des cas. Dans les formes dérivées des emprunts, en revanche, la francisation est de règle :

  • « upgrader » (mettre à niveau) : ajout de la désinence -er à upgrade
  • « mixage » (mélange de diverses sources sonores) : ajout de la désinence -age à mix
  • « hooliganesque » (relatif aux voyous des stades) : ajout de la désinence -esque à hooligan
  • « footballistique » (relatif au football) : ajout de la désinence -istique à football

L'Académie française veille à ce que le système phonologique, la morphologie et la syntaxe de la langue française ne soient pas touchés. L'Académie considère que, si certains emprunts contribuent à la vie de la langue, d'autres sont nuisibles, inutiles ou évitables. L'Académie s'emploie donc à opérer un tri, par son Dictionnaire et ses mises en garde, ainsi que par le rôle qu'elle tient dans le dispositif d'enrichissement de la langue française mis en place par un décret en 1996, et propose, en collaboration avec les commissions de terminologie, des équivalents français répertoriés dans la base de données FranceTerme, accessible aux professionnels et au grand public par internet[24].

Anglicismes passés de mode

Il arrive que le mouvement de la mode balaye hors du discours quotidien des mots anglais naguère en vogue. Dans L’aventure des mots français venus d'ailleurs, Henriette Walter donne des exemples de ce qu’elle nomme « anglicismes “ringards” »[25] : ainsi on ne parle plus de « kids » et de « teenagers » mais d’« enfants » et d’« ados » (troncation d'un mot bien français), prendre un « drink » fait penser à une époque révolue (en France mais pas au Québec) et l’adjectif « smart » (au sens d’« élégant ») n’a plus cours du tout[26]. Les « water-closet » sont progressivement devenus les « waters » ou « WC ». Le terme water-closet est donc devenu désuet. L'évolution d'un terme peut être encore plus complexe, par exemple l'anglicisme tour-operator qui est remplacé dans un premier temps par tour-opérateur qui perd régulièrement du terrain face au français voyagiste, cette transition s’effectuant sur une cinquantaine d'années.

Anglicismes en « zone de transition »

On peut anticiper sur l'acclimatation probable ou non de certains anglicismes qui sont à un moment donné dans une zone de transition[27]. Ces anglicismes sont dans une position aléatoire, confortés par un usage indéniable durant une certaine période mais répertoriés comme d'emploi critiqué par les dictionnaires. La période d'acclimatation plus ou moins longue de ces anglicismes, sujette à une mode ou à une urgence technique, débouche sur un passage progressif et pérenne dans l'usage et la langue ou à un rejet et un oubli si un autre terme plus français les a remplacés.

Politiques en matière d'anglicismes

En 2009, plusieurs associations francophones ont lancé un appel international à la défense de la langue française face à l'anglais[28].

Les anglicismes sont plus nombreux dans les pays où le français est en contact quotidien avec l'anglais. Au Canada, notamment à Montréal, on utilise de très nombreux anglicismes, surtout dans les domaines de la mécanique et de la construction. Dans certaines régions de la province de Québec, l'emploi d'anglicismes est fréquent. La situation est encore plus prégnante dans les régions frontalières en contact avec l'anglais, comme l'Outaouais qui jouxte l'Ontario anglophone.

Quelques anglicismes propres au Canada :

  • assumer (to assume) : présumer, supposer
  • délai (delay) : retard (mais n'est pas un anglicisme dans l'acception de « temps dont l'on dispose pour accomplir quelque chose »)
  • évidence (evidence) : preuve, en droit ou pour des choses scientifiques
  • patente (patent) : invention, bidule
  • checker : (selon le contexte) regarder, vérifier, surveiller
  • faire du sens (to make sense) : avoir un sens
  • bon matin[29] (good morning) : bonjour
  • être sous l’impression (to be under the impression) : avoir l’impression
  • Moi, un comédien… : Moi, comédien… (article inutile précédant une profession et dans le cas d'une apposition)
  • être en amour (to be in love) : être amoureux
  • prendre une marche (to take a walk) : aller se promener à pied
  • avoir le pouce vert (to have a green thumb) : avoir la main verte
  • pâte à dents (toothpaste) : dentifrice
  • à l'année longue (all year long) : toute l'année, à longueur d'année
  • payer attention (to pay attention) : prêter attention, faire attention
  • être supposé faire (to be supposed to do) : être censé faire
  • mettre de l'emphase sur (to put emphasis on) : mettre l'accent sur
  • Faire application / appliquer pour (application/apply for a job) : être candidat à un emploi
  • canceller (to cancel) : annuler
  • céduler / une cédule (to schedule / a schedule) : mettre à l'horaire / un horaire

Les pays francophones créent les néologismes qu'ils jugent adaptés, particulièrement dans le domaine informatique (Toile pour Web, abréviation de World Wide Web, courriel pour e-mail, pourriel pour spam, etc.). Une institution très active sur le plan néologique est l'Office québécois de la langue française (OQLF) : l'utilisation de ses néologismes est obligatoire au sein de l'appareil administratif du Québec. L'expérience montre cependant qu'une traduction n'est universellement acceptée que si elle est correctement choisie : avant la (demi-)création du couple « matériel » et « logiciel », aujourd'hui d'usage universel, des organismes avaient essayé d'imposer « quincaille » et « mentaille », apparemment trop hâtivement calqués sur hardware et software pour avoir du succès.

Faux anglicismes

Sur les autres projets Wikimedia :

À côté des anglicismes, on trouve ce qu'on appelle de faux anglicismes, c'est-à-dire des lexèmes pris dans la langue anglaise (ils en ont l'orthographe et la prononciation), mais ne sont pas utilisés de cette façon dans la langue d'origine, au point que certains n'existent pas.

En français, ce sont des mots comme forcing (dans faire le forcing, c'est-à-dire se démener, presser le mouvement, ne pas ménager ses efforts) ou comme bronzing (bronzage, bronzette (fam.), bains de soleil), fabriqués en ajoutant la terminaison anglaise -ing à un verbe français (respectivement « forcer » et « bronzer » dans les exemples pris). Il s'agit véritablement de faux emprunts.

Autres exemples en français :

  • ball-trap : clay-pigeon shooting (britannique) ou skeet shooting (américain)
  • baskets : trainers (GB), sneakers (US)
  • brushing : blow-dry
  • pressing : 1/ au sens de « repassage à la vapeur » dans fer-pressing ; 2/ au sens de « teinturerie », « teinturier », « nettoyage à sec » : dry cleaner ; 3/ au sens de « pression » en jargon de commentateur sportif : pressure
  • parking : parking lot (américain) ou car park (britannique)
  • camping : a campground (américain) ou a campsite (britannique)
  • tennisman : tennis player
  • talkie-walkie : walkie-talkie
  • shampooing: shampoo

Exemple en allemand :

  • ein Handy : a mobile phone (britannique), a cell phone (américain)

Un type particulier de faux anglicisme provient de l'abréviation d'un nom composé anglais en ne gardant que le mot de gauche (alors que le mot important pour les anglophones est le mot de droite, impossible à supprimer). Par exemple, pour désigner un costume de soirée, le mot smoking est employé par les Français (mais aussi dans de nombreuses autres langues). Pourtant, les Britanniques utilisent dinner jacket et les Américains tuxedo ou son abréviation tux, car smoking n'existe pas en anglais autrement que comme forme du verbe to smoke (fumer) : c'est que le franglais smoking est en fait l'abréviation, propre aux Français, de l'anglais smoking jacket. On peut citer également les abréviations suivantes : un clap (pour clapboard ou clapstick, ardoise de tournage, claquoir, claquette), goal (pour goal keeper, gardien de but), etc.

Certains faux anglicismes procèdent de la volonté qu'ont les publicitaires de conserver le profit du prestige de la culture anglophone en France tout en étant compris d'un public connaissant mal l'anglais[30] : certains titres d'œuvres de fiction se trouvent ainsi « traduits » par des expressions anglophones plus intelligibles que le titre original : le titre du roman Back to Blood de Tom Wolfe est ainsi devenu en « français » Bloody Miami. Cette pratique est très fréquente dans la traduction des titres de films, avec par exemple The Hangover dont le titre français est Very Bad Trip[31],[32].

Anglicismes en allemand

L'allemand est particulièrement perméable aux anglicismes dans les domaines de la publicité, de l’économie et de la technique[33].

  • mailen : envoyer un courriel
  • downloaden : télécharger
  • Computer : ordinateur
  • Sinn machen, haben : être sensé (calqué de l'anglais to make sense)
  • Fair sein : être juste (en allemand gerecht sein)

Anglicismes en chinois

L'expression « anglicisme en chinois » s'applique à l'incorporation de mots, d'expressions et de concepts anglais dans la langue chinoise et ne doit pas être confondue avec le terme de « Chinglish », qui désigne l'anglais approximatif ou hésitant employé par certains locuteurs chinois.

On distingue :

  • l'emprunt phonétique : par exemple l'expression 巴士(bāshì) au lieu de 公共汽車 pour le mot « bus », en raison de la similitude de prononciation ;
  • l'anglicisme syntaxique : on donne à la phrase en chinois l'ordre des mots de la phrase anglaise ;
  • l'anglicisme sémantique : par exemple 網絡 ou 網路 (« network »), utilisé pour rendre le mot « net ».

Anglicismes en espagnol

En Espagne, l'adoption de termes anglais est répandue dans les domaines économique et informatique, phénomène que les puristes voient d'un très mauvais œil.

Certains de ces emprunts sont intégrés phonétiquement et ont même donné des dérivés :

  • boicot (de boycott), sur lequel on a formé le verbe boicotear
  • líder (de leader), sur lequel on a formé le substantif liderazgo
  • estándar (de standard), sur lequel on a formé le verbe estandarizar

Autres calques de l'anglais :

  • chequear, chequar (de to check) : examiner, explorer, réviser.

Un autre type d'anglicisme est le calque sémantique, en voie d'intégration, ainsi oportunidad qui, sous l'influence de l'anglais opportunity, tend à remplacer ocasión.

Également, le dérivé d'un mot authentique (castizo), fabriqué à l'aide d'un suffixe en -ción ou en -miento et calquant l'anglais, comme posicionamiento, formé sur posición (calque de l'anglais positioning).

Enfin, le calque morphologique (ou crypto-anglicisme), consistant à traduire la forme étrangère par son équivalent autochtone, ainsi articulo-lider pour leader product (produit-phare).

Anglicismes en finnois

Les anglicismes en finnois relèvent de quatre types :

  • l'imitation phonétique,
  • le calque lexical,
  • le calque grammatical,
  • la contamination orthographique.

La langue officielle rejette l'usage des anglicismes, partant du principe que la langue finnoise, écrite comme parlée, a suffisamment de ressources propres. Cela n'empêche pas les emprunts.

Le jargon informatique abonde en imitations phonétiques, ainsi svappi pour « swap ». Les autres domaines également touchés sont la musique pour adolescents, l'anticipation romanesque ou scientifique, les jeux sur écran, la mode, l'auto et, dans une certaine mesure, les spécialités scientifiques.

Le calque lexical consiste par exemple à prendre l'expression anglaise « killer application » (désignant une application supplantant toutes les autres du même genre) et à en faire tappajasovellus, c'est-à-dire littéralement une « application tueuse ».

Certains locuteurs, surtout ceux fréquentant assidûment la langue anglaise, ont créé un calque grammatical finnois du pronom personnel anglais « you » employé avec le sens d'un pronom indéfini comme dans la phrase « You can't live for ever » (Nul n'est éternel).

Un autre exemple de contamination orthographique est l'adoption de l'orthographe anglaise même lorsque le mot anglais est prononcé à la finnoise. Ainsi, « to chat » (bavarder par clavier interposé, tchatcher) sera noté chattailla au lieu de sättäillä, sa prononciation.

Anglicismes en italien

Si l'on s'efforça, sous le régime de Benito Mussolini, de « purifier » l'italien en écartant les anglicismes et autres « polluants » de la langue, ce n'est plus le cas et des termes anglais sont adoptés sans adaptation, surtout en informatique :

  • computer : ordinateur
  • hard disk : disque dur
  • mouse : souris (informatique)

Le terme de browser, issu de l'anglais, est parfois utilisé pour désigner le navigateur bien qu'il existe le mot navigatore.

Plusieurs termes issus de l'anglais sont progressivement entrés dans le langage courant aux côtés de leurs équivalents italiens ; ainsi, l'anglais single signifiant « célibataire » se traduit par celibe pour un homme et nubile pour une femme, mais peut être rendu aussi par l'anglicisme single[34]. De même, l'anglais privacy, la « vie privée » ou la « confidentialité », se traduit souvent par privacy alors qu'il existe le mot italien riservatezza[35].

Anglicismes en polonais

Du fait de l'influence accrue de l'anglais au XXe siècle et en ce XXIe siècle, le polonais lui a emprunté nombre de mots.

  • Les premiers emprunts ont concerné principalement les termes de marine et les sports :
    • kil (keel) (français : quille)
    • maszt (mast) (français : mât)
    • krykiet (cricket) (français : cricket)
    • jogging (jogging) (français : course à petites foulées)
  • Les emprunts plus récents sont en concurrence avec des équivalents polonais déjà existants et de ce fait ne sont pas acceptés par tous les locuteurs :
    • menedżer (manager) (français : gestionnaire à l'américaine, directeur, gérant, imprésario) au lieu de kierownik
    • quad (quad bike) (français : moto à quatre roues) au lieu de czterokołowiec
    • monitoring (CCTV) (français : surveillance en continu, monitorage) au lieu de nadzór, dozór
    • W czym mogę pomóc (How can I help you) (français : comment puis-je vous aider ?) au lieu de W czym mogę służyć
  • Certains anglicismes sont liés à l'avènement de la société de consommation :
    • dyskont (discount store) (français : enseigne à prix cassé)
    • market (supermarket) (français : supermarché)
    • lajfstylowy (lifestyle) (français : style de vie)
    • marketing (marketing) (français : techniques marchandes, mercatique)
  • Dans les domaines de l'informatique et des réseaux, les termes anglais règnent, faute de créations néologiques :
    • login (français : identifiant de connexion, nom d’utilisateur)
    • komputer (computer) (français : ordinateur)
    • monitor (français : moniteur, écran)
    • czat (chat) (français : bavardage-clavier, clavardage, tchatche)
    • on-line (français : en ligne, sur Internet)
    • interfejs (interface) (français : interface)

Notes et références

  1. Timothée Barrière, « Les tribus de l'Île de Ré », Le Nouvel Observateur, 3 août 2007.
  2. Autres anglicismes dans cette même revue : Newsletters, Blogs, Espace Business, Coaching, Formation marketing, Ré by night, le Top 30, Hitech, les compacts flashies, Playlist, cafés design, Équipement Fitness, Tout le High Tech, Les concept-cars, Un peu de Shopping, l'ancienne playmate, bonnes actions fashion, food-victims, breaking news, Podcasts audio, opérations frauduleuses du trader, Buzz sur le webetc.
  3. Hubert d'Erceville, « Changer le spam en pourriel, il n'en est pas question ! », 01net,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. Gilles Colpron, Le dictionnaire des anglicismes, 4e édition, Beauchemin, 1998 (1re édition en 1970).
  5. La première édition du Colpron distinguait trois catégories supplémentaires :
    • l'anglicisme de modalité grammaticale : par exemple le remplacement d'une catégorie grammaticale par une autre (répondre correct au lieu de répondre correctement, l'adjectif se substitue à l'adverbe), l'emploi du pluriel à la place du singulier (les argents au lieu de l'argent).
    • l'anglicisme locutionnel : adoption de locutions empruntées à l'anglais, ainsi faire face à la musique au lieu d'affronter la situation.
    • l'anglicisme structural : emploi de formulations non conformes aux habitudes de la langue d'origine comme le volume accru du courrier au lieu de l’accroissement du volume du courrier.
  6. « Banque de dépannage linguistique - - Qu'est-ce qu'un anglicisme sémantique? », sur bdl.oqlf.gouv.qc.ca (consulté le ).
  7. develop. Termium Plus. Bureau de la traduction. Gouvernement du Canada.
  8. « Être en charge de » sur le site de l’OQLF.
  9. Portail linguistique du Canada. Le français sans secrets.Les anglicismes phonétiques.
  10. Cf. (de) Jean Darbelnet.
  11. Jean Darbelnet, Le français en contact avec l'anglais en Amérique du Nord, Québec, Presses de l'Université Laval, coll. « Travaux du Centre international de recherche sur le bilinguisme » (no A-12), , 146 p. (ISBN 978-0-7746-6786-9, OCLC 3538915), p. 71-131.
  12. incidemment, in Pierre Cardinal, Christiane Melançon, Christine Hébert, Marie-Paule Laviolette-Chartrand, VocabulAIDE: Influences de l'anglais - vraies et pretendues - et usages en transition, University of Ottawa Press, 2010, 736 pages.
  13. Éric Denécé et Claude Revel, L'autre guerre des Etats-Unis : économie : les secrets d'une machine de conquête, Paris, R. Laffont, , 298 p. (ISBN 978-2-221-10368-5, OCLC 419534912).
  14. Etiemble, Parlez-vous franglais?, Paris, Gallimard, coll. « Idées » (no 40), , 376 p. (OCLC 2743393).
  15. Dans Manon Lescaut, Manon demande au chevalier des Grieux : « laisse-moi, pour quelque temps, le ménagement de notre fortune. »
  16. Si le français a créé les mots « ordinateur », « logiciel, » et « numérique », par contre de nombreux pays continuent d'utiliser les termes anglophones computer, software ou digital.
  17. Michel Volle - étymologie du mot informatique.
  18. « Les téléastes – pas tous mais beaucoup – portent une bonne part de responsabilité en la matière », Alfred Gilder, Et si l'on parlait français ? Essai sur une langue universelle, préface de Claude Hagège, Le cherche midi éditeur, 1993.
  19. Maurice Pergnier, Les Anglicismes. Danger ou enrichissement pour la langue française ?, Presses universitaires de France, 1989, p. 155-157 (La responsabilité des journalistes); citation : « Par la puissance des moyens modernes de communication, les journalistes concourent en effet plus que quiconque non seulement à propager mais surtout à légitimer les anglicismes. Ils ne sont pas seulement des amplificateurs de l'image, ils servent (qu'ils le veuillent ou non) de modèles. De même qu'un produit industriel faisant de la publicité dans les médias voit ses ventes augmenter de façon significative, de même un mot, un cliché, un néologisme, un anglicisme, qui "passe à l'antenne" ou aux presses du journal à grande diffusion, se propage et se trouve immédiatement légitimé et valorisé ».
  20. « Un discours qui verrouille la réalité », L'Humanité, (consulté le ).
  21. Chantal Bouchard, « Une obsession nationale: l'anglicisme », Recherches sociographiques,‎ (lire en ligne).
  22. Étiemble 1964.
  23. Henriette Walter, L'Aventure des mots français venus d'ailleurs, Robert Laffont, 1997, p. 183.
  24. Anglicismes et autres emprunts sur le site de l'Académie française.
  25. Henriette Walter, op. cit., p. 196.
  26. Mais il est revenu en force dans les années 2010, dans un sens différent, avec les smart-phones (téléphones intelligents).
  27. Anglicismes en transition, paragraphe sur le site de l'Université du Québec, Centre de communication écrite..
  28. « L'anglais, langue unique ? », sur communistefeigniesunblogfr, L'Humanité, (consulté le ).
  29. Capsule du mois : bon matin, Impératif français, 6 novembre 2008.
  30. Line Engstrøm, « Les anglicismes dans le français hexagonal contemporain. Analyse d’un corpus de presse », Institutt for litteratur, områdestudier og europeiske språk,‎ (lire en ligne).
  31. « traduction - Why "Very Bad Trip" instead of "Gueule de bois"? - French Language Stack Exchange », sur stackexchgange.com (consulté le ).
  32. AlloCine, « Ces titres anglais traduits en France par... d'autres titres anglais ! », sur AlloCiné (consulté le ).
  33. Christoph Brammertz, Les anglicismes modifient la langue allemande, site du Goethe-Institut de Côte d'Ivoire : « Et c’est avec une grande légèreté que l’allemand est capable d’intégrer des expressions et des tournures anglaises, un processus que lui facilite la parenté de ces deux langues germaniques. [...] L’affluence des anglicismes dans les domaines de la publicité, de l’économie et de la technique étonne aussi le traducteur Chris Cave. ».
  34. « single », sur wordreference.com (consulté le ).
  35. « privacy », sur wordreference.com (consulté le ).

Voir aussi

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Bibliographie

  • Étiemble, Parlez-vous franglais ?, Gallimard, 1964.
  • Gilles Colpron, Le dictionnaire des anglicismes, 4e édition, Beauchemin, 1998 (1re édition en 1970).
  • Maurice Pergnier, Les anglicismes. Danger ou enrichissement pour la langue française ?, Presses universitaires de France, 1989.
  • Alfred Gilder, Et si l'on parlait français ? Essai sur une langue universelle, préface de Claude Hagège, Le cherche midi éditeur, 1993.
  • Yves Laroche-Claire, Evitez le franglais, parlez français, Paris, Albin Michel, coll. « Dicos d'or de Bernard Pivot », , 294 p. (ISBN 978-2-226-14382-2, OCLC 54205450).
  • Michèle Lenoble-Pinson, Anglicismes et substituts français, Paris, Duculot, coll. « Esprit des mots », , 172 p. (ISBN 978-2-8011-0967-0, OCLC 25011225).
  • Henriette Walter, L'aventure des mots français venus d'ailleurs, éditions Robert Laffont, 1997.
  • Marie Treps, Les mots voyageurs, Petite histoire du français venu d’ailleurs, Seuil, 2003.
  • Michel Voirol, Anglicismes et anglomanie, Victoires éditions, 2006.

Articles connexes

Liens externes