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{{Unicode japonais}}{{Titre en italique|ja-Latn}}
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[[Fichier:JackXArik.png|vignette|alt=Dessin couleur de style manga, où deux jeunes hommes s'embrassent sous un parapluie.|Deux ''{{lang|ja-Latn|[[bishōnen]]}}'' qui s'embrassent, situation typique dans une œuvre ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}''.]]
[[Fichier:JackXArik.png|vignette|alt=Dessin couleur de style manga, où deux jeunes hommes s'embrassent sous un parapluie.|Deux ''{{lang|ja-Latn|[[bishōnen]]}}'' qui s'embrassent, situation typique dans une œuvre ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}''.]]
Le {{japonais|'''''yaoi'''''|やおい}}, aussi appelé '''''{{lang|en|Boys' Love}}''''', désigne dans la culture populaire [[japon]]aise un genre d'œuvres de fiction centré sur les relations sentimentales et/ou sexuelles entre personnages de sexe masculin. Le genre du ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}'' concerne essentiellement la [[littérature]] ainsi que le monde du [[manga]] et de l'[[anime]], mais se retrouve aussi à plus petite échelle dans le cadre des [[jeu vidéo|jeux vidéo]], de la [[télévision]] et du [[cinéma]], ainsi que d'autres types de supports. L'équivalent féminin du ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}'' est le ''{{lang|ja-Latn|[[yuri]]}}''.
Le {{japonais|'''''yaoi'''''|やおい}}, aussi appelé '''''{{lang|en|Boys' Love}}''''', désigne dans la culture populaire [[japon]]aise un genre d'œuvres de fiction centré sur les relations sentimentales et/ou sexuelles entre personnages de sexe masculin. Le genre du ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}'' concerne essentiellement la [[littérature]] ainsi que le monde du [[manga]] et de l'[[anime]], mais se retrouve aussi à plus petite échelle dans le cadre des [[jeu vidéo|jeux vidéo]], de la [[télévision]] et du [[cinéma]], ainsi que d'autres types de supports. L'équivalent féminin du ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}'' est le ''{{lang|ja-Latn|[[yuri]]}}''.
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D'autres termes sont régulièrement utilisés dans la culture ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}'', sans toutefois être limités à cette dernière. Par exemple{{sfn|McLelland|Welker|2015|id=McLelland Welker 2015|p=6}} : {{japonais|''tanbi|歎美, 嘆美||{{citation|esthète}} ou {{citation|esthétique}}}}, {{japonais|''aniparo''|アニパロ||contraction de {{citation|''{{lang|en|anime parody}}''}}}}, {{japonais|''sōsaku''|捜索||création originale}}, {{japonais|''niji sōsaku''|二次捜索||création dérivée}} et {{japonais|''sanji sōsaku''|三時捜索||création dérivée d'une création dérivée}}.
D'autres termes sont régulièrement utilisés dans la culture ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}'', sans toutefois être limités à cette dernière. Par exemple{{sfn|McLelland|Welker|2015|id=McLelland Welker 2015|p=6}} : {{japonais|''tanbi|歎美, 嘆美||{{citation|esthète}} ou {{citation|esthétique}}}}, {{japonais|''aniparo''|アニパロ||contraction de {{citation|''{{lang|en|anime parody}}''}}}}, {{japonais|''sōsaku''|捜索||création originale}}, {{japonais|''niji sōsaku''|二次捜索||création dérivée}} et {{japonais|''sanji sōsaku''|三時捜索||création dérivée d'une création dérivée}}.


== ''{{lang|ja-Latn|Seme}}'' et ''{{lang|ja-Latn|uke}}'' ==
== Caractéristiques ==
[[Fichier:Lesson 1 Private Tutor.jpg|vignette|alt=Dessin manga couleur, ou deux hommes à moitié déshabillé se font face à face, l'homme de gauche étant dans une posture dominante par rapport à l'homme de droite.|Représentation d'un couple ''{{lang|ja-Latn|seme}}'' (à gauche) et ''{{lang|ja-Latn|uke}}'' (à droite).]]
Certaines œuvres écrites par des femmes pour des femmes, mettent en scène les fantaisies féminines et les fantasmes projetés par des femmes sur les univers homosexuels masculins.
La dynamique entre la figure du ''{{lang|ja-Latn|seme}}'' et la figure du ''{{lang|ja-Latn|uke}}'' apparaît dans les œuvres amateurs ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}'' au cours des années 80 avant d'être reprit et généralisé par les BL commerciaux, devenant un standard du genre{{sfn|Fujimoto|2015|id=Fujimoto 2015|p=77}}. Le ''{{lang|ja-Latn|seme}}'' désigne {{citation|l'attaquant}}, le membre qui domine le couple et qui lors du rapport sexuel pénètre l'autre. Le ''{{lang|ja-Latn|uke}}'' est quand à lui le {{citation|receveur}}, il est le membre dominé et qui lors du rapport sexuel est pénétré{{sfn|McLelland|Welker|2015|id=McLelland Welker 2015|p=10}}.


Lors d'un rapport sexuel entre un ''{{lang|ja-Latn|seme}}'' et un ''{{lang|ja-Latn|uke}}'', il n'est pas rare que ce dernier soit relativement violent, le ''{{lang|ja-Latn|seme}}'' forçant le ''{{lang|ja-Latn|uke}}'', ce qui s'apparente à un [[viol]]{{sfn|Namtrac|2008|id=Namtrac 2008|p=70}}. Pour autant le ''{{lang|ja-Latn|uke}}'' finit par répondre positivement au rapport sexuel et atteint la jouissance, et aux yeux des [[mangaka]]s et des lecteurs japonais ce {{citation|viol apparent}} est en fait l'expression la {{citation|plus brute du désir et des sentiments}} que le ''{{lang|ja-Latn|seme}}'' a pour le ''{{lang|ja-Latn|uke}}''. Cette dynamique et cet acte du {{citation|viol}} est similaire aux situations que l'on retrouve dans les mangas érotiques et pornographiques ''{{lang|ja-Latn|[[shōjo]]}}'' hétérosexuels, où le personnage féminin est elle aussi régulièrement {{citation|violée}} par le personnage masculin, mais y trouve plaisir malgré tout{{sfn|Namtrac|2008|id=Namtrac 2008|p=70-71}}.
La relation homosexuelle dépeinte, sentimentale et physique, obéit en effet largement aux codes et aux normes imposées au couple hétérosexuel. On y retrouve souvent un modèle du couple homme-femme, selon une rhétorique basique, avec un partenaire viril dominant (''seme'' - du verbe ''semeru'', attaquer) et son amant efféminé et vulnérable à la psychologie « toute féminine » (''uke'' - du verbe ''ukeru'', recevoir).


Des critiques du ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}'' tels que Keith Vincent de l'[[université de Boston]] voient dans cette dynamique ''{{lang|ja-Latn|seme}}''/''{{lang|ja-Latn|uke}}'' un écho à la dynamique hétérosexuelle, notant que le ''{{lang|ja-Latn|uke}}'' est généralement efféminé, naïf, et sujet aux attentions et aux désirs des hommes autour de lui, quand le ''{{lang|ja-Latn|seme}}'' apparaît comme une sorte de {{citation|prince}}. Il considère ainsi que la seule différence entre les romances hétérosexuelles et ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}'' vient du fait que puisque les deux protagonistes sont des hommes, aucun n'est socialement bridé, notamment dans le cadre du monde du travail{{sfn|Vincent|2008|id=Vincent 2008|p=73-74}}.
Ce stéréotype évolue dans certaines œuvres : ainsi le ''uke'' devient le ''seme'' avec le même partenaire (''Haru wo Daiteita'' de Nitta Youka, ''Le Jeu du chat et de la souris 2'' de Setona Mizushiro) ou avec d'autres.


D'autres critiques, telles que la spécialiste littéraire Yōko Nagakubo et Yukari Fujimoto de l'[[université Meiji]] récusent cette lecture hétérosexuelle de la dynamique ''{{lang|ja-Latn|seme}}''/''{{lang|ja-Latn|uke}}''. Nagakubo note que si le ''{{lang|ja-Latn|uke}}'' est essentiellement féminin, il conserve des traits masculins, et que le ''{{lang|ja-Latn|seme}}'' possède lui aussi des traits tant masculins que féminins{{sfn|Fujimoto|2015|id=Fujimoto 2015|p=84}}. De plus elle note que le rôle sexuel des deux membres du couple est déterminé par le contraste entre ces traits masculins et féminins, ce qui fait qu'un personnage peut être selon la situation un {{citation|prince}} ou une {{citation|princesse}}, et que selon le partenaire, le personnage peut changer de rôle. Pour Nagabuko les caractéristiques masculines et féminines ne sont ainsi plus des contraintes imposées par le modèle patriarcal, mais deviennent des libertés, qui peuvent être explorées de différentes façons.
== Yaoi et hentai ==
De par sa définition d'œuvre à caractère sexuel, on croit abusivement que le ''yaoi'' n'est qu'une simple œuvre pornographique centrée sur le sexe, rien de plus que du [[hentai]] ou pornographie pour fille. Or les mangas, romans et animes ''yaoi'' offrent en fait un vaste panel de genres, de la comédie à la science-fiction, des robots géants à la romance de collégiens, avec en général des intrigues longues et complexes. L'acte sexuel y apparaît le plus souvent comme un acte d'amour, la romance servant toujours de toile de fond principale. Nombre de mangas ''yaoi'' sont même peu explicites.


L'essayiste Yumiko Watanabe considère que la répartition des rôles entre le ''{{lang|ja-Latn|seme}}'' et le ''{{lang|ja-Latn|uke}}'' est soumise à trois facteurs différents : le statu social, la stature physique et la spiritualité du personnage. Ces trois facteurs permettent de jouer avec les rôles, ce qui a créé de nombreux archétypes et stéréotypes, tels que le {{citation|''{{lang|ja-Latn|sasoi uke}}''}} (quelqu'un de mentalement ''{{lang|ja-Latn|seme}}'' mais physiquement ''{{lang|ja-Latn|uke}}''), le {{citation|''{{lang|ja-Latn|hetare zeme}}''}} (un ''{{lang|ja-Latn|seme}}'' ''{{lang|en|loser}}''), le {{citation|''{{lang|ja-Latn|jō uke}}''}} (un ''{{lang|ja-Latn|uke}}'' qui a le port d'une fière princesse), le {{citation|''{{lang|ja-Latn|keigo zeme}}''}} (un ''{{lang|ja-Latn|seme}}'' qui s'adresse à son partenaire avec révérence), le {{citation|''{{lang|ja-Latn|yancha uke}}''}} (un ''{{lang|ja-Latn|uke}}'' pervers), le {{citation|''{{lang|ja-Latn|gekokujō}}''}} (lorsque le ''{{lang|ja-Latn|uke}}'' se met à dominer son ''{{lang|ja-Latn|seme}}''), et d'autres encore. Tous ces archétypes et stéréotypes sont construits pour être contradictoires{{sfn|Fujimoto|2015|id=Fujimoto 2015|p=85}}.
On notera d'ailleurs la tendance à ne pas dessiner les organes génitaux, même dans des [[anime]]s ''yaoi'' très axés sur les relations intimes. Il n'y a guère que les ''dōjinshi yaoi'' cités précédemment qui minimisent l'intrigue au profit de l'acte sexuel.

Pour Fujimoto cette fluidité entre les [[Genre (sciences sociales)|genre]]s offerte par la dynamique ''{{lang|ja-Latn|seme}}''/''{{lang|ja-Latn|uke}}'' permet tant à l'auteur qu'au lecteur de ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}'' de {{citation|jouer avec le genre}}, en combinant les facteurs du genre et les dynamiques de domination comment il l'entend. Comme l'histoire se passe entre hommes et qu'il n'y a plus de différence physique entre les partenaires, l'œuvre ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}'' autorise au lecteur, tant féminin que masculin d'essayer de nouvelles possibilités vis-à-vis des caractéristiques genrées traditionnelles, une femme peut expérimenter le rôle dominateur quand un homme peut expérimenter le rôle du dominé, le lecteur peut aussi décidé d'être un simple spectateur{{sfn|Fujimoto|2015|id=Fujimoto 2015|p=85}}.


== Diffusion ==
== Diffusion ==
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De la même façon que des artistes amateurs ont détourné les personnages de leurs séries favorites pour écrire et dessiner des ''dōjinshi yaoi'', des fans du monde entier ont adhéré à cette subversion appelée désormais '''[[Slash (fiction)|Slash]]''' (nommé d'après la [[barre oblique]] appelée ''slash'' en anglais, utilisée pour séparer les noms de deux personnages que les fans mettent en couple). Le slash reprend le principe de l'utilisation des personnages d'une œuvre et de leur mise en scène dans une relation homosexuelle, quelle que soit leur orientation dans l'œuvre d'origine. Une telle pratique s'exerce artistiquement dans les œuvres écrites dites [[fanfiction]]s ou graphiques dites [[fan art|fanarts]]. Il n'est pas rare de voir confondus ''[[Slash (fiction)|Slash]]'' et Yaoi dans les [[fanfiction]]s et [[fan art|fanarts]] à caractère sexuel.
De la même façon que des artistes amateurs ont détourné les personnages de leurs séries favorites pour écrire et dessiner des ''dōjinshi yaoi'', des fans du monde entier ont adhéré à cette subversion appelée désormais '''[[Slash (fiction)|Slash]]''' (nommé d'après la [[barre oblique]] appelée ''slash'' en anglais, utilisée pour séparer les noms de deux personnages que les fans mettent en couple). Le slash reprend le principe de l'utilisation des personnages d'une œuvre et de leur mise en scène dans une relation homosexuelle, quelle que soit leur orientation dans l'œuvre d'origine. Une telle pratique s'exerce artistiquement dans les œuvres écrites dites [[fanfiction]]s ou graphiques dites [[fan art|fanarts]]. Il n'est pas rare de voir confondus ''[[Slash (fiction)|Slash]]'' et Yaoi dans les [[fanfiction]]s et [[fan art|fanarts]] à caractère sexuel.

== Yaoi-Con ==
La première convention entièrement centrée autour du BL en général et du ''yaoi'' en particulier est la [[Yaoi-Con]] qui se tient tous les ans à San Francisco, et réunit des fans de tous les États-Unis (où le BL est le plus porteur) et du monde. Cette convention est destinée aux adultes et l'âge d'entrée minimal est 18 ans.

Il est à noter qu'au Japon, de très nombreux évènements organisés par des fans permettent aux cercles de vendre des ''doujinshi yaoi''. Ces conventions sont toutefois en général assez discrètes (sur invitation seulement pour certaines d'entre elles).

En France depuis 2011 se tient tous les ans à Lyon, la première convention européenne sur le yaoi et le yuri. La Yaoi Yuri-Con a été créée par l'association Event Yaoi.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
* {{Chapitre|langue=en|auteur1=Ukari Fujimoto|titre chapitre={{lang|en|The Evolution of BL as “Playing with Gender”}}|sous-titre chapitre={{lang|en|Viewing the Genesis and Development of BL from a Contemporary Perspective}}|éditeur=[[Université du Mississippi]]|titre ouvrage={{lang|en|Boys Love Manga and Beyond}}|sous-titre ouvrage={{lang|en|History, Culture, and Community in iapan}}|passage=76-92|mois=janvier|année=2015|oclc=904952864|isbn=978-1626743090|id=Fujimoto 2015}}.
* {{Chapitre|langue=en|auteur1=Mark McLelland|auteur2=James Welker|titre chapitre={{lang|en|An Introduction to “Boys Love” in Japan}}|éditeur=[[Université du Mississippi]]|titre ouvrage={{lang|en|Boys Love Manga and Beyond}}|sous-titre ouvrage={{lang|en|History, Culture, and Community in Japan}}|passage=3-20|mois=janvier|année=2015|oclc=904952864|isbn=978-1626743090|id=McLelland Welker 2015}}.
* {{Chapitre|langue=en|auteur1=Mark McLelland|auteur2=James Welker|titre chapitre={{lang|en|An Introduction to “Boys Love” in Japan}}|éditeur=[[Université du Mississippi]]|titre ouvrage={{lang|en|Boys Love Manga and Beyond}}|sous-titre ouvrage={{lang|en|History, Culture, and Community in Japan}}|passage=3-20|mois=janvier|année=2015|oclc=904952864|isbn=978-1626743090|id=McLelland Welker 2015}}.
* {{Article|auteur1=Hervé Brient|titre=Une petite histoire du ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}''|éditeur=Éditions H|lieu=[[Versailles]]|périodique=Manga {{Formatnum:10000}} images|numéro=1|titre numéro=Homosexualité et manga : le ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}''|pages=5-11|mois=mai|année=2008|oclc=690610651|isbn=978-2-9531781-0-4|id=Brient 2008}}.
* {{Article|auteur1=Hervé Brient|titre=Une petite histoire du ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}''|éditeur=Éditions H|lieu=[[Versailles]]|périodique=Manga {{Formatnum:10000}} images|numéro=1|titre numéro=Homosexualité et manga : le ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}''|pages=5-11|mois=mai|année=2008|oclc=690610651|isbn=978-2-9531781-0-4|id=Brient 2008}}.
* {{Article|auteur1=Namtrac|titre=Pourquoi les filles aiment-elles le ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}''|éditeur=Éditions H|lieu=[[Versailles]]|périodique=Manga {{Formatnum:10000}} images|numéro=1|titre numéro=Homosexualité et manga : le ''{{lang|ja-Latn|yaoi}}''|pages=67-83|mois=mai|année=2008|oclc=690610651|isbn=978-2-9531781-0-4|id=Namtrac 2008}}.
* {{Article|langue=en|auteur1=Keith Vincent|titre={{lang|en|A Japanese Electra and Her Queer Progeny}}|éditeur=[[Université du Minnesota]]|périodique=Mechademia|numéro=2|titre numéro={{lang|en|Networks of Desire}}|pages=64-79|mois=décembre|année=2008|oclc=271760622|isbn=978-0-8166-5266-2|id=Vincent 2007}}.


== Articles connexes ==
== Articles connexes ==

Version du 16 novembre 2015 à 01:08

Modèle:Unicode japonais

Dessin couleur de style manga, où deux jeunes hommes s'embrassent sous un parapluie.
Deux bishōnen qui s'embrassent, situation typique dans une œuvre yaoi.

Le yaoi (やおい?), aussi appelé Boys' Love, désigne dans la culture populaire japonaise un genre d'œuvres de fiction centré sur les relations sentimentales et/ou sexuelles entre personnages de sexe masculin. Le genre du yaoi concerne essentiellement la littérature ainsi que le monde du manga et de l'anime, mais se retrouve aussi à plus petite échelle dans le cadre des jeux vidéo, de la télévision et du cinéma, ainsi que d'autres types de supports. L'équivalent féminin du yaoi est le yuri.

Le yaoi est réputé pour sa forte communauté amateur dans les cercles dōjinshi. Ces productions amateurs peuvent être des créations originales ou bien des parodies d'œuvres ou de personnes existantes. Là encore la littérature et les mangas forment la majeure partie des créations yaoi amateurs.

Des œuvres de type yaoi ou approchant sont apparues tout au long du XXe siècle, mais il ne s'établit comme genre à part entière qu'au cours des années 1970 au sein des shōjo manga. Au fil des décennies qui suivent le genre s'est diversifié, et bien que toujours fortement lié aux démographies féminines, il touche un public de plus en plus large et diversifié en terme de sexes, de genres et de sexualités. Depuis les années 2000, la production tant professionnelle qu'amateur de yaoi s'est globalisée à l'international.

Définitions

Au cours de l'histoire, différents termes ont été utilisés pour désigner tout ou partie du genre ainsi que ses sous-genres. Les universitaires spécialistes en manga Mark McLelland et James Welker considèrent qu'il y a eu quatre principaux termes historiques, qu'ils définissent ainsi[1] :

Shōnen'ai (少年愛?)
Ce terme a été largement utilisé pendant les années 1970 et 1980 pour désigner les shōjo manga mettant en scène l'homosexualité masculine. Aujourd'hui il est parfois utilisé rétroactivement afin de désigner les œuvres yaoi de cette époque, mais dans le discours japonais actuel le terme a reprit son sens premier, où il désigne la pédérastie.
JUNE
Ce terme est dérivé d'un magazine yaoi éponyme qui était publié de la fin des années 1970 au milieu des années 1990, et a été utilisé pour nommer le type de mangas publié dans ce magazine. Il a aussi été utilisé pour désigner des créations yaoi amateurs, essentiellement les créations originales et non les parodies.
Yaoi (やおい?)
Est un acronyme pour yama nachi, ochi nachi, imi nachi qui peut se traduire par « pas de climax [dans la narration], pas de chute [au récit], pas de sens [à l'histoire][2] ». Ce nom autodérisoire est établit en 1979 et a été diffusé par un cercle dōjinshi influent. Il s'est popularisé au cours des années 1980 et désigne depuis les créations amateurs du genre, mais est aussi parfois utilisé comme terme-parapluie pour désigner l'ensemble des créations amateurs et professionnelles.
Boys' love (ボーイズラブ?)
Généralement écrit en katakana ou par son acronyme « BL ». Ce terme apparaît au début des années 1990 pour désigner les productions yaoi professionnelles, mais est aussi utilisé comme terme-parapluie pour désigner l'ensemble de la production amateur et professionnelle.

Il existe aussi le terme men's love (メンズラブ?) (abrégé « ML ») pour désigner les productions dont la principale cible éditoriale est le public gay, en Occident le ML est parfois nommé bara (薔薇?, lit. rose). Mais le ML reste généralement vendu sous les termes de « yaoi » ou de « BL » par les éditeurs[3].

Ces termes représentent des concepts qui se chevauchent les uns les autres, il n'y a pas de frontière exacte entre chacun d'eux[4]. De plus en Occident le sens de ces termes à tendance à changer en fonction des pays[1], notamment le terme shōnen'ai est souvent utilisé en Occident pour désigner les amours suggérées ou platoniques[5].

D'autres termes sont régulièrement utilisés dans la culture yaoi, sans toutefois être limités à cette dernière. Par exemple[6] : tanbi (歎美, 嘆美?, « esthète » ou « esthétique »), aniparo (アニパロ?, contraction de « anime parody »), sōsaku (捜索?, création originale), niji sōsaku (二次捜索?, création dérivée) et sanji sōsaku (三時捜索?, création dérivée d'une création dérivée).

Seme et uke

Dessin manga couleur, ou deux hommes à moitié déshabillé se font face à face, l'homme de gauche étant dans une posture dominante par rapport à l'homme de droite.
Représentation d'un couple seme (à gauche) et uke (à droite).

La dynamique entre la figure du seme et la figure du uke apparaît dans les œuvres amateurs yaoi au cours des années 80 avant d'être reprit et généralisé par les BL commerciaux, devenant un standard du genre[7]. Le seme désigne « l'attaquant », le membre qui domine le couple et qui lors du rapport sexuel pénètre l'autre. Le uke est quand à lui le « receveur », il est le membre dominé et qui lors du rapport sexuel est pénétré[8].

Lors d'un rapport sexuel entre un seme et un uke, il n'est pas rare que ce dernier soit relativement violent, le seme forçant le uke, ce qui s'apparente à un viol[9]. Pour autant le uke finit par répondre positivement au rapport sexuel et atteint la jouissance, et aux yeux des mangakas et des lecteurs japonais ce « viol apparent » est en fait l'expression la « plus brute du désir et des sentiments » que le seme a pour le uke. Cette dynamique et cet acte du « viol » est similaire aux situations que l'on retrouve dans les mangas érotiques et pornographiques shōjo hétérosexuels, où le personnage féminin est elle aussi régulièrement « violée » par le personnage masculin, mais y trouve plaisir malgré tout[10].

Des critiques du yaoi tels que Keith Vincent de l'université de Boston voient dans cette dynamique seme/uke un écho à la dynamique hétérosexuelle, notant que le uke est généralement efféminé, naïf, et sujet aux attentions et aux désirs des hommes autour de lui, quand le seme apparaît comme une sorte de « prince ». Il considère ainsi que la seule différence entre les romances hétérosexuelles et yaoi vient du fait que puisque les deux protagonistes sont des hommes, aucun n'est socialement bridé, notamment dans le cadre du monde du travail[11].

D'autres critiques, telles que la spécialiste littéraire Yōko Nagakubo et Yukari Fujimoto de l'université Meiji récusent cette lecture hétérosexuelle de la dynamique seme/uke. Nagakubo note que si le uke est essentiellement féminin, il conserve des traits masculins, et que le seme possède lui aussi des traits tant masculins que féminins[12]. De plus elle note que le rôle sexuel des deux membres du couple est déterminé par le contraste entre ces traits masculins et féminins, ce qui fait qu'un personnage peut être selon la situation un « prince » ou une « princesse », et que selon le partenaire, le personnage peut changer de rôle. Pour Nagabuko les caractéristiques masculines et féminines ne sont ainsi plus des contraintes imposées par le modèle patriarcal, mais deviennent des libertés, qui peuvent être explorées de différentes façons.

L'essayiste Yumiko Watanabe considère que la répartition des rôles entre le seme et le uke est soumise à trois facteurs différents : le statu social, la stature physique et la spiritualité du personnage. Ces trois facteurs permettent de jouer avec les rôles, ce qui a créé de nombreux archétypes et stéréotypes, tels que le « sasoi uke » (quelqu'un de mentalement seme mais physiquement uke), le « hetare zeme » (un seme loser), le « jō uke » (un uke qui a le port d'une fière princesse), le « keigo zeme » (un seme qui s'adresse à son partenaire avec révérence), le « yancha uke » (un uke pervers), le « gekokujō » (lorsque le uke se met à dominer son seme), et d'autres encore. Tous ces archétypes et stéréotypes sont construits pour être contradictoires[13].

Pour Fujimoto cette fluidité entre les genres offerte par la dynamique seme/uke permet tant à l'auteur qu'au lecteur de yaoi de « jouer avec le genre », en combinant les facteurs du genre et les dynamiques de domination comment il l'entend. Comme l'histoire se passe entre hommes et qu'il n'y a plus de différence physique entre les partenaires, l'œuvre yaoi autorise au lecteur, tant féminin que masculin d'essayer de nouvelles possibilités vis-à-vis des caractéristiques genrées traditionnelles, une femme peut expérimenter le rôle dominateur quand un homme peut expérimenter le rôle du dominé, le lecteur peut aussi décidé d'être un simple spectateur[13].

Diffusion

Photo couleur d'une étagère remplie de mangas.
Section « yaoi » dans une librairie Kinokuniya à San Francisco.

Le marché des œuvres yaoi s'est énormément développé ces dernières années et touche un public de plus en plus large, au Japon comme à l'étranger.

De nombreux shōjo mangas incluent des éléments BL, comme des relations ambiguës entre personnages masculins secondaires, sans pour autant en faire leur intrigue principale. Voir par exemple des œuvres telles que Angel Sanctuary, Cardcaptor Sakura, X, Tsubasa Reservoir Chronicle ou Host Club, s'adressant à un large public.

De la même façon que des artistes amateurs ont détourné les personnages de leurs séries favorites pour écrire et dessiner des dōjinshi yaoi, des fans du monde entier ont adhéré à cette subversion appelée désormais Slash (nommé d'après la barre oblique appelée slash en anglais, utilisée pour séparer les noms de deux personnages que les fans mettent en couple). Le slash reprend le principe de l'utilisation des personnages d'une œuvre et de leur mise en scène dans une relation homosexuelle, quelle que soit leur orientation dans l'œuvre d'origine. Une telle pratique s'exerce artistiquement dans les œuvres écrites dites fanfictions ou graphiques dites fanarts. Il n'est pas rare de voir confondus Slash et Yaoi dans les fanfictions et fanarts à caractère sexuel.

Notes et références

  1. a et b McLelland et Welker 2015, p. 5.
  2. Brient 2008, p. 5.
  3. Tina Anderson, interview par Bamboo, Casey, Sara, GloBL and Gay Comics, Chicks on Anime, Anime News Network,  (consulté le ).
  4. McLelland et Welker 2015, p. 9-12.
  5. Brient 2008, p. 6.
  6. McLelland et Welker 2015, p. 6.
  7. Fujimoto 2015, p. 77.
  8. McLelland et Welker 2015, p. 10.
  9. Namtrac 2008, p. 70.
  10. Namtrac 2008, p. 70-71.
  11. Vincent 2008, p. 73-74.
  12. Fujimoto 2015, p. 84.
  13. a et b Fujimoto 2015, p. 85.

Bibliographie

Articles connexes