« Estampe » : différence entre les versions

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L''''estampe''' désigne le résultat de l'impression d'une [[gravure]]<ref name="def classique">C'est la définition classique de la gravure, donnée dans de nombreux ouvrages de référence comme le ''[[Littré]]''. Voir également {{Harvsp|Bersier|1963|pp=19}} et {{Harvsp|Néraudau|1985|pp=201-202}}.</ref>.
L''''estampe''' est le résultat de l'impression d'une [[gravure]]<ref name="def classique">C'est la définition classique de la gravure, donnée dans de nombreux ouvrages de référence comme le ''[[Littré]]''. Voir également {{Harvsp|Bersier|1963|pp=19}} et {{Harvsp|Néraudau|1985|pp=201-202}}.</ref> ou d'une autre [[technique de l'estampe]] qui n'inclut pas un procédé d'[[Taille d'épargne|incision]] ou de [[Taille-douce|morsure]].


== Définitions ==
Le mot « excfstampe » déjà utilisé en [[ancien français]] sous les formes « estampe, estanpe, stampe »<ref>{{ouvrage|langue=fr|prénom1=Frédéric |nom1=Godefroy |prénom2=Jean |nom2=Bonnard |prénom3=Amédée |nom3=Salmon |titre=Lexique de l'ancien français|sous-titre=publié par les soins de MM. J. Bonnard Am. Salmon|éditeur=H. Welter|lieu=Paris et Leipzig|année=1901|pages=556|url=https://archive.org/details/lexiquedelancie00salmgoog}}.</ref> vient de l'[[italien]] ''stampa'' (impression, tirage, presse, estampe) dont l'[[étymologie]] d'origine germanique dérive de ''stampjan'' ou du [[vieux-francique|francique]] ''stampôn'' (« écraser, frapper ») qui a donné ''stampfen'' en [[allemand]] (« frapper du pied »)<ref>DMF : [http://www.atilf.fr/dmf ''Dictionnaire du moyen français''], version 2012. ATILF CNRS - Université de Lorraine.</ref>.


Le mot « estampe » déjà utilisé en [[ancien français]] sous les formes « estampe, estanpe, stampe »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Frédéric|nom1=Godefroy|prénom2=Jean|nom2=Bonnard|prénom3=Amédée|nom3=Salmon|titre=Lexique de l'ancien français|sous-titre=publié par les soins de MM. J. Bonnard Am. Salmon|éditeur=H. Welter|lieu=Paris et Leipzig|année=1901|pages=556|lire en ligne=https://archive.org/details/lexiquedelancie00salmgoog}}.</ref> vient de l'[[italien]] ''stampa'' (impression, tirage, presse, estampe) dont l'[[étymologie]] d'origine germanique dérive de ''stampjan'' ou du [[vieux-francique|francique]] ''stampôn'' (« écraser, frapper ») qui a donné ''stampfen'' en [[allemand]] (« frapper du pied »)<ref>DMF : [http://www.atilf.fr/dmf ''Dictionnaire du moyen français''], version 2012. ATILF CNRS - Université de Lorraine.</ref>.
[[Nicolas Poussin]], en 1647, utilise déjà le mot au sens actuel d'image imprimée au moyen d'une planche gravée<ref>{{ouvrage|langue=fr|prénom1=Émile|nom1=Littré|titre=Dictionnaire de la langue française|sous-titre=|tome=2|éditeur=Hachette|lieu=Paris|date=1883|passage=1502}}.</ref>.


[[Nicolas Poussin]], en 1647, utilise déjà le mot au sens actuel d'image imprimée au moyen d'une planche gravée<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Émile|nom1=Littré|titre=Dictionnaire de la langue française|tome=2|éditeur=Hachette|lieu=Paris|année=1883|passage=1502}}.</ref>.
== Définitions ==
L'estampe désigne, au sens strict, le résultat de l'impression d'une [[gravure]]<ref name="def classique" /> ; la gravure étant l'ensemble des [[Techniques de gravure|techniques]] qui utilisent le creux ou l’incision pour produire une série<ref>L'estampe est par excellence l'art du multiple. Le monotype sort du domaine de la gravure pour rentrer dans celui des procédés picturaux, mais demeure dans celui de l'estampe : {{Harvsp|Krejča|1980|pp=192}}.</ref> d'images ou de textes. Le principe consiste à inciser ou à creuser, à l'aide d'un outil ou d'un mordant, une [[Matrice (technologie)|matrice]], généralement en bois ou en métal, qui après encrage, est imprimée sur du papier ou sur un autre support.


L'estampe désigne, au sens strict, le résultat de l'impression d'une [[gravure]]<ref name="def classique" /> ; la gravure étant l'ensemble des [[Techniques de gravure|techniques]] qui utilisent le creux ou l’incision pour produire une série<ref>L'estampe est par excellence l'art du multiple. Le [[monotype (estampe)|monotype]] sort du domaine de la gravure pour rentrer dans celui des procédés picturaux, mais demeure dans celui de l'estampe : {{Harvsp|Krejča|1980|pp=192}}.</ref> d'images ou de textes. Le principe consiste à inciser (on parle de [[taille d'épargne]]) ou à creuser ([[taille-douce]]), à l'aide d'un outil ou d'un mordant, une [[Matrice (gravure)|matrice]], généralement [[Gravure sur bois|en bois]] ou [[Chalcographie|en métal]], qui après [[Encrage (imprimerie)|encrage]], est imprimée sur du papier ou sur un autre support.
Aujourd'hui, par commodité, certaines institutions ou organisations (la Bibliothèque nationale de France, ou la Fédération nationale de l'estampe) appellent aussi estampe, le tirage obtenu par des techniques de reproduction artistique, comme la [[lithographie]] ou la [[sérigraphie]], qui utilisent des principes différents<ref>Le terme ambigu de « gravure à plat » est parfois utilisé pour regrouper les techniques, comme la [[lithographie]], la [[sérigraphie]], le [[monotype (estampe)|monotype]], etc., qui n'utilisent pas le relief ou les creux d'une matrice comme principe d'impression. Voir par exemple {{Harvsp|Krejča|1980|pp=139}}.</ref>.


Aujourd'hui, on appelle aussi estampe le tirage obtenu par des techniques de reproduction artistique, comme la [[lithographie]] ou la [[sérigraphie]], qui utilisent des principes différents<ref>Le terme ambigu d'[[impression à plat]] (ou de « gravure à plat ») est parfois utilisé pour regrouper les techniques, comme la [[lithographie]], la [[sérigraphie]], le [[monotype (estampe)|monotype]], etc., qui n'utilisent pas le relief ou les creux d'une matrice comme principe d'impression. Voir par exemple {{Harvsp|Krejča|1980|pp=139}}.</ref>.
L’estampe originale est une œuvre de création obtenue par impression d'une matrice (ou de plusieurs matrices dans le cas d'une impression polychrome) réalisée par l’artiste lui-même, ou sous son contrôle direct.

L’estampe originale est une œuvre de création obtenue par impression d'une matrice (ou de plusieurs matrices dans le cas d'une impression [[Polychromie|polychrome]]) réalisée par l’artiste lui-même, ou sous son contrôle direct.


Elle se distingue de :
Elle se distingue de :
* la copie (fig. 1 et 2), exécutée d'après une autre gravure ;
* la copie (fig. 1 et 2), exécutée d'après une autre gravure ;
* l'adaptation, ou reproduction (fig. 3 et 4), exécutée d'après une œuvre d'art déjà existante<ref>{{Harvsp|Krejča|1980|pp=11}}.</ref> ;
* l'adaptation, ou [[Gravure de reproduction|reproduction]] (fig. 3 et 4), exécutée d'après une œuvre d'art déjà existante<ref>{{Harvsp|Krejča|1980|pp=11}}.</ref> ;
* l'interprétation (fig. 5), exécutée par un graveur d'après documentation (croquis, esquisse ou dessin), sur commande d'un artiste qui ne participe pas directement à l'exécution de l'estampe.
* l'interprétation (fig. 5), exécutée par un graveur d'après documentation (croquis, esquisse ou dessin), sur commande d'un artiste qui ne participe pas directement à l'exécution de l'estampe.

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File:Hiroshige par Goyo.jpeg|<center>'''1. '''Hashiguchi Goyō, ''Pluie du soir à Azumi-no Mori'', 1917-1918, copie d'après Utagawa Hiroshige<ref>Estampe, 190 x {{unité|285|mm}}, collection particulière.</ref>.</center>
File:Hiroshige par Goyo.jpeg|<center>'''1. '''Hashiguchi Goyō, ''Pluie du soir à Azumi-no Mori'', 1917-1918, copie d'après Utagawa Hiroshige<ref>Estampe, 190 x {{unité|285|mm}}, collection particulière.</ref>.</center>
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== Les principaux procédés ==
== Les principaux procédés ==
{{Article détaillé|Techniques de l'estampe}}
On distingue habituellement deux grandes familles d'estampes : les impressions en taille d'épargne et les impressions en [[taille-douce]].
On distingue habituellement deux grandes familles d'estampes : les impressions en [[taille d'épargne]] et les impressions en [[taille-douce]].
Les outils et produits employés varient sensiblement d'une technique à l'autre<ref>Pour une description des outils et des produits employés dans chaque technique, voir l'article [[gravure]] de Wikipédia.</ref>. L'examen attentif d'une estampe permet donc en principe de reconnaitre le procédé utilisé.

Les outils et produits employés varient sensiblement d'une technique à l'autre. L'examen attentif d'une estampe permet donc en principe de reconnaitre le procédé utilisé.


=== L'impression en relief ou taille d'épargne ===
=== L'impression en relief ou taille d'épargne ===
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==== La xylographie ====
==== La xylographie ====
{{Article détaillé|Xylographie}}
{{Article détaillé|Xylographie|Incunable xylographique}}
{{Article détaillé|Incunable xylographique}}


Estampe obtenue par le procédé de la gravure sur bois. C'est la technique la plus ancienne ; elle était pratiquée dès le {{s-|VII|e}} en [[Chine]]. Le [[sūtra du Diamant]], de 868 et conservé à la [[British Library]], est le plus ancien tirage xylographique conservé aujourd'hui.
Estampe obtenue par le procédé de la gravure sur bois. C'est la technique la plus ancienne ; elle était pratiquée dès le {{s-|VII|e}} en [[Chine]]. Le [[sūtra du Diamant]], de 868 et conservé à la [[British Library]], est le plus ancien tirage xylographique conservé aujourd'hui.
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* '''Sur bois de bout'''
* '''Sur bois de bout'''
La [[gravure sur bois de bout]] est réalisée sur une planche de bois découpée dans un tronc d'arbre pris dans le sens transversal, perpendiculairement aux fibres. La technique est dite provenir d'Angleterre et [[Elisha Kirkall]] (1682-1742) fut le premier à graver au burin sur bois de bout<ref>{{Harvsp|Blachon|2001|pp=13}}.</ref>, mais afin de produire des effets de [[manière noire]]. Thomas Bewick<ref>{{Harvsp|Blachon|2001|pp=22-27}}.</ref> (1753-1828) popularisa cette technique (fig. 7).
La [[gravure sur bois de bout]] est réalisée sur une planche de bois découpée dans un tronc d'arbre pris dans le sens transversal, perpendiculairement aux fibres. La technique est dite provenir d'Angleterre et [[Elisha Kirkall]] (1682-1742) fut le premier à graver au burin sur bois de bout<ref>{{Harvsp|Blachon|2001|pp=13}}.</ref>, mais afin de produire des effets de [[manière noire]]. Thomas Bewick<ref>{{Harvsp|Blachon|2001|pp=22-27}}.</ref> (1753-1828) popularisa cette technique (fig. 7).

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File:Saint Christopher 001.jpg|<center>'''6. '''Anonyme, ''Saint Christophe'', dit « Saint Christophe de Buxheim », du nom de la commune bavaroise de la Souabe où cette estampe fut trouvée, 1423, xylographie colorée à la main, John Rylands Library, Manchester.</center>
File:Saint Christopher 001.jpg|<center>'''6. '''Anonyme, ''Saint Christophe'', dit « Saint Christophe de Buxheim », du nom de la commune bavaroise de la Souabe où cette estampe fut trouvée, 1423, xylographie colorée à la main, John Rylands Library, Manchester.</center>
File:Bewick Thomas - Chouette effraie.png|<center>'''7. '''Thomas Bewick, ''Chouette effraie'', 1847, xylographie<ref>Tirée de l'ouvrage : {{ouvrage|langue=ang|prénom1=Thomas|nom1=Bewick|titre=History of British Birds|sous-titre=Vol. 1 containing the history and description of land birds|lieu=Newcastel|année=1826|passage=61}}.</ref>.</center>
File:Bewick Thomas - Chouette effraie.png|<center>'''7. '''Thomas Bewick, ''Chouette effraie'', 1847, xylographie<ref>Tirée de l'ouvrage : {{Ouvrage|langue=ang|prénom1=Thomas|nom1=Bewick|titre=History of British Birds|sous-titre=Vol. 1 containing the history and description of land birds|éditeur=|lieu=Newcastel|année=1826|passage=61}}.</ref>.</center>
File:Monogrammiste D, Le Jugement dernier, estampe, gravure en criblé.jpg|<center>'''8. ''' Monogrammiste D, ''Le Jugement dernier'', gravure en criblé, Bibliothèque nationale France.</center>
File:Monogrammiste D, Le Jugement dernier, estampe, gravure en criblé.jpg|<center>'''8. ''' Monogrammiste D, ''Le Jugement dernier'', gravure en criblé, Bibliothèque nationale France.</center>
File:Linogravure.jpg|<center>'''9. '''Therloïc Brossard, ''Soleil'', 1970, linogravure, 23 x {{unité|30.5|cm}}, collection particulière.</center>
File:Linogravure.jpg|<center>'''9. '''Therloïc Brossard, ''Soleil'', 1970, linogravure, 23 x {{unité|30.5|cm}}, collection particulière.</center>
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==== La linogravure ====
==== La linogravure ====
{{Article détaillé|Linogravure}}
{{Article détaillé|Linogravure}}
Dérivé de la xylographie, la linogravure est une estampe obtenue par gravure du linoléum (fig. 9). Apparu en 1863 en Angleterre, ce matériau est d'abord utilisé pour couvrir les sols ; il est employé pour la gravure en taille d'épargne au début du {{s-|XX|e}}. [[Henri Matisse|Matisse]] et [[Pablo Picasso|Picasso]] ont contribué à donner à cette technique ses lettres de noblesse.
Dérivé de la xylographie, la linogravure est une estampe obtenue par gravure du [[linoléum]] (fig. 9). Apparu en 1863 en Angleterre, ce matériau est d'abord utilisé pour couvrir les sols ; il est employé pour la gravure en taille d'épargne au début du {{s-|XX|e}}. [[Henri Matisse|Matisse]] et [[Pablo Picasso|Picasso]] ont contribué à donner à cette technique ses lettres de noblesse.


=== L'impression en creux ou taille-douce ===
=== L'impression en ===
=== creux ou taille-douce ===
Elle est obtenue à partir de matrices entaillées mécaniquement à l'aide d'outils, ou chimiquement à l'acide. Après encrage, la [[matrice (gravure)|matrice]] est essuyée afin de permettre à l'encre de se déposer dans les creux. Elle doit ensuite être soumise à une très forte pression pour permettre à l'encre de se déposer sur le papier lors de l'impression. L'impression monochrome utilise une seule matrice et donc une seule couleur, le plus souvent noir ou bistre. L'impression polychrome nécessite plusieurs matrices — une par couleur supplémentaire à celle du papier — et l'encrage de chaque couleur tient compte de la superposition lors du ou des passages sous la presse pour former un nombre de teintes bien supérieures au nombre d'encres utilisées (principe de la [[trichromie]]).
Elle est obtenue à partir de matrices entaillées mécaniquement à l'aide d'outils, ou chimiquement à l'acide. Après encrage, la [[matrice (gravure)|matrice]] est essuyée afin de permettre à l'encre de se déposer dans les creux. Elle doit ensuite être soumise à une très forte pression pour permettre à l'encre de se déposer sur le papier lors de l'impression. L'impression monochrome utilise une seule matrice et donc une seule couleur, le plus souvent noir ou bistre. L'impression polychrome nécessite plusieurs matrices — une par couleur supplémentaire à celle du papier — et l'encrage de chaque couleur tient compte de la superposition lors du ou des passages sous la presse pour former un nombre de teintes bien supérieures au nombre d'encres utilisées (principe de la [[trichromie]]).


==== La chalcographie ====
==== La chalcographie ====
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{{Article détaillé|Pointillé}}
{{Article détaillé|Pointillé}}
Le [[pointillé]] (fig. 18) est une technique de taille-douce où les tailles sont remplacées par des points obtenus au burin, à l'eau-forte ou à la roulette. Les plus anciennes estampes au pointillé sont d'origine hollandaise et datent du début du {{s-|XVII}}. À la fin du {{s-|XVIII}}, Bartolozzi mit le pointillé à la mode, particulièrement en Angleterre.
Le [[pointillé]] (fig. 18) est une technique de taille-douce où les tailles sont remplacées par des points obtenus au burin, à l'eau-forte ou à la roulette. Les plus anciennes estampes au pointillé sont d'origine hollandaise et datent du début du {{s-|XVII}}. À la fin du {{s-|XVIII}}, Bartolozzi mit le pointillé à la mode, particulièrement en Angleterre.

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Fichier:Duerer - Ritter, Tod und Teufel (Der Reuther).jpg|<center>'''10. '''[[Albrecht Dürer]], ''[[Le Chevalier, la Mort et le Diable]]'', 1513, burin<ref>{{Harvsp|Strauss|1973|pp=150-151}}.</ref>.</center>
Fichier:Duerer - Ritter, Tod und Teufel (Der Reuther).jpg|<center>'''10. '''[[Albrecht Dürer]], ''[[Le Chevalier, la Mort et le Diable]]'', 1513, burin<ref>{{Harvsp|Strauss|1973|pp=150-151}}.</ref>.</center>
Fichier:Durer, san girolamo vicino a un salice.jpg|<center>'''11. '''[[Albrecht Dürer]], ''Saint Jérôme'', 1512, pointe sèche<ref>{{Harvsp|Melot|1978|pp=120-121}}.</ref>.</center>
Fichier:Albrecht Dürer, Saint Jerome by the Pollard Willow, 1512, NGA 6633.jpg|<center>'''11. '''[[Albrecht Dürer]], ''Saint Jérôme'', 1512, pointe sèche<ref>{{Harvsp|Melot|1978|pp=120-121}}.</ref>.</center>
Fichier:Self-Portrait (Raffaëlli, son portrait par lui-même) MET DP834431.jpg|<center>'''12.''' [[Jean-François Raffaëlli]], ''Autoportrait'', 1893, pointe sèche en quatre couleurs<ref>[https://www.metmuseum.org/art/collection/search/633448 « Self-Portrait (Raffaëlli, son portrait par lui-même) »], notice sur ''metmuseum.org''.</ref>.</center>
Fichier:Self-Portrait (Raffaëlli, son portrait par lui-même) MET DP834431.jpg|<center>'''12.''' [[Jean-François Raffaëlli]], ''Autoportrait'', 1893, pointe sèche en quatre couleurs<ref>[https://www.metmuseum.org/art/collection/search/633448 « Self-Portrait (Raffaëlli, son portrait par lui-même) »], notice sur ''metmuseum.org''.</ref>.</center>
Fichier:Jongkind Spoorweghaven Honfleur.jpg|<center>'''13. '''[[Johan Barthold Jongkind]], ''Vue du port au chemin de fer à Honfleur'', 1867, eau-forte<ref>{{Harvsp|Melot|1978|pp=285}}.</ref>.</center>
Fichier:Jongkind Spoorweghaven Honfleur.jpg|<center>'''13. '''[[Johan Barthold Jongkind]], ''Vue du port au chemin de fer à Honfleur'', 1867, eau-forte<ref>{{Harvsp|Melot|1978|pp=285}}.</ref>.</center>
Fichier:Daubigny. Landscape.jpg|<center>'''14. '''[[Charles-François Daubigny]], ''Le Satyre'', 1848, vernis mou<ref>{{Harvsp|Melot|1978|pp=276}}.</ref>. </center>
Fichier:Daubigny. Landscape.jpg|<center>'''14. '''[[Charles-François Daubigny]], ''Le Satyre'', 1848, vernis mou<ref>{{Harvsp|Melot|1978|pp=276}}.</ref>. </center>
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Fichier:Flight into egypt by BARTOLOZZI, FRANCESCO - GMII.jpg|<center>18. [[Francesco Bartolozzi]], ''Fuite en Égypte'', 1790, estampe, gravure en [[pointillé]], 41 х 46,6 cm, Musée des beaux-arts Pouchkine, inv. Г–32881.</center>
Fichier:Flight into egypt by BARTOLOZZI, FRANCESCO - GMII.jpg|<center>18. [[Francesco Bartolozzi]], ''Fuite en Égypte'', 1790, estampe, gravure en [[pointillé]], 41 х 46,6 cm, Musée des beaux-arts Pouchkine, inv. Г–32881.</center>
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=== Impression en couleur===

* La gravure mono-matrice, l'encrage des couleurs se fait directement par zones sur une seule plaque gravée (bois ou métal) en utilisant une poupée, un pochoir peut être utilisé pour délimiter les zones.
* [[Fichier:Jeune fille et enfant de Rosporden.jpg|vignette|294x294px|[[Émile Dezaunay]], eau-forte et aquatinte, points de repérage dans les marges gauche et droite.]]La gravure poly-matrice, utilisation plusieurs matrices (généralement 2 à 4 ) gravées en fonction des zones de couleurs prévues et les différentes plaques sont encrées de la couleur définie. Au tirage, le repérage précis est nécessaire pour la bonne superpositions sur le papier et donner le résultat, une estampe en couleur.
* Le mixte des deux méthodes, pour limiter le nombre de matrice (2 par exemple), l'encrage à la poupée peut être utilisé sur une partie d'une matrice.


== Marques et inscriptions ==
== Marques et inscriptions ==
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{| align=right
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| <center>{{cadre d'Image |1=right |2=[[file:Monogrammes de Corneille Metsys.png]]
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|largeurbordure=1px |couleur=#CCCCCC
|largeurbordure=1px |couleur=#CCCCCC
|titre=|fondtitre=white| fond=white}}</center>
|titre=|fondtitre=white| fond=white}}
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| <center>{{Grossir|'''16. '''Monogrammes de Corneille Metsys, <br />tirés de l'ouvrage de {{Harvsp|Le Blanc|1856|pp=625}}.|facteur=0.9}}</center>
| align="center" | {{Grossir|'''16. '''Monogrammes de Corneille Metsys, <br />tirés de l'ouvrage de {{Harvsp|Le Blanc|1856|pp=625}}.|facteur=0.9}}
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* ''pinx.'' pour ''pinxit'' : peignit ;
* ''pinx.'' pour ''pinxit'' : peignit ;
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La date n'est pas systématiquement signalée : parfois elle l'est directement dans la matrice. En cas de retirage, on indique en principe la nouvelle date mais cette fois dans la lettre, en bas de l'image. On peut parler de premier tirage, de tirage original quand on en est certain : il y a de nombreux abus à ce sujet.
La date n'est pas systématiquement signalée : parfois elle l'est directement dans la matrice. En cas de retirage, on indique en principe la nouvelle date mais cette fois dans la lettre, en bas de l'image. On peut parler de premier tirage, de tirage original quand on en est certain : il y a de nombreux abus à ce sujet.


Depuis la fin du {{s-|XIX|e}}, ces indications gravées ont généralement été remplacées par des mentions manuscrites au crayon dans la marge inférieure de l'estampe, au bord de la cuvette<ref>Terme de métier désignant le léger creux laissé sur l'estampe par la presse.</ref>. À droite, on trouve habituellement la signature de l'artiste et la date d'impression. À gauche peut figurer une fraction qui indique le numéro d'ordre du tirage sur le nombre total d'exemplaires. On trouve parfois aussi la mention « E.A. » réservée aux tirages préliminaires appelés « épreuves d'artiste ». Le titre de l'œuvre peut par ailleurs apparaitre au centre, entre la fraction et la signature.
Depuis la fin du {{s-|XIX|e}}, ces indications gravées ont généralement été remplacées par des mentions manuscrites au crayon dans la marge inférieure de l'estampe, au bord de la cuvette<ref>Terme de métier désignant le léger creux laissé sur l'estampe par la presse.</ref>. À droite, on trouve habituellement la signature de l'artiste et la date d'impression. À gauche peut figurer une fraction qui indique le numéro d'ordre du tirage sur le nombre total d'exemplaires. On trouve parfois aussi la mention « E.A. » réservée aux tirages préliminaires appelés « [[Épreuve d'artiste|épreuves d'artiste]] ». Le titre de l'œuvre peut par ailleurs apparaître au centre, entre la fraction et la signature.


De nos jours, un code international désignant la ou les techniques employées peut être utilisé après la mention du titre de l'estampe :
De nos jours, un code international désignant la ou les techniques employées peut être utilisé après la mention du titre de l'estampe :
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* C6 - Vernis mou et techniques apparentées
* C6 - Vernis mou et techniques apparentées
* C7 - Manière noire
* C7 - Manière noire
Les techniques mixtes peuvent être indiquées en tant que symboles séparés par des signes plus, par exemple : C2 + C3 + C5 = burin, eau-forte et aquatinte<ref>{{article|langue=ang|auteur=Maryana Myroshnychenko|titre=Jewelry mystery in etching|périodique=TopPrintmaking|date=September 6, 2018|url= https://topprintmaking.com/etching-process-printmaking-by-maryana-myroshnychenko}}.</ref>.
Les techniques mixtes peuvent être indiquées en tant que symboles séparés par des signes plus, par exemple : C2 + C3 + C5 = burin, eau-forte et aquatinte<ref>{{article|langue=en|auteur=Maryana Myroshnychenko|titre=Jewelry mystery in etching|périodique=TopPrintmaking|date=06-09-2018|url=https://topprintmaking.com/etching-process-printmaking-by-maryana-myroshnychenko}}.</ref>.

== Amateurs et collectionneurs ==
Durant le [[Second Empire]], dans la France de [[Honoré de Balzac|Balzac]], émerge un nouveau type de collectionneur. La fondation de la [[Société des aquafortistes]] en 1862 correspond au renouveau de l’intérêt porté par ces amateurs à l’estampe originale, plus accessible que la peinture à des revenus modestes.

Tout en continuant à observer les mœurs et caractères de son temps dans ses [[Caricature|caricatures]], [[Honoré Daumier]] abandonne la verve satirique pour donner à ses personnages d'amateurs et collectionneurs une expression plus universelle<ref>{{Lien web |titre=L'Amateur d'estampes |url=https://www.petitpalais.paris.fr/oeuvre/l-amateur-d-estampes |site=petitpalais.paris.fr|consulté le=13 Juillet 2021}}.</ref>.

<gallery style="text-align:center" mode="packed" heights="170px" caption="Les Amateurs par Daumier">
Honoré Daumier - En dehors de la boutique du marchand d'estampes.jpg|<center>''À l'extérieur de la boutique du marchand d'estampes'', 1860-1863<br>[[Musée d'Art de Dallas]].</center>
Honoré Daumier - L'amateur d'estampes (Petit Palais).jpg|<center>''L’Amateur d’estampes'', vers 1860<br>[[Petit Palais]], [[Paris]]</center>
Honoré Daumier (1808-1879) - The Print Collector - 35.210 - Burrell Collection.jpg|<center>''Le Collectionneur d'estampe'', 1860–1863<br>[[Collection Burrell]], [[Glasgow]].</center>
I collezionisti di Stampe Daumier.jpg|<center>''Les collectionneurs d'estampes'', 1860-63<br>[[Clark Art Institute]], [[Williamstown (Massachusetts)|Williamstown]].</center>
Bemberg Fondation Toulouse - Les collectionneurs d'estampes - Honoré Daumier Inv.2197.jpg|<center>''Les Collectionneurs d'estampes''<br>[[Toulouse]], [[Fondation Bemberg]].</center>
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{références}}
{{Références}}


== Annexes ==
== Annexes ==
{{Autres projets
|wiktionary=estampe
|wiktionary thésaurus=estampe/français}}

=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{ouvrage|langue=fr |prénom1=Jean E.|nom1=Bersier |titre=La gravure|sous-titre=Les procédés, l'histoire|titre chapitre= |éditeur=Berger-Levrault|lieu=Paris |pages=436 |année=1963 |isbn=2-7013-0013-4 | url=| passage=}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean E.|nom1=Bersier|lien auteur1=Jean-Eugène Bersier|titre=La gravure|sous-titre=Les procédés, l'histoire|éditeur=Berger-Levrault|lieu=Paris|année=1963|pages totales=435|pages=436|isbn=2-7013-0013-4}}.
* {{ouvrage|langue=fr |prénom1=Remi|nom1=Blachon |titre=La gravure sur bois au {{s-|XIX|e}}|sous-titre=L'âge du bois debout|titre chapitre= |éditeur=Les Éditions de l'Amateur|lieu=Paris |pages=288 |année=2001 |isbn=2-85917-332-3 | url=| passage=}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Remi|nom1=Blachon|titre=La gravure sur bois au {{s-|XIX|e}}|sous-titre=L'âge du bois debout|éditeur=Les Éditions de l'Amateur|lieu=Paris|année=2001|pages totales=286|pages=288|isbn=2-85917-332-3}}.
* {{ouvrage|langue=fr |prénom1=Aleš|nom1=Krejča|titre=Les techniques de la gravure|sous-titre=Guide des techniques et de l'histoire de la gravure d'art originale|titre chapitre= |éditeur=Gründ|lieu=Paris |pages=200 |année=1980|isbn=2-7000-2125-8| url=| passage=}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=cs|prénom1=Aleš|nom1=Krejča|titre=Les techniques de la gravure|sous-titre=Guide des techniques et de l'histoire de la gravure d'art originale|éditeur=Gründ|lieu=Paris|année=1980|pages totales=240|pages=200|isbn=2-7000-2125-8}}.
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* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Charles|nom1=Le Blanc|titre=Manuel de l'amateur d'estampes|tome=2|éditeur=P. Jannet|lieu=Paris|année=1856|passage=625}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Michel Melot |titre=L'œuvre gravé de Boudin, Corot, Daubigny, Dupré, Jongkind, Millet, Théodore Rousseau|éditeur=Art et Métiers du Livre Éditions |collection= |lieu=Paris |année=1978 |volume= |tome= |pages totales=296 |passage= |isbn=2-7004-0032-1 |lire en ligne=}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Michel Melot|lien auteur1=Michel Melot|titre=L'œuvre gravé de Boudin, Corot, Daubigny, Dupré, Jongkind, Millet, Théodore Rousseau |éditeur=Art et Métiers du Livre Éditions|lieu=Paris|année=1978|pages totales=296|isbn=2-7004-0032-1}}.
* {{ouvrage|langue=fr |prénom1=Jean-Pierre|nom1=Néraudau|titre=Dictionnaire d'histoire de l'art|sous-titre=|titre chapitre= |éditeur=PUF|lieu=Paris |pages=524 |année=1985 |isbn=2-13-038584-2 | url=| passage=}}.
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* {{ouvrage|langue=ang |prénom1=Walter L.|nom1=Strauss|responsabilité1=ed.|titre=The complete engravings, etchings & drypoints of Albrecht Dürer|sous-titre=|titre chapitre= |éditeur=Dover Publications|lieu=New York |pages=236 |année=1973 |isbn=0-486-22851-7| url=| passage=}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Walter L.|nom1=Strauss|responsabilité1=ed.|titre=The complete engravings, etchings & drypoints of Albrecht Dürer|éditeur=Dover Publications|lieu=New York|année=1973|pages totales=235|pages=236|isbn=0-486-22851-7}}.
* {{ouvrage|langue=fr |prénom1=Séverine|nom1=Lepape|responsabilité1=|titre=Les origines de l'estampe en Europe du Nord 1400-1470|sous-titre=|titre chapitre= |éditeur=Musée du Louvre|lieu=Paris|pages=192|année=2013 |isbn=978-2-84742-279-5| url=| passage=}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Séverine|nom1=Lepape|lien auteur1=Séverine Lepape|titre=Les origines de l'estampe en Europe du Nord 1400-1470|éditeur=Musée du Louvre|lieu=Paris|année=2013|pages=192|isbn=978-2-84742-279-5}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Antony|nom1=Griffiths|lien auteur1=Antony Griffiths|titre=The Print Before Photography: An introduction to European Printmaking 1550-1820 |année=2016 |éditeur=British Museum Press|isbn=978-0714126951}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Antony|nom1=Griffiths|lien auteur1=Antony Griffiths|titre=The Print Before Photography|sous-titre=An Introduction to European Printmaking 1550-1820|éditeur=British Museum Press|lieu=Londres|année=2016|pages totales=560|isbn=978-0-7141-2695-1}}.
* Jörge de Sousa Noronha, ''L'estampe, objet rare.'' Alternatives, 2002 {{ISBN|2 86227 335 X}}.


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L'estampe est le résultat de l'impression d'une gravure[1] ou d'une autre technique de l'estampe qui n'inclut pas un procédé d'incision ou de morsure.

Définitions[modifier | modifier le code]

Le mot « estampe » déjà utilisé en ancien français sous les formes « estampe, estanpe, stampe »[2] vient de l'italien stampa (impression, tirage, presse, estampe) dont l'étymologie d'origine germanique dérive de stampjan ou du francique stampôn (« écraser, frapper ») qui a donné stampfen en allemand (« frapper du pied »)[3].

Nicolas Poussin, en 1647, utilise déjà le mot au sens actuel d'image imprimée au moyen d'une planche gravée[4].

L'estampe désigne, au sens strict, le résultat de l'impression d'une gravure[1] ; la gravure étant l'ensemble des techniques qui utilisent le creux ou l’incision pour produire une série[5] d'images ou de textes. Le principe consiste à inciser (on parle de taille d'épargne) ou à creuser (taille-douce), à l'aide d'un outil ou d'un mordant, une matrice, généralement en bois ou en métal, qui après encrage, est imprimée sur du papier ou sur un autre support.

Aujourd'hui, on appelle aussi estampe le tirage obtenu par des techniques de reproduction artistique, comme la lithographie ou la sérigraphie, qui utilisent des principes différents[6].

L’estampe originale est une œuvre de création obtenue par impression d'une matrice (ou de plusieurs matrices dans le cas d'une impression polychrome) réalisée par l’artiste lui-même, ou sous son contrôle direct.

Elle se distingue de :

  • la copie (fig. 1 et 2), exécutée d'après une autre gravure ;
  • l'adaptation, ou reproduction (fig. 3 et 4), exécutée d'après une œuvre d'art déjà existante[7] ;
  • l'interprétation (fig. 5), exécutée par un graveur d'après documentation (croquis, esquisse ou dessin), sur commande d'un artiste qui ne participe pas directement à l'exécution de l'estampe.

Les principaux procédés[modifier | modifier le code]

On distingue habituellement deux grandes familles d'estampes : les impressions en taille d'épargne et les impressions en taille-douce.

Les outils et produits employés varient sensiblement d'une technique à l'autre. L'examen attentif d'une estampe permet donc en principe de reconnaitre le procédé utilisé.

L'impression en relief ou taille d'épargne[modifier | modifier le code]

Elle est obtenue à partir de matrices en relief pour lesquelles les parties non imprimantes sont éliminées mécaniquement ou chimiquement. C'est la partie saillante de la planche gravée qui est encrée. Le contact avec une forte pression sur du papier, ou un autre support, produit l'estampe. Les principales techniques utilisées sont la xylographie, la gravure en criblé sur métal et la linographie.

La xylographie[modifier | modifier le code]

Estampe obtenue par le procédé de la gravure sur bois. C'est la technique la plus ancienne ; elle était pratiquée dès le VIIe siècle en Chine. Le sūtra du Diamant, de 868 et conservé à la British Library, est le plus ancien tirage xylographique conservé aujourd'hui.

En Europe, l'estampe datée la plus ancienne est conservée à la John Rylands Library de Manchester. Il s'agit d'une xylographie anonyme coloriée à la main datée de 1423 représentant saint Christophe (fig. 6).

  • Sur bois de fil

La gravure sur bois de fil est réalisée sur une planche de bois découpée dans un tronc d'arbre pris dans le sens longitudinal, celui des fibres.

  • Sur bois de bout

La gravure sur bois de bout est réalisée sur une planche de bois découpée dans un tronc d'arbre pris dans le sens transversal, perpendiculairement aux fibres. La technique est dite provenir d'Angleterre et Elisha Kirkall (1682-1742) fut le premier à graver au burin sur bois de bout[10], mais afin de produire des effets de manière noire. Thomas Bewick[11] (1753-1828) popularisa cette technique (fig. 7).

Le criblé[modifier | modifier le code]

La gravure en criblé se caractérise par l'utilisation d'une plaque métallique gravée en épargne dans laquelle les aplats sont incisés de points ou de motifs (fig. 8). Cette technique était populaire en Europe du Nord dans la deuxième moitié du XVe siècle[13].

La linogravure[modifier | modifier le code]

Dérivé de la xylographie, la linogravure est une estampe obtenue par gravure du linoléum (fig. 9). Apparu en 1863 en Angleterre, ce matériau est d'abord utilisé pour couvrir les sols ; il est employé pour la gravure en taille d'épargne au début du XXe siècle. Matisse et Picasso ont contribué à donner à cette technique ses lettres de noblesse.

L'impression en[modifier | modifier le code]

creux ou taille-douce[modifier | modifier le code]

Elle est obtenue à partir de matrices entaillées mécaniquement à l'aide d'outils, ou chimiquement à l'acide. Après encrage, la matrice est essuyée afin de permettre à l'encre de se déposer dans les creux. Elle doit ensuite être soumise à une très forte pression pour permettre à l'encre de se déposer sur le papier lors de l'impression. L'impression monochrome utilise une seule matrice et donc une seule couleur, le plus souvent noir ou bistre. L'impression polychrome nécessite plusieurs matrices — une par couleur supplémentaire à celle du papier — et l'encrage de chaque couleur tient compte de la superposition lors du ou des passages sous la presse pour former un nombre de teintes bien supérieures au nombre d'encres utilisées (principe de la trichromie).

La chalcographie[modifier | modifier le code]

Estampe obtenue par le procédé de la gravure sur cuivre. Les principales techniques utilisées sont le burin, la pointe-sèche, l'eau-forte et la manière noire.

  • Le burin

Le burin est la technique de gravure linéaire la plus ancienne (fig. 10). Le déplacement du burin sur la plaque métallique provoque une entaille avec soulèvement d'un copeau spiralé. Le modelé est obtenu par une série de tailles parallèles.

  • La pointe sèche

La pointe sèche en monochrome (fig. 11) ou en polychrome (fig.12) est un procédé de gravure linéaire ; l'outil utilisé est une aiguille d'acier très dure ou encore, de nos jours, une pointe carbure ou une pointe diamant. Le trait obtenu à l'impression est plus fin qu'au burin.

  • L'eau-forte

L’eau-forte (fig. 13) est un procédé de taille indirecte par morsure du métal par un acide. Le vernis qui recouvre la plaque métallique est dégagé afin de permettre à l'acide d'agir. On compte de nombreux procédés dérivés comme le vernis mou (fig. 14), l'aquatinte (fig. 15) et la manière de crayon (fig. 16).

  • La manière noire

La manière noire (fig. 17) est un procédé d'impression qui permet d'obtenir des valeurs de gris sans recourir aux hachures ou aux pointillés. La plaque grainée uniformément est grattée ou polie de façon à éclaircir progressivement les zones que l'on souhaite voir émerger du fond noir.

  • Le pointillé

Le pointillé (fig. 18) est une technique de taille-douce où les tailles sont remplacées par des points obtenus au burin, à l'eau-forte ou à la roulette. Les plus anciennes estampes au pointillé sont d'origine hollandaise et datent du début du XVIIe siècle. À la fin du XVIIIe siècle, Bartolozzi mit le pointillé à la mode, particulièrement en Angleterre.

Impression en couleur[modifier | modifier le code]

  • La gravure mono-matrice, l'encrage des couleurs se fait directement par zones sur une seule plaque gravée (bois ou métal) en utilisant une poupée, un pochoir peut être utilisé pour délimiter les zones.
  • Émile Dezaunay, eau-forte et aquatinte, points de repérage dans les marges gauche et droite.
    La gravure poly-matrice, utilisation plusieurs matrices (généralement 2 à 4 ) gravées en fonction des zones de couleurs prévues et les différentes plaques sont encrées de la couleur définie. Au tirage, le repérage précis est nécessaire pour la bonne superpositions sur le papier et donner le résultat, une estampe en couleur.
  • Le mixte des deux méthodes, pour limiter le nombre de matrice (2 par exemple), l'encrage à la poupée peut être utilisé sur une partie d'une matrice.

Marques et inscriptions[modifier | modifier le code]

En termes de métier, la légende, qui peut figurer dans une estampe, porte le nom de « lettre »[22]. Celle-ci peut indiquer, le nom ou le monogramme du graveur (fig. 16), le nom de l'éditeur, le titre de l'œuvre, la date de sa réalisation, etc. L'imprimeur pratique généralement un tirage « avant la lettre » afin de caller sa presse, de régler le niveau de l'encre, etc. De fait, l'apposition de la lettre ne préjugeait pas de la qualité de l'estampe obtenue.

C'est vers le milieu du XVe siècle en Europe que l'on commence à utiliser des abréviations latines pour préciser sur la matrice à l'origine de l'estampe les fonctions ès qualités des différents intervenants possibles, lesquelles peuvent se cumuler pour une seule et même personne :

16. Monogrammes de Corneille Metsys,
tirés de l'ouvrage de Le Blanc 1856, p. 625.
  • pinx. pour pinxit : peignit ;
  • del., delin. pour delineavit : dessina ;
  • comp. pour composuit : composa ;
  • inv., invent. pour invenit : inventa le motif ;
  • sc., sculp. pour sculpsit : tailla ;
  • f., fe., fec. pour fecit : fabriqua ;
  • direx., pour direxit : dirigea ;
  • imp. pour impressit : imprima ;
  • e., exc., excude. : pour excudebat, excudit : façonna, édita ;
  • inc. : pour incidit : incisa ;
  • ca. : pour caelavit : cisela, burina ;
  • imitando : imité du (du lavis, du crayon, etc.).

Les mentions sculp, fecit, inc. et caelavit renvoient à la fonction de graveur et aux techniques qu'il convoque.

Ainsi, en bas de l'estampe intitulée Patience (fig. 5) figure à gauche la mention « H. Cock excude. 1557 » (Hieronymus Cock édita 1557), à droite le monogramme du graveur Pieter van der Heyden suivi de la notation « Brueghel invent. » (Brueghel inventa) : le patronyme, parfois longtemps latinisé et même abrégé, précède toujours la qualité. On peut voir aussi ajouter un toponyme, en latin.

La date n'est pas systématiquement signalée : parfois elle l'est directement dans la matrice. En cas de retirage, on indique en principe la nouvelle date mais cette fois dans la lettre, en bas de l'image. On peut parler de premier tirage, de tirage original quand on en est certain : il y a de nombreux abus à ce sujet.

Depuis la fin du XIXe siècle, ces indications gravées ont généralement été remplacées par des mentions manuscrites au crayon dans la marge inférieure de l'estampe, au bord de la cuvette[23]. À droite, on trouve habituellement la signature de l'artiste et la date d'impression. À gauche peut figurer une fraction qui indique le numéro d'ordre du tirage sur le nombre total d'exemplaires. On trouve parfois aussi la mention « E.A. » réservée aux tirages préliminaires appelés « épreuves d'artiste ». Le titre de l'œuvre peut par ailleurs apparaître au centre, entre la fraction et la signature.

De nos jours, un code international désignant la ou les techniques employées peut être utilisé après la mention du titre de l'estampe :

  • C1 - Gravure sur acier
  • C2 - Burin
  • C3 - Eau-forte
  • C4 - Pointe sèche
  • C5 - Aquatinte
  • C6 - Vernis mou et techniques apparentées
  • C7 - Manière noire

Les techniques mixtes peuvent être indiquées en tant que symboles séparés par des signes plus, par exemple : C2 + C3 + C5 = burin, eau-forte et aquatinte[24].

Amateurs et collectionneurs[modifier | modifier le code]

Durant le Second Empire, dans la France de Balzac, émerge un nouveau type de collectionneur. La fondation de la Société des aquafortistes en 1862 correspond au renouveau de l’intérêt porté par ces amateurs à l’estampe originale, plus accessible que la peinture à des revenus modestes.

Tout en continuant à observer les mœurs et caractères de son temps dans ses caricatures, Honoré Daumier abandonne la verve satirique pour donner à ses personnages d'amateurs et collectionneurs une expression plus universelle[25].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b C'est la définition classique de la gravure, donnée dans de nombreux ouvrages de référence comme le Littré. Voir également Bersier 1963, p. 19 et Néraudau 1985, p. 201-202.
  2. Frédéric Godefroy, Jean Bonnard et Amédée Salmon, Lexique de l'ancien français : publié par les soins de MM. J. Bonnard Am. Salmon, Paris et Leipzig, H. Welter, , 556 p. (lire en ligne).
  3. DMF : Dictionnaire du moyen français, version 2012. ATILF CNRS - Université de Lorraine.
  4. Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, t. 2, Paris, Hachette, , p. 1502.
  5. L'estampe est par excellence l'art du multiple. Le monotype sort du domaine de la gravure pour rentrer dans celui des procédés picturaux, mais demeure dans celui de l'estampe : Krejča 1980, p. 192.
  6. Le terme ambigu d'impression à plat (ou de « gravure à plat ») est parfois utilisé pour regrouper les techniques, comme la lithographie, la sérigraphie, le monotype, etc., qui n'utilisent pas le relief ou les creux d'une matrice comme principe d'impression. Voir par exemple Krejča 1980, p. 139.
  7. Krejča 1980, p. 11.
  8. Estampe, 190 x 285 mm, collection particulière.
  9. Estampe, 222 × 351 mm. Exemplaire au Brooklyn Museum, New York, inv. 41.604.
  10. Blachon 2001, p. 13.
  11. Blachon 2001, p. 22-27.
  12. Tirée de l'ouvrage : (ang) Thomas Bewick, History of British Birds : Vol. 1 containing the history and description of land birds, Newcastel, , p. 61.
  13. Lepape 2013, p. 37
  14. Strauss 1973, p. 150-151.
  15. Melot 1978, p. 120-121.
  16. « Self-Portrait (Raffaëlli, son portrait par lui-même) », notice sur metmuseum.org.
  17. Melot 1978, p. 285.
  18. Melot 1978, p. 276.
  19. Estampe no 10 de la série des Proverbes. Voir Krejča 1980, p. 113.
  20. Estampe d'après François Boucher, 270 x 370 mm, Université de Liège, inv. 8759.
  21. Portrait de Harriet, Lady Cunliffe, en Sophia Western dans le Tom Jones de Henry Fielding. Estampe de reproduction d'après un portrait à l'huile de Lady Cunliffe par John Hoppner, 255 x 214 mm, The British Museum, Londres, inv. 1888,0716.358.
  22. Bersier 1963, p. 72.
  23. Terme de métier désignant le léger creux laissé sur l'estampe par la presse.
  24. (en) Maryana Myroshnychenko, « Jewelry mystery in etching », TopPrintmaking,‎ (lire en ligne).
  25. « L'Amateur d'estampes », sur petitpalais.paris.fr (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean E. Bersier, La gravure : Les procédés, l'histoire, Paris, Berger-Levrault, , 435 p. (ISBN 2-7013-0013-4).
  • Remi Blachon, La gravure sur bois au XIXe siècle : L'âge du bois debout, Paris, Les Éditions de l'Amateur, , 286 p. (ISBN 2-85917-332-3).
  • Aleš Krejča (trad. du tchèque), Les techniques de la gravure : Guide des techniques et de l'histoire de la gravure d'art originale, Paris, Gründ, , 240 p. (ISBN 2-7000-2125-8).
  • Charles Le Blanc, Manuel de l'amateur d'estampes, t. 2, Paris, P. Jannet, , p. 625.
  • Michel Melot, L'œuvre gravé de Boudin, Corot, Daubigny, Dupré, Jongkind, Millet, Théodore Rousseau, Paris, Art et Métiers du Livre Éditions, , 296 p. (ISBN 2-7004-0032-1).
  • Jean-Pierre Néraudau, Dictionnaire d'histoire de l'art, Paris, PUF, , 521 p. (ISBN 2-13-038584-2).
  • (en) Walter L. Strauss (ed.), The complete engravings, etchings & drypoints of Albrecht Dürer, New York, Dover Publications, , 235 p. (ISBN 0-486-22851-7).
  • Séverine Lepape, Les origines de l'estampe en Europe du Nord 1400-1470, Paris, Musée du Louvre, , 192 p. (ISBN 978-2-84742-279-5).
  • (en) Antony Griffiths, The Print Before Photography : An Introduction to European Printmaking 1550-1820, Londres, British Museum Press, , 560 p. (ISBN 978-0-7141-2695-1).
  • Jörge de Sousa Noronha, L'estampe, objet rare. Alternatives, 2002 (ISBN 2 86227 335 X).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Voir également :

Liens externes[modifier | modifier le code]