« Seconde Guerre mondiale » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Guerre mondiale}}
{{Voir homonymes|Guerre mondiale}}
{{Autre|la revue mensuelle française consacrée à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale|39-45 (magazine)}}
{{Autre|la revue mensuelle française consacrée à l'histoire de la Seconde Guerre mondiale|39-45 (magazine)}}
{{Infobox Conflit militaire
{{Infobox Conflit militaire
| image = WW2Montage.PNG
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| issue = Victoire des [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] :
| issue = Victoire des [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] :
* Chute du [[Troisième Reich]] et occupation alliée de l'[[occupation de l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale|Allemagne]] et de l'[[occupation de l'Autriche après la Seconde Guerre mondiale|Autriche]].
* Chute du [[Troisième Reich]] et occupation alliée de l'[[occupation de l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale|Allemagne]] et de l'[[occupation de l'Autriche après la Seconde Guerre mondiale|Autriche]].
* Chute de l'[[empire du Japon]] et [[occupation du Japon|occupation du pays par les États-Unis]].
* Reddition de l'[[empire du Japon]] et [[occupation du Japon|occupation du pays par les États-Unis]].
* Fin de l'[[empire colonial italien]] et accélération de la [[décolonisation]] dans les empires [[Empire britannique|britannique]] et [[Second empire colonial français|français]].
* Fin de l'[[empire colonial italien]] et accélération de la [[décolonisation]] dans les empires [[Empire britannique|britannique]] et [[Second empire colonial français|français]].
* Dissolution de la [[Société des Nations]] et création de l'[[Organisation des Nations unies]].
* Dissolution de la [[Société des Nations]] et création de l'[[Organisation des Nations unies]].
* Émergence des [[États-Unis]] et de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] comme [[superpuissance]]s ; [[bipolarisation]], menant vers le début de la [[Guerre froide]] <small>([[#Conséquences historiques|voir plus…]])</small>.
* Émergence des [[États-Unis]] et de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] comme [[superpuissance]]s ; [[bipolarisation]], menant vers le début de la [[Guerre froide]] <small>([[#Conséquences historiques|voir plus…]])</small>.
| casus = Invasion de la Pologne [[Campagne de Pologne (1939)|par l'Allemagne]] et [[Invasion soviétique de la Pologne|l'URSS]].
| casus = [[Incident du pont Marco-Polo]] en [[Asie]], Invasion de la Pologne [[Campagne de Pologne (1939)|par l'Allemagne]] en [[Europe]].
| type = [[Guerre mondiale]]
| type = [[Guerre mondiale]]
| combattants1 = <center>'''[[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]]'''</center>
| combattants1 = <center>'''[[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]]'''</center>
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{{Liste simple|
* [[File:Flag of the Soviet Union (1924–1955, 3-2).svg|border|20px]] '''[[URSS]]''' <small>(1941-1945)</small>
* [[File:Flag of the Soviet Union (1936–1955, 3-2).svg|border|20px]] '''[[URSS]]''' <small>(1941-1945)</small>
* [[File:Flag of the United States (1912-1959, 3-2 aspect ratio).svg|border|20px]] '''[[États-Unis]]''' <small>(1941-1945)</small>
* [[File:Flag of the United States (1912-1959, 3-2 aspect ratio).svg|border|20px]] '''[[États-Unis]]''' <small>(1941-1945)</small>
* [[File:Flag of the United Kingdom (2-3).svg|border|20px]] '''[[Royaume-Uni]]'''
* [[File:Flag of the United Kingdom (2-3).svg|border|20px]] '''[[Royaume-Uni]]'''
* {{drapeau|République de Chine}} '''[[République de Chine (1912-1949)|Chine]]'''
* {{drapeau|République de Chine}} '''[[République de Chine (1912-1949)|Chine]]'''
* {{drapeau|France (1794–1815, 1830–1958)}} '''[[Troisième République (France)|France]]'''<ref>La France est, de 1939 à 1940, sous le régime de la [[Troisième République (France)|Troisième République française]]. À partir de 1940 et jusqu'en 1943, la [[France libre]] {{incise|soutenue par la [[résistance intérieure française]]}} combat aux côtés des Alliés, de même qu'en 1943 l'[[Armée d'Afrique (France)|Armée d'Afrique]] sous les ordres du [[Commandement en chef français civil et militaire]] d'[[Alger]]. Le [[Régime de Vichy|gouvernement de Vichy]] collabore activement avec l'Allemagne, en mettant à disposition des bases militaires et en résistant aux offensives alliées outre-mer, en Syrie et en Afrique du Nord. Les forces françaises fusionnent en 1943 pour former le [[Comité français de libération nationale|Comité français de la Libération nationale]], auquel succède l'année suivante le [[Gouvernement provisoire de la République française]] qui réussit à obtenir la reconnaissance internationale.</ref>
* {{drapeau|France (1794–1815, 1830–1958)}} '''[[Troisième République (France)|France]]'''<ref>La France est, de 1939 à 1940, sous le régime de la [[Troisième République (France)|Troisième République française]]. À partir de 1940 et jusqu'en 1943, la [[France libre]] {{incise|soutenue par la [[résistance intérieure française]]}} combat aux côtés des Alliés, de même qu'en 1943 l'[[Armée d'Afrique (France)|Armée d'Afrique]] sous les ordres du [[Commandement en chef français civil et militaire]] d'[[Alger]]. Le [[Régime de Vichy|gouvernement de Vichy]] collabore activement avec l'Allemagne, en mettant à disposition des bases militaires et en résistant aux offensives alliées outre-mer, en Syrie et en Afrique du Nord. Les forces françaises fusionnent en 1943 pour former le [[Comité français de libération nationale|Comité français de la Libération nationale]], auquel succède l'année suivante le [[Gouvernement provisoire de la République française]] qui réussit à obtenir la reconnaissance internationale.</ref>
* {{Deuxième République de Pologne}}<ref>En 1939, l'invasion germano-soviétique efface de la carte la [[Deuxième République (Pologne)|Deuxième république de Pologne]] dont le [[Gouvernement polonais en exil|gouvernement s'exile à Londres]] et continue le combat aux côtés des Alliés, grâce aux forces polonaises évacuées à travers la Roumanie vers l'Égypte britannique. Les communistes polonais forment de leur côté à l'été 1944, avec le soutien soviétique, un [[Comité polonais de Libération nationale]] puis un gouvernement provisoire de la [[république populaire de Pologne]] qui prend le pouvoir en 1945.</ref>
* {{Deuxième République de Pologne}}<ref>En 1939, l'invasion [[Campagne de Pologne (1939)|germano]]-[[Invasion soviétique de la Pologne|soviétique]] efface de la carte la [[Deuxième République (Pologne)|Deuxième république de Pologne]] dont le [[Gouvernement polonais en exil|gouvernement s'exile à Londres]] et continue le combat aux côtés des Alliés, grâce aux forces polonaises évacuées à travers la Roumanie vers l'Égypte britannique. Les communistes polonais forment de leur côté à l'été 1944, avec le soutien soviétique, un [[Comité polonais de Libération nationale]] puis un gouvernement provisoire de la [[république populaire de Pologne]] qui prend le pouvoir en 1945.</ref>
* {{pays|Australie}}
* {{pays|Australie}}
* {{drapeau|Canada|1921}} [[Canada]]
* {{drapeau|Canada|1921}} [[Canada]]
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* [[File:Flag of Germany (1935–1945, 3-2).svg|border|20px]] '''[[Troisième Reich|Allemagne]]'''
* [[File:Flag of Germany (1935–1945, 3-2).svg|border|20px]] '''[[Troisième Reich|Allemagne]]'''
* {{drapeau|Empire du Japon}} '''[[Empire du Japon|Japon]]'''
* {{drapeau|Empire du Japon}} '''[[Empire du Japon|Japon]]'''
* {{drapeau|Royaume d'Italie}} '''[[Royaume d'Italie (1861-1946)|Italie]]''' <small>(1940-1943)</small>
* {{drapeau|Royaume d'Italie}} '''[[Royaume d'Italie (1861-1946)|Italie]]''' <small>(1939-1943)</small>
* {{drapeau|Royaume de Roumanie}} [[Royaume de Roumanie|Roumanie]] <small>(1940-1944)</small>
* [[File:Flag of Hungary (1896-1915; 3-2 aspect ratio).svg|border|20px]] [[Royaume de Hongrie (1920-1946)|Hongrie]]
* [[File:Flag of Hungary (1896-1915; 3-2 aspect ratio).svg|border|20px]] [[Royaume de Hongrie (1920-1946)|Hongrie]]
* {{drapeau|Croatie|1941}} [[État indépendant de Croatie|Croatie]]
* {{drapeau|Royaume de Roumanie}} [[Royaume de Roumanie|Roumanie]] <small>(1941-1944)</small>
* {{drapeau|Slovaquie|1939}} [[République slovaque (1939-1945)|Slovaquie]]
* {{drapeau|Royaume de Bulgarie}} [[Royaume de Bulgarie|Bulgarie]] <small>(1941-1944)</small>
* {{drapeau|Royaume de Bulgarie}} [[Royaume de Bulgarie|Bulgarie]] <small>(1941-1944)</small>
* {{drapeau|Croatie|1941}} [[État indépendant de Croatie|Croatie]] <small>(1941-1944)</small>
* {{drapeau|Slovaquie|1939}} [[République slovaque (1939-1945)|Slovaquie]]
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<small>Cobelligérants</small>
* {{drapeau|Finlande}} [[Finlande]] <small>(1941-1944)</small>
* {{drapeau|Finlande}} [[Finlande]] <small>(1941-1944)</small>
* {{drapeau|Thaïlande}} [[Thaïlande]]
*<small>''…[[Pays impliqués dans la Seconde Guerre mondiale#Puissances de l'Axe|liste détaillée]]''</small>}}
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*<small>''…[[Pays impliqués dans la Seconde Guerre mondiale#Camp des puissances de l'Axe|liste détaillée]]''</small>}}
| commandant1 = <center>'''Dirigeants alliés'''</center>
| commandant1 = <center>'''Dirigeants alliés'''</center>
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* [[File:Flag of the Soviet Union (1924–1955, 3-2).svg|border|20px]] '''[[Joseph Staline]]'''
* [[File:Flag of the Soviet Union (1936–1955, 3-2).svg|border|20px]] '''[[Joseph Staline]]'''
* [[File:Flag of the United States (1912-1959, 3-2 aspect ratio).svg|border|20px]] '''[[Franklin Delano Roosevelt|Franklin Roosevelt]]'''
* [[File:Flag of the United States (1912-1959, 3-2 aspect ratio).svg|border|20px]] '''[[Franklin Delano Roosevelt|Franklin Roosevelt]]'''
* [[File:Flag of the United States (1912-1959, 3-2 aspect ratio).svg|border|20px]] '''[[Harry S. Truman]]'''
* [[File:Flag of the United Kingdom (2-3).svg|border|20px]] '''[[Winston Churchill]]'''
* [[File:Flag of the United Kingdom (2-3).svg|border|20px]] '''[[Winston Churchill]]'''
* {{drapeau|République de Chine}} '''[[Tchang Kaï-chek]]'''
* {{drapeau|République de Chine}} '''[[Tchang Kaï-chek]]'''
* {{drapeau|France (1794–1815, 1830–1958)}} [[Charles de Gaulle]]
* {{drapeau|France (1794–1815, 1830–1958)}} '''[[Charles de Gaulle]]'''
* {{drapeau|Pologne}} [[Władysław Sikorski]]
* {{drapeau|Pologne}} [[Władysław Sikorski]]
* {{drapeau|Australie}} [[John Curtin]]
* {{drapeau|Australie}} [[John Curtin]]
* {{drapeau|Canada|1921}} [[William Lyon Mackenzie King|Mackenzie King]]
* {{drapeau|Canada|1921}} [[William Lyon Mackenzie King|Mackenzie King]]
* {{drapeau|Nouvelle-Zélande}} [[Peter Fraser]]
* {{drapeau|Nouvelle-Zélande}} [[Peter Fraser]]
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* {{drapeau|Yougoslavie fédérale démocratique}} [[Josip Broz Tito]]
* {{drapeau|Yougoslavie fédérale démocratique}} [[Josip Broz Tito]]
* {{drapeau|Éthiopie|1941}} [[Haïlé Sélassié Ier|Haïlé Sélassié {{Ier}}]]
* {{drapeau|Éthiopie|1941}} [[Haïlé Sélassié Ier|Haïlé Sélassié {{Ier}}]]
* {{drapeau|Philippines}} [[Manuel L. Quezon|Manuel Quezón]]
* {{drapeau|Philippines}} [[Manuel L. Quezon|Manuel Quezon]]
}}
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| commandant2 = <center>'''Dirigeants de l'Axe'''</center>
| commandant2 = <center>'''Dirigeants de l'Axe'''</center>
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* [[File:Flag of Germany (1935–1945, 3-2).svg|border|20px]] '''[[Adolf Hitler]]''' {{KIA|Derniers jours d'Adolf Hitler}}
* [[File:Flag of Germany (1935–1945, 3-2).svg|border|20px]] '''[[Adolf Hitler]]''' {{KIA|Derniers jours d'Adolf Hitler}}
* {{drapeau|Royaume d'Italie}} '''[[Benito Mussolini]]''' {{KIA|Derniers jours de Benito Mussolini}}
* {{drapeau|Empire du Japon}} '''[[Hirohito]]'''
* {{drapeau|Empire du Japon}} '''[[Hirohito]]'''
* {{drapeau|Royaume de Roumanie}} [[Ion Antonescu]]
* {{drapeau|Royaume d'Italie}} '''[[Benito Mussolini]]''' {{KIA|Derniers jours de Benito Mussolini}}
* [[File:Flag of Hungary (1896-1915; 3-2 aspect ratio).svg|border|20px]] [[Miklós Horthy]]
* [[File:Flag of Hungary (1896-1915; 3-2 aspect ratio).svg|border|20px]] [[Miklós Horthy]]
* {{drapeau|Royaume de Roumanie}} [[Ion Antonescu]] {{KIA}}
* {{drapeau|Croatie|1941}} [[Ante Pavelić]] {{KIA}}
* {{drapeau|Croatie|1941}} [[Ante Pavelić]] {{KIA}}
* {{drapeau|Slovaquie|1939}} [[Jozef Tiso]] {{KIA}}
* {{drapeau|Slovaquie|1939}} [[Jozef Tiso]] {{KIA}}
* {{drapeau|Royaume de Bulgarie}} [[Boris III]] {{KIA}}
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<small>Cobelligérants</small>
* {{drapeau|Finlande}} [[Carl Gustaf Emil Mannerheim|Gustaf Mannerheim]]
* {{drapeau|Finlande}} [[Carl Gustaf Emil Mannerheim|Gustaf Mannerheim]]
* {{drapeau|Thaïlande}} [[Plaek Phibunsongkhram|Phibun]]
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| forces1 = {{Liste simple|
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* [[File:Flag of the Soviet Union (1924–1955, 3-2).svg|border|20px]] {{unité|34476700}}
* [[File:Flag of the Soviet Union (1936–1955, 3-2).svg|border|20px]] {{unité|34476700}}
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* [[File:Flag of the United States (1912-1959, 3-2 aspect ratio).svg|border|20px]] {{unité|16353639}}
* {{drapeau|République de Chine}} {{unité|14000000}}
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* {{drapeau|Royaume de Roumanie}} {{unité|1250000}}
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<small>Cobelligérants</small>
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* [[File:Flag of the Soviet Union (1924–1955, 3-2).svg|border|20px]] {{unité|26600000}}
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* {{drapeau|Royaume de Roumanie}} {{unité|903000}}
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* <small>''[[Pertes humaines pendant la Seconde Guerre mondiale|…plus de détails]]''</small>
* <small>''[[Pertes humaines pendant la Seconde Guerre mondiale|…plus de détails]]''</small>
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La '''Seconde Guerre mondiale''', ou '''Deuxième Guerre mondiale'''<ref>« Deuxième Guerre mondiale » est un synonyme de « Seconde Guerre mondiale ». Selon certains [[Grammairien|grammairiens]], il [[Second#Adjectif numéral ordinal|faut employer]] « deuxième » lorsqu'il y a au moins un troisième élément et « second » lorsqu'il n'y en a que deux mais, selon ''[[Le Petit Robert]]'' de 2011, article ''Deuxième'', cette distinction, que le ''[[Dictionnaire de la langue française|Littré]]'' qualifiait de « tout arbitraire », n'est faite que par certains [[Purisme (linguistique)#Français|puristes]]. « Seconde Guerre mondiale » est plus fréquent et plus optimiste d'après {{GDT|mot=Seconde Guerre mondiale|fiche=8873588|année=2000|consulté le=15 juillet 2012}}.</ref> est un [[Guerre|conflit armé]] à l'échelle planétaire qui dure du {{date-|1|septembre|1939}} au {{date-|2|septembre|1945}}. Ce conflit oppose schématiquement les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] et l’[[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Axe]].
La '''Seconde Guerre mondiale''', ou '''Deuxième Guerre mondiale'''<ref>« Deuxième Guerre mondiale » est un synonyme de « Seconde Guerre mondiale ». Selon certains [[Grammairien|grammairiens]], il {{page h'|Second#Adjectif numéral ordinal|faut employer}} « deuxième » lorsqu'il y a au moins un troisième élément et « second » lorsqu'il n'y en a que deux mais, selon ''[[Le Petit Robert]]'' de 2011, article ''Deuxième'', cette distinction, que le ''[[Dictionnaire de la langue française|Littré]]'' qualifiait de « tout arbitraire », n'est faite que par certains [[Purisme (linguistique)#Français|puristes]]. « Seconde Guerre mondiale » est plus fréquent et plus optimiste d'après {{GDT|mot=Seconde Guerre mondiale|fiche=8873588|année=2000|consulté le=15 juillet 2012}}.</ref>, est un [[Guerre mondiale|conflit armé à l'échelle planétaire]] qui dure du {{date-|1|septembre|1939}} au {{date-|2|septembre|1945}}. Ce conflit oppose schématiquement les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] (La [[Grande-Bretagne (royaume)|Grande-Bretagne]], la [[France libre|France]], l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]], les [[États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale|États-Unis]] et la [[République de Chine (1912-1949)|Chine]]) et l'[[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Axe]] (l'[[Troisième Reich|Allemagne nazie]], l'[[Empire du Japon|Empire japonais]] et l'[[Empire colonial italien|Empire italien]]).


Provoquée par le règlement insatisfaisant de la [[Première Guerre mondiale]] et par les ambitions [[Impérialisme|expansionnistes]] et [[Hégémonie|hégémoniques]] des trois principales nations de l’Axe (le [[Troisième Reich]], l'[[Royaume d'Italie (1861-1946)|Italie fasciste]] et l'[[empire du Japon]]), la seconde guerre mondiale est favorisée par la convergence d’un ensemble de tensions et conflits régionaux, notamment en [[Afrique]] ([[Seconde guerre italo-éthiopienne]] dès 1935), en [[Espagne]] où la [[guerre d'Espagne|guerre civile]] commence le {{date-|18|juillet|1936}}, en [[République de Chine (1912-1949)|Chine]] où les [[Seconde guerre sino-japonaise|agressions du Japon]] débutent le {{date-|7|juillet|1937}}, et en [[Europe centrale]] où l'Allemagne [[Anschluss|annexe autoritairement]] l'[[Autriche]] le {{date-|11|mars|1938}} puis les [[Accords de Munich|territoires des Sudètes]] pris à la [[Première République (Tchécoslovaquie)|Tchécoslovaquie]] le {{date-|21|octobre|1938}} et où enfin, le {{date-|1|septembre|1939}}, elle [[Campagne de Pologne (1939)|agresse militairement]] la [[Deuxième République (Pologne)|Pologne]] selon un [[Pacte germano-soviétique|pacte]] conclu avec l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]]. Ce dernier évènement provoque dès le {{date-|3|septembre|1939}} l'entrée en guerre du [[Royaume-Uni]] (à {{heure|11}}), de la [[France]] (à {{heure|17}}), et de leurs [[Empire colonial|empires coloniaux]] respectifs.
Provoquée par le [[Conséquences de la Première Guerre mondiale|règlement insatisfaisant de la Première Guerre mondiale]] et par les ambitions [[Impérialisme|expansionnistes]] et [[Hégémonie|hégémoniques]] des trois principales nations de l'Axe (le [[Troisième Reich]], l'[[Royaume d'Italie (1861-1946)|Italie fasciste]] et l'[[empire du Japon]]), la Seconde Guerre mondiale est favorisée par la convergence d'un ensemble de tensions et conflits régionaux, notamment en [[Afrique]] ([[seconde guerre italo-éthiopienne]] dès 1935), en [[Espagne]] (où la [[guerre d'Espagne|guerre civile]] commence le {{date-|18|juillet|1936}}), en [[République de Chine (1912-1949)|Chine]] (où les [[Seconde guerre sino-japonaise|agressions du Japon]] débutent le {{date-|7|juillet|1937}}) et en [[Europe centrale]] ([[Anschluss|l'Allemagne annexe autoritairement l'Autriche]] le {{date-|11|mars|1938}}, puis [[Accords de Munich|les territoires des Sudètes]] pris à la [[Première République (Tchécoslovaquie)|Tchécoslovaquie]] le {{date-|21|octobre|1938}}). [[Campagne de Pologne (1939)|L'invasion de la Pologne par l'Allemagne]] le {{date-|1|septembre|1939}}, conformément à [[Pacte germano-soviétique|un pacte conclu avec l'Union soviétique]], provoque dès le {{date-|3|septembre|1939}} l'entrée en guerre du [[Royaume-Uni]] (à {{heure|11}}), de la [[France]] (à {{heure|17}}) et de leurs [[Empire colonial|empires coloniaux]] respectifs.


Tout d'abord [[Pacte germano-soviétique|associée à l'Allemagne dans le partage de l'Europe]], l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] rejoint le [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|camp allié]] sur le [[Front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|front est-européen]] à la suite de l'[[Opération Barbarossa|invasion allemande]] le {{date-|22|juin|1941}}. Quant aux [[États-Unis]], ils [[Histoire militaire des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale|abandonnent leur neutralité]] après l'[[attaque de Pearl Harbor]] par les forces japonaises, le {{date-|7|décembre|1941}}. Dès lors, le conflit devient vraiment mondial, impliquant toutes les grandes puissances, et la majorité des nations du monde sur la quasi-totalité des continents.
Tout d'abord [[Pacte germano-soviétique|associée à l'Allemagne dans le partage de l'Europe]], l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] rejoint le [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|camp allié]] sur le [[Front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|front est-européen]] à la suite de l'[[Opération Barbarossa|invasion allemande]] le {{date-|22|juin|1941}}. Quant aux [[États-Unis]], ils [[Histoire militaire des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale|abandonnent leur neutralité]] après l'[[attaque de Pearl Harbor]] par les forces japonaises, le {{date-|7|décembre|1941}}. Dès lors, le conflit devient vraiment mondial, impliquant toutes les grandes puissances et la majorité des nations du monde sur la quasi-totalité des continents.


La guerre prend fin sur le [[Théâtre européen de la Seconde Guerre mondiale|théâtre d'opérations européen]] le {{date-|8 mai 1945}} (le {{date-|9 mai 1945}} en URSS du fait du décalage horaire) par la [[Actes de capitulation du Troisième Reich|capitulation sans condition du Troisième Reich]], puis s’achève définitivement sur le théâtre d'opérations [[Guerre du Pacifique|Asie-Pacifique]] le {{date-|2 septembre 1945}} par la [[Capitulation du Japon|capitulation également sans condition de l'empire du Japon]].
La guerre prend fin sur le [[Théâtre européen de la Seconde Guerre mondiale|théâtre d'opérations européen]] le {{date-|8 mai 1945}} (le {{date-|9 mai 1945}} en URSS du fait du décalage horaire) par la [[Actes de capitulation du Troisième Reich|capitulation sans condition du Troisième Reich]], puis s'achève définitivement [[Guerre du Pacifique|sur le théâtre d'opérations Asie-Pacifique]] le {{date-|2 septembre 1945}} par la [[Capitulation du Japon|capitulation également sans condition de l'empire du Japon]].


La Seconde Guerre mondiale constitue le conflit armé le plus vaste que l’[[humanité]] ait connu, mobilisant plus de {{nobr|100 millions}} de [[Combattant (droit)|combattants]] de {{nobr|61 nations}}, déployant les hostilités sur quelque {{unité|22 millions de km2}}<ref>{{Ouvrage | auteur1=[[Raymond Cartier]] | prénom1=Raymond | nom1=Cartier | titre=La Seconde Guerre mondiale | volume=2 | année=1964 | passage=finale }}.</ref>, et tuant environ [[Pertes humaines pendant la Seconde Guerre mondiale|{{nobr|62 millions}} de personnes]], dont une majorité de [[Civil|civils]]. La Seconde Guerre mondiale est aussi la plus grande guerre idéologique de l’[[Histoire]], ce qui explique que les forces de [[collaboration dans l'Europe occupée par les nazis|collaboration]] en Europe et en Asie occupées aient pu être solidaires de pays envahisseurs ou ennemis, ou qu’une [[Résistance intérieure au nazisme|résistance ait pu exister jusqu’en plein cœur de l’Allemagne nazie en guerre]]. [[Guerre totale]], elle gomme presque entièrement la séparation entre espaces civils et militaires et donne lieu dans les deux camps à une mobilisation massive des ressources non seulement matérielles {{incise|économiques et scientifiques}}, mais aussi morales et politiques, dans un engagement des sociétés tout entières.
La Seconde Guerre mondiale constitue le conflit armé le plus vaste que l'[[humanité]] ait connu, mobilisant plus de {{nobr|100 millions}} de [[Combattant (droit)|combattants]] de {{nobr|61 nations}}, déployant les hostilités sur quelque {{unité|22 millions de kilomètres carrés}}<ref>{{Ouvrage | auteur1=[[Raymond Cartier]] | prénom1=Raymond | nom1=Cartier | titre=La Seconde Guerre mondiale | volume=2 | année=1964 | passage=finale }}.</ref>, et [[Pertes humaines pendant la Seconde Guerre mondiale|tuant environ {{nobr|62 millions}} de personnes]], dont une majorité de [[civil]]s. La Seconde Guerre mondiale est aussi la plus grande guerre idéologique de l'[[Histoire]], ce qui explique que les forces de [[collaboration dans l'Europe occupée par les nazis|collaboration]] en Europe et en Asie occupées aient pu être solidaires de pays envahisseurs ou ennemis, ou qu'une [[Résistance intérieure au nazisme|résistance ait pu exister jusqu'en plein cœur de l'Allemagne nazie en guerre]]. [[Guerre totale]], elle gomme presque entièrement la séparation entre espaces civils et militaires et donne lieu dans les deux camps à une mobilisation massive des ressources non seulement matérielles {{incise|économiques et scientifiques}}, mais aussi morales et politiques, dans un engagement des sociétés tout entières.


La somme des dégâts matériels n’est pas évaluée avec certitude. Les pertes en vies humaines et les traumatismes collectifs et individuels sont considérables, la violence ayant pris des proportions inédites. Le conflit donne en effet lieu à de multiples [[Crime de guerre|crimes de guerre]], crimes favorisés et banalisés par une violence militaire et policière d'une intensité et d'une profondeur inégalées, cette violence notamment contre les civils étant parfois un élément de la stratégie militaire. On assiste ainsi à l'émergence à une échelle inconnue jusqu'alors de crimes de masse particulièrement atroces et pour certains sans précédent, tout particulièrement à l'instigation de l'Allemagne nazie et du Japon impérial. Parmi ces crimes figurent des [[Massacre génocidaire|massacres génocidaires]] allant jusqu'à une organisation industrielle s’appuyant sur la [[déportation]] en [[camp de concentration|camps de concentration]], [[camp de travail|camps de travail]] et [[Centres d'extermination nazis|centres d'extermination]], comportant des [[Chambre à gaz|chambres à gaz]] à des fins d’[[génocide|extermination de populations]] entières ([[Juifs]], [[Slaves]], [[Roms|Tziganes]]) ou de catégories particulières d’individus ([[Communisme|communistes]], [[homosexualité|homosexuels]], [[handicap]]és, [[Témoins de Jéhovah]], etc.) particulièrement à l’instigation du régime [[nazisme|nazi]]. L'ampleur des crimes des vaincus suscite la définition d'une incrimination nouvelle par les vainqueurs : le [[crime contre l'humanité]], appliquée notamment au [[Shoah|génocide des juifs d'Europe]]. Le régime [[Hirohito|Shōwa]] n'est nullement en reste en Asie avec, à son actif, dix millions de civils chinois enrôlés de force par la {{Langue|ja|[[Sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale |Kōa-in]]}} au [[Mandchoukouo]], environ {{unité|200000|« [[femmes de réconfort]] »}} enrôlées en [[Corée]] et dans tout l’[[Extrême-Orient]], ainsi que l’[[Guerre d'anéantissement|annihilation systématique]] de civiles, principalement en [[République de Chine (1912-1949)|Chine]].
La somme des dégâts matériels n'est pas évaluée avec certitude. Les pertes en vies humaines et les traumatismes collectifs et individuels sont considérables, la violence ayant pris des proportions inédites. Le conflit donne en effet lieu à de multiples [[Crime de guerre|crimes de guerre]], crimes favorisés et banalisés par une violence militaire et policière d'une intensité et d'une profondeur inégalées, cette violence notamment contre les civils étant parfois un élément de la stratégie militaire. On assiste ainsi à l'émergence, à une échelle inconnue jusqu'alors, de crimes de masse particulièrement atroces et pour certains sans précédent, tout particulièrement à l'instigation de l'Allemagne nazie et du Japon impérial. Parmi ces crimes figurent des [[Massacre génocidaire|massacres génocidaires]] allant jusqu'à une organisation industrielle s'appuyant sur la [[déportation]] en [[camp de concentration|camps de concentration]], [[camp de travail|camps de travail]] et [[Centres d'extermination nazis|centres d'extermination]], comportant des [[Chambre à gaz|chambres à gaz]] à des fins d'[[génocide|extermination de populations]] entières ([[Juifs]], [[Slaves]], [[Roms|Tziganes]]) ou de catégories particulières d'individus ([[Communisme|communistes]], [[homosexualité|homosexuels]], [[handicap]]és, [[Témoins de Jéhovah]], etc.) particulièrement à l'instigation du régime [[nazisme|nazi]]. L'ampleur des crimes des vaincus suscite la définition d'une incrimination nouvelle par les vainqueurs : le [[crime contre l'humanité]], appliquée notamment au [[Shoah|génocide des juifs d'Europe]]. Le régime [[Hirohito|Shōwa]] n'est nullement en reste en Asie avec, à son actif, dix millions de civils chinois enrôlés de force par la {{Langue|ja|[[Sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale |Kōa-in]]}} au [[Mandchoukouo]], environ {{unité|200000|« [[femmes de réconfort]] »}} enrôlées en [[Corée]] et dans tout l'[[Extrême-Orient]], ainsi que l'[[Guerre d'anéantissement|annihilation systématique]] de civiles, principalement en [[République de Chine (1912-1949)|Chine]].


Il faut ajouter à cela l'[[assassinat]] systématique de [[Résistance (politique)|résistants]] et d'opposants politiques, ainsi que les [[représailles]] contre les civils, comme le firent par exemple les [[nazisme|nazis]] ; les [[viol]]s généralisés des femmes dans les territoires ennemis occupés, crimes perpétrés tant par un camp que par l'autre, et à une moindre échelle dans les territoires amis ; les expérimentations sur des êtres humains auxquelles se livrèrent des médecins nazis tels le [[Schutzstaffel|SS]] [[Josef Mengele]], et l’[[Unité 731|unité japonaise 731]] ; les [[bombardement aérien|bombardements aériens]] massifs de civils d’abord par l’Axe en Europe ([[Coventry]] au [[Royaume-Uni]], [[Rotterdam]] aux [[Pays-Bas]]) et en Asie ([[Shanghai]], [[Canton (Chine)|Canton]], [[bombardement de Chongqing|Chongqing]] en [[République de Chine (1912-1949)|Chine]], cette dernière étant la ville la plus bombardée du conflit sino-japonais), puis par les Alliés : [[Bombardement stratégique|bombardement à grande échelle]] de nombreuses villes allemandes et notamment [[Bombardement de Dresde|Dresde]] et [[Opération Gomorrhe|Hambourg]] en Allemagne, attaques sur [[Bombardements de Tokyo|Tokyo]] au [[napalm]] au Japon. [[Projet Manhattan|Développée par les États-Unis lors du conflit]], la [[arme nucléaire|bombe atomique]] est utilisée pour la première fois de l'Histoire : deux {{nobr|[[bombe A|bombes A]]}} [[Bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki|larguées sur des cibles civiles]] par les [[États-Unis]] explosent à trois jours d’intervalle, à [[Hiroshima]] et à [[Nagasaki]], au Japon.
Il faut ajouter à cela l'[[assassinat]] systématique de [[Résistance (politique)|résistants]] et d'opposants politiques, ainsi que les [[représailles]] contre les civils, comme le firent par exemple les [[nazisme|nazis]] ; les [[viol]]s généralisés des femmes dans les territoires ennemis occupés, crimes perpétrés tant par un camp que par l'autre, et à une moindre échelle dans les territoires amis ; les expérimentations sur des êtres humains auxquelles se livrèrent des médecins nazis tels le [[Schutzstaffel|SS]] [[Josef Mengele]], et l'[[Unité 731|unité japonaise 731]] ; les [[bombardement aérien|bombardements aériens]] massifs de civils d'abord par l'Axe en Europe ([[Coventry]] au [[Royaume-Uni]], [[Rotterdam]] aux [[Pays-Bas]]) et en Asie ([[Shanghai]], [[Canton (Chine)|Canton]], [[bombardement de Chongqing|Chongqing]] en [[République de Chine (1912-1949)|Chine]], cette dernière étant la ville la plus bombardée du conflit sino-japonais), puis par les Alliés : [[Bombardement stratégique|bombardement à grande échelle]] de nombreuses villes allemandes et notamment [[Bombardement de Dresde|Dresde]] et [[Opération Gomorrhe|Hambourg]] en Allemagne, attaques sur [[Bombardements de Tokyo|Tokyo]] au [[napalm]] au Japon. [[Projet Manhattan|Développée par les États-Unis lors du conflit]], la [[arme nucléaire|bombe atomique]] est utilisée pour la première fois de l'Histoire : deux {{nobr|[[bombe A|bombes A]]}} [[Bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki|larguées sur des cibles civiles]] par les [[États-Unis]] explosent à trois jours d'intervalle, à [[Hiroshima]] et à [[Nagasaki]], au Japon.


La Seconde Guerre mondiale propulse les États-Unis et l’[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]], principaux vainqueurs, au rang de [[superpuissance]]s concurrentes appelées à dominer le monde et à se confronter dans une [[Guerre froide|vive rivalité idéologique et politique]], pendant près d'un demi-siècle, et à s'affronter militairement par États interposés comme pour la [[guerre de Corée]], celle du [[guerre du Viêt Nam|Viêt Nam]] et celle [[Guerre d'Afghanistan (1979-1989)|d'Afghanistan]]. Elle scelle le déclin des vieilles [[puissances impériales d’Europe]] et ouvre le processus de [[décolonisation]] qui s’accélère dans l'après-guerre en [[Asie]], dans le [[monde arabe]] et en [[Afrique]], jusqu'aux années 1960.
La Seconde Guerre mondiale propulse les États-Unis et l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]], principaux vainqueurs, au rang de [[superpuissance]]s concurrentes appelées à dominer le monde et à se confronter dans une [[Guerre froide|vive rivalité idéologique et politique]], pendant près d'un demi-siècle, et à s'affronter militairement par États interposés comme pour la [[guerre de Corée]], [[guerre du Viêt Nam|celle du Viêt Nam]] et [[Guerre d'Afghanistan (1979-1989)|celle d'Afghanistan]]. Elle scelle le déclin des vieilles [[puissances impériales d'Europe]] et ouvre le processus de [[décolonisation]] qui s'accélère dans l'[[après-guerre]] en [[Asie]], dans le [[monde arabe]] et en [[Afrique]], jusqu'aux {{nobr|années 1960}}.


L'ampleur des destructions et des morts suscite la création d'instances internationales, politiques et économiques, visant à éviter la réapparition des conditions ayant mené à la guerre ([[Organisation des Nations unies]], [[Fonds monétaire international]], [[Banque mondiale]] et [[Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce]] pour les plus connues). Enfin, ce dernier conflit d'ampleur sur le continent européen est suivi en [[Europe de l'Ouest]] par une [[Trente Glorieuses|période de prospérité sans précédent]], dans la foulée de la [[Reconstruction après la Seconde Guerre mondiale|reconstruction]], et l'émergence progressive d'un [[Union européenne|projet d'unification politique pacifique]] porté en premier lieu par les deux adversaires historiques, l'Allemagne et la France.
L'ampleur des destructions et des morts suscite la création d'instances internationales, politiques et économiques, visant à éviter la réapparition des conditions ayant mené à la guerre ([[Organisation des Nations unies]], [[Fonds monétaire international]], [[Banque mondiale]] et [[Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce]] pour les plus connues). Enfin, ce dernier conflit d'ampleur sur le continent européen est suivi en [[Europe de l'Ouest]] par une [[Trente Glorieuses|période de prospérité sans précédent]], dans la foulée de la [[Reconstruction après la Seconde Guerre mondiale|reconstruction]], et l'émergence progressive d'un [[Union européenne|projet d'unification politique pacifique]] porté en premier lieu par les deux adversaires historiques, l'Allemagne et la France.
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Les traités de [[Traité de Versailles|Versailles]], [[Traité de Saint-Germain-en-Laye (1919)|Saint-Germain-en-Laye]], [[Traité de Trianon|Trianon]] et [[Traité de Neuilly|Neuilly]] avaient suscité rancœurs, frustrations et désirs de reconquête chez les [[Empire allemand|Allemands]], les [[Autriche-Hongrie|Autrichiens-Hongrois]] et les [[Royaume de Bulgarie|Bulgares]]<ref>[http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19190628 La Paix de Versailles et ses conséquences sur les relations franco-allemandes de l’entre-deux-guerres.].</ref>. L'humiliation de la défaite de 1918 et la signature du traité de Versailles sont vécues comme un ''[[diktat]]'' en Allemagne. C'est l'idée que la classe politique allemande est à l'origine de cette défaite qui entraine un sentiment de rancœur au sein de l'armée qui rejoindra les nazis dans leur ascension au pouvoir<ref name="a">{{Lien web|nom1=Larousse|prénom1=Éditions|titre=Encyclopédie Larousse en ligne - traité de Versailles 28 juin 1919|url=http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/trait%C3%A9_de_Versailles/148669|site=www.larousse.fr|consulté le=2017-04-11}}.</ref>.
Les traités de [[Traité de Versailles|Versailles]], [[Traité de Saint-Germain-en-Laye (1919)|Saint-Germain-en-Laye]], [[Traité de Trianon|Trianon]] et [[Traité de Neuilly|Neuilly]] avaient suscité rancœurs, frustrations et désirs de reconquête chez les [[Empire allemand|Allemands]], les [[Autriche-Hongrie|Autrichiens-Hongrois]] et les [[Royaume de Bulgarie|Bulgares]]<ref>[http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19190628 La Paix de Versailles et ses conséquences sur les relations franco-allemandes de l'entre-deux-guerres.].</ref>. L'humiliation de la défaite de 1918 et la signature du traité de Versailles sont vécues comme un ''[[diktat]]'' en Allemagne. C'est l'idée que la classe politique allemande est à l'origine de cette défaite qui entraine un sentiment de rancœur au sein de l'armée qui rejoindra les nazis dans leur ascension au pouvoir<ref name="a">{{Lien web|nom1=Larousse|prénom1=Éditions|titre=Encyclopédie Larousse en ligne - traité de Versailles 28 juin 1919|url=http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/trait%C3%A9_de_Versailles/148669|site=www.larousse.fr|consulté le=2017-04-11}}.</ref>.


La [[Grande Dépression|crise de 1929]] conduit les différents États à adopter des [[Protectionnisme|mesures protectionnistes]] et à se placer en rivaux. Alors que l’agressivité des démocraties se situe sur le plan économique, les dictatures fascistes vont adopter une stricte [[autarcie]] et, naturellement, penser leur défense et leur expansion en termes militaires. Mais partout, des politiques d’armement sont mises en place efficacement pour sortir du marasme économique{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=59-78}}.
La [[Grande Dépression|crise de 1929]] conduit les différents États à adopter des [[Protectionnisme|mesures protectionnistes]] et à se placer en rivaux. Alors que l'agressivité des démocraties se situe sur le plan économique, les dictatures fascistes vont adopter une stricte [[autarcie]] et, naturellement, penser leur défense et leur expansion en termes militaires. Mais partout, des politiques d'armement sont mises en place efficacement pour sortir du marasme économique{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=59-78}}.


Ceci pourrait expliquer une guerre dans un contexte où la politique de l’Allemagne aurait été inspirée par les classes dominantes traditionnelles. La guerre en Europe est toutefois directement issue des ambitions expansionnistes du parti nazi — au pouvoir en Allemagne — exprimées dès 1924 par [[Adolf Hitler]] dans ''[[Mein Kampf]]''. Sur ces ambitions visant à conquérir un [[Lebensraum|espace vital]] pour le peuple germanique se sont greffées les velléités expansionnistes du régime [[fascisme|fasciste]] [[Histoire de l'Italie fasciste|italien]] qui tenta tant bien que mal de se constituer un [[empire colonial]] en [[Empire éthiopien|Éthiopie]] et en [[Europe du Sud]].
Ceci pourrait expliquer une guerre dans un contexte où la politique de l'Allemagne aurait été inspirée par les classes dominantes traditionnelles. La guerre en Europe est toutefois directement issue des ambitions expansionnistes du parti nazi — au pouvoir en Allemagne — exprimées dès 1924 par [[Adolf Hitler]] dans ''[[Mein Kampf]]''. Sur ces ambitions visant à conquérir un [[Lebensraum|espace vital]] pour le peuple germanique se sont greffées les velléités expansionnistes du régime [[fascisme|fasciste]] [[Histoire de l'Italie fasciste|italien]] qui tenta tant bien que mal de se constituer un [[empire colonial]] en [[Empire éthiopien|Éthiopie]] et en [[Europe du Sud]].

Cette idée d'espace vital, désiré par Hitler, s'est concrétisé suite aux pertes des colonies allemandes en Afrique et à la fin de son royaume militaire de l'Est, le ''Ober Ost''<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Lebensraum |url=https://encyclopedia.ushmm.org/content/en/article/lebensraum |site=encyclopedia.ushmm.org |consulté le=2024-04-18}}</ref>. Suite à la signature du [[Traité de Versailles]], l'Allemagne perd les acquisitions territoriales qu'elle avait fait durant le 19e et le 20e siècle<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Traité de Versailles 1919 {{!}} PDF |url=https://fr.scribd.com/doc/11553826/Traite-de-Versailles-1919 |site=Scribd |consulté le=2024-04-18}}</ref>.
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-R69173, Münchener Abkommen, Staatschefs.jpg|vignette|[[Neville Chamberlain|Chamberlain]], [[Édouard Daladier|Daladier]], [[Adolf Hitler|Hitler]] et [[Benito Mussolini|Mussolini]] sur le point de signer les [[accords de Munich]], 1938]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-R69173, Münchener Abkommen, Staatschefs.jpg|vignette|[[Neville Chamberlain|Chamberlain]], [[Édouard Daladier|Daladier]], [[Adolf Hitler|Hitler]] et [[Benito Mussolini|Mussolini]] sur le point de signer les [[accords de Munich]], 1938]]


=== Origines du conflit en Asie ===
=== Origines du conflit en Asie ===
{{Article détaillé|Expansionnisme du Japon Shōwa|Ère Shōwa (1926-1989)}}
{{Article détaillé|Expansionnisme du Japon Shōwa|Ère Shōwa (1926-1989)}}
Bien qu'appartenant au camp des [[Alliés de la Première Guerre mondiale]] et ayant signé, en 1922, le [[traité naval de Washington]], le Japon en a contesté certaines clauses en 1936 lors des négociations du [[traité naval de Londres]]. De nombreuses personnalités politiques et militaires japonaises, tels [[Fumimaro Konoe]] et [[Sadao Araki]], réactualisant la doctrine du ''[[hakkō ichiu]]'' (« les huit coins du monde sous un seul toit »), mettent en place une idéologie fondée sur la suprématie de la race japonaise et son droit à dominer l'Asie. Cette idéologie [[Racisme|raciste]] présente le Japon comme le centre du monde et prend assise sur l'institution impériale et l'[[Empereur du Japon|empereur]], être divin et descendant de la déesse [[Amaterasu|Amaterasu Omikami]]. Elle donne lieu à une tentative de restauration [[Hirohito|Shōwa]].


Porté par l'influence des factions militaires, le Japon [[Invasion japonaise de la Mandchourie|envahit ainsi la Mandchourie en 1931]] puis le [[Seconde guerre sino-japonaise|reste de la Chine à partir de 1937]]. Le refus du Japon de se retirer de l'[[Indochine française]], envahie en 1941, et de la [[Chine]], à l'exclusion du [[Mandchoukouo]], mène, l'été de la même année, à l'imposition par les États-Unis d'un [[embargo]] sur le [[pétrole]]. En réaction, [[Hirohito]] lance alors la guerre de la Grande Asie orientale (''Dai Tô-A sensô'') et autorise l'[[attaque de Pearl Harbor]] ainsi que l'invasion de l'[[Asie du Sud-Est]].
Ulcérées par le traitement imposé à l'[[empire du Japon]] par les puissances occidentales lors du [[traité de Versailles]] et les traités navals de [[Traité naval de Washington|Washington]] et de [[Traité naval de Londres|Londres]], de nombreuses personnalités politiques et militaires japonaises, tels [[Fumimaro Konoe]] et [[Sadao Araki]], réactualisent la doctrine du ''[[hakkō ichiu|hakkō ichi’u]]'' (« les huit coins du monde sous un seul toit ») et mettent en place une idéologie fondée sur la suprématie de la race japonaise et son droit à dominer l’Asie. Cette idéologie [[Racisme|raciste]] présente le Japon comme le centre du monde et prend assise sur l’institution impériale et l’[[Empereur du Japon|empereur]], être divin et descendant de la déesse [[Amaterasu|Amaterasu Omikami]]. Elle donne lieu à une tentative de restauration [[Hirohito|Shōwa]].

Porté par l’influence des factions militaires, le Japon [[Invasion japonaise de la Mandchourie|envahit ainsi la Mandchourie en 1931]] puis le [[Seconde guerre sino-japonaise|reste de la Chine en 1937]]. Le refus du Japon de se retirer de l’[[Indochine française]], envahie en 1941, et de la [[Chine]], à l’exclusion du [[Mandchoukouo]], mène, l'été de la même année, à l’imposition par les États-Unis d’un [[embargo]] sur le [[pétrole]]. En réaction, [[Hirohito]] lance alors la guerre de la Grande Asie orientale (''Dai Tô-A sensô'') et autorise l’[[attaque de Pearl Harbor]] ainsi que l’invasion de l’[[Asie du Sud-Est]].


==== Massacre de Nankin ====
==== Massacre de Nankin ====
{{Article détaillé|Massacre de Nankin}}
{{Article détaillé|Massacre de Nankin}}

Après avoir gagné la [[bataille de Nankin]], les [[Armée impériale japonaise|Japonais]] se livrent à six semaines de viols, de pillage et de carnage<ref name=":1">{{Ouvrage|auteur1=Jean Quellien|titre=La Seconde Guerre mondiale 1939-1945|passage=32}}</ref>. Ils incendient les maisons et magasins au hasard, parfois simplement pour se réchauffer<ref name=":1" />. Plusieurs dizaines de milliers de civils s'agglutinent dans la zone de sécurité mise en place par la petite colonie occidentale<ref name=":1" />.
Après avoir gagné la [[bataille de Nankin]], les [[Armée impériale japonaise|Japonais]] se livrent à six semaines de viols, de pillage et de carnage<ref name=":1">{{Ouvrage|auteur1=Jean Quellien|titre=La Seconde Guerre mondiale 1939-1945|passage=32}}</ref>. Ils incendient les maisons et magasins au hasard, parfois simplement pour se réchauffer<ref name=":1" />. Plusieurs dizaines de milliers de civils s'agglutinent dans la zone de sécurité mise en place par la petite colonie occidentale<ref name=":1" />.


Les Japonais reçoivent l'ordre d'exécuter les [[Armée nationale révolutionnaire|soldats chinois]] restés en ville<ref name=":1" />. La [[Conventions de Genève|convention de Genève]] protégeant les [[Prisonnier de guerre|prisonniers de guerre]] n'est pas appliquée étant donné que pour le commandant japonais, le conflit est un « incident » et non une guerre<ref name=":1" />. Des milliers de prisonniers chinois sont exécutés par des mitrailleuses, leurs cadavres sont jetés dans l'[[Yangtsé|Yang-Tsé-Kiang]], d'autres sont brûlés à l'essence<ref name=":2">{{Ouvrage|auteur1=Jean Quellien|titre=La Seconde Guerre mondiale 1939-1945|passage=33}}</ref>. Certains soldats sont décapités ou transpercés à la baïonnette<ref name=":2" />. Certains soldats chinois trouvent refuge dans la zone de sécurité, mais sont traqués<ref name=":2" />. Les Japonais arrêtent tous les hommes en âge de combattre et les exécutent sommairement<ref name=":2" />. Au total, on estime que très peu de prisonniers chinois ont réussi à échapper au massacre<ref name=":2" />. Le nombre de morts peut être évalué entre {{unité|60000|et=80000|hommes}}<ref name=":2" />.
Les Japonais reçoivent l'ordre d'exécuter les [[Armée nationale révolutionnaire|soldats chinois]] restés en ville<ref name=":1" />. La [[Conventions de Genève|convention de Genève]] protégeant les [[Prisonnier de guerre|prisonniers de guerre]] n'est pas appliquée étant donné que pour le commandant japonais, le conflit est un « incident » et non une guerre<ref name=":1" />. Des milliers de prisonniers chinois sont exécutés par des mitrailleuses, leurs cadavres sont jetés dans l'[[Yangtsé|Yang-Tsé-Kiang]], d'autres sont brûlés à l'essence<ref name=":2">{{Ouvrage|auteur1=Jean Quellien|titre=La Seconde Guerre mondiale 1939-1945|passage=33}}</ref>. Certains soldats sont décapités ou transpercés à la baïonnette<ref name=":2" />. Certains soldats chinois trouvent refuge dans la zone de sécurité, mais sont traqués<ref name=":2" />. Les Japonais arrêtent tous les hommes en âge de combattre et les exécutent sommairement<ref name=":2" />. Au total, on estime que très peu de prisonniers chinois ont réussi à échapper au massacre<ref name=":2" />. Le nombre de morts peut être évalué entre {{unité|60000|et=80000|hommes}}<ref name=":2" />.


Les Japonais se livrent aussi au massacre des civils qui n'ont pas pu se placer sous la protection des Occidentaux<ref name=":2" />. Ce sont entre {{unité|20000|et=30000|civils}} qui sont tués au cours du massacre<ref name=":2" />. Les femmes ne sont pas épargnées puisque {{formatnum:20000}} d'entre elles sont [[Viol de guerre|violées]], y compris des fillettes<ref name=":2" />. Celles qui s'y opposent sont tuées<ref name=":2" />.
Les Japonais se livrent aussi au massacre des civils qui n'ont pas pu se placer sous la protection des Occidentaux<ref name=":2" />. Ce sont entre {{unité|20000|et=30000|civils}} qui sont tués au cours du massacre<ref name=":2" />. Les femmes ne sont pas épargnées puisque {{formatnum:20000}} d'entre elles sont [[Viol de guerre|violées]], y compris des fillettes<ref name=":2" />. Celles qui s'y opposent sont tuées<ref name=":2" />. Si aucun ordre criminel n'a été donné au sujet des civils, le haut commandement ― qui n'ignorait rien du sort qui leur était réservé ― n'est pas intervenu<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean Quellien|titre=La Seconde Guerre mondiale 1939-1945|passage=34}}.</ref>.

Si aucun ordre criminel n'a été donné au sujet des civils, le haut commandement ― qui n'ignorait rien du sort qui leur était réservé ― n'est pas intervenu<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean Quellien|titre=La Seconde Guerre mondiale 1939-1945|passage=34}}.</ref>.

Le bilan global du massacre est difficile à établir<ref name=":3">{{Ouvrage|auteur1=Jean Quellien|titre=La Seconde Guerre mondiale 1939-1945|passage=35}}.</ref>. À la fin de la guerre, le bilan établi par le [[Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient|tribunal international de Tokyo]] fait état de {{unité|200000|victimes}}, tandis que les Chinois en dénombrent {{formatnum:300000}}<ref name=":3" />.


Pendant l'année 1938, l'armée japonaise continue sa progression dans la grande plaine, entre le [[Yangtsé|fleuve Bleu]] et le [[fleuve Jaune]]<ref name=":3" />. Malgré un cinglant revers infligé par les Chinois à Hsuchow, l'avancée japonaise se poursuit, notamment grâce à l'arrivée constante de nouvelles unités<ref name=":3" />. Le 9 juin, le [[Kuomintang]] ordonne la destruction des digues du fleuve Jaune dans le [[Henan]], provoquant des [[Inondation|inondations]], qui entraînent des [[noyade|noyades]] et des épidémies tuant des centaines de milliers de personnes<ref name=":3" />.
Le bilan global du massacre est difficile à établir<ref name=":3">{{Ouvrage|auteur1=Jean Quellien|titre=La Seconde Guerre mondiale 1939-1945|passage=35}}.</ref>. À la fin de la guerre, le bilan établi par le [[Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient|tribunal international de Tokyo]] fait état de {{unité|200000|victimes}}, tandis que les Chinois en dénombrent {{formatnum:300000}}<ref name=":3" />. Pendant l'année 1938, l'armée japonaise continue sa progression dans la grande plaine, entre le [[Yangtsé|fleuve Bleu]] et le [[fleuve Jaune]]<ref name=":3" />. Malgré un cinglant revers infligé par les Chinois à Hsuchow, l'avancée japonaise se poursuit, notamment grâce à l'arrivée constante de nouvelles unités<ref name=":3" />. Le 9 juin, le [[Kuomintang]] ordonne la destruction des digues du fleuve Jaune dans le [[Henan]], provoquant des [[Inondation du fleuve Jaune de 1938|inondations]], qui entraînent des [[noyade|noyades]] et des épidémies tuant des centaines de milliers de personnes<ref name=":3" />.


== Belligérants ==
== Belligérants ==
{{Article détaillé|Pays impliqués dans la Seconde Guerre mondiale|Axe Rome-Berlin-Tokyo|Alliés de la Seconde Guerre mondiale}}
{{Article détaillé|Pays impliqués dans la Seconde Guerre mondiale|Axe Rome-Berlin-Tokyo|Alliés de la Seconde Guerre mondiale}}


L'affrontement central du conflit oppose les « [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] » aux « [[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Forces de l’Axe]] », c'est-à-dire les signataires du [[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Pacte tripartite]] et les pays qui les soutiennent. Cependant, les alliances furent parfois profondément modifiées durant le conflit et ses préambules. Ainsi, la Pologne participa au [[Accords de Munich|partage de la Tchécoslovaquie]] en 1938 aux côtés de l'Allemagne nazie<ref>{{Ouvrage|auteur1=François Paulhac|titre=Les accords de Munich et les origines de la guerre de 1939|éditeur=[[Librairie philosophique J. Vrin]]|collection=Problèmes et controverses|année=1988|pages totales=271|passage=p. 216|isbn=978-2-7116-4262-5|oclc=802480002|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Cqhy3PDyK6UC&pg=PP1}}.</ref>, mais elle fut à son tour envahie et partagée par l'Allemagne nazie et l'URSS dans le cadre du [[pacte germano-soviétique]], qui prévoyait également l'occupation des [[Pays baltes]]. La [[Finlande]], lors de la [[Guerre d'Hiver]] en 1939 contre l'URSS, reçoit le soutien des Britanniques et des Français, mais elle se range aux côtés de l'Allemagne nazie après l'invasion de l'URSS par celle-ci, avant de changer de camp en 1944. La [[Histoire de la Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale|Roumanie]], pro-occidentale au début de la guerre, se range du côté des nazis après le renversement de la monarchie par le mouvement fasciste de la [[Garde de fer]], avant de retrouver le camp allié en 1944.
L'affrontement central du conflit oppose les « [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] » aux « [[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Forces de l'Axe]] », c'est-à-dire les signataires du [[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Pacte tripartite]] et les pays qui les soutiennent. Cependant, les alliances furent parfois profondément modifiées durant le conflit et ses préambules. Ainsi, la Pologne participa au [[Accords de Munich|partage de la Tchécoslovaquie]] en 1938 aux côtés de l'Allemagne nazie<ref>{{Ouvrage|auteur1=François Paulhac|titre=Les accords de Munich et les origines de la guerre de 1939|éditeur=[[Librairie philosophique J. Vrin]]|collection=Problèmes et controverses|année=1988|pages totales=271|passage=p. 216|isbn=978-2-7116-4262-5|oclc=802480002|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Cqhy3PDyK6UC&pg=PP1}}.</ref>, mais elle fut à son tour envahie et partagée par l'Allemagne nazie et l'URSS dans le cadre du [[pacte germano-soviétique]], qui prévoyait également l'occupation des [[Pays baltes]]. La [[Finlande]], lors de la [[Guerre d'Hiver]] en 1939 contre l'URSS, reçoit le soutien des Britanniques et des Français, mais elle se range aux côtés de l'Allemagne nazie après l'invasion de l'URSS par celle-ci, avant de changer de camp en 1944. La [[Histoire de la Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale|Roumanie]], pro-occidentale au début de la guerre, se range du côté des nazis après le renversement de la monarchie par le mouvement fasciste de la [[Garde de fer]], avant de retrouver le camp allié en 1944.


=== Membres de l'Axe ===
=== Membres de l'Axe ===
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[[Fichier:Bundesarchiv Bild 146-1980-048-11A, Berlin, Hermann Göring und Adolf Hitler.jpg|vignette|170px|gauche|[[Hermann Göring]] et [[Adolf Hitler]], respectivement [[Ministère de l'Aviation du Reich|ministre de l'Aviation]] et [[Führer|chef de l'État]] de l'[[Troisième Reich|Allemagne nazie]].]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 146-1980-048-11A, Berlin, Hermann Göring und Adolf Hitler.jpg|vignette|170px|gauche|[[Hermann Göring]] et [[Adolf Hitler]], respectivement [[Ministère de l'Aviation du Reich|ministre de l'Aviation]] et [[Führer|chef de l'État]] de l'[[Troisième Reich|Allemagne nazie]].]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-2007-1022-506, Italien, deutsche Frontkämpfer in Rom crop.jpg|vignette|170px|[[Benito Mussolini]], [[Président du Conseil des ministres d'Italie|chef du gouvernement]] du [[Royaume d'Italie (1861-1946)|royaume d'Italie]].]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-2007-1022-506, Italien, deutsche Frontkämpfer in Rom crop.jpg|vignette|170px|[[Benito Mussolini]], [[Président du Conseil des ministres d'Italie|chef du gouvernement]] du [[Royaume d'Italie (1861-1946)|royaume d'Italie]].]]
La marche à la guerre en Europe a été rythmée de façon constante par les initiatives allemandes. Selon les mots d’[[Yves Durand (historien)|Yves Durand]], {{citation|La responsabilité du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale incombe indubitablement à l’[[Troisième Reich|Allemagne hitlérienne]]<ref name="Ori1">{{Ouvrage|prénom1=Yves|nom1=Durand|lien auteur1=Yves Durand (historien)|titre=Histoire générale de la deuxième guerre mondiale|lieu=Bruxelles|éditeur=[[Éditions Complexe|Editions Complexe]]|collection=Bibliothèque complexe|numéro dans collection=4|année=1997|pages totales=988|passage=36|isbn=978-2-87027-740-9|oclc=901485409|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=OTdUwGc_BUgC&pg=PP1|id=901485409}}.</ref>.}}
La marche à la guerre en Europe a été rythmée de façon constante par les initiatives allemandes. Selon les mots d'[[Yves Durand (historien)|Yves Durand]], {{citation|La responsabilité du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale incombe indubitablement à l'[[Troisième Reich|Allemagne hitlérienne]]<ref name="Ori1">{{Ouvrage|prénom1=Yves|nom1=Durand|lien auteur1=Yves Durand (historien)|titre=Histoire générale de la deuxième guerre mondiale|lieu=Bruxelles|éditeur=[[Éditions Complexe|Editions Complexe]]|collection=Bibliothèque complexe|numéro dans collection=4|année=1997|pages totales=988|passage=36|isbn=978-2-87027-740-9|oclc=901485409|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=OTdUwGc_BUgC&pg=PP1|id=901485409}}.</ref>.}}


Lorsque la [[Histoire de la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale|Pologne]] est [[Campagne de Pologne (1939)|envahie par l’Allemagne]] et [[Invasion soviétique de la Pologne|par l’URSS]], la Chine [[Seconde guerre sino-japonaise|a déjà été envahie par le Japon]] depuis 1937, mais les relations entre Berlin et Tokyo restent distantes, et l’Allemagne ne soutient pas le Japon. L’[[empire du Japon]], enlisé dans une guerre estimée au départ de trois mois, occupe difficilement un territoire trop vaste. Ses [[Crimes de guerre du Japon Shōwa|exactions contre les civiles]] ([[massacre de Nankin]]) ainsi que son recours aux [[Arme chimique|armes chimiques]] et [[arme biologique|bactériologiques]] produites par l’[[unité 731]]<ref>Y. Yoshimi and S. Matsuno, ''Dokugasusen Kankei shiryo II'', Kaisetsu, Jugonen senso gokuhi shiryoshu 1997, {{p.}}27-29.</ref> lui valent un surcroît d’hostilité en Europe.
Lorsque la [[Histoire de la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale|Pologne]] est [[Campagne de Pologne (1939)|envahie par l'Allemagne]] et [[Invasion soviétique de la Pologne|par l'URSS]], la Chine [[Seconde guerre sino-japonaise|a déjà été envahie par le Japon]] depuis 1937, mais les relations entre Berlin et Tokyo restent distantes, et l'Allemagne ne soutient pas le Japon. L'[[empire du Japon]], enlisé dans une guerre estimée au départ de trois mois, occupe difficilement un territoire trop vaste. Ses [[Crimes de guerre du Japon Shōwa|exactions contre les civils]] ([[massacre de Nankin]]) ainsi que son recours aux [[Arme chimique|armes chimiques]] et [[arme biologique|bactériologiques]] produites par l'[[unité 731]]<ref>Y. Yoshimi and S. Matsuno, ''Dokugasusen Kankei shiryo II'', Kaisetsu, Jugonen senso gokuhi shiryoshu 1997, {{p.}}27-29.</ref> lui valent un surcroît d'hostilité en Europe.


Le {{date-|27 septembre 1940}} a lieu à Berlin la signature du [[Axe Rome-Berlin-Tokyo|pacte tripartite]] par lequel le Japon reconnaît la prédominance de l’Allemagne et de l’Italie en Europe, et ces deux derniers États la suprématie du Japon en Asie orientale : les trois pays signent un pacte d’assistance mutuelle. Quant à l’Italie, théoriquement alliée de l’Allemagne depuis 1936, elle n’a déclaré la guerre à la [[France]] et au [[Royaume-Uni]] que le {{date-|10 juin 1940}}, et attaque le [[royaume de Grèce]] sans consulter les Allemands le {{date-|28 octobre 1940}}.
Le {{date-|27 septembre 1940}} a lieu à Berlin la signature du [[Axe Rome-Berlin-Tokyo|pacte tripartite]] par lequel le Japon reconnaît la prédominance de l'Allemagne et de l'Italie en Europe, et ces deux derniers États la suprématie du Japon en Asie orientale : les trois pays signent un pacte d'assistance mutuelle. Quant à l'Italie, théoriquement alliée de l'Allemagne depuis 1936, elle n'a déclaré la guerre à la [[France]] et au [[Royaume-Uni]] que le {{date-|10 juin 1940}}, et attaque le [[royaume de Grèce]] sans consulter les Allemands le {{date-|28 octobre 1940}}.


[[Fichier:Hideki Tojo crop.jpg|vignette|170px|[[Hideki Tōjō]], [[Premier ministre du Japon|premier ministre]] de l'[[Empire du Japon]] de 1941 à 1944.]]
[[Fichier:Hideki Tojo crop.jpg|vignette|170px|[[Hideki Tōjō]], [[Premier ministre du Japon|premier ministre]] de l'[[empire du Japon]] de 1941 à 1944.]]


L’alliance de la [[Royaume de Hongrie (1920-1946)|Hongrie]] avec l’Allemagne à partir de 1938 lui vaut des agrandissements territoriaux aux dépens de la Tchécoslovaquie et de la Roumanie, mais le pays n’est pas belligérant lorsqu’il rejoint l’Axe le {{date-|20|novembre|1940}}. La Hongrie n’intervient militairement que lors de l’[[invasion de la Yougoslavie]] en {{date-|avril 1941}}, puis lors de l’attaque contre l’URSS en juin. Le Royaume-Uni et les [[États-Unis]] lui déclarent la guerre le {{date-|14|décembre|1941}}.
L'alliance de la [[Royaume de Hongrie (1920-1946)|Hongrie]] avec l'Allemagne à partir de 1938 lui vaut des agrandissements territoriaux aux dépens de la Tchécoslovaquie et de la Roumanie, mais le pays n'est pas belligérant lorsqu'il rejoint l'Axe le {{date-|20|novembre|1940}}. La Hongrie n'intervient militairement que lors de l'[[invasion de la Yougoslavie]] en {{date-|avril 1941}}, puis lors de l'attaque contre l'URSS en juin. Le Royaume-Uni et les [[États-Unis]] lui déclarent la guerre le {{date-|14|décembre|1941}}.


Après avoir été attaquée par l’URSS le {{date-|30 novembre 1939}} lors de la [[guerre d'Hiver]], la [[Finlande]] s’allie de facto à l’Allemagne<ref>L'Allemagne fournit des conseils militaires et des armes, et Hitler déclare qu'ils sont alliés ; cependant, aucune déclaration officielle finlandaise n'a eu lieu.</ref> (sans rejoindre l’Axe) et déclare la guerre à l’URSS le {{date-|26|juin|1941}}, dans le cadre de la « [[guerre de Continuation]] ». Cependant, le maréchal finlandais [[Carl Gustaf Emil Mannerheim|Mannerheim]] borne explicitement ses objectifs à la reprise des terres annexées à l'Union soviétique par le [[Traité de Moscou (1940)|traité de Moscou]] du {{date-|12|mars|1940}}.
Après avoir été attaquée par l'URSS le {{date-|30 novembre 1939}} lors de la [[guerre d'Hiver]], la [[Finlande]] s'allie de facto à l'Allemagne<ref>L'Allemagne fournit des conseils militaires et des armes, et Hitler déclare qu'ils sont alliés ; cependant, aucune déclaration officielle finlandaise n'a eu lieu.</ref> (sans rejoindre l'Axe) et déclare la guerre à l'URSS le {{date-|26|juin|1941}}, dans le cadre de la « [[guerre de Continuation]] ». Cependant, le maréchal finlandais [[Carl Gustaf Emil Mannerheim|Mannerheim]] borne explicitement ses objectifs à la reprise des terres annexées à l'Union soviétique par le [[Traité de Moscou (1940)|traité de Moscou]] du {{date-|12|mars|1940}}.


Après avoir dû céder un cinquième de son territoire à l’URSS le {{date-|28 juin 1940}}, la [[Royaume de Roumanie|Roumanie]] subit le [[Coup d'État de 1944 en Roumanie|coup d’État]] du maréchal pronazi [[Ion Antonescu]] le {{date-|6|septembre|1940}}, l’occupation par les troupes allemandes le {{date-|8 octobre 1940}} et rejoint l’Axe le {{date-|25 novembre 1940}}. Le {{date-|22 juin 1941}}, elle participe à l’attaque allemande contre l’URSS pour récupérer les territoires, perdus un an plus tôt, mais contrairement à l’armée finlandaise, l’armée roumaine est engagée dans les opérations jusqu’à [[Bataille de Stalingrad|Stalingrad]] et participe à des atrocités : [[Massacres d'Odessa (1941)|massacre de civils à Odessa]], déportation et [[Shah|extermination de Juifs]] en [[Transnistrie (région)|Transnistrie]]. Le [[Royaume-Uni]] et les États-Unis lui déclarent la guerre le {{date-|14|décembre|1941}}.
Après avoir dû céder un cinquième de son territoire à l'URSS le {{date-|28 juin 1940}}, la [[Royaume de Roumanie|Roumanie]] subit le [[Coup d'État de 1944 en Roumanie|coup d'État]] du maréchal pronazi [[Ion Antonescu]] le {{date-|6|septembre|1940}}, l'occupation par les troupes allemandes le {{date-|8 octobre 1940}} et rejoint l'Axe le {{date-|25 novembre 1940}}. Le {{date-|22 juin 1941}}, elle participe à l'attaque allemande contre l'URSS pour récupérer les territoires, perdus un an plus tôt, mais contrairement à l'armée finlandaise, l'armée roumaine est engagée dans les opérations jusqu'à [[Bataille de Stalingrad|Stalingrad]] et participe à des atrocités : [[Massacres d'Odessa (1941)|massacre de civils à Odessa]], déportation et [[Shah|extermination de Juifs]] en [[Transnistrie (région)|Transnistrie]]. Le [[Royaume-Uni]] et les États-Unis lui déclarent la guerre le {{date-|14|décembre|1941}}.


La [[Royaume de Hongrie (1920-1946)|Hongrie]] et la [[Royaume de Roumanie|Roumanie]] ont envoyé plusieurs centaines de milliers d’hommes combattre aux côtés de l’Allemagne en URSS.
La [[Royaume de Hongrie (1920-1946)|Hongrie]] et la [[Royaume de Roumanie|Roumanie]] ont envoyé plusieurs centaines de milliers d'hommes combattre aux côtés de l'Allemagne en URSS.


Les contingents de volontaires étrangers engagés sur le front soviétique au nom de l’[[Anticommunisme|anti-bolchévisme]], comme la [[division Bleue (Seconde Guerre mondiale)|division espagnole ''Azul'']] ou la [[Légion des volontaires français contre le bolchevisme|Légion des volontaires français]], ont des effectifs beaucoup plus modestes.
Les contingents de volontaires étrangers engagés sur le front soviétique au nom de l'[[Anticommunisme|anti-bolchévisme]], comme la [[division Bleue (Seconde Guerre mondiale)|division espagnole ''Azul'']] ou la [[Légion des volontaires français contre le bolchevisme|Légion des volontaires français]], ont des effectifs beaucoup plus modestes.


Le régent du [[royaume de Yougoslavie]], [[Paul de Yougoslavie]] signe une alliance avec l’Allemagne en {{date-||mars|1941}}. Il s’ensuit aussitôt un [[Coup d'État yougoslave de 1941|coup d'État militaire anti-allemand]] : lorsque le nouveau roi imposé par le putsch dénonce l’alliance, l’Allemagne et l’Italie envahissent et [[Front yougoslave de la Seconde Guerre mondiale|démantèlent la Yougoslavie]]. L’[[État indépendant de Croatie]] devient un satellite de l’Allemagne nazie. Autre satellite de l’Allemagne, la [[République slovaque (1939-1945)|Slovaquie]], qui a adhéré au pacte tripartite en {{date-|novembre 1940}}, déclare la guerre à l’URSS le {{date-|23 juin 1941}}.
Le régent du [[royaume de Yougoslavie]], [[Paul de Yougoslavie|Paul]], signe une alliance avec l'Allemagne en {{date-||mars|1941}}. Il s'ensuit aussitôt un [[Coup d'État yougoslave de 1941|coup d'État militaire anti-allemand]] : lorsque {{noble|Pierre II (roi de Yougoslavie)}}, le nouveau roi imposé par le putsch, dénonce l'alliance, l'Allemagne et l'Italie envahissent et [[Front yougoslave de la Seconde Guerre mondiale|démantèlent la Yougoslavie]]. L'[[État indépendant de Croatie]] devient un satellite de l'Allemagne nazie. Autre satellite de l'Allemagne, la [[République slovaque (1939-1945)|Slovaquie]], qui a adhéré au pacte tripartite en {{date-|novembre 1940}}, déclare la guerre à l'URSS le {{date-|23 juin 1941}}.


La [[Royaume de Bulgarie|Bulgarie]] rejoint l’Axe le {{date-|1|mars|1941}} puis laisse la [[Wehrmacht]] traverser son territoire pour envahir la Grèce. La Bulgarie profite de cette alliance pour s’agrandir aux dépens de ses voisins, mais ne participe pas à l’invasion de l’URSS. Le Royaume-Uni et les États-Unis lui déclarent la guerre le {{date-|14|décembre|1941}}. Elle n’est en guerre contre l’URSS que pendant vingt-quatre heures, les 5 et {{date-|6 septembre 1944}}.
La [[Royaume de Bulgarie|Bulgarie]] rejoint l'Axe le {{date-|1|mars|1941}} puis laisse la [[Wehrmacht]] traverser son territoire pour envahir la Grèce. La Bulgarie profite de cette alliance pour s'agrandir aux dépens de ses voisins, mais ne participe pas à l'invasion de l'URSS. Le Royaume-Uni et les États-Unis lui déclarent la guerre le {{date-|14|décembre|1941}}. Elle n'est en guerre contre l'URSS que pendant vingt-quatre heures, les 5 et {{date-|6 septembre 1944}}.


[[Fichier:Ante Pavelic Parlament.jpg|vignette|[[Ante Pavelić]], fondateur du mouvement nationaliste croate des [[Oustachis]].]]
[[Fichier:Ante Pavelic Parlament.jpg|vignette|[[Ante Pavelić]], fondateur du mouvement nationaliste croate des [[Oustachis]].]]
En détruisant une partie de la flotte des États-Unis à [[Pearl Harbor]] le {{date-|7 décembre 1941}} et en envahissant la [[Malaisie britannique|Malaisie]], possession britannique, le [[Empire du Japon|Japon]] entre résolument dans la guerre contre les États-Unis et le Royaume-Uni.
En détruisant une partie de la flotte des États-Unis à [[Pearl Harbor]] le {{date-|7 décembre 1941}} et en envahissant la [[Malaisie britannique|Malaisie]], possession britannique, le [[Empire du Japon|Japon]] entre résolument dans la guerre contre les États-Unis et le Royaume-Uni.


Le Japon et l’URSS s’affrontent en {{date-|1939}}, sans déclaration de guerre, en [[Mongolie]] ([[bataille de Khalkhin Gol|bataille de Halhin Gol]]). Les Soviétiques ne déclarent toutefois officiellement la guerre au Japon que le {{date-|8|août|1945}}.
Le Japon et l'URSS s'affrontent en {{date-|1939}}, sans déclaration de guerre, en [[Mongolie]] ([[bataille de Khalkhin Gol|bataille de Halhin Gol]]). Les Soviétiques ne déclarent toutefois officiellement la guerre au Japon que le {{date-|8|août|1945}}.


Le {{date-|21 décembre 1941}}, la [[Thaïlande]] signe un pacte défensif avec le Japon et déclare la guerre aux États-Unis et au Royaume-Uni. La chute du gouvernement de [[Plaek Phibunsongkhram|Plaek Pibulsonggram]] en {{date-||juillet|1944}} ne rompt pas officiellement l’alliance, mais la Thaïlande se retire du conflit en évacuant les territoires pris aux Britanniques et des contacts sont pris avec les Alliés.
Le {{date-|21 décembre 1941}}, la [[Thaïlande]] signe un pacte défensif avec le Japon et déclare la guerre aux États-Unis et au Royaume-Uni. La chute du gouvernement de [[Plaek Phibunsongkhram|Plaek Pibulsonggram]] en {{date-||juillet|1944}} ne rompt pas officiellement l'alliance, mais la Thaïlande se retire du conflit en évacuant les territoires pris aux Britanniques et des contacts sont pris avec les Alliés.


Le {{date-|8 septembre 1943}}, [[Pietro Badoglio|Badoglio]], qui a remplacé [[Benito Mussolini|Mussolini]], rompt l’alliance avec l’Allemagne en signant un [[Armistice de Cassibile|armistice]] avec les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]]. Hitler envahit aussitôt la péninsule qu’il occupe jusqu’à [[Naples]].
Le {{date-|8 septembre 1943}}, [[Pietro Badoglio|Badoglio]], qui a remplacé [[Benito Mussolini|Mussolini]], rompt l'alliance avec l'Allemagne en signant un [[Armistice de Cassibile|armistice]] avec les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]]. Hitler envahit aussitôt la péninsule qu'il occupe jusqu'à [[Naples]].


À partir de la fin {{date-|1943}}, la Hongrie envisage un retournement d’alliance. Informé de ces préparatifs, [[Opération Margarethe|Hitler ordonne l’occupation de la Hongrie]] le {{date-|19 mars 1944}}, destitue le régent [[Miklós Horthy|Horthy]] et offre le pouvoir à [[Ferenc Szálasi]] qui reste dans l'Axe.
À partir de la fin {{date-|1943}}, la Hongrie envisage un retournement d'alliance. Informé de ces préparatifs, [[Opération Margarethe|Hitler ordonne l'occupation de la Hongrie]] le {{date-|19 mars 1944}}, destitue le régent [[Miklós Horthy|Horthy]] et offre le pouvoir à [[Ferenc Szálasi]] qui reste dans l'Axe.


=== Adversaires de l'Axe ===
=== Adversaires de l'Axe ===
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==== De l'invasion de la Pologne à la bataille de France ====
==== De l'invasion de la Pologne à la bataille de France ====
[[Fichier:Monument polonais Paris.jpg|vignette|gauche|Monument aux combattants polonais à Paris]]
Comme l’armée tchécoslovaque n’avait pas opposé de résistance lors de l’[[Protectorat de Bohême-Moravie|invasion de la Bohême-Moravie]], le {{date-|15 mars 1939}}, on peut considérer que la [[Histoire de la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale|Pologne]] est le premier adversaire de l’Allemagne belligérant à partir du {{date-|1|septembre|1939}} lorsqu’elle résiste à son invasion par l’Allemagne. L’invasion de la Pologne provoque les déclarations de guerre du [[Royaume-Uni]] et de la [[France]] le {{date-|3|septembre|1939}}, à respectivement 11 et {{heure|17}}.
Comme l'armée tchécoslovaque n'avait pas opposé de résistance lors de l'[[Protectorat de Bohême-Moravie|invasion de la Bohême-Moravie]], le {{date-|15 mars 1939}}, on peut considérer que la [[Histoire de la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale|Pologne]] est le premier adversaire de l'Allemagne belligérant à partir du {{date-|1|septembre|1939}} lorsqu'elle résiste à son invasion par l'Allemagne. L'invasion de la Pologne provoque les déclarations de guerre du [[Royaume-Uni]] et de la [[Déclaration de guerre de la France contre l'Allemagne|France]] le {{date-|3|septembre|1939}}, à respectivement 11 et {{heure|17}}.


Le Royaume-Uni justifiait sa déclaration de guerre à l'Allemagne par la garantie qu'elle avait donnée à la Pologne le {{date-|31 mars 1939}}. Après la guerre, [[Alexander Cadogan]], qui, lors des évènements, était [[sous-secrétaire d'État]] permanent aux Affaires étrangères du Royaume-Uni, déclara au sujet de cette garantie : {{Citation bloc|Et ce fut cela, finalement, qui amena [[Neville Chamberlain|Chamberlain]] à prendre la soudaine et surprenante décision de garantir la Pologne. Certes, notre garantie ne pouvait donner aucune protection à la Pologne en cas d'attaque imminente contre elle. Mais par cette garantie, Chamberlain plantait un poteau indicateur pour lui-même. Il était engagé, et, dans le cas d'une attaque allemande contre la Pologne, les tourments du doute et de l'indécision lui seraient épargnés. On dira peut-être que c'était cruel pour la Pologne. Je ne serais pas d'accord là-dessus, parce que notre situation militaire aurait dû être connue des Polonais et qu'ils auraient dû être assez conscients de l'imminence du péril qui les menaçait. On dira peut-être que c'était cynique. À courte vue, ce l'était peut-être. Mais cela eut l'effet de nous mettre en guerre… Et finalement, avec nos alliés, nous avons gagné la guerre. Même si, bien sûr, on ne peut pas attendre des malheureux Polonais qu'ils se félicitent des conséquences qu'il y eut pour eux<ref>Commentaire d'Alexander Cadogan sur des notes de 1939 de son journal. Ce commentaire est reproduit dans Alexander Cadogan, ''The diaries of Sir Alexander Cadogan, O.M., 1938-1945'', Londres, Cassell, 1971, {{p.|167}}, consultable fragmentairement par recherches de mots sur [https://books.google.be/books?hl=fr&id=flgwAAAAIAAJ&q=%22was+cruel+to+Poland%22 Sir Alexander Cadogan]. Cité par John L. Heineman, ''The Road to War, III'', sur [https://www2.bc.edu/~heineman/roadiii.html le site du Boston College].<br />{{Citation|And it was that in the end that drove Chamberlain to take a sudden and surprising decision to guarantee Poland. Of course our guarantee could give no possible protection to Poland in any imminent attack upon her. But it set up a signpost for himself. He was committed, and in the event of a German attack on Poland he would be spared the agonizing doubts and indecisions. You might say that this was cruel to Poland. I wouldn't agree with that, because our military situation must have been known to them and they should have been quite aware of the imminence of the peril that threatened them. You might say that it was cynical. On a short view, perhaps it was. But it ''did'' bring us into the war… And in the end we, with our Allies, won it. Though of course the poor Poles cannot be expected to appreciate the results for them.}}.</ref>.}}
Le Royaume-Uni justifiait sa déclaration de guerre à l'Allemagne par la garantie qu'elle avait donnée à la Pologne le {{date-|31 mars 1939}}. Après la guerre, [[Alexander Cadogan]], qui, lors des évènements, était [[sous-secrétaire d'État]] permanent aux Affaires étrangères du Royaume-Uni, déclara au sujet de cette garantie : {{Citation bloc|Et ce fut cela, finalement, qui amena [[Neville Chamberlain|Chamberlain]] à prendre la soudaine et surprenante décision de garantir la Pologne. Certes, notre garantie ne pouvait donner aucune protection à la Pologne en cas d'attaque imminente contre elle. Mais par cette garantie, Chamberlain plantait un poteau indicateur pour lui-même. Il était engagé, et, dans le cas d'une attaque allemande contre la Pologne, les tourments du doute et de l'indécision lui seraient épargnés. On dira peut-être que c'était cruel pour la Pologne. Je ne serais pas d'accord là-dessus, parce que notre situation militaire aurait dû être connue des Polonais et qu'ils auraient dû être assez conscients de l'imminence du péril qui les menaçait. On dira peut-être que c'était cynique. À courte vue, ce l'était peut-être. Mais cela eut l'effet de nous mettre en guerre… Et finalement, avec nos alliés, nous avons gagné la guerre. Même si, bien sûr, on ne peut pas attendre des malheureux Polonais qu'ils se félicitent des conséquences qu'il y eut pour eux<ref>Commentaire d'Alexander Cadogan sur des notes de 1939 de son journal. Ce commentaire est reproduit dans Alexander Cadogan, ''The diaries of Sir Alexander Cadogan, O.M., 1938-1945'', Londres, Cassell, 1971, {{p.|167}}, consultable fragmentairement par recherches de mots sur [https://books.google.be/books?hl=fr&id=flgwAAAAIAAJ&q=%22was+cruel+to+Poland%22 Sir Alexander Cadogan]. Cité par John L. Heineman, ''The Road to War, III'', sur [https://www2.bc.edu/~heineman/roadiii.html le site du Boston College].<br />{{Citation|And it was that in the end that drove Chamberlain to take a sudden and surprising decision to guarantee Poland. Of course our guarantee could give no possible protection to Poland in any imminent attack upon her. But it set up a signpost for himself. He was committed, and in the event of a German attack on Poland he would be spared the agonizing doubts and indecisions. You might say that this was cruel to Poland. I wouldn't agree with that, because our military situation must have been known to them and they should have been quite aware of the imminence of the peril that threatened them. You might say that it was cynical. On a short view, perhaps it was. But it ''did'' bring us into the war… And in the end we, with our Allies, won it. Though of course the poor Poles cannot be expected to appreciate the results for them.}}.</ref>.}}


Avec le Royaume-Uni, l’[[Australie]] et la [[Nouvelle-Zélande]] déclarent également la guerre à l’Allemagne. Au fil de la guerre, tous les dominions ([[Canada]], [[Afrique du Sud]], [[Terre-Neuve]]) et toutes les colonies ([[Inde]], [[Nigeria]], [[Kenya]], etc.) de l’Empire britannique deviennent tôt ou tard partie prenante du conflit, à l'exception de l’[[République irlandaise (1919)|Irlande du Sud]] qui reste officiellement neutre sous la direction de [[Éamon de Valera]].
Avec le Royaume-Uni, l'[[Australie]] et la [[Nouvelle-Zélande]] déclarent également la guerre à l'Allemagne. Au fil de la guerre, tous les dominions ([[Canada]], [[Afrique du Sud]], [[Terre-Neuve]]) et toutes les colonies ([[Inde]], [[Nigeria]], [[Kenya]], etc.) de l'Empire britannique deviennent tôt ou tard partie prenante du conflit, à l'exception de l'[[République irlandaise (1919)|Irlande du Sud]] qui reste officiellement neutre sous la direction de [[Éamon de Valera]].


En {{date-|avril 1940}}, lorsque l’Allemagne [[Invasion du Danemark|envahit le Danemark]] et [[Histoire de la Norvège pendant la Seconde Guerre mondiale|la Norvège]], la Norvège oppose une résistance armée alors que le Danemark, trop faible militairement, tente plusieurs contre-attaques sans succès puis se place {{Citation|sous la protection de l'Allemagne}}, selon les paroles de son roi.
En {{date-|avril 1940}}, lorsque l'Allemagne [[Invasion du Danemark|envahit le Danemark]] et [[Histoire de la Norvège pendant la Seconde Guerre mondiale|la Norvège]], la Norvège oppose une résistance armée alors que le Danemark, trop faible militairement, tente plusieurs contre-attaques sans succès puis se place {{Citation|sous la protection de l'Allemagne}}, selon les paroles de son roi.


Le {{date-|10 mai 1940}}, la [[bataille de France]] démarre par l'invasion par les Allemands du [[Luxembourg]], de la [[Belgique]] et des [[Pays-Bas]], jusqu'alors tous [[Pays neutres pendant la Seconde Guerre mondiale|neutres]]. Les autorités du Luxembourg, lequel ne possède pas de véritable armée<ref>{{Ouvrage|prénom1=Jean-Yves|nom1=Mary|titre=Le corridor des Panzers|tome=1|titre volume=par-delà la Meuse, 10-15 mai 1940|lieu=Bayeux|éditeur=[[Éditions Heimdal|Heimdal]]|année=2009|pages totales=462|passage=10|isbn=978-2-84048-270-3|oclc=762661973|id=SEY4}}.</ref>, opposent une protestation de pure forme à leurs envahisseurs{{sfn|texte=|Jean-Yves Mary|2009|p=65|loc=|id=SEY4}}, qui s'emparent du pays dans la journée.
Le {{date-|10 mai 1940}}, la [[bataille de France]] démarre par l'invasion par les Allemands du [[Luxembourg]], de la [[Belgique]] et des [[Pays-Bas]], jusqu'alors tous [[Pays neutres pendant la Seconde Guerre mondiale|neutres]]. Les autorités du Luxembourg, lequel ne possède pas de véritable armée<ref>{{Ouvrage|prénom1=Jean-Yves|nom1=Mary|titre=Le corridor des Panzers|tome=1|titre volume=par-delà la Meuse, 10-15 mai 1940|lieu=Bayeux|éditeur=[[Éditions Heimdal|Heimdal]]|année=2009|pages totales=462|passage=10|isbn=978-2-84048-270-3|oclc=762661973|id=SEY4}}.</ref>, opposent une protestation de pure forme à leurs envahisseurs{{sfn|texte=|Jean-Yves Mary|2009|p=65|loc=|id=SEY4}}, qui s'emparent du pays dans la journée.
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La [[bataille de France]] entraine la destruction de l'essentiel des armées françaises en mai et juin 1940, ce qui pousse le [[régime de Vichy|gouvernement français]] à demander l'[[Armistice du 22 juin 1940|armistice, qui est signé le 22 juin]]. Le 18 juin, depuis Londres, refusant de cesser le combat, le général français [[Charles de Gaulle|de Gaulle]] lance [[appel du 18 Juin|un appel à le rejoindre]] pour poursuivre la lutte contre l'Allemagne aux côtés de l'Empire britannique. Par l'armistice, la France s'est retirée de la guerre, entreprenant avec l'Allemagne une collaboration économique forcée qui englobe tout son [[Histoire de l'empire colonial français pendant la Seconde Guerre mondiale|empire colonial]].
La [[bataille de France]] entraine la destruction de l'essentiel des armées françaises en mai et juin 1940, ce qui pousse le [[régime de Vichy|gouvernement français]] à demander l'[[Armistice du 22 juin 1940|armistice, qui est signé le 22 juin]]. Le 18 juin, depuis Londres, refusant de cesser le combat, le général français [[Charles de Gaulle|de Gaulle]] lance [[appel du 18 Juin|un appel à le rejoindre]] pour poursuivre la lutte contre l'Allemagne aux côtés de l'Empire britannique. Par l'armistice, la France s'est retirée de la guerre, entreprenant avec l'Allemagne une collaboration économique forcée qui englobe tout son [[Histoire de l'empire colonial français pendant la Seconde Guerre mondiale|empire colonial]].


Malgré cela, les dirigeants de l’[[Empire britannique]] écartent toute perspective de paix avec l'Allemagne. La Grande-Bretagne héberge d'ailleurs un certain nombre de gouvernements en exil ou dissidents qui rangent ce qui reste de leurs forces armées – notamment polonaises, tchèques, yougoslaves, belges, néerlandaises et françaises – plus ou moins importantes, aux côtés du Royaume-Uni.
Malgré cela, les dirigeants de l'[[Empire britannique]] écartent toute perspective de paix avec l'Allemagne. La Grande-Bretagne héberge d'ailleurs un certain nombre de gouvernements en exil ou dissidents qui rangent ce qui reste de leurs forces armées – notamment polonaises, tchèques, yougoslaves, belges, néerlandaises et françaises – plus ou moins importantes, aux côtés du Royaume-Uni.


==== L'entrée en guerre des États-Unis puis de l'empire colonial français ====
==== L'entrée en guerre des États-Unis puis de l'empire colonial français ====
Durant la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne et ses alliés, l’Italie et le Japon, étaient unis selon les termes du [[pacte tripartite]]. Depuis de nombreuses années, il existait déjà entre les États-Unis et le Troisième Reich certaines tensions telles que des provocations orales ou des [[torpille|torpillages]] de navires de la marine américaine par des sous-marins allemands (par exemple le ''Robin Moor'' le {{date-|21 mai 1941}}). Cet incident exacerbe ces tensions et [[Franklin Delano Roosevelt|Roosevelt]] assure dans un discours, six jours plus tard, qu’il ne laisserait pas les Allemands dominer l’Atlantique<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2009|passage=567 "Le 21 Mai, le torpillage du ''Robin Moor'' créa une situation encore plus explosive, suivie, six jours plus tard, du grand discours où Roosevelt annonça que son administration avait l’intention de tout faire pour empêcher la domination allemande de l’Atlantique et introduire un état “d’urgence illimitée."}}.</ref>. Cependant, ni l'un ni l'autre des deux pays n'est prêt à s’engager dans la guerre dans l’Atlantique ; ce sont les évènements qui vont se dérouler dans l’[[océan Pacifique]] qui amènent l’Allemagne à déclarer la guerre aux États-Unis<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=[[Éditions du Seuil|Editions du Seuil]]|année=2009|passage=583 "Ni les Allemands ni les Américains n’étant prêts à sauter le pas pour se jeter dans le chaudron de la guerre de l’Atlantique, ce sont les évènements du Pacifique, sur lesquels le Reich de Hitler n’avait aucune prise, qui allaient finalement provoquer la décision fatidique et conduire l’Allemagne à engager les hostilités contre les États-Unis."}}.</ref>.
Durant la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne et ses alliés, l'Italie et le Japon, étaient unis selon les termes du [[pacte tripartite]]. Depuis de nombreuses années, il existait déjà entre les États-Unis et le Troisième Reich certaines tensions telles que des provocations orales ou des [[torpille|torpillages]] de navires de la marine américaine par des sous-marins allemands (par exemple le ''Robin Moor'' le {{date-|21 mai 1941}}). Cet incident exacerbe ces tensions et [[Franklin Delano Roosevelt|Roosevelt]] assure dans un discours, six jours plus tard, qu'il ne laisserait pas les Allemands dominer l'Atlantique<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2009|passage=567 "Le 21 Mai, le torpillage du ''Robin Moor'' créa une situation encore plus explosive, suivie, six jours plus tard, du grand discours où Roosevelt annonça que son administration avait l'intention de tout faire pour empêcher la domination allemande de l'Atlantique et introduire un état “d'urgence illimitée."}}.</ref>. Cependant, ni l'un ni l'autre des deux pays n'est prêt à s'engager dans la guerre dans l'Atlantique ; ce sont les évènements qui vont se dérouler dans l'[[océan Pacifique]] qui amènent l'Allemagne à déclarer la guerre aux États-Unis<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=[[Éditions du Seuil|Editions du Seuil]]|année=2009|passage=583 "Ni les Allemands ni les Américains n'étant prêts à sauter le pas pour se jeter dans le chaudron de la guerre de l'Atlantique, ce sont les évènements du Pacifique, sur lesquels le Reich de Hitler n'avait aucune prise, qui allaient finalement provoquer la décision fatidique et conduire l'Allemagne à engager les hostilités contre les États-Unis."}}.</ref>.


Par ailleurs, les relations entre le Japon et les États-Unis sont également tendues. [[Adolf Hitler|Hitler]] souhaite une attaque japonaise envers les Américains afin de les distraire du front à l’Est de l’Europe entre la [[Wehrmacht]] et les Russes<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2009|passage=584 "Un conflit entre le Japon et les États-Unis dans le Pacifique était infiniment plus souhaitable de son point de vue."}}.</ref>. Il commence à douter, à l'automne 1941, lorsqu’il comprend qu’une attaque japonaise majeure contre la flotte américaine n’est pas prévue par [[Hideki Tōjō]], le nouveau Premier ministre japonais, arrivé récemment au pouvoir<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=Éditions du Seuil|année=2009|passage=584 "Il est très douteux, observa-t-il, que Tojo se décide à une action déterminante. Peut-être le Führer a raison d’être sceptique."}}.</ref>. Malgré le scepticisme d’Hitler, les affaires entre le Japon et les Allemands commencent à se concrétiser. Hitler annonce aux Japonais que s’ils attaquent les États-Unis, les Allemands seront les premiers à rejoindre la guerre<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=Éditions du Seuil|année=2009|passage=587 "Si le Japon s’engageait dans une guerre avec les États-Unis, il va de soi que l’Allemagne se joindrait à la guerre sans délai. Il est totalement exclu que l’Allemagne conclue une paix séparée avec les États-Unis dans de telles circonstances. Le Führer est déterminé sur ce point."}}.</ref>.
Par ailleurs, les relations entre le Japon et les États-Unis sont également tendues. [[Adolf Hitler|Hitler]] souhaite une attaque japonaise envers les Américains afin de les distraire du front à l'Est de l'Europe entre la [[Wehrmacht]] et les Russes<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2009|passage=584 "Un conflit entre le Japon et les États-Unis dans le Pacifique était infiniment plus souhaitable de son point de vue."}}.</ref>. Il commence à douter, à l'automne 1941, lorsqu'il comprend qu'une attaque japonaise majeure contre la flotte américaine n'est pas prévue par [[Hideki Tōjō]], le nouveau Premier ministre japonais, arrivé récemment au pouvoir<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=Éditions du Seuil|année=2009|passage=584 "Il est très douteux, observa-t-il, que Tojo se décide à une action déterminante. Peut-être le Führer a raison d'être sceptique."}}.</ref>. Malgré le scepticisme d'Hitler, les affaires entre le Japon et les Allemands commencent à se concrétiser. Hitler annonce aux Japonais que s'ils attaquent les États-Unis, les Allemands seront les premiers à rejoindre la guerre<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=Éditions du Seuil|année=2009|passage=587 "Si le Japon s'engageait dans une guerre avec les États-Unis, il va de soi que l'Allemagne se joindrait à la guerre sans délai. Il est totalement exclu que l'Allemagne conclue une paix séparée avec les États-Unis dans de telles circonstances. Le Führer est déterminé sur ce point."}}.</ref>.


Un nouvel accord remplaçant le pacte tripartite a été rédigé au début du mois de décembre 1941 et présenté au Japon et à l’Italie, mais il n’a pas été signé tout de suite<ref name=":0">{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2009|passage=587 "En vertu des deux premiers articles vitaux, tous les partenaires s’engageaient à intervenir si la guerre éclatait entre l’un d’eux et les États-Unis, et à ne conclure ni paix ni armistice avec les États-Unis ou la Grande-Bretagne autrement qu’avec leur consentement mutuel total."}}.</ref>. Ce pacte créait une aide réciproque en cas de guerre entre l’un d’eux et les États-Unis, et conditionnait toute demande de paix ou d’armistice avec les États-Unis et le Royaume-Uni à l'accord de tous les signataires<ref name=":0" />.
Un nouvel accord remplaçant le pacte tripartite a été rédigé au début du mois de décembre 1941 et présenté au Japon et à l'Italie, mais il n'a pas été signé tout de suite<ref name=":0">{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2009|passage=587 "En vertu des deux premiers articles vitaux, tous les partenaires s'engageaient à intervenir si la guerre éclatait entre l'un d'eux et les États-Unis, et à ne conclure ni paix ni armistice avec les États-Unis ou la Grande-Bretagne autrement qu'avec leur consentement mutuel total."}}.</ref>. Ce pacte créait une aide réciproque en cas de guerre entre l'un d'eux et les États-Unis, et conditionnait toute demande de paix ou d'armistice avec les États-Unis et le Royaume-Uni à l'accord de tous les signataires<ref name=":0" />.


Au début du mois de {{date-|décembre 1941}}, les tensions entre le Japon et les États-Unis commencent sérieusement à s’intensifier et à devenir aux yeux des chefs militaires allemands, le signe d’un conflit imminent entre les deux parties<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2009|passage=588 "Le 6 décembre, le général Halder se laissa dire que le conflit entre le Japon et les États-Unis était “peut-être imminent”. Goebbels, qui était hors du circuit d’information relatif au ballet diplomatique entre Tokyo et Berlin, nota à maintes reprises la montée de la tension."}}.</ref>.
Au début du mois de {{date-|décembre 1941}}, les tensions entre le Japon et les États-Unis commencent sérieusement à s'intensifier et à devenir aux yeux des chefs militaires allemands, le signe d'un conflit imminent entre les deux parties<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2009|passage=588 "Le 6 décembre, le général Halder se laissa dire que le conflit entre le Japon et les États-Unis était “peut-être imminent”. Goebbels, qui était hors du circuit d'information relatif au ballet diplomatique entre Tokyo et Berlin, nota à maintes reprises la montée de la tension."}}.</ref>.


[[Fichier:Yalta Conference (Churchill, Roosevelt, Stalin) (B&W).jpg|vignette|gauche|[[Winston Churchill|Churchill]], [[Franklin Delano Roosevelt|Roosevelt]] et [[Joseph Staline|Staline]]; [[Conférence de Yalta|Yalta]], [[Crimée]]]]
[[Fichier:Yalta Conference (Churchill, Roosevelt, Stalin) (B&W).jpg|vignette|gauche|[[Winston Churchill|Churchill]], [[Franklin Delano Roosevelt|Roosevelt]] et [[Joseph Staline|Staline]]; [[Conférence de Yalta|Yalta]], [[Crimée]]]]
Le {{date-|7 décembre 1941}}, le souhait du [[Troisième Reich]] se réalise à la surprise générale : [[Attaque de Pearl Harbor|les Japonais attaquent Pearl Harbor]]. Cette attaque a surpris les dirigeants allemands et beaucoup s’en sont réjouis. Hitler avait l’occasion de déclarer la guerre aux États-Unis en ayant le soutien du Japon et il prit sa décision très rapidement<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2009|passage=591 "Depuis des semaines, les tractations avec les Japonais reposaient sur l’idée que l’Allemagne entrerait dans une guerre contre les États-Unis déclenchée par des faits sur lesquels elle n’avait aucune prise. Apprenant Pearl Harbor, Hitler n’hésita pas un instant."}}.</ref>. Mais Hitler aurait pu ne pas attaquer les États-Unis, puisque le nouvel accord n’était pas encore signé lorsque Pearl Harbor fut annoncé. Rien ne l’obligeait à le faire et il aurait pu simplement laisser le Japon détourner l’attention des États-Unis dans le Pacifique<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=Éditions du Seuil|année=2009|passage=594 "Ni le Pacte tripartite ni aucun autre traité n’obligeait donc Hitler à faire quoi que ce soit. Il avait ce qu’il voulait - l’engagement du Japon dans la guerre contre les États-Unis dans le Pacifique - et il aurait pu se satisfaire de l’idée que grâce à l’aubaine de Pearl Harbor, l’Amérique devrait détourner ses énergies vers le Pacifique.”}}.</ref>. Hitler aurait aussi pu se concentrer sur le [[Front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|front de l’Est]], mais Hitler a déclaré la guerre pour obliger les États-Unis à se battre sur deux fronts et donc à ne pas pouvoir utiliser leur pleine puissance militaire contre l’Allemagne ou le Japon, car il pensait que leur puissance militaire maximale serait atteinte en 1942 et il fallait donc les vaincre avant<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=Éditions du Seuil|année=2009|passage=597 "De la sorte, le poids des armes américaines, dont Hitler prévoyait qu’il atteindrait son plus haut dans le courant de l’année 1942, ne pourrait être pleinement déployé ni contre le Japon, pour le contraindre le cas échéant à demander la paix, ni contre l’Allemagne avant que la guerre de l’Est ne fût gagnée et que l’Europe ne fût à ses pieds."}}.</ref>.
Le {{date-|7 décembre 1941}}, le souhait du [[Troisième Reich]] se réalise à la surprise générale : [[Attaque de Pearl Harbor|les Japonais attaquent Pearl Harbor]]. Cette attaque surprend les dirigeants allemands et nombreux s'en réjouissent. Hitler avait l'occasion de déclarer la guerre aux États-Unis en ayant le soutien du Japon et il prit sa décision très rapidement<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2009|passage=591 "Depuis des semaines, les tractations avec les Japonais reposaient sur l'idée que l'Allemagne entrerait dans une guerre contre les États-Unis déclenchée par des faits sur lesquels elle n'avait aucune prise. Apprenant Pearl Harbor, Hitler n'hésita pas un instant."}}.</ref>. Mais Hitler aurait pu ne pas attaquer les États-Unis, puisque le nouvel accord n'était pas encore signé lorsque Pearl Harbor fut annoncé. Rien ne l'obligeait à le faire et il aurait pu simplement laisser le Japon détourner l'attention des États-Unis dans le Pacifique<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=Éditions du Seuil|année=2009|passage=594 "Ni le Pacte tripartite ni aucun autre traité n'obligeait donc Hitler à faire quoi que ce soit. Il avait ce qu'il voulait - l'engagement du Japon dans la guerre contre les États-Unis dans le Pacifique - et il aurait pu se satisfaire de l'idée que grâce à l'aubaine de Pearl Harbor, l'Amérique devrait détourner ses énergies vers le Pacifique.”}}.</ref>. Il aurait aussi pu se concentrer sur le [[Front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|front de l'Est]], mais déclare la guerre pour obliger les États-Unis à se battre sur deux fronts et donc à ne pas pouvoir utiliser leur pleine puissance militaire contre l'Allemagne ou le Japon, car il pensait que leur puissance militaire maximale serait atteinte en 1942 et il fallait donc les vaincre avant<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=Éditions du Seuil|année=2009|passage=597 "De la sorte, le poids des armes américaines, dont Hitler prévoyait qu'il atteindrait son plus haut dans le courant de l'année 1942, ne pourrait être pleinement déployé ni contre le Japon, pour le contraindre le cas échéant à demander la paix, ni contre l'Allemagne avant que la guerre de l'Est ne fût gagnée et que l'Europe ne fût à ses pieds."}}.</ref>.


Hitler avait aussi prévu d’utiliser cette déclaration de guerre comme un moyen de [[propagande nazie|propagande]] afin de se montrer comme un pays fort et puissant qui déclare la guerre au lieu de la subir. Il ne voulait pas rester passif. Mais il aurait également pu attendre que les États-Unis lui déclarent la guerre afin d’utiliser cela comme un moyen de propagande<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2009|passage=603 "S’il avait obtenu sa déclaration de guerre, il eût été facile à la propagande allemande de l’exploiter à son avantage : voici que la ploutocratie américaine imposait au pays une guerre dont l’Allemagne n’avait pas voulu et qu’elle avait tout fait pour éviter, l’obligeant à se défendre dos au mur.”}}.</ref>.
Hitler avait aussi prévu d'utiliser cette déclaration de guerre comme un moyen de [[propagande nazie|propagande]] afin de se montrer comme un pays fort et puissant qui déclare la guerre au lieu de la subir. Il ne voulait pas rester passif, mais il aurait également pu attendre que les États-Unis lui déclarent la guerre afin d'utiliser cela comme un moyen de propagande<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ian Kershaw|titre=Choix Fatidiques|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2009|passage=603 "S'il avait obtenu sa déclaration de guerre, il eût été facile à la propagande allemande de l'exploiter à son avantage : voici que la ploutocratie américaine imposait au pays une guerre dont l'Allemagne n'avait pas voulu et qu'elle avait tout fait pour éviter, l'obligeant à se défendre dos au mur.”}}.</ref>.


Après l’attaque de Pearl Harbor, le {{date-|7|décembre|1941}}, les [[États-Unis]] sont entrés en guerre contre le Japon ; et de fait contre l’Allemagne et l’Italie, puisque les deux États déclarent la guerre aux États-Unis le {{date-|11 décembre}} en guise de soutien affiché au régime japonais. Lors de la conférence de Washington, au début de l'année 1942, les États-Unis et le Royaume-Uni décident que l'objectif prioritaire pour remporter la guerre est de vaincre l'Allemagne (« [[L'Allemagne d'abord]] »).
Après l'attaque de Pearl Harbor, le {{date-|7|décembre|1941}}, les [[États-Unis]] sont entrés en guerre contre le Japon ; et de fait contre l'Allemagne et l'Italie, puisque les deux États déclarent la guerre aux États-Unis le {{date-|11 décembre}} en guise de soutien affiché au régime japonais. Lors de la conférence de Washington, au début de l'année 1942, les États-Unis et le Royaume-Uni décident que l'objectif prioritaire pour remporter la guerre est de vaincre l'Allemagne (« [[L'Allemagne d'abord]] »).


La [[République de Chine (1912-1949)|république de Chine]], en guerre avec le Japon depuis 1937, se retrouve dès lors dans le camp des puissances alliées. De nombreux pays d’[[Amérique latine]] déclarent la guerre à l’Allemagne, notamment le [[Brésil]] en {{date-||janvier|1942}}<ref>{{Ouvrage | prénom1=Yannis | nom1=Kadaris | titre=Le Brésil et la Seconde Guerre mondiale | lire en ligne=http://www.1939-45.org/articles/br-arm2.htm}}.</ref> et le [[Mexique]] en mai de la même année.
La [[République de Chine (1912-1949)|république de Chine]], en guerre avec le Japon depuis 1937, se retrouve dès lors dans le camp des puissances alliées. De nombreux pays d'[[Amérique latine]] déclarent la guerre à l'Allemagne, notamment le [[Brésil]] en {{date-||janvier|1942}}<ref>{{Ouvrage | prénom1=Yannis | nom1=Kadaris | titre=Le Brésil et la Seconde Guerre mondiale | lire en ligne=http://www.1939-45.org/articles/br-arm2.htm}}.</ref> et le [[Mexique]] en mai de la même année.


[[Fichier:Chiang Kai-shek.jpg|vignette|200px|[[Tchang Kaï-chek]], dirigeant de la [[République de Chine (1912-1949)|république de Chine]].]]
[[Fichier:Chiang Kai-shek.jpg|vignette|200px|[[Tchang Kaï-chek]], dirigeant de la [[République de Chine (1912-1949)|république de Chine]].]]
Après le [[Opération Torch|débarquement allié en Afrique du Nord]], en {{date-||novembre|1942}}, la majeure partie de l’[[Empire colonial français]] se retrouve du côté des Alliés.
Après le [[Opération Torch|débarquement allié en Afrique du Nord]], en {{date-||novembre|1942}}, la majeure partie de l'[[Empire colonial français]] se retrouve du côté des Alliés.


[[Fichier:Russian Premier Stalin talks with gestures to his Foreign Minister Molotov at the Palace, Yalta, Crimea, Russia. - NARA - 197000.jpg|vignette|200px|[[Viatcheslav Molotov]] et [[Joseph Staline]], respectivement ministre des affaires étrangères et dirigeant politique de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]].]]
[[Fichier:Russian Premier Stalin talks with gestures to his Foreign Minister Molotov at the Palace, Yalta, Crimea, Russia. - NARA - 197000.jpg|vignette|200px|[[Viatcheslav Molotov]] et [[Joseph Staline]], respectivement ministre des affaires étrangères et dirigeant politique de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]].]]


En {{date-||octobre|1943}} le gouvernement italien [[Pietro Badoglio|Badoglio]] déclare la guerre à l’Allemagne, mettant l’armée italienne, grossie de nombreux engagés venus de la [[Résistance dans l'Europe occupée par les nazis|résistance]], au service des Alliés. D’autres États auparavant membres de l’Axe, tels que la [[Finlande]] ou la [[Royaume de Roumanie|Roumanie]] qui, amputées territorialement par l’URSS en 1940, avaient participé à l’[[Opération Barbarossa|attaque allemande contre l’URSS]] en 1941 pour récupérer les territoires perdus (respectivement [[Carélie (province historique)|Carélie]] et [[Bessarabie]]), rejoignent à leur tour les [[Alliés]] lorsque l’[[Armée rouge]] revient sur leurs frontières, la première en {{date-||décembre|1944}} ([[Guerre de Laponie]]), la seconde le {{date-|23|août|1944}}<ref>''Le Figaro'' du vendredi 25 août 1944, article ''La Roumanie se range aux côtés des Alliés'', {{p.|1-2}} ; cet article contient une info erronée : il affirme qu'Antonescu se serait enfui en Allemagne.</ref> (en outre, la Roumanie avait eu [[Résistance en Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale|deux divisions engagées du côté allié]] dès 1941). Dans la nuit du 8 au {{date-|9|septembre|1944}}, la [[Royaume de Bulgarie|Bulgarie]], occupée par l’Armée rouge depuis trois jours, déclare à son tour la guerre à l’Allemagne. Toutefois, ces ralliements tardifs et contraints ne permettent pas à ces trois pays de participer à la fondation de l’[[Organisation des Nations unies]]. À l’ouest, l’effondrement du [[régime de Vichy]] en [[France métropolitaine]] met toutes les ressources du pays et de nombreux engagés au service de la [[France libre]].
En {{date-||octobre|1943}} le gouvernement italien [[Pietro Badoglio|Badoglio]] déclare la guerre à l'Allemagne, mettant l'armée italienne, grossie de nombreux engagés venus de la [[Résistance en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale|résistance]], au service des Alliés. D'autres États auparavant membres de l'Axe, tels que la [[Finlande]] ou la [[Royaume de Roumanie|Roumanie]] qui, amputées territorialement par l'URSS en 1940, avaient participé à l'[[Opération Barbarossa|attaque allemande contre l'URSS]] en 1941 pour récupérer les territoires perdus (respectivement [[Carélie (province historique)|Carélie]] et [[Bessarabie]]), rejoignent à leur tour les [[Alliés]] lorsque l'[[Armée rouge]] revient sur leurs frontières, la première en {{date-||décembre|1944}} ([[Guerre de Laponie]]), la seconde le {{date-|23|août|1944}}<ref>''Le Figaro'' du vendredi 25 août 1944, article ''La Roumanie se range aux côtés des Alliés'', {{p.|1-2}} ; cet article contient une info erronée : il affirme qu'Antonescu se serait enfui en Allemagne.</ref> (en outre, la Roumanie avait eu [[Résistance en Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale|deux divisions engagées du côté allié]] dès 1941). Dans la nuit du 8 au {{date-|9|septembre|1944}}, la [[Royaume de Bulgarie|Bulgarie]], occupée par l'Armée rouge depuis trois jours, déclare à son tour la guerre à l'Allemagne. Toutefois, ces ralliements tardifs et contraints ne permettent pas à ces trois pays de participer à la fondation de l'[[Organisation des Nations unies]]. À l'ouest, l'effondrement du [[régime de Vichy]] en [[France métropolitaine]] met toutes les ressources du pays et de nombreux engagés au service de la [[France libre]].


En 1945, les Alliés avertissent tous les États que ceux qui auront déclaré la guerre à l’Allemagne seront admis à la conférence fondatrice de l’[[Organisation des Nations unies|ONU]]. Ce qui entraine, au printemps 1945, une cascade de nouvelles déclarations de guerre au [[Troisième Reich]], qui pour la plupart restent sans aucun effet militaire : il s’agit de pays sud-américains tels que le [[Paraguay]], l’[[Équateur (pays)|Équateur]], le [[Pérou]], l’[[Argentine]], ou du [[Moyen-Orient]] tels que l’[[Égypte]], la [[Syrie]], le [[Liban]], la [[Turquie]] (le {{date-|6|mai|1945}}) et quelques autres. En tout, 51 États se sont trouvés en état de guerre avec l’Allemagne hitlérienne, sans pour autant être admis aux [[conférences interalliées]], réservées aux « trois grands » (États-Unis, Empire britannique, URSS et, après l’été 1944, France), état de guerre auquel aucun traité de paix après 1945 n’est jamais venu mettre juridiquement fin.
En 1945, les Alliés avertissent tous les États que ceux qui auront déclaré la guerre à l'Allemagne seront admis à la conférence fondatrice de l'[[Organisation des Nations unies|ONU]]. Ce qui entraine, au printemps 1945, une cascade de nouvelles déclarations de guerre au [[Troisième Reich]], qui pour la plupart restent sans aucun effet militaire : il s'agit de pays sud-américains tels que le [[Paraguay]], l'[[Équateur (pays)|Équateur]], le [[Pérou]], l'[[Argentine]], ou du [[Moyen-Orient]] tels que l'[[Égypte]], la [[Syrie]], le [[Liban]], la [[Turquie]] (le {{date-|6|mai|1945}}) et quelques autres. En tout, 51 États se sont trouvés en état de guerre avec l'Allemagne hitlérienne, sans pour autant être admis aux [[conférences interalliées]], réservées aux « trois grands » (États-Unis, Empire britannique, URSS et, après l'été 1944, France), état de guerre auquel aucun traité de paix après 1945 n'est jamais venu mettre juridiquement fin.


Le {{date-|9|mai|1945}}, lendemain de la [[Actes de capitulation du Troisième Reich|capitulation allemande]], les dernières délégations diplomatiques nazies sont expulsées des États neutres : la [[Suisse]], la république d'Irlande, l’Espagne, le [[Portugal]], l’[[Afghanistan]] et le [[Chili]].
Le {{date-|9|mai|1945}}, lendemain de la [[Actes de capitulation du Troisième Reich|capitulation allemande]], les dernières délégations diplomatiques nazies sont expulsées des États neutres : la [[Suisse]], la république d'Irlande, l'Espagne, le [[Portugal]], l'[[Afghanistan]] et le [[Chili]].


=== URSS ===
=== URSS ===
{{Article détaillé|Union soviétique dans la Seconde Guerre mondiale}}


Lorsque l’URSS attaque la Pologne le {{date-|17|septembre|1939}}, conformément au protocole secret du [[pacte germano-soviétique]], elle est, d’un point de vue polonais, dans le même camp que l’Allemagne, sans pour autant être en état de guerre déclarée avec la France et le Royaume-Uni<ref>L’[[Incident de l'Orzeł|évasion du sous-marin polonais ''Orzel'']], [[Internement (droit international)|interné]] à [[Tallinn]], est officiellement un ''[[casus belli]]'' de la part de l’[[Estonie]] aux yeux de Moscou, montrant que l’URSS se considérait alors en état de guerre avec la Pologne : Tarvel Tannberg, ''Documents on the Soviet Military Occupation of Estonia'', éd. Trames 2006.</ref>. Lorsque l’URSS attaque la [[Finlande]] en {{date-||novembre|1939}}, la Finlande se trouve plutôt du côté de la France et du Royaume-Uni. Cette agression vaut par ailleurs à l’URSS de se voir expulsée de la [[Société des Nations|SDN]] fin 1939. Pendant la durée du pacte, Staline livre ponctuellement et à crédit du pétrole, des matières premières et des céréales permettant au Reich de contourner partiellement le blocus des Alliés. Il lui livre aussi plusieurs dizaines de communistes allemands réfugiés en URSS.
Lorsque l'URSS attaque la Pologne le {{date-|17|septembre|1939}}, conformément au protocole secret du [[pacte germano-soviétique]], elle est, d'un point de vue polonais, dans le même camp que l'Allemagne, sans pour autant être en état de guerre déclarée avec la France et le Royaume-Uni<ref>L'[[Incident de l'Orzeł|évasion du sous-marin polonais ''Orzel'']], [[Internement (droit international)|interné]] à [[Tallinn]], est officiellement un ''[[casus belli]]'' de la part de l'[[Estonie]] aux yeux de Moscou, montrant que l'URSS se considérait alors en état de guerre avec la Pologne : Tarvel Tannberg, ''Documents on the Soviet Military Occupation of Estonia'', éd. Trames 2006.</ref>. Lorsque l'URSS attaque la [[Finlande]] en {{date-||novembre|1939}}, la Finlande se trouve plutôt du côté de la France et du Royaume-Uni. Cette agression vaut par ailleurs à l'URSS de se voir expulsée de la [[Société des Nations|SDN]] fin 1939. Pendant la durée du pacte, Staline livre ponctuellement et à crédit du pétrole, des matières premières et des céréales permettant au Reich de contourner partiellement le blocus des Alliés. Il lui livre aussi plusieurs dizaines de communistes allemands réfugiés en URSS.


À partir du {{date-|22|juin|1941}}, l’URSS, attaquée par l’Allemagne, se retrouve dans le camp des Alliés. Elle bénéficie du [[prêt-bail]] américain en échange des réserves en or de la [[Gosbank|Banque d'État d’URSS]]. À défaut de pouvoir ouvrir avant 1944 le second front instamment réclamé par Moscou, les Alliés fournissent à l’URSS une aide importante, qui transite notamment par la dangereuse [[Convois de l'Arctique|voie de navigation arctique]].
À partir du {{date-|22|juin|1941}}, l'URSS, attaquée par l'Allemagne, se retrouve dans le camp des Alliés. Elle bénéficie du [[prêt-bail]] américain en échange des réserves en or de la [[Gosbank|Banque d'État d'URSS]]. À défaut de pouvoir ouvrir avant 1944 le second front instamment réclamé par Moscou, les Alliés fournissent à l'URSS une aide importante, qui transite notamment par la dangereuse [[Convois de l'Arctique|voie de navigation arctique]].


Selon [[Raymond Cartier]] et [[John Keegan]], entre {{date-||octobre|1941}} et {{date-||juin|1942}}, les États-Unis livrent {{unité|1285|avions}}, {{unité|2249|chars}}, {{unité|81287|mitrailleuses}}, {{unité|56500|téléphones}} de campagne, {{Unité|612000|km}} de fil téléphonique. En 1943, {{formatnum:427000}} des {{nombre|665000|camions}} de l’Armée rouge viennent d’outre-Pacifique. L’Amérique fournit aussi 13 millions de bottes, 5 millions de tonnes de vivres ou encore {{unité|2000|locomotives}}, {{unité|11000|wagons}}, {{Unité|54000|tonnes}} de rail. Trois quarts du cuivre soviétique viennent des États-Unis, mais aussi une grande partie du pétrole de haute teneur sans lequel il est impossible de fabriquer du carburant pour avion.
Selon [[Raymond Cartier]] et [[John Keegan]], entre {{date-||octobre|1941}} et {{date-||juin|1942}}, les États-Unis livrent {{unité|1285|avions}}, {{unité|2249|chars}}, {{unité|81287|mitrailleuses}}, {{unité|56500|téléphones}} de campagne, {{Unité|612000|km}} de fil téléphonique. En 1943, {{formatnum:427000}} des {{nombre|665000|camions}} de l'Armée rouge viennent d'outre-Pacifique. L'Amérique fournit aussi 13 millions de bottes, 5 millions de tonnes de vivres ou encore {{unité|2000|locomotives}}, {{unité|11000|wagons}}, {{Unité|54000|tonnes}} de rail. Trois quarts du cuivre soviétique viennent des États-Unis, mais aussi une grande partie du pétrole de haute teneur sans lequel il est impossible de fabriquer du carburant pour avion.


La défaite allemande est impensable sans l’Armée rouge, qui fixe en {{date-|juin 1944}} les deux tiers de la Wehrmacht, en général les troupes les plus jeunes et les mieux équipées.
La défaite allemande est impensable sans l'Armée rouge, qui fixe en {{date-|juin 1944}} les deux tiers de la Wehrmacht, en général les troupes les plus jeunes et les mieux équipées.


=== Récapitulatif ===
=== Récapitulatif ===


{| class="wikitable"
{| class="wikitable"
|+ '''Effectifs des armées des principaux belligérants'''<ref>{{Ouvrage | prénom1=Philippe | nom1=Masson | lien auteur1=Philippe Masson | titre=Une guerre totale, 1939-45 | éditeur=Taillandier | année=1993 | passage=426 }}.</ref>.<br />Les chiffres pour l’Allemagne sont donnés au 31 mai de chaque année
|+ '''Effectifs des armées des principaux belligérants'''<ref>{{Ouvrage | prénom1=Philippe | nom1=Masson | lien auteur1=Philippe Masson | titre=Une guerre totale, 1939-45 | éditeur=Taillandier | année=1993 | passage=426 }}.</ref>.<br />Les chiffres pour l'Allemagne sont donnés au 31 mai de chaque année
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| style="text-align: left"| Années
| style="text-align: left"| Années
| 1940 || 1941 || 1942 || 1943 || 1944 || 1945
| 1940 || 1941 || 1942 || 1943 || 1944 || 1945
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| style="text-align: left"| [[Troisième Reich|{{IIIe}} Reich]]
| style="text-align: left"| [[Troisième Reich|{{IIIe|Reich}}]]
| {{formatnum:5000000}} || {{formatnum:7200000}} || {{formatnum:8600000}} || {{formatnum:9500000}} || {{formatnum:9500000}} ||
| {{formatnum:5000000}} || {{formatnum:7200000}} || {{formatnum:8600000}} || {{formatnum:9500000}} || {{formatnum:9500000}} ||
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Le {{date-|17|septembre|1939}}, en application des clauses secrètes du [[Pacte germano-soviétique]], l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] [[Invasion soviétique de la Pologne|envahit à son tour la Pologne]] par l'est. Prise en étau et largement inférieure en nombre et équipement, l'armée polonaise est écrasée avant la fin septembre.
Le {{date-|17|septembre|1939}}, en application des clauses secrètes du [[Pacte germano-soviétique]], l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] [[Invasion soviétique de la Pologne|envahit à son tour la Pologne]] par l'est. Prise en étau et largement inférieure en nombre et équipement, l'armée polonaise est écrasée avant la fin septembre.


Après le refus de la [[Finlande]] d'échanger des territoires revendiqués pour assurer la défense de [[Saint-Pétersbourg|Leningrad]] contre des terres situées plus au nord, l'URSS [[Guerre d'Hiver|attaque la Finlande]] le {{date-|30|novembre|1939}}. En dépit de la disproportion des forces, la résistance finlandaise est particulièrement vive et l'URSS subit de lourdes pertes. La Guerre d'Hiver dure jusqu'au {{date-|13|mars|1940}}. Elle se conclut par le [[Traité de Moscou (1940)|traité de Moscou]] du {{date-|12|mars|1940}} qui met un terme provisoire aux hostilités entre les deux pays. L'URSS obtient d'annexer la [[Carélie (province historique)|Carélie]] dont l'isthme commande l'accès à Léningrad ainsi que plusieurs îles à caractère stratégique du golfe de Finlande.
Après le refus de la [[Finlande]] d'échanger des territoires revendiqués pour assurer la défense de [[Saint-Pétersbourg|Leningrad]] contre des terres situées plus au nord, l'URSS [[Guerre d'Hiver|attaque la Finlande]] le {{date-|30|novembre|1939}}. En dépit de la disproportion des forces, la résistance finlandaise est particulièrement vive et l'URSS subit de lourdes pertes. La Guerre d'Hiver dure jusqu'au {{date-|13|mars|1940}}. Elle se conclut par le [[Traité de Moscou (1940)|traité de Moscou]] du {{date-|12|mars|1940}} qui met un terme provisoire aux hostilités entre les deux pays. L'URSS obtient d'annexer la [[Carélie (province historique)|Carélie]] dont l'isthme commande l'accès à Leningrad ainsi que plusieurs îles à caractère stratégique du golfe de Finlande.


{{Article détaillé|Guerre d'Hiver}}
{{Article détaillé|Guerre d'Hiver}}


En application toujours du Pacte germano-soviétique, l'URSS occupe en {{date-||juin|1940}} les trois [[pays baltes]], puis [[Occupation allemande des pays baltes pendant la Seconde Guerre mondiale|les annexe]].
En application toujours du Pacte germano-soviétique, l'URSS occupe en {{date-||juin|1940}} les trois [[pays baltes]], puis [[Occupation soviétique des États baltes (1940)|les annexe]].


==== Front de l'Ouest (1940) ====
==== Front de l'Ouest (1940) ====
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En effet, en mai-juin 1940, l'armée allemande mène à bien l'invasion foudroyante des [[Bataille des Pays-Bas|Pays-Bas]], du [[Luxembourg]], de la [[Campagne des 18 jours|Belgique]] et de la [[Bataille de France|France]]. Dans cette campagne fulgurante les Allemands mettent en œuvre leur doctrine de percée et d'avance par l'usage coordonné des forces blindées, mécanisées et aériennes : la ''[[Blitzkrieg]]'' ou guerre-éclair. Malgré les avertissements des attachés militaires alliés à l'étranger et la communication des Belges au général en chef français [[Maurice Gamelin]] des plans allemands d'attaque par l'Ardenne<ref>« Les relations militaires franco-belges », Paris 1968.</ref>, la surprise devant la tactique allemande est complète.
En effet, en mai-juin 1940, l'armée allemande mène à bien l'invasion foudroyante des [[Bataille des Pays-Bas|Pays-Bas]], du [[Luxembourg]], de la [[Campagne des 18 jours|Belgique]] et de la [[Bataille de France|France]]. Dans cette campagne fulgurante les Allemands mettent en œuvre leur doctrine de percée et d'avance par l'usage coordonné des forces blindées, mécanisées et aériennes : la ''[[Blitzkrieg]]'' ou guerre-éclair. Malgré les avertissements des attachés militaires alliés à l'étranger et la communication des Belges au général en chef français [[Maurice Gamelin]] des plans allemands d'attaque par l'Ardenne<ref>« Les relations militaires franco-belges », Paris 1968.</ref>, la surprise devant la tactique allemande est complète.


Dès le 25 mai, la défaite des armées franco-belgo-britanniques du nord se précise après 18 jours de combat au cours desquels les [[Chasseurs ardennais]], troupe d'élite de l'armée belge, ont retardé la percée allemande en Ardenne pendant deux jours et que les Français percés à Sedan se soient provisoirement rendus maîtres du terrain à [[Gembloux]], au sud de [[Bruxelles]], dans une bataille de chars sous les ordres du général [[René Prioux|Prioux]]. Le fort belge d'[[Ében-Émael]] étant tombé le 11 mai en 24 heures et l'armée hollandaise ayant battu en retraite précipitamment vers le réduit de Zélande, découvrant ainsi la gauche de l'armée belge, celle-ci finit par livrer une bataille d'arrêt de quatre jours sur la [[Bataille de la Lys (1940)|Lys]] du 24 au 27 mai. Cet affrontement fait suite à des retraites successives sur la [[Meuse (fleuve)|Meuse]] et la [[Dendre]], en coordination plus ou moins réussie avec les armées française et britannique du nord devant les percées profondes des armées allemandes, alors que le front belge est tourné sur sa gauche par la reddition néerlandaise du 14 mai. Le roi des Belges [[Léopold III (roi des Belges)|Léopold III]] sait que les Britanniques préparent un rapatriement à [[Dunkerque]] et ne prévoient pas de sauver ce qui reste des combattants belges, comme l'avoue Lord Keyes, attaché militaire britannique auprès du roi<ref>''Outrageous Fortune/Un règne brisé'', 2 vol, éd. Martin, Secker & Warburg, Londres, éd. Duculot Gembloux-Paris, 1984-1985.</ref>{{,}}<ref>Le {{18e|jour}}, Colonel Remy, Ed. France-Empire, Paris 1976.</ref>. Le {{date-|28|mai|1940}}, l'armée belge étant à court de munitions et de moyens logistiques, le roi donne un ordre de [[Reddition (militaire)|reddition]] {{incise|après avoir prévenu le gouvernement de Londres par une lettre personnelle à [[George VI]] et l'envoi de messages radios aux généraux français<ref>Le {{18e|jour}}, Colonel Remy, pages 348-349, Ed. France-Empire. Paris 1976.</ref>}} acte purement militaire qui ne concerne pas la force armée du [[Congo belge]] et laisse intact le pouvoir du gouvernement civil qui se réfugie en France porteur de toute sa légitimité, puis qui gagne la Grande-Bretagne lors de la défaite française. Dès le {{date-|28 mai}}, le gouverneur général du Congo belge déclare que le Congo poursuit la guerre<ref>J. Wullus-Rudiger, ''Les origines internationales du drame belge'', Ed. Vanderlinden, Bruxelles 1950, {{p.|313}}.</ref> en accord avec le ministre des colonies [[Albert de Vleeschauwer]]. C'est la première réaction anti-allemande d'un territoire européen d'outre-mer (avant même le ralliement de quelques colonies françaises au général de Gaulle).
Dès le 25 mai, la défaite des armées franco-belgo-britanniques du nord se précise après 18 jours de combat au cours desquels les [[Chasseurs ardennais]], troupe d'élite de l'armée belge, ont retardé la percée allemande en Ardenne pendant deux jours et que les Français percés à Sedan se soient provisoirement rendus maîtres du terrain à [[Gembloux]], au sud de [[Bruxelles]], dans une bataille de chars sous les ordres du général [[René Prioux|Prioux]]. Le fort belge d'[[Ében-Émael]] étant tombé le 11 mai en 24 heures et l'armée hollandaise ayant battu en retraite précipitamment vers le réduit de Zélande, découvrant ainsi la gauche de l'armée belge, celle-ci finit par livrer une bataille d'arrêt de quatre jours sur la [[Bataille de la Lys (1940)|Lys]] du 24 au 27 mai. Cet affrontement fait suite à des retraites successives sur la [[Meuse (fleuve)|Meuse]] et la [[Dendre]], en coordination plus ou moins réussie avec les armées française et britannique du nord devant les percées profondes des armées allemandes, alors que le front belge est tourné sur sa gauche par la reddition néerlandaise du 14 mai. Le [[roi des Belges]] {{noble|Léopold III (roi des Belges)}} sait que les Britanniques préparent un rapatriement à [[Dunkerque]] et ne prévoient pas de sauver ce qui reste des combattants belges, comme l'avoue Lord Keyes, attaché militaire britannique auprès du roi<ref>''Outrageous Fortune/Un règne brisé'', 2 vol, éd. Martin, Secker & Warburg, Londres, éd. Duculot Gembloux-Paris, 1984-1985.</ref>{{,}}<ref>Le {{18e|jour}}, Colonel Remy, Ed. France-Empire, Paris 1976.</ref>. Le {{date-|28|mai|1940}}, l'armée belge étant à court de munitions et de moyens logistiques, le roi donne un ordre de [[Reddition (militaire)|reddition]] {{incise|après avoir prévenu le gouvernement de Londres par une lettre personnelle à [[George VI]] et l'envoi de messages radios aux généraux français<ref>Le {{18e|jour}}, Colonel Remy, pages 348-349, Ed. France-Empire. Paris 1976.</ref>}} acte purement militaire qui ne concerne pas la force armée du [[Congo belge]] et laisse intact le pouvoir du gouvernement civil qui se réfugie en France porteur de toute sa légitimité, puis qui gagne la Grande-Bretagne lors de la défaite française. Dès le {{date-|28 mai}}, le gouverneur général du Congo belge déclare que le Congo poursuit la guerre<ref>J. Wullus-Rudiger, ''Les origines internationales du drame belge'', Ed. Vanderlinden, Bruxelles 1950, {{p.|313}}.</ref> en accord avec le ministre des colonies [[Albert de Vleeschauwer]]. C'est la première réaction anti-allemande d'un territoire européen d'outre-mer (avant même le ralliement de quelques colonies françaises au général de Gaulle).
[[File:Dunkirk 26-29 May 1940 NYP68075.jpg|thumb|Les troupes alliées attendant l'évacuation à Dunkerque entre le 27 mai et le 4 juin 1940]]
[[File:Dunkirk 26-29 May 1940 NYP68075.jpg|thumb|Les troupes alliées attendant l'évacuation à Dunkerque entre le 27 mai et le 4 juin 1940]]
Le Royaume-Uni réussit, du {{date-|27 mai}} au {{date-|3 juin}}, à [[Évacuation de Dunkerque|sauver {{nombre|300000|soldats}}]] au cours de la [[Bataille de Dunkerque|plus vaste opération de rapatriement]] de l'histoire militaire.
Le Royaume-Uni réussit, du {{date-|27 mai}} au {{date-|3 juin}}, à [[Évacuation de Dunkerque|sauver {{nombre|300000|soldats}}]] au cours de la [[Bataille de Dunkerque|plus vaste opération de rapatriement]] de l'histoire militaire.
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Le {{date-|22|juin|1941}}, la [[Wehrmacht]] envahit l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] dans le cadre de l'[[opération Barbarossa]]. Elle mobilise 3,2 millions de soldats allemands, et {{nombre|600000|soldats}} des États alliés de Hongrie, de Roumanie, de Finlande, de Slovaquie et d'Italie. C'est à ce jour la plus grande offensive militaire de l'histoire<ref>Cf. {{Ouvrage|langue=de|prénom1=Alexander|nom1=Lüdeke|titre=Der Zweite Weltkrieg|sous-titre=Ursachen, Ausbruch, Verlauf, Folgen|lieu=Bath|éditeur=Parragon|année=2007|pages totales=320|passage=118|isbn=978-1-4054-8585-2|oclc=183896302}}.</ref>.
Le {{date-|22|juin|1941}}, la [[Wehrmacht]] envahit l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] dans le cadre de l'[[opération Barbarossa]]. Elle mobilise 3,2 millions de soldats allemands, et {{nombre|600000|soldats}} des États alliés de Hongrie, de Roumanie, de Finlande, de Slovaquie et d'Italie. C'est à ce jour la plus grande offensive militaire de l'histoire<ref>Cf. {{Ouvrage|langue=de|prénom1=Alexander|nom1=Lüdeke|titre=Der Zweite Weltkrieg|sous-titre=Ursachen, Ausbruch, Verlauf, Folgen|lieu=Bath|éditeur=Parragon|année=2007|pages totales=320|passage=118|isbn=978-1-4054-8585-2|oclc=183896302}}.</ref>.


Malgré une avance foudroyante et la capture ou le [[Crimes de guerre de la Wehrmacht|massacre de plusieurs millions de Soviétiques]], la Wehrmacht est stoppée en {{date-||décembre|1941}}, à une trentaine de kilomètres de [[Moscou]] dans un froid glacial et sans équipement adéquat. Pour la seconde fois depuis la [[campagne de Russie|campagne de Russie de 1812]], les Russes sont sauvés par la [[général Hiver|rigueur de leur hiver]], et aussi par un appel pressant au [[patriotisme]] et au sacrifice face à des combats très meurtriers. Les Allemands restent également bloqués devant [[Saint-Pétersbourg|Léningrad]], délibérément soumise par Hitler à un [[siège de Léningrad|siège]] de 900 jours (jusqu'au 27 janvier 1944), qui fait périr de faim {{nombre|700000|habitants}}.
Malgré une avance foudroyante et la capture ou le [[Crimes de guerre de la Wehrmacht|massacre de plusieurs millions de Soviétiques]], la Wehrmacht est stoppée en {{date-||décembre|1941}}, à une trentaine de kilomètres de [[Moscou]] dans un froid glacial et sans équipement adéquat. Pour la seconde fois depuis la [[campagne de Russie|campagne de Russie de 1812]], les Russes sont sauvés par la [[général Hiver|rigueur de leur hiver]], et aussi par un appel pressant au [[patriotisme]] et au sacrifice face à des combats très meurtriers. Les Allemands restent également bloqués devant [[Saint-Pétersbourg|Leningrad]], délibérément soumise par Hitler à un [[siège de Léningrad|siège]] de 900 jours (jusqu'au 27 janvier 1944), qui fait périr de faim {{nombre|700000|habitants}}.


{{Article détaillé|Controverse sur les plans d'offensive soviétiques|Opération Barbarossa|Siège de Léningrad|Front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)}}
{{Article détaillé|Controverse sur les plans d'offensive soviétiques|Opération Barbarossa|Siège de Léningrad|Front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)}}
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==== Front d'Extrême-Orient et du Pacifique (1941) ====
==== Front d'Extrême-Orient et du Pacifique (1941) ====
[[Fichier:Bosbritsurrendergroup.jpg|vignette|Reddition des soldats britanniques à [[Bataille de Singapour|Singapour]]]]
[[Fichier:Bosbritsurrendergroup.jpg|vignette|Reddition des soldats britanniques à [[Bataille de Singapour|Singapour]].]]
Désireux de venger l'affront fait par la France au royaume de [[Siam]] en 1893 et 1904, la Thaïlande profite de l'invasion de celle-ci par l'Allemagne et se lance en {{date-|janvier 1941}} dans une série d'attaques contre l'[[Indochine française]], déclenchant la [[guerre franco-thaïlandaise]]. Aucun camp n'étant en mesure de s'imposer, le litige est tranché par le Japon, présent au nord de l'Indochine depuis {{date-|septembre 1940}} et qui octroie à la Thaïlande une partie du [[Laos]] et du [[Cambodge]].
Désireux de venger l'affront fait par la France au royaume de [[Siam]] en 1893 et 1904, la Thaïlande profite de l'invasion de celle-ci par l'Allemagne et se lance en {{date-|janvier 1941}} dans une série d'attaques contre l'[[Indochine française]], déclenchant la [[guerre franco-thaïlandaise]]. Aucun camp n'étant en mesure de s'imposer, le litige est tranché par le Japon, présent au nord de l'Indochine depuis {{date-|septembre 1940}} et qui octroie à la Thaïlande une partie du [[Laos]] et du [[Cambodge]].


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=== Tournant de 1942 ===
=== Tournant de 1942 ===
[[File:Attack on Pearl Harbor.jpg|thumb|left|Attaque de Pearl Harbor.]]
[[File:Attack on Pearl Harbor.jpg|thumb|left|Attaque de Pearl Harbor.]]
L’[[attaque de Pearl Harbor]] provoque l’entrée en guerre des États-Unis, bientôt suivis par le [[Histoire militaire du Mexique pendant la Seconde Guerre mondiale|Mexique]] et par d’autres États latino-américains. Affaiblis par l’attaque japonaise, les États-Unis mettent toute leur puissance industrielle au service de la guerre et sont bientôt en mesure de porter des coups. En mai lors de la [[bataille de la mer de Corail]], en dépit d'une défaite tactique, ils empêchent le débarquement japonais en [[Nouvelle-Guinée]], puis au début de {{date-||juin|1942}}, la bataille aéronavale des îles [[Bataille de Midway|Midway]] coûte quatre porte-avions au Japon, désormais placé sur la défensive dans le Pacifique. Les États-Unis commencent la reconquête de l'océan Pacifique, île par île.
L'[[attaque de Pearl Harbor]] provoque l'entrée en guerre des États-Unis, bientôt suivis par le [[Histoire militaire du Mexique pendant la Seconde Guerre mondiale|Mexique]] et par d'autres États latino-américains. Affaiblis par l'attaque japonaise, les États-Unis mettent toute leur puissance industrielle au service de la guerre et sont bientôt en mesure de porter des coups. En mai lors de la [[bataille de la mer de Corail]], en dépit d'une défaite tactique, ils empêchent le débarquement japonais en [[Nouvelle-Guinée]], puis au début de {{date-||juin|1942}}, la bataille aéronavale des îles [[Bataille de Midway|Midway]] coûte quatre porte-avions au Japon, désormais placé sur la défensive dans le Pacifique. Les États-Unis commencent la reconquête de l'océan Pacifique, île par île.


{{Article détaillé|Bataille de la mer de Corail|Bataille de Midway|Campagne des îles Salomon|Campagne de Nouvelle-Guinée}}
{{Article détaillé|Bataille de la mer de Corail|Bataille de Midway|Campagne des îles Salomon|Campagne de Nouvelle-Guinée}}
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[[Fichier:German soldiers with MG 34.jpg|vignette|266px|Soldats allemands équipés d'une [[maschinengewehr 34|mitrailleuse MG34]] sur le [[front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|front russe]], en 1942.]]
[[Fichier:German soldiers with MG 34.jpg|vignette|266px|Soldats allemands équipés d'une [[maschinengewehr 34|mitrailleuse MG34]] sur le [[front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|front russe]], en 1942.]]


En Europe, l’Union soviétique supporte presque seule l’effort de guerre contre l’Allemagne nazie. À partir de {{date-||juin|1942}}, les Allemands ont relancé leur offensive vers l’est, en direction de la [[Volga]] et des pétroles du [[Caucase]]. Mais les troupes allemandes restent bloquées devant Stalingrad.
En Europe, l'Union soviétique supporte presque seule l'effort de guerre contre l'Allemagne nazie. À partir de {{date-||juin|1942}}, les Allemands ont relancé leur offensive vers l'est, en direction de la [[Volga]] et des pétroles du [[Caucase]]. Mais les troupes allemandes restent bloquées devant Stalingrad.


{{Article détaillé|Bataille de Stalingrad|Bataille du Caucase}}
{{Article détaillé|Bataille de Stalingrad|Bataille du Caucase}}


En Afrique du Nord, les Britanniques ont repris l’initiative à partir de {{date-||septembre|1942}}. Ils remportent une victoire décisive à [[El-Alamein]] et commencent à repousser l'Afrika Korps vers l’ouest.
En Afrique du Nord, les Britanniques ont repris l'initiative à partir de {{date-||septembre|1942}}. Ils remportent une victoire décisive à [[El-Alamein]] et commencent à repousser l'Afrika Korps vers l'ouest.


{{Article détaillé|Seconde bataille d'El Alamein}}
{{Article détaillé|Seconde bataille d'El Alamein}}


[[Joseph Staline|Staline]] presse ses alliés d’ouvrir un deuxième front à l’ouest. Après des hésitations, [[Winston Churchill|Churchill]] et [[Franklin Delano Roosevelt|Roosevelt]] se décident pour l’Afrique du Nord. C’est l’[[opération Torch]], qui se traduit par le débarquement des forces alliées au [[Maroc]] et en [[Algérie]], le {{date-|8|novembre|1942}}. Le {{date-|11 novembre}}, l’[[François Darlan|amiral Darlan]], à Alger, engage l’Afrique à reprendre le combat aux côtés des Alliés. Il est officiellement désavoué par le maréchal Pétain. Cependant, les Allemands considèrent que l’armistice de {{date-|juin 1940}} est rompu et [[Opération Anton|envahissent alors]] le {{date-|11|novembre|1942}} la [[Zone libre|zone sud de la France]] que cet armistice avait prévu non occupée. L’armée française d’Afrique se joint aux armées alliées. En Afrique du Nord, les Allemands sont alors pris en tenaille entre les Britanniques à l’est et les Franco-Américains à l’ouest.
[[Joseph Staline|Staline]] presse ses alliés d'ouvrir un deuxième front à l'ouest. Après des hésitations, [[Winston Churchill|Churchill]] et [[Franklin Delano Roosevelt|Roosevelt]] se décident pour l'Afrique du Nord. C'est l'[[Opération Torch|opération ''Torch'']], qui se traduit par le débarquement des forces alliées au [[Maroc]] et en [[Algérie]], le {{date-|8|novembre|1942}}. Le {{date-|11 novembre}}, l'[[François Darlan|amiral Darlan]], à Alger, engage l'Afrique à reprendre le combat aux côtés des Alliés. Il est officiellement désavoué par le maréchal Pétain. Cependant, les Allemands considèrent que l'armistice de {{date-|juin 1940}} est rompu et [[Opération Anton|envahissent alors]] le {{date-|11|novembre|1942}} la [[Zone libre|zone sud de la France]] que cet armistice avait prévu non occupée. L'armée française d'Afrique se joint aux armées alliées. En Afrique du Nord, les Allemands sont alors pris en tenaille entre les Britanniques à l'est et les Franco-Américains à l'ouest.


{{Article détaillé|Opération Torch|campagne de Tunisie}}
{{Article détaillé|Opération Torch|campagne de Tunisie}}


Au cours de l’année 1942, l’entrée en guerre des États-Unis avait entrainé une extension à tout l’océan Atlantique de la lutte des sous-marins allemands contre les navires alliés qui assurent l’approvisionnement de la Grande-Bretagne. Les convois alliés subissent de très lourdes pertes tout au long de l’année, mais à partir de la fin de l’année 1942 et plus encore au début de 1943, de nouveaux moyens techniques – décryptage des communications ennemies, [[radar]]s, [[sonar]]s – permettent aux Alliés de détruire de plus en plus de sous-marins allemands, et les pertes alliées décroissent inexorablement.
Au cours de l'année 1942, l'entrée en guerre des États-Unis avait entrainé une extension à tout l'océan Atlantique de la lutte des sous-marins allemands contre les navires alliés qui assurent l'approvisionnement de la Grande-Bretagne. Les convois alliés subissent de très lourdes pertes tout au long de l'année, mais à partir de la fin de l'année 1942 et plus encore au début de 1943, de nouveaux moyens techniques – décryptage des communications ennemies, [[radar]]s, [[sonar]]s – permettent aux Alliés de détruire de plus en plus de sous-marins allemands, et les pertes alliées décroissent inexorablement.


{{Article détaillé|Bataille de l'Atlantique (1939-1945)|Bataille des Caraïbes}}
{{Article détaillé|Bataille de l'Atlantique (1939-1945)|Bataille des Caraïbes}}
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[[Fichier:Warsaw_1944.jpg|vignette|[[Insurrection de Varsovie]] (1944). Photographe: Ewa Faryaszewska (1920 – 1944)]]
[[Fichier:Warsaw_1944.jpg|vignette|[[Insurrection de Varsovie]] (1944). Photographe: Ewa Faryaszewska (1920 – 1944)]]
[[Fichier:446th-b24s2.jpg|vignette|Dans le Pacifique comme en Europe et en Afrique, l'aviation alliée est une des clés de la victoire contre les forces de l'Axe.]]
[[Fichier:446th-b24s2.jpg|vignette|Dans le Pacifique comme en Europe et en Afrique, l'aviation alliée est une des clés de la victoire contre les forces de l'Axe.]]
Au début de l’année 1943, les Allemands subissent sur le front oriental une très lourde défaite à Stalingrad. Après les capitulations du {{date-|30|janvier|1943}} et du {{date-|2|février|1943}}, les Soviétiques font {{unité|91000|prisonniers}}, dont le maréchal [[Friedrich Paulus|Paulus]], premier militaire allemand de ce rang capturé depuis 1806. Après avoir libéré le Caucase, les Soviétiques tentent de libérer l'Ukraine alors que les Allemands et leurs alliés sont à bout de souffle, mais une contre-attaque allemande à [[Troisième bataille de Kharkov|Kharkov]] (Ukraine orientale) stoppe l'Armée rouge. Les Allemands mènent une offensive d'été limitée à [[Koursk]] (en Russie, au nord de [[Kharkiv|Kharkov]]), en compensant leur manque d'infanterie, à la suite de la bataille de Stalingrad, par un fort déploiement de chars avec de nouveaux matériels. Attendus par les Soviétiques qui fortifient la région et amassent de grande quantité de blindés, les Allemands sont de nouveau défaits. Sans attendre, les Soviétiques déploient leurs chars et reprennent leurs offensives pour la libération de l'Ukraine.
Au début de l'année 1943, les Allemands subissent sur le front oriental une très lourde défaite à Stalingrad. Après les capitulations du {{date-|30|janvier|1943}} et du {{date-|2|février|1943}}, les Soviétiques font {{unité|91000|prisonniers}}, dont le maréchal [[Friedrich Paulus|Paulus]], premier militaire allemand de ce rang capturé depuis 1806. Après avoir libéré le Caucase, les Soviétiques tentent de libérer l'Ukraine alors que les Allemands et leurs alliés sont à bout de souffle, mais une contre-attaque allemande à [[Troisième bataille de Kharkov|Kharkov]] (Ukraine orientale) stoppe l'Armée rouge. Les Allemands mènent une offensive d'été limitée à [[Koursk]] (en Russie, au nord de [[Kharkiv|Kharkov]]), en compensant leur manque d'infanterie, à la suite de la bataille de Stalingrad, par un fort déploiement de chars avec de nouveaux matériels. Attendus par les Soviétiques qui fortifient la région et amassent de grande quantité de blindés, les Allemands sont de nouveau défaits. Sans attendre, les Soviétiques déploient leurs chars et reprennent leurs offensives pour la libération de l'Ukraine.


{{Article détaillé|Bataille de Stalingrad|Bataille de Koursk}}
{{Article détaillé|Bataille de Stalingrad|Bataille de Koursk}}
[[Fichier:Roteiro da FEB na Campanha da Itália.jpg|vignette|Carte des actions brésiliennes et des alliés dans le nord de l'Italie, 1944-1945. [[Archives nationales du Brésil.]]]]
[[Fichier:Roteiro da FEB na Campanha da Itália.jpg|vignette|Carte des actions brésiliennes et des alliés dans le nord de l'Italie, 1944-1945. [[Archives nationales du Brésil.]]]]
Avec la prise de [[Tunis]], le {{date-|7|mai|1943}} et la reddition des troupes allemandes et italiennes, les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] sont maîtres de toute l’Afrique du Nord. Le {{date-|10|juillet|1943}}, ils [[Opération Husky|débarquent en Sicile]] et prennent pied sur la péninsule italienne en septembre, le jour même où [[Pietro Badoglio|Badoglio]], le successeur de [[Benito Mussolini|Mussolini]], évincé du pouvoir, annonce un armistice qui préfigure un retournement d’alliance. Les Allemands envahissent le territoire de leur ancien partenaire et bloquent de longs mois les troupes alliées de onze nationalités au [[mont Cassin]]. [[Rome]] n'est libérée que le {{date-|4|juin|1944}}, la [[Toscane]] en {{date-||août|1944}}. La plaine du [[Pô]] n'est atteinte qu’en {{date-||avril|1945}}.
Avec la prise de [[Tunis]], le {{date-|7|mai|1943}} et la reddition des troupes allemandes et italiennes, les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] sont maîtres de toute l'Afrique du Nord. Le {{date-|10|juillet|1943}}, ils [[Opération Husky|débarquent en Sicile]] et prennent pied sur la péninsule italienne en septembre, le jour même où [[Pietro Badoglio|Badoglio]], le successeur de [[Benito Mussolini|Mussolini]], évincé du pouvoir, annonce un armistice qui préfigure un retournement d'alliance. Les Allemands envahissent le territoire de leur ancien partenaire et bloquent de longs mois les troupes alliées de onze nationalités au [[mont Cassin]]. [[Rome]] n'est libérée que le {{date-|4|juin|1944}}, la [[Toscane]] en {{date-||août|1944}}. La plaine du [[Pô]] n'est atteinte qu'en {{date-||avril|1945}}.


{{Article détaillé|Campagne d'Italie (Seconde Guerre mondiale)|Bataille du Monte Cassino|Quatre journées de Naples}}
{{Article détaillé|Campagne d'Italie (Seconde Guerre mondiale)|Bataille du Monte Cassino|Quatre journées de Naples}}


Pour la première fois depuis le début de la guerre, les trois dirigeants alliés, [[Winston Churchill|Churchill]], [[Franklin Delano Roosevelt|Roosevelt]] et [[Joseph Staline|Staline]] se rencontrent à [[Téhéran]] à la fin du mois de {{date-||novembre|1943}} pour esquisser ce que sera le monde de l’après-guerre.
Pour la première fois depuis le début de la guerre, les trois dirigeants alliés, [[Winston Churchill|Churchill]], [[Franklin Delano Roosevelt|Roosevelt]] et [[Joseph Staline|Staline]] se rencontrent à [[Téhéran]] à la fin du mois de {{date-||novembre|1943}} pour esquisser ce que sera le monde de l'après-guerre.


{{Article détaillé|Conférence de Téhéran}}
{{Article détaillé|Conférence de Téhéran}}


Sur le front oriental, l’[[Armée rouge]] ne cesse de progresser vers l’ouest. [[Bataille du Dniepr|Elle entre à Kiev]], en Ukraine, en {{date-|novembre 1943}}, dégage Leningrad en {{date-||janvier|1944}}. Le {{date-|22 juin 1944}}, alors qu’un front à l’ouest [[Débarquement de Normandie|a été ouvert en Normandie]], elle lance la plus grande offensive de son histoire : l’[[Opération Bagration|opération ''Bagration'']], qui libère la [[Biélorussie]] en quelques semaines et occupe la [[Prusse-Orientale]] et la Pologne jusqu’aux faubourgs de [[Varsovie]]. Toutefois, l’Armée rouge s’arrête tant pour des raisons militaires notamment « l’épuisement de la dynamique de l’offensive » face à la « contre-offensive de {{nobr|3 divisions}} panzer SS »<ref>Liddell Hart, ''Histoire de la Seconde Guerre mondiale'', {{p.|586}}.</ref> que politiques, en laissant écraser l’[[insurrection de Varsovie]] ({{date-|1|août|1944}}-{{date-|2|octobre|1944}}), Staline élimine en pratique la résistance non communiste du jeu politique d'après guerre<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Jan Karski]]|titre=Story of a secret state|lieu=Safety Harbor, FL|éditeur=Simon Publications|année=2001|pages totales=391|isbn=978-1-931541-39-8|oclc=50806861}} (publié en français sous le titre « Mon témoignage devant le monde ») ; Miron Bialoszewski, ''Mémoire de l'insurrection de Varsovie'' (traduction française Érik Veaux), éd. Calmann-Lévy, 2002 ; Alexandra Kwiatkowska-Viatteau, ''L'insurrection de Varsovie : la bataille de 1944'', éd. PU Paris-Sorbonne, 2003 {{ISBN | 2-84050-271-2|978-2-84050-271-5}} ; Elisabeth G. Sledziewski, Varsovie 44, récit d'insurrection, ed. Autrement, 2004.</ref>. Du {{date-|20|août|1944}} au {{date-|8|septembre|1944}}, le [[Front roumain (1944)|front roumain]] cède, [[Royaume de Roumanie|Roumanie]] et [[Royaume de Bulgarie|Bulgarie]] passent dans le camp des Alliés, mais, [[Opération Margarethe|en occupant]] le {{date-|19 mars 1944}} son [[Royaume de Hongrie (1920-1946)|alliée la Hongrie]], Hitler empêche le régent [[Miklós Horthy]] d’en faire autant, et il faut ensuite aux Soviétiques cinq mois de siège de [[Budapest]] pour s’ouvrir en {{date-|février 1945}} la route de [[Vienne (Autriche)|Vienne]]. En Yougoslavie, les partisans de [[Josip Broz Tito|Tito]] libèrent une grande partie du pays et entrent dans [[Belgrade]] en {{date-|septembre 1944}} sans l’aide de l’Armée rouge.
Sur le front oriental, l'[[Armée rouge]] ne cesse de progresser vers l'ouest. [[Bataille du Dniepr|Elle entre à Kiev]], en Ukraine, en {{date-|novembre 1943}}, dégage Leningrad en {{date-||janvier|1944}}. Le {{date-|22 juin 1944}}, alors qu'un front à l'ouest [[Débarquement de Normandie|a été ouvert en Normandie]], elle lance la plus grande offensive de son histoire : l'[[Opération Bagration|opération ''Bagration'']], qui libère la [[Biélorussie]] en quelques semaines et occupe la [[Prusse-Orientale]] et la Pologne jusqu'aux faubourgs de [[Varsovie]]. Toutefois, l'Armée rouge s'arrête tant pour des raisons militaires notamment « l'épuisement de la dynamique de l'offensive » face à la « contre-offensive de {{nobr|3 divisions}} panzer SS »<ref>Liddell Hart, ''Histoire de la Seconde Guerre mondiale'', {{p.|586}}.</ref> que politiques, en laissant écraser l'[[insurrection de Varsovie]] ({{date-|1|août|1944}}-{{date-|2|octobre|1944}}), Staline élimine en pratique la résistance non communiste du jeu politique d'après guerre<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Jan Karski]]|titre=Story of a secret state|lieu=Safety Harbor, FL|éditeur=Simon Publications|année=2001|pages totales=391|isbn=978-1-931541-39-8|oclc=50806861}} (publié en français sous le titre « Mon témoignage devant le monde ») ; Miron Bialoszewski, ''Mémoire de l'insurrection de Varsovie'' (traduction française Érik Veaux), éd. Calmann-Lévy, 2002 ; Alexandra Kwiatkowska-Viatteau, ''L'insurrection de Varsovie : la bataille de 1944'', éd. PU Paris-Sorbonne, 2003 {{ISBN | 2-84050-271-2|978-2-84050-271-5}} ; Elisabeth G. Sledziewski, Varsovie 44, récit d'insurrection, ed. Autrement, 2004.</ref>. Du {{date-|20|août|1944}} au {{date-|8|septembre|1944}}, le [[Front roumain (1944)|front roumain]] cède, [[Royaume de Roumanie|Roumanie]] et [[Royaume de Bulgarie|Bulgarie]] passent dans le camp des Alliés, mais, [[Opération Margarethe|en occupant]] le {{date-|19 mars 1944}} son [[Royaume de Hongrie (1920-1946)|alliée la Hongrie]], Hitler empêche le régent [[Miklós Horthy]] d'en faire autant, et il faut ensuite aux Soviétiques cinq mois de siège de [[Budapest]] pour s'ouvrir en {{date-|février 1945}} la route de [[Vienne (Autriche)|Vienne]]. En Yougoslavie, les partisans de [[Josip Broz Tito|Tito]] libèrent une grande partie du pays et entrent dans [[Belgrade]] en {{date-|septembre 1944}} sans l'aide de l'Armée rouge.


{{Article détaillé|Opération Bagration|Insurrection de Varsovie|Bataille de Budapest|Offensive de Belgrade}}
{{Article détaillé|Opération Bagration|Insurrection de Varsovie|Bataille de Budapest|Offensive de Belgrade}}
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[[Fichier:A Sherman tank of 11th Armoured Division passing through Leende, Holland, 22 September 1944. B10255.jpg|vignette|Char britannique à [[Leende]] ([[Pays-Bas]]).]]
[[Fichier:A Sherman tank of 11th Armoured Division passing through Leende, Holland, 22 September 1944. B10255.jpg|vignette|Char britannique à [[Leende]] ([[Pays-Bas]]).]]


Le {{date-|6 juin 1944}}, {{nb|4126 navires}} alliés réussissent [[Jour J|le plus grand débarquement de l’Histoire]] sur les plages de [[Normandie]], prenant les Allemands par surprise et ouvrant enfin le second front. Malgré l’exploit logistique, l’armée hitlérienne parvient à contenir les Anglo-Saxons en Normandie pendant plus de dix semaines dans une longue bataille d’usure ([[bataille des Haies]], [[bataille de Caen]]), jusqu’à ce que la [[opération Cobra|percée d’Avranches]] ({{date-|31|juillet|1944}}) ouvre la voie de la [[Bretagne]] et prenne les troupes allemandes à revers en les encerclant dans la [[poche de Falaise]]. Paris insurgée est libérée le {{date-|25 août 1944}}. Auparavant, le {{date-|15 août}}, des troupes américaines et françaises avaient débarqué en [[Provence]], sur la côte méditerranéenne.
Le {{date-|6 juin 1944}}, {{nb|4126 navires}} alliés réussissent [[Jour J|le plus grand débarquement de l'Histoire]] sur les plages de [[Normandie]], prenant les Allemands par surprise et ouvrant enfin le second front. Malgré l'exploit logistique, l'armée hitlérienne parvient à contenir les Anglo-Saxons en Normandie pendant plus de dix semaines dans une longue bataille d'usure ([[bataille des Haies]], [[bataille de Caen]]), jusqu'à ce que la [[opération Cobra|percée d'Avranches]] ({{date-|31|juillet|1944}}) ouvre la voie de la [[Bretagne]] et prenne les troupes allemandes à revers en les encerclant dans la [[poche de Falaise]]. Paris insurgée est libérée le {{date-|25 août 1944}}. Auparavant, le {{date-|15 août}}, des troupes américaines et françaises avaient débarqué en [[Provence]], sur la côte méditerranéenne.


{{Article détaillé|Bataille de Normandie|Débarquement de Provence|Libération de Paris}}
{{Article détaillé|Bataille de Normandie|Débarquement de Provence|Libération de Paris}}


La progression se fait alors rapidement et, à la mi-septembre, presque toute la France et la Belgique sont libérées par les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|armées alliées]]. Mais alors que les Alliés espéraient une fin du conflit avant la fin 1944, la résistance nazie allemande va s’intensifier. L’opération aéroportée pour tenter une percée vers l’Allemagne par les Pays-Bas échoue ({{date-||septembre|1944}}). La pénurie d’essence et les problèmes logistiques obligent à une bataille sur les abords de l’[[Escaut]] (novembre 1944) menée par les Canadiens pour libérer les accès maritimes du port d’[[Anvers]]. Dans l'est de la France, les Américains et les Français, d'abord à court de carburant, n'avancent que lentement face à une défense allemande qui s'est renforcée. La [[bataille des Ardennes|contre-attaque allemande]] dans les [[Massif ardennais|Ardennes]] (Noël 1944) surprend totalement les Américains, mais s'essouffle au bout d'une dizaine de jours. Elle contribue toutefois à retarder le passage du Rhin jusqu’à fin {{date-||mars|1945}}. Une large [[Famine aux Pays-Bas en 1944|famine]] touche les Pays-Bas durant l'hiver de 1944, tuant plus de {{nombre|20000|personnes}}. L'[[opération Manna]] est déclenchée par les Alliés pour parachuter des vivres à la population.
La progression se fait alors rapidement et, à la mi-septembre, presque toute la France et la Belgique sont libérées par les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|armées alliées]]. Mais alors que les Alliés espéraient une fin du conflit avant la fin 1944, la résistance nazie allemande va s'intensifier. L'opération aéroportée pour tenter une percée vers l'Allemagne par les Pays-Bas échoue ({{date-||septembre|1944}}). La pénurie d'essence et les problèmes logistiques obligent à une bataille sur les abords de l'[[Escaut]] (novembre 1944) menée par les Canadiens pour libérer les accès maritimes du port d'[[Anvers]]. Dans l'est de la France, les Américains et les Français, d'abord à court de carburant, n'avancent que lentement face à une défense allemande qui s'est renforcée. La [[bataille des Ardennes|contre-attaque allemande]] dans les [[Massif ardennais|Ardennes]] (Noël 1944) surprend totalement les Américains, mais s'essouffle au bout d'une dizaine de jours. Elle contribue toutefois à retarder le passage du Rhin jusqu'à fin {{date-||mars|1945}}. Une large [[Famine aux Pays-Bas en 1944|famine]] touche les Pays-Bas durant l'hiver de 1944, tuant plus de {{nombre|20000|personnes}}. L'[[opération Manna]] est déclenchée par les Alliés pour parachuter des vivres à la population.


{{Article détaillé|Campagne de la ligne Siegfried|Bataille des Ardennes}}
{{Article détaillé|Campagne de la ligne Siegfried|Bataille des Ardennes}}
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[[Fichier:Affiche du 9 mai 1945 du maréchal Lattre de Tassigny (13-04-1979).JPG|vignette|Affiche du 9 mai 1945 du général [[Jean de Lattre de Tassigny|De Lattre de Tassigny]] annonçant la victoire (photographiée à Strasbourg en 1979).]]
[[Fichier:Affiche du 9 mai 1945 du maréchal Lattre de Tassigny (13-04-1979).JPG|vignette|Affiche du 9 mai 1945 du général [[Jean de Lattre de Tassigny|De Lattre de Tassigny]] annonçant la victoire (photographiée à Strasbourg en 1979).]]


Écrasée sous les bombes, assaillie de tous côtés, l’[[Troisième Reich|Allemagne nazie]] voit sa capitale Berlin investie le {{date-|30 avril}} par les Soviétiques. [[Derniers jours d'Adolf Hitler|Hitler s’y donne la mort]] dans son bunker le même jour. Le {{date-|7 mai 1945}} à [[Reims]] au QG du SHAEF, le colonel général [[Alfred Jodl]] signe l’[[actes de capitulation du Troisième Reich|acte de reddition inconditionnelle]] des forces armées allemandes. Pour des questions de prestige, Staline exige cependant une capitulation signée à Berlin par les plus hauts représentants de la [[Wehrmacht]] et des alliés. Un embargo est posé sur l'annonce de la capitulation de Reims<ref>Pour l'avoir rompu, un journaliste de l'AP a été licencié. Consulter {{article |url=https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/05/04/licencie-l-auteur-du-scoop-du-siecle-obtient-des-excuses-67-ans-apres_1696146_3222.html |titre=Licencié, l'auteur du scoop du siècle obtient des excuses 67 ans après |périodique=Le Monde |date=4 mai 2012}}.</ref>. Dans la nuit du 8 au 9 mai 1945, à Berlin, le maréchal [[Wilhelm Keitel]], l'amiral [[Hans-Georg von Friedeburg|von Friedeburg]] et le général [[Hans-Jürgen Stumpff|Stumpff]] signent à leur tour la capitulation du Troisième Reich en présence des représentants des Alliés, le maréchal [[Gueorgui Joukov|Joukov]], le maréchal [[Arthur Tedder|Tedder]], le général [[Jean de Lattre de Tassigny|de Lattre de Tassigny]] et le général [[Carl A. Spaatz|Spaatz]]. C’est donc officiellement le {{date-|8|mai|1945}} que l'Allemagne capitule, ce qui met fin à la guerre en Europe. Il est communément admis que la signature a lieu peu avant minuit (peu après à l'heure de Moscou)<ref>[[#Ziemke|Earl F. Ziemke]], chapitre XV:The Victory Sealed, page 258, dernier paragraphe.</ref> ; néanmoins, certains historiens la situent peu après minuit, antidatée du 8 mai, afin de se conformer à ce qui a été signé à Reims<ref>Ian Kershaw, ''La Fin'', Seuil, Paris, 2012, 670 p. {{ISBN|978-2-02-080301-4}} {{epub}} emplacement 8779 sur 16493. Voir également le récit détaillé par Maurice Vaïsse, « La Capitulation de l'Allemagne », ''L'Histoire'', {{n°|78}}, mai 1985, ({{Lien brisé|url=http://www.histoire.presse.fr/mensuel/78/la-capitulation-de-l-allemagne-01-05-1985-54982 |titre=Lire en ligne}}).</ref>.
Écrasée sous les bombes, assaillie de tous côtés, l'[[Troisième Reich|Allemagne nazie]] voit sa capitale Berlin investie le {{date-|30 avril}} par les Soviétiques. [[Derniers jours d'Adolf Hitler|Hitler s'y donne la mort]] dans son bunker le même jour. Le {{date-|7 mai 1945}} à [[Reims]] au QG du SHAEF, le colonel général [[Alfred Jodl]] signe l'[[actes de capitulation du Troisième Reich|acte de reddition inconditionnelle]] des forces armées allemandes. Pour des questions de prestige, Staline exige cependant une capitulation signée à Berlin par les plus hauts représentants de la [[Wehrmacht]] et des alliés. Un embargo est posé sur l'annonce de la capitulation de Reims<ref>Pour l'avoir rompu, un journaliste de l'AP a été licencié. Consulter {{article |url=https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/05/04/licencie-l-auteur-du-scoop-du-siecle-obtient-des-excuses-67-ans-apres_1696146_3222.html |titre=Licencié, l'auteur du scoop du siècle obtient des excuses 67 ans après |périodique=Le Monde |date=4 mai 2012}}.</ref>. Dans la nuit du 8 au 9 mai 1945, à Berlin, le maréchal [[Wilhelm Keitel]], l'amiral [[Hans-Georg von Friedeburg|von Friedeburg]] et le général [[Hans-Jürgen Stumpff|Stumpff]] signent à leur tour la capitulation du Troisième Reich en présence des représentants des Alliés, le maréchal [[Gueorgui Joukov|Joukov]], le maréchal [[Arthur Tedder|Tedder]], le général [[Jean de Lattre de Tassigny|de Lattre de Tassigny]] et le général [[Carl A. Spaatz|Spaatz]]. C'est donc officiellement le {{date-|8|mai|1945}} que l'Allemagne capitule, ce qui met fin à la guerre en Europe. Il est communément admis que la signature a lieu peu avant minuit (peu après à l'heure de Moscou)<ref>[[#Ziemke|Earl F. Ziemke]], chapitre XV:The Victory Sealed, page 258, dernier paragraphe.</ref> ; néanmoins, certains historiens la situent peu après minuit, antidatée du 8 mai, afin de se conformer à ce qui a été signé à Reims<ref>Ian Kershaw, ''La Fin'', Seuil, Paris, 2012, 670 p. {{ISBN|978-2-02-080301-4}} {{epub}} emplacement 8779 sur 16493. Voir également le récit détaillé par Maurice Vaïsse, « La Capitulation de l'Allemagne », ''L'Histoire'', {{n°|78}}, mai 1985, ({{Lien brisé|url=http://www.histoire.presse.fr/mensuel/78/la-capitulation-de-l-allemagne-01-05-1985-54982 |titre=Lire en ligne}}).</ref>.
{{Article détaillé|Bataille d'Okinawa|Bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki|Offensive soviétique de Mandchourie|Capitulation du Japon}}
{{Article détaillé|Bataille d'Okinawa|Bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki|Offensive soviétique de Mandchourie|Capitulation du Japon}}
En Asie, si l'[[empire du Japon]] n'a plus l'initiative, il défend pied à pied ses territoires conquis que les Américains prennent au prix de lourdes pertes. Ils s'emparent ainsi d'[[Iwo Jima]] et d'[[Île Okinawa|Okinawa Hontō]], des îles proches de l’archipel japonais permettant aux Alliés des attaques aériennes directes et massives sur le Japon comme les [[bombardements de Tokyo|bombardements successifs sur Tokyo]]. Le {{date-|15|août|1945}}, après le largage par les États-Unis des deux premières [[Bombe A|bombes atomiques]] sur les villes de [[Hiroshima]] et de [[Nagasaki]] et l'invasion de la [[Mandchourie]] et de la [[Corée]] par l’URSS, l'empereur [[Gyokuon-hōsō|Hirohito annonce la capitulation du Japon]]. Les [[Actes de capitulation du Japon|actes de capitulation inconditionnelle du Japon]] sont signés le {{date-|2 septembre}} et closent presque six ans jour pour jour après son début la Seconde Guerre mondiale.
En Asie, si l'[[empire du Japon]] n'a plus l'initiative, il défend pied à pied ses territoires conquis que les Américains prennent au prix de lourdes pertes. Ils s'emparent ainsi d'[[Iwo Jima]] et d'[[Île Okinawa|Okinawa Hontō]], des îles proches de l'archipel japonais permettant aux Alliés des attaques aériennes directes et massives sur le Japon comme les [[bombardements de Tokyo|bombardements successifs sur Tokyo]]. Le {{date-|15|août|1945}}, après le largage par les États-Unis des deux premières [[Bombe A|bombes atomiques]] sur les villes de [[Hiroshima]] et de [[Nagasaki]] et l'invasion de la [[Mandchourie]] et de la [[Corée]] par l'URSS, l'empereur [[Gyokuon-hōsō|Hirohito annonce la capitulation du Japon]]. Les [[Actes de capitulation du Japon|actes de capitulation inconditionnelle du Japon]] sont signés le {{date-|2 septembre}} et closent presque six ans jour pour jour après son début la Seconde Guerre mondiale.


== Différents théâtres d’opération ==
== Différents théâtres d'opération ==
{{Article détaillé|Liste des opérations lors de la Seconde Guerre mondiale}}
{{Article détaillé|Liste des opérations lors de la Seconde Guerre mondiale}}


=== Théâtre européen ===
=== Théâtre européen ===
{{Article détaillé|Théâtre européen de la Seconde Guerre mondiale}}
{{Article détaillé|Théâtre européen de la Seconde Guerre mondiale}}
[[Fichier:Europe 1939 4 copy.png|vignette|upright|L’Europe au {{date-|1 septembre 1939}}]]
[[Fichier:Europe 1939 4 copy.png|vignette|upright|L'Europe au {{date-|1 septembre 1939}}]]
==== De l'attaque nazie aux résistances anglaises et grecques ====
==== De l'attaque nazie aux résistances anglaises et grecques ====
Après s’être assuré de ne pas risquer une guerre avec l’[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] en signant le [[Pacte germano-soviétique]], Hitler lance ses armées sur la Pologne, le {{date-|1 septembre 1939}}, sans déclaration de guerre (voir : [[Opération Himmler|incident de Gleiwitz]]). En application de leur alliance, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne le {{date-|3 septembre 1939}}. En particulier, la France a garanti après 1918 par des traités d’assistance mutuelle l’existence de la plupart des pays nouvellement créés en [[Europe centrale]]. Cependant, malgré la pression de [[Neville Chamberlain|Chamberlain]], pas plus qu’elle n’a respecté ses engagements envers les précédentes victimes d’Hitler, la France rechigne à ses obligations envers la Pologne : celles-ci prévoyaient que la France attaquerait l’Allemagne {{nobr|15 jours}} après le début de la [[Mobilisation|mobilisation générale]]<ref name="Shirer 1960">{{Ouvrage | auteur1=[[William L. Shirer|William L Shirer]] | prénom1=William | nom1=Shirer | traducteur=non attribuée | titre=Le Troisième Reich des origines à la chute | titre original=The Rise and Fall of the Third Reich | éditeur=[[Éditions Stock|Stock]] | année=1961 | pages totales=1275 | lieu=Paris}}{{Commentaire biblio|{{1re}} éd. originale 1960. 2 vol.}}</ref>. Mais mise à part une brève [[Offensive de la Sarre|offensive limitée en Sarre]] du 6 au {{date-|13 septembre}}, les Français restent l’arme au pied, alors que la Pologne fait seule face à l’agression allemande puis soviétique. Les Allemands utilisent pour la première fois leurs tactiques innovantes, communément appelées « guerre éclair » (''[[Blitzkrieg]]''), qui assurent à la ''[[Wehrmacht]]'' une victoire rapide, essentielle pour elle puisqu'elle écarte ainsi le risque d'avoir à mener une guerre sur deux fronts. Conformément aux clauses du pacte signé, l’URSS prend sa part de la Pologne en l'attaquant le {{date-|17 septembre 1939}}.
Après s'être assuré de ne pas risquer une guerre avec l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] en signant le [[Pacte germano-soviétique]], Hitler lance ses armées sur la Pologne, le {{date-|1 septembre 1939}}, sans déclaration de guerre (voir : [[Opération Himmler|incident de Gleiwitz]]). En application de leur alliance, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l'Allemagne le {{date-|3 septembre 1939}}. En particulier, la France a garanti après 1918 par des traités d'assistance mutuelle l'existence de la plupart des pays nouvellement créés en [[Europe centrale]]. Cependant, malgré la pression de [[Neville Chamberlain|Chamberlain]], pas plus qu'elle n'a respecté ses engagements envers les précédentes victimes d'Hitler, la France rechigne à ses obligations envers la Pologne : celles-ci prévoyaient que la France attaquerait l'Allemagne {{nobr|15 jours}} après le début de la [[Mobilisation|mobilisation générale]]<ref name="Shirer 1960">{{Ouvrage | auteur1=[[William L. Shirer|William L Shirer]] | prénom1=William | nom1=Shirer | traducteur=non attribuée | titre=Le Troisième Reich des origines à la chute | titre original=The Rise and Fall of the Third Reich | éditeur=[[Éditions Stock|Stock]] | année=1961 | pages totales=1275 | lieu=Paris}}{{Commentaire biblio|{{1re|éd.}} originale 1960. 2 vol.}}</ref>. Mais mise à part une brève [[Offensive de la Sarre|offensive limitée en Sarre]] du 6 au {{date-|13 septembre}}, les Français restent l'arme au pied, alors que la Pologne fait seule face à l'agression allemande puis soviétique. Les Allemands utilisent pour la première fois leurs tactiques innovantes, communément appelées « guerre éclair » (''[[Blitzkrieg]]''), qui assurent à la ''[[Wehrmacht]]'' une victoire rapide, essentielle pour elle puisqu'elle écarte ainsi le risque d'avoir à mener une guerre sur deux fronts. Conformément aux clauses du pacte signé, l'URSS prend sa part de la Pologne en l'attaquant le {{date-|17 septembre 1939}}.


Le {{date-|30 novembre 1939}}, toujours suivant ce pacte, l'URSS [[Guerre d'Hiver|attaque la Finlande]] pour lui prendre la région frontalière de [[République socialiste soviétique autonome de Carélie|Carélie]], près de [[Saint-Pétersbourg|Leningrad]], malgré les protestations des Franco-Britanniques qui menacent d'intervenir. Les Finlandais se battirent cinq mois, puis finissent par céder. À l'été 1940, l'URSS intègre les [[pays baltes|États baltes]] et la [[Moldavie]], sans combats.
Le {{date-|30 novembre 1939}}, toujours suivant ce pacte, l'URSS [[Guerre d'Hiver|attaque la Finlande]] pour lui prendre la région frontalière de [[République socialiste soviétique autonome de Carélie|Carélie]], près de [[Saint-Pétersbourg|Leningrad]], malgré les protestations des Franco-Britanniques qui menacent d'intervenir. Les Finlandais se battirent cinq mois, puis finissent par céder. À l'été 1940, l'URSS intègre les [[pays baltes|États baltes]] et la [[Moldavie]], sans combats.


[[Fichier:French soldiers on Maginot Line.jpg|vignette|Relève dans un gros ouvrage de la ligne Maginot en 1939.]]
[[Fichier:French soldiers on Maginot Line.jpg|vignette|Relève dans un gros ouvrage de la ligne Maginot en 1939.]]
Après sa première campagne victorieuse, Hitler se tourne vers l’ouest, mais rien ne se passe sur ce front pendant plusieurs mois. Retranchés derrière la [[ligne Maginot]], une partie des soldats français attend l’assaut allemand pour l’endiguer. C’est ce que les Français appellent la ''Drôle de guerre''. Le [[Maurice Gamelin|généralissime Gamelin]], s'attendant à une réitération de 1914, où les Allemands étaient passés par la Belgique neutre, une partie de l'armée française se prépare à s'avancer en Belgique, et éventuellement aux Pays-Bas, si les Allemands les attaquaient.
Après sa première campagne victorieuse, Hitler se tourne vers l'ouest, mais rien ne se passe sur ce front pendant plusieurs mois. Retranchés derrière la [[ligne Maginot]], une partie des soldats français attend l'assaut allemand pour l'endiguer. C'est ce que les Français appellent la ''Drôle de guerre''. Le [[Maurice Gamelin|généralissime Gamelin]], s'attendant à une réitération de 1914, où les Allemands étaient passés par la Belgique neutre, une partie de l'armée française se prépare à s'avancer en Belgique, et éventuellement aux Pays-Bas, si les Allemands les attaquaient.


Le {{date-|9 avril 1940}}, [[Opération Weserübung|l'Allemagne s'empare simultanément du Danemark et de la Norvège]] afin de sécuriser ses importations de [[fer]] depuis [[Narvik]], au nord de la [[Norvège]], où se concentre la [[Bataille de Narvik|principale réaction franco-britannique]], qui se termine par le rembarquement de ces derniers le {{date-|7|juin|1940}} malgré le succès local rencontré.
Le {{date-|9 avril 1940}}, [[Opération Weserübung|l'Allemagne s'empare simultanément du Danemark et de la Norvège]] afin de sécuriser ses importations de [[fer]] depuis [[Narvik]], au nord de la [[Norvège]], où se concentre la [[Bataille de Narvik|principale réaction franco-britannique]], qui se termine par le rembarquement de ces derniers le {{date-|7|juin|1940}} malgré le succès local rencontré.
[[Image:Bundesarchiv Bild 146-1971-083-01, Frankreich, französische Flüchtlinge.jpg|vignette|Réfugiés français sur la route de l'exode, 19 juin 1940.]]
[[Image:Bundesarchiv Bild 146-1971-083-01, Frankreich, französische Flüchtlinge.jpg|vignette|Réfugiés français sur la route de l'exode, 19 juin 1940.]]
Enfin, le {{date-|10 mai 1940}}, l’Allemagne lance l’opération ''[[Plan Jaune|Fall Gelb]]'', une vaste offensive sur les [[Pays-Bas]], la [[Belgique]] et le [[Luxembourg]], violant la [[Pays neutres pendant la Seconde Guerre mondiale|neutralité de ces États]]. Une partie importante des armées françaises se déploient alors vers la Belgique et les Pays-Bas, mais elles sont prises à revers par les blindés allemands qui passent par les [[Ardenne]]s – la [[percée de Sedan]] –, jugées infranchissables par les Français et malgré des batailles de retardement livrés par les [[Chasseurs ardennais]] belges aux frontières et dans les forêts. Après une victoire éphémère des blindés français du général [[René Prioux|Prioux]] à Gembloux, au sud de [[Bruxelles]], et des reculs successifs des franco-belgo-britannique sur la [[Meuse (fleuve)|Meuse]] et la [[Dendre]], les blindés allemands atteignent alors [[Manche (mer)|la Manche]] le {{date-|20 mai 1940}} puis remontent vers le nord, encerclant les Belges et les Franco-Britanniques, dos à la mer.
Enfin, le {{date-|10 mai 1940}}, l'Allemagne lance l'opération ''[[Plan Jaune|Fall Gelb]]'', une vaste offensive sur les [[Pays-Bas]], la [[Belgique]] et le [[Luxembourg]], violant la [[Pays neutres pendant la Seconde Guerre mondiale|neutralité de ces États]]. Une partie importante des armées françaises se déploient alors vers la Belgique et les Pays-Bas, mais elles sont prises à revers par les blindés allemands qui passent par les [[Ardenne]]s – la [[percée de Sedan]] –, jugées infranchissables par les Français et malgré des batailles de retardement livrés par les [[Chasseurs ardennais]] belges aux frontières et dans les forêts. Après une victoire éphémère des blindés français du général [[René Prioux|Prioux]] à Gembloux, au sud de [[Bruxelles]], et des reculs successifs des franco-belgo-britannique sur la [[Meuse (fleuve)|Meuse]] et la [[Dendre]], les blindés allemands atteignent alors [[Manche (mer)|la Manche]] le {{date-|20 mai 1940}} puis remontent vers le nord, encerclant les Belges et les Franco-Britanniques, dos à la mer.


Les Belges, tournés sur leur gauche après l'effondrement de l'armée néerlandaise le {{date-|15 mai 1940}} et n'ayant plus de réserves au terme d'une ultime résistance de quatre jours, lors de la bataille d'arrêt de la [[bataille de la Lys (1940)|Lys]], cessent le combat le {{date-|28 mai 1940}} à court de munitions et après que les troupes britanniques qui occupaient la droite belge eurent précipitamment fait retraite vers [[Dunkerque]].
Les Belges, tournés sur leur gauche après l'effondrement de l'armée néerlandaise le {{date-|15 mai 1940}} et n'ayant plus de réserves au terme d'une ultime résistance de quatre jours, lors de la bataille d'arrêt de la [[bataille de la Lys (1940)|Lys]], cessent le combat le {{date-|28 mai 1940}} à court de munitions et après que les troupes britanniques qui occupaient la droite belge eurent précipitamment fait retraite vers [[Dunkerque]].
Ligne 557 : Ligne 568 :
En France, le général [[Maurice Gamelin|Gamelin]], commandant en chef des armées alliées, est révoqué par le gouvernement français. Sa stratégie consistant à tenter sans cesse de recréer un front continu franco-belgo-britannique s'est révélée impuissante face au système allemand de guerre éclair dit « blitzkrieg » fait de percées profondes par des chars suivis de troupes motorisées qui désarticulent les armées alliées. Le {{date-|19 mai}}, Gamelin est remplacé par le général [[Maxime Weygand]]. Mais, faute de réserves suffisantes, les Franco-Britanniques, qui n'ont jamais pu mener de contre-offensive satisfaisante, sont repoussés dans une poche autour de [[Dunkerque]].
En France, le général [[Maurice Gamelin|Gamelin]], commandant en chef des armées alliées, est révoqué par le gouvernement français. Sa stratégie consistant à tenter sans cesse de recréer un front continu franco-belgo-britannique s'est révélée impuissante face au système allemand de guerre éclair dit « blitzkrieg » fait de percées profondes par des chars suivis de troupes motorisées qui désarticulent les armées alliées. Le {{date-|19 mai}}, Gamelin est remplacé par le général [[Maxime Weygand]]. Mais, faute de réserves suffisantes, les Franco-Britanniques, qui n'ont jamais pu mener de contre-offensive satisfaisante, sont repoussés dans une poche autour de [[Dunkerque]].
[[Fichier:British troops retreat dunkerque.png|vignette|L'[[Évacuation de Dunkerque|opération Dynamo]].]]
[[Fichier:British troops retreat dunkerque.png|vignette|L'[[Évacuation de Dunkerque|opération Dynamo]].]]
La Royal Navy et les bateaux de plaisance britanniques parviennent à évacuer les troupes britanniques et une petite partie des forces françaises à Dunkerque ([[Bataille de Dunkerque|opération Dynamo]]) en perdant leurs équipements lourds et sans rien préparer pour évacuer ce qui reste de l'armée belge qui, faute de munitions et sans presque plus de territoire à défendre, tombe dans les mains allemandes par la reddition du {{date-|28 mai}}. Il s'agit d'un acte purement militaire conclu sous la contrainte des évènements et dans lequel le lâchage de l'aile droite belge par les Britanniques joue un rôle déterminant. Ce n'est pas une capitulation comme celle à laquelle les Français vont se résigner en juin, engageant leur gouvernement et tout l'empire français dans la voie d'une tentative de collaboration avec l'Allemagne. Le roi des Belges [[Léopold III (roi des Belges)|Léopold III]] est prisonnier, mais le gouvernement belge, qui refuse de baisser les bras, se réfugie en France avant, à l'armistice franco-allemand, de gagner le Royaume-Uni pour y représenter la Belgique à la tête de quelques forces militaires et du [[Congo belge]] avec sa force armée et son potentiel minier et agricole.
La Royal Navy et les bateaux de plaisance britanniques parviennent à évacuer les troupes britanniques et une petite partie des forces françaises à Dunkerque ([[Bataille de Dunkerque|opération Dynamo]]) en perdant leurs équipements lourds et sans rien préparer pour évacuer ce qui reste de l'armée belge qui, faute de munitions et sans presque plus de territoire à défendre, tombe dans les mains allemandes par la reddition du {{date-|28 mai}}. Il s'agit d'un acte purement militaire conclu sous la contrainte des évènements et dans lequel le lâchage de l'aile droite belge par les Britanniques joue un rôle déterminant. Ce n'est pas une capitulation comme celle à laquelle les Français vont se résigner en juin, engageant leur gouvernement et tout l'empire français dans la voie d'une tentative de collaboration avec l'Allemagne. Le [[roi des Belges]] {{noble|Léopold III (roi des Belges)}} est prisonnier, mais le gouvernement belge, qui refuse de baisser les bras, se réfugie en France avant, à l'armistice franco-allemand, de gagner le Royaume-Uni pour y représenter la Belgique à la tête de quelques forces militaires et du [[Congo belge]] avec sa force armée et son potentiel minier et agricole.


Ayant perdu tout le nord de la France, les Franco-Britanniques entreprennent d'établir une ligne de défense le long de la [[Somme (fleuve)|Somme]], de l'[[Aisne (affluent de l'Oise)|Aisne]], jusqu’à la ligne Maginot. Ayant perdu beaucoup de leurs moyens dans la bataille qui a précédé, les Alliés ne peuvent empêcher une nouvelle percée allemande début juin. L'armée allemande se répand alors sur toute la France, prenant [[Paris]] le {{date-|14|juin|1940}}. Le président du Conseil [[Paul Reynaud]] démissionne et le nouveau gouvernement du maréchal [[Philippe Pétain]] choisit de demander l’[[armistice]] le 17 juin, contre l'avis de l'allié britannique. Il est signé le {{date-|22 juin 1940}} : l’Allemagne occupe la partie nord et ouest de la France.
Ayant perdu tout le nord de la France, les Franco-Britanniques entreprennent d'établir une ligne de défense le long de la [[Somme (fleuve)|Somme]], de l'[[Aisne (affluent de l'Oise)|Aisne]], jusqu'à la ligne Maginot. Ayant perdu beaucoup de leurs moyens dans la bataille qui a précédé, les Alliés ne peuvent empêcher une nouvelle percée allemande début juin. L'armée allemande se répand alors sur toute la France, prenant [[Paris]] le {{date-|14|juin|1940}}. Le président du Conseil [[Paul Reynaud]] démissionne et le nouveau gouvernement du maréchal [[Philippe Pétain]] choisit de demander l'[[armistice]] le 17 juin, contre l'avis de l'allié britannique. Il est signé le {{date-|22 juin 1940}} : l'Allemagne occupe la partie nord et ouest de la France.


En France, Pétain instaure un régime [[autorité|autoritaire]] et [[collaboration dans l'Europe occupée par les nazis|collaborateur]], désigné sous le nom officiel d'[[Régime de Vichy|État français]], dit plus couramment {{citation|régime de Vichy}}.
En France, Pétain instaure un régime [[autorité|autoritaire]] et [[collaboration dans l'Europe occupée par les nazis|collaborateur]], désigné sous le nom officiel d'[[Régime de Vichy|État français]], dit plus couramment {{citation|régime de Vichy}}.


En Belgique, c'est un gouverneur militaire qui exerce le pouvoir en concurrence avec les [[Waffen-SS|SS]]. Le roi [[Léopold III (roi des Belges)|Léopold III]], considéré prisonnier, n'a plus aucun pouvoir et est ensuite déporté. Mais quelques ministres et parlementaires sous l'autorité des principaux ministres du gouvernement, [[Hubert Pierlot|Pierlot]], [[Paul-Henri Spaak|Spaak]] et [[Camille Gutt|Gutt]] se sont réfugiés à Londres après l'effondrement de la France et sont reconnus par toutes les puissances belligérantes comme représentant légalement la Belgique. Le ministre [[Albert de Vleeschauwer]], chargé des finances de la Belgique et du Grand Duché de Luxembourg (unies en vertu de l'accord économique de 1920) est aussi en possession de larges pouvoirs au [[Congo belge]], avec sa puissance économique et sa force armée. Les Belges exilés et les Belges d'Afrique continuent donc la guerre en allant remporter une victoire sur les Italiens d'[[Empire éthiopien|Abyssinie]], tandis que les militaires qui ont pu atteindre l'Angleterre continuent la guerre dans l'aviation et la marine.
En Belgique, c'est un gouverneur militaire qui exerce le pouvoir en concurrence avec les [[Waffen-SS|SS]]. Le roi {{noble|Léopold III (roi des Belges)}}, considéré prisonnier, n'a plus aucun pouvoir et est ensuite déporté. Mais quelques ministres et parlementaires sous l'autorité des principaux ministres du gouvernement, [[Hubert Pierlot|Pierlot]], [[Paul-Henri Spaak|Spaak]] et [[Camille Gutt|Gutt]] se sont réfugiés à Londres après l'effondrement de la France et sont reconnus par toutes les puissances belligérantes comme représentant légalement la Belgique. Le ministre [[Albert de Vleeschauwer]], chargé des finances de la Belgique et du Grand Duché de Luxembourg (unies en vertu de l'accord économique de 1920) est aussi en possession de larges pouvoirs au [[Congo belge]], avec sa puissance économique et sa force armée. Les Belges exilés et les Belges d'Afrique continuent donc la guerre en allant remporter une victoire sur les Italiens d'[[Empire éthiopien|Abyssinie]], tandis que les militaires qui ont pu atteindre l'Angleterre continuent la guerre dans l'aviation et la marine.


[[Fichier:Bundesarchiv Bild 101I-164-0357-29A, Athen, Einmarsch deutscher Truppen.jpg|vignette|Occupation d'Athènes en mai 1941]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 101I-164-0357-29A, Athen, Einmarsch deutscher Truppen.jpg|vignette|Occupation d'Athènes en mai 1941]]
Voyant les succès de l’Allemagne, [[Benito Mussolini|Mussolini]] avait voulu aussi lancer son pays dans les conquêtes. Il avait déjà [[invasion italienne de l'Albanie|occupé l’Albanie]] au début de 1939 et, le {{date-|10|juin|1940}}, il attaque également la France, mais ne progresse que de quelques kilomètres.
Voyant les succès de l'Allemagne, [[Benito Mussolini|Mussolini]] avait voulu aussi lancer son pays dans les conquêtes. Il avait déjà [[invasion italienne de l'Albanie|occupé l'Albanie]] au début de 1939 et, le {{date-|10|juin|1940}}, il attaque également la France, mais ne progresse que de quelques kilomètres.


N'ayant pu obtenir de paix avec la Grande-Bretagne, Hitler lance une offensive aérienne sur celle-ci, [[opération Seelöwe|préparant un débarquement]]. Mais l’Allemagne ne parvient pas à vaincre la [[Royal Air Force]] dans la [[bataille d'Angleterre]]. Ainsi, elle ne peut obtenir la supériorité aérienne nécessaire pour envahir les îles Britanniques. Afin de pousser les Britanniques à la paix, Hitler commence en septembre une campagne de bombardement sur les villes britanniques (dite le [[Blitz]], ''l’éclair''), principalement sur [[Londres]] et intensifie son [[blocus]] (dit [[Bataille de l'Atlantique (1939-1945)|bataille de l’Atlantique]]), essentiellement par [[sous-marin]]s, pour affaiblir le Royaume-Uni. Mais c’est un échec, l’Allemagne ne parvient pas à briser rapidement la résistance britannique, qui réussit grâce à des pilotes de la RAF. Après la Seconde Guerre mondiale, Churchill écrit : « Dans l'histoire des luttes humaines, il n'y avait jamais tant de gens qui étaient tellement obligés à si peu de gens<ref>Winston Churchill, ''The Second World War'', 6 vols, 1948–53.</ref>. »
N'ayant pu obtenir de paix avec la Grande-Bretagne, Hitler lance une offensive aérienne sur celle-ci, [[opération Seelöwe|préparant un débarquement]]. Mais l'Allemagne ne parvient pas à vaincre la [[Royal Air Force]] dans la [[bataille d'Angleterre]]. Ainsi, elle ne peut obtenir la supériorité aérienne nécessaire pour envahir les îles Britanniques. Afin de pousser les Britanniques à la paix, Hitler commence en septembre une campagne de bombardement sur les villes britanniques (dite le [[Blitz]], ''l'éclair''), principalement sur [[Londres]] et intensifie son [[blocus]] (dit [[Bataille de l'Atlantique (1939-1945)|bataille de l'Atlantique]]), essentiellement par [[sous-marin]]s, pour affaiblir le Royaume-Uni. Mais c'est un échec, l'Allemagne ne parvient pas à briser rapidement la résistance britannique, qui réussit grâce à des pilotes de la RAF. Après la Seconde Guerre mondiale, Churchill écrit : « Dans l'histoire des luttes humaines, il n'y avait jamais tant de gens qui étaient tellement obligés à si peu de gens<ref>Winston Churchill, ''The Second World War'', 6 vols, 1948–53.</ref>. »


Le {{date-|28|octobre|1940}}, sans consulter son allié allemand, Mussolini décide d’attaquer la [[Royaume de Grèce|Grèce]]. Mais [[Guerre italo-grecque|la résistance de l’armée grecque]] du dictateur [[Ioánnis Metaxás|Metaxás]] parvient à arrêter les Italiens et à passer à la contre-offensive, avec succès : les Grecs occupent alors le quart sud de l’Albanie italienne. Pour prêter main-forte aux Italiens, Hitler repousse de plusieurs semaines l’opération contre l'URSS, et [[Bataille de Grèce|envoie en avril 1941 ses troupes vers la Grèce]], à travers son allié la [[Royaume de Hongrie (1920-1946)|Hongrie]], et la [[Royaume de Yougoslavie|Yougoslavie]], envahie car refusant de laisser le passage, et où les Allemands sont aidés par les [[Oustachis]], croates nationalistes d’[[Ante Pavelić]]. Les armées yougoslave et grecque sont écrasées en trois semaines, ce qui permet à Hitler d’occuper tout le sud de l’Europe. La Résistance armée est plus vigoureuse en Yougoslavie que partout ailleurs en Europe : les résistances nationaliste de [[Draža Mihailović]] ([[Tchetniks]]) et communiste de [[Josip Broz Tito|Tito]] ([[Partisans (Yougoslavie)|Partisans]]), vont immobiliser de nombreuses troupes depuis la fin de 1942 jusqu’à la fin de la guerre.
Le {{date-|28|octobre|1940}}, sans consulter son allié allemand, Mussolini décide d'attaquer la [[Royaume de Grèce|Grèce]]. Mais [[Guerre italo-grecque|la résistance de l'armée grecque]] du dictateur [[Ioánnis Metaxás|Metaxás]] parvient à arrêter les Italiens et à passer à la contre-offensive, avec succès : les Grecs occupent alors le quart sud de l'Albanie italienne. Pour prêter main-forte aux Italiens, Hitler repousse de plusieurs semaines l'opération contre l'URSS, et [[Bataille de Grèce|envoie en avril 1941 ses troupes vers la Grèce]], à travers son allié la [[Royaume de Hongrie (1920-1946)|Hongrie]], et la [[Royaume de Yougoslavie|Yougoslavie]], envahie car refusant de laisser le passage, et où les Allemands sont aidés par les [[Oustachis]], croates nationalistes d'[[Ante Pavelić]]. Les armées yougoslave et grecque sont écrasées en trois semaines, ce qui permet à Hitler d'occuper tout le sud de l'Europe. La Résistance armée est plus vigoureuse en Yougoslavie que partout ailleurs en Europe : les résistances nationaliste de [[Draža Mihailović]] ([[Tchetniks]]) et communiste de [[Josip Broz Tito|Tito]] ([[Partisans (Yougoslavie)|Partisans]]), vont immobiliser de nombreuses troupes depuis la fin de 1942 jusqu'à la fin de la guerre.


[[Image:Bundesarchiv Bild 101I-004-3633-30A, Russland, Cholm, gefallene Rotarmisten.jpg|vignette|droite|Soldats soviétiques tués dans la [[poche de Kholm]], {{date-|janvier 1942}}.]]
[[Image:Bundesarchiv Bild 101I-004-3633-30A, Russland, Cholm, gefallene Rotarmisten.jpg|vignette|droite|Soldats soviétiques tués dans la [[poche de Kholm]], {{date-|janvier 1942}}.]]
==== L'Armée rouge et les Alliés ====
==== L'Armée rouge et les Alliés ====
Les opérations dans les Balkans ont retardé l’invasion de l’URSS connue sous le nom d’[[opération Barbarossa]]. Celle-ci ne commence que le {{date-|22 juin 1941}}. L’Allemagne, en attaquant par surprise l’Union soviétique, s’empare de grandes portions de territoires et capture de nombreux soldats.
Les opérations dans les Balkans ont retardé l'invasion de l'URSS connue sous le nom d'[[opération Barbarossa]]. Celle-ci ne commence que le {{date-|22 juin 1941}}. L'Allemagne, en attaquant par surprise l'Union soviétique, s'empare de grandes portions de territoires et capture de nombreux soldats.


Ils le font d’autant plus facilement que [[Joseph Staline|Staline]] a choisi de faire confiance à Hitler, alors qu’il reçoit depuis des mois des informations précises et concordantes de ses agents à l’étranger. « Pour des raisons politiques, Staline s’abstient d’utiliser leurs informations. Jusqu’au dernier moment, il s’attend à une réouverture des négociations avec les Allemands… Les généraux soviétiques partagent souvent ce point de vue<ref>{{Ouvrage | prénom1=Pierre | nom1=Miquel | lien auteur1=Pierre Miquel | titre=La Seconde Guerre mondiale | éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]] | année=1986 | passage=272 }}.</ref>… » De plus, aux premières heures de l’attaque, Staline, dans l’espoir d’arranger les choses avec Hitler, interdit même aux forces soviétiques de traverser la frontière en cas de contre-attaque victorieuse, et initialement celles-ci n’osent pas ouvrir le feu alors qu’elles sont martelées par les bombes allemandes.
Ils le font d'autant plus facilement que [[Joseph Staline|Staline]] a choisi de faire confiance à Hitler, alors qu'il reçoit depuis des mois des informations précises et concordantes de ses agents à l'étranger. « Pour des raisons politiques, Staline s'abstient d'utiliser leurs informations. Jusqu'au dernier moment, il s'attend à une réouverture des négociations avec les Allemands… Les généraux soviétiques partagent souvent ce point de vue<ref>{{Ouvrage | prénom1=Pierre | nom1=Miquel | lien auteur1=Pierre Miquel | titre=La Seconde Guerre mondiale | éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]] | année=1986 | passage=272 }}.</ref>… » De plus, aux premières heures de l'attaque, Staline, dans l'espoir d'arranger les choses avec Hitler, interdit même aux forces soviétiques de traverser la frontière en cas de contre-attaque victorieuse, et initialement celles-ci n'osent pas ouvrir le feu alors qu'elles sont martelées par les bombes allemandes.


Cependant, pour la première fois, une armée ne s’effondre pas devant la [[Wehrmacht]] : en dépit de ses lourdes défaites, l’[[Armée rouge]] ne cesse dès le premier jour de multiplier les contre-attaques, à la surprise des officiers allemands. L’avance considérable des troupes hitlériennes se révèle en même temps plus lente que prévu, le nombre de divisions et de chars soviétiques nettement supérieurs aux estimations des services secrets. Les Soviétiques déplacent leur base industrielle dans l’[[Oural]], reçoivent l‘aide alliée par les ports arctiques toujours en leurs mains, et produisent dès 1942 plus d’armes que l’Allemagne, tandis que l’Armée rouge oppose une défense héroïque qui, aidée par un [[Général Hiver|hiver éprouvant]], leur permet de défendre notamment [[Moscou]] et [[Saint-Pétersbourg|Leningrad]].
Cependant, pour la première fois, une armée ne s'effondre pas devant la [[Wehrmacht]] : en dépit de ses lourdes défaites, l'[[Armée rouge]] ne cesse dès le premier jour de multiplier les contre-attaques, à la surprise des officiers allemands. L'avance considérable des troupes hitlériennes se révèle en même temps plus lente que prévu, le nombre de divisions et de chars soviétiques nettement supérieurs aux estimations des services secrets. Les Soviétiques déplacent leur base industrielle dans l'[[Oural]], reçoivent l‘aide alliée par les ports arctiques toujours en leurs mains, et produisent dès 1942 plus d'armes que l'Allemagne, tandis que l'Armée rouge oppose une défense héroïque qui, aidée par un [[Général Hiver|hiver éprouvant]], leur permet de défendre notamment [[Moscou]] et [[Saint-Pétersbourg|Leningrad]].


[[Fichier:Bundesarchiv Bild 101III-Merz-014-12A, Russland, Beginn Unternehmen Zitadelle, Panzer.jpg|vignette|[[Panzerkampfwagen IV|Panzer IV]] en concentration dans les plaines devant le saillant de [[Koursk]], le 21 juin 1943.]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 101III-Merz-014-12A, Russland, Beginn Unternehmen Zitadelle, Panzer.jpg|vignette|[[Panzerkampfwagen IV|Panzer IV]] en concentration dans les plaines devant le saillant de [[Koursk]], le 21 juin 1943.]]
[[Joseph Staline|Staline]] a par ailleurs su réveiller le [[nationalisme]] russe et organiser l’union sacrée face à l’agresseur : il reçoit le soutien des Églises, met en veilleuse le [[Collectivisation en Union soviétique|collectivisme]] agraire et une partie du contrôle policier sur la société, et substitue les références patriotiques à celles au communisme, dès son discours du {{date-|3|juillet|1941}} où il s’adresse habilement à ses « frères et sœurs » soviétiques. Il ne néglige pas non plus de maintenir une réelle terreur contre ses officiers et ses généraux, dont beaucoup sont fusillés pour « incompétence » dans les premiers mois de la guerre, tandis que les millions de prisonniers sont officiellement reniés et considérés comme des traîtres (et leurs familles avec eux), et les soldats défaillants exposés à l’exécution ou à la déportation au [[Goulag]] : au front, des équipes spéciales du [[NKVD]] se chargent même, en 1941 comme à [[Bataille de Stalingrad|Stalingrad]], de mitrailler les soldats qui refluent vers l’arrière.
[[Joseph Staline|Staline]] a par ailleurs su réveiller le [[nationalisme]] russe et organiser l'union sacrée face à l'agresseur : il reçoit le soutien des Églises, met en veilleuse le [[Collectivisation en Union soviétique|collectivisme]] agraire et une partie du contrôle policier sur la société, et substitue les références patriotiques à celles au communisme, dès son discours du {{date-|3|juillet|1941}} où il s'adresse habilement à ses « frères et sœurs » soviétiques. Il ne néglige pas non plus de maintenir une réelle terreur contre ses officiers et ses généraux, dont beaucoup sont fusillés pour « incompétence » dans les premiers mois de la guerre, tandis que les millions de prisonniers sont officiellement reniés et considérés comme des traîtres (et leurs familles avec eux), et les soldats défaillants exposés à l'exécution ou à la déportation au [[Goulag]] : au front, des équipes spéciales du [[NKVD]] se chargent même, en 1941 comme à [[Bataille de Stalingrad|Stalingrad]], de mitrailler les soldats qui refluent vers l'arrière.


Au printemps 1942, l’armée allemande reprend l’offensive en concentrant celle-ci vers les champs de pétrole du [[Caucase]], au sud. À la fin de l’année, la {{VIe}} armée, avec plus de {{nombre|300000|hommes}}, est détruite à [[Bataille de Stalingrad|Stalingrad]] qui représente un verrou pour le contrôle du Caucase. En 1943, la ''[[Wehrmacht]]'' reprend l’initiative à la [[troisième bataille de Kharkov]], mais est brisée à la grande [[bataille de Koursk]].
Au printemps 1942, l'armée allemande reprend l'offensive en concentrant celle-ci vers les champs de pétrole du [[Caucase]], au sud. À la fin de l'année, la {{VIe|armée}}, avec plus de {{nombre|300000|hommes}}, est détruite à [[Bataille de Stalingrad|Stalingrad]] qui représente un verrou pour le contrôle du Caucase. En 1943, la ''[[Wehrmacht]]'' reprend l'initiative à la [[troisième bataille de Kharkov]], mais est brisée à la grande [[bataille de Koursk]].
[[Fichier:Crowds of French patriots line the Champs Elysees-edit2.jpg|vignette|gauche|[[Paris à la Libération]] : le 25 août 1944.]]
[[Fichier:Crowds of French patriots line the Champs Elysees-edit2.jpg|vignette|gauche|[[Paris à la Libération]] : le 25 août 1944.]]


En 1943, après le [[Opération Husky|débarquement en Sicile]], puis un autre dans la péninsule italienne, les Alliés entament la [[campagne d'Italie (Seconde Guerre mondiale)|campagne d’Italie]]. [[Benito Mussolini|Mussolini]] chassé, le pays capitule et se range du côté des [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]]. Néanmoins, l’Allemagne peut tenir une ligne de défense dans les montagnes qui freine cette progression dans la péninsule. Il faut attendre début 1945 pour que les nazis soient complètement repoussés d’Italie.
En 1943, après le [[Opération Husky|débarquement en Sicile]], puis un autre dans la péninsule italienne, les Alliés entament la [[campagne d'Italie (Seconde Guerre mondiale)|campagne d'Italie]]. [[Benito Mussolini|Mussolini]] chassé, le pays capitule et se range du côté des [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]]. Néanmoins, l'Allemagne peut tenir une ligne de défense dans les montagnes qui freine cette progression dans la péninsule. Il faut attendre début 1945 pour que les nazis soient complètement repoussés d'Italie.


Les Alliés prennent pied en [[Normandie]] avec l’[[Bataille de Normandie|opération Overlord]] à partir du {{date-|6|juin|1944}}. Les soldats alliés qui débarquent sont principalement américains, britanniques et canadiens. Un autre débarquement est organisé en août (à partir du 15), en [[Provence]] avec l’[[Débarquement de Provence|opération Anvil Dragoon]], pour libérer le sud de la France et ouvrir un deuxième front en France. L’Allemagne tente une contre-offensive désespérée dans la [[bataille des Ardennes]] en décembre, où elle perd ses dernières réserves militaires. Les derniers défenseurs du {{IIIe}} Reich seront souvent des civils, des vieillards et des enfants de la [[Volkssturm]], une milice montée par Martin Bormann.
Les Alliés prennent pied en [[Normandie]] avec l'[[Bataille de Normandie|opération Overlord]] à partir du {{date-|6|juin|1944}}. Les soldats alliés qui débarquent sont principalement américains, britanniques et canadiens. Un autre débarquement est organisé en août (à partir du 15), en [[Provence]] avec l'[[Débarquement de Provence|opération Anvil Dragoon]], pour libérer le sud de la France et ouvrir un deuxième front en France. L'Allemagne tente une contre-offensive désespérée dans la [[bataille des Ardennes]] en décembre, où elle perd ses dernières réserves militaires. Les derniers défenseurs du {{IIIe|Reich}} seront souvent des civils, des vieillards et des enfants de la [[Volkssturm]], une milice montée par Martin Bormann.


[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-J28519, Ardennenoffensive, Soldaten in Schützenpanzer.jpg|vignette|200px|Soldats allemands jetés dans l'[[Bataille des Ardennes|opération Wacht am Rhein]], à bord d'un [[Sd.Kfz. 250|Sonderkraftfahrzeug 250]] en décembre 1944. Après la saignée humaine du [[front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|front de l'Est]], le Reich n'a plus que des [[enfant soldat|enfants-soldats]] pour garnir ses troupes.]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-J28519, Ardennenoffensive, Soldaten in Schützenpanzer.jpg|vignette|200px|Soldats allemands jetés dans l'[[Bataille des Ardennes|opération Wacht am Rhein]], à bord d'un [[Sd.Kfz. 250|Sonderkraftfahrzeug 250]] en décembre 1944. Après la saignée humaine du [[front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|front de l'Est]], le Reich n'a plus que des [[enfant soldat|enfants-soldats]] pour garnir ses troupes.]]


Fin {{date-|mars 1945}}, les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] peuvent enfin [[Bataille de Remagen|franchir le Rhin]] et occuper de vastes secteurs de l’Ouest et du Sud de l’[[Allemagne]], tandis que, à l’Est, les [[Soviétique]]s progressent de façon continue, libérant l’[[Europe centrale]] puis atteignant [[Berlin]]. Dans les rues de Vienne et Berlin assaillies par l’Armée rouge, des escadrons SS font encore régner la terreur en pendant en public ceux qui refusent de continuer un combat sans espoirs. [[Adolf Hitler|Hitler]] se suicide le [[30 avril]] d’une balle dans la tête dans le ''[[Führerbunker]]'' de la [[Neue Reichskanzlei|Chancellerie du Reich]]. Le même jour, les Soviétiques plantent leur drapeau sur le toit du [[palais du Reichstag]], l’ancien siège du [[Reichstag (république de Weimar)|Parlement allemand]], dans un Berlin en ruines. La [[bataille de Berlin]] continue jusqu’au [[2 mai]]. L’[[Troisième Reich|Allemagne]] [[Actes de capitulation du Troisième Reich|capitule sans condition]] le {{date-|8|mai|1945}}. Le [[Troisième Reich]] pour lequel Hitler prédisait une durée d’un millénaire n’aura finalement duré qu’un peu plus de 12 ans.
Fin {{date-|mars 1945}}, les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] peuvent enfin [[Bataille de Remagen|franchir le Rhin]] et occuper de vastes secteurs de l'Ouest et du Sud de l'[[Allemagne]], tandis que, à l'Est, les [[Soviétique]]s progressent de façon continue, libérant l'[[Europe centrale]] puis atteignant [[Berlin]]. Dans les rues de Vienne et Berlin assaillies par l'Armée rouge, des escadrons SS font encore régner la terreur en pendant en public ceux qui refusent de continuer un combat sans espoirs. [[Adolf Hitler|Hitler]] se suicide le [[30 avril]] d'une balle dans la tête dans le ''[[Führerbunker]]'' de la [[Neue Reichskanzlei|Chancellerie du Reich]]. Le même jour, les Soviétiques plantent leur drapeau sur le toit du [[palais du Reichstag]], l'ancien siège du [[Reichstag (république de Weimar)|Parlement allemand]], dans un Berlin en ruines. La [[bataille de Berlin]] continue jusqu'au [[2 mai]]. L'[[Troisième Reich|Allemagne]] [[Actes de capitulation du Troisième Reich|capitule sans condition]] le {{date-|8|mai|1945}}. Le [[Troisième Reich]] pour lequel Hitler prédisait une durée d'un millénaire n'aura finalement duré qu'un peu plus de 12 ans.


=== Théâtres africain et moyen-oriental ===
=== Théâtres africain et moyen-oriental ===
{{Article détaillé|Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée|Campagne de la Méditerranée}}
{{Article détaillé|Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée|Campagne de la Méditerranée}}


L’armée italienne, partant de sa [[Libye italienne|colonie de Libye]], attaque les troupes britanniques et du [[Commonwealth]] en [[Égypte]], mais est mise en déroute jusqu’à ce que l’Allemagne la renforce. Des combats se succèdent alors, dans le désert d’Afrique du Nord, entre les forces italiennes appuyées par l’[[Deutsches Afrikakorps|Afrika-Korps]] d’[[Erwin Rommel]] et la {{8e|armée}} britannique.
En septembre 1940, l'armée italienne, partant de sa [[Libye italienne|colonie de Libye]], attaque les troupes britanniques et du [[Commonwealth]] en [[Égypte]], mais est mise en déroute jusqu'à ce que l'Allemagne la renforce. Des combats se succèdent alors, dans le désert d'Afrique du Nord, entre les forces italiennes appuyées par l'[[Deutsches Afrikakorps|Afrika-Korps]] d'[[Erwin Rommel]] et la {{8e|armée}} britannique.


En [[Empire éthiopien|Abyssinie]], une armée britannique venant du nord accompagnée par un contingent français, et, au sud, une force belge venant du [[Congo belge|Congo Belge]] prennent les Italiens en tenaille et les battent. Le [[Négus|Negus]] est réinstallé sur son trône à [[Addis-Abeba]].
En [[Empire éthiopien|Abyssinie]], une armée britannique venant du nord accompagnée par un contingent français, et, au sud, une force belge venant du [[Congo belge|Congo Belge]] prennent les Italiens en tenaille et les battent. Le [[Négus|Negus]] est réinstallé sur son trône à [[Addis-Abeba]].
Ligne 604 : Ligne 615 :
Au [[Moyen-Orient]], les Britanniques [[Guerre anglo-irakienne|envahissent en avril 1941]] le territoire du [[royaume d'Irak]], dont le gouvernement nationaliste s'était rapproché de l'Axe à la suite du [[Coup d'État de 1941 en Irak|coup d'État de 1941]]. En juin, les autorités [[Régime de Vichy|vichystes]] permettant aux Allemands d'utiliser les territoires de la [[Mandat français sur la Syrie et le Liban|Syrie]] et du [[Grand Liban|Liban]], alors sous [[Mandat de la Société des Nations|mandat français]], les Alliés [[Campagne de Syrie (1941)|envahissent les deux pays]] et en prennent le contrôle. En août, le Royaume-Uni et l'Union soviétique [[Invasion anglo-soviétique de l'Iran|réalisent conjointement une invasion]] de l'[[État impérial d'Iran]] afin d'assurer le ravitaillement ''via'' le [[corridor perse|corridor Perse]] et d'empêcher un basculement pro-allemand du pays.
Au [[Moyen-Orient]], les Britanniques [[Guerre anglo-irakienne|envahissent en avril 1941]] le territoire du [[royaume d'Irak]], dont le gouvernement nationaliste s'était rapproché de l'Axe à la suite du [[Coup d'État de 1941 en Irak|coup d'État de 1941]]. En juin, les autorités [[Régime de Vichy|vichystes]] permettant aux Allemands d'utiliser les territoires de la [[Mandat français sur la Syrie et le Liban|Syrie]] et du [[Grand Liban|Liban]], alors sous [[Mandat de la Société des Nations|mandat français]], les Alliés [[Campagne de Syrie (1941)|envahissent les deux pays]] et en prennent le contrôle. En août, le Royaume-Uni et l'Union soviétique [[Invasion anglo-soviétique de l'Iran|réalisent conjointement une invasion]] de l'[[État impérial d'Iran]] afin d'assurer le ravitaillement ''via'' le [[corridor perse|corridor Perse]] et d'empêcher un basculement pro-allemand du pays.


En {{date-|mai 1942}}, Rommel lance une grande offensive vers l'est pour atteindre [[Suez (ville)|Suez]], et bouscule les forces britanniques, mais il est stoppé quatorze jours à [[Bataille de Bir Hakeim|Bir Hakeim]] par la [[1re division française libre|{{1re|brigade}} française libre]] du général [[Pierre Kœnig|Kœnig]], ce qui donna le temps aux Britanniques en déroute de se regrouper sur la ligne fortifiée d’[[Première bataille d'El Alamein|El Alamein]], que Rommel ne parvient pas à franchir. Puis en octobre 1942, c’est la {{8e|armée}} britannique, commandée par Montgomery, qui attaque à son tour les forces de l’Axe et remporte la [[seconde bataille d'El Alamein]]. Celle-ci met fin à la présence de l’Axe en Libye, quelques jours après le succès du [[Opération Torch|débarquement allié en Afrique du Nord]].
En {{date-|mai 1942}}, Rommel lance une grande offensive vers l'est pour atteindre [[Suez (ville)|Suez]], et bouscule les forces britanniques, mais il est stoppé quatorze jours à [[Bataille de Bir Hakeim|Bir Hakeim]] par la [[1re division française libre|{{1re|brigade}} française libre]] du général [[Pierre Kœnig|Kœnig]], ce qui donna le temps aux Britanniques en déroute de se regrouper sur la ligne fortifiée d'[[Première bataille d'El Alamein|El Alamein]], que Rommel ne parvient pas à franchir. Puis en octobre 1942, c'est la {{8e|armée}} britannique, commandée par Montgomery, qui attaque à son tour les forces de l'Axe et remporte la [[seconde bataille d'El Alamein]]. Celle-ci met fin à la présence de l'Axe en Libye, quelques jours après le succès du [[Opération Torch|débarquement allié en Afrique du Nord]].


Le {{date-|5|mai|1942}} a lieu l'[[Bataille de Madagascar|opération Ironclad]], une invasion amphibie de la [[Liste des colonies françaises|colonie française]] de [[Madagascar]], sur [[Antsiranana|Diégo-Suarez]], contrôlée par le [[Régime de Vichy|gouvernement de Vichy]].
Le {{date-|5|mai|1942}} a lieu l'[[Bataille de Madagascar|opération Ironclad]], une invasion amphibie de la [[Liste des colonies françaises|colonie française]] de [[Madagascar]], sur [[Antsiranana|Diégo-Suarez]], contrôlée par le [[Régime de Vichy|gouvernement de Vichy]].


Le {{date-|8 novembre 1942}}, pour soulager l’Union soviétique qui résiste seule à l’assaut allemand, les forces américaines et britanniques débarquent au Maroc et en Algérie, contrôlés par le [[Régime de Vichy|gouvernement de Vichy]] : c’est l’[[opération Torch]]. Les troupes françaises de Vichy ripostent et s’opposent aux alliés débarqués jusqu’à ce qu’un accord négocié avec l’[[François Darlan|amiral Darlan]] mette fin aux combats{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=121}}.
Le {{date-|8 novembre 1942}}, pour soulager l'Union soviétique qui résiste seule à l'assaut allemand, les forces américaines et britanniques débarquent au Maroc et en Algérie, contrôlés par le [[Régime de Vichy|gouvernement de Vichy]] : c'est l'[[Opération Torch|opération ''Torch'']]. Les troupes françaises de Vichy ripostent et s'opposent aux alliés débarqués jusqu'à ce qu'un accord négocié avec l'[[François Darlan|amiral Darlan]] mette fin aux combats{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=121}}.
Les alliés chassent finalement l’Axe du continent africain, avec l’aide de l’armée d’Afrique retournée et des [[Forces françaises libres]]. Depuis l’Afrique du Nord, les Alliés peuvent alors organiser les débarquements en [[Sicile]] ([[Opération Husky]]) puis en Italie (Opérations [[Opération Baytown|Baytown]] et [[Opération Slapstick|Slapstick]]) à l'été 1943, et en [[Provence]] ([[Débarquement de Provence|Opération Anvil]]) à l'été 1944.
Les alliés chassent finalement l'Axe du continent africain, avec l'aide de l'armée d'Afrique retournée et des [[Forces françaises libres]]. Depuis l'Afrique du Nord, les Alliés peuvent alors organiser les débarquements en [[Sicile]] ([[Opération Husky]]) puis en Italie (Opérations [[Opération Baytown|Baytown]] et [[Opération Slapstick|Slapstick]]) à l'été 1943, et en [[Provence]] ([[Débarquement de Provence|Opération Anvil]]) à l'été 1944.


=== Théâtre asiatique ===
=== Théâtre asiatique ===
{{Article détaillé|Théâtre du Pacifique de la Seconde Guerre mondiale|Théâtre du Pacifique Sud-Ouest de la Seconde Guerre mondiale|Théâtre d'Asie du Sud-Est de la Seconde Guerre mondiale}}
{{Article détaillé|Théâtre du Pacifique de la Seconde Guerre mondiale|Théâtre du Pacifique Sud-Ouest de la Seconde Guerre mondiale|Théâtre d'Asie du Sud-Est de la Seconde Guerre mondiale}}


[[Fichier:Memorial maquette porteavion usa.JPG|vignette|gauche|Maquette d’un porte-avions américain]]
[[Fichier:Memorial maquette porteavion usa.JPG|vignette|gauche|Maquette d'un porte-avions américain]]


[[Fichier:Curtinmacarthur.jpg|vignette|[[Douglas MacArthur]], chef des forces alliées en Asie, et [[John Curtin]], premier ministre [[australie]]n.]]À compter de 1937 en [[République de Chine (1912-1949)|Chine]], l’[[Armée nationale révolutionnaire]] du [[Kuomintang]] de [[Tchang Kaï-chek]] et le [[Parti communiste chinois|Parti communiste]] de [[Mao Zedong]] font front commun contre les [[Japon]]ais, mais généralement sans coopérer.
[[Fichier:Curtinmacarthur.jpg|vignette|[[Douglas MacArthur]], chef des forces alliées en Asie, et [[John Curtin]], premier ministre [[australie]]n.]]À compter de 1937 en [[République de Chine (1912-1949)|Chine]], l'[[Armée nationale révolutionnaire]] du [[Kuomintang]] de [[Tchang Kaï-chek]] et le [[Parti communiste chinois|Parti communiste]] de [[Mao Zedong]] font front commun contre les [[Japon]]ais, mais généralement sans coopérer.


Enlisée en Chine, l’[[Armée impériale japonaise]] a systématiquement recours, dès 1937, à l’utilisation d’armes chimiques. Selon les historiens Matsuno et Yoshimi, celles-ci furent notamment utilisées à 375 reprises lors de la [[bataille de Wuhan]] à l’automne 1938. L’emploi d’[[arme biologique|armes bactériologiques]] est quant à lui autorisé par le [[Quartier général impérial]] à compter de 1940, mais jamais contre des Occidentaux.
Enlisée en Chine, l'[[Armée impériale japonaise]] a systématiquement recours, dès 1937, à l'utilisation d'armes chimiques. Selon les historiens Matsuno et Yoshimi, celles-ci furent notamment utilisées à 375 reprises lors de la [[bataille de Wuhan]] à l'automne 1938. L'emploi d'[[arme biologique|armes bactériologiques]] est quant à lui autorisé par le [[Quartier général impérial]] à compter de 1940, mais jamais contre des Occidentaux.
{{Article détaillé|Guerre sino-japonaise (1937-1945)}}
{{Article détaillé|Guerre sino-japonaise (1937-1945)}}
Soumis à compter de 1941 à un embargo sur le [[pétrole]] après son occupation de l’Indochine, le Japon ne peut plus désormais réaliser sa [[Expansionnisme du Japon Shōwa|politique expansionniste]] sans détruire la principale menace qui peut encore s’opposer à lui dans le Pacifique : la force navale des États-Unis basée à Hawaï. Employant à nouveau la stratégie qui lui a réussi contre la Russie, le Japon décide de bombarder [[Attaque de Pearl Harbor|Pearl Harbor]] le {{date-|7|décembre|1941}} par surprise, débutant ainsi la [[guerre du Pacifique]]. La flotte est fortement endommagée, mais les porte-avions sont en mer.
Soumis à compter de 1941 à un embargo sur le [[pétrole]] après son occupation de l'Indochine, le Japon ne peut plus désormais réaliser sa [[Expansionnisme du Japon Shōwa|politique expansionniste]] sans détruire la principale menace qui peut encore s'opposer à lui dans le Pacifique : la force navale des États-Unis basée à Hawaï. Employant à nouveau la stratégie qui lui a réussi contre la Russie, le Japon décide de bombarder [[Attaque de Pearl Harbor|Pearl Harbor]] le {{date-|7|décembre|1941}} par surprise, débutant ainsi la [[guerre du Pacifique]]. La flotte est fortement endommagée, mais les porte-avions sont en mer.


[[Fichier:US landings.jpg|vignette|gauche|Carte des [[débarquement]]s américains dans l’[[océan Pacifique]] de 1942 à 1945.]]
[[Fichier:US landings.jpg|vignette|gauche|Carte des [[débarquement]]s américains dans l'[[océan Pacifique]] de 1942 à 1945.]]


Simultanément, l’armée japonaise occupe les possessions britanniques, hollandaises et américaines d’Asie du Sud-Est comme [[Hong Kong]], [[Singapour]] (massacre de {{unité|10000|civils}}), les [[Commonwealth des Philippines|Philippines]] ([[marche de la mort de Bataan]]) et s’empare des champs pétroliers de la [[Malaisie britannique]] et des [[Indes orientales néerlandaises]], [[Bataille pour l'Australie|menaçant même l’Australie]]. L’[[Indochine française]] est déjà passée sous son contrôle militaire avec l’accord du [[régime de Vichy]], le {{date-|21|juillet|1941}}. Le [[Coup de force japonais de 1945 en Indochine|coup de force du 9 mars 1945]] achèvera la mainmise nippone sur la péninsule : le vide politique consécutif à la guerre mondiale favorisera la prise du pouvoir par le [[Việt Minh]] de [[Hô Chi Minh]].
Simultanément, l'armée japonaise occupe les possessions britanniques, hollandaises et américaines d'Asie du Sud-Est comme [[Hong Kong]], [[Singapour]] (massacre de {{unité|10000|civils}}), les [[Commonwealth des Philippines|Philippines]] ([[marche de la mort de Bataan]]) et s'empare des champs pétroliers de la [[Malaisie britannique]] et des [[Indes orientales néerlandaises]], [[Bataille pour l'Australie|menaçant même l'Australie]]. L'[[Indochine française]] est déjà passée sous son contrôle militaire avec l'accord du [[régime de Vichy]], le {{date-|21|juillet|1941}}. Le [[Coup de force japonais de 1945 en Indochine|coup de force du 9 mars 1945]] achèvera la mainmise nippone sur la péninsule : le vide politique consécutif à la guerre mondiale favorisera la prise du pouvoir par le [[Việt Minh]] de [[Hô Chi Minh]].


[[Fichier:Douglas MacArthur lands Leyte1.jpg|vignette|[[Douglas MacArthur]] débarquant aux [[Commonwealth des Philippines|Philippines]], au début de la [[Campagne des Philippines|reconquête de l'archipel]].]]
[[Fichier:Douglas MacArthur lands Leyte1.jpg|vignette|[[Douglas MacArthur]] débarquant aux [[Commonwealth des Philippines|Philippines]], au début de la [[Campagne des Philippines|reconquête de l'archipel]].]]


Le [[raid de Doolittle]] en {{date-|avril 1942}} marque le début de la riposte américaine. En mai 1942, la bataille entre porte-avions de la [[Bataille de la mer de Corail|mer de Corail]] tourne à l’avantage des alliés. Un mois plus tard, celui-ci est accentué par celle de [[Bataille de Midway|Midway]].
Le [[raid de Doolittle]] en {{date-|avril 1942}} marque le début de la riposte américaine. En mai 1942, la bataille entre porte-avions de la [[Bataille de la mer de Corail|mer de Corail]] tourne à l'avantage des alliés. Un mois plus tard, celui-ci est accentué par celle de [[Bataille de Midway|Midway]].


À partir du début 1942, l’[[Armée impériale japonaise]] tente de neutraliser la résistance communiste chinoise en lançant la {{japonais|[[politique des Trois Tout]]|三光作戦|Sankō Sakusen|« tue tout, brûle tout, pille tout »}}, une stratégie de la [[Politique de la terre brûlée|terre brûlée]], dans le Nord de la Chine, tandis que des attaques répétées sont lancées contre les place-fortes des nationalistes chinois.
À partir du début 1942, l'[[Armée impériale japonaise]] tente de neutraliser la résistance communiste chinoise en lançant la {{japonais|[[politique des Trois Tout]]|三光作戦|Sankō Sakusen|« tue tout, brûle tout, pille tout »}}, une stratégie de la [[Politique de la terre brûlée|terre brûlée]], dans le Nord de la Chine, tandis que des attaques répétées sont lancées contre les place-fortes des nationalistes chinois.


En dépit de la détermination de l’armée japonaise, les Alliés reprennent peu à peu les îles du Pacifique comme à [[bataille de Guadalcanal|Guadalcanal]], les [[Bataille des Salomon orientales|Salomon]] puis les [[Bataille de la mer des Philippines|Philippines]] après la [[bataille du golfe de Leyte]] (octobre 1944), cette dernière restant la plus grande bataille aéronavale jamais survenue<ref>[http://www.stat.virginia.edu/leyte.html The Battle of Leyte Gulf], Département des statistiques, université de Virginie.</ref>. Soumis à blocus et coupé progressivement de ses ravitaillements en matières premières, le Japon est au bord de l’asphyxie économique à l'été 1945.
En dépit de la détermination de l'armée japonaise, les Alliés reprennent peu à peu les îles du Pacifique comme à [[bataille de Guadalcanal|Guadalcanal]], les [[Bataille des Salomon orientales|Salomon]] puis les [[Bataille de la mer des Philippines|Philippines]] après la [[bataille du golfe de Leyte]] (octobre 1944), cette dernière restant la plus grande bataille aéronavale jamais survenue<ref>[http://www.stat.virginia.edu/leyte.html The Battle of Leyte Gulf], Département des statistiques, université de Virginie.</ref>. Soumis à blocus et coupé progressivement de ses ravitaillements en matières premières, le Japon est au bord de l'asphyxie économique à l'été 1945.


[[Fichier:Hiroshima aftermath.jpg|vignette|Le site d’Hiroshima, après le bombardement nucléaire]]
[[Fichier:Hiroshima aftermath.jpg|vignette|Le site d'Hiroshima, après le bombardement nucléaire]]


L’engagement en 1944 des premiers [[kamikaze]]s de l’histoire — ces avions-suicides qui se jettent sur les navires ennemis — ne peut freiner la reconquête américaine, mais prouve la détermination des Japonais.
L'engagement en 1944 des premiers [[kamikaze]]s de l'histoire — ces avions-suicides qui se jettent sur les navires ennemis — ne peut freiner la reconquête américaine, mais prouve la détermination des Japonais.
La [[Campagne du Japon|capture des îles proches du Japon]] comme [[Bataille d'Iwo Jima|Iwo Jima]] et [[Bataille d'Okinawa|Okinawa]] permet de lancer des [[Bombardements stratégiques sur le Japon|attaques aériennes directes]]. [[Tokyo]] notamment subit un [[bombardements de Tokyo|bombardement incendiaire]] le {{date-|10 mars 1945}}. Surtout, [[Hiroshima]] le 6 août et [[Nagasaki]] le 9 (ce devait être Kokura) subissent une [[Arme nucléaire|attaque nucléaire]].
La [[Campagne du Japon|capture des îles proches du Japon]] comme [[Bataille d'Iwo Jima|Iwo Jima]] et [[Bataille d'Okinawa|Okinawa]] permet de lancer des [[Bombardements stratégiques sur le Japon|attaques aériennes directes]]. [[Tokyo]] notamment subit un [[bombardements de Tokyo|bombardement incendiaire]] le {{date-|10 mars 1945}}. Surtout, [[Hiroshima]] le 6 août et [[Nagasaki]] le 9 (ce devait être Kokura) subissent une [[Arme nucléaire|attaque nucléaire]].


Conjuguée à la déclaration de guerre de l’[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] et l’invasion du [[Mandchoukouo]] par les forces soviétiques, les [[Bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki|bombardements atomiques]] provoquent finalement la [[reddition du Japon]], annoncée par [[Hirohito]] le {{date-|15|août|1945}}, confirmée par la signature des actes officiels le {{date-|2 septembre 1945}} à bord de l’{{USS|Missouri|BB-63|6}}.
Conjuguée à la déclaration de guerre de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] et l'invasion du [[Mandchoukouo]] par les forces soviétiques, les [[Bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki|bombardements atomiques]] provoquent finalement la [[reddition du Japon]], annoncée par [[Hirohito]] le {{date-|15|août|1945}}, confirmée par la signature des actes officiels le {{date-|2 septembre 1945}} à bord de l'{{USS|Missouri|BB-63|6}}.


== Moyens militaires des belligérants ==
== Moyens militaires des belligérants ==
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« ''Guerre de mouvement sur de vastes espaces, la Deuxième Guerre mondiale a été une guerre du moteur''{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=195}} ».
« ''Guerre de mouvement sur de vastes espaces, la Deuxième Guerre mondiale a été une guerre du moteur''{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=195}} ».


L’usage généralisé des chars est une première illustration de cette tendance à la motorisation. Alors que l’armée française fait le choix d’une dispersion des chars, mis au service des unités d’infanterie, les Allemands en adoptant une tactique basée sur l’utilisation des chars groupés sortent vainqueurs de la [[bataille de France]]. La conception du char lui-même oscille entre deux tendances : la puissance et la maniabilité. L’expérience de la guerre d’Espagne a montré que le blindage est moins important que la silhouette basse, moins vulnérable, la tourelle mobile à 360° et la puissance du canon. Mais au cours de la Seconde Guerre mondiale, on assiste à une croissance en poids, en blindage et en puissance de feu. Ainsi, le char allemand [[Panzerkampfwagen VI Tiger|Tigre I]] fait 57 tonnes. L’américain [[M4 Sherman|Sherman M4]] et le soviétique [[T-34]], utilisés jusqu’à la fin de la guerre restent dans la gamme des 30 tonnes. La concentration de chars dans des divisions blindées permettent de mener des guerres éclairs ([[Blitzkrieg]]), comme la [[Bataille de France]] en mai-juin 1940 remportée par les Allemands. L’Allemagne nazie commet l’erreur d’envahir l’URSS en sous-estimant le nombre de ses chars et la qualité des nouveaux, comme le [[T-34]], rustique et endurant. La plus grande concentration de chars a eu lieu lors de la [[bataille de Koursk]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=François de Lannoy|titre=Koursk|sous-titre=la plus grande bataille de chars de l'histoire|lieu=Bayeux|éditeur=Heimdal|année=1998|pages totales=167|isbn=2-84048-118-9|isbn2=9782840481188}}.</ref>, en Russie, en [[juillet 1943 (guerre mondiale)|juillet 1943]].
L'usage généralisé des chars est une première illustration de cette tendance à la motorisation. Alors que l'armée française fait le choix d'une dispersion des chars, mis au service des unités d'infanterie, les Allemands en adoptant une tactique basée sur l'utilisation des chars groupés sortent vainqueurs de la [[bataille de France]]. La conception du char lui-même oscille entre deux tendances : la puissance et la maniabilité. L'expérience de la guerre d'Espagne a montré que le blindage est moins important que la silhouette basse, moins vulnérable, la tourelle mobile à 360° et la puissance du canon. Mais au cours de la Seconde Guerre mondiale, on assiste à une croissance en poids, en blindage et en puissance de feu. Ainsi, le char allemand [[Panzerkampfwagen VI Tiger|Tigre I]] fait 57 tonnes. L'américain [[M4 Sherman|Sherman M4]] et le soviétique [[T-34]], utilisés jusqu'à la fin de la guerre restent dans la gamme des 30 tonnes. La concentration de chars dans des divisions blindées permettent de mener des guerres éclairs ([[Blitzkrieg]]), comme la [[Bataille de France]] en mai-juin 1940 remportée par les Allemands. L'Allemagne nazie commet l'erreur d'envahir l'URSS en sous-estimant le nombre de ses chars et la qualité des nouveaux, comme le [[T-34]], rustique et endurant. La plus grande concentration de chars a eu lieu lors de la [[bataille de Koursk]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=François de Lannoy|titre=Koursk|sous-titre=la plus grande bataille de chars de l'histoire|lieu=Bayeux|éditeur=Heimdal|année=1998|pages totales=167|isbn=2-84048-118-9|isbn2=9782840481188}}.</ref>, en Russie, en [[juillet 1943 (guerre mondiale)|juillet 1943]].


Les progrès des chars vont de pair avec les progrès de l’armement antichar : l’usage de la [[charge creuse]] permet de percer des blindages de plus en plus épais. Des tubes lance-roquettes comme le [[bazooka]] permettent au fantassin de disposer contre les chars de la puissance d’un artilleur{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=196-199}}.
Les progrès des chars vont de pair avec les progrès de l'armement antichar : l'usage de la [[charge creuse]] permet de percer des blindages de plus en plus épais. Des tubes lance-roquettes comme le [[bazooka]] permettent au fantassin de disposer contre les chars de la puissance d'un artilleur{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=196-199}}.


==== Aviation ====
==== Aviation ====
Parallèlement à l’utilisation de chars, on assiste tout au long de la guerre à un accroissement des transports motorisés des troupes, au détriment des chevaux, encore très présents tant du côté français que du côté allemand lors de la bataille de France ou encore sur le [[Front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|front de l’Est]], principalement pour des raisons logistiques. La division blindée américaine de 1944, sera, elle, entièrement motorisée.
Parallèlement à l'utilisation de chars, on assiste tout au long de la guerre à un accroissement des transports motorisés des troupes, au détriment des chevaux, encore très présents tant du côté français que du côté allemand lors de la bataille de France ou encore sur le [[Front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|front de l'Est]], principalement pour des raisons logistiques. La division blindée américaine de 1944, sera, elle, entièrement motorisée.
[[File:US B-17 über Nürnberg Feb 1945.jpg|thumb|left|un B-17 "flying fortress" bombardant Nuremberg en février 1945]]
[[File:US B-17 über Nürnberg Feb 1945.jpg|thumb|left|un B-17 "flying fortress" bombardant Nuremberg en février 1945]]
[[File:Bundesarchiv Bild 101I-646-5188-17, Flugzeuge Junkers Ju 87.jpg|thumb|formation de Junkers Ju 87 Stuka allemands sur le front Russe en décembre 1943]]
[[File:Bundesarchiv Bild 101I-646-5188-17, Flugzeuge Junkers Ju 87.jpg|thumb|formation de Junkers Ju 87 Stuka allemands sur le front Russe en décembre 1943]]
Les immenses progrès de l’aviation réalisés entre les deux guerres vont donner aux différents avions de guerre une place de première importance. L’amélioration des structures de l’avion permet aux chasseurs-bombardiers comme le [[Junkers Ju 87|Stuka]] d’opérer des [[Bombardier en piqué|bombardements en piqué]] et de prendre ainsi toute leur part dans les combats terrestres. Les bombardiers lourds comme la [[Boeing B-17 Flying Fortress|forteresse volante]] américaine, dont le rayon d’action atteint, à la fin de la guerre, {{unité|5000|kilomètres}}, sont utilisés dans des raids massifs de mille avions et plus, mettant ainsi en œuvre le concept de [[Bombardement stratégique]]. Pour contrer les bombardiers, les belligérants font usage de leurs [[Avion de chasse|avions de chasse]] et de canons de défense contre avions (DCA). C’est l’efficacité de la DCA qui oblige à organiser les opérations de bombardement la nuit. On demande aux avions de chasse d’assurer la maîtrise de l’espace aérien sur un champ de bataille ou sur un front donné{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=204-207}}.
Les immenses progrès de l'aviation réalisés entre les deux guerres vont donner aux différents avions de guerre une place de première importance. L'amélioration des structures de l'avion permet aux chasseurs-bombardiers comme le [[Junkers Ju 87|Stuka]] d'opérer des [[Bombardier en piqué|bombardements en piqué]] et de prendre ainsi toute leur part dans les combats terrestres. Les bombardiers lourds comme la [[Boeing B-17 Flying Fortress|forteresse volante]] américaine, dont le rayon d'action atteint, à la fin de la guerre, {{unité|5000|kilomètres}}, sont utilisés dans des raids massifs de mille avions et plus, mettant ainsi en œuvre le concept de [[Bombardement stratégique]]. Pour contrer les bombardiers, les belligérants font usage de leurs [[Avion de chasse|avions de chasse]] et de canons de défense contre avions (DCA). C'est l'efficacité de la DCA qui oblige à organiser les opérations de bombardement la nuit. On demande aux avions de chasse d'assurer la maîtrise de l'espace aérien sur un champ de bataille ou sur un front donné{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=204-207}}.


[[Fichier:Waves of paratroops land in Holland.jpg|vignette|Troupes américaines parachutées sur les Pays-Bas lors de l'[[opération Market Garden]], 1944]]
[[Fichier:Waves of paratroops land in Holland.jpg|vignette|Troupes américaines parachutées sur les Pays-Bas lors de l'[[opération Market Garden]], 1944]]


Dominés par l'aviation alliée dans la seconde partie de la guerre, les Allemands auraient pu retrouver un certain avantage dans la bataille aérienne, grâce à la première construction en série d'avions à réaction par [[Messerschmitt (entreprise)|Messerschmitt]]. Mais Hitler gâche cette chance en exigeant d’en faire des bombardiers, contre l’avis de ses officiers, et non des avions de chasse, ce qui aurait été bien plus approprié<ref>{{Ouvrage | prénom1=Ian | nom1=Kershaw | lien auteur1=Ian Kershaw | titre=Hitler | volume=2 | titre volume=Nemesis | éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] | année=2000 }}.</ref>.
Dominés par l'aviation alliée dans la seconde partie de la guerre, les Allemands auraient pu retrouver un certain avantage dans la bataille aérienne, grâce à la première construction en série d'avions à réaction par [[Messerschmitt (entreprise)|Messerschmitt]]. Mais Hitler gâche cette chance en exigeant d'en faire des bombardiers, contre l'avis de ses officiers, et non des avions de chasse, ce qui aurait été bien plus approprié<ref>{{Ouvrage | prénom1=Ian | nom1=Kershaw | lien auteur1=Ian Kershaw | titre=Hitler | volume=2 | titre volume=Nemesis | éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] | année=2000 }}.</ref>.
[[File:The German Air Force in the Second World War HU108217.jpg|thumb|left|un chasseur de nuit [[Messerschmitt Bf 110]]G-4/R1 à Dübendorf le 15 Mars 1944 doté d'un radar d'interception aéroporté [[Radar Lichtenstein|FuG 202 Lichtenstein B/C]]]]
[[File:The German Air Force in the Second World War HU108217.jpg|thumb|left|un chasseur de nuit [[Messerschmitt Bf 110]]G-4/R1 à Dübendorf le 15 Mars 1944 doté d'un radar d'interception aéroporté [[Radar Lichtenstein|FuG 202 Lichtenstein B/C]]]]
La DCA doit son efficacité aux progrès techniques des [[radar]]s qui surveillent le ciel et guident le tir des canons anti-aériens. À partir de 1942, les bombardiers alliés sont équipés de radars, des chasseurs de nuit allemands également. Grâce à leurs qualités croissantes, les radars sont également utilisés dans les navires alliés pour la direction des tirs. D’une façon générale, les télécommunications font partie intégrante de l’arsenal militaire. Les blindés allemands sont reliés entre eux par radio dès 1939 en liaison avec les avions, alors que leurs adversaires français ne le sont que très partiellement. Les techniques de chiffrage et de déchiffrage suivent l'évolution des techniques. Les Allemands utilisent la machine de codage [[Enigma (machine)|Enigma]], mais le [[Cryptanalyse d'Enigma|déchiffrement d’Enigma]] par les alliés occidentaux est un facteur fondamental qui leur permet d’inverser le cours de la [[Bataille de l'Atlantique (1939-1945)|bataille de l’Atlantique]] et d’assurer finalement leur victoire finale.
La DCA doit son efficacité aux progrès techniques des [[radar]]s qui surveillent le ciel et guident le tir des canons anti-aériens. À partir de 1942, les bombardiers alliés sont équipés de radars, des chasseurs de nuit allemands également. Grâce à leurs qualités croissantes, les radars sont également utilisés dans les navires alliés pour la direction des tirs. D'une façon générale, les télécommunications font partie intégrante de l'arsenal militaire. Les blindés allemands sont reliés entre eux par radio dès 1939 en liaison avec les avions, alors que leurs adversaires français ne le sont que très partiellement. Les techniques de chiffrage et de déchiffrage suivent l'évolution des techniques. Les Allemands utilisent la machine de codage [[Enigma (machine)|Enigma]], mais le [[Cryptanalyse d'Enigma|déchiffrement d'Enigma]] par les alliés occidentaux est un facteur fondamental qui leur permet d'inverser le cours de la [[Bataille de l'Atlantique (1939-1945)|bataille de l'Atlantique]] et d'assurer finalement leur victoire finale.


==== Marine ====
==== Marine ====
Sur mer, après la Première Guerre mondiale, le choix guidant la construction des [[navire de ligne|navires de ligne]] consistait en un compromis entre le blindage et la vitesse. Les [[croiseur de bataille|croiseurs de bataille]], plus rapides que les [[cuirassé]]s étaient moins bien protégés. Ce n'est qu'à la fin des années 1930 qu'apparurent les premiers cuirassés rapides. Mais ces bâtiments constituaient des cibles idéales pour l'aviation embarquée à bord des porte-avions, notamment les bombardiers en piqué et les avions torpilleurs. Malgré une puissante défense aérienne, disposant parfois de conduite de tir radar, le cuirassé reste vulnérable et cesse d'être le « ''capital ship'' » de la guerre sur mer. Le porte-avions, qui peut disposer d'un parc aérien de {{unité|50|à=60|appareils}}, prend un rôle de plus en plus déterminant, surtout grâce à « l'allonge » que lui permet ses escadrilles embarquées, lorsque le théâtre des opérations est éloigné de toute base terrestre, comme c’est le cas pour les États-Unis ou le Japon dans les [[Guerre du Pacifique|batailles du Pacifique]]. Le porte-avions devient la pièce centrale d’un dispositif que les Américains appellent « [[Force opérationnelle|Task force]] » et où les autres navires lui servent le plus souvent d'escorteurs{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=208-210}}.
Sur mer, après la Première Guerre mondiale, le choix guidant la construction des [[navire de ligne|navires de ligne]] consistait en un compromis entre le blindage et la vitesse. Les [[croiseur de bataille|croiseurs de bataille]], plus rapides que les [[cuirassé]]s étaient moins bien protégés. Ce n'est qu'à la fin des années 1930 qu'apparurent les premiers cuirassés rapides. Mais ces bâtiments constituaient des cibles idéales pour l'aviation embarquée à bord des porte-avions, notamment les bombardiers en piqué et les avions torpilleurs. Malgré une puissante défense aérienne, disposant parfois de conduite de tir radar, le cuirassé reste vulnérable et cesse d'être le « ''capital ship'' » de la guerre sur mer. Le porte-avions, qui peut disposer d'un parc aérien de {{unité|50|à=60|appareils}}, prend un rôle de plus en plus déterminant, surtout grâce à « l'allonge » que lui permet ses escadrilles embarquées, lorsque le théâtre des opérations est éloigné de toute base terrestre, comme c'est le cas pour les États-Unis ou le Japon dans les [[Guerre du Pacifique|batailles du Pacifique]]. Le porte-avions devient la pièce centrale d'un dispositif que les Américains appellent « [[Force opérationnelle|Task force]] » et où les autres navires lui servent le plus souvent d'escorteurs{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=208-210}}.


Comme lors de la Première Guerre mondiale, les sous-marins sont largement employés pour bloquer l’approvisionnement ennemi, mais la [[lutte anti-sous-marine]] a fait d'énormes progrès depuis la Première Guerre mondiale, d'abord avec l'[[aSDIC|asdic]] puis avec le [[sonar]]. Les [[destroyer]]s, les [[frégate (navire)|frégates]] et les [[corvette (navire)|corvettes]] sont spécialisées dans la lutte anti-sous marine et assurent l'escorte des [[Transport maritime|convois]]. Dans les derniers jours de la guerre, la [[Kriegsmarine]] lance de tout [[Unterseeboot type XXI|nouveau type de sous-marins]].
Comme lors de la Première Guerre mondiale, les sous-marins sont largement employés pour bloquer l'approvisionnement ennemi, mais la [[lutte anti-sous-marine]] a fait d'énormes progrès depuis la Première Guerre mondiale, d'abord avec l'[[aSDIC|asdic]] puis avec le [[sonar]]. Les [[destroyer]]s, les [[frégate (navire)|frégates]] et les [[corvette (navire)|corvettes]] sont spécialisées dans la lutte anti-sous marine et assurent l'escorte des [[Transport maritime|convois]]. Dans les derniers jours de la guerre, la [[Kriegsmarine]] lance de tout [[Unterseeboot type XXI|nouveau type de sous-marins]].


Les mines sous marines constituent un autre danger pour les navires. Elles se sont considérablement perfectionnées depuis la fin du premier conflit mondial. D'abord « de contact », explosant au choc, elles sont mises à feu par le champ magnétique et les bruits rayonnants des bateaux de guerre ou de commerce. Ce sont les mines à influences magnétiques et acoustiques. Les navires s'en protègent grâce à des circuits d'immunisation magnétique ([[Démagnétisation|degaussing]]) et une meilleure signature acoustique. Des petites unités spécialisées, les [[dragueur de mines|dragueurs de mines]] sont construites pour neutraliser ces millions d'engins de mort mouillés partout où le trafic maritime est important. Les mines sont particulièrement efficaces pour un coût modeste.
Les mines sous marines constituent un autre danger pour les navires. Elles se sont considérablement perfectionnées depuis la fin du premier conflit mondial. D'abord « de contact », explosant au choc, elles sont mises à feu par le champ magnétique et les bruits rayonnants des bateaux de guerre ou de commerce. Ce sont les mines à influences magnétiques et acoustiques. Les navires s'en protègent grâce à des circuits d'immunisation magnétique ([[Démagnétisation|degaussing]]) et une meilleure signature acoustique. Des petites unités spécialisées, les [[dragueur de mines|dragueurs de mines]] sont construites pour neutraliser ces millions d'engins de mort mouillés partout où le trafic maritime est important. Les mines sont particulièrement efficaces pour un coût modeste.


==== Wunderwaffe ====
==== Wunderwaffe ====
À la fin de la Seconde Guerre, de [[Wunderwaffe|nouvelles armes]] font apparition sur le champ de bataille, comme l’avion sans pilote [[V1 (missile)|V1]] lancé pour la première fois par les Allemands sur l’Angleterre dans la nuit du 13 au 14 {{date-||juin|1944}} ou le missile [[V2 (missile)|V2]] lancé pour la première fois sur Londres le 8 [[septembre 1944 (guerre mondiale)|septembre 1944]]{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=208-210}}. Contrairement aux craintes des alliés, les Allemands n’avaient pas de projet de [[Bombe A|bombe atomique]]<ref>{{Ouvrage | prénom1=Franck | nom1=Charles | titre=Opération Epsilon | éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] | année=1993 }}.</ref>. Les Américains, au contraire, avaient mis à partir de {{date-||décembre|1941}} de gigantesques ressources dans le [[projet Manhattan]] qui aboutit le 16 [[juillet]] 1945, après la reddition de l’Allemagne, à la première explosion nucléaire dans le désert du [[Nouveau-Mexique]] et aux [[bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki]] les 6 et 9 août 1945.
À la fin de la Seconde Guerre, de [[Wunderwaffe|nouvelles armes]] font apparition sur le champ de bataille, comme l'avion sans pilote [[V1 (missile)|V1]] lancé pour la première fois par les Allemands sur l'Angleterre dans la nuit du 13 au 14 {{date-||juin|1944}} ou le missile [[V2 (missile)|V2]] lancé pour la première fois sur Londres le 8 [[septembre 1944 (guerre mondiale)|septembre 1944]]{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=208-210}}. Contrairement aux craintes des alliés, les Allemands n'avaient pas de projet de [[Bombe A|bombe atomique]]<ref>{{Ouvrage | prénom1=Franck | nom1=Charles | titre=Opération Epsilon | éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] | année=1993 }}.</ref>. Les Américains, au contraire, avaient mis à partir de {{date-||décembre|1941}} de gigantesques ressources dans le [[projet Manhattan]] qui aboutit le 16 [[juillet]] 1945, après la reddition de l'Allemagne, à la première explosion nucléaire dans le désert du [[Nouveau-Mexique]] et aux [[bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki]] les 6 et 9 août 1945.


=== Drogues ===
=== Drogues ===
L'usage des [[Drogue|drogues]] durant la Seconde Guerre mondiale est le fait à la fois des [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|puissances alliés]] et des [[Axe Rome-Berlin-Tokyo|forces de l'Axe]]<ref>{{Article
L'usage des [[drogue]]s durant la Seconde Guerre mondiale est le fait à la fois des [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|puissances alliées]] et des [[Axe Rome-Berlin-Tokyo|forces de l'Axe]]<ref>{{Article
| langue = fr
| langue = fr
| titre = « Alliés et nazis sous amphétamines » : pervitine et benzédrine, drogues de combat
| titre = « Alliés et nazis sous amphétamines » : pervitine et benzédrine, drogues de combat
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| date = 2019-08-20
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| lire en ligne = https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/20/allies-et-nazis-sous-amphetamines-pervitine-et-benzedrine-drogues-de-combat_5501050_3246.html
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| consulté le = 2022-10-12}}</ref>. L'objectif était de rendre les soldats plus combatif en résistant mieux à la faim et la fatigue<ref>{{Lien web
| consulté le = 2022-10-12}}</ref>. L'objectif était de rendre les soldats plus combatifs en résistant mieux à la faim et la fatigue<ref>{{Lien web
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| auteur = Lukasz Kamienski
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Les soldats de la [[Wehrmacht]] recevaient des quantités importante de [[méthamphétamine]] à travers une « pilule d’attaque » nommée ''Pervitin''<ref>{{Ouvrage
Les soldats de la [[Wehrmacht]] recevaient des quantités importantes de [[méthamphétamine]] à travers une « pilule d'attaque » nommée ''Pervitin''<ref>{{Ouvrage
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| isbn = 978-0-19-853090-9
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| consulté le = 2022-10-12}}</ref> et produite dés 1938<ref>{{Lien web
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| date = 2022-09-12
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| consulté le = 2022-10-12}}</ref>. Cette dernière se présentait sous la forme de barre chocolatée qui étaient fourni avec la ration militaire de base<ref>{{Article
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| pages = 486–487}}</ref>. Au mois de décembre 1940, le nombre de pilules consommées baissa considérablement passant de 12,4 millions à 1,2 millions par mois<ref>{{Article
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| pages = 289–290}}</ref>. Lors de la [[Percée de Sedan]], le [[Generaloberst|général]] [[Heinz Guderian]] fit donner environ {{unité|20000|comprimés}} de Pervitin pour la [[1re Panzerdivision|{{1er}} Panzerdivision]]<ref>{{Article|langue=de|prénom1=Christoph|nom1=Gunkel|titre=Westfeldzug 1940|périodique=Der Spiegel|date=2010-06-14|issn=2195-1349|lire en ligne=https://www.spiegel.de/geschichte/westfeldzug-1940-a-946444.html|consulté le=2022-10-18}}</ref>. Les aviateurs de la [[Luftwaffe]], recevaient quant à eux, une formule modifier qui servait à atténuer leur sentiment d’anxiété, à augmenter leurs performances en vol, à se concentrer tout en augmentant l’estime de soi<ref>{{Article|langue=de|prénom1=ERIK|nom1=EGGERS|titre=Peppige Panzerschokolade|périodique=Die Tageszeitung: taz|date=2006-12-28|issn=0931-9085|lire en ligne=https://taz.de/!336058/|consulté le=2022-10-18|pages=15}}</ref>.
| pages = 289–290}}</ref>. Lors de la [[percée de Sedan]], le [[Generaloberst|général]] [[Heinz Guderian]] fit donner environ {{unité|20000|comprimés}} de Pervitin pour la [[1re Panzerdivision|{{1er}} Panzerdivision]]<ref>{{Article|langue=de|prénom1=Christoph|nom1=Gunkel|titre=Westfeldzug 1940|périodique=Der Spiegel|date=2010-06-14|issn=2195-1349|lire en ligne=https://www.spiegel.de/geschichte/westfeldzug-1940-a-946444.html|consulté le=2022-10-18}}</ref>. Les aviateurs de la [[Luftwaffe]], recevaient quant à eux, une formule modifiée qui servait à atténuer leur sentiment d'anxiété, à augmenter leurs performances en vol, à se concentrer tout en augmentant l'estime de soi<ref>{{Article|langue=de|prénom1=ERIK|nom1=EGGERS|titre=Peppige Panzerschokolade|périodique=Die Tageszeitung: taz|date=2006-12-28|issn=0931-9085|lire en ligne=https://taz.de/!336058/|consulté le=2022-10-18|pages=15}}</ref>.


En [[Asie]], L'[[Armée impériale japonaise|Armée Impériale japonaise]] commercialisa dés 1941 des pilules d’amphétamine sous le nom de ''Philopon'', la présentant comme un stimulant<ref>{{Article
En [[Asie]], L'[[Armée impériale japonaise|Armée Impériale japonaise]] commercialisa dès 1941 des pilules d'amphétamine sous le nom de ''Philopon'', la présentant comme un stimulant<ref>{{Article
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| pages totales = 524}}</ref>.
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Les Alliés ont quant à eux privilégié les [[amphétamine]] à travers des cachets de Benzédrine, l'[[Forces armées britanniques|Armée Britannique]] en distribuant jusqu'à 72 millions de cachets<ref>{{Ouvrage
Les Alliés ont quant à eux privilégié les [[amphétamine]] à travers des cachets de benzédrine, l'[[Forces armées britanniques|Armée Britannique]] en distribuant jusqu'à 72 millions de cachets<ref>{{Ouvrage
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| auteur1 = Nicolas Rasmussen
| auteur1 = Nicolas Rasmussen
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=== Statistiques ===
=== Statistiques ===
[[Fichier:WWII industry war effort-fr.png|vignette|250px|L’effort de guerre industriel]]
[[Fichier:WWII industry war effort-fr.png|vignette|250px|L'effort de guerre industriel]]


{| class="wikitable"
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{{Article détaillé|Europe sous domination nazie}}
{{Article détaillé|Europe sous domination nazie}}


À partir de la victoire éclair de l’Allemagne sur la France, et plus encore à partir de 1941, avec l’invasion des Balkans et de l’Union soviétique, et jusqu’à la fin 1944, la presque totalité de l’Europe est sous domination Allemande. Certains pays et certaines régions ont carrément été rattachés au [[troisième Reich|Grand Reich]], comme l’Autriche, le [[Protectorat de Bohême-Moravie]], ou l’ouest de la Pologne. D’autres pays se sont alliés volontairement à l’Allemagne, il s’agit de la [[Royaume de Bulgarie|Bulgarie]], de la [[Royaume de Roumanie|Roumanie]] et de la [[Royaume de Hongrie (1920-1946)|Hongrie]], mais ils sont complètement dépendants de l’Allemagne. Certains pays, comme la [[République slovaque (1939-1945)|Slovaquie]] et la [[État indépendant de Croatie|Croatie]], doivent leur indépendance à l’Allemagne nazie. D’autres sont occupés à la suite de victoires allemandes. C’est le cas des [[Histoire des Pays-Bas pendant la Seconde Guerre mondiale|Pays-Bas]], de la [[Occupation allemande de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale|Belgique]], de la [[Histoire de la Norvège|Norvège]], du [[Histoire du Danemark pendant la Seconde Guerre mondiale|Danemark]], de la [[Régime de Vichy|France]], de la [[Gouvernement de salut national (Serbie)|Serbie]], de la [[Histoire de la Grèce aux XIXe et XXe siècles|Grèce]]{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=403-404}}.
À partir de la victoire éclair de l'Allemagne sur la France, et plus encore à partir de 1941, avec l'invasion des Balkans et de l'Union soviétique, et jusqu'à la fin 1944, la presque totalité de l'Europe est sous domination Allemande. Certains pays et certaines régions ont carrément été rattachés au [[troisième Reich|Grand Reich]], comme l'Autriche, le [[Protectorat de Bohême-Moravie]], ou l'ouest de la Pologne. D'autres pays se sont alliés volontairement à l'Allemagne, il s'agit de la [[Royaume de Bulgarie|Bulgarie]], de la [[Royaume de Roumanie|Roumanie]] et de la [[Royaume de Hongrie (1920-1946)|Hongrie]], mais ils sont complètement dépendants de l'Allemagne. Certains pays, comme la [[République slovaque (1939-1945)|Slovaquie]] et la [[État indépendant de Croatie|Croatie]], doivent leur indépendance à l'Allemagne nazie. D'autres sont occupés à la suite de victoires allemandes. C'est le cas des [[Histoire des Pays-Bas pendant la Seconde Guerre mondiale|Pays-Bas]], de la [[Occupation allemande de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale|Belgique]], de la [[Histoire de la Norvège|Norvège]], du [[Histoire du Danemark pendant la Seconde Guerre mondiale|Danemark]], de la [[Régime de Vichy|France]], de la [[Gouvernement de salut national (Serbie)|Serbie]], de la [[Histoire de la Grèce aux XIXe et XXe siècles|Grèce]]{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=403-404}}.


=== Domination économique et asservissement ===
=== Domination économique et asservissement ===
{{Article détaillé|Generalplan Ost}}
{{Article détaillé|Generalplan Ost}}
[[Fichier:Bundesarchiv R 49 Bild-0131, Aussiedlung von Polen im Wartheland.jpg|vignette|droite|Marche de citoyens polonais expulsés du [[Reichsgau Wartheland]] vers le [[Gouvernement général de Pologne|Gouvernement général]], novembre 1939]]
[[Fichier:Bundesarchiv R 49 Bild-0131, Aussiedlung von Polen im Wartheland.jpg|vignette|droite|Marche de citoyens polonais expulsés du [[Reichsgau Wartheland]] vers le [[Gouvernement général de Pologne|Gouvernement général]], novembre 1939]]
La domination allemande en Europe revêt un caractère différent à l’est et à l’ouest. Les pays de l’Est européens, au peuplement slave sont considérés par les nazis comme un « espace vital » ([[Lebensraum]]) revenant à la « Race des Seigneurs ». Dans cet espace immense, il s’agit à la fois d’implanter des colons allemands, de germaniser de force les populations qui peuvent l'être, de déplacer, stériliser ou faire mourir des millions de « [[Untermensch|sous-hommes]] » : Polonais, Slaves soviétiques ou Tziganes, en utilisant les survivants comme esclaves, allant jusqu'à la [[Shoah|solution finale]] pour les juifs.
La domination allemande en Europe revêt un caractère différent à l'est et à l'ouest. Les pays de l'Est européens, au peuplement slave sont considérés par les nazis comme un « espace vital » ([[Lebensraum]]) revenant à la « Race des Seigneurs ». Dans cet espace immense, il s'agit à la fois d'implanter des colons allemands, de germaniser de force les populations qui peuvent l'être, de déplacer, stériliser ou faire mourir des millions de « [[Untermensch|sous-hommes]] » : Polonais, Slaves soviétiques ou Tziganes, en utilisant les survivants comme esclaves, allant jusqu'à la [[Shoah|solution finale]] pour les juifs.


L’Ouest n’est pas considéré comme un espace vital à vider pour que des Allemands puissent y prendre place. Dans le nouvel ordre européen, un pays comme la France garde sa place, mais à un rang inférieur à celui de l’Allemagne. Si l’occupant allemand exerce une terreur moindre, il n’en soumet pas moins les ressources des pays conquis au pillage systématique.
L'Ouest n'est pas considéré comme un espace vital à vider pour que des Allemands puissent y prendre place. Dans le nouvel ordre européen, un pays comme la France garde sa place, mais à un rang inférieur à celui de l'Allemagne. Si l'occupant allemand exerce une terreur moindre, il n'en soumet pas moins les ressources des pays conquis au pillage systématique.
{{Article détaillé|Travail forcé sous domination nazie pendant la Seconde Guerre mondiale}}
{{Article détaillé|Travail forcé sous domination nazie pendant la Seconde Guerre mondiale}}
En effet, sur le plan économique, le continent européen est soumis à l’hégémonie du ''Reich''. Pour l’Allemagne, il s’agit d’abord de mettre l’ensemble des ressources et capacités économiques du continent au service du ''Reich'' en guerre. D’autre part, des jalons sont posés pour une intégration de toutes les économies nationales dans un grand espace économique dominé par l’Allemagne{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=336-337}}. En France, on appelle les soldats allemands « [[doryphore]]s », qui ravagent tout<ref>Cf. Ebba D. Drolshagen, ''Der freundliche Feind. Wehrmachtssoldaten im besetzten Europa'', München 2009, {{p.|148}}.</ref>.
En effet, sur le plan économique, le continent européen est soumis à l'hégémonie du ''Reich''. Pour l'Allemagne, il s'agit d'abord de mettre l'ensemble des ressources et capacités économiques du continent au service du ''Reich'' en guerre. D'autre part, des jalons sont posés pour une intégration de toutes les économies nationales dans un grand espace économique dominé par l'Allemagne{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=336-337}}. En France, on appelle les soldats allemands « [[doryphore]]s », qui ravagent tout<ref>Cf. Ebba D. Drolshagen, ''Der freundliche Feind. Wehrmachtssoldaten im besetzten Europa'', München 2009, {{p.|148}}.</ref>.


Dans la pratique, les différents moyens pour mettre l'économie de l’Europe au service de l’Allemagne vont des accords de compensation avec taux de change avantageux pour les pays alliés au pillage massif pour les pays comme la Pologne ou l’Union soviétique en passant par le paiement d’indemnités pour un pays comme la France. La mise au travail des prisonniers de guerre et les déplacements en Allemagne de millions de travailleurs représentent une forme encore plus directe de l’exploitation des ressources.
Dans la pratique, les différents moyens pour mettre l'économie de l'Europe au service de l'Allemagne vont des accords de compensation avec taux de change avantageux pour les pays alliés au pillage massif pour les pays comme la Pologne ou l'Union soviétique en passant par le paiement d'indemnités pour un pays comme la France. La mise au travail des prisonniers de guerre et les déplacements en Allemagne de millions de travailleurs représentent une forme encore plus directe de l'exploitation des ressources.


=== Collaborations et résistances en Europe ===
=== Collaborations et résistances en Europe ===
{{Article détaillé|Collaboration dans l'Europe occupée par les nazis|Résistance dans l'Europe occupée par les nazis}}
{{Article détaillé|Collaboration dans l'Europe occupée par les nazis|Résistance dans l'Europe occupée par les nazis}}


Pour [[Yves Durand (historien)|Yves Durand]], « Les occupations engendrent parmi les occupés, des comportements qui vont de la collaboration à la résistance en passant par toute une gamme d’attitudes qui ne peuvent être réduites ni à l’une ni à l’autre{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p= 779}} ».
Pour [[Yves Durand (historien)|Yves Durand]], « Les occupations engendrent parmi les occupés, des comportements qui vont de la collaboration à la résistance en passant par toute une gamme d'attitudes qui ne peuvent être réduites ni à l'une ni à l'autre{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p= 779}} ».
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-H25217, Henry Philippe Petain und Adolf Hitler.jpg|vignette|L'[[entrevue de Montoire]] entre [[Philippe Pétain]] et [[Adolf Hitler]].]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-H25217, Henry Philippe Petain und Adolf Hitler.jpg|vignette|L'[[entrevue de Montoire]] entre [[Philippe Pétain]] et [[Adolf Hitler]].]]


Tous les pays vaincus doivent accepter au moins une forme de collaboration minimale qui permet aux peuples de survivre en acceptant au moins temporairement les conditions du vainqueur. C’est ce que Werner Rings appelle la collaboration neutre qui est typiquement pratiquée aux [[Pays-Bas]] et en [[Belgique]] dont les gouvernements ont quitté le pays, mais dont les administrations font le nécessaire pour permettre aux habitants de survivre et à l'économie de tourner en étant réquisitionnée au service de l’effort de guerre allemand<ref>{{Ouvrage | langue=en | prénom1=Werner | nom1=Rings <!-- | titre=Leben mit dem Feind --> | éditeur=Weidenfeld and Nicholson | année=1982 | passage=73 | titre=Life with the enemy}}{{Commentaire biblio|Traduit de la version originale allemande de 1979}}.</ref>.
Tous les pays vaincus doivent accepter au moins une forme de collaboration minimale qui permet aux peuples de survivre en acceptant au moins temporairement les conditions du vainqueur. C'est ce que Werner Rings appelle la collaboration neutre qui est typiquement pratiquée aux [[Pays-Bas]] et en [[Belgique]] dont les gouvernements ont quitté le pays, mais dont les administrations font le nécessaire pour permettre aux habitants de survivre et à l'économie de tourner en étant réquisitionnée au service de l'effort de guerre allemand<ref>{{Ouvrage | langue=en | prénom1=Werner | nom1=Rings <!-- | titre=Leben mit dem Feind --> | éditeur=Weidenfeld and Nicholson | année=1982 | passage=73 | titre=Life with the enemy}}{{Commentaire biblio|Traduit de la version originale allemande de 1979}}.</ref>.


Aux [[Pays-Bas]], la résistance est surtout urbaine, vu la géographie du pays qui n'offre pas de sites isolés et difficiles d'accès où l'on puisse organiser une activité clandestine. Il s'agit d'espionnage et de presse clandestine. En [[Belgique]], l'espionnage se manifeste à travers des agents britanniques et belges recrutés et formés directement par les Britanniques et aussi par des réseaux de [[résistance intérieure belge]] dont le réseau [[Clarence (réseau de renseignement)|Clarence]] de [[Walthère Dewé]] et des réseaux d'évasion dont le [[Réseau Comète]]. À partir de 1942, les sabotages vont commencer, notamment ceux du [[Groupe G]], une organisation d'ingénieurs qui entravent scientifiquement le potentiel militaire allemand en détruisant les équipements stratégiques comme les lignes à haute tension et des stations électriques dans le but de paralyser la production de guerre des usines réquisitionnées. Mais, en Ardenne belge, dans la [[province de Luxembourg]], région accidentée et boisée, se développent des groupes de [[maquis (résistance)|maquisards]]. Des parachutages d'armes depuis l'Angleterre les équiperont au fur et à mesure des années en vue des combats de la Libération. En 1944, beaucoup de ces résistants s'engageront dans les troupes belges participant à la libération de la Belgique et iront combattre avec elles aux Pays-Bas et en Allemagne avec les alliés.
Aux [[Pays-Bas]], la résistance est surtout urbaine, vu la géographie du pays qui n'offre pas de sites isolés et difficiles d'accès où l'on puisse organiser une activité clandestine. Il s'agit d'espionnage et de presse clandestine. En [[Belgique]], l'espionnage se manifeste à travers des agents britanniques et belges recrutés et formés directement par les Britanniques et aussi par des réseaux de [[résistance intérieure belge]] dont le réseau [[Clarence (réseau de renseignement)|Clarence]] de [[Walthère Dewé]] et des réseaux d'évasion dont le [[Réseau Comète]]. À partir de 1942, les sabotages vont commencer, notamment ceux du [[Groupe G]], une organisation d'ingénieurs qui entravent scientifiquement le potentiel militaire allemand en détruisant les équipements stratégiques comme les lignes à haute tension et des stations électriques dans le but de paralyser la production de guerre des usines réquisitionnées. Mais, en Ardenne belge, dans la [[province de Luxembourg]], région accidentée et boisée, se développent des groupes de [[maquis (résistance)|maquisards]]. Des parachutages d'armes depuis l'Angleterre les équiperont au fur et à mesure des années en vue des combats de la Libération. En 1944, beaucoup de ces résistants s'engageront dans les troupes belges participant à la libération de la Belgique et iront combattre avec elles aux Pays-Bas et en Allemagne avec les alliés.
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Dans d'autres pays, l'Allemagne préfère favoriser des dirigeants conservateurs comme [[Philippe Pétain|Pétain]] en [[Régime de Vichy|France]] ou [[Milan Nedić|Nedić]] en [[Gouvernement de salut national (Serbie)|Serbie]] qui sont présumés mieux gérer leur gouvernement. En Serbie, en [[État indépendant de Croatie|Croatie]], ou au [[Gouvernorat italien du Monténégro|Monténégro]], les séparatismes locaux sont encouragés pour installer des gouvernements favorables à l'Allemagne et à ses alliés.
Dans d'autres pays, l'Allemagne préfère favoriser des dirigeants conservateurs comme [[Philippe Pétain|Pétain]] en [[Régime de Vichy|France]] ou [[Milan Nedić|Nedić]] en [[Gouvernement de salut national (Serbie)|Serbie]] qui sont présumés mieux gérer leur gouvernement. En Serbie, en [[État indépendant de Croatie|Croatie]], ou au [[Gouvernorat italien du Monténégro|Monténégro]], les séparatismes locaux sont encouragés pour installer des gouvernements favorables à l'Allemagne et à ses alliés.


En France, les différents gouvernements vichystes proposent d’eux-mêmes une collaboration qui va au-delà de ce qui est prévu par l’armistice de {{date-|juin 1940}} en espérant obtenir pour le pays une meilleure place dans l’Europe allemande. Selon les termes de Paxton, « Hitler repousse la main tendue<ref>{{Ouvrage | auteur1=[[Robert Paxton|Robert O. Paxton]] | prénom1=Robert | nom1=Paxton | titre=La France de Vichy | éditeur=Éditions du Seuil | série=coll. Points | année=1997 | passage=96 }}.</ref> ». C’est lui qui choisit ses alliés. Devant les compromissions de plus en plus graves du gouvernement [[Pierre Laval|Laval]], une résistance s'organise, déjà à partir de l'été 1940. Dans le courant de la guerre, à cause des déportations d'ouvriers, des réseaux de réfractaires s'organisent qui deviennent des [[maquis (résistance)|maquisards]] combattants. Grâce aux parachutages d'armes depuis Londres, ils entreprennent des sabotages et attaqueront les troupes allemandes en retraite en 1944.
En France, les différents gouvernements vichystes proposent d'eux-mêmes une collaboration qui va au-delà de ce qui est prévu par l'armistice de {{date-|juin 1940}} en espérant obtenir pour le pays une meilleure place dans l'Europe allemande. Selon les termes de Paxton, « Hitler repousse la main tendue<ref>{{Ouvrage | auteur1=[[Robert Paxton|Robert O. Paxton]] | prénom1=Robert | nom1=Paxton | titre=La France de Vichy | éditeur=Éditions du Seuil | série=coll. Points | année=1997 | passage=96 }}.</ref> ». C'est lui qui choisit ses alliés. Devant les compromissions de plus en plus graves du gouvernement [[Pierre Laval|Laval]], une résistance s'organise, déjà à partir de l'été 1940. Dans le courant de la guerre, à cause des déportations d'ouvriers, des réseaux de réfractaires s'organisent qui deviennent des [[maquis (résistance)|maquisards]] combattants. Grâce aux parachutages d'armes depuis Londres, ils entreprennent des sabotages et attaqueront les troupes allemandes en retraite en 1944.
En Pologne, gouvernée directement par les Allemands pour être pillée et complètement asservie, il ne peut y avoir ni collaborationnistes ni collaborateurs.
En Pologne, gouvernée directement par les Allemands pour être pillée et complètement asservie, il ne peut y avoir ni collaborationnistes ni collaborateurs.


L’engagement dans la « résistance » permet aux peuples dominés de continuer à s’opposer au vainqueur, à participer à l’effort de guerre des Alliés et éventuellement à la libération de leur pays. La résistance s’organise par la création de mouvements, de réseaux et de [[Maquis (résistance)|maquis]], regroupant une minorité de la population et souvent en liaison avec les gouvernements en exil ou les services de renseignement britannique, soviétique ou américain.
L'engagement dans la « résistance » permet aux peuples dominés de continuer à s'opposer au vainqueur, à participer à l'effort de guerre des Alliés et éventuellement à la libération de leur pays. La résistance s'organise par la création de mouvements, de réseaux et de [[Maquis (résistance)|maquis]], regroupant une minorité de la population et souvent en liaison avec les gouvernements en exil ou les services de renseignement britannique, soviétique ou américain.


=== Génocides, déportations, concentrations ===
=== Génocides, déportations, concentrations ===
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{{Article détaillé|Shoah|Porajmos|Aktion T4|Massacres d'Odessa (1941)}}
{{Article détaillé|Shoah|Porajmos|Aktion T4|Massacres d'Odessa (1941)}}


La guerre et la domination de l’Europe qui en a résulté ont permis au régime nazi de pousser à l’extrême son idéologie raciste. Selon les termes de [[Joseph Goebbels|Goebbels]] : « La guerre nous offre toutes sortes de possibilités que la paix nous refusait{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=673}}. »
La guerre et la domination de l'Europe qui en a résulté ont permis au régime nazi de pousser à l'extrême son idéologie raciste. Selon les termes de [[Joseph Goebbels|Goebbels]] : « La guerre nous offre toutes sortes de possibilités que la paix nous refusait{{sfn|texte=|Yves Durand|1997|id=901485409|p=673}}. »


Parmi ces possibilités figure un plan de nettoyage ethnique visant les populations d'[[Europe de l'Est]] : le [[Generalplan Ost|Schéma directeur pour l'Est]] ; son application dans les terres conquises aura pour effet de les désorganiser en profondeur.
Parmi ces possibilités figure un plan de nettoyage ethnique visant les populations d'[[Europe de l'Est]] : le [[Generalplan Ost|Schéma directeur pour l'Est]] ; son application dans les terres conquises aura pour effet de les désorganiser en profondeur.


Le jour même de l’entrée en guerre, en {{date-||septembre|1939}}, Hitler autorise l’extermination des handicapés mentaux allemands et autres malades incurables. Officiellement stoppée en août 1941 grâce à un mouvement d’opinion, l’[[aktion T4]] conduit à « l'euthanasie » par le gaz de plus de {{unité|150000|handicapés}}, nombre de techniciens de l’opération étant ensuite réaffectés au gazage massif des Juifs dans les camps de la mort.
Le jour même de l'entrée en guerre, en {{date-||septembre|1939}}, Hitler autorise l'extermination des handicapés mentaux allemands et autres malades incurables. Officiellement stoppée en août 1941 grâce à un mouvement d'opinion, l'[[aktion T4]] conduit à « l'euthanasie » par le gaz de plus de {{unité|150000|handicapés}}, nombre de techniciens de l'opération étant ensuite réaffectés au gazage massif des Juifs dans les camps de la mort.


Dès 1939, les Juifs sont concentrés de force dans des [[ghettos juifs pendant la Seconde Guerre mondiale|ghettos]] misérables, surpeuplés et délibérément affamés, notamment dans le [[Gouvernement général de Pologne]] (voir : [[Ghettos juifs en Pologne occupée par les nazis|ghettos en Pologne occupée]]). Leur extermination systématique, que l’on désigne sous le nom de [[Shoah]], est d’abord mise en œuvre par des exécutions de masse pratiquées par la [[Wehrmacht]] puis par les [[Einsatzgruppen]] dans les territoires polonais et soviétiques. En URSS et dans une partie de la Pologne, la « Shoah par balles » cède en 1942 le pas à l’emploi méthodique de ''camions à gaz''. Après la [[conférence de Wannsee]] ({{date-|20 janvier 1942}}), la politique d’extermination (« la [[solution finale]] de la [[question juive]] » dans la terminologie nazie) vise les Juifs de tous les pays occupés et prend un tour industriel. Les Juifs sont déportés dans des [[centres d'extermination nazis|camps d’exterminations]] dans lesquels les victimes sont [[chambre à gaz|gazées]] en masse, et leurs corps réduits en cendres dans des ''fours crématoires''. Au total, environ les trois quarts des Juifs de l’Europe occupée, totalisant selon [[Raul Hilberg]] au minimum {{nombre|5100000|personnes}}, sont exterminées<ref name="Hilberg">{{Ouvrage | auteur1=[[Raul Hilberg]] | prénom1=Raul | nom1=Hilberg | titre=La destruction des juifs d’Europe | volume=III | éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]] | collection=Folio | année=2006 | passage=2273 }}.</ref>. {{formatnum:3000000}} d'entre-eux étaient Polonais, soit 90 % de la [[Histoire des Juifs en Pologne|population juive du pays]], et périront lors de la {{citation|[[Shoah en Pologne|Shoah polonaise]]}}<ref>[https://www.yadvashem.org/righteous/stories/poland-historical-background.html "Poland: Historical Background"], [[Yad Vashem]].</ref>.
Dès 1939, les Juifs sont concentrés de force dans des [[ghettos juifs pendant la Seconde Guerre mondiale|ghettos]] misérables, surpeuplés et délibérément affamés, notamment dans le [[Gouvernement général de Pologne]] (voir : [[Ghettos juifs en Pologne occupée par les nazis|ghettos en Pologne occupée]]). Leur extermination systématique, que l'on désigne sous le nom de [[Shoah]], est d'abord mise en œuvre par des exécutions de masse pratiquées par la [[Wehrmacht]] puis par les [[Einsatzgruppen]] dans les territoires polonais et soviétiques. En URSS et dans une partie de la Pologne, la « Shoah par balles » cède en 1942 le pas à l'emploi méthodique de ''camions à gaz''. Après la [[conférence de Wannsee]] ({{date-|20 janvier 1942}}), la politique d'extermination (« la [[solution finale]] de la [[question juive]] » dans la terminologie nazie) vise les Juifs de tous les pays occupés et prend un tour industriel. Les Juifs sont déportés dans des [[centres d'extermination nazis|camps d'exterminations]] dans lesquels les victimes sont [[chambre à gaz|gazées]] en masse, et leurs corps réduits en cendres dans des ''fours crématoires''. Au total, environ les trois quarts des Juifs de l'Europe occupée, totalisant selon [[Raul Hilberg]] au minimum {{nombre|5100000|personnes}}, sont exterminées<ref name="Hilberg">{{Ouvrage | auteur1=[[Raul Hilberg]] | prénom1=Raul | nom1=Hilberg | titre=La destruction des juifs d'Europe | volume=III | éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]] | collection=Folio | année=2006 | passage=2273 }}.</ref>. {{formatnum:3000000}} d'entre-eux étaient Polonais, soit 90 % de la [[Histoire des Juifs en Pologne|population juive du pays]], et périront lors de la {{citation|[[Shoah en Pologne|Shoah polonaise]]}}<ref>[https://www.yadvashem.org/righteous/stories/poland-historical-background.html "Poland: Historical Background"], [[Yad Vashem]].</ref>.
[[Fichier:Buchenwald Slave Laborers Liberation.jpg|vignette|Prisonniers de [[Buchenwald]], lors de la libération du camp.]]
[[Fichier:Buchenwald Slave Laborers Liberation.jpg|vignette|Prisonniers de [[Buchenwald]], lors de la libération du camp.]]


Les Tziganes sont également victimes de la politique raciale des nazis. L’extermination des Tziganes est connue sous le nom de [[Porajmos]]. En décembre 1942, [[Heinrich Himmler|Himmler]] prend la décision de déporter vers Auschwitz tous les Tziganes d’Europe, mais se désintéresse rapidement du sujet qui ne constitue pas un enjeu stratégique de première importance. On peut estimer que pendant la Seconde Guerre mondiale, entre {{unité|50000|et=80000|Tziganes}} sont morts à la suite des mesures de persécution nazies<ref>{{Ouvrage | auteur1=[[Denis Peschanski]] | titre=La France des camps, l’internement 1938-46 | éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]] | année=2002 | passage=379 }}. Pesckanski cite {{Ouvrage | langue=de | prénom1=Michael | nom1=Zimmerman | titre=Rassenutopie und Genozid. Die nationalsiziatstische « Lösung der Zigeunerfrage » | éditeur=Christians Verlag | année=1996 }}.</ref>.
Les Tziganes sont également victimes de la politique raciale des nazis. L'extermination des Tziganes est connue sous le nom de [[Porajmos]]. En décembre 1942, [[Heinrich Himmler|Himmler]] prend la décision de déporter vers Auschwitz tous les Tziganes d'Europe, mais se désintéresse rapidement du sujet qui ne constitue pas un enjeu stratégique de première importance. On peut estimer que pendant la Seconde Guerre mondiale, entre {{unité|50000|et=80000|Tziganes}} sont morts à la suite des mesures de persécution nazies<ref>{{Ouvrage | auteur1=[[Denis Peschanski]] | titre=La France des camps, l'internement 1938-46 | éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]] | année=2002 | passage=379 }}. Pesckanski cite {{Ouvrage | langue=de | prénom1=Michael | nom1=Zimmerman | titre=Rassenutopie und Genozid. Die nationalsiziatstische « Lösung der Zigeunerfrage » | éditeur=Christians Verlag | année=1996 }}.</ref>.


En plus des [[camps d'extermination nazis|camps d’extermination]] dont la finalité est l’élimination immédiate des Juifs et autres catégories qualifiées de « sous-hommes », les nazis multiplient les [[camp de concentration|camps de concentration]] et leurs commandos pour enfermer, et généralement [[Extermination par le travail|exterminer par le travail forcé]], les opposants réels ou présumés, ou des droits communs. Les conditions particulièrement déshumanisantes de la détention et les traitements brutaux des [[Schutzstaffel|SS]] et des [[kapo]] y entrainent une mortalité extrêmement forte (40 % des déportés français ne survivent pas). Au départ, ce sont des unités mobiles qui sont chargées d’exterminer les Juifs — ainsi que les Tziganes, les cadres [[communisme|communistes]], voire les handicapés et les homosexuels.
En plus des [[camps d'extermination nazis|camps d'extermination]] dont la finalité est l'élimination immédiate des Juifs et autres catégories qualifiées de « sous-hommes », les nazis multiplient les [[camp de concentration|camps de concentration]] et leurs commandos pour enfermer, et généralement [[Extermination par le travail|exterminer par le travail forcé]], les opposants réels ou présumés, ou des droits communs. Les conditions particulièrement déshumanisantes de la détention et les traitements brutaux des [[Schutzstaffel|SS]] et des [[kapo]] y entrainent une mortalité extrêmement forte (40 % des déportés français ne survivent pas). Au départ, ce sont des unités mobiles qui sont chargées d'exterminer les Juifs — ainsi que les Tziganes, les cadres [[communisme|communistes]], voire les handicapés et les homosexuels.


== Extrême-Orient sous domination japonaise ==
== Extrême-Orient sous domination japonaise ==
{{Article détaillé|Expansionnisme du Japon Shōwa|Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale|Crimes de guerre du Japon Shōwa}}
{{Article détaillé|Expansionnisme du Japon Shōwa|Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale|Crimes de guerre du Japon Shōwa}}


En Asie également, l’[[empire du Japon]] suscite des gouvernements collaborateurs et a recours à grande échelle au [[Crimes de guerre du Japon Shōwa|pillage des matières premières]] et au [[Crimes de guerre du Japon Shōwa|travail forcé des prisonniers]] de guerre et des populations locales qu’il prétendait libérer de la servitude coloniale.
En Asie également, l'[[empire du Japon]] suscite des gouvernements collaborateurs et a recours à grande échelle au [[Crimes de guerre du Japon Shōwa|pillage des matières premières]] et au [[Crimes de guerre du Japon Shōwa|travail forcé des prisonniers]] de guerre et des populations locales qu'il prétendait libérer de la servitude coloniale.


[[Fichier:Wang and Nazis.jpg|vignette|droite| [[Wang Jingwei]], chef du [[Gouvernement national réorganisé de la République de Chine|gouvernement collaborateur chinois]], recevant des dignitaires de l'Allemagne nazie.]]
[[Fichier:Wang and Nazis.jpg|vignette|droite| [[Wang Jingwei]], chef du [[Gouvernement national réorganisé de la République de Chine|gouvernement collaborateur chinois]], recevant des dignitaires de l'Allemagne nazie.]]
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Envahie en 1931, la [[Mandchourie]] est devenue l'État du [[Mandchoukouo]], où l'ancien empereur de Chine [[Puyi]] exerce une autorité de façade, et qui garantit au Japon d'importantes ressources naturelles.
Envahie en 1931, la [[Mandchourie]] est devenue l'État du [[Mandchoukouo]], où l'ancien empereur de Chine [[Puyi]] exerce une autorité de façade, et qui garantit au Japon d'importantes ressources naturelles.


Dans le cadre de la [[campagne de Birmanie]], les Japonais bénéficient de l’appui du gouvernement [[Thaïlande|thaïlandais]] de [[Plaek Phibunsongkhram|Plaek Pibulsonggram]] et du leader indépendantiste [[Inde|indien]] [[Subhas Chandra Bose]], qui crée l'[[Armée nationale indienne]]. Aux [[Indes orientales néerlandaises]] occupées, qui leur fournissent de très importantes réserves de [[pétrole]], les Japonais ne créent pas de gouvernement, mais se ménagent l'appui des leaders indépendantistes comme [[Soekarno]] (futur président de l'[[Indonésie]]).
Dans le cadre de la [[campagne de Birmanie]], les Japonais bénéficient de l'appui du gouvernement [[Thaïlande|thaïlandais]] de [[Plaek Phibunsongkhram|Plaek Pibulsonggram]] et du leader indépendantiste [[Inde|indien]] [[Subhas Chandra Bose]], qui crée l'[[Armée nationale indienne]]. Aux [[Indes orientales néerlandaises]] occupées, qui leur fournissent de très importantes réserves de [[pétrole]], les Japonais ne créent pas de gouvernement, mais se ménagent l'appui des leaders indépendantistes comme [[Soekarno]] (futur président de l'[[Indonésie]]).


=== Camps de prisonniers et esclavage ===
=== Camps de prisonniers et esclavage ===
[[Fichier:POWs Burma Thai RR.jpg|vignette|Des prisonniers de guerre australiens et néerlandais à Tarsau, en [[Thaïlande]] en 1943.]]
[[Fichier:POWs Burma Thai RR.jpg|vignette|Des prisonniers de guerre australiens et néerlandais à Tarsau, en [[Thaïlande]] en 1943.]]
Disséminés sur tout le territoire de la Sphère, les camps de prisonniers japonais connurent un taux important de décès car la majorité d’entre eux impliquaient le travail forcé des prisonniers. Selon le [[Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient|Tribunal de Tokyo]], le taux de mortalité des occidentaux y était de 27,1 %, sept fois celui des prisonniers des camps allemands ou italiens<ref name="Tanaka">{{Ouvrage | langue=en | prénom1=Yuki | nom1=Tanaka | lien auteur1=Yuki Tanaka | titre=Hidden Horrors | année=1996 | passage=2-3 | lire en ligne=https://www.pbs.org/wgbh/amex/bataan/peopleevents/e_atrocities.html}}{{Commentaire biblio|Japanese Atrocities in the Philippines}}.</ref>. Le taux de mortalité des prisonniers chinois était bien supérieur en raison d’une directive ratifiée le 5 août 1937 par [[Hirohito]] qui éliminait les mesures de protection du droit international à l'égard de ces prisonniers<ref>{{Ouvrage | prénom1=Akira | nom1=Fujiwara | titre=Nitchû Sensô ni Okeru Horyo Gyakusatsu | éditeur=Kikan Sensô Sekinin Kenkyû 9 | année=1995 | passage=22 }}.</ref>. Ainsi, si {{unité|37583|prisonniers}} britanniques, {{unité|28500|néerlandais}} et {{unité|14473|américains}} furent relâchés après la [[reddition du Japon]], le nombre de Chinois libérés ne fut que de 56<ref name="Tanaka"/>{{,}}<ref name="Bix">{{Ouvrage | langue=en | prénom1=Herbert P. | nom1=Bix | lien auteur1=Herbert P. Bix | titre=[[Hirohito and the Making of Modern Japan]] | année=2001 | passage=360 }}.</ref>.
Disséminés sur tout le territoire de la Sphère, les camps de prisonniers japonais connurent un taux important de décès car la majorité d'entre eux impliquaient le travail forcé des prisonniers. Selon le [[Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient|Tribunal de Tokyo]], le taux de mortalité des occidentaux y était de 27,1 %, sept fois celui des prisonniers des camps allemands ou italiens<ref name="Tanaka">{{Ouvrage | langue=en | prénom1=Yuki | nom1=Tanaka | lien auteur1=Yuki Tanaka | titre=Hidden Horrors | année=1996 | passage=2-3 | lire en ligne=https://www.pbs.org/wgbh/amex/bataan/peopleevents/e_atrocities.html}}{{Commentaire biblio|Japanese Atrocities in the Philippines}}.</ref>. Le taux de mortalité des prisonniers chinois était bien supérieur en raison d'une directive ratifiée le 5 août 1937 par [[Hirohito]] qui éliminait les mesures de protection du droit international à l'égard de ces prisonniers<ref>{{Ouvrage | prénom1=Akira | nom1=Fujiwara | titre=Nitchû Sensô ni Okeru Horyo Gyakusatsu | éditeur=Kikan Sensô Sekinin Kenkyû 9 | année=1995 | passage=22 }}.</ref>. Ainsi, si {{unité|37583|prisonniers}} britanniques, {{unité|28500|néerlandais}} et {{unité|14473|américains}} furent relâchés après la [[reddition du Japon]], le nombre de Chinois libérés ne fut que de 56<ref name="Tanaka"/>{{,}}<ref name="Bix">{{Ouvrage | langue=en | prénom1=Herbert P. | nom1=Bix | lien auteur1=Herbert P. Bix | titre=[[Hirohito and the Making of Modern Japan]] | année=2001 | passage=360 }}.</ref>.


Selon une étude de l’historienne Zhifen Ju, plus de 10 millions de Chinois furent mobilisés par l’[[armée impériale japonaise]] et transformés en esclaves par la [[Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale#La Kōa-in|Kōa-in]] au [[Mandchoukouo|Manchukuo]] et en [[Chine]] du nord<ref name="Ju">{{Ouvrage | prénom1=Zhifen | nom1=Ju | titre=Japan’s atrocities of conscripting and abusing north China draftees after the outbreak of the Pacific war | année=2002 | lire en ligne=http://www.fas.harvard.edu/~asiactr/sino-japanese/minutes_2002.htm}}.</ref>. Des documents retrouvés à la Bibliothèque du Congrès américain démontrent qu’entre 4 et 10 millions de ''[[romusha]]'', des civils indonésiens, ont été soumis au travail forcé à [[Java (île)|Java]] par le [[Expansionnisme du Japon Shōwa|régime Shōwa]] et que le taux de mortalité y fut de 80 %<ref>{{Ouvrage | langue=en | titre=Indonesia : World War II and the Struggle For Independence, 1942-50; The Japanese Occupation, 1942-45 | éditeur=Library of Congress | année=1992 | présentation en ligne=http://lcweb2.loc.gov/cgi-bin/query/r?frd/cstdy:@field(DOCID+id0029)}}.</ref>.
Selon une étude de l'historienne Zhifen Ju, plus de 10 millions de Chinois furent mobilisés par l'[[armée impériale japonaise]] et transformés en esclaves par la [[Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale#La Kōa-in|Kōa-in]] au [[Mandchoukouo|Manchukuo]] et en [[Chine]] du nord<ref name="Ju">{{Ouvrage | prénom1=Zhifen | nom1=Ju | titre=Japan's atrocities of conscripting and abusing north China draftees after the outbreak of the Pacific war | année=2002 | lire en ligne=http://www.fas.harvard.edu/~asiactr/sino-japanese/minutes_2002.htm}}.</ref>. Des documents retrouvés à la Bibliothèque du Congrès américain démontrent qu'entre 4 et 10 millions de ''[[romusha]]'', des civils indonésiens, ont été soumis au travail forcé à [[Java (île)|Java]] par le [[Expansionnisme du Japon Shōwa|régime Shōwa]] et que le taux de mortalité y fut de 80 %<ref>{{Ouvrage | langue=en | titre=Indonesia : World War II and the Struggle For Independence, 1942-50; The Japanese Occupation, 1942-45 | éditeur=Library of Congress | année=1992 | présentation en ligne=http://lcweb2.loc.gov/cgi-bin/query/r?frd/cstdy:@field(DOCID+id0029)}}.</ref>.


En Amérique du Nord, à la suite de l’[[attaque de Pearl Harbor]] par les Japonais et à l’entrée en guerre contre l’Allemagne et l’Italie, le président [[Franklin Delano Roosevelt|Franklin Roosevelt]] autorise le {{date-|19 février 1942}} l’internement de dizaines de milliers d’Américains d’origine japonaise, italienne et allemande : {{Lien|langue=en|fr=enemy alien}}. Le Canada, dans une moindre mesure, a également détenu des citoyens originaires de ces pays dans des camps.
En Amérique du Nord, à la suite de l'[[attaque de Pearl Harbor]] par les Japonais et à l'entrée en guerre contre l'Allemagne et l'Italie, le président [[Franklin Delano Roosevelt|Franklin Roosevelt]] autorise le {{date-|19 février 1942}} l'internement de dizaines de milliers d'Américains d'origine japonaise, italienne et allemande : {{Lien|langue=en|fr=enemy alien}}. Le Canada, dans une moindre mesure, a également détenu des citoyens originaires de ces pays dans des camps.


== Conséquences historiques ==
== Conséquences historiques ==
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{{voir aussi|Conséquences de la Shoah}}
{{voir aussi|Conséquences de la Shoah}}


La Seconde Guerre mondiale contribue, à travers son bilan plus ou moins préjudiciable aux participants, à l’émergence de deux superpuissances qui vont se partager le monde : les [[États-Unis]] et l’[[Union des républiques socialistes soviétiques]] (URSS).
La Seconde Guerre mondiale contribue, à travers son bilan plus ou moins préjudiciable aux participants, à l'émergence de deux [[superpuissance]]s qui vont se partager le monde : les [[États-Unis]] et l'[[Union des républiques socialistes soviétiques]] (URSS).


La [[Société des Nations]], à laquelle on impute d’avoir échoué à empêcher la guerre, est remplacée par l’[[Organisation des Nations unies]] dont la [[Charte des Nations unies|Charte]] est rédigée à [[San Francisco]] en {{date-||juin|1945}}.
La [[Société des Nations]], à laquelle on impute d'avoir échoué à empêcher la guerre, est remplacée par l'[[Organisation des Nations unies]] dont la [[Charte des Nations unies|Charte]] est rédigée à [[San Francisco]] en {{date-||juin|1945}}.


[[Fichier:Churchill Stalin percentage agreement 1944.jpg|vignette|250px|Conservé à la Bildarchiv der Österreichischen Nationalbibliothek de [[Vienne (Autriche)|Vienne]], le fameux accord des « zones d'influence » contresigné par Churchill et Staline à Moscou le {{date-|9|octobre|1944}}.]]
[[Fichier:Churchill Stalin percentage agreement 1944.jpg|vignette|250px|Conservé à la Bildarchiv der Österreichischen Nationalbibliothek de [[Vienne (Autriche)|Vienne]], le fameux accord des « zones d'influence » contresigné par Churchill et Staline à Moscou le {{date-|9|octobre|1944}}.]]
L’Allemagne est soumise à [[Occupation de l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale|plusieurs années d’occupation]]. En 1949, elle est séparée en deux États, désignés des noms d’[[Allemagne de l'Ouest]] (démocratie libérale, dans la zone occupée précédemment par les Américains, les Britanniques et les Français) et d’[[République démocratique allemande|Allemagne de l'Est]] (régime communiste, dans la zone occupée par les Soviétiques). La [[réunification allemande]] n’aura lieu qu’en 1990.
L'Allemagne est soumise à [[Occupation de l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale|plusieurs années d'occupation]]. En 1949, elle est séparée en deux États, désignés des noms d'[[Allemagne de l'Ouest]] (démocratie libérale, dans la zone occupée précédemment par les Américains, les Britanniques et les Français) et d'[[République démocratique allemande|Allemagne de l'Est]] (régime communiste, dans la zone occupée par les Soviétiques). La [[réunification allemande]] n'aura lieu qu'en 1990.


L’Allemagne de l’Ouest et le Japon sont démilitarisés et démocratisés par les Occidentaux. Les principaux dignitaires de la hiérarchie nazie sont jugés, et la plupart condamnés pour [[crime contre l'humanité]] (une notion nouvelle, juridiquement définie à la suite des crimes nazis) ou pour [[crime de guerre]] lors d’un [[Procès de Nuremberg|procès international à Nuremberg]]. Les chefs militaires japonais répondent de leurs exactions devant le tribunal international de Tokyo, mais l’empereur [[Hirohito]] et des criminels de guerre comme [[Shirō Ishii]], ancien chef de l’[[unité 731]], sont exempts de toute poursuite pour leur coopération avec les États-Unis. Un certain nombre d'ex-responsables nazis obtiennent aussi l’impunité grâce à des initiatives américaines comme l’[[opération Paperclip]] et retrouvent plus tard des postes de responsabilité.
L'Allemagne de l'Ouest et le Japon sont démilitarisés et démocratisés par les Occidentaux. Les principaux dignitaires de la hiérarchie nazie sont jugés, et la plupart condamnés pour [[crime contre l'humanité]] (une notion nouvelle, juridiquement définie à la suite des crimes nazis) ou pour [[crime de guerre]] lors d'un [[Procès de Nuremberg|procès international à Nuremberg]]. Les chefs militaires japonais répondent de leurs exactions devant le tribunal international de Tokyo, mais l'empereur [[Hirohito]] et des criminels de guerre comme [[Shirō Ishii]], ancien chef de l'[[unité 731]], sont exempts de toute poursuite pour leur coopération avec les États-Unis. Un certain nombre d'ex-responsables nazis obtiennent aussi l'impunité grâce à des initiatives américaines comme l'[[opération Paperclip]] et retrouvent plus tard des postes de responsabilité.


En [[Europe centrale]] et en [[Europe de l'Est]], zones investies en 1944-1945 par l’[[Armée rouge]], les partis communistes locaux prennent le pouvoir entre 1945 et 1948 sous influence de l’[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]]. Dès mars 1946, [[Winston Churchill]], qui, pour garder la Grèce dans le giron occidental, avait consenti à un partage de l’Europe en « zones d’influence » par l’accord de Moscou du {{date-|9|octobre|1944}}, déclare qu’{{citation|un [[rideau de fer]] s’est abattu à travers le continent}}. En [[Royaume de Grèce|Grèce]], malgré l’absence de soutien de l’URSS aux communistes grecs, majoritaires dans la [[Résistance en Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale|résistance locale]], une [[Guerre civile grecque|guerre civile]] se prolonge jusqu’en 1949 et manque de faire basculer la Grèce dans le camp communiste, avant que le gouvernement monarchique ne remporte à grand-peine la victoire grâce au soutien du [[Royaume-Uni]]. En [[République populaire de Pologne|Pologne]], [[République socialiste tchécoslovaque|Tchécoslovaquie]], [[République populaire de Hongrie|Hongrie]], [[République socialiste de Roumanie|Roumanie]], [[République populaire de Bulgarie|Bulgarie]], [[République fédérative socialiste de Yougoslavie|Yougoslavie]] et [[République populaire socialiste d'Albanie|Albanie]], où les communistes étaient largement minoritaires, des régimes communistes sont mis en place : le [[bloc de l'Est]] se constitue en Europe, signant le début de la [[guerre froide]]. Seul le régime communiste de [[Josip Broz Tito|Tito]], qui avait en Yougoslavie une certaine assise populaire, surtout chez les [[Serbes]], prend en 1948 une [[Rupture Tito-Staline|position indépendante vis-à-vis de l’URSS]].
En [[Europe centrale]] et en [[Europe de l'Est]], zones investies en 1944-1945 par l'[[Armée rouge]], les partis communistes locaux prennent le pouvoir entre 1945 et 1948 sous influence de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]]. Dès mars 1946, [[Winston Churchill]], qui, pour garder la Grèce dans le giron occidental, avait consenti à un partage de l'Europe en « zones d'influence » par l'accord de Moscou du {{date-|9|octobre|1944}}, déclare qu'{{citation|un [[rideau de fer]] s'est abattu à travers le continent}}. En [[Royaume de Grèce|Grèce]], malgré l'absence de soutien de l'URSS aux communistes grecs, majoritaires dans la [[Résistance en Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale|résistance locale]], une [[Guerre civile grecque|guerre civile]] se prolonge jusqu'en 1949 et manque de faire basculer la Grèce dans le camp communiste, avant que le gouvernement monarchique ne remporte à grand-peine la victoire grâce au soutien du [[Royaume-Uni]]. En [[République populaire de Pologne|Pologne]], [[République socialiste tchécoslovaque|Tchécoslovaquie]], [[République populaire de Hongrie|Hongrie]], [[République socialiste de Roumanie|Roumanie]], [[République populaire de Bulgarie|Bulgarie]], [[République fédérative socialiste de Yougoslavie|Yougoslavie]] et [[République populaire socialiste d'Albanie|Albanie]], où les communistes étaient largement minoritaires, des régimes communistes sont mis en place : le [[bloc de l'Est]] se constitue en Europe, signant le début de la [[guerre froide]]. Seul le régime communiste de [[Josip Broz Tito|Tito]], qui avait en Yougoslavie une certaine assise populaire, surtout chez les [[Serbes]], prend en 1948 une [[Rupture Tito-Staline|position indépendante vis-à-vis de l'URSS]].


La [[République de Chine (1912-1949)|république de Chine]] de [[Tchang Kaï-chek]] est affaiblie par les années de guerre. La [[guerre civile chinoise]], interrompue par l’agression japonaise, reprend dès 1946. En 1949, les nationalistes de [[Tchang Kaï-chek]] sont battus par les [[Parti communiste chinois|communistes]], largement soutenus par l’URSS. [[Mao Zedong]] proclame sur le continent la [[république populaire de Chine]], tandis que Tchang Kaï-chek se réfugie à [[Taïwan]], rendue par les Japonais.
La [[République de Chine (1912-1949)|république de Chine]] de [[Tchang Kaï-chek]] est affaiblie par les années de guerre. La [[guerre civile chinoise]], interrompue par l'agression japonaise, reprend dès 1946. En 1949, les nationalistes de [[Tchang Kaï-chek]] sont battus par les [[Parti communiste chinois|communistes]], largement soutenus par l'URSS. [[Mao Zedong]] proclame sur le continent la [[république populaire de Chine]], tandis que Tchang Kaï-chek se réfugie à [[Taïwan]], rendue par les Japonais.


Les institutions d’avant-guerre ne perdurent que dans une minorité d’États européens et asiatiques. Toutes les monarchies d’Europe de l’Est sont abolies par la construction rapide des [[État communiste|régimes communistes]], qui balayent également les entreprises, le tissu syndical et associatif, et les libertés publiques de ces pays. Un référendum abolit la royauté en Italie ({{date-|10 juin 1946}}) ; elle ne se maintient en Grèce qu’au prix d’une [[Guerre civile grecque|guerre civile]], et en Belgique la « [[question royale]] » posée par l’attitude de [[Léopold III (roi des Belges)|Léopold III]] pendant la guerre, ne trouve de réponse qu’avec son abdication en 1951. Au Japon, les Américains maintiennent l’empereur [[Hirohito]], pourtant constamment tenu informé des crimes commis par ses armées, mais imposent l’abolition du culte impérial qui le proclamait d’essence divine. En France, la [[Troisième République (France)|{{IIIe}} République]], rendue responsable de la défaite, cède la place à une nouvelle constitution.
Les institutions d'avant-guerre ne perdurent que dans une minorité d'États européens et asiatiques. Toutes les monarchies d'Europe de l'Est sont abolies par la construction rapide des [[État communiste|régimes communistes]], qui balayent également les entreprises, le tissu syndical et associatif, et les libertés publiques de ces pays. Un référendum abolit la royauté en Italie ({{date-|10 juin 1946}}) ; elle ne se maintient en Grèce qu'au prix d'une [[Guerre civile grecque|guerre civile]], et en Belgique la « [[question royale]] » posée par l'attitude de {{noble|Léopold III (roi des Belges)}} pendant la guerre, ne trouve de réponse qu'avec son abdication en 1951. Au Japon, les Américains maintiennent l'empereur [[Hirohito]], pourtant constamment tenu informé des crimes commis par ses armées, mais imposent l'abolition du culte impérial qui le proclamait d'essence divine. En France, la [[Troisième République (France)|{{IIIe|République}}]], rendue responsable de la défaite, cède la place à une nouvelle constitution.


Partout à l’Ouest, les gouvernements s’engagent dans la construction du ''Welfare State'' ou État-Providence : nationalisations, planification, intervention de l’État, lois de protection sociale sont désormais à l’ordre du jour pour une trentaine d’années. Nationalisations, planification et intervention de l’État prennent des formes extrêmes à l’Est, où la sphère privée se réduit désormais aux seules familles et à leurs biens meubles.
Partout à l'Ouest, les gouvernements s'engagent dans la construction du ''Welfare State'' ou État-Providence : nationalisations, planification, intervention de l'État, lois de protection sociale sont désormais à l'ordre du jour pour une trentaine d'années. Nationalisations, planification et intervention de l'État prennent des formes extrêmes à l'Est, où la sphère privée se réduit désormais aux seules familles et à leurs biens meubles.


La recherche scientifique et technique, dans l’ensemble, bénéficient d’une forte impulsion, en particulier pour la maîtrise de l’atome dans le [[projet Manhattan]] et la recherche sur les fusées qui permettra des programmes spatiaux. La guerre a aussi vu le premier usage massif des [[antibiotique]]s dont la [[pénicilline]] inventée par les Britanniques, ou encore du [[Dichlorodiphényltrichloroéthane|DDT]], utile aux Américains dans les marais du Pacifique. Mais, pendant quarante ans, la [[guerre froide]] entre « zones d’influence » empêche les scientifiques de communiquer librement entre eux et draine de nombreuses ressources et technologies vers la sphère militaro-industrielle, au détriment du développement civil.
La recherche scientifique et technique, dans l'ensemble, bénéficient d'une forte impulsion, en particulier pour la maîtrise de l'atome dans le [[projet Manhattan]] et la recherche sur les fusées qui permettra des programmes spatiaux. La guerre a aussi vu le premier usage massif des [[antibiotique]]s dont la [[pénicilline]] inventée par les Britanniques, ou encore du [[Dichlorodiphényltrichloroéthane|DDT]], utile aux Américains dans les marais du Pacifique. Mais, pendant quarante ans, la [[guerre froide]] entre « zones d'influence » empêche les scientifiques de communiquer librement entre eux et draine de nombreuses ressources et technologies vers la sphère militaro-industrielle, au détriment du développement civil.


=== Conséquences au Royaume-Uni ===
=== Conséquences au Royaume-Uni ===
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[[Fichier:Map of Europe, 1946 (25289557032).jpg|vignette|Carte de l'Europe publiée en Angleterre par ''The National Savings'' en 1946.]]
[[Fichier:Map of Europe, 1946 (25289557032).jpg|vignette|Carte de l'Europe publiée en Angleterre par ''The National Savings'' en 1946.]]


Les autres alliés en effet, et si l’on excepte le Royaume-Uni, ont un rôle mineur ou bien sont écartés des négociations qui aboutissent à la mise en place de deux zones d’influence, suivant les accords de [[Conférence de Yalta|Yalta]] et de [[Conférence de Potsdam|Potsdam]]. Cette situation, qui porte en elle les germes de la [[guerre froide]], dure jusqu’en 1989.
Les autres alliés en effet, et si l'on excepte le Royaume-Uni, ont un rôle mineur ou bien sont écartés des négociations qui aboutissent à la mise en place de deux zones d'influence, suivant les accords de [[Conférence de Yalta|Yalta]] et de [[Conférence de Potsdam|Potsdam]]. Cette situation, qui porte en elle les germes de la [[guerre froide]], dure jusqu'en 1989.


Le Royaume-Uni sort considérablement affaibli de la guerre. Celle-ci, en effet, a consacré le déclin des puissances coloniales : le mouvement [[Quit India]] s'est développé durant le conflit aux [[Raj britannique|Indes britanniques]], les indépendantismes indien et birman ayant pris des formes parfois violentes. L'[[Loi sur l'indépendance indienne de 1947|Indian Independence Act de 1947]] prend effet à l'été 1947, immédiatement suivi par la [[partition des Indes]]. La [[Birmanie]] obtient son indépendance en 1948. Par la suite, les îles britanniques connaissent une crise sans précédent, due à la reconstruction et à la restructuration de son économie.
Le Royaume-Uni sort considérablement affaibli de la guerre. Celle-ci, en effet, a consacré le déclin des puissances coloniales : le mouvement [[Quit India]] s'est développé durant le conflit aux [[Raj britannique|Indes britanniques]], les indépendantismes indien et birman ayant pris des formes parfois violentes. L'[[Loi sur l'indépendance indienne de 1947|Indian Independence Act de 1947]] prend effet à l'été 1947, immédiatement suivi par la [[partition des Indes]]. La [[Birmanie]] obtient son indépendance en 1948. Par la suite, les îles britanniques connaissent une crise sans précédent, due à la reconstruction et à la restructuration de son économie.
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=== Conséquences en France ===
=== Conséquences en France ===


Au cours de la [[bataille de Normandie]], le général [[Charles de Gaulle|de Gaulle]], accueilli en libérateur par les Français, parvient à obtenir des alliés la reconnaissance de la pleine autorité de son gouvernement, le [[gouvernement provisoire de la République française]] (GPRF) proclamé le 3 juin à [[Alger]], sur la métropole. Il fait en sorte que la France soit reconnue par le camp allié comme un vainqueur. Cette reconnaissance lui permet d’occuper une partie de l’Allemagne et d’obtenir un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’[[Organisation des Nations unies|ONU]].
Au cours de la [[bataille de Normandie]], le général [[Charles de Gaulle|de Gaulle]], accueilli en libérateur par les Français, parvient à obtenir des [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] la reconnaissance de la pleine autorité de son gouvernement, le [[gouvernement provisoire de la République française]] (GPRF) {{incise|proclamé le 3 juin à [[Alger]]}}, sur la [[France métropolitaine|métropole]]. Il fait en sorte que la France soit reconnue par le camp allié comme un vainqueur. Cette reconnaissance lui permet d'[[Zone d'occupation française en Allemagne|occuper une partie de l'Allemagne]] et d'obtenir un siège de [[Composition_du_Conseil_de_sécurité_des_Nations_unies#Membres_permanents|membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU]].


[[Fichier:Bundesarchiv Bild 101I-141-1258-15, Russland-Mitte, Soldaten der französischen Legion, Fahne.jpg|vignette|droite|Soldats de la [[Légion des volontaires français contre le bolchevisme|Légion des volontaires français]] sur le front russe en novembre 1941]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 101I-141-1258-15, Russland-Mitte, Soldaten der französischen Legion, Fahne.jpg|vignette|droite|Soldats de la [[Légion des volontaires français contre le bolchevisme|Légion des volontaires français]] sur le front russe en novembre 1941]]


La [[Libération de la France]] s’accompagne de l’[[épuration (politique)|épuration]] d’une partie des personnes suspectées d’avoir [[Collaboration en France|collaboré]]. Les Allemands et leurs collaborateurs ont multiplié les atrocités sous l’Occupation, puis pendant leur retraite. Aussi dans les territoires libérés par les résistants, et malgré les efforts de la plupart de leurs chefs et des [[commissaire de la République institué par le Gouvernement provisoire de la République française|commissaires de la République]] pour instaurer au plus vite une épuration légale et judiciaire, de nombreuses exécutions sont expéditives et pas toujours précédées de jugements. Environ {{nombre|20000|femmes}} sont tondues pour « collaboration horizontale<ref>{{Ouvrage | prénom1=Fabrice | nom1=Virgili | lien auteur1=Fabrice Virgili | titre=La France virile | éditeur=[[Payot (maison d'édition)|Payot]] | année=2000 }}.</ref> ». De ce fait, des erreurs sont commises dans cette libération rapide, et des innocents injustement assassinés. Les historiens estiment qu’environ {{unité|11000|exécutions}} sommaires ont lieu, aux trois quarts pendant les combats. L'épuration sauvage a pu être d’autant plus brutale que la population peut avoir envie de se venger des exactions de la milice et des Allemands dans leur déroute et que le gonflement des effectifs de la Résistance a permis à certains résistants de la {{24e|heure}} de se dédouaner ainsi à peu de frais.
La [[libération de la France]] s'accompagne de l'[[Épuration à la Libération en France|épuration]] d'une partie des personnes suspectées d'avoir [[Collaboration en France|collaboré]]. Les Allemands et leurs collaborateurs ont multiplié les atrocités sous l'Occupation, puis pendant leur retraite. Aussi dans les territoires libérés par les résistants, et malgré les efforts de la plupart de leurs chefs et des [[commissaire de la République institué par le Gouvernement provisoire de la République française|commissaires de la République]] pour instaurer au plus vite une épuration légale et judiciaire, de nombreuses exécutions sont expéditives et pas toujours précédées de jugements. Environ {{nombre|20000|femmes}} sont tondues pour « collaboration horizontale<ref>{{Ouvrage | prénom1=Fabrice | nom1=Virgili | lien auteur1=Fabrice Virgili | titre=La France virile | éditeur=[[Payot (maison d'édition)|Payot]] | année=2000 }}.</ref> ». De ce fait, des erreurs sont commises dans cette libération rapide et des innocents injustement assassinés. Les historiens estiment qu'environ {{unité|11000|exécutions}} sommaires ont lieu, aux trois quarts pendant les combats. L'épuration sauvage a pu être d'autant plus brutale que la population peut avoir envie de se venger des exactions de la milice et des Allemands dans leur déroute et que le gonflement des effectifs de la Résistance a permis à certains résistants de la {{24e|heure}} de se dédouaner ainsi à peu de frais.


À l’opposé, certains collaborateurs sont parfois acquittés ou condamnés à de faibles peines (malgré la gravité de leurs crimes) par les tribunaux réguliers dont la majorité des juges ont prêté serment à [[Philippe Pétain|Pétain]]. D’autres furent jugés par la Haute Cour composée de résistants, mais l’importance des condamnations décrut avec le temps. C’est ainsi qu’en 1949, le dernier accusé jugé est acquitté : le secrétaire d'État à l’Intérieur de Pétain, [[René Bousquet]] (qui mit la police et la gendarmerie françaises à la disposition des occupants pour faire la chasse aux résistants et déporter près de {{unité|60000|[[Juifs]]}}) est acquitté. Les collaborateurs n’ont été poursuivis que pour trahison et non pour crime contre l’humanité.
À l'opposé, certains collaborateurs sont parfois acquittés ou condamnés à de faibles peines (malgré la gravité de leurs crimes) par les tribunaux réguliers dont la majorité des juges ont prêté serment à [[Philippe Pétain|Pétain]]. D'autres furent jugés par la Haute Cour composée de résistants, mais l'importance des condamnations décrut avec le temps. C'est ainsi qu'en 1949, le dernier accusé jugé est acquitté : le secrétaire d'État à l'Intérieur de Pétain, [[René Bousquet]] (qui mit la police et la gendarmerie françaises à la disposition des occupants pour faire la chasse aux résistants et déporter près de {{unité|60000|[[Juifs]]}}) est acquitté. Les collaborateurs n'ont été poursuivis que pour [[trahison]] et non pour [[crime contre l'humanité]].


[[Fichier:Bundesarchiv Bild 146-1989-107-24, Frankreich, Einsatz gegen die Resistance.jpg|vignette|[[Milice française|Miliciens]] effectuant une rafle]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 146-1989-107-24, Frankreich, Einsatz gegen die Resistance.jpg|vignette|[[Milice française|Miliciens]] effectuant une rafle]]


De Gaulle empêche le développement d’une situation armée insurrectionnelle (voir [[Histoire de France]]), en amalgamant les mouvements ayant participé à la Résistance à l’armée régulière issue de l’armée d’armistice cantonnée en Afrique (dont nombre de cadres avaient été vichystes avant de se rallier en 1942). Non sans mal, les résistants des [[Forces françaises de l'intérieur]] (''FFI'') et des [[Francs-tireurs et partisans]] (''FTP'') sont intégrés dans l’armée régulière sans trop d’à-coups. L’intégration des milices patriotiques du [[Parti communiste français|PCF]] est négociée contre leur participation au gouvernement et l’amnistie de [[Maurice Thorez]].
De Gaulle empêche le développement d'une situation armée [[insurrection]]nelle (voir [[Histoire de France]]), en amalgamant les mouvements ayant participé à la Résistance à l'armée régulière issue de l'armée d'armistice cantonnée en Afrique (dont nombre de cadres avaient été vichystes avant de se rallier en 1942). Non sans mal, les résistants des [[Forces françaises de l'intérieur]] (FFI) et des [[Francs-tireurs et partisans]] (FTP) sont intégrés dans l'armée régulière sans trop d'à-coups. L'intégration des milices patriotiques du [[Parti communiste français|PCF]] est négociée contre leur participation au gouvernement et l'amnistie de [[Maurice Thorez]].


Au nom de la [[Histoire des bourses de valeurs#Le nouvel essor boursier des années 1950|reconstruction du pays, qui s'effectue ''via'' une forte croissance]] et afin de permettre à la France de tenir son rang nouvellement restauré aux côtés des Alliés, l’épuration de l’administration est limitée. Certains hauts fonctionnaires invoquent la continuité de l’État comme acte de résistance. Les policiers dont une partie a poursuivi les résistants se dédouanent par une insurrection à Paris à la veille de la Libération. Certains collaborateurs se font oublier en intégrant des régiments de FFI ou en s’engageant dans le corps expéditionnaire d’Extrême-Orient (engagé en [[Guerre d'Indochine|Indochine]]), ce qui est par la suite exploité par la propagande [[Việt Minh]].
Au nom de la [[Histoire des bourses de valeurs#Le nouvel essor boursier des années 1950|reconstruction du pays, qui s'effectue via une forte croissance]] et afin de permettre à la France de tenir son rang nouvellement restauré aux côtés des Alliés, l'épuration de l'administration est limitée. Certains hauts fonctionnaires invoquent la continuité de l'État comme acte de résistance. Les policiers dont une partie a poursuivi les résistants se dédouanent par une insurrection à Paris à la veille de la Libération. Certains collaborateurs se font oublier en intégrant des régiments de FFI ou en s'engageant dans le corps expéditionnaire d'Extrême-Orient ([[Guerre d'Indochine|engagé en Indochine]]), ce qui est par la suite exploité par la propagande [[Việt Minh]].


La France oublie qu’elle fut anglophobe et pétainiste après le bombardement de [[Attaque de Mers el-Kébir|Mers el-Kébir]], que des gendarmes français gardèrent le [[camp de Drancy|camp de concentration de Drancy]] et convoyèrent les convois de déportés jusqu’à la frontière. La proportion de Juifs d’avant-guerre ayant survécu n'est pas la plus importante de tous les pays occupés, les Juifs dit apatrides ont été bien moins protégés que les Juifs français. Pour un temps, la législation française considéra que seuls les Allemands peuvent être poursuivis pour [[crime contre l'humanité]]. Le procès manqué de Bousquet ainsi que les procès tardifs de [[Paul Touvier]] et [[Maurice Papon]] sont emblématiques de cette politique.
La France oublie qu'elle fut anglophobe et pétainiste après le [[Attaque de Mers el-Kébir|bombardement de Mers el-Kébir]], que des gendarmes français gardèrent le [[camp de Drancy|camp de concentration de Drancy]] et convoyèrent les convois de déportés jusqu'à la frontière. La proportion de Juifs d'avant-guerre ayant survécu n'est pas la plus importante de tous les pays occupés, les Juifs dit apatrides ont été bien moins protégés que les Juifs français. Pour un temps, la législation française considéra que seuls les Allemands peuvent être poursuivis pour [[crime contre l'humanité]]. Le procès manqué de [[René Bousquet|Bousquet]] ainsi que les procès tardifs de [[Paul Touvier]] et [[Maurice Papon]] sont emblématiques de cette politique.


=== Conséquences en Belgique ===
=== Conséquences en Belgique ===


Le différend né le {{date-|28 mai 1940}} entre le roi [[Léopold III (roi des Belges)|Léopold III]] et le gouvernement ne sera apaisé qu'en 1950 avec l'abdication du roi revenu d'exil. Voulant rester avec l'armée prisonnière, Léopold III avait veillé à ne faire signer qu'une reddition limitée aux troupes sur le terrain, ce qui permit au gouvernement de partir pour continuer la guerre avec les troupes du [[Congo belge]] et celles qu'il put reconstituer en Angleterre (armée, aviation, marine). Le reproche du gouvernement et d'une partie de la population était que le roi aurait dû se réfugier à l'étranger pour prendre la tête de la résistance à l'Allemagne. La division de l'opinion publique à ce sujet donna lieu, après la guerre, à des affrontements allant jusqu'à des manifestations violentes entre défenseurs du roi et partisans de son abdication. Des violences avaient déjà atteint le pays pendant l'occupation allemande, les collaborateurs de l'ennemi ayant perpétré des attentats contre la population (entre autres la [[tuerie de Courcelles]]) et l'exécution de personnalités politiques et économiques abattues en pleine rue car suspectées d'être en faveur des alliés et de la résistance intérieure.
Le différend né le {{date-|28 mai 1940}} entre le [[roi des Belges|roi]] {{noble|Léopold III (roi des Belges)}} et le [[Gouvernement fédéral (Belgique)|gouvernement]] ne sera apaisé qu'en 1950 avec l'abdication du roi revenu d'exil. Voulant rester avec l'armée prisonnière, {{noble-|Léopold III}} avait veillé à ne faire signer qu'une reddition limitée aux troupes sur le terrain, ce qui permit au gouvernement de partir pour continuer la guerre avec les troupes du [[Congo belge]] et celles qu'il put reconstituer en Angleterre (armée, aviation, marine). Le reproche du gouvernement et d'une partie de la population était que le roi aurait dû se réfugier à l'étranger pour prendre la tête de la résistance à l'Allemagne. La division de l'opinion publique à ce sujet donna lieu, après la guerre, à des affrontements allant jusqu'à des manifestations violentes entre défenseurs du roi et partisans de son abdication. Des violences avaient déjà atteint le pays pendant l'occupation allemande, les collaborateurs de l'ennemi ayant perpétré des attentats contre la population (entre autres la [[tuerie de Courcelles]]) et l'exécution de personnalités politiques et économiques abattues en pleine rue car suspectées d'être en faveur des alliés et de la résistance intérieure.
[[Fichier:Léon Degrelle à Charleroi - 02.jpg|vignette|[[28e division SS Wallonien|SS Wallonie]]: [[Léon Degrelle]] à Charleroi]]
[[Fichier:Léon Degrelle à Charleroi - 02.jpg|vignette|[[28e division SS Wallonien|SS Wallonie]]: [[Léon Degrelle]] à Charleroi]]


Les actions de [[résistance intérieure belge]] se manifestèrent d'abord par de l'espionnage, notamment par le réseau [[Clarence (réseau de renseignement)|Clarence]] organisé dès 1939 par [[Walthère Dewé]] (qui avait déjà dirigé le réseau de la [[La Dame blanche (réseau de renseignements)|Dame Blanche]] en 1914-18). Dès 1942, commencèrent des actions de sabotage de voies ferrées, la destruction de lignes à haute tension alimentant l'industrie allemande avec de l'électricité belge par le [[Groupe G]]. Il en résulta des représailles sous la forme de prises d'otages et l'exécution de résistants arrêtés. Le roi lui-même, auteur de lettres à Hitler pour protester contre les déportations, reçut en réponse une menace de déportation, ce qui arriva lorsqu'il fut emmené en Allemagne avec sa famille en 1944. Mais cela ne suffit pas à le populariser auprès de ses adversaires. D'autre part, après la guerre, des centaines de procès entrainèrent l'exécution capitale par fusillade de collaborateurs de l'ennemi, mais aussi de dénonciateurs désignant aux autorités allemandes des résistants, voire des personnes innocentes dont d'aucuns voulaient se débarrasser pour des raisons privées.
Les actions de [[résistance intérieure belge]] se manifestèrent d'abord par de l'espionnage, notamment par le réseau [[Clarence (réseau de renseignement)|Clarence]] organisé dès 1939 par [[Walthère Dewé]] (qui avait déjà dirigé le réseau de la [[La Dame blanche (réseau de renseignements)|Dame Blanche]] en 1914-18). Dès 1942, commencèrent des actions de sabotage de voies ferrées, la destruction de lignes à haute tension alimentant l'industrie allemande avec de l'électricité belge par le [[Groupe G]]. Il en résulta des représailles sous la forme de prises d'otages et l'exécution de résistants arrêtés. Le roi lui-même, auteur de lettres à Hitler pour protester contre les déportations, reçut en réponse une menace de déportation, ce qui arriva lorsqu'il fut emmené en Allemagne avec sa famille en 1944. Mais cela ne suffit pas à le populariser auprès de ses adversaires. D'autre part, après la guerre, des centaines de procès entrainèrent l'exécution capitale par fusillade de collaborateurs de l'ennemi, mais aussi de dénonciateurs désignant aux autorités allemandes des résistants, voire des personnes innocentes dont d'aucuns voulaient se débarrasser pour des raisons privées.


Furent, entre autres, exécutés des tortionnaires du camp de concentration installé à [[Breendonk]], entre [[Bruxelles]] et [[Anvers]] et des collaborateurs de la police allemande. Le gouverneur allemand de la Belgique, le général [[Alexander von Falkenhausen]] fut tenu prisonnier jusqu'en 1949, puis jugé, condamné à vingt ans de prison, les juges militaires belges ayant tenu compte de son opposition aux nazis -qui lui valut d'être arrêtés par ceux-ci- Après quelques années, il fut libéré et rentra en Allemagne où il épousa une ancienne résistante. Sur divers plans, la guerre et l'occupation allemande eurent des suites durables dans l'évolution historique de la Belgique. C'est surtout sur le plan des communautés linguistiques et culturelles que la politique allemande de division entre flamands et [[wallons]] s'est faite sentir. Déjà, pendant la Première Guerre mondiale, les Allemands -qui occupaient les neuf dixièmes du territoire belge- avaient imposé la scission des administrations belges en deux autorités séparées, l'une à [[Namur]] pour la [[Wallonie]], l'autre à [[Bruxelles]] pour la [[Flandre (Belgique)|Flandre]], cette région étant considérée comme germanique pour la seule raison de la langue parlée par la majorité de sa population. D'aucuns affirment que la présence en Belgique occupée du roi [[Léopold III (roi des Belges)|Léopold III]] a empêché l'Allemagne de reprendre cette politique entre 1940 et 1944. Ce serait sous l'influence du gouverneur général allemand Von Falkenhausen hostile aux nazis (et que ceux-ci arrêtèrent en 1944). L'action de diplomates allemands traditionalistes non nazis aurait eu également une influence dans la relative modération politique du Reich à l'égard du régime politique de la Belgique. Modération qui prit fin en 1944 avec la division de la Belgique en deux [[Reichsgau|gaus]] allemands, Flandre et Wallonie, sous l'égide des [[Waffen-SS|SS]] tandis que le roi était déporté avec sa famille. Quant à l'activité économique, elle subit des atteintes telles que la reconstruction d'après-guerre et les procès d'épuration ne purent en effacer complètement les conséquences. Ce qui restait d'industrie automobile et aéronautique nationale indépendante de sociétés étrangères disparut dans les bombardements. Les destructions industrielles, pillages et déportations (entre autres dans les charbonnages du [[Province de Hainaut|Hainaut]]) ne furent pas compensées par la modernisation qu'il aurait fallu mettre en œuvre après la guerre. Sur le plan culturel, des journaux disparurent, d'autres apparurent dont beaucoup ne tinrent pas longtemps.
Furent, entre autres, exécutés des tortionnaires du camp de concentration installé à [[Breendonk]], entre [[Bruxelles]] et [[Anvers]] et des collaborateurs de la police allemande. Le gouverneur allemand de la Belgique, le général [[Alexander von Falkenhausen]] fut tenu prisonnier jusqu'en 1949, puis jugé, condamné à vingt ans de prison, les juges militaires belges ayant tenu compte de son opposition aux nazis -qui lui valut d'être arrêtés par ceux-ci- Après quelques années, il fut libéré et rentra en Allemagne où il épousa une ancienne résistante. Sur divers plans, la guerre et l'occupation allemande eurent des suites durables dans l'évolution historique de la Belgique. C'est surtout sur le plan des communautés linguistiques et culturelles que la politique allemande de division entre flamands et [[wallons]] s'est faite sentir. Déjà, pendant la Première Guerre mondiale, les Allemands -qui occupaient les neuf dixièmes du territoire belge- avaient imposé la scission des administrations belges en deux autorités séparées, l'une à [[Namur]] pour la [[Wallonie]], l'autre à [[Bruxelles]] pour la [[Flandre (Belgique)|Flandre]], cette région étant considérée comme germanique pour la seule raison de la langue parlée par la majorité de sa population. D'aucuns affirment que la présence en Belgique occupée du roi {{noble|Léopold III (roi des Belges)}} a empêché l'Allemagne de reprendre cette politique entre 1940 et 1944. Ce serait sous l'influence du gouverneur général allemand Von Falkenhausen hostile aux nazis (et que ceux-ci arrêtèrent en 1944). L'action de diplomates allemands traditionalistes non nazis aurait eu également une influence dans la relative modération politique du Reich à l'égard du régime politique de la Belgique. Modération qui prit fin en 1944 avec la division de la Belgique en deux [[Reichsgau|gaus]] allemands, Flandre et Wallonie, sous l'égide des [[Waffen-SS|SS]] tandis que le roi était déporté avec sa famille. Quant à l'activité économique, elle subit des atteintes telles que la reconstruction d'après-guerre et les procès d'épuration ne purent en effacer complètement les conséquences. Ce qui restait d'industrie automobile et aéronautique nationale indépendante de sociétés étrangères disparut dans les bombardements. Les destructions industrielles, pillages et déportations (entre autres dans les charbonnages du [[Province de Hainaut|Hainaut]]) ne furent pas compensées par la modernisation qu'il aurait fallu mettre en œuvre après la guerre. Sur le plan culturel, des journaux disparurent, d'autres apparurent dont beaucoup ne tinrent pas longtemps.


[[Fichier:Cheering crowds greet British troops entering Brussels, 4 September 1944. BU483.jpg|vignette|droite|Accueil des [[Forces armées britanniques|troupes britanniques]] à [[Ville de Bruxelles|Bruxelles]] le 4 septembre 1944.]]
[[Fichier:Cheering crowds greet British troops entering Brussels, 4 September 1944. BU483.jpg|vignette|droite|Accueil des [[Forces armées britanniques|troupes britanniques]] à [[Ville de Bruxelles|Bruxelles]] le 4 septembre 1944.]]
De nombreuses personnes des milieux de presse, du cinéma et de la culture qui avaient cru pouvoir travailler sous l'égide allemande furent condamnées ou s'enfuirent ou, à tout le moins, furent mises à l'index. On peut citer quelques cinéastes dont [[Henri Storck]] avec sa symphonie paysanne, hymne dédié à l'idéologie du retour à la terre dans l'esprit mis à l'honneur en France sous le régime du gouvernement [[Philippe Pétain|Pétain]]. Storck n'eut pas d'ennui à la libération, étant considéré comme un brave homme étranger aux malheurs de son époque, malgré la lettre dans laquelle il se décrivait comme étant d'ascendance pure aryenne afin de pouvoir devenir membre de la corporation du cinéma créée par l'occupant allemand. Avec un documentaire à la gloire de l'Allemagne, ''Deutsche Grosse'', Jan Meeuwissen se montra beaucoup plus engagé en 1943. En 1943 encore, Frans Develter produisit un film de long métrage en trois parties ''Vlaanderen te Weer'' destiné à montrer que la Flandre, martyrisée par la Belgique, avait retrouvé sa grandeur grâce au national-socialisme. À Anvers, Jan Vanderheyden, par ailleurs cheville ouvrière de la corporation du film, "führer" de la branche production-distribution<ref>''Histoire authentique du cinéma belge'', Francis Bolen, page 193, éd. Memo & Codec, Bruxelles 1978.</ref>, produisit plusieurs courts métrages et longs métrages purement distractifs, ce qui lui valut seulement quelques critiques après la guerre. En Wallonie, le peintre liégeois [[Auguste Mambour]] fut condamné parce qu'on lui reprochait sa sympathie pour l'ordre nouveau installé par les amis de l'Allemagne, notamment un voyage culturel en Allemagne comme ceux qu'organisait le ministre nazi [[Joseph Goebbels]] à l'intention d'artistes des pays occupés. Dans le domaine de la presse et de la littérature, le dessinateur de presse [[Paul Jamin (dessinateur)|Paul Jamin]], collaborateur du journal d’extrême droite ''[[Le Pays réel|Le Pays Réel]]'', d'abord condamné à mort puis, finalement, sorti de prison après une commutation de peine, devint le dessinateur attitré du journal satirique belge [[Pan (journal)|''Pan'']] fondé par un [[Léo Campion]] anarchiste et résistant. Le dessinateur et auteur de bandes dessinées Georges Remi, plus connu sous son pseudonyme [[Hergé]], créateur de [[Tintin]], ne passa qu'une nuit en prison pour avoir publié dans le journal ''[[Le Soir]]'' alors que ce plus important organe de la presse belge de l'époque avait été réquisitionné par les collaborateurs des Allemands, ce qui, depuis, fait désigner ce journal sous le nom de ''Soir volé''. Ce journal fut imité dans un pastiche resté célèbre en Belgique sous le nom de [[faux Soir]]. Les auteurs parvinrent à distribuer dans les kiosques cette imitation du journal collaborateur. Ils y avaient imprimé plaisanteries anti-allemandes et articles contre la collaboration qui mettaient en cause des journalistes ralliés aux occupants. Parmi ces écrivains et journalistes qui soutenaient l'Allemagne dans la presse, [[Robert Poulet]] avait fondé un quotidien ''le Nouveau Journal'' soutien des occupants et qui, plus tard, prétendit qu'il était {{citation|couvert par la couronne}}. Prenant ses distances en 1943 avec la politique pro-allemande, il fut cependant condamné à mort par la justice belge, peine commuée en détention à perpétuité suivie d'une grâce avec expulsion en France où il entama une carrière de penseur et philosophe. De même, [[Félicien Marceau]], pseudonyme de Louis Carette, journaliste à la radio sous contrôle allemand qui démissionna en 1942 pour devenir éditeur indépendant et réfugié en France en 1945, étant poursuivi notamment pour des émissions qui parurent favorables à l'appel au travail volontaire en Allemagne. Sous son pseudonyme de Félicien Marceau, il poursuivit à Paris une carrière d'écrivain et d'homme de théâtre qui lui valut le prix Goncourt et une place à l'Académie française avant de mourir à 98 ans. L'indulgence à l'égard des artistes et intellectuels de la collaboration ne fut pas toujours la règle. On peut citer le cas emblématique du brillant essayiste et critique d'art [[Paul Colin (journaliste)|Paul Colin]], qui fut apparemment de gauche comme le révèlent ses écrits d'avant-guerre en faveur du [[surréalisme]], mais qui, dès 1940, se rallia aux idées des collaborateurs de l'ennemi partisans d'un régime autoritaire. En 1942, il était abattu en pleine rue par de jeunes résistants, malgré la présence de gardes du corps allemands.
De nombreuses personnes des milieux de presse, du cinéma et de la culture qui avaient cru pouvoir travailler sous l'égide allemande furent condamnées ou s'enfuirent ou, à tout le moins, furent mises à l'index. On peut citer quelques cinéastes dont [[Henri Storck]] avec sa symphonie paysanne, hymne dédié à l'idéologie du retour à la terre dans l'esprit mis à l'honneur en France sous le régime du gouvernement [[Philippe Pétain|Pétain]]. Storck n'eut pas d'ennui à la libération, étant considéré comme un brave homme étranger aux malheurs de son époque, malgré la lettre dans laquelle il se décrivait comme étant d'ascendance pure aryenne afin de pouvoir devenir membre de la corporation du cinéma créée par l'occupant allemand. Avec un documentaire à la gloire de l'Allemagne, ''Deutsche Grosse'', Jan Meeuwissen se montra beaucoup plus engagé en 1943. En 1943 encore, Frans Develter produisit un film de long métrage en trois parties ''Vlaanderen te Weer'' destiné à montrer que la Flandre, martyrisée par la Belgique, avait retrouvé sa grandeur grâce au national-socialisme. À Anvers, Jan Vanderheyden, par ailleurs cheville ouvrière de la corporation du film, "führer" de la branche production-distribution<ref>''Histoire authentique du cinéma belge'', Francis Bolen, page 193, éd. Memo & Codec, Bruxelles 1978.</ref>, produisit plusieurs courts métrages et longs métrages purement distractifs, ce qui lui valut seulement quelques critiques après la guerre. En Wallonie, le peintre liégeois [[Auguste Mambour]] fut condamné parce qu'on lui reprochait sa sympathie pour l'ordre nouveau installé par les amis de l'Allemagne, notamment un voyage culturel en Allemagne comme ceux qu'organisait le ministre nazi [[Joseph Goebbels]] à l'intention d'artistes des pays occupés. Dans le domaine de la presse et de la littérature, le dessinateur de presse [[Paul Jamin (dessinateur)|Paul Jamin]], collaborateur du journal d'extrême droite ''[[Le Pays réel|Le Pays Réel]]'', d'abord condamné à mort puis, finalement, sorti de prison après une commutation de peine, devint le dessinateur attitré du journal satirique belge [[Pan (journal)|''Pan'']] fondé par un [[Léo Campion]] anarchiste et résistant. Le dessinateur et auteur de bandes dessinées Georges Remi, plus connu sous son pseudonyme [[Hergé]], créateur de [[Tintin]], ne passa qu'une nuit en prison pour avoir publié dans le journal ''[[Le Soir]]'' alors que ce plus important organe de la presse belge de l'époque avait été réquisitionné par les collaborateurs des Allemands, ce qui, depuis, fait désigner ce journal sous le nom de ''Soir volé''. Ce journal fut imité dans un pastiche resté célèbre en Belgique sous le nom de [[faux Soir]]. Les auteurs parvinrent à distribuer dans les kiosques cette imitation du journal collaborateur. Ils y avaient imprimé plaisanteries anti-allemandes et articles contre la collaboration qui mettaient en cause des journalistes ralliés aux occupants. Parmi ces écrivains et journalistes qui soutenaient l'Allemagne dans la presse, [[Robert Poulet]] avait fondé un quotidien ''le Nouveau Journal'' soutien des occupants et qui, plus tard, prétendit qu'il était {{citation|couvert par la couronne}}. Prenant ses distances en 1943 avec la politique pro-allemande, il fut cependant condamné à mort par la justice belge, peine commuée en détention à perpétuité suivie d'une grâce avec expulsion en France où il entama une carrière de penseur et philosophe. De même, [[Félicien Marceau]], pseudonyme de Louis Carette, journaliste à la radio sous contrôle allemand qui démissionna en 1942 pour devenir éditeur indépendant et réfugié en France en 1945, étant poursuivi notamment pour des émissions qui parurent favorables à l'appel au travail volontaire en Allemagne. Sous son pseudonyme de Félicien Marceau, il poursuivit à Paris une carrière d'écrivain et d'homme de théâtre qui lui valut le prix Goncourt et une place à l'Académie française avant de mourir à 98 ans. L'indulgence à l'égard des artistes et intellectuels de la collaboration ne fut pas toujours la règle. On peut citer le cas emblématique du brillant essayiste et critique d'art [[Paul Colin (journaliste)|Paul Colin]], qui fut apparemment de gauche comme le révèlent ses écrits d'avant-guerre en faveur du [[surréalisme]], mais qui, dès 1940, se rallia aux idées des collaborateurs de l'ennemi partisans d'un régime autoritaire. En 1942, il était abattu en pleine rue par de jeunes résistants, malgré la présence de gardes du corps allemands.


=== Conséquences aux États-Unis ===
=== Conséquences aux États-Unis ===


Les États-Unis prennent l’initiative d’avoir une attitude ''positive''. Ils imposent la démocratie, particulièrement en [[Allemagne de l'Ouest]] et au [[Japon]], à travers une épuration et un contrôle des rouages de l'État et de l'éducation. Parallèlement, ils fournissent à partir de 1947 une aide économique à la reconstruction de l’Europe, connue sous le nom de [[plan Marshall]]. Celle-ci permet une reconstruction rapide des économies occidentales, achevée au début des années 1950, et évite aux populations la tentation de s’abandonner au communisme ou aux néo-fascismes.
Les États-Unis prennent l'initiative d'avoir une attitude ''positive''. Ils imposent la démocratie, particulièrement en [[Allemagne de l'Ouest]] et au [[Japon]], à travers une épuration et un contrôle des rouages de l'État et de l'éducation. Parallèlement, ils fournissent à partir de 1947 une aide économique à la reconstruction de l'Europe, connue sous le nom de [[plan Marshall]]. Celle-ci permet une reconstruction rapide des économies occidentales, achevée au début des années 1950, et évite aux populations la tentation de s'abandonner au communisme ou aux néo-fascismes.


À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont avec l’[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] l’une des deux plus grandes puissances mondiales. Les États-Unis possèdent la première flotte de guerre, la première flotte de commerce, ils détiennent 75 % des stocks d’or du monde (d’où la devise « ''dollar as good as gold'' », le dollar est aussi sûr que l’or).
À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont avec l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] l'une des deux plus grandes puissances mondiales. Les États-Unis possèdent la première flotte de guerre, la première flotte de commerce, ils détiennent 75 % des stocks d'or du monde (d'où la devise « ''dollar as good as gold'' », le dollar est aussi sûr que l'or).


16 millions d’Américains furent incorporés dans les [[forces armées des États-Unis]], {{formatnum:407000}} y périrent, dont {{formatnum:292000}} sur le champ de bataille.
16 millions d'Américains furent incorporés dans les [[forces armées des États-Unis]], {{formatnum:407000}} y périrent, dont {{formatnum:292000}} sur le champ de bataille.
=== Conséquences en Italie ===
=== Conséquences en Italie ===


Après 1945, l'[[Italie]] accuse le coup de la défaite des puissances de l'[[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Axe]] : le référendum constitutionnel de 1946 signe le passage du régime monarchique qui avait survécu tout au long de la guerre, au régime républicain. Grâce à la stabilité et aux politiques keynésiennes des nouveaux gouvernements républicains, l'Italie connaît ensuite [[Histoire des bourses de valeurs#Le nouvel essor boursier des années 1950|une très forte expansion]]<ref>"Analyse sectorielle: Méthodologie et application aux technologies de l'information", page 184 Christian Genthon Éditions L'Harmattan, 2004 [https://books.google.fr/books?id=URWr2QuHN8UC&pg=PA184&dq=boursier+%22ann%C3%A9es+1950%22&hl=fr&sa=X&ei=u8wzUabZCcy5hAfm3oBQ&ved=0CEwQ6AEwBQ#v=onepage&q=boursier%20%22ann%C3%A9es%201950%22&f=false].</ref>{{,}}<ref>[https://books.google.fr/books?id=gmueAcMbKjwC&pg=PA21&dq=boursES+actions+%22ann%C3%A9es+1950%22&hl=fr&sa=X&ei=KM8zUZzHHcG3hQe9roCAAg&ved=0CF8Q6AEwBw#v=onepage&q=boursES%20actions%20%22ann%C3%A9es%201950%22&f=false ''Le régime juridique des dividendes'', par Amel Amer-Yahia, page 20].</ref>, phénomène appelé les [[Trente Glorieuses]]. Le constructeur automobile [[Fiat]] devient le symbole du [[Miracle économique italien|miracle italien]], dont la période va des élections d'avril 1948 aux [[Jeux olympiques d'été de 1960|Jeux Olympiques de Rome]] en 1960 : {{unité|700000|automobiles}} en 1955, {{nb|10 millions}} cinq ans après<ref name="archives.lesechos.fr">"Les années 1950 à l'italienne", par Pierre de Gasquet dans ''[[Les Échos]]'' du 04 mars 2005 * page 104 [http://archives.lesechos.fr/archives/2005/LesEchos/19364-514-ECH.htm].</ref>. Le fabricant de [[scooter]]s [[Vespa]] n'est pas en reste ; entre 1945 et 1965, il en vend {{nb|3,5 millions}} en [[Italie]]. Dans le sillage de son expansion économique et de son retour à un statut de puissance de moyenne taille, l’Italie adhère en 1949 à l'[[Organisation du traité de l'Atlantique nord]] et en 1955, elle est admise aux [[Organisation des Nations unies|Nations unies]].
Après 1945, l'[[Italie]] accuse le coup de la défaite des puissances de l'[[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Axe]] : le référendum constitutionnel de 1946 signe le passage du régime monarchique qui avait survécu tout au long de la guerre, au régime républicain. Grâce à la stabilité et aux politiques keynésiennes des nouveaux gouvernements républicains, l'Italie connaît ensuite [[Histoire des bourses de valeurs#Le nouvel essor boursier des années 1950|une très forte expansion]]<ref>"Analyse sectorielle: Méthodologie et application aux technologies de l'information", page 184 Christian Genthon Éditions L'Harmattan, 2004 [https://books.google.fr/books?id=URWr2QuHN8UC&pg=PA184&dq=boursier+%22ann%C3%A9es+1950%22&hl=fr&sa=X&ei=u8wzUabZCcy5hAfm3oBQ&ved=0CEwQ6AEwBQ#v=onepage&q=boursier%20%22ann%C3%A9es%201950%22&f=false].</ref>{{,}}<ref>[https://books.google.fr/books?id=gmueAcMbKjwC&pg=PA21&dq=boursES+actions+%22ann%C3%A9es+1950%22&hl=fr&sa=X&ei=KM8zUZzHHcG3hQe9roCAAg&ved=0CF8Q6AEwBw#v=onepage&q=boursES%20actions%20%22ann%C3%A9es%201950%22&f=false ''Le régime juridique des dividendes'', par Amel Amer-Yahia, page 20].</ref>, phénomène appelé les [[Trente Glorieuses]]. Le constructeur automobile [[Fiat]] devient le symbole du [[Miracle économique italien|miracle italien]], dont la période va des élections d'avril 1948 aux [[Jeux olympiques d'été de 1960|Jeux Olympiques de Rome]] en 1960 : {{unité|700000|automobiles}} en 1955, {{nb|10 millions}} cinq ans après<ref name="archives.lesechos.fr">"Les années 1950 à l'italienne", par Pierre de Gasquet dans ''[[Les Échos]]'' du 04 mars 2005 * page 104 [http://archives.lesechos.fr/archives/2005/LesEchos/19364-514-ECH.htm].</ref>. Le fabricant de [[scooter]]s [[Vespa]] n'est pas en reste ; entre 1945 et 1965, il en vend {{nb|3,5 millions}} en [[Italie]]. Dans le sillage de son expansion économique et de son retour à un statut de puissance de moyenne taille, l'Italie adhère en 1949 à l'[[Organisation du traité de l'Atlantique nord]] et en 1955, elle est admise aux [[Organisation des Nations unies|Nations unies]].


=== Conséquences en URSS ===
=== Conséquences en URSS ===
[[Fichier:Pertes militaires de la Seconde Guerre Mondiale en Europe.png|vignette|240px|Graphique représentant les pertes militaires en Europe selon le front de combat, à droite les pertes sur le front de l'Est.]]
[[Fichier:Pertes militaires de la Seconde Guerre Mondiale en Europe.png|vignette|240px|Graphique représentant les pertes militaires en Europe selon le front de combat, à droite les pertes sur le front de l'Est.]]
[[Joseph Staline|Staline]] n’est pas en reste et fut l’un des grands gagnants du conflit. Le prestige et le rôle de l’[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] sortent grandis bien au-delà des seuls cercles communistes. Réintégrée dans le concert des nations, l’URSS est membre permanent du Conseil de Sécurité.
[[Joseph Staline|Staline]] n'est pas en reste et fut l'un des grands gagnants du conflit. Le prestige et le rôle de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] sortent grandis bien au-delà des seuls cercles communistes. Réintégrée dans le concert des nations, l'URSS est membre permanent du Conseil de Sécurité.


Pour les Russes, cette ''[[grande guerre patriotique]]'' menée sur le [[front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|front de l’Est]] invoqua la [[Histoire de l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale|survie de la nation]]. En portant un toast au peuple russe lors du défilé de la victoire, le 24 juin 1945, Staline confirmait le retour de l’URSS à une forme plus accentuée de nationalisme grand-russe voire de chauvinisme, aux dépens des minorités nationales et, bien vite, des Juifs « cosmopolites ».
Pour les Russes, cette ''[[grande guerre patriotique]]'' menée sur le [[front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|front de l'Est]] invoqua la [[Histoire de l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale|survie de la nation]]. En portant un toast au peuple russe lors du défilé de la victoire, le 24 juin 1945, Staline confirmait le retour de l'URSS à une forme plus accentuée de nationalisme grand-russe voire de chauvinisme, aux dépens des minorités nationales et, bien vite, des Juifs « cosmopolites ».


Les annexions de 1939-1940 sont confirmées, et d’autres sont venues s’ajouter à la victoire. L’URSS a augmenté sa superficie de {{Unité|475000|km|2}} et sa population de 24 millions d’habitants, aussitôt soumis à une très brutale [[soviétisation]] par la terreur. Derrière le [[rideau de fer]], le système stalinien est progressivement imposé pour des décennies à un empire immense allant de Berlin-Est à la Corée du Nord, en attendant le basculement de la Chine et du Viêt Nam dans le camp communiste.
Les annexions de 1939-1940 sont confirmées, et d'autres sont venues s'ajouter à la victoire. L'URSS a augmenté sa superficie de {{Unité|475000|km|2}} et sa population de 24 millions d'habitants, aussitôt soumis à une très brutale [[soviétisation]] par la terreur. Derrière le [[rideau de fer]], le système stalinien est progressivement imposé pour des décennies à un empire immense allant de Berlin-Est à la Corée du Nord, en attendant le basculement de la Chine et du Viêt Nam dans le camp communiste.


Cependant, l’URSS sort considérablement appauvrie de la guerre, qui lui a coûté plus de 25 millions de morts, ainsi que les pires destructions jamais subies par un belligérant dans l’histoire humaine. En 1945, une commission officielle estime que le coût des destructions équivaut au double des investissements consentis lors des deux premiers [[planification économique|plans quinquennaux]] des années 1930. Enfin, technologiquement, l’Union soviétique accuse un retard sur l’Amérique, dont elle ne brise le monopole nucléaire qu’en 1949.
Cependant, l'URSS sort considérablement appauvrie de la guerre, qui lui a coûté plus de 25 millions de morts, ainsi que les pires destructions jamais subies par un belligérant dans l'histoire humaine. En 1945, une commission officielle estime que le coût des destructions équivaut au double des investissements consentis lors des deux premiers [[planification économique|plans quinquennaux]] des années 1930. Enfin, technologiquement, l'Union soviétique accuse un retard sur l'Amérique, dont elle ne brise le monopole nucléaire qu'en 1949.


== Coûts humains en fonction des pays ==
== Coûts humains en fonction des pays ==
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* Autres (dont pertes aériennes et sur mer) : {{formatnum:245561}}
* Autres (dont pertes aériennes et sur mer) : {{formatnum:245561}}
* Prisionniers de guerre morts en captivité : {{formatnum:459475}}
* Prisionniers de guerre morts en captivité : {{formatnum:459475}}
Total {{formatnum:5318000}}.</ref>, six millions de Polonais, dont trois millions de Juifs et trois millions de catholiques ; trois millions de Juifs des autres pays d’Europe ; deux millions de Tziganes, handicapés, homosexuels et autres.
Total {{formatnum:5318000}}.</ref>, six millions de Polonais, dont trois millions de Juifs et trois millions de catholiques ; trois millions de Juifs des autres pays d'Europe ; deux millions de Tziganes, handicapés, homosexuels et autres.


Concernant les seules pertes militaires en Europe, selon les estimations, environ {{nombre|17877000|militaires}} sont morts sur les champs de bataille européens, dont {{formatnum:10774000}} du côté des alliés et {{formatnum:7103000}} du côté des forces de l'Axe. Les tués de l’Armée rouge constituent 53 % du total des pertes militaires connues en Europe, ceux de la Wehrmacht 31 %, ceux du Royaume-Uni 1,8 %, ceux de la France 1,4 % et ceux de l’armée nord-américaine 1,3 %. Les pertes militaires de l’Union soviétique représentent 88 % du total des pertes alliées en Europe (Royaume-Uni 3 %, France 2,3 % et États-Unis 2,2 %). Le total des pertes militaires seules de l'Allemagne et de l'Union soviétique réunies représentent 84 % du total de toutes les pertes militaires subies en Europe. Les pertes militaires du conflit germano-russe seul sont de {{formatnum:13876400}} soit 78 % du total des pertes militaires subies en Europe.
Concernant les seules pertes militaires en Europe, selon les estimations, environ {{nombre|17877000|militaires}} sont morts sur les champs de bataille européens, dont {{formatnum:10774000}} du côté des alliés et {{formatnum:7103000}} du côté des forces de l'Axe. Les tués de l'Armée rouge constituent 53 % du total des pertes militaires connues en Europe, ceux de la Wehrmacht 31 %, ceux du Royaume-Uni 1,8 %, ceux de la France 1,4 % et ceux de l'armée nord-américaine 1,3 %. Les pertes militaires de l'Union soviétique représentent 88 % du total des pertes alliées en Europe (Royaume-Uni 3 %, France 2,3 % et États-Unis 2,2 %). Le total des pertes militaires seules de l'Allemagne et de l'Union soviétique réunies représentent 84 % du total de toutes les pertes militaires subies en Europe. Les pertes militaires du conflit germano-russe seul sont de {{formatnum:13876400}} soit 78 % du total des pertes militaires subies en Europe.


En Asie : les historiens évaluent entre {{unité|10|et=30|millions}} le nombre de morts causées par les exactions japonaises, dont 2,7 millions pour la seule opération de la {{japonais|[[politique des Trois Tout]]|三光作戦|Sankō Sakusen}} menée dans le Nord de la Chine par le général [[Yasuji Okamura]].
En Asie : les historiens évaluent entre {{unité|10|et=30|millions}} le nombre de morts causées par les exactions japonaises, dont 2,7 millions pour la seule opération de la {{japonais|[[politique des Trois Tout]]|三光作戦|Sankō Sakusen}} menée dans le Nord de la Chine par le général [[Yasuji Okamura]].
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[[Fichier:Morts de la Seconde Guerre mondiale.png|vignette|upright=1.1|Comme le montre ce graphique, plus de la moitié des victimes furent des civils.]]
[[Fichier:Morts de la Seconde Guerre mondiale.png|vignette|upright=1.1|Comme le montre ce graphique, plus de la moitié des victimes furent des civils.]]


=== Sur le théâtre d’opération européen ===
=== Sur le théâtre d'opération européen ===
{{Article détaillé|Crimes de guerre de la Wehrmacht|Crimes de guerre nazis en Union soviétique|Crimes de guerre de l'Armée rouge pendant la Seconde Guerre mondiale|Crimes de guerre des Alliés|Crimes de guerre en Pologne occupée pendant la Seconde Guerre mondiale{{!}}Crimes de guerre en Pologne occupée}}
{{Article détaillé|Crimes de guerre de la Wehrmacht|Crimes de guerre nazis en Union soviétique|Crimes de guerre de l'Armée rouge pendant la Seconde Guerre mondiale|Crimes de guerre des Alliés|Crimes de guerre en Pologne occupée pendant la Seconde Guerre mondiale{{!}}Crimes de guerre en Pologne occupée}}


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* les expériences pseudo-médicales de nombreux médecins nazis dans les camps de concentration, notamment du docteur [[Josef Mengele|Mengele]] ;
* les expériences pseudo-médicales de nombreux médecins nazis dans les camps de concentration, notamment du docteur [[Josef Mengele|Mengele]] ;
* en France (massacres commis par les nazis, ayant touché plus de {{nombre|30000|personnes}}) :
* en France (massacres commis par les nazis, ayant touché plus de {{nombre|30000|personnes}}) :
** exécutions d’otages par les Allemands à [[Châteaubriant]], à Paris, à Lyon, à Limoges, etc. à partir de l’automne 1941. L’historien [[Serge Klarsfeld]] a établi la liste de 1007 otages et résistants fusillés au [[Forteresse du Mont-Valérien|Mont-Valérien]] près de Paris, dont 117 étaient juifs ;
** exécutions d'otages par les Allemands à [[Châteaubriant]], à Paris, à Lyon, à Limoges, etc. à partir de l'automne 1941. L'historien [[Serge Klarsfeld]] a établi la liste de 1007 otages et résistants fusillés au [[Forteresse du Mont-Valérien|Mont-Valérien]] près de Paris, dont 117 étaient juifs ;
** [[massacre d'Oradour-sur-Glane]], le plus important avec 642 victimes dont des femmes et des enfants, exécutés par la [[2e division SS Das Reich|division SS Das Reich]]. Il y eut 4 rescapés ;
** [[massacre d'Oradour-sur-Glane]], le plus important avec 642 victimes dont des femmes et des enfants, exécutés par la [[2e division SS Das Reich|division SS Das Reich]]. Il y eut 4 rescapés ;
** massacres à [[Ascq]], à [[Tulle]], à [[Maillé (Indre-et-Loire)|Maillé]], à [[Buchères]], à [[Étobon]], à [[Saint-Pierre-de-Clairac]] etc. perpétrés par les SS ;
** massacres à [[Ascq]], à [[Tulle]], à [[Maillé (Indre-et-Loire)|Maillé]], à [[Buchères]], à [[Étobon]], à [[Saint-Pierre-de-Clairac]] etc. perpétrés par les SS ;
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** massacre du village de [[Marzabotto]] près de [[Bologne]] en octobre 1944, qui fit plus de 900 morts.
** massacre du village de [[Marzabotto]] près de [[Bologne]] en octobre 1944, qui fit plus de 900 morts.
* dans le « Protectorat » de [[Protectorat de Bohême-Moravie|Bohême-Moravie]] :
* dans le « Protectorat » de [[Protectorat de Bohême-Moravie|Bohême-Moravie]] :
** déportation de centaines d'étudiants ayant manifesté contre l’occupation (novembre 1939) ;
** déportation de centaines d'étudiants ayant manifesté contre l'occupation (novembre 1939) ;
** [[Massacre de Lidice|massacre des habitants de Lidice]], en représailles à l’attentat qui abattit le chef SS et « boucher de Prague » [[Reinhard Heydrich|Heydrich]].
** [[Massacre de Lidice|massacre des habitants de Lidice]], en représailles à l'attentat qui abattit le chef SS et « boucher de Prague » [[Reinhard Heydrich|Heydrich]].
* en Pologne :
* en Pologne :
** famine volontaire et déportation du [[ghetto de Varsovie]] ;
** famine volontaire et déportation du [[ghetto de Varsovie]] ;
** « nettoyage » du ghetto de Varsovie par les [[Schutzstaffel|SS]] après l’insurrection des derniers survivants ;
** « nettoyage » du ghetto de Varsovie par les [[Schutzstaffel|SS]] après l'insurrection des derniers survivants ;
** extermination de {{nombre|50000|membres}} des élites polonaises par les [[Schutzstaffel|SS]] et la [[Gestapo]] (prêtres, aristocrates, professeurs, officiers). L’enseignement secondaire, les séminaires et les universités furent fermés, tout comme les théâtres par exemple, et ce n’est qu'à un système remarquable de cours clandestins — les ''komplety'' — que les Polonais parvinrent à instruire et à sauver cinq classes d'âge de bacheliers<ref name="Sémelin">{{Ouvrage | prénom1=Jacques | nom1=Sémelin | lien auteur1=Jacques Sémelin | titre=Sans armes face à Hitler. La résistance civile en Europe | éditeur=[[Payot (maison d'édition)|Payot]] | année=1996 }}.</ref> ;
** extermination de {{nombre|50000|membres}} des élites polonaises par les [[Schutzstaffel|SS]] et la [[Gestapo]] (prêtres, aristocrates, professeurs, officiers). L'enseignement secondaire, les séminaires et les universités furent fermés, tout comme les théâtres par exemple, et ce n'est qu'à un système remarquable de cours clandestins — les ''komplety'' — que les Polonais parvinrent à instruire et à sauver cinq classes d'âge de bacheliers<ref name="Sémelin">{{Ouvrage | prénom1=Jacques | nom1=Sémelin | lien auteur1=Jacques Sémelin | titre=Sans armes face à Hitler. La résistance civile en Europe | éditeur=[[Payot (maison d'édition)|Payot]] | année=1996 }}.</ref> ;
** massacre de {{unité|5000|officiers}} polonais à [[Massacre de Katyń|Katyń]], par l’armée soviétique (l’URSS a reconnu sa responsabilité après plusieurs décennies, ayant longtemps accusé les nazis d'être responsables de ce massacre) ;
** massacre de {{unité|5000|officiers}} polonais à [[Massacre de Katyń|Katyń]], par l'armée soviétique (l'URSS a reconnu sa responsabilité après plusieurs décennies, ayant longtemps accusé les nazis d'être responsables de ce massacre) ;
** massacre de {{formatnum:10000}} autres officiers polonais en d’autres lieux, soit {{nombre|15000|personnes}} tuées froidement d’une balle dans la nuque par le [[NKVD]], ancêtre du [[KGB]] ;
** massacre de {{formatnum:10000}} autres officiers polonais en d'autres lieux, soit {{nombre|15000|personnes}} tuées froidement d'une balle dans la nuque par le [[NKVD]], ancêtre du [[KGB]] ;
** destruction à 90 % de [[Varsovie]] par l’armée allemande après le soulèvement de l’[[Armia Krajowa]] du {{1er août}} au {{date-|2|octobre|1944}}. La répression de l’insurrection par [[Heinrich Himmler|Himmler]] fit de {{unité|150000|à=200000|morts}}. Manquant de moyens pour franchir la Vistule et immobilisée par ordre de Staline pour des raisons politiques, l’Armée rouge laissa les Allemands écraser la rébellion polonaise et ne lui apporta ni armes ni aide ;
** destruction à 90 % de [[Varsovie]] par l'armée allemande après le soulèvement de l'[[Armia Krajowa]] du {{1er août}} au {{date-|2|octobre|1944}}. La répression de l'insurrection par [[Heinrich Himmler|Himmler]] fit de {{unité|150000|à=200000|morts}}. Manquant de moyens pour franchir la Vistule et immobilisée par ordre de Staline pour des raisons politiques, l'Armée rouge laissa les Allemands écraser la rébellion polonaise et ne lui apporta ni armes ni aide ;
** [[Massacres des Polonais en Volhynie|massacre de civils polonais]] par l'[[Armée insurrectionnelle ukrainienne|UPA]]. Les historiens estiment qu'à cette occasion jusqu'à {{unité|100000|civils}} polonais ont été tués.
** [[Massacres des Polonais en Volhynie|massacre de civils polonais]] par l'[[Armée insurrectionnelle ukrainienne|UPA]]. Les historiens estiment qu'à cette occasion jusqu'à {{unité|100000|civils}} polonais ont été tués.
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 192-208, KZ Mauthausen, Sowjetische Kriegsgefangene.jpg|vignette|Prisonniers de guerre soviétiques. Camp de Mauthausen.]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 192-208, KZ Mauthausen, Sowjetische Kriegsgefangene.jpg|vignette|Prisonniers de guerre soviétiques. Camp de Mauthausen.]]
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** famine volontaire et mises à mort préméditées de [[Crimes nazis contre les prisonniers de guerre soviétiques|prisonniers de guerre russes]] (3 millions de morts) ;
** famine volontaire et mises à mort préméditées de [[Crimes nazis contre les prisonniers de guerre soviétiques|prisonniers de guerre russes]] (3 millions de morts) ;
** famine délibérée des civils de la cité de [[Saint-Pétersbourg|Leningrad]] assiégée ({{nombre|700000|victimes}}) ;
** famine délibérée des civils de la cité de [[Saint-Pétersbourg|Leningrad]] assiégée ({{nombre|700000|victimes}}) ;
** 20 millions de citoyens de l’Union soviétique sont tués, dont un très grand nombre de prisonniers de guerre exécutés par les Allemands, et aussi des civils dont les villages et villes sont anéantis ;
** 20 millions de citoyens de l'Union soviétique sont tués, dont un très grand nombre de prisonniers de guerre exécutés par les Allemands, et aussi des civils dont les villages et villes sont anéantis ;
** {{nombre|2230000|personnes}} furent tuées en [[Biélorussie]] pendant les trois années d'[[Occupation allemande de la Biélorussie|occupation allemande]]. Plus de 600 villages comme [[Khatyn]] furent totalement rasés et leurs populations massacrées.
** {{nombre|2230000|personnes}} furent tuées en [[Biélorussie]] pendant les trois années d'[[Occupation allemande de la Biélorussie|occupation allemande]]. Plus de 600 villages comme [[Khatyn]] furent totalement rasés et leurs populations massacrées.
* en Yougoslavie :
* en Yougoslavie :
** déportation de dizaines de milliers de [[Serbes]], [[Juifs]] et [[Roms]] dans les camps de la mort (notamment dans le [[Camp de concentration de Jasenovac]]) par les [[Oustachis|Oustachi]] croates. Ceux-ci sont responsables du massacre global de {{unité|300000|à=400000|personnes}}, ainsi que de multiples conversions forcées au catholicisme.
** déportation de dizaines de milliers de [[Serbes]], [[Juifs]] et [[Roms]] dans les camps de la mort (notamment dans le [[Camp de concentration de Jasenovac]]) par les [[Oustachis|Oustachi]] croates. Ceux-ci sont responsables du massacre global de {{unité|300000|à=400000|personnes}}, ainsi que de multiples conversions forcées au catholicisme.


Il faut encore mentionner l’exécution sommaire de civils et de soldats alliés en uniforme (en particulier certains paras parachutés par le [[Special Operations Executive|SOE]] afin d’encadrer les maquis ainsi que de certains pilotes, dont [[Martin Bormann]] autorisa et encouragea le lynchage en 1944).
Il faut encore mentionner l'exécution sommaire de civils et de soldats alliés en uniforme (en particulier certains paras parachutés par le [[Special Operations Executive|SOE]] afin d'encadrer les maquis ainsi que de certains pilotes, dont [[Martin Bormann]] autorisa et encouragea le lynchage en 1944).


==== Bombardements de villes ====
==== Bombardements de villes ====
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* En Grande-Bretagne, le bombardement de villes britanniques, et de [[Londres]] en particulier, nom de code « [[Blitz]] » est estimé avoir fait {{nombre|14500|victimes}}.
* En Grande-Bretagne, le bombardement de villes britanniques, et de [[Londres]] en particulier, nom de code « [[Blitz]] » est estimé avoir fait {{nombre|14500|victimes}}.


=== Sur le théâtre d’opération asiatique ===
=== Sur le théâtre d'opération asiatique ===
{{Article détaillé|Crimes de guerre du Japon Shōwa}}
{{Article détaillé|Crimes de guerre du Japon Shōwa}}
[[Fichier:Chinese killed by Japanese Army in a ditch, Hsuchow.jpg|vignette|[[Xuzhou]], [[République de Chine (1912-1949)|Chine]], 1938. Un fossé plein de corps de civils chinois tués par des soldats japonais<ref>{{lien brisé|url=http://www2u.biglobe.ne.jp/%7Esus/crime%81@q.htm |titre=''China Weekly Review'' 22 octobre 1938 }}.</ref>.]]
[[Fichier:Chinese killed by Japanese Army in a ditch, Hsuchow.jpg|vignette|[[Xuzhou]], [[République de Chine (1912-1949)|Chine]], 1938. Un fossé plein de corps de civils chinois tués par des soldats japonais<ref>{{lien brisé|url=http://www2u.biglobe.ne.jp/%7Esus/crime%81@q.htm |titre=''China Weekly Review'' 22 octobre 1938 }}.</ref>.]]


La décision prise en août 1937 par [[Hirohito]] d’approuver une directive de son état-major supprimant l’application des traités internationaux sur la protection des prisonniers de guerre entraina la mort de plusieurs millions de civils en Chine. Étendue à compter de 1941 aux autres pays conquis, cette mesure causa la mort d’une quantité phénoménale de civils et de prisonniers alliés détenus dans des conditions atroces (témoignage de Roger Cyr des Royal rifles<ref name="Cyr">{{Ouvrage | titre=Les Anciens Combattants du Canada à Hong Kong | sous-titre=la question de l’indemnisation | éditeur=Les Amputés de guerre | présentation en ligne=http://www.amputesdeguerre.ca/heritage/video/2eme/chkv.html | lire en ligne=http://www.amputesdeguerre.ca/heritage/video/2eme/pdf/chkv.pdf}}.</ref>).
La décision prise en août 1937 par [[Hirohito]] d'approuver une directive de son état-major supprimant l'application des traités internationaux sur la protection des prisonniers de guerre entraina la mort de plusieurs millions de civils en Chine. Étendue à compter de 1941 aux autres pays conquis, cette mesure causa la mort d'une quantité phénoménale de civils et de prisonniers alliés détenus dans des conditions atroces (témoignage de Roger Cyr des Royal rifles<ref name="Cyr">{{Ouvrage | titre=Les Anciens Combattants du Canada à Hong Kong | sous-titre=la question de l'indemnisation | éditeur=Les Amputés de guerre | présentation en ligne=http://www.amputesdeguerre.ca/heritage/video/2eme/chkv.html | lire en ligne=http://www.amputesdeguerre.ca/heritage/video/2eme/pdf/chkv.pdf}}.</ref>).


Parmi les crimes de l’[[armée impériale japonaise]] au cours de l'[[Ère Shōwa (1926-1989)]], les plus notables sont les suivants :
Parmi les crimes de l'[[armée impériale japonaise]] au cours de l'[[Ère Shōwa (1926-1989)]], les plus notables sont les suivants :
* environ {{unité|200000|« [[femmes de réconfort]] »}}, majoritairement coréennes, ont été victimes du système d'esclavage sexuel de masse organisé à travers l'Asie par et pour l'armée et la marine impériales japonaises.
* environ {{unité|200000|« [[femmes de réconfort]] »}}, majoritairement coréennes, ont été victimes du système d'esclavage sexuel de masse organisé à travers l'Asie par et pour l'armée et la marine impériales japonaises.
* en Chine :
* en Chine :
**[[Massacre de Nankin]] au cours duquel les troupes japonaises pillent la ville pourtant évacuée par les troupes chinoises et massacrent entre {{unité|150000|et=300000|civils}} après avoir commis diverses exactions dont des viols en série ;
**[[Massacre de Nankin]] au cours duquel les troupes japonaises pillent la ville pourtant évacuée par les troupes chinoises et massacrent entre {{unité|150000|et=300000|civils}} après avoir commis diverses exactions dont des viols en série ;
** Opérations de la {{japonais|[[Politique des Trois Tout]]|三光作戦|Sankō Sakusen}}, une stratégie de la [[Politique de la terre brûlée|terre brûlée]] mise en œuvre à partir de mai 1942 dans le nord de la Chine et ayant entrainé la mort d’environ 2,7 millions de civils<ref name="Tue tout">{{Ouvrage | titre=Le Monde en guerre | sous-titre=le forum de la Seconde Guerre mondiale | lire en ligne=http://www.39-45.org/viewtopic.php?f=37&t=11256 | titre chapitre=L’Opération ‘Tue tout, pille tout, brûle tout’}}.</ref> ;
** Opérations de la {{japonais|[[Politique des Trois Tout]]|三光作戦|Sankō Sakusen}}, une stratégie de la [[Politique de la terre brûlée|terre brûlée]] mise en œuvre à partir de mai 1942 dans le nord de la Chine et ayant entrainé la mort d'environ 2,7 millions de civils<ref name="Tue tout">{{Ouvrage | titre=Le Monde en guerre | sous-titre=le forum de la Seconde Guerre mondiale | lire en ligne=http://www.39-45.org/viewtopic.php?f=37&t=11256 | titre chapitre=L'Opération ‘Tue tout, pille tout, brûle tout'}}.</ref> ;
** Massacre d’environ {{unité|250000|civils}} du [[Zhejiang]] et du [[Jiangxi]], d’avril à août 1942, en représailles au [[raid de Doolittle]] sur le sol japonais le 18 avril ;
** Massacre d'environ {{unité|250000|civils}} du [[Zhejiang]] et du [[Jiangxi]], d'avril à août 1942, en représailles au [[raid de Doolittle]] sur le sol japonais le 18 avril ;
** expérimentation d’armes bactériologiques sur des milliers de prisonniers chinois, coréens et russes par l’[[unité 731]].
** expérimentation d'armes bactériologiques sur des milliers de prisonniers chinois, coréens et russes par l'[[unité 731]].
* à [[Singapour]], massacre de {{unité|25000|à=50000|civils}} lors de « l'épuration » ([[Daikenshô]] ou [[massacre de Sook Ching]]) menée du 18 février au 4 mars 1942 ;
* à [[Singapour]], massacre de {{unité|25000|à=50000|civils}} lors de « l'épuration » ([[Daikenshô]] ou [[massacre de Sook Ching]]) menée du 18 février au 4 mars 1942 ;
* en [[Malaisie]], exécution de 161 prisonniers alliés (australiens, britanniques et indiens) à {{Lien|langue=en|trad=Parit Sulong|fr=Parit Sulong|texte=Parit Sulong}} en janvier 1942 ;
* en [[Malaisie]], exécution de 161 prisonniers alliés (australiens, britanniques et indiens) à {{Lien|langue=en|trad=Parit Sulong|fr=Parit Sulong|texte=Parit Sulong}} en janvier 1942 ;
* en [[Birmanie]], massacre d’environ 600 civils en juin 1945 à {{Lien|langue=en|trad=Kalagong massacre|fr=Kalagong massacre|texte=Kalagon}} ;[[Fichier:Photo 11 (The "Shame" Album).jpg|vignette|redresse|Les troupes japonaises massacrent environ {{unité|200000|Chinois}} lors du [[massacre de Nankin]].]]
* en [[Birmanie]], massacre d'environ 600 civils en juin 1945 à {{Lien|langue=en|trad=Kalagong massacre|fr=Kalagong massacre|texte=Kalagon}} ;[[Fichier:Photo 11 (The "Shame" Album).jpg|vignette|redresse|Les troupes japonaises massacrent environ {{unité|200000|Chinois}} lors du [[massacre de Nankin]].]]
* aux [[Philippines]], le [[Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient|Tribunal de Tokyo]] et le Tribunal de Manille identifièrent 72 massacres d’envergure dont :
* aux [[Philippines]], le [[Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient|Tribunal de Tokyo]] et le Tribunal de Manille identifièrent 72 massacres d'envergure dont :
** La [[marche de la mort de Bataan]] (environ {{nombre|20000|morts}}) d’avril à mai 1942<ref name="Bataan">{{Ouvrage | titre=Le Monde en guerre | sous-titre=le forum de la Seconde Guerre mondiale | lire en ligne=http://www.39-45.org/viewtopic.php?f=37&t=11256 | titre chapitre=La marche à mort de Bataan}}.</ref> ;
** La [[marche de la mort de Bataan]] (environ {{nombre|20000|morts}}) d'avril à mai 1942<ref name="Bataan">{{Ouvrage | titre=Le Monde en guerre | sous-titre=le forum de la Seconde Guerre mondiale | lire en ligne=http://www.39-45.org/viewtopic.php?f=37&t=11256 | titre chapitre=La marche à mort de Bataan}}.</ref> ;
** massacre d’environ {{unité|100000|civils}} [[Massacre de Manille|en février 1945 à Manille]], dont de 200 civils au St-Paul College<ref>Christine Sherman, M.J. Thurman, ''War Crimes, Japan's World War II'', {{p.}}135.</ref> ;
** massacre d'environ {{unité|100000|civils}} [[Massacre de Manille|en février 1945 à Manille]], dont de 200 civils au St-Paul College<ref>Christine Sherman, M.J. Thurman, ''War Crimes, Japan's World War II'', {{p.}}135.</ref> ;
** massacre de {{unité|2500|civils}} à [[Calamba]] ;
** massacre de {{unité|2500|civils}} à [[Calamba]] ;
** massacre de {{unité|2500|civils}} à [[Lippa]], sur l'île de [[Luçon (Philippines)|Luçon]]<ref>Christine Sherman, ''War Crimes, Japan's World War II'', {{p.}}136.</ref> ;
** massacre de {{unité|2500|civils}} à [[Lippa]], sur l'île de [[Luçon (Philippines)|Luçon]]<ref>Christine Sherman, ''War Crimes, Japan's World War II'', {{p.}}136.</ref> ;
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==== Cannibalisme ====
==== Cannibalisme ====


Plusieurs rapports écrits et témoignages colligés par la Section australienne des Crimes de guerre du [[Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient|Tribunal de Tokyo]] et analysés par l’enquêteur {{Lien|langue=en|trad=William Webb (judge)|fr=William Webb (juge)|texte=William Webb}} (le futur juge en chef du Tribunal), démontrent que les soldats japonais commirent des actes de [[cannibalisme]] à l’encontre des prisonniers alliés. Dans bien des cas, ces actes étaient motivés par la famine, mais selon l’historien Yuki Tanaka, « le cannibalisme était souvent une activité systématique menée par des escouades entières et sous le commandement d’officiers<ref>{{Ouvrage | langue=en | nom1=Tanaka | lien auteur1=Yuki Tanaka | titre=Hidden Horrors | sous-titre=Japanese War crimes in World War II | éditeur=Westview Press | année=1996 | passage=127 | prénom = Yuki }}.</ref>. »
Plusieurs rapports écrits et témoignages colligés par la Section australienne des Crimes de guerre du [[Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient|Tribunal de Tokyo]] et analysés par l'enquêteur {{Lien|langue=en|trad=William Webb (judge)|fr=William Webb (juge)|texte=William Webb}} (le futur juge en chef du Tribunal), démontrent que les soldats japonais commirent des actes de [[cannibalisme]] à l'encontre des prisonniers alliés. Dans bien des cas, ces actes étaient motivés par la famine, mais selon l'historien Yuki Tanaka, « le cannibalisme était souvent une activité systématique menée par des escouades entières et sous le commandement d'officiers<ref>{{Ouvrage | langue=en | nom1=Tanaka | lien auteur1=Yuki Tanaka | titre=Hidden Horrors | sous-titre=Japanese War crimes in World War II | éditeur=Westview Press | année=1996 | passage=127 | prénom = Yuki }}.</ref>. »


Selon le témoignage de nombreux prisonniers comme le soldat indien Hatam Ali, les victimes étaient parfois dépecées vivantes. Les plus hauts gradés connus ayant pratiqué le cannibalisme sont le lieutenant-général [[Yoshio Tachibana]], qui avec 11 membres de son personnel, a été jugé pour avoir fait décapiter et mangé un aviateur américain en août 1944 à Chichi Jima et le vice-amiral Mori pour avoir mangé un prisonnier lors d’une réception tenue en février 1945<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Lord Russel of Liverpool |prénom1=Edward |nom1=Russell |titre=The Knights of Bushido |sous-titre=a Short History of Japanese War Crimes |éditeur=Greenhill Books |année=2002 |passage=236-238 }}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Jeanie M Welch | prénom1=Jeanie | nom1=Welch | titre=Without a Hangman, Without a Rope : Navy War Crimes Trials After World War II | volume=1 | série=International Journal of Naval History | année=2002 | mois=avril | lire en ligne=http://www.pegc.us/archive/Articles/welch_naval_MCs.pdf}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | langue=en | auteur1=[[Commission des crimes de guerre des Nations unies]] | titre=Trial of General Tomoyuki Yamashita | volume=IV | lieu=Londres | éditeur=Her Majesty’s Stationery Office | série=Law Reports of Trials of War Criminals | année=1948 | lire en ligne=http://www.ess.uwe.ac.uk/WCC/yamashita6.htm}}.</ref>.
Selon le témoignage de nombreux prisonniers comme le soldat indien Hatam Ali, les victimes étaient parfois dépecées vivantes. Les plus hauts gradés connus ayant pratiqué le cannibalisme sont le lieutenant-général [[Yoshio Tachibana]], qui avec 11 membres de son personnel, a été jugé pour avoir fait décapiter et mangé un aviateur américain en août 1944 à Chichi Jima et le vice-amiral Mori pour avoir mangé un prisonnier lors d'une réception tenue en février 1945<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Lord Russel of Liverpool |prénom1=Edward |nom1=Russell |titre=The Knights of Bushido |sous-titre=a Short History of Japanese War Crimes |éditeur=Greenhill Books |année=2002 |passage=236-238 }}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Jeanie M Welch | prénom1=Jeanie | nom1=Welch | titre=Without a Hangman, Without a Rope : Navy War Crimes Trials After World War II | volume=1 | série=International Journal of Naval History | année=2002 | mois=avril | lire en ligne=http://www.pegc.us/archive/Articles/welch_naval_MCs.pdf}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | langue=en | auteur1=[[Commission des crimes de guerre des Nations unies]] | titre=Trial of General Tomoyuki Yamashita | volume=IV | lieu=Londres | éditeur=Her Majesty's Stationery Office | série=Law Reports of Trials of War Criminals | année=1948 | lire en ligne=http://www.ess.uwe.ac.uk/WCC/yamashita6.htm}}.</ref>.


[[Fichier:Casualties of a mass panic - Chungking, China.jpg|vignette|redresse|5 juin 1941, victimes civiles de l’un des [[bombardement de Chongqing|268 raids aériens faits sur Chongqing]] par le [[Service aérien de l'Armée impériale japonaise|Service aérien de l'armée impériale japonaise]] et celui de la marine. Plus de {{unité|5000|Chinois}} périrent au cours des deux premiers jours de bombardement en 1939<ref>{{en}}{{Ouvrage | prénom = Herbert P.| nom = Bix | lien auteur = Herbert P. Bix| titre = Hirohito and the making of modern Japan | année = 2000 | passage = 364}}.</ref>.]]
[[Fichier:Casualties of a mass panic - Chungking, China.jpg|vignette|redresse|5 juin 1941, victimes civiles de l'un des [[bombardement de Chongqing|268 raids aériens faits sur Chongqing]] par le [[Service aérien de l'Armée impériale japonaise|Service aérien de l'armée impériale japonaise]] et celui de la marine. Plus de {{unité|5000|Chinois}} périrent au cours des deux premiers jours de bombardement en 1939<ref>{{en}}{{Ouvrage | prénom = Herbert P.| nom = Bix | lien auteur = Herbert P. Bix| titre = Hirohito and the making of modern Japan | année = 2000 | passage = 364}}.</ref>.]]


==== Bombardements ====
==== Bombardements ====
Le [[Service aérien de l'Armée impériale japonaise|Service aérien de l'armée impériale japonaise]] et celui de la [[Service aérien de la Marine impériale japonaise|marine]] menèrent, de 1937 à 1945, une campagne systématique de bombardements contre des objectifs civils en [[Extrême-Orient|Extrême-orient]] et même contre la ville de [[Bombardement de Darwin|Darwin]] en Australie (voir : [[raids aériens japonais sur l'Australie (1942-43)|raids aériens sur l'Australie]]). Les zones les plus éprouvées furent les grandes villes chinoises comme [[Shanghai]] et [[Chongqing]]. À l’automne 1937, la violence des bombardements de [[Nankin]] et de [[Canton (Chine)|Canton]] entraina une résolution de blâme du Comité aviseur de l’Extrême-Orient de la [[Société des Nations]] à l’encontre du Japon. Lord Cranborne, le [[sous-secrétaire d'État]] aux Affaires étrangères de Grande-Bretagne, émit sa propre déclaration d’indignation : {{citation|Les mots ne peuvent exprimer le sentiment de profonde horreur avec lequel la nouvelle de ces raids a été reçue par le monde civilisé. Ils sont souvent dirigés contre des endroits éloignés de la zone d’hostilité réelle. L’objectif militaire, s’il existe, semble prendre une place secondaire. Le but principal semble être d’inspirer la terreur par le massacre des civils<ref>{{Ouvrage | prénom1=Martin | nom1=Gilbert | lien auteur1=Martin Gilbert | titre=Marching to War, 1933-1939 (The Illustrated London News) | éditeur=[[Doubleday]] | année=1989 | passage=135 }}.</ref>…}}
Le [[Service aérien de l'Armée impériale japonaise|Service aérien de l'armée impériale japonaise]] et celui de la [[Service aérien de la Marine impériale japonaise|marine]] menèrent, de 1937 à 1945, une campagne systématique de bombardements contre des objectifs civils en [[Extrême-Orient|Extrême-orient]] et même contre la ville de [[Bombardement de Darwin|Darwin]] en Australie (voir : [[raids aériens japonais sur l'Australie (1942-43)|raids aériens sur l'Australie]]). Les zones les plus éprouvées furent les grandes villes chinoises comme [[Shanghai]] et [[Chongqing]]. À l'automne 1937, la violence des bombardements de [[Nankin]] et de [[Canton (Chine)|Canton]] entraina une résolution de blâme du Comité aviseur de l'Extrême-Orient de la [[Société des Nations]] à l'encontre du Japon. Lord Cranborne, le [[sous-secrétaire d'État]] aux Affaires étrangères de Grande-Bretagne, émit sa propre déclaration d'indignation : {{citation|Les mots ne peuvent exprimer le sentiment de profonde horreur avec lequel la nouvelle de ces raids a été reçue par le monde civilisé. Ils sont souvent dirigés contre des endroits éloignés de la zone d'hostilité réelle. L'objectif militaire, s'il existe, semble prendre une place secondaire. Le but principal semble être d'inspirer la terreur par le massacre des civils<ref>{{Ouvrage | prénom1=Martin | nom1=Gilbert | lien auteur1=Martin Gilbert | titre=Marching to War, 1933-1939 (The Illustrated London News) | éditeur=[[Doubleday]] | année=1989 | passage=135 }}.</ref>…}}


Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité l'arme nucléaire est utilisée par les [[États-Unis]] pour les [[bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki]]. Le nombre de victimes immédiates est estimé {{nobr|à {{formatnum:70000}}}} pour [[Hiroshima]] et {{nobr|{{formatnum:30000}} pour}} [[Nagasaki]]. Le nombre d'habitants étant très mal connu à cause des mouvements de population en temps de guerre, d'autres estimations montent à {{nb|237000 victimes}}<ref>{{lien web|langue=en|titre=CBS News-Hiroshima Mayor Criticizes U.S.|date=6 août 2004|url=http://www.cbsnews.com/stories/2004/08/06/world/main634348.shtml|consulté le=6 août 2005}}.</ref>.
Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité l'arme nucléaire est utilisée par les [[États-Unis]] pour les [[bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki]]. Le nombre de victimes immédiates est estimé {{nobr|à {{formatnum:70000}}}} pour [[Hiroshima]] et {{nobr|{{formatnum:30000}} pour}} [[Nagasaki]]. Le nombre d'habitants étant très mal connu à cause des mouvements de population en temps de guerre, d'autres estimations montent à {{nb|237000 victimes}}<ref>{{lien web|langue=en|titre=CBS News-Hiroshima Mayor Criticizes U.S.|date=6 août 2004|url=http://www.cbsnews.com/stories/2004/08/06/world/main634348.shtml|consulté le=6 août 2005}}.</ref>.
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=== Armes chimiques et bactériologiques ===
=== Armes chimiques et bactériologiques ===


En Europe, les [[Arme chimique|gaz de combat]] ne furent pas utilisés dans les combats entre belligérants, mais « seulement » contre les civils déportés, dans les camps d’extermination nazis. Des réserves importantes de gaz ''[[tabun]]'' et ''[[sarin]]'' furent retrouvées en Allemagne en 1945, suffisantes pour tuer des millions de personnes. Elles furent immergées dans des caissons de béton sous la Manche. On s’inquiète de leur état de conservation aujourd’hui.
En Europe, les [[Arme chimique|gaz de combat]] ne furent pas utilisés dans les combats entre belligérants, mais « seulement » contre les civils déportés, dans les camps d'extermination nazis. Des réserves importantes de gaz ''[[tabun]]'' et ''[[sarin]]'' furent retrouvées en Allemagne en 1945, suffisantes pour tuer des millions de personnes. Elles furent immergées dans des caissons de béton sous la Manche. On s'inquiète de leur état de conservation aujourd'hui.


En Asie toutefois, les travaux des historiens [[Yoshiaki Yoshimi]] et Seiya Matsuno<ref>''Dokugasusen kankei shiryô II'', Kaisetsu, 1997.</ref>, démontrent que [[Hirohito]] permettait dès juillet 1937 l’utilisation systématique de gaz toxiques contre l’armée chinoise et les populations civiles. Par peur des représailles et afin de s’assurer que ces armes ne soient jamais employées contre des intérêts occidentaux, chaque utilisation faisait l’objet d’une directive spécifique approuvée par l’empereur et transmise par le chef d'état-major de l’armée, le prince [[Kotohito Kan'in]] (le général [[Hajime Sugiyama]] à compter de 1940)<ref>Paul-Yanic Laquerre, ''Nuage Toxique sur la Chine : la Guerre Chimique de l'armée Shôwa'', Histomag page 27, 2010 [http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:WqyvTIHhuosJ:www.39-45.org/portailv2/download/file-75%2Bhistomag-44-n-67-septembre-octobre-2010.php+&cd=10&hl=fr&ct=clnk&gl=ca&client=firefox-a].</ref>. Dès 1939, les [[Arme chimique|armes chimiques]] furent employées en URSS et en [[Mongolie]] puis aux [[Philippines]] en 1942.
En Asie toutefois, les travaux des historiens [[Yoshiaki Yoshimi]] et Seiya Matsuno<ref>''Dokugasusen kankei shiryô II'', Kaisetsu, 1997.</ref>, démontrent que [[Hirohito]] permettait dès juillet 1937 l'utilisation systématique de gaz toxiques contre l'armée chinoise et les populations civiles. Par peur des représailles et afin de s'assurer que ces armes ne soient jamais employées contre des intérêts occidentaux, chaque utilisation faisait l'objet d'une directive spécifique approuvée par l'empereur et transmise par le chef d'état-major de l'armée, le prince [[Kotohito Kan'in]] (le général [[Hajime Sugiyama]] à compter de 1940)<ref>Paul-Yanic Laquerre, ''Nuage Toxique sur la Chine : la Guerre Chimique de l'armée Shôwa'', Histomag page 27, 2010 [http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:WqyvTIHhuosJ:www.39-45.org/portailv2/download/file-75%2Bhistomag-44-n-67-septembre-octobre-2010.php+&cd=10&hl=fr&ct=clnk&gl=ca&client=firefox-a].</ref>. Dès 1939, les [[Arme chimique|armes chimiques]] furent employées en URSS et en [[Mongolie]] puis aux [[Philippines]] en 1942.


En 2004, Yoshimi découvrit toutefois dans les archives nationales australiennes des documents démontrant que des gaz toxiques avaient été testés sur des prisonniers australiens et néerlandais en 1944 en Indonésie<ref>[http://search.japantimes.co.jp/member/nn20040727a9.html]</ref>.
En 2004, Yoshimi découvrit toutefois dans les archives nationales australiennes des documents démontrant que des gaz toxiques avaient été testés sur des prisonniers australiens et néerlandais en 1944 en Indonésie<ref>[http://search.japantimes.co.jp/member/nn20040727a9.html]</ref>.


À ces armes chimiques, s’ajoutent les [[arme biologique|armes bactériologiques]] produites par l’[[unité 731]] et employées à maintes reprises contre des civils en Chine et contre l’armée soviétique lors de la [[bataille de Khalkhin Gol|bataille de Halhin Gol]].
À ces armes chimiques, s'ajoutent les [[arme biologique|armes bactériologiques]] produites par l'[[unité 731]] et employées à maintes reprises contre des civils en Chine et contre l'armée soviétique lors de la [[bataille de Khalkhin Gol|bataille de Halhin Gol]].


=== Viols de guerre ===
=== Viols de guerre ===
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Les estimations concernant le nombre de viols de femmes [[soviétiques]] par la [[Wehrmacht]] atteint {{nobr|les {{formatnum:10000000}}}}, avec entre {{unité|750000|et=1000000|d'enfants}} nés du fait de ces viols<ref>Gertjejanssen, Wendy Jo (2004) (PhD diss.). Victims, Heroes, Survivors: Sexual Violence on the Eastern Front during World War II (Thesis). University of Minnesota.</ref>{{,}}<ref>{{citation|Un document daté de 1942 émanant de la Wehrmacht suggère que les chefs nazis avaient envisagé d'appliquer une politique particulière pour le front de l'est dont il apparaît que les {{nb|750000 bébés}} issus des relations sexuelles entre des soldats allemands et des femmes russes (une estimation considérée comme minimale) pourraient être identifiés et réputés être racialement germains. On suggéra d'ajouter les seconds prénoms de Friedrich ou de Louise sur les certificats de naissance des bébés en fonction de leur sexe. Bien que ce plan ne fut pas mis en œuvre, ces documents laissent entendre que les naissances résultant de viols et d'autres formes de rapports sexuels été considérés comme utiles, en ce sens qu'elles accroissaient le nombre d'individus racialement « aryens » plutôt que celui des individus appartenant à la race slave jugée inférieurs. L'idéologie sous-jacente suggère que le viol par des Germains et d'autres formes de relations sexuelles devraient être vues comme s'inscrivant dans une stratégie militaire plus large de domination raciale et territoriale.}} Pascale R. Bos, ''Feminists Interpreting the Politics of Wartime Rape: Berlin, 1945; Yugoslavia, 1992–1993 Journal of Women in Culture and Society'', 2006, vol. 31, no. 4, {{p.|996-1025}}).</ref>{{,}}<ref>Atina Grossmann, ''Jews, Germans, and Allies: Close Encounters in Occupied Germany'', {{p.|290}}.</ref>{{,}}<ref>[http://www.gegenwind.info/175/sonderheft_wehrmacht.pdf Zur Debatte um die Ausstellung Vernichtungskrieg. Verbrechen der Wehrmacht 1941-1944 im Kieler Landeshaus 1999], Gegenwind.info, novembre 1998.</ref>.
Les estimations concernant le nombre de viols de femmes [[soviétiques]] par la [[Wehrmacht]] atteint {{nobr|les {{formatnum:10000000}}}}, avec entre {{unité|750000|et=1000000|d'enfants}} nés du fait de ces viols<ref>Gertjejanssen, Wendy Jo (2004) (PhD diss.). Victims, Heroes, Survivors: Sexual Violence on the Eastern Front during World War II (Thesis). University of Minnesota.</ref>{{,}}<ref>{{citation|Un document daté de 1942 émanant de la Wehrmacht suggère que les chefs nazis avaient envisagé d'appliquer une politique particulière pour le front de l'est dont il apparaît que les {{nb|750000 bébés}} issus des relations sexuelles entre des soldats allemands et des femmes russes (une estimation considérée comme minimale) pourraient être identifiés et réputés être racialement germains. On suggéra d'ajouter les seconds prénoms de Friedrich ou de Louise sur les certificats de naissance des bébés en fonction de leur sexe. Bien que ce plan ne fut pas mis en œuvre, ces documents laissent entendre que les naissances résultant de viols et d'autres formes de rapports sexuels été considérés comme utiles, en ce sens qu'elles accroissaient le nombre d'individus racialement « aryens » plutôt que celui des individus appartenant à la race slave jugée inférieurs. L'idéologie sous-jacente suggère que le viol par des Germains et d'autres formes de relations sexuelles devraient être vues comme s'inscrivant dans une stratégie militaire plus large de domination raciale et territoriale.}} Pascale R. Bos, ''Feminists Interpreting the Politics of Wartime Rape: Berlin, 1945; Yugoslavia, 1992–1993 Journal of Women in Culture and Society'', 2006, vol. 31, no. 4, {{p.|996-1025}}).</ref>{{,}}<ref>Atina Grossmann, ''Jews, Germans, and Allies: Close Encounters in Occupied Germany'', {{p.|290}}.</ref>{{,}}<ref>[http://www.gegenwind.info/175/sonderheft_wehrmacht.pdf Zur Debatte um die Ausstellung Vernichtungskrieg. Verbrechen der Wehrmacht 1941-1944 im Kieler Landeshaus 1999], Gegenwind.info, novembre 1998.</ref>.


L’[[Armée rouge]] fut explicitement encouragée<ref>Harangue de Ilya Ehremburg, cf. [[Crimes de guerre de l'Armée rouge pendant la Seconde Guerre mondiale]].</ref>, en représailles aux [[Crimes de guerre nazis en Union soviétique|exactions massives du Reich en URSS]], à terroriser les populations allemandes par le viol et les pillages à grande échelle : selon Hanna Schissler, de nombreuses Allemandes de l’Est envahi ont subi en 1945 les violences systématiques des soldats soviétiques<ref>Hanna Schissler ''{{langue|en|The Miracle Years: A Cultural History of West Germany, 1949-1968}}'' [https://books.google.com/books?id=00fCzJKt1QMC&pg=PA28&lpg=PA28&dq=soviet+estimates+rape+tens+of+thousands&source=web&ots=xzyKzJm1sj&sig=cy2AfPmp7ZvT7K9YSWPRkXoyp6E].</ref>. En Yougoslavie théoriquement alliée, [[Milovan Djilas]] se plaignit en personne à [[Joseph Staline|Staline]] de milliers de viols, le dictateur soviétique lui répondant cyniquement que l’Armée rouge avait assez enduré pour ne pas devoir s’attarder à ce genre de récriminations<ref name="Ðilas">{{Ouvrage | auteur1=[[Milovan Djilas]] | titre=Conversations avec Staline | année=1964 }}.</ref>.
L'[[Armée rouge]] fut explicitement encouragée<ref>Harangue de Ilya Ehremburg, cf. [[Crimes de guerre de l'Armée rouge pendant la Seconde Guerre mondiale]].</ref>, en représailles aux [[Crimes de guerre nazis en Union soviétique|exactions massives du Reich en URSS]], à terroriser les populations allemandes par le viol et les pillages à grande échelle : selon Hanna Schissler, de nombreuses Allemandes de l'Est envahi ont subi en 1945 les violences systématiques des soldats soviétiques<ref>Hanna Schissler ''{{langue|en|The Miracle Years: A Cultural History of West Germany, 1949-1968}}'' [https://books.google.com/books?id=00fCzJKt1QMC&pg=PA28&lpg=PA28&dq=soviet+estimates+rape+tens+of+thousands&source=web&ots=xzyKzJm1sj&sig=cy2AfPmp7ZvT7K9YSWPRkXoyp6E].</ref>. En Yougoslavie théoriquement alliée, [[Milovan Djilas]] se plaignit en personne à [[Joseph Staline|Staline]] de milliers de viols, le dictateur soviétique lui répondant cyniquement que l'Armée rouge avait assez enduré pour ne pas devoir s'attarder à ce genre de récriminations<ref name="Ðilas">{{Ouvrage | auteur1=[[Milovan Djilas]] | titre=Conversations avec Staline | année=1964 }}.</ref>.


Selon l'historien Robert J. Lilly, environ {{nb|14000 femmes}} auraient été violées par les troupes américaines en Angleterre puis en Normandie. Quant au nombre de victimes en Allemagne, territoire ennemi, il est inconnu<ref>Robert J. Lilly dans ''La Face cachée des GI'S : Les viols commis par des soldats américains en France, en Angleterre et en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale'', (Payot 2004), {{ISBN|978-2-228-89755-6}}.</ref>. Certains militaires coupables ont été exécutés, comme dans l'[[Affaire Clarence Whitfield]], condamné à mort par pendaison le 20 juin 1944 à [[Canisy]] par la cour martiale. Vingt-et-un GIs furent condamnés en France pour viol, et les autorités militaires américaines invitèrent les victimes à assister à la pendaison des coupables<ref>[http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=VING&ID_NUMPUBLIE=VIN_075&ID_ARTICLE=VING_075_0109 ''L’armée américaine et les viols en France. Juin 1944-mai 1945'', J. Lilly, François Le Roy].</ref>.
Selon l'historien Robert J. Lilly, environ {{nb|14000 femmes}} auraient été violées par les troupes américaines en Angleterre puis en Normandie. Quant au nombre de victimes en Allemagne, territoire ennemi, il est inconnu<ref>Robert J. Lilly dans ''La Face cachée des GI'S : Les viols commis par des soldats américains en France, en Angleterre et en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale'', (Payot 2004), {{ISBN|978-2-228-89755-6}}.</ref>. Certains militaires coupables ont été exécutés, comme dans l'[[Affaire Clarence Whitfield]], condamné à mort par pendaison le 20 juin 1944 à [[Canisy]] par la cour martiale. Vingt-et-un GIs furent condamnés en France pour viol, et les autorités militaires américaines invitèrent les victimes à assister à la pendaison des coupables<ref>[http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=VING&ID_NUMPUBLIE=VIN_075&ID_ARTICLE=VING_075_0109 ''L'armée américaine et les viols en France. Juin 1944-mai 1945'', J. Lilly, François Le Roy].</ref>.


L'historien Peter Schrijvers estime que plus de {{nb|10000 femmes}} ont été violées par les troupes américaines à l'occasion de la [[bataille d'Okinawa]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Peter|nom1=Schrijvers|titre=The GI war against Japan : American soldiers in Asia and the Pacific during World War II|lieu=Houndmills, Basingstoke, Hampshire a New York|éditeur=[[Palgrave Macmillan]]|année=2002|mois=6|jour=19|pages totales=320|isbn=978-0-333-77133-4}}.</ref>.
L'historien Peter Schrijvers estime que plus de {{nb|10000 femmes}} ont été violées par les troupes américaines à l'occasion de la [[bataille d'Okinawa]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Peter|nom1=Schrijvers|titre=The GI war against Japan : American soldiers in Asia and the Pacific during World War II|lieu=Houndmills, Basingstoke, Hampshire a New York|éditeur=[[Palgrave Macmillan]]|année=2002|mois=6|jour=19|pages totales=320|isbn=978-0-333-77133-4}}.</ref>.
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=== Autres crimes ===
=== Autres crimes ===
{{Article détaillé|Marches de la mort|Amnésie collective|Troubles comportementaux de guerre}}
{{Article détaillé|Marches de la mort|Amnésie collective|Troubles comportementaux de guerre}}

==== Extermination par la faim ====
Au fil du conflit, plusieurs politiques de la faim furent majoritairement dirigées par des hommes de haut rang comme le secrétaire d’État au ministère du Reich de l’Alimentation et de l’Agriculture [[Herbert Backe]], mais aussi [[Hans-Joachim Riecke]], directeur ministériel et successeur de Backe. Ainsi, c’est par les biais des appareils bureaucratiques que ces mouvements de masse raciale prirent leur pleine envolée<ref name=":4" />. Avec la politique d'extermination, incluant le [[Hungerplan]], l'historien allemand [[Christian Gerlach]] estime qu'entre 10 et 20 millions de personnes ont trouvé la mort par la faim en 1947 et ce, bien au-delà du territoire d'influence nazi<ref name=":4">{{Article|langue=fr|prénom1=Christian|nom1=Gerlach|titre=19. Politique alimentaire, faim et persécution des Juifs de 1939 à 1945. Résultats de la recherche|périodique=Revue d’Histoire de la Shoah|volume=209|numéro=2|pages=431–447|date=2018|issn=2111-885X|doi=10.3917/rhsho.209.0431|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-d-histoire-de-la-shoah-2018-2-page-431.htm|consulté le=2024-04-18}}</ref>.

Sur le territoire soviétique, les politiques qui étaient appliquées aux populations juives furent relativement les mêmes. Dès 1941, Ces politiques et restrictions alimentaires touchèrent les soldats de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] tout au long de la poussée des armées allemande vers l’intérieur du pays. Il s’agissait, dès lors, d’une « géopolitique de la mort par la famine [1] ». Ce n’est pas moins de 3 millions de prisonniers de guerre soviétique sur un total de 5,7 millions qui perdirent la vie aux mains des Allemands et de leurs stratégies<ref name=":4" />.

De plus, les tensions, les problèmes de transport sur le front de l’Est et les besoins en ressources par les armées allemandes forcèrent la prise de ravitaillement russe qui, au détriment des civils locaux, allait permettre de poursuivre les affrontements et fortifier le moral nazi. Parmi les gens considérés comme « improductifs », donc les civils, près de 200 000 sont morts de faim, dans les secteurs où les ravitaillements furent confisqués<ref name=":4" />.
----[1] Christian Gerlach, « Politique alimentaire, faim et persécution des Juifs de 1939 à 1945 », traduit de l’allemand par Olivier Mannoni, ''Revue d’Histoire de la Shoah'', N<sup>o</sup> 209, 2018, p. 434.


=== Déportation de minorités par Staline en URSS ===
=== Déportation de minorités par Staline en URSS ===
{{Article détaillé|Déportation des peuples en URSS|Histoire de l'URSS sous Staline}}
{{Article détaillé|Déportation des peuples en URSS|Histoire de l'URSS sous Staline}}


Dès avant-guerre, [[Joseph Staline|Staline]] considère les minorités vivant aux frontières de l'URSS comme suspectes d’anti-stalinisme par définition, et, dans l’éventualité d’un conflit, ordonne pendant les [[Grandes Purges]] de 1937-1938 la [[déportation]] {{citation|préventive}} de centaines de milliers de [[Répressions soviétiques des citoyens polonais|Polonais]], de Caréliens, de Lettons, mais aussi, à la frontière asiatique, de près de {{unité|230000|Chinois}}, Bouriates, Mongols et Coréens qui se retrouvent tous en [[Sibérie]] et au [[Kazakhstan]]<ref>Li Woo He (Vladimir Fedorovich Lee), Kim Young Woong, ''The White Book about Deportations of Korean Population in Russia in 30-40s'' (Белая книга о депортации корейского населения России в 30-40-х годах) Moscou, 1992 (vol. 1), 1997 (vol. 2).</ref>. Lors du [[pacte germano-soviétique]], l’URSS brise toute résistance à la [[soviétisation]] en déportant de l’automne 1939 à l’été 1941 plus d’un million de citoyens nouvellement annexés, [[Pologne|Polonais]], [[Moldavie|Moldaves]], [[Pays baltes|Baltes]], [[Finlande|Finlandais]] et autres, soit plus de {{formatnum:1500}} par jour au total. Selon les rapports du commissaire Krouglov à Staline cités par l’historien russe Nikolaï Bougaï, la moitié meurent en déportation dans l’année de leur arrivée à destination, faute de structures adéquates pour permettre leur survie sur place<ref>{{en}} Nikolai Fedorovich Bugai, ''The Deportation of Peoples in The Soviet Union'', [[Nova Publishers]], 1996 {{ISBN|9781560723714}}, 217 pp.</ref>.
Dès avant-guerre, [[Joseph Staline|Staline]] considère les minorités vivant aux frontières de l'URSS comme suspectes d'anti-stalinisme par définition et, dans l'éventualité d'un conflit, ordonne pendant les [[Grandes Purges]] de 1937-1938 la [[déportation]] {{citation|préventive}} de centaines de milliers de [[Répressions soviétiques des citoyens polonais|Polonais]], de [[Caréliens]], de [[Lettons]], mais aussi, à la frontière asiatique, de près de {{unité|230000|[[Chine|Chinois]]}}, [[Bouriates]], [[Mongols]] et [[Coréens]] qui se retrouvent tous en [[Sibérie]] et au [[Kazakhstan]]<ref>Li Woo He (Vladimir Fedorovich Lee), Kim Young Woong, ''The White Book about Deportations of Korean Population in Russia in 30-40s'' (Белая книга о депортации корейского населения России в 30-40-х годах) Moscou, 1992 (vol. 1), 1997 (vol. 2).</ref>. Lors du [[pacte germano-soviétique]], l'URSS brise toute résistance à la [[soviétisation]] en déportant de l'automne 1939 à l'été 1941 plus d'un million de citoyens nouvellement annexés, [[Pologne|Polonais]], [[Moldavie|Moldaves]], [[Pays baltes|Baltes]], [[Finlande|Finlandais]] et autres, soit plus de {{formatnum:1500}} par jour au total. Selon les rapports du commissaire Krouglov à Staline cités par l'historien russe Nikolaï Bougaï, la moitié meurent en déportation dans l'année de leur arrivée à destination, faute de structures adéquates pour permettre leur survie sur place<ref>{{en}} Nikolai Fedorovich Bugai, ''The Deportation of Peoples in The Soviet Union'', [[Nova Publishers]], 1996 {{ISBN|9781560723714}}, 217 pp.</ref>.


Des forces non négligeables sont ensuite distraites du front en pleine offensive allemande de l’été 1941, afin de déporter la totalité des [[Allemands de la Volga]] et du reste de l’URSS, descendants de colons présents depuis deux siècles. Au printemps 1944, sous la fausse accusation de collaboration, quatorze peuples représentant deux millions de victimes, dont l’intégralité des [[Tchétchènes]]-Ingouches, des [[Tatars de Crimée]], des [[Kalmouks]], des Karatchaïs, etc. sont déportés collectivement en Sibérie et en Asie centrale. La déportation des {{unité|600000|[[Tchétchènes]]}}, femmes, enfants, militants communistes et soldats décorés compris, fut accomplie en six jours par le [[NKVD]] en mars 1944, ce qui reste à ce jour la plus rapide déportation de l’histoire<ref>Nikolai Fedorovich Bugai, ''About the Deportation of the Chechen and Ingush Peoples'', Institute of History of the USSR, USSR Academy of Sciences, Vol. 30, {{numéro|2}}, 1991, {{p.|66-82}}.</ref>. Les biens des peuples déportés furent cédés à des colons russes. Leurs républiques autonomes souvent supprimées et leurs villes débaptisées, et en 1949, un décret du Soviet Suprême déclara que les peuples « punis » resteraient exilés à perpétuité. Ces mesures ne furent abrogées que sous Khrouchtchev puis sous [[Mikhaïl Gorbatchev|Gorbatchev]].
Des forces non négligeables sont ensuite distraites du front en pleine offensive allemande de l'été 1941, afin de déporter la totalité des [[Allemands de la Volga]] et du reste de l'URSS, descendants de colons présents depuis deux siècles. Au printemps 1944, sous la fausse accusation de collaboration, quatorze peuples représentant deux millions de victimes, dont l'intégralité des [[Tchétchènes]]-[[Ingouches]], des [[Tatars de Crimée]], des [[Kalmouks]], des [[Karatchaïs]]{{etc.}} sont déportés collectivement en Sibérie et en Asie centrale. La déportation des {{unité|600000|[[Tchétchènes]]}}, femmes, enfants, militants communistes et soldats décorés compris, fut accomplie en six jours par le [[NKVD]] en mars 1944, ce qui reste à ce jour la plus rapide déportation de l'histoire<ref>Nikolai Fedorovich Bugai, ''About the Deportation of the Chechen and Ingush Peoples'', Institute of History of the USSR, USSR Academy of Sciences, Vol. 30, {{numéro|2}}, 1991, {{p.|66-82}}.</ref>. Les biens des peuples déportés furent cédés à des colons russes. Leurs républiques autonomes souvent supprimées et leurs villes débaptisées, et en 1949, un décret du Soviet Suprême déclara que les peuples « punis » resteraient exilés à perpétuité. Ces mesures ne furent abrogées que sous Khrouchtchev puis sous [[Mikhaïl Gorbatchev|Gorbatchev]].


À la reprise des Pays baltes, de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Pologne orientale (1945), de nouvelles déportations massives au [[Goulag]] frappèrent bien sûr les collaborateurs locaux des nazis, mais aussi les résistants non communistes et ceux qui après s'être battus contre les nazis ou leurs équivalents locaux, refusèrent de déposer les armes, enfin les populations civiles accusées à tort ou à raison de soutenir ces derniers. Selon [[Anne Applebaum]] et [[Jean-Jacques Marie]], 6 à 10 % des populations baltes, polonaise, ouest-ukrainienne ou moldave se trouvent ainsi en [[déportation]] à la fin des années 1940. Des rafles massives de "suspects" ont également lieu au fur et à mesure de l’avancée de l’Armée rouge en Europe de l’Est, emportant sans retour des milliers d’intellectuels, démocrates, francs-maçons, réseaux juifs de résistance, prêtres ou étrangers : ainsi disparut en février 1945 à [[Budapest]], le héros du sauvetage des Juifs hongrois, [[Raoul Wallenberg]].
À la reprise des Pays baltes, de l'Ukraine, de la Moldavie et de la Pologne orientale (1945), de nouvelles déportations massives au [[Goulag]] frappèrent bien sûr les collaborateurs locaux des nazis, mais aussi les résistants non communistes et ceux qui après s'être battus contre les nazis ou leurs équivalents locaux, refusèrent de déposer les armes, enfin les populations civiles accusées à tort ou à raison de soutenir ces derniers. Selon [[Anne Applebaum]] et [[Jean-Jacques Marie]], 6 à 10 % des populations baltes, polonaise, ouest-ukrainienne ou moldave se trouvent ainsi en [[déportation]] à la fin des années 1940. Des rafles massives de "suspects" ont également lieu au fur et à mesure de l'avancée de l'Armée rouge en Europe de l'Est, emportant sans retour des milliers d'intellectuels, démocrates, francs-maçons, réseaux juifs de résistance, prêtres ou étrangers : ainsi disparut en février 1945 à [[Budapest]], le héros du sauvetage des Juifs hongrois, [[Raoul Wallenberg]].


Il faut leur ajouter les centaines de milliers de soldats soviétiques déportés pendant la guerre pour « défaillance » ou pour esprit critique, tel [[Alexandre Soljenitsyne]] arrêté sur le front de [[Prusse-Orientale]] en février 1945 pour avoir mis en doute, dans une lettre privée, le génie militaire de Staline. De nombreux anciens prisonniers de guerre des Allemands (avoir été capturés faisait d’eux des « traîtres »), travailleurs civils volontaires ou forcés en Allemagne, furent également traités en coupables à leur retour (souvent forcé) au pays, au même titre que les débris de l’armée [[Andreï Vlassov|Vlassov]], et allèrent former la génération d’après-guerre des captifs du [[Goulag]]. Quant aux centaines de milliers de prisonniers de guerre, les derniers Allemands ne furent relâchés qu’au milieu des années 1950, beaucoup périrent en détention, et les Japonais survivants furent définitivement assignés au [[Kazakhstan]] parmi les {{unité|170000|Coréens}} déjà déportés là depuis les années 1930<ref>Nikolai Fedorovich Bugai, ''The Deportation of Peoples in The Soviet Union'', Nova Publishers, 1996, {{ISBN|1-56072-371-8|9781560723714}}, 217 pp., chapitre résumé d'après «Корейский вопрос» на Дальнем Востоке – Проблемы Дальнего востока, Inst. d'histoire de l'Académie des sciences de la fédération de Russie, {{N°|4}}, 1992 et Депортация корейцев в СССР, 3-52 (12), Sapporo 1992.</ref>.
Il faut leur ajouter les centaines de milliers de soldats soviétiques déportés pendant la guerre pour « défaillance » ou pour esprit critique, tel [[Alexandre Soljenitsyne]] arrêté sur le front de [[Prusse-Orientale]] en février 1945 pour avoir mis en doute, dans une lettre privée, le génie militaire de Staline. De nombreux anciens prisonniers de guerre des Allemands (avoir été capturés faisait d'eux des « traîtres »), travailleurs civils volontaires ou forcés en Allemagne, furent également traités en coupables à leur retour (souvent forcé) au pays, au même titre que les débris de l'armée [[Andreï Vlassov|Vlassov]], et allèrent former la génération d'après-guerre des captifs du [[Goulag]]. Quant aux centaines de milliers de prisonniers de guerre, les derniers Allemands ne furent relâchés qu'au milieu des années 1950, beaucoup périrent en détention, et les Japonais survivants furent définitivement assignés au [[Kazakhstan]] parmi les {{unité|170000|Coréens}} déjà déportés là depuis les années 1930<ref>Nikolai Fedorovich Bugai, ''The Deportation of Peoples in The Soviet Union'', Nova Publishers, 1996, {{ISBN|1-56072-371-8|9781560723714}}, 217 pp., chapitre résumé d'après «Корейский вопрос» на Дальнем Востоке – Проблемы Дальнего востока, Inst. d'histoire de l'Académie des sciences de la fédération de Russie, {{N°|4}}, 1992 et Депортация корейцев в СССР, 3-52 (12), Sapporo 1992.</ref>.


=== Expulsion des minorités des pays de l'Axe en Europe et au Pacifique ===
=== Expulsion des minorités des pays de l'Axe en Europe et au Pacifique ===
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Enfin à l'issue de la guerre, les frontières furent redessinées, réduisant globalement l'espace de l'Allemagne d'avant-guerre.
Enfin à l'issue de la guerre, les frontières furent redessinées, réduisant globalement l'espace de l'Allemagne d'avant-guerre.


L'ensemble de ces éléments conduit à la fin de la guerre et dans les années qui suivent à d'importants transferts de populations d'est en ouest, notamment de nombreux germanophones. En tout, 8 millions d’Allemands ont été expulsés en 1945 de l’Europe centrale et orientale, dont 2 millions des anciens territoires du Reich situés de l’est de la ligne Oder-Neisse, et cédés à la Pologne. Ces populations ont dû chercher refuge au sein de l'[[Allemagne occupée]] où des camps de réfugiés, les [[Grenzdurchgangslager]], ont dû être construits à la hâte pour les héberger.
L'ensemble de ces éléments conduit à la fin de la guerre et dans les années qui suivent à d'importants transferts de populations d'est en ouest, notamment de nombreux germanophones. En tout, 8 millions d'Allemands ont été expulsés en 1945 de l'Europe centrale et orientale, dont 2 millions des anciens territoires du Reich situés de l'est de la ligne Oder-Neisse, et cédés à la Pologne. Ces populations ont dû chercher refuge au sein de l'[[Allemagne occupée]] où des camps de réfugiés, les [[Grenzdurchgangslager]], ont dû être construits à la hâte pour les héberger.
{{Article détaillé|Expulsion des Allemands d'Europe de l'Est}}
{{Article détaillé|Expulsion des Allemands d'Europe de l'Est}}


Des consistantes minorités italiennes existaient avant la guerre dans les Balkans, et notamment en [[Dalmatie]] et en [[Istrie]]. Entre 1945 et 1947, à la suite de la cession de l'Istrie et de la ville de [[Zadar]] à la [[Yougoslavie]], plus de {{unité|300000|Italiens}} d'Istrie et Dalmatie furent obligés de quitter ces régions et de rejoindre l'Italie. De même, pour les {{unité|35000|Italiens}} qui habitaient les anciennes colonies italiennes de [[Rhodes]] et du [[Dodécanèse]], cédées à la [[Grèce]].
Des consistantes minorités italiennes existaient avant la guerre dans les Balkans, et notamment en [[Dalmatie]] et en [[Istrie]]. Entre 1945 et 1947, à la suite de la cession de l'Istrie et de la ville de [[Zadar]] à la [[Yougoslavie]], plus de {{unité|300000|Italiens}} d'Istrie et Dalmatie furent obligés de quitter ces régions et de rejoindre l'Italie. De même, pour les {{unité|35000|Italiens}} qui habitaient les anciennes colonies italiennes de [[Rhodes]] et du [[Dodécanèse]], cédées à la [[Grèce]].


Un phénomène comparable s’est produit en Asie : 13 millions de Japonais durent quitter la Corée, la Chine et les îles du Pacifique conquises au {{s-|XIX|e}} par l’empire du Soleil-Levant. Comme en Allemagne, cet afflux important de réfugiés dans un pays en ruines accrut dans l’immédiat la misère des civils, mais compensa les pertes démographiques pour relever les défis de la reconstruction.
Un phénomène comparable s'est produit en Asie : 13 millions de Japonais durent quitter la Corée, la Chine et les îles du Pacifique conquises au {{s-|XIX|e}} par l'empire du Soleil-Levant. Comme en Allemagne, cet afflux important de réfugiés dans un pays en ruines accrut dans l'immédiat la misère des civils, mais compensa les pertes démographiques pour relever les défis de la reconstruction.


== Dégâts culturels ==
== Dégâts culturels ==


Dans les pays occupés, les nazis ont volé d’innombrables œuvres d’art, collections juives en tête. Ce pillage est orchestré particulièrement par [[Hermann Göring]] et [[Alfred Rosenberg]] suivant le principe du ''[[Kunstschutz]]''. Selon l’historien Marc Mazower<ref>{{Ouvrage | prénom1=Marc | nom1=Mazower | titre=Le continent des ténèbres | lieu=Bruxelles | éditeur=Ed. Complexes | année=2003 }}.</ref>, les agents de Rosenberg, rien qu’en Europe occidentale, ont pillé pour 674 trains de marchandises, meubles et objets saisis dans les appartements des Juifs déportés.
Dans les pays occupés, les nazis ont volé d'innombrables œuvres d'art, collections juives en tête. Ce pillage est orchestré particulièrement par [[Hermann Göring]] et [[Alfred Rosenberg]] suivant le principe du ''[[Kunstschutz]]''. Selon l'historien Marc Mazower<ref>{{Ouvrage | prénom1=Marc | nom1=Mazower | titre=Le continent des ténèbres | lieu=Bruxelles | éditeur=Ed. Complexes | année=2003 }}.</ref>, les agents de Rosenberg, rien qu'en Europe occidentale, ont pillé pour 674 trains de marchandises, meubles et objets saisis dans les appartements des Juifs déportés.


[[Fichier:RIAN archive 602161 Center of Stalingrad after liberation.jpg|vignette|Le centre-ville de [[Volgograd|Stalingrad]] après sa libération, photo prise le {{date-|2 février 1943}}.]]
[[Fichier:RIAN archive 602161 Center of Stalingrad after liberation.jpg|vignette|Le centre-ville de [[Volgograd|Stalingrad]] après sa libération, photo prise le {{date-|2 février 1943}}.]]
Sur le territoire soviétique, près de {{nombre|1710|villes}} et plus de {{unité|70000|villages}}, {{nombre|32000|entreprises}} industrielles, {{unité|100000|fermes}} collectives et étatiques, {{nombre|4700000|maisons}}, {{nombre|127000|écoles}}, universités et bibliothèques publiques ont été détruits. Dans l’ensemble, les pertes matérielles ont été estimées à 600 milliards d’euros<ref>{{article|url=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0035-1415_1971_num_2_4_1061.|titre=Planification et croissance économique en Union Soviétique et l'Europe de l'Est|prénom=Harry G.|nom=Shaffer|date=7 octobre 1971|périodique=Revue de l'Est|numéro=4|pages=75–122|doi=10.3406/receo.1971.1061}}</ref>.
Sur le territoire soviétique, près de {{nombre|1710|villes}} et plus de {{unité|70000|villages}}, {{nombre|32000|entreprises}} industrielles, {{unité|100000|fermes}} collectives et étatiques, {{nombre|4700000|maisons}}, {{nombre|127000|écoles}}, universités et bibliothèques publiques ont été détruits. Dans l'ensemble, les pertes matérielles ont été estimées à 600 milliards d'euros<ref>{{article|url=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0035-1415_1971_num_2_4_1061.|titre=Planification et croissance économique en Union Soviétique et l'Europe de l'Est|prénom=Harry G.|nom=Shaffer|date=7 octobre 1971|périodique=Revue de l'Est|numéro=4|pages=75–122|doi=10.3406/receo.1971.1061}}</ref>.


La [[Shoah]] est aussi une catastrophe culturelle irréparable. Le ''yiddishland'' d’Europe centrale et orientale, les derniers [[romaniotes]] de Grèce sont pratiquement anéantis, et l’on estime que les trois quarts des locuteurs du [[yiddish]] et les cinq sixièmes du [[yévanique]] ont disparu pendant la guerre. Si le monde israélite français a survécu malgré la perte d'un quart de la population juive, en revanche, les communautés juives d’Amsterdam, Berlin, Vienne, Budapest ou Vilnius ont été éradiquées sans retour, à plus de 90 %. Les nazis ont aussi cherché à effacer toute trace du passé juif multiséculaire en spoliant leurs victimes de tous leurs biens et œuvres d’art ([[aryanisation]]), en détruisant les synagogues, en brûlant des livres de prières, en retournant les cimetières.
La [[Shoah]] est aussi une catastrophe culturelle irréparable. Le ''yiddishland'' d'Europe centrale et orientale, les derniers [[romaniotes]] de Grèce sont pratiquement anéantis, et l'on estime que les trois quarts des locuteurs du [[yiddish]] et les cinq sixièmes du [[yévanique]] ont disparu pendant la guerre. Si le monde israélite français a survécu malgré la perte d'un quart de la population juive, en revanche, les communautés juives d'Amsterdam, Berlin, Vienne, Budapest ou Vilnius ont été éradiquées sans retour, à plus de 90 %. Les nazis ont aussi cherché à effacer toute trace du passé juif multiséculaire en spoliant leurs victimes de tous leurs biens et œuvres d'art ([[aryanisation]]), en détruisant les synagogues, en brûlant des livres de prières, en retournant les cimetières.


Les Allemands ont aussi emmené de nombreuses archives privées et publiques de toute sorte, dont beaucoup ont été perdues, ou récupérées par les Russes qui les dissimulèrent pendant un demi-siècle<ref>{{Ouvrage | prénom1=Sophie | nom1=Cœuré | lien auteur1=Sophie Cœuré | titre=La Mémoire spoliée | année=2007 }}.</ref>. Si une partie des trésors volés est découverte par les Alliés à la chute du Reich et rendue aux musées et aux propriétaires légitimes de France, de Belgique et des Pays-Bas, l’URSS puis la Russie ont toujours refusé de restituer certains chefs-d’œuvre figurant dans le butin de l’Armée rouge en 1945, ainsi le célèbre « [[trésor de Priam]]<ref>Peter Bruhn: ''Beutekunst - Bibliographie des internationalen Schrifttums über das Schicksal des im Zweiten Weltkrieg von der Roten Armee in Deutschland erbeuteten Kulturgutes (Museums-, Archiv- und Bibliotheksbestände)'' 4.ed. Vol.1-2. Munich, 2003 {{ISBN|978-3-87690-835-9}}; voir aussi [http://www.ib.hu-berlin.de/~pbruhn/b-kunst.htm Database bibliographique].</ref> ». Les nazis ont aussi, çà et là, détruit des toiles représentatives de ce qu’ils qualifiaient d’« [[art dégénéré]] ». Par exemple, ils ont organisé au jardin des Tuileries, le 27 mai 1943, un [[autodafé]] de 500 œuvres de Picasso, Léger, Klee et Ernst. Quant aux Soviétiques, ils ont aussi emmené de nombreuses archives et œuvres d’art privées dans les pays qu’ils ont libérés ou occupés en 1944-45, dont fort peu ont revu, après 1990, leur pays d’origine<ref>Le butin de l’Armée rouge dans les pays de l’Est a été prélevé, puis conservé, à titre d’avance sur les [[dommages de guerre]] dus par la [[Deuxième République (Hongrie)|Hongrie]] ou par la [[Royaume de Roumanie|Roumanie]] (300 millions de dollars chacune au [[Traité de Paris (1947)|Traité de paix de Paris]]) : voir par exemple Stefan Lache et Gh. Tutui : ''La Roumanie et la conférence de paix de Paris de 1946'', éd. Dacia, Cluj, 1978.</ref>.
Les Allemands ont aussi emmené de nombreuses archives privées et publiques de toute sorte, dont beaucoup ont été perdues, ou récupérées par les Russes qui les dissimulèrent pendant un demi-siècle<ref>{{Ouvrage | prénom1=Sophie | nom1=Cœuré | lien auteur1=Sophie Cœuré | titre=La Mémoire spoliée | année=2007 }}.</ref>. Si une partie des trésors volés est découverte par les Alliés à la chute du Reich et rendue aux musées et aux propriétaires légitimes de France, de Belgique et des Pays-Bas, l'URSS puis la Russie ont toujours refusé de restituer certains chefs-d'œuvre figurant dans le butin de l'Armée rouge en 1945, ainsi le célèbre « [[trésor de Priam]]<ref>Peter Bruhn: ''Beutekunst - Bibliographie des internationalen Schrifttums über das Schicksal des im Zweiten Weltkrieg von der Roten Armee in Deutschland erbeuteten Kulturgutes (Museums-, Archiv- und Bibliotheksbestände)'' 4.ed. Vol.1-2. Munich, 2003 {{ISBN|978-3-87690-835-9}}; voir aussi [http://www.ib.hu-berlin.de/~pbruhn/b-kunst.htm Database bibliographique].</ref> ». Les nazis ont aussi, çà et là, détruit des toiles représentatives de ce qu'ils qualifiaient d'« [[art dégénéré]] ». Par exemple, ils ont organisé au jardin des Tuileries, le 27 mai 1943, un [[autodafé]] de 500 œuvres de Picasso, Léger, Klee et Ernst. Quant aux Soviétiques, ils ont aussi emmené de nombreuses archives et œuvres d'art privées dans les pays qu'ils ont libérés ou occupés en 1944-45, dont fort peu ont revu, après 1990, leur pays d'origine<ref>Le butin de l'Armée rouge dans les pays de l'Est a été prélevé, puis conservé, à titre d'avance sur les [[dommages de guerre]] dus par la [[Deuxième République (Hongrie)|Hongrie]] ou par la [[Royaume de Roumanie|Roumanie]] (300 millions de dollars chacune au [[Traité de Paris (1947)|Traité de paix de Paris]]) : voir par exemple Stefan Lache et Gh. Tutui : ''La Roumanie et la conférence de paix de Paris de 1946'', éd. Dacia, Cluj, 1978.</ref>.


Nombre de vieilles villes japonaises, surtout faites de bois et de papier, ont flambé sous les bombardements. Des villes telle [[Kyoto]] ont toutefois été épargnées par les bombardiers américains en raison de leur patrimoine prestigieux. En Europe, l’[[abbaye territoriale du Mont-Cassin|abbaye du Mont-Cassin]], berceau du monachisme bénédictin au {{s-|VI|e}}, a été bombardée par les alliés lors de la [[bataille de Monte Cassino|bataille du Monte Cassino]] en 1944.
Nombre de vieilles villes japonaises, surtout faites de bois et de papier, ont flambé sous les bombardements. Des villes telle [[Kyoto]] ont toutefois été épargnées par les bombardiers américains en raison de leur patrimoine prestigieux. En Europe, l'[[abbaye territoriale du Mont-Cassin|abbaye du Mont-Cassin]], berceau du monachisme bénédictin au {{s-|VI|e}}, a été bombardée par les alliés lors de la [[bataille de Monte Cassino|bataille du Monte Cassino]] en 1944.


[[Fichier:Royal Air Force Bomber Command, 1942-1945. CL3400.jpg|droite|vignette|Vue aérienne de [[Hambourg]] après l'[[opération Gomorrhe]], 1943.]]
[[Fichier:Royal Air Force Bomber Command, 1942-1945. CL3400.jpg|droite|vignette|Vue aérienne de [[Hambourg]] après l'[[opération Gomorrhe]], 1943.]]
L’historien [[Jörg Friedrich]]<ref>{{Ouvrage | prénom1=Jörg | nom1=Friedrich | lien auteur1=Jörg Friedrich | titre=L’Incendie | sous-titre=l’Allemagne sous les bombes | année=2005 }}.</ref> a établi la liste des dégâts patrimoniaux subis par les villes allemandes : ainsi ont été radicalement dévastées des villes telles [[Berlin]], [[Hambourg]], [[Cologne]], [[Dresde]], [[Nuremberg]], [[Wrocław|Breslau]], ou encore bon nombre de villes moyennes au passé très prestigieux telles [[Potsdam]], [[Fribourg-en-Brisgau|Fribourg]], [[Ulm]], [[Wurtzbourg]], ou [[Bayreuth]]. Les 28 villes de la Ruhr ont aussi été durement bombardées et inondées. En sus de divers cathédrales, palais et centres historiques, ont par exemple flambé les maisons natales de Goethe, de Kleist, de Martin Luther ou des frères Grimm.
L'historien [[Jörg Friedrich]]<ref>{{Ouvrage | prénom1=Jörg | nom1=Friedrich | lien auteur1=Jörg Friedrich | titre=L'Incendie | sous-titre=l'Allemagne sous les bombes | année=2005 }}.</ref> a établi la liste des dégâts patrimoniaux subis par les villes allemandes : ainsi ont été radicalement dévastées des villes telles [[Berlin]], [[Hambourg]], [[Cologne]], [[Dresde]], [[Nuremberg]], [[Wrocław|Breslau]], ou encore bon nombre de villes moyennes au passé très prestigieux telles [[Potsdam]], [[Fribourg-en-Brisgau|Fribourg]], [[Ulm]], [[Wurtzbourg]], ou [[Bayreuth]]. Les 28 villes de la Ruhr ont aussi été durement bombardées et inondées. En sus de divers cathédrales, palais et centres historiques, ont par exemple flambé les maisons natales de Goethe, de Kleist, de Martin Luther ou des frères Grimm.


Jörg Friedrich établit aussi que quelque 40 % des archives allemandes totales ont été perdues, ainsi que quelque 8 millions d’ouvrages des bibliothèques publiques, dont des milliers de thèses irremplaçables, des [[incunable]]s et des manuscrits précieux. À titre d’exemple, la bibliothèque nationale bavaroise de Munich a perdu {{unité|500000|volumes}}, celle de Hambourg {{formatnum:650000}}, celle de l’université de Münster {{formatnum:360000}}. Selon l’historien, « on n’avait jamais brûlé autant de livres de l’histoire de l’Humanité ». Toutefois, la majorité des ouvrages, documents et œuvres d’art amovibles, dissimulés dans des mines, des bunkers ou des fermes, ont été préservés.
Jörg Friedrich établit aussi que quelque 40 % des archives allemandes totales ont été perdues, ainsi que quelque 8 millions d'ouvrages des bibliothèques publiques, dont des milliers de thèses irremplaçables, des [[incunable]]s et des manuscrits précieux. À titre d'exemple, la bibliothèque nationale bavaroise de Munich a perdu {{unité|500000|volumes}}, celle de Hambourg {{formatnum:650000}}, celle de l'université de Münster {{formatnum:360000}}. Selon l'historien, « on n'avait jamais brûlé autant de livres de l'histoire de l'Humanité ». Toutefois, la majorité des ouvrages, documents et œuvres d'art amovibles, dissimulés dans des mines, des bunkers ou des fermes, ont été préservés.


John Keegan relève que les [[Bombardements de Varsovie pendant la Seconde Guerre mondiale|bombardements allemands ont détruit toute la vieille ville de Varsovie]], le centre Renaissance de Rotterdam (détruit en mai 1940) et une grande partie de la [[Cité de Londres|City]] de [[Londres]]. Beaucoup de villes biélorusses ([[Minsk]]), ukrainiennes ([[Kiev]], [[Kherson]], [[Kharkiv|Kharkov]]) et russes ([[Pouchkine (ville)|Tsarskoïe Selo]] près de [[Saint-Pétersbourg|Petrograd/Leningrad]], [[Volgograd|Tsaristyne/Stalingrad]], [[Koursk]]) ont été sévèrement endommagées et ont perdu leurs centres anciens lors de leur conquête par les Allemands ou de leur reconquête par l’Armée rouge. En France, Bordeaux est le seul grand port de la côte atlantique française à sortir à peu près indemne de la guerre, mais les centres médiévaux de [[Caen]] et de [[Rouen]] ont été ravagés par les bombardements américains et les combats de rue. Vienne et Budapest ont été endommagées lors de leur conquête par les Soviétiques. Cependant, relève-t-il, des joyaux tels [[Oxford]] et [[Cambridge]] n’ont jamais été bombardées, ni Athènes ou Venise. Paris a peu souffert dans son patrimoine, alors que les Allemands ont fait sauter tous les ponts de [[Florence]] en août 1944, sauf le [[Ponte Vecchio]], le plus ancien et le plus prestigieux (en fait le seul trop étroit pour les blindés).
John Keegan relève que les [[Bombardements de Varsovie pendant la Seconde Guerre mondiale|bombardements allemands ont détruit toute la vieille ville de Varsovie]], le centre Renaissance de Rotterdam (détruit en mai 1940) et une grande partie de la [[Cité de Londres|City]] de [[Londres]]. Beaucoup de villes biélorusses ([[Minsk]]), ukrainiennes ([[Kiev]], [[Kherson]], [[Kharkiv|Kharkov]]) et russes ([[Pouchkine (ville)|Tsarskoïe Selo]] près de [[Saint-Pétersbourg|Petrograd/Leningrad]], [[Volgograd|Tsaristyne/Stalingrad]], [[Koursk]]) ont été sévèrement endommagées et ont perdu leurs centres anciens lors de leur conquête par les Allemands ou de leur reconquête par l'Armée rouge. En France, Bordeaux est le seul grand port de la côte atlantique française à sortir à peu près indemne de la guerre, mais les centres médiévaux de [[Caen]] et de [[Rouen]] ont été ravagés par les bombardements américains et les combats de rue. Vienne et Budapest ont été endommagées lors de leur conquête par les Soviétiques. Cependant, relève-t-il, des joyaux tels [[Oxford]] et [[Cambridge]] n'ont jamais été bombardées, ni Athènes ou Venise. Paris a peu souffert dans son patrimoine, alors que les Allemands ont fait sauter tous les ponts de [[Florence]] en août 1944, sauf le [[Ponte Vecchio]], le plus ancien et le plus prestigieux (en fait le seul trop étroit pour les blindés).


Après la guerre, beaucoup de centres-villes et de monuments ont dû être reconstruits à l’identique. Quelques-uns sont restés en l'état à titre de mémorial, telle l'[[église du Souvenir de Berlin|église du souvenir]] sur le [[Kurfürstendamm]] de Berlin, d'autres ont simplement disparu. Des impacts de balles sont encore visibles sur certaines façades de monuments parisiens et normands, ainsi à l’[[École militaire (France)|École militaire]], à l’École des Mines ou sur le [[palais de justice de Paris|palais de Justice]] à Paris, également sur le [[Palais de justice de Rouen]]. D’autres cités ravagées ont été après-guerre le laboratoire de l’[[urbanisme]] moderne, ainsi la reconstruction du [[Le Havre|Havre]] confiée à l’architecte [[Auguste Perret]].
Après la guerre, beaucoup de centres-villes et de monuments ont dû être reconstruits à l'identique. Quelques-uns sont restés en l'état à titre de mémorial, telle l'[[église du Souvenir de Berlin|église du souvenir]] sur le [[Kurfürstendamm]] de Berlin, d'autres ont simplement disparu. Des impacts de balles sont encore visibles sur certaines façades de monuments parisiens et normands, ainsi à l'[[École militaire (France)|École militaire]], à l'École des Mines ou sur le [[palais de justice de Paris|palais de Justice]] à Paris, également sur le [[Palais de justice de Rouen]]. D'autres cités ravagées ont été après-guerre le laboratoire de l'[[urbanisme]] moderne, ainsi la reconstruction du [[Le Havre|Havre]] confiée à l'architecte [[Auguste Perret]].


Beaucoup de villes ou villages ont perdu leurs quartiers historiques, tels que ceux situés en [[Normandie]], notamment durant le printemps 1940 et en 1944. Dans cette région seule, en plus des pertes civiles d'au moins {{nombre|20000|victimes}}, des pertes et dégâts culturels sont à déplorer.
Beaucoup de villes ou villages ont perdu leurs quartiers historiques, tels que ceux situés en [[Normandie]], notamment durant le printemps 1940 et en 1944. Dans cette région seule, en plus des pertes civiles d'au moins {{nombre|20000|victimes}}, des pertes et dégâts culturels sont à déplorer.
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{{Article détaillé|Postérité de la Seconde Guerre mondiale}}
{{Article détaillé|Postérité de la Seconde Guerre mondiale}}
[[Fichier:Colonization 1945 français.png|vignette|droite|Situation des colonies en 1945, au sortir de la Seconde Guerre mondiale : la [[décolonisation]] s'opère avec l'effacement des anciennes métropoles au profit des deux [[superpuissance]]s de la guerre froide en devenir (États-Unis et URSS).]]
[[Fichier:Colonization 1945 français.png|vignette|droite|Situation des colonies en 1945, au sortir de la Seconde Guerre mondiale : la [[décolonisation]] s'opère avec l'effacement des anciennes métropoles au profit des deux [[superpuissance]]s de la guerre froide en devenir (États-Unis et URSS).]]
La fin du conflit planétaire ne signifie pas partout le retour à la paix. Des guérillas à la fois antisoviétiques et antiallemandes continuent à se battre aux confins de l’Ukraine et des Pays baltes jusqu’en 1946, voire jusqu’à la fin des années 1940. La Grèce dès décembre 1944, la Chine en 1945 sombrent dans la guerre civile jusqu’en 1949, tandis que de longues guerres d’indépendance commencent immédiatement en Palestine, en Indonésie, en Indochine. En [[Indochine française]], le [[Việt Minh]] prend le contrôle d'une partie du territoire au cours de l'épisode dit de la [[Révolution d'Août]] : son chef, [[Hô Chi Minh]], proclame le 2 septembre l'indépendance de la [[république démocratique du Viêt Nam]]. La situation débouche l'année suivante sur la [[guerre d'Indochine]]. Aux [[Indes orientales néerlandaises]], coupées de leur métropole par l'occupation japonaise, [[Soekarno]] proclame le 17 août 1945 l'[[Proclamation de l'indépendance de l'Indonésie|indépendance de l'Indonésie]] : l'opposition des [[Pays-Bas]] débouche sur la période dite de la [[Révolution nationale indonésienne]]. En [[Algérie française]], le [[massacre de Sétif, Guelma et Kherrata|massacre de Sétif]], survenu le jour même de la capitulation allemande ({{date-|8|mai|1945}}), annonce la future [[guerre d'Algérie]] (1954). En [[Palestine mandataire|Palestine sous mandat britannique]], les conflits entre mouvements Juifs sionistes, Arabes et Britanniques débouchent à la fin 1947 sur le [[plan de partage de la Palestine]], dont le refus par les Arabes entraine la [[guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire|guerre civile de 1947-48]].
La fin du conflit planétaire ne signifie pas partout le retour à la paix. Des guérillas à la fois antisoviétiques et antiallemandes continuent à se battre aux confins de l'Ukraine et des Pays baltes jusqu'en 1946, voire jusqu'à la fin des années 1940. La Grèce dès décembre 1944, la Chine en 1945 sombrent dans la guerre civile jusqu'en 1949, tandis que de longues guerres d'indépendance commencent immédiatement en Palestine, en Indonésie, en Indochine. En [[Indochine française]], le [[Việt Minh]] prend le contrôle d'une partie du territoire au cours de l'épisode dit de la [[Révolution d'Août]] : son chef, [[Hô Chi Minh]], proclame le 2 septembre l'indépendance de la [[république démocratique du Viêt Nam]]. La situation débouche l'année suivante sur la [[guerre d'Indochine]]. Aux [[Indes orientales néerlandaises]], coupées de leur métropole par l'occupation japonaise, [[Soekarno]] proclame le 17 août 1945 l'[[Proclamation de l'indépendance de l'Indonésie|indépendance de l'Indonésie]] : l'opposition des [[Pays-Bas]] débouche sur la période dite de la [[Révolution nationale indonésienne]]. En [[Algérie française]], le [[massacre de Sétif, Guelma et Kherrata|massacre de Sétif]], survenu le jour même de la capitulation allemande ({{date-|8|mai|1945}}), annonce la future [[guerre d'Algérie]] (1954). En [[Palestine mandataire|Palestine sous mandat britannique]], les conflits entre mouvements Juifs sionistes, Arabes et Britanniques débouchent à la fin 1947 sur le [[plan de partage de la Palestine]], dont le refus par les Arabes entraine la [[guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire|guerre civile de 1947-48]].


Après la Seconde Guerre mondiale se sont dessinés les rapports de forces qui ont caractérisé la [[guerre froide]], mais aussi un grand nombre de situations géopolitiques actuelles.
Après la Seconde Guerre mondiale se sont dessinés les rapports de forces qui ont caractérisé la [[guerre froide]], mais aussi un grand nombre de situations géopolitiques actuelles.


Le travail de reconstitution historique de cette période est toujours en cours, et sujet à de nombreuses controverses, propres à exacerber les sensibilités nationales : la collaboration française sous Vichy en est un exemple. Les affrontements violents entre collaborateurs et résistants en France, en Italie ou dans les Balkans, ont causé des traumatismes durables, et le conflit meurtrier en ex-Yougoslavie (1991-1995) a vu ressurgir explicitement bien des vieilles rancunes. En Asie, les habitants des pays limitrophes du Japon (particulièrement la Chine et la Corée) restent inquiets du [[révisionnisme au Japon|révisionnisme japonais]], d’autant que le gouvernement du Japon d’après-guerre a toujours fait preuve d’ambiguité concernant son rôle pendant la période impérialiste (qui commence en 1910 avec la colonisation de la Corée, c’est-à-dire bien avant le début de la Seconde Guerre mondiale) à l’image des visites répétées de personnalités politiques japonaises au très controversé [[Yasukuni-jinja|sanctuaire Yasukuni]] ou encore du [[Révisionnisme au Japon|problème des manuels scolaires japonais]], qui tendent à embellir le passé du Japon.
Le travail de reconstitution historique de cette période est toujours en cours, et sujet à de nombreuses controverses, propres à exacerber les sensibilités nationales : la collaboration française sous Vichy en est un exemple. Les affrontements violents entre collaborateurs et résistants en France, en Italie ou dans les Balkans, ont causé des traumatismes durables, et le conflit meurtrier en ex-Yougoslavie (1991-1995) a vu ressurgir explicitement bien des vieilles rancunes. En Asie, les habitants des pays limitrophes du Japon (particulièrement la Chine et la Corée) restent inquiets du [[révisionnisme au Japon|révisionnisme japonais]], d'autant que le gouvernement du Japon d'après-guerre a toujours fait preuve d'ambiguité concernant son rôle pendant la période impérialiste (qui commence en 1910 avec la colonisation de la Corée, c'est-à-dire bien avant le début de la Seconde Guerre mondiale) à l'image des visites répétées de personnalités politiques japonaises au très controversé [[Yasukuni-jinja|sanctuaire Yasukuni]] ou encore du [[Révisionnisme au Japon|problème des manuels scolaires japonais]], qui tendent à embellir le passé du Japon.


Par ailleurs, le [[génocide juif]] a donné lieu à un important programme de dédommagements de guerre. Toutefois, les Alliés n’ont pas souhaité répéter l’erreur des dédommagements trop lourds exigés à l’Allemagne après la Première Guerre mondiale (voir ''[[Réparations de la Première Guerre mondiale]]''), ce qui a permis au pays de connaître un « miracle économique », et d’intégrer la [[Communauté européenne du charbon et de l'acier|Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA)]], prélude à la [[Communauté européenne]]. Le [[plan Marshall]] a permis aux économies européennes de se reconstruire.
Par ailleurs, le [[génocide juif]] a donné lieu à un important programme de dédommagements de guerre. Toutefois, les Alliés n'ont pas souhaité répéter l'erreur des dédommagements trop lourds exigés à l'Allemagne après la Première Guerre mondiale (voir ''[[Réparations de la Première Guerre mondiale]]''), ce qui a permis au pays de connaître un « miracle économique », et d'intégrer la [[Communauté européenne du charbon et de l'acier|Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA)]], prélude à la [[Communauté européenne]]. Le [[plan Marshall]] a permis aux économies européennes de se reconstruire.


== Bilan ==
== Bilan ==
{{Article détaillé|Bilan de la Seconde Guerre mondiale|Pertes humaines pendant la Seconde Guerre mondiale}}
{{Article détaillé|Bilan de la Seconde Guerre mondiale|Pertes humaines pendant la Seconde Guerre mondiale}}


Ce conflit fut le plus coûteux en vies humaines de toute l’histoire de l’[[humanité]]. On recense plus de 55 millions de morts (dont 39 millions d'Européens)<ref>L'état du monde en 1945, La découverte, 1994.</ref> avec plus de [[victimes civiles]] que militaires. L’[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] a payé le plus lourd tribut avec plus de 26 millions de victimes ({{formatnum:26600000}} en réalité), civils et militaires (14 % de sa population).
Ce conflit fut le plus coûteux en vies humaines de toute l'histoire de l'[[humanité]]. On recense plus de 55 millions de morts (dont 39 millions d'Européens)<ref>L'état du monde en 1945, La découverte, 1994.</ref> avec plus de [[victimes civiles]] que militaires. L'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] a payé le plus lourd tribut avec plus de 26 millions de victimes ({{formatnum:26600000}} en réalité), civils et militaires (14 % de sa population).


Des peuples entiers sont presque décimés : les trois quarts des [[Juifs]] d’Europe ont péri par suite du génocide. Le plus terrible s’est produit en Europe centrale et orientale : la [[Pologne]] a perdu 18 % de sa population, la Yougoslavie plus de 10,6 %, et la [[République socialiste soviétique de Biélorussie|Biélorussie]] (au sein de l'URSS), entre 25 et 33 % de sa population. Combats, pillages, terres brûlées et sabotages ont ravagé l'économie. Les populations en sortent démunies.
Des peuples entiers sont presque décimés : les trois quarts des [[Juifs]] d'Europe ont péri par suite du génocide. Le plus terrible s'est produit en Europe centrale et orientale : la [[Pologne]] a perdu 18 % de sa population, la Yougoslavie plus de 10,6 %, et la [[République socialiste soviétique de Biélorussie|Biélorussie]] (au sein de l'URSS), entre 25 et 33 % de sa population. Combats, pillages, terres brûlées et sabotages ont ravagé l'économie. Les populations en sortent démunies.


Nombre de régions et de villes ont connu des bombardements ravageant plusieurs quartiers : [[Rotterdam]], [[Bruxelles]], [[Liège]] entre autres. D'autres sont radicalement ravagées : [[Caen]], [[Le Havre]], [[Rouen]], [[Saint-Lô]], [[Hiroshima]], [[Nagasaki]], [[Tokyo]], [[Hambourg]], [[Dresde]], [[Volgograd|Stalingrad]], [[Saint-Pétersbourg|Leningrad]], [[Sébastopol]], [[Kharkiv|Kharkov]], [[Varsovie]], [[Budapest]], [[Berlin]] sont les plus connues. Un grand nombre de pays demandent également réparation de guerre à l'Axe. Les [[Pays-Bas]] vont jusqu'à proposer un [[Plan Bakker-Schut|Plan d'annexion d'une partie de l'Allemagne]], et [[Opération Black Tulip|renvoient]] en Allemagne les citoyens allemands ayant aidé le [[Reich allemand|Reich]] lors de son occupation du pays.
Nombre de régions et de villes ont connu des bombardements ravageant plusieurs quartiers : [[Rotterdam]], [[Bruxelles]], [[Liège]] entre autres. D'autres sont radicalement ravagées : [[Caen]], [[Le Havre]], [[Rouen]], [[Saint-Lô]], [[Hiroshima]], [[Nagasaki]], [[Tokyo]], [[Hambourg]], [[Dresde]], [[Volgograd|Stalingrad]], [[Saint-Pétersbourg|Leningrad]], [[Sébastopol]], [[Kharkiv|Kharkov]], [[Varsovie]], [[Budapest]], [[Berlin]] sont les plus connues. Un grand nombre de pays demandent également réparation de guerre à l'Axe. Les [[Pays-Bas]] vont jusqu'à proposer un [[Plan Bakker-Schut|Plan d'annexion d'une partie de l'Allemagne]], et [[Opération Black Tulip|renvoient]] en Allemagne les citoyens allemands ayant aidé le [[Reich allemand|Reich]] lors de son occupation du pays.
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[[Fichier:PropagandaNaziJapaneseMonster.gif|vignette|Telle qu'illustrée par cette affiche du Bureau d'Information sur la Guerre du gouvernement américain, la [[propagande]] joua un rôle important dans la mobilisation des populations.]]
[[Fichier:PropagandaNaziJapaneseMonster.gif|vignette|Telle qu'illustrée par cette affiche du Bureau d'Information sur la Guerre du gouvernement américain, la [[propagande]] joua un rôle important dans la mobilisation des populations.]]


La [[Radiodiffusion|radio]] fut pendant toute la guerre une arme de [[propagande]] fondamentale. Sous l’occupation nazie, des millions d’Européens écoutèrent chaque jour en cachette la [[British Broadcasting Corporation|BBC]], dont les émissions en toutes les langues entretenaient l’espoir. [[Winston Churchill]] galvanisa le Parlement, la nation britannique et les peuples occupés à coup de discours radiodiffusés, et [[Charles de Gaulle]], surnommé le "général Micro" par la propagande vichyste, ne fut longtemps qu’une voix pour beaucoup de Français.
La [[Radiodiffusion|radio]] fut pendant toute la guerre une arme de [[propagande]] fondamentale. Sous l'occupation nazie, des millions d'Européens écoutèrent chaque jour en cachette la [[British Broadcasting Corporation|BBC]], dont les émissions en toutes les langues entretenaient l'espoir. [[Winston Churchill]] galvanisa le Parlement, la nation britannique et les peuples occupés à coup de discours radiodiffusés, et [[Charles de Gaulle]], surnommé le "général Micro" par la propagande vichyste, ne fut longtemps qu'une voix pour beaucoup de Français.


La [[Radio Londres|radio de Londres]] accueillit les célèbres chroniques de [[Jean Oberlé]], de [[Maurice Schumann]] et de [[Pierre Dac]] dans le cadre des émissions « Honneur et Patrie » et « [[Les Français parlent aux Français]] ». L’audience énorme acquise par leur ennemi, le redoutable orateur ultra-[[collaboration (pays occupé)|collaborationniste]] [[Philippe Henriot]], obligea la [[Résistance intérieure française|Résistance]] à exécuter ce dernier ({{date-|27|juin|1944}}).
La [[Radio Londres|radio de Londres]] accueillit les célèbres chroniques de [[Jean Oberlé]], de [[Maurice Schumann]] et de [[Pierre Dac]] dans le cadre des émissions « Honneur et Patrie » et « [[Les Français parlent aux Français]] ». L'audience énorme acquise par leur ennemi, le redoutable orateur ultra-[[collaboration (pays occupé)|collaborationniste]] [[Philippe Henriot]], obligea la [[Résistance intérieure française|Résistance]] à exécuter ce dernier ({{date-|27|juin|1944}}).


Les Belges [[Jan Moedwil]] et [[Victor de Laveleye]] parlent au nom de leur gouvernement en exil, de Laveleye inventant un signe de propagande qui devient vite fameux. Il s'agit du signe V exécuté, pour signifier la première lettre du mot Victoire/Victory, avec l'index et le majeur de la main, signe que peuvent exécuter, par défi, les habitants des pays occupés et qui devient vite mondialement connu grâce au premier ministre britannique Winston Churchill à qui on en attribue souvent, et à tort, la paternité.
Les Belges [[Jan Moedwil]] et [[Victor de Laveleye]] parlent au nom de leur gouvernement en exil, de Laveleye inventant un signe de propagande qui devient vite fameux. Il s'agit du signe V exécuté, pour signifier la première lettre du mot Victoire/Victory, avec l'index et le majeur de la main, signe que peuvent exécuter, par défi, les habitants des pays occupés et qui devient vite mondialement connu grâce au premier ministre britannique Winston Churchill à qui on en attribue souvent, et à tort, la paternité.


Sont également passées à la postérité les émissions antinazies de [[Thomas Mann]], qui joutait avec [[Joseph Goebbels|Goebbels]] par-delà l’Atlantique, ou les chroniques de [[George Orwell]] en Grande-Bretagne. Avides de nouvelles impartiales, beaucoup de francophones appréciaient aussi la radio suisse, et notamment les éditoriaux réputés de René Payot.
Sont également passées à la postérité les émissions antinazies de [[Thomas Mann]], qui joutait avec [[Joseph Goebbels|Goebbels]] par-delà l'Atlantique, ou les chroniques de [[George Orwell]] en Grande-Bretagne. Avides de nouvelles impartiales, beaucoup de francophones appréciaient aussi la radio suisse, et notamment les éditoriaux réputés de René Payot.


Chaque camp utilisa à ses micros des ressortissants du pays ennemi pour saper le moral de ses civils et de ses soldats. Dès la Drôle de Guerre, [[Joseph Goebbels|Goebbels]] fit parler au micro de Radio-Stuttgart, non sans succès, un animateur francophone identifié comme étant le journaliste pronazi [[Paul Ferdonnet]]. [[William Joyce]], dit « Lord Haw-Haw », un Américain d'origine [[Irlande du Nord|nord-irlandaise]], anima des émissions de propagande pro-allemande à destination du [[Royaume-Uni]], que captèrent des millions d’auditeurs. Les Japonais utilisèrent également les services de diverses speakerines nippo-américaines ou anglophones, désignées par les [[GI (soldat)|GI]] sous le nom collectif de ''Tokyo Rose'' (« la Rose de Tokyo »). Inversement, le Ml [[Friedrich Paulus|Paulus]], le vaincu de Stalingrad, parla à la radio de Moscou.
Chaque camp utilisa à ses micros des ressortissants du pays ennemi pour saper le moral de ses civils et de ses soldats. Dès la Drôle de Guerre, [[Joseph Goebbels|Goebbels]] fit parler au micro de Radio-Stuttgart, non sans succès, un animateur francophone identifié comme étant le journaliste pronazi [[Paul Ferdonnet]]. [[William Joyce]], dit « Lord Haw-Haw », un Américain d'origine [[Irlande du Nord|nord-irlandaise]], anima des émissions de propagande pro-allemande à destination du [[Royaume-Uni]], que captèrent des millions d'auditeurs. Les Japonais utilisèrent également les services de diverses speakerines nippo-américaines ou anglophones, désignées par les [[GI (soldat)|GI]] sous le nom collectif de ''Tokyo Rose'' (« la Rose de Tokyo »). Inversement, le Ml [[Friedrich Paulus|Paulus]], le vaincu de Stalingrad, parla à la radio de Moscou.


Cinq volumes de chroniques françaises de la [[British Broadcasting Corporation|BBC]] ont été éditées par [[Jean-Louis Crémieux-Brilhac]] sous le titre ''Les voix de la liberté. Ici Londres'', La Documentation française, 1975.
Cinq volumes de chroniques françaises de la [[British Broadcasting Corporation|BBC]] ont été éditées par [[Jean-Louis Crémieux-Brilhac]] sous le titre ''Les voix de la liberté. Ici Londres'', La Documentation française, 1975.
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[[Fichier:News. V.E. Day BAnQ P48S1P12270.jpg|vignette|280px|Deux jeunes femmes lisant la [[Une (journalisme)|une]] du ''[[Montreal Daily Star]]'' annonçant la capitulation allemande et la fin imminente de la Deuxième Guerre mondiale, 7 mai 1945.]]
[[Fichier:News. V.E. Day BAnQ P48S1P12270.jpg|vignette|280px|Deux jeunes femmes lisant la [[Une (journalisme)|une]] du ''[[Montreal Daily Star]]'' annonçant la capitulation allemande et la fin imminente de la Deuxième Guerre mondiale, 7 mai 1945.]]


Nombre de grands écrivains ont été correspondants de guerre, ainsi l’Américain [[Ernest Hemingway]] qui témoigna de la [[libération de Paris]], ou sur le front russe les romanciers [[Ilya Ehrenbourg]] et [[Vassili Grossman]], lequel fut le premier journaliste à découvrir les ruines du [[camps d'extermination nazis|camp d'extermination]] de [[Camp d'extermination de Treblinka|Treblinka]].
Nombre de grands écrivains ont été correspondants de guerre, ainsi l'Américain [[Ernest Hemingway]] qui témoigna de la [[libération de Paris]], ou sur le front russe les romanciers [[Ilya Ehrenbourg]] et [[Vassili Grossman]], lequel fut le premier journaliste à découvrir les ruines du [[camps d'extermination nazis|camp d'extermination]] de [[Camp d'extermination de Treblinka|Treblinka]].


Étroitement censurée par les Allemands et leurs collaborateurs, et souvent compromise, la [[Presse écrite|presse]] fut soumise à une sévère épuration en France libérée, l’historien Patrick Eveno estimant que 90 % des titres ont disparu ou changé de main.
Étroitement censurée par les Allemands et leurs collaborateurs, et souvent compromise, la [[Presse écrite|presse]] fut soumise à une sévère épuration en France libérée, l'historien Patrick Eveno estimant que 90 % des titres ont disparu ou changé de main.


''[[Le Temps (1861-1942)|Le Temps]]'' fut ainsi remplacé par ''[[Le Monde]]'' dès {{date-||décembre|1944}}, ''L’Auto'' par ''[[L'Équipe]]'', ou ''[[Paris-Soir]]'' par ''[[Le Parisien|Le Parisien Libéré]]''. Fondés en pleine clandestinité, de nombreux journaux de la Résistance entamaient aussi une carrière plus ou moins longue, à l’image de ''[[Libération (journal, 1941-1964)|Libération]]'', de ''[[Franc-Tireur]]'' ou du ''[[Le Dauphiné libéré|Dauphiné libéré]]''. ''[[Combat]]'', qui s’attache [[Albert Camus]] à la Libération, perdure ainsi jusqu’en 1972, de même que ''[[Les Lettres françaises]]'' de [[Louis Aragon]], revue littéraire qui a vu ses fondateurs Jacques Decours et [[Georges Politzer]] fusillés par l’occupant dès 1942. ''[[Défense de la France]]'', fondé dans le sous-sol de la Sorbonne le 14 juillet 1941, engendre ''[[France-Soir]]'' en septembre 1944.
''[[Le Temps (1861-1942)|Le Temps]]'' fut ainsi remplacé par ''[[Le Monde]]'' dès {{date-||décembre|1944}}, ''L'Auto'' par ''[[L'Équipe]]'', ou ''[[Paris-Soir]]'' par ''[[Le Parisien|Le Parisien Libéré]]''. Fondés en pleine clandestinité, de nombreux journaux de la Résistance entamaient aussi une carrière plus ou moins longue, à l'image de ''[[Libération (journal, 1941-1964)|Libération]]'', de ''[[Franc-Tireur]]'' ou du ''[[Le Dauphiné libéré|Dauphiné libéré]]''. ''[[Combat]]'', qui s'attache [[Albert Camus]] à la Libération, perdure ainsi jusqu'en 1972, de même que ''[[Les Lettres françaises]]'' de [[Louis Aragon]], revue littéraire qui a vu ses fondateurs Jacques Decours et [[Georges Politzer]] fusillés par l'occupant dès 1942. ''[[Défense de la France]]'', fondé dans le sous-sol de la Sorbonne le 14 juillet 1941, engendre ''[[France-Soir]]'' en septembre 1944.


En Belgique, la presse clandestine se déploie, parfois pour retrouver sa tradition de la {{1re}} Guerre mondiale, comme dans le cas de la Libre Belgique imprimée très professionnellement, mais, le plus souvent, sous la forme de feuilles imprimées avec des moyens modestes ou encore de journaux d'origine syndicale. Un coup extraordinaire est réussi par une équipe de résistants qui imite Le Soir, journal remontant au {{s-|XIX}}, mais réquisitionné par les Allemands pour devenir une feuille pro allemande d'où son surnom de « Soir volé ». L'imitation distribuée dans les kiosques ressemble, à première vue, à son modèle, mais le contenu en est truffé d'articles d'informations et de plaisanteries anti nazies. Des milliers d'exemplaires sont dans les mains de la population ébaubie, mais les Allemands n'auront de cesse de découvrir les coupables dont certains seront déportés et fusillés.
En Belgique, la presse clandestine se déploie, parfois pour retrouver sa tradition de la Première Guerre mondiale, comme dans le cas de ''[[La Libre Belgique]]'' imprimée très professionnellement, mais, le plus souvent, sous la forme de feuilles imprimées avec des moyens modestes ou encore de journaux d'origine syndicale. Un coup extraordinaire est réussi par une équipe de résistants qui imite Le Soir, journal remontant au {{s-|XIX}}, mais réquisitionné par les Allemands pour devenir une feuille pro allemande d'où son surnom de « Soir volé ». L'imitation distribuée dans les kiosques ressemble, à première vue, à son modèle, mais le contenu en est truffé d'articles d'informations et de plaisanteries anti nazies. Des milliers d'exemplaires sont dans les mains de la population ébaubie, mais les Allemands n'auront de cesse de découvrir les coupables dont certains seront déportés et fusillés.


=== Photographie ===
=== Photographie ===
[[Fichier:Kissing the War Goodbye.jpg|vignette|150px|Embrassade à [[Times Square]] ([[New York]]) le jour du V-J.]]
[[Fichier:Kissing the War Goodbye.jpg|vignette|150px|Embrassade à [[Times Square]] ([[New York]]) le jour du V-J.]]


Parmi les nombreux photographes de guerre, on peut citer [[Robert Capa]], présent le [[jour J]] sur les plages d’[[Omaha Beach]].
Parmi les nombreux photographes de guerre, on peut citer [[Robert Capa]], présent le [[jour J]] sur les plages d'[[Omaha Beach]].


Nombre de photos aux auteurs moins connus du grand public sont entrées dans la mémoire collective, ainsi le célèbre cliché des [[Raising the Flag on Iwo Jima|Américains plantant la bannière étoilée au sommet]] d’[[Iwo Jima]], ou celui des Soviétiques Iegorov et Kantara [[Le Drapeau rouge sur le Reichstag|attachant le drapeau rouge]] sur le [[Palais du Reichstag|Reichstag]].
Nombre de photos aux auteurs moins connus du grand public sont entrées dans la mémoire collective, ainsi le célèbre cliché des [[Raising the Flag on Iwo Jima|Américains plantant la bannière étoilée au sommet]] d'[[Iwo Jima]], ou celui des Soviétiques Iegorov et Kantara [[Le Drapeau rouge sur le Reichstag|attachant le drapeau rouge]] sur le [[Palais du Reichstag|Reichstag]].


La ''[[V-J Day in Times Square]]'', photo emblématique du "[[Jour de la victoire sur le Japon|V-J Day]]" (''Victory over Japan'') reste celle qui fit la couverture de ''Life Magazine'', prise à [[Times Square]] le 14 août 1945 (heure de la Côte Est) ; on la doit au photojournaliste allemand [[Alfred Eisenstaedt]].
La ''[[V-J Day in Times Square]]'', photo emblématique du "[[Jour de la victoire sur le Japon|V-J Day]]" (''Victory over Japan'') reste celle qui fit la couverture de ''Life Magazine'', prise à [[Times Square]] le 14 août 1945 (heure de la Côte Est) ; on la doit au photojournaliste allemand [[Alfred Eisenstaedt]].
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{{Article détaillé|Œuvre littéraire inspirée par la Seconde Guerre mondiale|Seconde Guerre mondiale dans la bande dessinée}}
{{Article détaillé|Œuvre littéraire inspirée par la Seconde Guerre mondiale|Seconde Guerre mondiale dans la bande dessinée}}


Fondées dans la clandestinité, [[les Éditions de minuit|les Éditions de Minuit]] entretinrent la résistance intellectuelle en France, publiant notamment ''[[Le Silence de la mer]]'' de [[Vercors (écrivain)|Vercors]] (1941), un appel à opposer un mutisme digne aux tentatives de séduction de l’occupant.
Fondées dans la clandestinité, [[les Éditions de minuit|les Éditions de Minuit]] entretinrent la résistance intellectuelle en France, publiant notamment ''[[Le Silence de la mer]]'' de [[Vercors (écrivain)|Vercors]] (1941), un appel à opposer un mutisme digne aux tentatives de séduction de l'occupant.


Des recueils collectifs tels que ''Le Cahier noir'' ou ''L’Honneur des Poètes'' (1943) répliquèrent aux écrivains collaborationnistes tels que [[Louis-Ferdinand Céline|Céline]], [[Robert Brasillach|Brasillach]], [[Lucien Rebatet]]. Des auteurs célèbres tels le prix Nobel norvégien [[Knut Hamsun]] ou le philosophe italien [[Giovanni Gentile]] mirent aussi leur plume au service de la cause allemande.
Des recueils collectifs tels que ''Le Cahier noir'' ou ''L'Honneur des Poètes'' (1943) répliquèrent aux écrivains collaborationnistes tels que [[Louis-Ferdinand Céline|Céline]], [[Robert Brasillach|Brasillach]], [[Lucien Rebatet]]. Des auteurs célèbres tels le prix Nobel norvégien [[Knut Hamsun]] ou le philosophe italien [[Giovanni Gentile]] mirent aussi leur plume au service de la cause allemande.


L'une des premières bandes dessinées destinées à édifier la jeunesse sur le déroulement du conflit fut ''[[La bête est morte !]]'' par Calvo (juin 1945). ''[[Maus]]'', composée par [[Art Spiegelman]], aborde la Shoah.
L'une des premières bandes dessinées destinées à édifier la jeunesse sur le déroulement du conflit fut ''[[La bête est morte !]]'' par Calvo (juin 1945). ''[[Maus]]'', composée par [[Art Spiegelman]], aborde la Shoah.


Beaucoup d'écrivains choisirent de ne pas publier pendant la durée de la guerre pour ne pas devoir passer par les services d'éditeurs contrôlés par l’occupant, ainsi [[André Malraux]] ou [[Roger Martin du Gard]]. Cependant, en France, où la vie culturelle fut particulièrement animée et brillante pendant la guerre, une très large partie de la production théâtrale, littéraire ou philosophique ne fit aucune allusion au conflit en cours, bien des créateurs semblant s’accommoder plus ou moins de la mainmise allemande sur leurs éditeurs en particulier et sur la vie culturelle en général ([[Philippe Burrin]], ''[[La France à l'heure allemande 1940-1944]]'', Seuil, 1995).
Beaucoup d'écrivains choisirent de ne pas publier pendant la durée de la guerre pour ne pas devoir passer par les services d'éditeurs contrôlés par l'occupant, ainsi [[André Malraux]] ou [[Roger Martin du Gard]]. Cependant, en France, où la vie culturelle fut particulièrement animée et brillante pendant la guerre, une très large partie de la production théâtrale, littéraire ou philosophique ne fit aucune allusion au conflit en cours, bien des créateurs semblant s'accommoder plus ou moins de la mainmise allemande sur leurs éditeurs en particulier et sur la vie culturelle en général ([[Philippe Burrin]], ''[[La France à l'heure allemande 1940-1944]]'', Seuil, 1995).


De nombreux poètes écrivirent pour la [[Résistance intérieure française|Résistance]], ainsi [[Louis Aragon]] composant ''[[La Rose et le Réséda]]'' pour exalter l’union de « celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas », ou [[Paul Éluard]] composant ''Liberté'' ou chantant le martyre de [[Gabriel Péri]]. Ils furent parfois victimes de la répression, ainsi [[Robert Desnos]] en France, Kak Munj au Danemark.
De nombreux poètes écrivirent pour la [[Résistance intérieure française|Résistance]], ainsi [[Louis Aragon]] composant ''[[La Rose et le Réséda]]'' pour exalter l'union de « celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas », ou [[Paul Éluard]] composant ''Liberté'' ou chantant le martyre de [[Gabriel Péri]]. Ils furent parfois victimes de la répression, ainsi [[Robert Desnos]] en France, Kak Munj au Danemark.


Des témoins cherchant à analyser les causes de la guerre et de la défaite produisirent des œuvres que leur lucidité reconnue et leur finesse d'écriture rendent toujours utilisables aujourd’hui, ainsi l’historien [[Marc Bloch]] (fusillé pour Résistance par les nazis) rédigeant ''L'Étrange Défaite'' dès l'été 1940, ou le philosophe catholique [[Jacques Maritain]], militant de la [[France libre]], publiant ''À travers le désastre'' à New York.
Des témoins cherchant à analyser les causes de la guerre et de la défaite produisirent des œuvres que leur lucidité reconnue et leur finesse d'écriture rendent toujours utilisables aujourd'hui, ainsi l'historien [[Marc Bloch]] (fusillé pour Résistance par les nazis) rédigeant ''L'Étrange Défaite'' dès l'été 1940, ou le philosophe catholique [[Jacques Maritain]], militant de la [[France libre]], publiant ''À travers le désastre'' à New York.


De nombreux contemporains tinrent des journaux intimes souvent de grande qualité, tels [[Ernst Jünger]], affecté dans les forces d’occupation à Paris, le professeur résistant [[Jean Guéhenno]] en France, ou à Amsterdam la très jeune [[Anne Frank]], victime de la [[Shoah]].
De nombreux contemporains tinrent des journaux intimes souvent de grande qualité, tels [[Ernst Jünger]], affecté dans les forces d'occupation à Paris, le professeur résistant [[Jean Guéhenno]] en France, ou à Amsterdam la très jeune [[Anne Frank]], victime de la [[Shoah]].


Le traumatisme immense causé par la Déportation se reflète dès l’immédiat après-guerre dans les nombreux récits aussitôt produits par des rescapés des [[camp de concentration|camps de concentration]], qu’ils soient politiques (''L’Espèce humaine'' de [[Robert Antelme]], ''L’Univers concentrationnaire'' de [[David Rousset]], prix Goncourt 1946) ou juifs (ainsi [[Primo Levi]]).
Le traumatisme immense causé par la Déportation se reflète dès l'immédiat après-guerre dans les nombreux récits aussitôt produits par des rescapés des [[camp de concentration|camps de concentration]], qu'ils soient politiques (''L'Espèce humaine'' de [[Robert Antelme]], ''L'Univers concentrationnaire'' de [[David Rousset]], prix Renaudot 1946) ou juifs (ainsi [[Primo Levi]]).


Après sa conclusion, la Seconde Guerre mondiale n’allait pas cesser d'être une source intarissable d’inspiration et de réflexion pour les auteurs, qu’ils aient ou non vécu les évènements. En témoignerait encore, tout récemment, le succès en librairie des ''[[Les Bienveillantes|Bienveillantes]]'' de Johnattan Littel ([[2006]]).
Après sa conclusion, la Seconde Guerre mondiale n'allait pas cesser d'être une source intarissable d'inspiration et de réflexion pour les auteurs, qu'ils aient ou non vécu les évènements. En témoignerait encore, tout récemment, le succès en librairie des ''[[Les Bienveillantes|Bienveillantes]]'' de Johnattan Littel ([[2006]]).


=== Chansons et poèmes ===
=== Chansons et poèmes ===
* ''[[It's a Long Way to Tipperary]]'' : chanson britannique (1912).
* ''[[It's a Long Way to Tipperary]]'' : chanson britannique (1912).
* ''[[Bella ciao (chant)|Bella ciao]]'' : chant de révolte italien (1944).
* ''[[Bella ciao (chant)|Bella ciao]]'' : chant de révolte italien (1944).
* ''[[Lili Marleen]]'' : chanson allemande avec des paroles inspirées d’un poème du soldat [[Hans Leip]], sur une musique de [[Norbert Schultze]].
* ''[[Lili Marleen]]'' : chanson allemande avec des paroles inspirées d'un poème du soldat [[Hans Leip]], sur une musique de [[Norbert Schultze]].
* ''[[Le Chant des partisans]]'' : chanson française avec des paroles de [[Maurice Druon]] et [[Joseph Kessel]] sur une musique de [[Anna Marly]].
* ''[[Le Chant des partisans]]'' : chanson française avec des paroles de [[Maurice Druon]] et [[Joseph Kessel]] sur une musique de [[Anna Marly]].
* ''[[Le Chant des déportés]]'' (ou ''Chant des marais'') : chant composé, en 1934 par les détenus du K.Z. de Borgermoor.
* ''[[Le Chant des déportés]]'' (ou ''Chant des marais'') : chant composé, en 1934 par les détenus du K.Z. de Borgermoor.
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* ''[[In the Mood]]'' : instrumental américain de [[Glenn Miller]].
* ''[[In the Mood]]'' : instrumental américain de [[Glenn Miller]].
* ''[[Les Ricains]]'' par [[Michel Sardou]] : évocation postérieure à la guerre.
* ''[[Les Ricains]]'' par [[Michel Sardou]] : évocation postérieure à la guerre.
* Divers chants patriotiques soviétiques ont aussi marqué cette guerre, et notamment ''Moskva'' (Moscou) et ''Stalingrad'', évoquant la résistance de ces deux villes, ainsi que ''Plaine Oh ma Plaine…''. En outre, un chant communiste plus ancien revint alors à l’actualité, le [[Chant des partisans de l'Amour|chant russe des Partisans]] ''(« À l’appel du Grand Lénine, se levaient les partisans…<ref>[http://www.chambre-claire.com/PAROLES/Les-Partisans.htm]</ref>»)''.
* Divers chants patriotiques soviétiques ont aussi marqué cette guerre, et notamment ''Moskva'' (Moscou) et ''Stalingrad'', évoquant la résistance de ces deux villes, ainsi que ''Plaine Oh ma Plaine…''. En outre, un chant communiste plus ancien revint alors à l'actualité, le [[Chant des partisans de l'Amour|chant russe des Partisans]] ''(« À l'appel du Grand Lénine, se levaient les partisans…<ref>[http://www.chambre-claire.com/PAROLES/Les-Partisans.htm]</ref>»)''.
* ''Fanny de Laninon'', de [[Pierre Mac Orlan]] : une histoire d’amour ({{citation|… c’était elle ma bonne amie…}}), la guerre en trois vers ({{citation|… Tonnerre de Brest est tombé, pas du bon côté, tout s’est écroulé…}}), le désespoir du narrateur malgré la paix ({{citation|… J’n'ai plus rien en survivance…}}).
* ''Fanny de Laninon'', de [[Pierre Mac Orlan]] : une histoire d'amour ({{citation|… c'était elle ma bonne amie…}}), la guerre en trois vers ({{citation|… Tonnerre de Brest est tombé, pas du bon côté, tout s'est écroulé…}}), le désespoir du narrateur malgré la paix ({{citation|… J'n'ai plus rien en survivance…}}).
* ''Barbara'', de [[Jacques Prévert]] : une histoire d’amour ({{citation|… Ruisselante ravie épanouie…}}), la guerre en trois vers ({{citation|… Sous cette pluie de fer de feu d’acier de sang…}}), le désespoir du narrateur malgré la paix ({{citation|… Mais ce n’est plus pareil et tout est abîmé…}}).
* ''Barbara'', de [[Jacques Prévert]] : une histoire d'amour ({{citation|… Ruisselante ravie épanouie…}}), la guerre en trois vers ({{citation|… Sous cette pluie de fer de feu d'acier de sang…}}), le désespoir du narrateur malgré la paix ({{citation|… Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé…}}).
* Fleur de Paris (chanson) par [[Jacques Hélian]].
* Fleur de Paris (chanson) par [[Jacques Hélian]].


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{{Article détaillé|Liste de films sur la Seconde Guerre mondiale}}
{{Article détaillé|Liste de films sur la Seconde Guerre mondiale}}


Si l’on produit sans surprise un certain nombre de films de [[propagande]] pendant la guerre, beaucoup de réalisations visent d’abord à détendre les spectateurs dans une période très dure. [[Joseph Goebbels|Goebbels]] fit ainsi délibérément produire beaucoup plus de comédies musicales ou de films de style hollywoodien<ref>La [[Continental-Films#L'ambigu Alfred Greven|citation du journal du {{Dr}} Goebbels]] à propos de la production cinématographique française laisse entendre que cette apparente indolence n'était pas dénuée d'arrière-pensées.</ref> que d'œuvres proprement nazies (''[[Le Juif Süss (film, 1940)|Le Juif Süss]]'') ; cela dit, la contribution de [[Leni Riefenstahl]] au ''[[Le Triomphe de la volonté|Triomphe de la volonté]]'' lui sera reprochée régulièrement dans l'Allemagne d'après-guerre.
Si l'on produit sans surprise un certain nombre de films de [[propagande]] pendant la guerre, beaucoup de réalisations visent d'abord à détendre les spectateurs dans une période très dure. [[Joseph Goebbels|Goebbels]] fit ainsi délibérément produire beaucoup plus de comédies musicales ou de films de style hollywoodien<ref>La [[Continental-Films#L'ambigu Alfred Greven|citation du journal du {{Dr}} Goebbels]] à propos de la production cinématographique française laisse entendre que cette apparente indolence n'était pas dénuée d'arrière-pensées.</ref> que d'œuvres proprement nazies (''[[Le Juif Süss (film, 1940)|Le Juif Süss]]'') ; cela dit, la contribution de [[Leni Riefenstahl]] au ''[[Le Triomphe de la volonté|Triomphe de la volonté]]'' lui sera reprochée régulièrement dans l'Allemagne d'après-guerre.


Staline commanda à [[Sergueï Eisenstein|Serguei Eisenstein]] le film [[Alexandre Nevski (film)|Alexandre Nevski]] (1938), transposant le conflit à venir avec la nation germanique dans le contexte des [[Croisades baltes]] médiévales.
Staline commanda à [[Sergueï Eisenstein|Serguei Eisenstein]] le film [[Alexandre Nevski (film)|Alexandre Nevski]] (1938), transposant le conflit à venir avec la nation germanique dans le contexte des [[Croisades baltes]] médiévales.
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* {{Ouvrage|auteur1=[[Max Lagarrigue]]|titre=La France sous l'Occupation|lieu=Montpellier|éditeur=SCÉRÉN-CRDP Académie de Montpellier|collection=99 questions sur ...|numéro dans collection=46|année=2007|pages totales=239|isbn=978-2-86626-280-8|oclc=470894629|présentation en ligne=http://www.arkheia-revue.org/La-France-sous-l-Occupation.html?artsuite=0 99}}.
* {{Ouvrage|auteur1=[[Max Lagarrigue]]|titre=La France sous l'Occupation|lieu=Montpellier|éditeur=SCÉRÉN-CRDP Académie de Montpellier|collection=99 questions sur ...|numéro dans collection=46|année=2007|pages totales=239|isbn=978-2-86626-280-8|oclc=470894629|présentation en ligne=http://www.arkheia-revue.org/La-France-sous-l-Occupation.html?artsuite=0 99}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Martin|nom1=Dean|titre=Robbing the Jews|sous-titre=the confiscation of Jewish property in the Holocaust, 1933-1945|lieu=Cambridge New York|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2008|pages totales=437|isbn=978-0-521-88825-7|isbn2=978-0-521-12905-3|oclc=823651655}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Martin|nom1=Dean|titre=Robbing the Jews|sous-titre=the confiscation of Jewish property in the Holocaust, 1933-1945|lieu=Cambridge New York|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2008|pages totales=437|isbn=978-0-521-88825-7|isbn2=978-0-521-12905-3|oclc=823651655}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Général Bregeault, Général Bossé, Colonel Hautcœur, Roland de Marès, Henri le Masson|titre=Le deuxième conflit mondial|lieu=Paris|éditeur=[[G. P.|Éditions G. P.]]|année=1946|mois=juillet|jour=31|pages totales=606}}{{Commentaire biblio|{{1re}} partie : De l’agression allemande à l’armistice franco-allemand ; {{2e}} partie : L’échec de l’offensive allemande contre l’Angleterre et l’agression contre la Russie ; {{3e}} partie : Le renversement de l’équilibre des forces au profit des alliés ; {{4e}} partie : L’attaque de la forteresse Europe ; {{5e}} partie : La Guerre en Extrême-Orient ; {{6e}} partie : De la guerre à la paix vers l’organisation du monde}}
* {{Ouvrage|auteur1=Général Bregeault, Général Bossé, Colonel Hautcœur, Roland de Marès, Henri le Masson|titre=Le deuxième conflit mondial|lieu=Paris|éditeur=[[G. P.|Éditions G. P.]]|année=1946|mois=juillet|jour=31|pages totales=606}}{{Commentaire biblio|{{1re|partie}} : De l'agression allemande à l'armistice franco-allemand ; {{2e|partie}} : L'échec de l'offensive allemande contre l'Angleterre et l'agression contre la Russie ; {{3e|partie}} : Le renversement de l'équilibre des forces au profit des alliés ; {{4e|partie}} : L'attaque de la forteresse Europe ; {{5e|partie}} : La Guerre en Extrême-Orient ; {{6e}} partie : De la guerre à la paix vers l'organisation du monde}}
* {{Ouvrage|auteur1=Contre-Amiral P. Barjot, Maurice Baumont, J.B. Duroselle, Jean-Galbert, Colonel Hautcœur, Frédéric Jenny, Henri le Masson, [[Camille Rougeron]]|titre=Le Deuxième Conflit mondial|volume=2|lieu=Paris|éditeur=[[G. P.|Éditions G. P.]]|année=1947|mois=octobre|jour=31|pages totales=616}}{{Commentaire biblio|{{1re}} partie : Politique et diplomatie; {{2e}} partie : Science et technique de guerre ; {{3e}} partie : La conduite des opérations; {{4e}} partie : La marine dans la guerre; {{5e}} partie : L’aviation dans la guerre ; {{6e}} partie : Économie et finances de la guerre; {{7e}} partie : L’organisation du monde}}
* {{Ouvrage|auteur1=Contre-Amiral P. Barjot, Maurice Baumont, J.B. Duroselle, Jean-Galbert, Colonel Hautcœur, Frédéric Jenny, Henri le Masson, [[Camille Rougeron]]|titre=Le Deuxième Conflit mondial|volume=2|lieu=Paris|éditeur=[[G. P.|Éditions G. P.]]|année=1947|mois=octobre|jour=31|pages totales=616}}{{Commentaire biblio|{{1re|partie}} : Politique et diplomatie ; {{2e}} partie : Science et technique de guerre ; {{3e|partie}} : La conduite des opérations ; {{4e|partie}} : La marine dans la guerre ; {{5e|partie}} : L'aviation dans la guerre ; {{6e|partie}} : Économie et finances de la guerre ; {{7e|partie}} : L'organisation du monde}}


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
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* [[Bilan de la Seconde Guerre mondiale]]
* [[Bilan de la Seconde Guerre mondiale]]
* [[Crime de guerre|Crimes de guerre]] : [[Crimes de guerre de la Wehrmacht|de la Wehrmacht]], [[Crimes de guerre nazis en Union soviétique|nazis en URSS]], [[Crimes de guerre du Japon Shōwa|japonais]] et [[Crimes de guerre des Alliés|des Alliés]]
* [[Crime de guerre|Crimes de guerre]] : [[Crimes de guerre de la Wehrmacht|de la Wehrmacht]], [[Crimes de guerre nazis en Union soviétique|nazis en URSS]], [[Crimes de guerre du Japon Shōwa|japonais]] et [[Crimes de guerre des Alliés|des Alliés]]
* [[Liste des camps de prisonniers de guerre du IIIe Reich|Liste des camps de prisonniers de guerre du {{s mini-|III|e}} Reich]] et [[prisonniers de guerre de la Seconde Guerre mondiale]]
* [[Liste des camps de prisonniers de guerre du IIIe Reich|Liste des camps de prisonniers de guerre du {{IIIe|Reich}}]] et [[prisonniers de guerre de la Seconde Guerre mondiale]]
* [[Liste de personnes associées à la Seconde Guerre mondiale|Liste des principaux acteurs associés à la Seconde Guerre mondiale]]
* [[Liste de personnes associées à la Seconde Guerre mondiale|Liste des principaux acteurs associés à la Seconde Guerre mondiale]]
* [[Axe Rome-Berlin-Tokyo]]
* [[Axe Rome-Berlin-Tokyo]]
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{{Palette|Seconde Guerre mondiale|Principaux événements militaires de la Seconde Guerre mondiale|Conflits impliquant les forces armées des États-Unis}}
{{Palette|Seconde Guerre mondiale|Principaux événements militaires de la Seconde Guerre mondiale|Conflits impliquant les forces armées des États-Unis}}
{{Portail|Seconde Guerre mondiale|années 1930|années 1940|nazisme|communisme|Résistance française|histoire militaire|forces armées des États-Unis|Empire du Japon|Shoah}}
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Version du 8 mai 2024 à 18:31

Seconde Guerre mondiale
Description de cette image, également commentée ci-après
Dans le sens des aiguilles d'une montre à partir du haut à gauche : troupes du Commonwealth dans le désert ; civils chinois enterrés vivants par des soldats japonais ; centre de Stalingrad après sa libération ; avions de combat japonais prêts à s'envoler sur le pont du porte-avions Shōkaku ; prise de Berlin par les soldats de l'Armée rouge ; sous-marin allemand subissant une attaque.
Informations générales
Date
(6 ans et 1 jour)
Lieu Europe, océan Pacifique, océan Atlantique, Asie du Sud-Est, Chine, mer Méditerranée, Moyen-Orient, Afrique, escarmouches en Amérique du Nord et du Sud.
Casus belli Incident du pont Marco-Polo en Asie, Invasion de la Pologne par l'Allemagne en Europe.
Issue

Victoire des Alliés :

Belligérants
Alliés
Axe

Cobelligérants


Commandants
Dirigeants alliés
Dirigeants de l'Axe
Forces en présence
  • 34 476 700
  • 16 353 639
  • Drapeau de Taïwan 14 000 000
  • 5 896 000
  • Drapeau de la République française 3 450 000
  • Drapeau de la Pologne 2 900 000
  • Drapeau de l'Empire britanniques des Indes 2 500 000
  • Drapeau de la Yougoslavie fédérale démocratique 800 000
  • Drapeau de l'Australie 730 000
  • Drapeau de la Belgique 600 000
  • Drapeau de la Grèce 430 000
  • Drapeau des Pays-Bas 365 000
  • Drapeau d'Afrique du Sud 334 000
  • Drapeau du Canada 251 000
  • Drapeau de la Nouvelle-Zélande 140 000
  • Drapeau des Philippines 130 000
  • 55 000
  • Drapeau de la Tchécoslovaquie 11 400

Total : 83 423 000
  • 18 200 000
  • Drapeau de l'Empire du Japon 8 400 000
  • Drapeau du Royaume d'Italie 3 430 000
  • Drapeau : Royaume de Roumanie 1 250 000
  • 1 000 000
  • Drapeau du Royaume de Bulgarie 455 000
  • Drapeau de la Croatie 200 000
  • Drapeau de la Slovaquie 50 000

Cobelligérants

  • Drapeau de la Finlande 700 000
  • Drapeau de la Thaïlande 60 000

Total : 30 658 000
Pertes
  • 26 600 000
  • Drapeau de Taïwan 20 000 000
  • Drapeau de la Pologne 5 820 000
  • Drapeau de l'Empire britanniques des Indes 1 587 000
  • Drapeau du royaume de Yougoslavie 1 027 000
  • Drapeau des Philippines 957 000
  • Drapeau de la République française 472 000
  • 450 900
  • Drapeau de la Grèce 420 000
  • 418 500
  • Drapeau de la Tchécoslovaquie 325 000
  • Drapeau des Pays-Bas 304 000
  • Drapeau de l'Éthiopie 205 000
  • Drapeau de la Belgique 88 000
  • Drapeau du Canada 43 600
  • Drapeau de l'Australie 40 400
  • Drapeau d'Afrique du Sud 11 900
  • Drapeau de la Nouvelle-Zélande 11 700
  • 10 200
  • Drapeau du Luxembourg 5 000
  • …plus de détails

Total : 58 797 200 morts

Cobelligérants

  • Drapeau de la Finlande 97 000
  • Drapeau de la Thaïlande 5 600

Total : 12 945 900 morts

La Seconde Guerre mondiale, ou Deuxième Guerre mondiale[3], est un conflit armé à l'échelle planétaire qui dure du au . Ce conflit oppose schématiquement les Alliés (La Grande-Bretagne, la France, l'URSS, les États-Unis et la Chine) et l'Axe (l'Allemagne nazie, l'Empire japonais et l'Empire italien).

Provoquée par le règlement insatisfaisant de la Première Guerre mondiale et par les ambitions expansionnistes et hégémoniques des trois principales nations de l'Axe (le Troisième Reich, l'Italie fasciste et l'empire du Japon), la Seconde Guerre mondiale est favorisée par la convergence d'un ensemble de tensions et conflits régionaux, notamment en Afrique (seconde guerre italo-éthiopienne dès 1935), en Espagne (où la guerre civile commence le ), en Chine (où les agressions du Japon débutent le ) et en Europe centrale (où l'Allemagne annexe autoritairement l'Autriche le , puis les territoires des Sudètes pris à la Tchécoslovaquie le ). L'invasion de la Pologne par l'Allemagne le , conformément à un pacte conclu avec l'Union soviétique, provoque dès le l'entrée en guerre du Royaume-Uni11 h), de la France17 h) et de leurs empires coloniaux respectifs.

Tout d'abord associée à l'Allemagne dans le partage de l'Europe, l'URSS rejoint le camp allié sur le front est-européen à la suite de l'invasion allemande le . Quant aux États-Unis, ils abandonnent leur neutralité après l'attaque de Pearl Harbor par les forces japonaises, le . Dès lors, le conflit devient vraiment mondial, impliquant toutes les grandes puissances et la majorité des nations du monde sur la quasi-totalité des continents.

La guerre prend fin sur le théâtre d'opérations européen le (le en URSS du fait du décalage horaire) par la capitulation sans condition du Troisième Reich, puis s'achève définitivement sur le théâtre d'opérations Asie-Pacifique le par la capitulation également sans condition de l'empire du Japon.

La Seconde Guerre mondiale constitue le conflit armé le plus vaste que l'humanité ait connu, mobilisant plus de 100 millions de combattants de 61 nations, déployant les hostilités sur quelque 22 millions de kilomètres carrés[4], et tuant environ 62 millions de personnes, dont une majorité de civils. La Seconde Guerre mondiale est aussi la plus grande guerre idéologique de l'Histoire, ce qui explique que les forces de collaboration en Europe et en Asie occupées aient pu être solidaires de pays envahisseurs ou ennemis, ou qu'une résistance ait pu exister jusqu'en plein cœur de l'Allemagne nazie en guerre. Guerre totale, elle gomme presque entièrement la séparation entre espaces civils et militaires et donne lieu dans les deux camps à une mobilisation massive des ressources non seulement matérielles — économiques et scientifiques —, mais aussi morales et politiques, dans un engagement des sociétés tout entières.

La somme des dégâts matériels n'est pas évaluée avec certitude. Les pertes en vies humaines et les traumatismes collectifs et individuels sont considérables, la violence ayant pris des proportions inédites. Le conflit donne en effet lieu à de multiples crimes de guerre, crimes favorisés et banalisés par une violence militaire et policière d'une intensité et d'une profondeur inégalées, cette violence notamment contre les civils étant parfois un élément de la stratégie militaire. On assiste ainsi à l'émergence, à une échelle inconnue jusqu'alors, de crimes de masse particulièrement atroces et pour certains sans précédent, tout particulièrement à l'instigation de l'Allemagne nazie et du Japon impérial. Parmi ces crimes figurent des massacres génocidaires allant jusqu'à une organisation industrielle s'appuyant sur la déportation en camps de concentration, camps de travail et centres d'extermination, comportant des chambres à gaz à des fins d'extermination de populations entières (Juifs, Slaves, Tziganes) ou de catégories particulières d'individus (communistes, homosexuels, handicapés, Témoins de Jéhovah, etc.) particulièrement à l'instigation du régime nazi. L'ampleur des crimes des vaincus suscite la définition d'une incrimination nouvelle par les vainqueurs : le crime contre l'humanité, appliquée notamment au génocide des juifs d'Europe. Le régime Shōwa n'est nullement en reste en Asie avec, à son actif, dix millions de civils chinois enrôlés de force par la Kōa-in au Mandchoukouo, environ 200 000 « femmes de réconfort » enrôlées en Corée et dans tout l'Extrême-Orient, ainsi que l'annihilation systématique de civiles, principalement en Chine.

Il faut ajouter à cela l'assassinat systématique de résistants et d'opposants politiques, ainsi que les représailles contre les civils, comme le firent par exemple les nazis ; les viols généralisés des femmes dans les territoires ennemis occupés, crimes perpétrés tant par un camp que par l'autre, et à une moindre échelle dans les territoires amis ; les expérimentations sur des êtres humains auxquelles se livrèrent des médecins nazis tels le SS Josef Mengele, et l'unité japonaise 731 ; les bombardements aériens massifs de civils d'abord par l'Axe en Europe (Coventry au Royaume-Uni, Rotterdam aux Pays-Bas) et en Asie (Shanghai, Canton, Chongqing en Chine, cette dernière étant la ville la plus bombardée du conflit sino-japonais), puis par les Alliés : bombardement à grande échelle de nombreuses villes allemandes et notamment Dresde et Hambourg en Allemagne, attaques sur Tokyo au napalm au Japon. Développée par les États-Unis lors du conflit, la bombe atomique est utilisée pour la première fois de l'Histoire : deux bombes A larguées sur des cibles civiles par les États-Unis explosent à trois jours d'intervalle, à Hiroshima et à Nagasaki, au Japon.

La Seconde Guerre mondiale propulse les États-Unis et l'URSS, principaux vainqueurs, au rang de superpuissances concurrentes appelées à dominer le monde et à se confronter dans une vive rivalité idéologique et politique, pendant près d'un demi-siècle, et à s'affronter militairement par États interposés comme pour la guerre de Corée, celle du Viêt Nam et celle d'Afghanistan. Elle scelle le déclin des vieilles puissances impériales d'Europe et ouvre le processus de décolonisation qui s'accélère dans l'après-guerre en Asie, dans le monde arabe et en Afrique, jusqu'aux années 1960.

L'ampleur des destructions et des morts suscite la création d'instances internationales, politiques et économiques, visant à éviter la réapparition des conditions ayant mené à la guerre (Organisation des Nations unies, Fonds monétaire international, Banque mondiale et Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce pour les plus connues). Enfin, ce dernier conflit d'ampleur sur le continent européen est suivi en Europe de l'Ouest par une période de prospérité sans précédent, dans la foulée de la reconstruction, et l'émergence progressive d'un projet d'unification politique pacifique porté en premier lieu par les deux adversaires historiques, l'Allemagne et la France.

Marche vers la guerre

Origines du conflit en Europe

Territoires de l'Axe :
  • Puissances de l'Axe
  • Colonies et territoires occupés de l'Axe
Territoires alliés :
  • Alliés occidentaux
  • Dominions des Alliés occidentaux
  • Colonies et territoires occupés des Alliés occidentaux
  • Alliés de l'Est (URSS et États satellites)
Autres :
  • Empire du Japon et États satellites (avant de rejoindre l'Axe)
  • URSS et États satellites (avant de rejoindre les Alliés)
  • France de Vichy et ses colonies (officiellement neutre, mais collaboratrice de l'Axe)
  • Pays neutres
(Image animée, cliquez dessus pour voir l'évolution)

Les traités de Versailles, Saint-Germain-en-Laye, Trianon et Neuilly avaient suscité rancœurs, frustrations et désirs de reconquête chez les Allemands, les Autrichiens-Hongrois et les Bulgares[5]. L'humiliation de la défaite de 1918 et la signature du traité de Versailles sont vécues comme un diktat en Allemagne. C'est l'idée que la classe politique allemande est à l'origine de cette défaite qui entraine un sentiment de rancœur au sein de l'armée qui rejoindra les nazis dans leur ascension au pouvoir[6].

La crise de 1929 conduit les différents États à adopter des mesures protectionnistes et à se placer en rivaux. Alors que l'agressivité des démocraties se situe sur le plan économique, les dictatures fascistes vont adopter une stricte autarcie et, naturellement, penser leur défense et leur expansion en termes militaires. Mais partout, des politiques d'armement sont mises en place efficacement pour sortir du marasme économique[7].

Ceci pourrait expliquer une guerre dans un contexte où la politique de l'Allemagne aurait été inspirée par les classes dominantes traditionnelles. La guerre en Europe est toutefois directement issue des ambitions expansionnistes du parti nazi — au pouvoir en Allemagne — exprimées dès 1924 par Adolf Hitler dans Mein Kampf. Sur ces ambitions visant à conquérir un espace vital pour le peuple germanique se sont greffées les velléités expansionnistes du régime fasciste italien qui tenta tant bien que mal de se constituer un empire colonial en Éthiopie et en Europe du Sud.

Cette idée d'espace vital, désiré par Hitler, s'est concrétisé suite aux pertes des colonies allemandes en Afrique et à la fin de son royaume militaire de l'Est, le Ober Ost[8]. Suite à la signature du Traité de Versailles, l'Allemagne perd les acquisitions territoriales qu'elle avait fait durant le 19e et le 20e siècle[9].

Chamberlain, Daladier, Hitler et Mussolini sur le point de signer les accords de Munich, 1938

Origines du conflit en Asie

Bien qu'appartenant au camp des Alliés de la Première Guerre mondiale et ayant signé, en 1922, le traité naval de Washington, le Japon en a contesté certaines clauses en 1936 lors des négociations du traité naval de Londres. De nombreuses personnalités politiques et militaires japonaises, tels Fumimaro Konoe et Sadao Araki, réactualisant la doctrine du hakkō ichiu (« les huit coins du monde sous un seul toit »), mettent en place une idéologie fondée sur la suprématie de la race japonaise et son droit à dominer l'Asie. Cette idéologie raciste présente le Japon comme le centre du monde et prend assise sur l'institution impériale et l'empereur, être divin et descendant de la déesse Amaterasu Omikami. Elle donne lieu à une tentative de restauration Shōwa.

Porté par l'influence des factions militaires, le Japon envahit ainsi la Mandchourie en 1931 puis le reste de la Chine à partir de 1937. Le refus du Japon de se retirer de l'Indochine française, envahie en 1941, et de la Chine, à l'exclusion du Mandchoukouo, mène, l'été de la même année, à l'imposition par les États-Unis d'un embargo sur le pétrole. En réaction, Hirohito lance alors la guerre de la Grande Asie orientale (Dai Tô-A sensô) et autorise l'attaque de Pearl Harbor ainsi que l'invasion de l'Asie du Sud-Est.

Massacre de Nankin

Après avoir gagné la bataille de Nankin, les Japonais se livrent à six semaines de viols, de pillage et de carnage[10]. Ils incendient les maisons et magasins au hasard, parfois simplement pour se réchauffer[10]. Plusieurs dizaines de milliers de civils s'agglutinent dans la zone de sécurité mise en place par la petite colonie occidentale[10].

Les Japonais reçoivent l'ordre d'exécuter les soldats chinois restés en ville[10]. La convention de Genève protégeant les prisonniers de guerre n'est pas appliquée étant donné que pour le commandant japonais, le conflit est un « incident » et non une guerre[10]. Des milliers de prisonniers chinois sont exécutés par des mitrailleuses, leurs cadavres sont jetés dans l'Yang-Tsé-Kiang, d'autres sont brûlés à l'essence[11]. Certains soldats sont décapités ou transpercés à la baïonnette[11]. Certains soldats chinois trouvent refuge dans la zone de sécurité, mais sont traqués[11]. Les Japonais arrêtent tous les hommes en âge de combattre et les exécutent sommairement[11]. Au total, on estime que très peu de prisonniers chinois ont réussi à échapper au massacre[11]. Le nombre de morts peut être évalué entre 60 000 et 80 000 hommes[11].

Les Japonais se livrent aussi au massacre des civils qui n'ont pas pu se placer sous la protection des Occidentaux[11]. Ce sont entre 20 000 et 30 000 civils qui sont tués au cours du massacre[11]. Les femmes ne sont pas épargnées puisque 20 000 d'entre elles sont violées, y compris des fillettes[11]. Celles qui s'y opposent sont tuées[11]. Si aucun ordre criminel n'a été donné au sujet des civils, le haut commandement ― qui n'ignorait rien du sort qui leur était réservé ― n'est pas intervenu[12].

Le bilan global du massacre est difficile à établir[13]. À la fin de la guerre, le bilan établi par le tribunal international de Tokyo fait état de 200 000 victimes, tandis que les Chinois en dénombrent 300 000[13]. Pendant l'année 1938, l'armée japonaise continue sa progression dans la grande plaine, entre le fleuve Bleu et le fleuve Jaune[13]. Malgré un cinglant revers infligé par les Chinois à Hsuchow, l'avancée japonaise se poursuit, notamment grâce à l'arrivée constante de nouvelles unités[13]. Le 9 juin, le Kuomintang ordonne la destruction des digues du fleuve Jaune dans le Henan, provoquant des inondations, qui entraînent des noyades et des épidémies tuant des centaines de milliers de personnes[13].

Belligérants

L'affrontement central du conflit oppose les « Alliés » aux « Forces de l'Axe », c'est-à-dire les signataires du Pacte tripartite et les pays qui les soutiennent. Cependant, les alliances furent parfois profondément modifiées durant le conflit et ses préambules. Ainsi, la Pologne participa au partage de la Tchécoslovaquie en 1938 aux côtés de l'Allemagne nazie[14], mais elle fut à son tour envahie et partagée par l'Allemagne nazie et l'URSS dans le cadre du pacte germano-soviétique, qui prévoyait également l'occupation des Pays baltes. La Finlande, lors de la Guerre d'Hiver en 1939 contre l'URSS, reçoit le soutien des Britanniques et des Français, mais elle se range aux côtés de l'Allemagne nazie après l'invasion de l'URSS par celle-ci, avant de changer de camp en 1944. La Roumanie, pro-occidentale au début de la guerre, se range du côté des nazis après le renversement de la monarchie par le mouvement fasciste de la Garde de fer, avant de retrouver le camp allié en 1944.

Membres de l'Axe

Hermann Göring et Adolf Hitler, respectivement ministre de l'Aviation et chef de l'État de l'Allemagne nazie.
Benito Mussolini, chef du gouvernement du royaume d'Italie.

La marche à la guerre en Europe a été rythmée de façon constante par les initiatives allemandes. Selon les mots d'Yves Durand, « La responsabilité du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale incombe indubitablement à l'Allemagne hitlérienne[15]. »

Lorsque la Pologne est envahie par l'Allemagne et par l'URSS, la Chine a déjà été envahie par le Japon depuis 1937, mais les relations entre Berlin et Tokyo restent distantes, et l'Allemagne ne soutient pas le Japon. L'empire du Japon, enlisé dans une guerre estimée au départ de trois mois, occupe difficilement un territoire trop vaste. Ses exactions contre les civils (massacre de Nankin) ainsi que son recours aux armes chimiques et bactériologiques produites par l'unité 731[16] lui valent un surcroît d'hostilité en Europe.

Le a lieu à Berlin la signature du pacte tripartite par lequel le Japon reconnaît la prédominance de l'Allemagne et de l'Italie en Europe, et ces deux derniers États la suprématie du Japon en Asie orientale : les trois pays signent un pacte d'assistance mutuelle. Quant à l'Italie, théoriquement alliée de l'Allemagne depuis 1936, elle n'a déclaré la guerre à la France et au Royaume-Uni que le , et attaque le royaume de Grèce sans consulter les Allemands le .

Hideki Tōjō, premier ministre de l'empire du Japon de 1941 à 1944.

L'alliance de la Hongrie avec l'Allemagne à partir de 1938 lui vaut des agrandissements territoriaux aux dépens de la Tchécoslovaquie et de la Roumanie, mais le pays n'est pas belligérant lorsqu'il rejoint l'Axe le . La Hongrie n'intervient militairement que lors de l'invasion de la Yougoslavie en , puis lors de l'attaque contre l'URSS en juin. Le Royaume-Uni et les États-Unis lui déclarent la guerre le .

Après avoir été attaquée par l'URSS le lors de la guerre d'Hiver, la Finlande s'allie de facto à l'Allemagne[17] (sans rejoindre l'Axe) et déclare la guerre à l'URSS le , dans le cadre de la « guerre de Continuation ». Cependant, le maréchal finlandais Mannerheim borne explicitement ses objectifs à la reprise des terres annexées à l'Union soviétique par le traité de Moscou du .

Après avoir dû céder un cinquième de son territoire à l'URSS le , la Roumanie subit le coup d'État du maréchal pronazi Ion Antonescu le , l'occupation par les troupes allemandes le et rejoint l'Axe le . Le , elle participe à l'attaque allemande contre l'URSS pour récupérer les territoires, perdus un an plus tôt, mais contrairement à l'armée finlandaise, l'armée roumaine est engagée dans les opérations jusqu'à Stalingrad et participe à des atrocités : massacre de civils à Odessa, déportation et extermination de Juifs en Transnistrie. Le Royaume-Uni et les États-Unis lui déclarent la guerre le .

La Hongrie et la Roumanie ont envoyé plusieurs centaines de milliers d'hommes combattre aux côtés de l'Allemagne en URSS.

Les contingents de volontaires étrangers engagés sur le front soviétique au nom de l'anti-bolchévisme, comme la division espagnole Azul ou la Légion des volontaires français, ont des effectifs beaucoup plus modestes.

Le régent du royaume de Yougoslavie, Paul, signe une alliance avec l'Allemagne en . Il s'ensuit aussitôt un coup d'État militaire anti-allemand : lorsque Pierre II, le nouveau roi imposé par le putsch, dénonce l'alliance, l'Allemagne et l'Italie envahissent et démantèlent la Yougoslavie. L'État indépendant de Croatie devient un satellite de l'Allemagne nazie. Autre satellite de l'Allemagne, la Slovaquie, qui a adhéré au pacte tripartite en , déclare la guerre à l'URSS le .

La Bulgarie rejoint l'Axe le puis laisse la Wehrmacht traverser son territoire pour envahir la Grèce. La Bulgarie profite de cette alliance pour s'agrandir aux dépens de ses voisins, mais ne participe pas à l'invasion de l'URSS. Le Royaume-Uni et les États-Unis lui déclarent la guerre le . Elle n'est en guerre contre l'URSS que pendant vingt-quatre heures, les 5 et .

Ante Pavelić, fondateur du mouvement nationaliste croate des Oustachis.

En détruisant une partie de la flotte des États-Unis à Pearl Harbor le et en envahissant la Malaisie, possession britannique, le Japon entre résolument dans la guerre contre les États-Unis et le Royaume-Uni.

Le Japon et l'URSS s'affrontent en , sans déclaration de guerre, en Mongolie (bataille de Halhin Gol). Les Soviétiques ne déclarent toutefois officiellement la guerre au Japon que le .

Le , la Thaïlande signe un pacte défensif avec le Japon et déclare la guerre aux États-Unis et au Royaume-Uni. La chute du gouvernement de Plaek Pibulsonggram en ne rompt pas officiellement l'alliance, mais la Thaïlande se retire du conflit en évacuant les territoires pris aux Britanniques et des contacts sont pris avec les Alliés.

Le , Badoglio, qui a remplacé Mussolini, rompt l'alliance avec l'Allemagne en signant un armistice avec les Alliés. Hitler envahit aussitôt la péninsule qu'il occupe jusqu'à Naples.

À partir de la fin , la Hongrie envisage un retournement d'alliance. Informé de ces préparatifs, Hitler ordonne l'occupation de la Hongrie le , destitue le régent Horthy et offre le pouvoir à Ferenc Szálasi qui reste dans l'Axe.

Adversaires de l'Axe

Winston Churchill, Premier ministre du Royaume-Uni et Charles de Gaulle, chef de la France libre à Marrakech.

De l'invasion de la Pologne à la bataille de France

Monument aux combattants polonais à Paris

Comme l'armée tchécoslovaque n'avait pas opposé de résistance lors de l'invasion de la Bohême-Moravie, le , on peut considérer que la Pologne est le premier adversaire de l'Allemagne belligérant à partir du lorsqu'elle résiste à son invasion par l'Allemagne. L'invasion de la Pologne provoque les déclarations de guerre du Royaume-Uni et de la France le , à respectivement 11 et 17 h.

Le Royaume-Uni justifiait sa déclaration de guerre à l'Allemagne par la garantie qu'elle avait donnée à la Pologne le . Après la guerre, Alexander Cadogan, qui, lors des évènements, était sous-secrétaire d'État permanent aux Affaires étrangères du Royaume-Uni, déclara au sujet de cette garantie :

« Et ce fut cela, finalement, qui amena Chamberlain à prendre la soudaine et surprenante décision de garantir la Pologne. Certes, notre garantie ne pouvait donner aucune protection à la Pologne en cas d'attaque imminente contre elle. Mais par cette garantie, Chamberlain plantait un poteau indicateur pour lui-même. Il était engagé, et, dans le cas d'une attaque allemande contre la Pologne, les tourments du doute et de l'indécision lui seraient épargnés. On dira peut-être que c'était cruel pour la Pologne. Je ne serais pas d'accord là-dessus, parce que notre situation militaire aurait dû être connue des Polonais et qu'ils auraient dû être assez conscients de l'imminence du péril qui les menaçait. On dira peut-être que c'était cynique. À courte vue, ce l'était peut-être. Mais cela eut l'effet de nous mettre en guerre… Et finalement, avec nos alliés, nous avons gagné la guerre. Même si, bien sûr, on ne peut pas attendre des malheureux Polonais qu'ils se félicitent des conséquences qu'il y eut pour eux[18]. »

Avec le Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande déclarent également la guerre à l'Allemagne. Au fil de la guerre, tous les dominions (Canada, Afrique du Sud, Terre-Neuve) et toutes les colonies (Inde, Nigeria, Kenya, etc.) de l'Empire britannique deviennent tôt ou tard partie prenante du conflit, à l'exception de l'Irlande du Sud qui reste officiellement neutre sous la direction de Éamon de Valera.

En , lorsque l'Allemagne envahit le Danemark et la Norvège, la Norvège oppose une résistance armée alors que le Danemark, trop faible militairement, tente plusieurs contre-attaques sans succès puis se place « sous la protection de l'Allemagne », selon les paroles de son roi.

Le , la bataille de France démarre par l'invasion par les Allemands du Luxembourg, de la Belgique et des Pays-Bas, jusqu'alors tous neutres. Les autorités du Luxembourg, lequel ne possède pas de véritable armée[19], opposent une protestation de pure forme à leurs envahisseurs[20], qui s'emparent du pays dans la journée.

Au bout de cinq jours, les forces militaires néerlandaises se rendent et les Pays-Bas sont entièrement occupés par l'Allemagne; la reine et le gouvernement s'exilent à Londres. Les Indes orientales néerlandaises sont encore sous le contrôle du gouvernement jusqu'à l'invasion japonaise en mars 1942.

Pour les Belges, c'est la campagne des dix-huit jours, qui se termine par la reddition de l'armée le . Le gouvernement se réfugie en France, puis au Royaume-Uni après l'armistice du 22 juin. Avec les forces qui ont pu échapper à l'ennemi, il poursuit la guerre au service ou aux côtés des Alliés, utilisant notamment sa colonie du Congo.

Franklin Delano Roosevelt, président des États-Unis.

La bataille de France entraine la destruction de l'essentiel des armées françaises en mai et juin 1940, ce qui pousse le gouvernement français à demander l'armistice, qui est signé le 22 juin. Le 18 juin, depuis Londres, refusant de cesser le combat, le général français de Gaulle lance un appel à le rejoindre pour poursuivre la lutte contre l'Allemagne aux côtés de l'Empire britannique. Par l'armistice, la France s'est retirée de la guerre, entreprenant avec l'Allemagne une collaboration économique forcée qui englobe tout son empire colonial.

Malgré cela, les dirigeants de l'Empire britannique écartent toute perspective de paix avec l'Allemagne. La Grande-Bretagne héberge d'ailleurs un certain nombre de gouvernements en exil ou dissidents qui rangent ce qui reste de leurs forces armées – notamment polonaises, tchèques, yougoslaves, belges, néerlandaises et françaises – plus ou moins importantes, aux côtés du Royaume-Uni.

L'entrée en guerre des États-Unis puis de l'empire colonial français

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne et ses alliés, l'Italie et le Japon, étaient unis selon les termes du pacte tripartite. Depuis de nombreuses années, il existait déjà entre les États-Unis et le Troisième Reich certaines tensions telles que des provocations orales ou des torpillages de navires de la marine américaine par des sous-marins allemands (par exemple le Robin Moor le ). Cet incident exacerbe ces tensions et Roosevelt assure dans un discours, six jours plus tard, qu'il ne laisserait pas les Allemands dominer l'Atlantique[21]. Cependant, ni l'un ni l'autre des deux pays n'est prêt à s'engager dans la guerre dans l'Atlantique ; ce sont les évènements qui vont se dérouler dans l'océan Pacifique qui amènent l'Allemagne à déclarer la guerre aux États-Unis[22].

Par ailleurs, les relations entre le Japon et les États-Unis sont également tendues. Hitler souhaite une attaque japonaise envers les Américains afin de les distraire du front à l'Est de l'Europe entre la Wehrmacht et les Russes[23]. Il commence à douter, à l'automne 1941, lorsqu'il comprend qu'une attaque japonaise majeure contre la flotte américaine n'est pas prévue par Hideki Tōjō, le nouveau Premier ministre japonais, arrivé récemment au pouvoir[24]. Malgré le scepticisme d'Hitler, les affaires entre le Japon et les Allemands commencent à se concrétiser. Hitler annonce aux Japonais que s'ils attaquent les États-Unis, les Allemands seront les premiers à rejoindre la guerre[25].

Un nouvel accord remplaçant le pacte tripartite a été rédigé au début du mois de décembre 1941 et présenté au Japon et à l'Italie, mais il n'a pas été signé tout de suite[26]. Ce pacte créait une aide réciproque en cas de guerre entre l'un d'eux et les États-Unis, et conditionnait toute demande de paix ou d'armistice avec les États-Unis et le Royaume-Uni à l'accord de tous les signataires[26].

Au début du mois de , les tensions entre le Japon et les États-Unis commencent sérieusement à s'intensifier et à devenir aux yeux des chefs militaires allemands, le signe d'un conflit imminent entre les deux parties[27].

Churchill, Roosevelt et Staline; Yalta, Crimée

Le , le souhait du Troisième Reich se réalise à la surprise générale : les Japonais attaquent Pearl Harbor. Cette attaque surprend les dirigeants allemands et nombreux s'en réjouissent. Hitler avait l'occasion de déclarer la guerre aux États-Unis en ayant le soutien du Japon et il prit sa décision très rapidement[28]. Mais Hitler aurait pu ne pas attaquer les États-Unis, puisque le nouvel accord n'était pas encore signé lorsque Pearl Harbor fut annoncé. Rien ne l'obligeait à le faire et il aurait pu simplement laisser le Japon détourner l'attention des États-Unis dans le Pacifique[29]. Il aurait aussi pu se concentrer sur le front de l'Est, mais déclare la guerre pour obliger les États-Unis à se battre sur deux fronts et donc à ne pas pouvoir utiliser leur pleine puissance militaire contre l'Allemagne ou le Japon, car il pensait que leur puissance militaire maximale serait atteinte en 1942 et il fallait donc les vaincre avant[30].

Hitler avait aussi prévu d'utiliser cette déclaration de guerre comme un moyen de propagande afin de se montrer comme un pays fort et puissant qui déclare la guerre au lieu de la subir. Il ne voulait pas rester passif, mais il aurait également pu attendre que les États-Unis lui déclarent la guerre afin d'utiliser cela comme un moyen de propagande[31].

Après l'attaque de Pearl Harbor, le , les États-Unis sont entrés en guerre contre le Japon ; et de fait contre l'Allemagne et l'Italie, puisque les deux États déclarent la guerre aux États-Unis le en guise de soutien affiché au régime japonais. Lors de la conférence de Washington, au début de l'année 1942, les États-Unis et le Royaume-Uni décident que l'objectif prioritaire pour remporter la guerre est de vaincre l'Allemagne (« L'Allemagne d'abord »).

La république de Chine, en guerre avec le Japon depuis 1937, se retrouve dès lors dans le camp des puissances alliées. De nombreux pays d'Amérique latine déclarent la guerre à l'Allemagne, notamment le Brésil en [32] et le Mexique en mai de la même année.

Tchang Kaï-chek, dirigeant de la république de Chine.

Après le débarquement allié en Afrique du Nord, en , la majeure partie de l'Empire colonial français se retrouve du côté des Alliés.

Viatcheslav Molotov et Joseph Staline, respectivement ministre des affaires étrangères et dirigeant politique de l'Union soviétique.

En le gouvernement italien Badoglio déclare la guerre à l'Allemagne, mettant l'armée italienne, grossie de nombreux engagés venus de la résistance, au service des Alliés. D'autres États auparavant membres de l'Axe, tels que la Finlande ou la Roumanie qui, amputées territorialement par l'URSS en 1940, avaient participé à l'attaque allemande contre l'URSS en 1941 pour récupérer les territoires perdus (respectivement Carélie et Bessarabie), rejoignent à leur tour les Alliés lorsque l'Armée rouge revient sur leurs frontières, la première en (Guerre de Laponie), la seconde le [33] (en outre, la Roumanie avait eu deux divisions engagées du côté allié dès 1941). Dans la nuit du 8 au , la Bulgarie, occupée par l'Armée rouge depuis trois jours, déclare à son tour la guerre à l'Allemagne. Toutefois, ces ralliements tardifs et contraints ne permettent pas à ces trois pays de participer à la fondation de l'Organisation des Nations unies. À l'ouest, l'effondrement du régime de Vichy en France métropolitaine met toutes les ressources du pays et de nombreux engagés au service de la France libre.

En 1945, les Alliés avertissent tous les États que ceux qui auront déclaré la guerre à l'Allemagne seront admis à la conférence fondatrice de l'ONU. Ce qui entraine, au printemps 1945, une cascade de nouvelles déclarations de guerre au Troisième Reich, qui pour la plupart restent sans aucun effet militaire : il s'agit de pays sud-américains tels que le Paraguay, l'Équateur, le Pérou, l'Argentine, ou du Moyen-Orient tels que l'Égypte, la Syrie, le Liban, la Turquie (le ) et quelques autres. En tout, 51 États se sont trouvés en état de guerre avec l'Allemagne hitlérienne, sans pour autant être admis aux conférences interalliées, réservées aux « trois grands » (États-Unis, Empire britannique, URSS et, après l'été 1944, France), état de guerre auquel aucun traité de paix après 1945 n'est jamais venu mettre juridiquement fin.

Le , lendemain de la capitulation allemande, les dernières délégations diplomatiques nazies sont expulsées des États neutres : la Suisse, la république d'Irlande, l'Espagne, le Portugal, l'Afghanistan et le Chili.

URSS

Lorsque l'URSS attaque la Pologne le , conformément au protocole secret du pacte germano-soviétique, elle est, d'un point de vue polonais, dans le même camp que l'Allemagne, sans pour autant être en état de guerre déclarée avec la France et le Royaume-Uni[34]. Lorsque l'URSS attaque la Finlande en , la Finlande se trouve plutôt du côté de la France et du Royaume-Uni. Cette agression vaut par ailleurs à l'URSS de se voir expulsée de la SDN fin 1939. Pendant la durée du pacte, Staline livre ponctuellement et à crédit du pétrole, des matières premières et des céréales permettant au Reich de contourner partiellement le blocus des Alliés. Il lui livre aussi plusieurs dizaines de communistes allemands réfugiés en URSS.

À partir du , l'URSS, attaquée par l'Allemagne, se retrouve dans le camp des Alliés. Elle bénéficie du prêt-bail américain en échange des réserves en or de la Banque d'État d'URSS. À défaut de pouvoir ouvrir avant 1944 le second front instamment réclamé par Moscou, les Alliés fournissent à l'URSS une aide importante, qui transite notamment par la dangereuse voie de navigation arctique.

Selon Raymond Cartier et John Keegan, entre et , les États-Unis livrent 1 285 avions, 2 249 chars, 81 287 mitrailleuses, 56 500 téléphones de campagne, 612 000 km de fil téléphonique. En 1943, 427 000 des 665 000 camions de l'Armée rouge viennent d'outre-Pacifique. L'Amérique fournit aussi 13 millions de bottes, 5 millions de tonnes de vivres ou encore 2 000 locomotives, 11 000 wagons, 54 000 tonnes de rail. Trois quarts du cuivre soviétique viennent des États-Unis, mais aussi une grande partie du pétrole de haute teneur sans lequel il est impossible de fabriquer du carburant pour avion.

La défaite allemande est impensable sans l'Armée rouge, qui fixe en les deux tiers de la Wehrmacht, en général les troupes les plus jeunes et les mieux équipées.

Récapitulatif

Effectifs des armées des principaux belligérants[35].
Les chiffres pour l'Allemagne sont donnés au 31 mai de chaque année
Années 1940 1941 1942 1943 1944 1945
IIIe Reich 5 000 000 7 200 000 8 600 000 9 500 000 9 500 000
Japon 1 723 000 2 411 000 2 829 400 3 808 200 5 365 000 7 193 200
Royaume-Uni 2 212 000 3 278 000 3 784 000 4 300 000 4 500 000 4 653 000
États-Unis 458 000 1 795 000 3 844 000 8 918 000 11 240 000 11 858 000
URSS 500 000 4 027 000 9 000 000 10 000 000 12 400 000 10 800 000
France[36] 5 500 000 25 000 50 000 100 000 150 000 550 000
Belgique[37] 700 000 -- -- -- -- 100 000[38]
Canada[39] 92 296 260 553 454 418 692 953 747 475 761 041

Résumé chronologique des opérations militaires

Carte animée du front en Europe.

Succès des Forces de l'Axe (1939-1942)

Les succès des forces de l'Axe en Europe du 31 août 1939 au 21 juin 1941.

La majorité des historiens[40] situent le début de la Seconde Guerre mondiale le , lorsque après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l'Allemagne en vertu d'un traité de février 1921 les liant à la Pologne.

L'historien marxiste Eric Hobsbawm, dans son ouvrage L'Âge des extrêmes (1994), arguë cependant que les gouvernements britannique et français étaient enclins à négocier malgré l'invasion de la Pologne et que c'est sous la pression de leur population qu'ils furent contraints de ne pas reculer[41].

Front de l'Est (1939-1940)

Photo illustrant la composition des blindés de la Wehrmacht au moment de la campagne de Pologne : une colonne de panzers I et II, dépassée par un transport SdKfz 251 employé comme véhicule de reconnaissance.

Après une opération de provocation connue sous le nom d'incident de Gleiwitz, les troupes allemandes envahissent la Pologne sur tous les fronts, le , à h 45 du matin.

Le , en application des clauses secrètes du Pacte germano-soviétique, l'Union soviétique envahit à son tour la Pologne par l'est. Prise en étau et largement inférieure en nombre et équipement, l'armée polonaise est écrasée avant la fin septembre.

Après le refus de la Finlande d'échanger des territoires revendiqués pour assurer la défense de Leningrad contre des terres situées plus au nord, l'URSS attaque la Finlande le . En dépit de la disproportion des forces, la résistance finlandaise est particulièrement vive et l'URSS subit de lourdes pertes. La Guerre d'Hiver dure jusqu'au . Elle se conclut par le traité de Moscou du qui met un terme provisoire aux hostilités entre les deux pays. L'URSS obtient d'annexer la Carélie dont l'isthme commande l'accès à Leningrad ainsi que plusieurs îles à caractère stratégique du golfe de Finlande.

En application toujours du Pacte germano-soviétique, l'URSS occupe en les trois pays baltes, puis les annexe.

Front de l'Ouest (1940)

Sur le front ouest, une fois passée la démonstration sans lendemain de Gamelin dans la Sarre allemande (6-13 ), les troupes franco-britanniques, sous commandement français, ne prennent aucune initiative militaire et ne mènent aucune opération offensive pendant plusieurs mois, restant retranchées derrière la ligne Maginot.

Au printemps 1940, les Alliés se préparent à couper l'approvisionnement en fer de l'Allemagne, qui transite de la Suède vers le Reich par la Norvège, mais l'opération tourne au fiasco : c'est l'incident de Narvik. L'Allemagne envahit alors le Danemark et la Norvège le . Une majorité du corps expéditionnaire du Royaume-Uni et de la France doit rembarquer précipitamment, ce qui entraine la chute de Chamberlain et son remplacement par Churchill le . Le , les Français de Béthouart s'emparent de Narvik, mais ils doivent l'abandonner quelques jours plus tard car, en France même, la victoire allemande est alors pratiquement acquise.

Les troupes britanniques en France en 1940

En effet, en mai-juin 1940, l'armée allemande mène à bien l'invasion foudroyante des Pays-Bas, du Luxembourg, de la Belgique et de la France. Dans cette campagne fulgurante les Allemands mettent en œuvre leur doctrine de percée et d'avance par l'usage coordonné des forces blindées, mécanisées et aériennes : la Blitzkrieg ou guerre-éclair. Malgré les avertissements des attachés militaires alliés à l'étranger et la communication des Belges au général en chef français Maurice Gamelin des plans allemands d'attaque par l'Ardenne[42], la surprise devant la tactique allemande est complète.

Dès le 25 mai, la défaite des armées franco-belgo-britanniques du nord se précise après 18 jours de combat au cours desquels les Chasseurs ardennais, troupe d'élite de l'armée belge, ont retardé la percée allemande en Ardenne pendant deux jours et que les Français percés à Sedan se soient provisoirement rendus maîtres du terrain à Gembloux, au sud de Bruxelles, dans une bataille de chars sous les ordres du général Prioux. Le fort belge d'Ében-Émael étant tombé le 11 mai en 24 heures et l'armée hollandaise ayant battu en retraite précipitamment vers le réduit de Zélande, découvrant ainsi la gauche de l'armée belge, celle-ci finit par livrer une bataille d'arrêt de quatre jours sur la Lys du 24 au 27 mai. Cet affrontement fait suite à des retraites successives sur la Meuse et la Dendre, en coordination plus ou moins réussie avec les armées française et britannique du nord devant les percées profondes des armées allemandes, alors que le front belge est tourné sur sa gauche par la reddition néerlandaise du 14 mai. Le roi des Belges Léopold III sait que les Britanniques préparent un rapatriement à Dunkerque et ne prévoient pas de sauver ce qui reste des combattants belges, comme l'avoue Lord Keyes, attaché militaire britannique auprès du roi[43],[44]. Le , l'armée belge étant à court de munitions et de moyens logistiques, le roi donne un ordre de reddition — après avoir prévenu le gouvernement de Londres par une lettre personnelle à George VI et l'envoi de messages radios aux généraux français[45] — acte purement militaire qui ne concerne pas la force armée du Congo belge et laisse intact le pouvoir du gouvernement civil qui se réfugie en France porteur de toute sa légitimité, puis qui gagne la Grande-Bretagne lors de la défaite française. Dès le , le gouverneur général du Congo belge déclare que le Congo poursuit la guerre[46] en accord avec le ministre des colonies Albert de Vleeschauwer. C'est la première réaction anti-allemande d'un territoire européen d'outre-mer (avant même le ralliement de quelques colonies françaises au général de Gaulle).

Les troupes alliées attendant l'évacuation à Dunkerque entre le 27 mai et le 4 juin 1940

Le Royaume-Uni réussit, du au , à sauver 300 000 soldats au cours de la plus vaste opération de rapatriement de l'histoire militaire.

Le , Hitler reprend l'offensive en France et perce les lignes de défense du nouveau généralissime Weygand sur la Somme et l'Aisne. L'Italie se joint alors à l'Allemagne et déclare la guerre à la France le . Puis, en France, le nouveau gouvernement Pétain demande l'armistice le 17 et en accepte les conditions le 22. Après l'armistice franco-italien qui suit, le 24, les combats cessent le . À la surprise générale, l'armée française, réputée depuis 1918 la meilleure du monde[47], s'est effondrée en quelques semaines.

Londres bombardé

Contre l'attente des stratèges nazis et des généraux français battus, le Royaume-Uni résiste avec succès à l'aviation allemande, car, malgré la faiblesse de son armée de terre, il dispose d'une flotte puissante (qui ne semble pas menacée par une mainmise allemande sur la flotte française, grâce aux clauses de l'armistice et après la destruction de quelques-unes de ses unités à Mers El Kebir) et d'une aviation bien organisée. En outre, le premier ministre Churchill, qui a remplacé Chamberlain, parvient à galvaniser le pays. Soumis d'abord à des attaques aériennes sur des cibles stratégiques, le Royaume-Uni fait face de à au bombardement de ses villes : ce « Blitz », qui détruit notamment la City de Londres et la ville de Coventry, ne parvient ni à entamer la résolution britannique ni à compenser les pertes de la Luftwaffe de Göring, vaincue par les pilotes de la Royal Air Force.

Pour tenir seul face à Hitler, le Royaume-Uni dispose de l'aide d'abord économique des États-Unis, puisque ceux-ci, bien qu'officiellement neutres, l'approvisionnent en armes et en ravitaillement. Roosevelt obtient du Congrès en le vote de la « loi Prêt-Bail », qui lui permet d'apporter une aide matérielle illimitée au Royaume-Uni et à ses alliés.

Front d'Afrique du Nord (1940)

Infanterie australienne à Tobrouk

En septembre 1940, les forces italiennes avaient attaqué l'Égypte, pays alors sous influence britannique. Mais dès le mois de décembre, les Britanniques, appuyés par les forces du Commonwealth, passent à la contre-attaque, et les Allemands doivent envoyer ce que l'on appelle l'Afrika Korps en renfort pour secourir leurs alliés italiens. En , l'Afrika Korps de Rommel n'est plus qu'à quelques dizaines de kilomètres d'Alexandrie.

Front des Balkans (1941)

Hitler, désespérant de prendre le Royaume-Uni et de l'amener à faire la paix, érige une puissante chaîne de fortifications, surnommée « mur de l'Atlantique », sur les côtes de l'Atlantique et de la Manche, et décide d'attaquer l'URSS. Mais l'Italie fasciste vient elle-même d'agresser, à partir de l'Albanie, la Grèce qu'elle croyait sans défense. Or ce sont les forces grecques du dictateur nationaliste Metaxás qui sont victorieuses : après avoir contenu l'attaque des troupes de Mussolini, l'armée grecque et un corps expéditionnaire britannique, australien, néo-zélandais, indien et sud-africain les repousse et envahit à son tour l'Albanie italienne.

C'est alors que, pour prêter main-forte aux Italiens, Hitler repousse de plusieurs semaines son opération contre l'URSS et envoie en ses troupes vers la Grèce, à travers la Hongrie sympathisante et après avoir envahi au passage la Yougoslavie. Les nazis battent les armées yougoslave et grecque, ce qui leur permet d'occuper tout le sud de l'Europe. Mais, du même coup, ils viennent de créer un front supplémentaire en Yougoslavie, où les résistances monarchiste de Draža Mihailović (Tchetniks) et communiste de Tito (Partisans), allaient immobiliser de 13 à 20 divisions allemandes jusqu'à la fin de la guerre. De plus, l'invasion de l'URSS est différée, du 15 mai au 22 juin.

Front de l'Est (1941)

Avenue de Moscou au début du siège de Léningrad en décembre 1941

Le , la Wehrmacht envahit l'URSS dans le cadre de l'opération Barbarossa. Elle mobilise 3,2 millions de soldats allemands, et 600 000 soldats des États alliés de Hongrie, de Roumanie, de Finlande, de Slovaquie et d'Italie. C'est à ce jour la plus grande offensive militaire de l'histoire[48].

Malgré une avance foudroyante et la capture ou le massacre de plusieurs millions de Soviétiques, la Wehrmacht est stoppée en , à une trentaine de kilomètres de Moscou dans un froid glacial et sans équipement adéquat. Pour la seconde fois depuis la campagne de Russie de 1812, les Russes sont sauvés par la rigueur de leur hiver, et aussi par un appel pressant au patriotisme et au sacrifice face à des combats très meurtriers. Les Allemands restent également bloqués devant Leningrad, délibérément soumise par Hitler à un siège de 900 jours (jusqu'au 27 janvier 1944), qui fait périr de faim 700 000 habitants.

Conquêtes allemandes (bleu) pendant la Seconde Guerre mondiale.

Dès lors, la campagne de Russie mobilise l'essentiel des efforts militaires allemands. Malgré leurs pertes énormes, les Soviétiques ont pu replier leur potentiel industriel dans l'ordre, plus de 10 millions de travailleurs et des milliers d'usines démontées étant réinstallées à l'est de l'Oural. La réintégration de l'URSS dans le camp allié lui permet aussi de recevoir une forte aide américano-britannique en matériel de qualité et en ravitaillement. Staline proclame aussi l'union sacrée et galvanise les énergies, tout en maintenant intacte la terreur contre les soldats défaillants ou les officiers vaincus. Enfin, les Soviétiques ont encore des réserves : la trentaine de divisions qu'ils ont pu rapatrier d'Extrême-Orient, après confirmation en fin par leur espion établi à Tokyo Richard Sorge que les Japonais, conformément au pacte nippo-soviétique de non-agression signé le précédent, n'attaqueront pas l'Union soviétique, mais bien les États-Unis. C'est ainsi que, redéployées par le maréchal Joukov au cours de l'hiver 1941-42, ces troupes sibériennes fraîches contre-attaquent devant Moscou et obligent l'envahisseur allemand à reculer.

Front d'Afrique de l'Est (1941)

En 1941, les troupes coloniales du Congo belge battent les Italiens à Asosa, au sud de l'Abyssinie tandis que les troupes britanniques, appuyées par des forces françaises libres battent l'armée italienne et réinstallent le Négus sur son trône à Addis-Abeba.

Front d'Extrême-Orient et du Pacifique (1941)

Reddition des soldats britanniques à Singapour.

Désireux de venger l'affront fait par la France au royaume de Siam en 1893 et 1904, la Thaïlande profite de l'invasion de celle-ci par l'Allemagne et se lance en dans une série d'attaques contre l'Indochine française, déclenchant la guerre franco-thaïlandaise. Aucun camp n'étant en mesure de s'imposer, le litige est tranché par le Japon, présent au nord de l'Indochine depuis et qui octroie à la Thaïlande une partie du Laos et du Cambodge.

Le , l'empire du Japon, allié de l'Allemagne depuis 1936 et en guerre depuis 1937 avec la république de Chine, attaque les États-Unis, restés jusque-là en dehors de la guerre. Il détruit par surprise l'essentiel de la flotte américaine du Pacifique à Pearl Harbor. Au même moment a lieu l'invasion de la Malaisie britannique. L'Armée impériale japonaise envahit ensuite le Commonwealth des Philippines et les Indes orientales néerlandaises.

Tournant de 1942

Attaque de Pearl Harbor.

L'attaque de Pearl Harbor provoque l'entrée en guerre des États-Unis, bientôt suivis par le Mexique et par d'autres États latino-américains. Affaiblis par l'attaque japonaise, les États-Unis mettent toute leur puissance industrielle au service de la guerre et sont bientôt en mesure de porter des coups. En mai lors de la bataille de la mer de Corail, en dépit d'une défaite tactique, ils empêchent le débarquement japonais en Nouvelle-Guinée, puis au début de , la bataille aéronavale des îles Midway coûte quatre porte-avions au Japon, désormais placé sur la défensive dans le Pacifique. Les États-Unis commencent la reconquête de l'océan Pacifique, île par île.

Soldats allemands équipés d'une mitrailleuse MG34 sur le front russe, en 1942.

En Europe, l'Union soviétique supporte presque seule l'effort de guerre contre l'Allemagne nazie. À partir de , les Allemands ont relancé leur offensive vers l'est, en direction de la Volga et des pétroles du Caucase. Mais les troupes allemandes restent bloquées devant Stalingrad.

En Afrique du Nord, les Britanniques ont repris l'initiative à partir de . Ils remportent une victoire décisive à El-Alamein et commencent à repousser l'Afrika Korps vers l'ouest.

Staline presse ses alliés d'ouvrir un deuxième front à l'ouest. Après des hésitations, Churchill et Roosevelt se décident pour l'Afrique du Nord. C'est l'opération Torch, qui se traduit par le débarquement des forces alliées au Maroc et en Algérie, le . Le , l'amiral Darlan, à Alger, engage l'Afrique à reprendre le combat aux côtés des Alliés. Il est officiellement désavoué par le maréchal Pétain. Cependant, les Allemands considèrent que l'armistice de est rompu et envahissent alors le la zone sud de la France que cet armistice avait prévu non occupée. L'armée française d'Afrique se joint aux armées alliées. En Afrique du Nord, les Allemands sont alors pris en tenaille entre les Britanniques à l'est et les Franco-Américains à l'ouest.

Au cours de l'année 1942, l'entrée en guerre des États-Unis avait entrainé une extension à tout l'océan Atlantique de la lutte des sous-marins allemands contre les navires alliés qui assurent l'approvisionnement de la Grande-Bretagne. Les convois alliés subissent de très lourdes pertes tout au long de l'année, mais à partir de la fin de l'année 1942 et plus encore au début de 1943, de nouveaux moyens techniques – décryptage des communications ennemies, radars, sonars – permettent aux Alliés de détruire de plus en plus de sous-marins allemands, et les pertes alliées décroissent inexorablement.

Victoires des Alliés (1943-1944)

Les chefs alliés du Théâtre Asie-Pacifique :
Tchang Kaï-chek, président du gouvernement central de la république de Chine, Franklin D. Roosevelt et Winston Churchill lors de la Conférence du Caire de 1943.
Insurrection de Varsovie (1944). Photographe: Ewa Faryaszewska (1920 – 1944)
Dans le Pacifique comme en Europe et en Afrique, l'aviation alliée est une des clés de la victoire contre les forces de l'Axe.

Au début de l'année 1943, les Allemands subissent sur le front oriental une très lourde défaite à Stalingrad. Après les capitulations du et du , les Soviétiques font 91 000 prisonniers, dont le maréchal Paulus, premier militaire allemand de ce rang capturé depuis 1806. Après avoir libéré le Caucase, les Soviétiques tentent de libérer l'Ukraine alors que les Allemands et leurs alliés sont à bout de souffle, mais une contre-attaque allemande à Kharkov (Ukraine orientale) stoppe l'Armée rouge. Les Allemands mènent une offensive d'été limitée à Koursk (en Russie, au nord de Kharkov), en compensant leur manque d'infanterie, à la suite de la bataille de Stalingrad, par un fort déploiement de chars avec de nouveaux matériels. Attendus par les Soviétiques qui fortifient la région et amassent de grande quantité de blindés, les Allemands sont de nouveau défaits. Sans attendre, les Soviétiques déploient leurs chars et reprennent leurs offensives pour la libération de l'Ukraine.

Carte des actions brésiliennes et des alliés dans le nord de l'Italie, 1944-1945. Archives nationales du Brésil.

Avec la prise de Tunis, le et la reddition des troupes allemandes et italiennes, les Alliés sont maîtres de toute l'Afrique du Nord. Le , ils débarquent en Sicile et prennent pied sur la péninsule italienne en septembre, le jour même où Badoglio, le successeur de Mussolini, évincé du pouvoir, annonce un armistice qui préfigure un retournement d'alliance. Les Allemands envahissent le territoire de leur ancien partenaire et bloquent de longs mois les troupes alliées de onze nationalités au mont Cassin. Rome n'est libérée que le , la Toscane en . La plaine du n'est atteinte qu'en .

Pour la première fois depuis le début de la guerre, les trois dirigeants alliés, Churchill, Roosevelt et Staline se rencontrent à Téhéran à la fin du mois de pour esquisser ce que sera le monde de l'après-guerre.

Sur le front oriental, l'Armée rouge ne cesse de progresser vers l'ouest. Elle entre à Kiev, en Ukraine, en , dégage Leningrad en . Le , alors qu'un front à l'ouest a été ouvert en Normandie, elle lance la plus grande offensive de son histoire : l'opération Bagration, qui libère la Biélorussie en quelques semaines et occupe la Prusse-Orientale et la Pologne jusqu'aux faubourgs de Varsovie. Toutefois, l'Armée rouge s'arrête tant pour des raisons militaires notamment « l'épuisement de la dynamique de l'offensive » face à la « contre-offensive de 3 divisions panzer SS »[49] que politiques, en laissant écraser l'insurrection de Varsovie (-), Staline élimine en pratique la résistance non communiste du jeu politique d'après guerre[50]. Du au , le front roumain cède, Roumanie et Bulgarie passent dans le camp des Alliés, mais, en occupant le son alliée la Hongrie, Hitler empêche le régent Miklós Horthy d'en faire autant, et il faut ensuite aux Soviétiques cinq mois de siège de Budapest pour s'ouvrir en la route de Vienne. En Yougoslavie, les partisans de Tito libèrent une grande partie du pays et entrent dans Belgrade en sans l'aide de l'Armée rouge.

Soldats canadiens à Juno Beach, débarquement de Normandie du 6 juin 1944.
Char britannique à Leende (Pays-Bas).

Le , 4 126 navires alliés réussissent le plus grand débarquement de l'Histoire sur les plages de Normandie, prenant les Allemands par surprise et ouvrant enfin le second front. Malgré l'exploit logistique, l'armée hitlérienne parvient à contenir les Anglo-Saxons en Normandie pendant plus de dix semaines dans une longue bataille d'usure (bataille des Haies, bataille de Caen), jusqu'à ce que la percée d'Avranches () ouvre la voie de la Bretagne et prenne les troupes allemandes à revers en les encerclant dans la poche de Falaise. Paris insurgée est libérée le . Auparavant, le , des troupes américaines et françaises avaient débarqué en Provence, sur la côte méditerranéenne.

La progression se fait alors rapidement et, à la mi-septembre, presque toute la France et la Belgique sont libérées par les armées alliées. Mais alors que les Alliés espéraient une fin du conflit avant la fin 1944, la résistance nazie allemande va s'intensifier. L'opération aéroportée pour tenter une percée vers l'Allemagne par les Pays-Bas échoue (). La pénurie d'essence et les problèmes logistiques obligent à une bataille sur les abords de l'Escaut (novembre 1944) menée par les Canadiens pour libérer les accès maritimes du port d'Anvers. Dans l'est de la France, les Américains et les Français, d'abord à court de carburant, n'avancent que lentement face à une défense allemande qui s'est renforcée. La contre-attaque allemande dans les Ardennes (Noël 1944) surprend totalement les Américains, mais s'essouffle au bout d'une dizaine de jours. Elle contribue toutefois à retarder le passage du Rhin jusqu'à fin . Une large famine touche les Pays-Bas durant l'hiver de 1944, tuant plus de 20 000 personnes. L'opération Manna est déclenchée par les Alliés pour parachuter des vivres à la population.

Victoire des Alliés et capitulation des forces de l'Axe (1945)

Le palais du Reichstag détruit après la bataille de Berlin.
Affiche du 9 mai 1945 du général De Lattre de Tassigny annonçant la victoire (photographiée à Strasbourg en 1979).

Écrasée sous les bombes, assaillie de tous côtés, l'Allemagne nazie voit sa capitale Berlin investie le par les Soviétiques. Hitler s'y donne la mort dans son bunker le même jour. Le à Reims au QG du SHAEF, le colonel général Alfred Jodl signe l'acte de reddition inconditionnelle des forces armées allemandes. Pour des questions de prestige, Staline exige cependant une capitulation signée à Berlin par les plus hauts représentants de la Wehrmacht et des alliés. Un embargo est posé sur l'annonce de la capitulation de Reims[51]. Dans la nuit du 8 au 9 mai 1945, à Berlin, le maréchal Wilhelm Keitel, l'amiral von Friedeburg et le général Stumpff signent à leur tour la capitulation du Troisième Reich en présence des représentants des Alliés, le maréchal Joukov, le maréchal Tedder, le général de Lattre de Tassigny et le général Spaatz. C'est donc officiellement le que l'Allemagne capitule, ce qui met fin à la guerre en Europe. Il est communément admis que la signature a lieu peu avant minuit (peu après à l'heure de Moscou)[52] ; néanmoins, certains historiens la situent peu après minuit, antidatée du 8 mai, afin de se conformer à ce qui a été signé à Reims[53].

En Asie, si l'empire du Japon n'a plus l'initiative, il défend pied à pied ses territoires conquis que les Américains prennent au prix de lourdes pertes. Ils s'emparent ainsi d'Iwo Jima et d'Okinawa Hontō, des îles proches de l'archipel japonais permettant aux Alliés des attaques aériennes directes et massives sur le Japon comme les bombardements successifs sur Tokyo. Le , après le largage par les États-Unis des deux premières bombes atomiques sur les villes de Hiroshima et de Nagasaki et l'invasion de la Mandchourie et de la Corée par l'URSS, l'empereur Hirohito annonce la capitulation du Japon. Les actes de capitulation inconditionnelle du Japon sont signés le et closent presque six ans jour pour jour après son début la Seconde Guerre mondiale.

Différents théâtres d'opération

Théâtre européen

L'Europe au

De l'attaque nazie aux résistances anglaises et grecques

Après s'être assuré de ne pas risquer une guerre avec l'URSS en signant le Pacte germano-soviétique, Hitler lance ses armées sur la Pologne, le , sans déclaration de guerre (voir : incident de Gleiwitz). En application de leur alliance, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l'Allemagne le . En particulier, la France a garanti après 1918 par des traités d'assistance mutuelle l'existence de la plupart des pays nouvellement créés en Europe centrale. Cependant, malgré la pression de Chamberlain, pas plus qu'elle n'a respecté ses engagements envers les précédentes victimes d'Hitler, la France rechigne à ses obligations envers la Pologne : celles-ci prévoyaient que la France attaquerait l'Allemagne 15 jours après le début de la mobilisation générale[54]. Mais mise à part une brève offensive limitée en Sarre du 6 au , les Français restent l'arme au pied, alors que la Pologne fait seule face à l'agression allemande puis soviétique. Les Allemands utilisent pour la première fois leurs tactiques innovantes, communément appelées « guerre éclair » (Blitzkrieg), qui assurent à la Wehrmacht une victoire rapide, essentielle pour elle puisqu'elle écarte ainsi le risque d'avoir à mener une guerre sur deux fronts. Conformément aux clauses du pacte signé, l'URSS prend sa part de la Pologne en l'attaquant le .

Le , toujours suivant ce pacte, l'URSS attaque la Finlande pour lui prendre la région frontalière de Carélie, près de Leningrad, malgré les protestations des Franco-Britanniques qui menacent d'intervenir. Les Finlandais se battirent cinq mois, puis finissent par céder. À l'été 1940, l'URSS intègre les États baltes et la Moldavie, sans combats.

Relève dans un gros ouvrage de la ligne Maginot en 1939.

Après sa première campagne victorieuse, Hitler se tourne vers l'ouest, mais rien ne se passe sur ce front pendant plusieurs mois. Retranchés derrière la ligne Maginot, une partie des soldats français attend l'assaut allemand pour l'endiguer. C'est ce que les Français appellent la Drôle de guerre. Le généralissime Gamelin, s'attendant à une réitération de 1914, où les Allemands étaient passés par la Belgique neutre, une partie de l'armée française se prépare à s'avancer en Belgique, et éventuellement aux Pays-Bas, si les Allemands les attaquaient.

Le , l'Allemagne s'empare simultanément du Danemark et de la Norvège afin de sécuriser ses importations de fer depuis Narvik, au nord de la Norvège, où se concentre la principale réaction franco-britannique, qui se termine par le rembarquement de ces derniers le malgré le succès local rencontré.

Réfugiés français sur la route de l'exode, 19 juin 1940.

Enfin, le , l'Allemagne lance l'opération Fall Gelb, une vaste offensive sur les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg, violant la neutralité de ces États. Une partie importante des armées françaises se déploient alors vers la Belgique et les Pays-Bas, mais elles sont prises à revers par les blindés allemands qui passent par les Ardennes – la percée de Sedan –, jugées infranchissables par les Français et malgré des batailles de retardement livrés par les Chasseurs ardennais belges aux frontières et dans les forêts. Après une victoire éphémère des blindés français du général Prioux à Gembloux, au sud de Bruxelles, et des reculs successifs des franco-belgo-britannique sur la Meuse et la Dendre, les blindés allemands atteignent alors la Manche le puis remontent vers le nord, encerclant les Belges et les Franco-Britanniques, dos à la mer.

Les Belges, tournés sur leur gauche après l'effondrement de l'armée néerlandaise le et n'ayant plus de réserves au terme d'une ultime résistance de quatre jours, lors de la bataille d'arrêt de la Lys, cessent le combat le à court de munitions et après que les troupes britanniques qui occupaient la droite belge eurent précipitamment fait retraite vers Dunkerque.

En France, le général Gamelin, commandant en chef des armées alliées, est révoqué par le gouvernement français. Sa stratégie consistant à tenter sans cesse de recréer un front continu franco-belgo-britannique s'est révélée impuissante face au système allemand de guerre éclair dit « blitzkrieg » fait de percées profondes par des chars suivis de troupes motorisées qui désarticulent les armées alliées. Le , Gamelin est remplacé par le général Maxime Weygand. Mais, faute de réserves suffisantes, les Franco-Britanniques, qui n'ont jamais pu mener de contre-offensive satisfaisante, sont repoussés dans une poche autour de Dunkerque.

L'opération Dynamo.

La Royal Navy et les bateaux de plaisance britanniques parviennent à évacuer les troupes britanniques et une petite partie des forces françaises à Dunkerque (opération Dynamo) en perdant leurs équipements lourds et sans rien préparer pour évacuer ce qui reste de l'armée belge qui, faute de munitions et sans presque plus de territoire à défendre, tombe dans les mains allemandes par la reddition du . Il s'agit d'un acte purement militaire conclu sous la contrainte des évènements et dans lequel le lâchage de l'aile droite belge par les Britanniques joue un rôle déterminant. Ce n'est pas une capitulation comme celle à laquelle les Français vont se résigner en juin, engageant leur gouvernement et tout l'empire français dans la voie d'une tentative de collaboration avec l'Allemagne. Le roi des Belges Léopold III est prisonnier, mais le gouvernement belge, qui refuse de baisser les bras, se réfugie en France avant, à l'armistice franco-allemand, de gagner le Royaume-Uni pour y représenter la Belgique à la tête de quelques forces militaires et du Congo belge avec sa force armée et son potentiel minier et agricole.

Ayant perdu tout le nord de la France, les Franco-Britanniques entreprennent d'établir une ligne de défense le long de la Somme, de l'Aisne, jusqu'à la ligne Maginot. Ayant perdu beaucoup de leurs moyens dans la bataille qui a précédé, les Alliés ne peuvent empêcher une nouvelle percée allemande début juin. L'armée allemande se répand alors sur toute la France, prenant Paris le . Le président du Conseil Paul Reynaud démissionne et le nouveau gouvernement du maréchal Philippe Pétain choisit de demander l'armistice le 17 juin, contre l'avis de l'allié britannique. Il est signé le  : l'Allemagne occupe la partie nord et ouest de la France.

En France, Pétain instaure un régime autoritaire et collaborateur, désigné sous le nom officiel d'État français, dit plus couramment « régime de Vichy ».

En Belgique, c'est un gouverneur militaire qui exerce le pouvoir en concurrence avec les SS. Le roi Léopold III, considéré prisonnier, n'a plus aucun pouvoir et est ensuite déporté. Mais quelques ministres et parlementaires sous l'autorité des principaux ministres du gouvernement, Pierlot, Spaak et Gutt se sont réfugiés à Londres après l'effondrement de la France et sont reconnus par toutes les puissances belligérantes comme représentant légalement la Belgique. Le ministre Albert de Vleeschauwer, chargé des finances de la Belgique et du Grand Duché de Luxembourg (unies en vertu de l'accord économique de 1920) est aussi en possession de larges pouvoirs au Congo belge, avec sa puissance économique et sa force armée. Les Belges exilés et les Belges d'Afrique continuent donc la guerre en allant remporter une victoire sur les Italiens d'Abyssinie, tandis que les militaires qui ont pu atteindre l'Angleterre continuent la guerre dans l'aviation et la marine.

Occupation d'Athènes en mai 1941

Voyant les succès de l'Allemagne, Mussolini avait voulu aussi lancer son pays dans les conquêtes. Il avait déjà occupé l'Albanie au début de 1939 et, le , il attaque également la France, mais ne progresse que de quelques kilomètres.

N'ayant pu obtenir de paix avec la Grande-Bretagne, Hitler lance une offensive aérienne sur celle-ci, préparant un débarquement. Mais l'Allemagne ne parvient pas à vaincre la Royal Air Force dans la bataille d'Angleterre. Ainsi, elle ne peut obtenir la supériorité aérienne nécessaire pour envahir les îles Britanniques. Afin de pousser les Britanniques à la paix, Hitler commence en septembre une campagne de bombardement sur les villes britanniques (dite le Blitz, l'éclair), principalement sur Londres et intensifie son blocus (dit bataille de l'Atlantique), essentiellement par sous-marins, pour affaiblir le Royaume-Uni. Mais c'est un échec, l'Allemagne ne parvient pas à briser rapidement la résistance britannique, qui réussit grâce à des pilotes de la RAF. Après la Seconde Guerre mondiale, Churchill écrit : « Dans l'histoire des luttes humaines, il n'y avait jamais tant de gens qui étaient tellement obligés à si peu de gens[55]. »

Le , sans consulter son allié allemand, Mussolini décide d'attaquer la Grèce. Mais la résistance de l'armée grecque du dictateur Metaxás parvient à arrêter les Italiens et à passer à la contre-offensive, avec succès : les Grecs occupent alors le quart sud de l'Albanie italienne. Pour prêter main-forte aux Italiens, Hitler repousse de plusieurs semaines l'opération contre l'URSS, et envoie en avril 1941 ses troupes vers la Grèce, à travers son allié la Hongrie, et la Yougoslavie, envahie car refusant de laisser le passage, et où les Allemands sont aidés par les Oustachis, croates nationalistes d'Ante Pavelić. Les armées yougoslave et grecque sont écrasées en trois semaines, ce qui permet à Hitler d'occuper tout le sud de l'Europe. La Résistance armée est plus vigoureuse en Yougoslavie que partout ailleurs en Europe : les résistances nationaliste de Draža Mihailović (Tchetniks) et communiste de Tito (Partisans), vont immobiliser de nombreuses troupes depuis la fin de 1942 jusqu'à la fin de la guerre.

Soldats soviétiques tués dans la poche de Kholm, .

L'Armée rouge et les Alliés

Les opérations dans les Balkans ont retardé l'invasion de l'URSS connue sous le nom d'opération Barbarossa. Celle-ci ne commence que le . L'Allemagne, en attaquant par surprise l'Union soviétique, s'empare de grandes portions de territoires et capture de nombreux soldats.

Ils le font d'autant plus facilement que Staline a choisi de faire confiance à Hitler, alors qu'il reçoit depuis des mois des informations précises et concordantes de ses agents à l'étranger. « Pour des raisons politiques, Staline s'abstient d'utiliser leurs informations. Jusqu'au dernier moment, il s'attend à une réouverture des négociations avec les Allemands… Les généraux soviétiques partagent souvent ce point de vue[56]… » De plus, aux premières heures de l'attaque, Staline, dans l'espoir d'arranger les choses avec Hitler, interdit même aux forces soviétiques de traverser la frontière en cas de contre-attaque victorieuse, et initialement celles-ci n'osent pas ouvrir le feu alors qu'elles sont martelées par les bombes allemandes.

Cependant, pour la première fois, une armée ne s'effondre pas devant la Wehrmacht : en dépit de ses lourdes défaites, l'Armée rouge ne cesse dès le premier jour de multiplier les contre-attaques, à la surprise des officiers allemands. L'avance considérable des troupes hitlériennes se révèle en même temps plus lente que prévu, le nombre de divisions et de chars soviétiques nettement supérieurs aux estimations des services secrets. Les Soviétiques déplacent leur base industrielle dans l'Oural, reçoivent l‘aide alliée par les ports arctiques toujours en leurs mains, et produisent dès 1942 plus d'armes que l'Allemagne, tandis que l'Armée rouge oppose une défense héroïque qui, aidée par un hiver éprouvant, leur permet de défendre notamment Moscou et Leningrad.

Panzer IV en concentration dans les plaines devant le saillant de Koursk, le 21 juin 1943.

Staline a par ailleurs su réveiller le nationalisme russe et organiser l'union sacrée face à l'agresseur : il reçoit le soutien des Églises, met en veilleuse le collectivisme agraire et une partie du contrôle policier sur la société, et substitue les références patriotiques à celles au communisme, dès son discours du où il s'adresse habilement à ses « frères et sœurs » soviétiques. Il ne néglige pas non plus de maintenir une réelle terreur contre ses officiers et ses généraux, dont beaucoup sont fusillés pour « incompétence » dans les premiers mois de la guerre, tandis que les millions de prisonniers sont officiellement reniés et considérés comme des traîtres (et leurs familles avec eux), et les soldats défaillants exposés à l'exécution ou à la déportation au Goulag : au front, des équipes spéciales du NKVD se chargent même, en 1941 comme à Stalingrad, de mitrailler les soldats qui refluent vers l'arrière.

Au printemps 1942, l'armée allemande reprend l'offensive en concentrant celle-ci vers les champs de pétrole du Caucase, au sud. À la fin de l'année, la VIe armée, avec plus de 300 000 hommes, est détruite à Stalingrad qui représente un verrou pour le contrôle du Caucase. En 1943, la Wehrmacht reprend l'initiative à la troisième bataille de Kharkov, mais est brisée à la grande bataille de Koursk.

Paris à la Libération : le 25 août 1944.

En 1943, après le débarquement en Sicile, puis un autre dans la péninsule italienne, les Alliés entament la campagne d'Italie. Mussolini chassé, le pays capitule et se range du côté des Alliés. Néanmoins, l'Allemagne peut tenir une ligne de défense dans les montagnes qui freine cette progression dans la péninsule. Il faut attendre début 1945 pour que les nazis soient complètement repoussés d'Italie.

Les Alliés prennent pied en Normandie avec l'opération Overlord à partir du . Les soldats alliés qui débarquent sont principalement américains, britanniques et canadiens. Un autre débarquement est organisé en août (à partir du 15), en Provence avec l'opération Anvil Dragoon, pour libérer le sud de la France et ouvrir un deuxième front en France. L'Allemagne tente une contre-offensive désespérée dans la bataille des Ardennes en décembre, où elle perd ses dernières réserves militaires. Les derniers défenseurs du IIIe Reich seront souvent des civils, des vieillards et des enfants de la Volkssturm, une milice montée par Martin Bormann.

Soldats allemands jetés dans l'opération Wacht am Rhein, à bord d'un Sonderkraftfahrzeug 250 en décembre 1944. Après la saignée humaine du front de l'Est, le Reich n'a plus que des enfants-soldats pour garnir ses troupes.

Fin , les Alliés peuvent enfin franchir le Rhin et occuper de vastes secteurs de l'Ouest et du Sud de l'Allemagne, tandis que, à l'Est, les Soviétiques progressent de façon continue, libérant l'Europe centrale puis atteignant Berlin. Dans les rues de Vienne et Berlin assaillies par l'Armée rouge, des escadrons SS font encore régner la terreur en pendant en public ceux qui refusent de continuer un combat sans espoirs. Hitler se suicide le 30 avril d'une balle dans la tête dans le Führerbunker de la Chancellerie du Reich. Le même jour, les Soviétiques plantent leur drapeau sur le toit du palais du Reichstag, l'ancien siège du Parlement allemand, dans un Berlin en ruines. La bataille de Berlin continue jusqu'au 2 mai. L'Allemagne capitule sans condition le . Le Troisième Reich pour lequel Hitler prédisait une durée d'un millénaire n'aura finalement duré qu'un peu plus de 12 ans.

Théâtres africain et moyen-oriental

En septembre 1940, l'armée italienne, partant de sa colonie de Libye, attaque les troupes britanniques et du Commonwealth en Égypte, mais est mise en déroute jusqu'à ce que l'Allemagne la renforce. Des combats se succèdent alors, dans le désert d'Afrique du Nord, entre les forces italiennes appuyées par l'Afrika-Korps d'Erwin Rommel et la 8e armée britannique.

En Abyssinie, une armée britannique venant du nord accompagnée par un contingent français, et, au sud, une force belge venant du Congo Belge prennent les Italiens en tenaille et les battent. Le Negus est réinstallé sur son trône à Addis-Abeba.

Rencontre de Erwin Rommel et du général Gariboldi à Tripoli, le .

Au Moyen-Orient, les Britanniques envahissent en avril 1941 le territoire du royaume d'Irak, dont le gouvernement nationaliste s'était rapproché de l'Axe à la suite du coup d'État de 1941. En juin, les autorités vichystes permettant aux Allemands d'utiliser les territoires de la Syrie et du Liban, alors sous mandat français, les Alliés envahissent les deux pays et en prennent le contrôle. En août, le Royaume-Uni et l'Union soviétique réalisent conjointement une invasion de l'État impérial d'Iran afin d'assurer le ravitaillement via le corridor Perse et d'empêcher un basculement pro-allemand du pays.

En , Rommel lance une grande offensive vers l'est pour atteindre Suez, et bouscule les forces britanniques, mais il est stoppé quatorze jours à Bir Hakeim par la 1re brigade française libre du général Kœnig, ce qui donna le temps aux Britanniques en déroute de se regrouper sur la ligne fortifiée d'El Alamein, que Rommel ne parvient pas à franchir. Puis en octobre 1942, c'est la 8e armée britannique, commandée par Montgomery, qui attaque à son tour les forces de l'Axe et remporte la seconde bataille d'El Alamein. Celle-ci met fin à la présence de l'Axe en Libye, quelques jours après le succès du débarquement allié en Afrique du Nord.

Le a lieu l'opération Ironclad, une invasion amphibie de la colonie française de Madagascar, sur Diégo-Suarez, contrôlée par le gouvernement de Vichy.

Le , pour soulager l'Union soviétique qui résiste seule à l'assaut allemand, les forces américaines et britanniques débarquent au Maroc et en Algérie, contrôlés par le gouvernement de Vichy : c'est l'opération Torch. Les troupes françaises de Vichy ripostent et s'opposent aux alliés débarqués jusqu'à ce qu'un accord négocié avec l'amiral Darlan mette fin aux combats[57]. Les alliés chassent finalement l'Axe du continent africain, avec l'aide de l'armée d'Afrique retournée et des Forces françaises libres. Depuis l'Afrique du Nord, les Alliés peuvent alors organiser les débarquements en Sicile (Opération Husky) puis en Italie (Opérations Baytown et Slapstick) à l'été 1943, et en Provence (Opération Anvil) à l'été 1944.

Théâtre asiatique

Maquette d'un porte-avions américain
Douglas MacArthur, chef des forces alliées en Asie, et John Curtin, premier ministre australien.

À compter de 1937 en Chine, l'Armée nationale révolutionnaire du Kuomintang de Tchang Kaï-chek et le Parti communiste de Mao Zedong font front commun contre les Japonais, mais généralement sans coopérer.

Enlisée en Chine, l'Armée impériale japonaise a systématiquement recours, dès 1937, à l'utilisation d'armes chimiques. Selon les historiens Matsuno et Yoshimi, celles-ci furent notamment utilisées à 375 reprises lors de la bataille de Wuhan à l'automne 1938. L'emploi d'armes bactériologiques est quant à lui autorisé par le Quartier général impérial à compter de 1940, mais jamais contre des Occidentaux.

Soumis à compter de 1941 à un embargo sur le pétrole après son occupation de l'Indochine, le Japon ne peut plus désormais réaliser sa politique expansionniste sans détruire la principale menace qui peut encore s'opposer à lui dans le Pacifique : la force navale des États-Unis basée à Hawaï. Employant à nouveau la stratégie qui lui a réussi contre la Russie, le Japon décide de bombarder Pearl Harbor le par surprise, débutant ainsi la guerre du Pacifique. La flotte est fortement endommagée, mais les porte-avions sont en mer.

Carte des débarquements américains dans l'océan Pacifique de 1942 à 1945.

Simultanément, l'armée japonaise occupe les possessions britanniques, hollandaises et américaines d'Asie du Sud-Est comme Hong Kong, Singapour (massacre de 10 000 civils), les Philippines (marche de la mort de Bataan) et s'empare des champs pétroliers de la Malaisie britannique et des Indes orientales néerlandaises, menaçant même l'Australie. L'Indochine française est déjà passée sous son contrôle militaire avec l'accord du régime de Vichy, le . Le coup de force du 9 mars 1945 achèvera la mainmise nippone sur la péninsule : le vide politique consécutif à la guerre mondiale favorisera la prise du pouvoir par le Việt Minh de Hô Chi Minh.

Douglas MacArthur débarquant aux Philippines, au début de la reconquête de l'archipel.

Le raid de Doolittle en marque le début de la riposte américaine. En mai 1942, la bataille entre porte-avions de la mer de Corail tourne à l'avantage des alliés. Un mois plus tard, celui-ci est accentué par celle de Midway.

À partir du début 1942, l'Armée impériale japonaise tente de neutraliser la résistance communiste chinoise en lançant la politique des Trois Tout (三光作戦, Sankō Sakusen?, « tue tout, brûle tout, pille tout »), une stratégie de la terre brûlée, dans le Nord de la Chine, tandis que des attaques répétées sont lancées contre les place-fortes des nationalistes chinois.

En dépit de la détermination de l'armée japonaise, les Alliés reprennent peu à peu les îles du Pacifique comme à Guadalcanal, les Salomon puis les Philippines après la bataille du golfe de Leyte (octobre 1944), cette dernière restant la plus grande bataille aéronavale jamais survenue[58]. Soumis à blocus et coupé progressivement de ses ravitaillements en matières premières, le Japon est au bord de l'asphyxie économique à l'été 1945.

Le site d'Hiroshima, après le bombardement nucléaire

L'engagement en 1944 des premiers kamikazes de l'histoire — ces avions-suicides qui se jettent sur les navires ennemis — ne peut freiner la reconquête américaine, mais prouve la détermination des Japonais. La capture des îles proches du Japon comme Iwo Jima et Okinawa permet de lancer des attaques aériennes directes. Tokyo notamment subit un bombardement incendiaire le . Surtout, Hiroshima le 6 août et Nagasaki le 9 (ce devait être Kokura) subissent une attaque nucléaire.

Conjuguée à la déclaration de guerre de l'URSS et l'invasion du Mandchoukouo par les forces soviétiques, les bombardements atomiques provoquent finalement la reddition du Japon, annoncée par Hirohito le , confirmée par la signature des actes officiels le à bord de l'USS Missouri.

Moyens militaires des belligérants

Armes

Véhicules terrestres

« Guerre de mouvement sur de vastes espaces, la Deuxième Guerre mondiale a été une guerre du moteur[59] ».

L'usage généralisé des chars est une première illustration de cette tendance à la motorisation. Alors que l'armée française fait le choix d'une dispersion des chars, mis au service des unités d'infanterie, les Allemands en adoptant une tactique basée sur l'utilisation des chars groupés sortent vainqueurs de la bataille de France. La conception du char lui-même oscille entre deux tendances : la puissance et la maniabilité. L'expérience de la guerre d'Espagne a montré que le blindage est moins important que la silhouette basse, moins vulnérable, la tourelle mobile à 360° et la puissance du canon. Mais au cours de la Seconde Guerre mondiale, on assiste à une croissance en poids, en blindage et en puissance de feu. Ainsi, le char allemand Tigre I fait 57 tonnes. L'américain Sherman M4 et le soviétique T-34, utilisés jusqu'à la fin de la guerre restent dans la gamme des 30 tonnes. La concentration de chars dans des divisions blindées permettent de mener des guerres éclairs (Blitzkrieg), comme la Bataille de France en mai-juin 1940 remportée par les Allemands. L'Allemagne nazie commet l'erreur d'envahir l'URSS en sous-estimant le nombre de ses chars et la qualité des nouveaux, comme le T-34, rustique et endurant. La plus grande concentration de chars a eu lieu lors de la bataille de Koursk[60], en Russie, en juillet 1943.

Les progrès des chars vont de pair avec les progrès de l'armement antichar : l'usage de la charge creuse permet de percer des blindages de plus en plus épais. Des tubes lance-roquettes comme le bazooka permettent au fantassin de disposer contre les chars de la puissance d'un artilleur[61].

Aviation

Parallèlement à l'utilisation de chars, on assiste tout au long de la guerre à un accroissement des transports motorisés des troupes, au détriment des chevaux, encore très présents tant du côté français que du côté allemand lors de la bataille de France ou encore sur le front de l'Est, principalement pour des raisons logistiques. La division blindée américaine de 1944, sera, elle, entièrement motorisée.

un B-17 "flying fortress" bombardant Nuremberg en février 1945
formation de Junkers Ju 87 Stuka allemands sur le front Russe en décembre 1943

Les immenses progrès de l'aviation réalisés entre les deux guerres vont donner aux différents avions de guerre une place de première importance. L'amélioration des structures de l'avion permet aux chasseurs-bombardiers comme le Stuka d'opérer des bombardements en piqué et de prendre ainsi toute leur part dans les combats terrestres. Les bombardiers lourds comme la forteresse volante américaine, dont le rayon d'action atteint, à la fin de la guerre, 5 000 kilomètres, sont utilisés dans des raids massifs de mille avions et plus, mettant ainsi en œuvre le concept de Bombardement stratégique. Pour contrer les bombardiers, les belligérants font usage de leurs avions de chasse et de canons de défense contre avions (DCA). C'est l'efficacité de la DCA qui oblige à organiser les opérations de bombardement la nuit. On demande aux avions de chasse d'assurer la maîtrise de l'espace aérien sur un champ de bataille ou sur un front donné[62].

Troupes américaines parachutées sur les Pays-Bas lors de l'opération Market Garden, 1944

Dominés par l'aviation alliée dans la seconde partie de la guerre, les Allemands auraient pu retrouver un certain avantage dans la bataille aérienne, grâce à la première construction en série d'avions à réaction par Messerschmitt. Mais Hitler gâche cette chance en exigeant d'en faire des bombardiers, contre l'avis de ses officiers, et non des avions de chasse, ce qui aurait été bien plus approprié[63].

un chasseur de nuit Messerschmitt Bf 110G-4/R1 à Dübendorf le 15 Mars 1944 doté d'un radar d'interception aéroporté FuG 202 Lichtenstein B/C

La DCA doit son efficacité aux progrès techniques des radars qui surveillent le ciel et guident le tir des canons anti-aériens. À partir de 1942, les bombardiers alliés sont équipés de radars, des chasseurs de nuit allemands également. Grâce à leurs qualités croissantes, les radars sont également utilisés dans les navires alliés pour la direction des tirs. D'une façon générale, les télécommunications font partie intégrante de l'arsenal militaire. Les blindés allemands sont reliés entre eux par radio dès 1939 en liaison avec les avions, alors que leurs adversaires français ne le sont que très partiellement. Les techniques de chiffrage et de déchiffrage suivent l'évolution des techniques. Les Allemands utilisent la machine de codage Enigma, mais le déchiffrement d'Enigma par les alliés occidentaux est un facteur fondamental qui leur permet d'inverser le cours de la bataille de l'Atlantique et d'assurer finalement leur victoire finale.

Marine

Sur mer, après la Première Guerre mondiale, le choix guidant la construction des navires de ligne consistait en un compromis entre le blindage et la vitesse. Les croiseurs de bataille, plus rapides que les cuirassés étaient moins bien protégés. Ce n'est qu'à la fin des années 1930 qu'apparurent les premiers cuirassés rapides. Mais ces bâtiments constituaient des cibles idéales pour l'aviation embarquée à bord des porte-avions, notamment les bombardiers en piqué et les avions torpilleurs. Malgré une puissante défense aérienne, disposant parfois de conduite de tir radar, le cuirassé reste vulnérable et cesse d'être le « capital ship » de la guerre sur mer. Le porte-avions, qui peut disposer d'un parc aérien de 50 à 60 appareils, prend un rôle de plus en plus déterminant, surtout grâce à « l'allonge » que lui permet ses escadrilles embarquées, lorsque le théâtre des opérations est éloigné de toute base terrestre, comme c'est le cas pour les États-Unis ou le Japon dans les batailles du Pacifique. Le porte-avions devient la pièce centrale d'un dispositif que les Américains appellent « Task force » et où les autres navires lui servent le plus souvent d'escorteurs[64].

Comme lors de la Première Guerre mondiale, les sous-marins sont largement employés pour bloquer l'approvisionnement ennemi, mais la lutte anti-sous-marine a fait d'énormes progrès depuis la Première Guerre mondiale, d'abord avec l'asdic puis avec le sonar. Les destroyers, les frégates et les corvettes sont spécialisées dans la lutte anti-sous marine et assurent l'escorte des convois. Dans les derniers jours de la guerre, la Kriegsmarine lance de tout nouveau type de sous-marins.

Les mines sous marines constituent un autre danger pour les navires. Elles se sont considérablement perfectionnées depuis la fin du premier conflit mondial. D'abord « de contact », explosant au choc, elles sont mises à feu par le champ magnétique et les bruits rayonnants des bateaux de guerre ou de commerce. Ce sont les mines à influences magnétiques et acoustiques. Les navires s'en protègent grâce à des circuits d'immunisation magnétique (degaussing) et une meilleure signature acoustique. Des petites unités spécialisées, les dragueurs de mines sont construites pour neutraliser ces millions d'engins de mort mouillés partout où le trafic maritime est important. Les mines sont particulièrement efficaces pour un coût modeste.

Wunderwaffe

À la fin de la Seconde Guerre, de nouvelles armes font apparition sur le champ de bataille, comme l'avion sans pilote V1 lancé pour la première fois par les Allemands sur l'Angleterre dans la nuit du 13 au 14 ou le missile V2 lancé pour la première fois sur Londres le 8 septembre 1944[64]. Contrairement aux craintes des alliés, les Allemands n'avaient pas de projet de bombe atomique[65]. Les Américains, au contraire, avaient mis à partir de de gigantesques ressources dans le projet Manhattan qui aboutit le 16 juillet 1945, après la reddition de l'Allemagne, à la première explosion nucléaire dans le désert du Nouveau-Mexique et aux bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945.

Drogues

L'usage des drogues durant la Seconde Guerre mondiale est le fait à la fois des puissances alliées et des forces de l'Axe[66]. L'objectif était de rendre les soldats plus combatifs en résistant mieux à la faim et la fatigue[67], mais créera de graves complications et des effets secondaires pour la santé des troupes[68].

Les soldats de la Wehrmacht recevaient des quantités importantes de méthamphétamine à travers une « pilule d'attaque » nommée Pervitin[69] et produite dès 1938[70]. Cette dernière se présentait sous la forme de barre chocolatée qui était fournie avec la ration militaire de base[71]. Au mois de décembre 1940, le nombre de pilules consommées baissa considérablement passant de 12,4 millions à 1,2 million par mois[72]. Lors de la percée de Sedan, le général Heinz Guderian fit donner environ 20 000 comprimés de Pervitin pour la 1er Panzerdivision[73]. Les aviateurs de la Luftwaffe, recevaient quant à eux, une formule modifiée qui servait à atténuer leur sentiment d'anxiété, à augmenter leurs performances en vol, à se concentrer tout en augmentant l'estime de soi[74].

En Asie, L'Armée Impériale japonaise commercialisa dès 1941 des pilules d'amphétamine sous le nom de Philopon, la présentant comme un stimulant[75] et distribua également des injections de méthamphétamine[76]. À la fin de la guerre, le Japon connaît une importante crise de consommation de drogue parmi sa population[77].

Les Alliés ont quant à eux privilégié les amphétamine à travers des cachets de benzédrine, l'Armée Britannique en distribuant jusqu'à 72 millions de cachets[78] et l'Armée Américaine entre 250 et 500 millions de pilules[79]. Les pilotes de la Royal Air Force recevront notamment de la méthédrine[80].

Statistiques

L'effort de guerre industriel
Puissance navale des différentes nations en 1939
Bâtiments Alliés Axe
Drapeau de la France France Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni Total Drapeau de l'Allemagne Allemagne Drapeau de l'Italie Italie Total
Porte-aéronefs 1 8 9 0 0 0
Cuirassés 8 15 23 5 6 11
Croiseurs 19 64 83 8 17 25
Destroyers 70 184 254 34 59 93
Sous-marins 77 58 135 57 115 172

Europe sous domination nazie

À partir de la victoire éclair de l'Allemagne sur la France, et plus encore à partir de 1941, avec l'invasion des Balkans et de l'Union soviétique, et jusqu'à la fin 1944, la presque totalité de l'Europe est sous domination Allemande. Certains pays et certaines régions ont carrément été rattachés au Grand Reich, comme l'Autriche, le Protectorat de Bohême-Moravie, ou l'ouest de la Pologne. D'autres pays se sont alliés volontairement à l'Allemagne, il s'agit de la Bulgarie, de la Roumanie et de la Hongrie, mais ils sont complètement dépendants de l'Allemagne. Certains pays, comme la Slovaquie et la Croatie, doivent leur indépendance à l'Allemagne nazie. D'autres sont occupés à la suite de victoires allemandes. C'est le cas des Pays-Bas, de la Belgique, de la Norvège, du Danemark, de la France, de la Serbie, de la Grèce[81].

Domination économique et asservissement

Marche de citoyens polonais expulsés du Reichsgau Wartheland vers le Gouvernement général, novembre 1939

La domination allemande en Europe revêt un caractère différent à l'est et à l'ouest. Les pays de l'Est européens, au peuplement slave sont considérés par les nazis comme un « espace vital » (Lebensraum) revenant à la « Race des Seigneurs ». Dans cet espace immense, il s'agit à la fois d'implanter des colons allemands, de germaniser de force les populations qui peuvent l'être, de déplacer, stériliser ou faire mourir des millions de « sous-hommes » : Polonais, Slaves soviétiques ou Tziganes, en utilisant les survivants comme esclaves, allant jusqu'à la solution finale pour les juifs.

L'Ouest n'est pas considéré comme un espace vital à vider pour que des Allemands puissent y prendre place. Dans le nouvel ordre européen, un pays comme la France garde sa place, mais à un rang inférieur à celui de l'Allemagne. Si l'occupant allemand exerce une terreur moindre, il n'en soumet pas moins les ressources des pays conquis au pillage systématique.

En effet, sur le plan économique, le continent européen est soumis à l'hégémonie du Reich. Pour l'Allemagne, il s'agit d'abord de mettre l'ensemble des ressources et capacités économiques du continent au service du Reich en guerre. D'autre part, des jalons sont posés pour une intégration de toutes les économies nationales dans un grand espace économique dominé par l'Allemagne[82]. En France, on appelle les soldats allemands « doryphores », qui ravagent tout[83].

Dans la pratique, les différents moyens pour mettre l'économie de l'Europe au service de l'Allemagne vont des accords de compensation avec taux de change avantageux pour les pays alliés au pillage massif pour les pays comme la Pologne ou l'Union soviétique en passant par le paiement d'indemnités pour un pays comme la France. La mise au travail des prisonniers de guerre et les déplacements en Allemagne de millions de travailleurs représentent une forme encore plus directe de l'exploitation des ressources.

Collaborations et résistances en Europe

Pour Yves Durand, « Les occupations engendrent parmi les occupés, des comportements qui vont de la collaboration à la résistance en passant par toute une gamme d'attitudes qui ne peuvent être réduites ni à l'une ni à l'autre[84] ».

L'entrevue de Montoire entre Philippe Pétain et Adolf Hitler.

Tous les pays vaincus doivent accepter au moins une forme de collaboration minimale qui permet aux peuples de survivre en acceptant au moins temporairement les conditions du vainqueur. C'est ce que Werner Rings appelle la collaboration neutre qui est typiquement pratiquée aux Pays-Bas et en Belgique dont les gouvernements ont quitté le pays, mais dont les administrations font le nécessaire pour permettre aux habitants de survivre et à l'économie de tourner en étant réquisitionnée au service de l'effort de guerre allemand[85].

Aux Pays-Bas, la résistance est surtout urbaine, vu la géographie du pays qui n'offre pas de sites isolés et difficiles d'accès où l'on puisse organiser une activité clandestine. Il s'agit d'espionnage et de presse clandestine. En Belgique, l'espionnage se manifeste à travers des agents britanniques et belges recrutés et formés directement par les Britanniques et aussi par des réseaux de résistance intérieure belge dont le réseau Clarence de Walthère Dewé et des réseaux d'évasion dont le Réseau Comète. À partir de 1942, les sabotages vont commencer, notamment ceux du Groupe G, une organisation d'ingénieurs qui entravent scientifiquement le potentiel militaire allemand en détruisant les équipements stratégiques comme les lignes à haute tension et des stations électriques dans le but de paralyser la production de guerre des usines réquisitionnées. Mais, en Ardenne belge, dans la province de Luxembourg, région accidentée et boisée, se développent des groupes de maquisards. Des parachutages d'armes depuis l'Angleterre les équiperont au fur et à mesure des années en vue des combats de la Libération. En 1944, beaucoup de ces résistants s'engageront dans les troupes belges participant à la libération de la Belgique et iront combattre avec elles aux Pays-Bas et en Allemagne avec les alliés.

Dans certains pays, comme pour la Norvège de Quisling à partir de 1942, ce sont les partisans des nazis qui gouvernent directement le pays. Les historiens les appellent généralement des « collaborationnistes ».

Soldats de la légion du Turkestan en France

Dans d'autres pays, l'Allemagne préfère favoriser des dirigeants conservateurs comme Pétain en France ou Nedić en Serbie qui sont présumés mieux gérer leur gouvernement. En Serbie, en Croatie, ou au Monténégro, les séparatismes locaux sont encouragés pour installer des gouvernements favorables à l'Allemagne et à ses alliés.

En France, les différents gouvernements vichystes proposent d'eux-mêmes une collaboration qui va au-delà de ce qui est prévu par l'armistice de en espérant obtenir pour le pays une meilleure place dans l'Europe allemande. Selon les termes de Paxton, « Hitler repousse la main tendue[86] ». C'est lui qui choisit ses alliés. Devant les compromissions de plus en plus graves du gouvernement Laval, une résistance s'organise, déjà à partir de l'été 1940. Dans le courant de la guerre, à cause des déportations d'ouvriers, des réseaux de réfractaires s'organisent qui deviennent des maquisards combattants. Grâce aux parachutages d'armes depuis Londres, ils entreprennent des sabotages et attaqueront les troupes allemandes en retraite en 1944.

En Pologne, gouvernée directement par les Allemands pour être pillée et complètement asservie, il ne peut y avoir ni collaborationnistes ni collaborateurs.

L'engagement dans la « résistance » permet aux peuples dominés de continuer à s'opposer au vainqueur, à participer à l'effort de guerre des Alliés et éventuellement à la libération de leur pays. La résistance s'organise par la création de mouvements, de réseaux et de maquis, regroupant une minorité de la population et souvent en liaison avec les gouvernements en exil ou les services de renseignement britannique, soviétique ou américain.

Génocides, déportations, concentrations

Four crématoire d'Auschwitz

La guerre et la domination de l'Europe qui en a résulté ont permis au régime nazi de pousser à l'extrême son idéologie raciste. Selon les termes de Goebbels : « La guerre nous offre toutes sortes de possibilités que la paix nous refusait[87]. »

Parmi ces possibilités figure un plan de nettoyage ethnique visant les populations d'Europe de l'Est : le Schéma directeur pour l'Est ; son application dans les terres conquises aura pour effet de les désorganiser en profondeur.

Le jour même de l'entrée en guerre, en , Hitler autorise l'extermination des handicapés mentaux allemands et autres malades incurables. Officiellement stoppée en août 1941 grâce à un mouvement d'opinion, l'aktion T4 conduit à « l'euthanasie » par le gaz de plus de 150 000 handicapés, nombre de techniciens de l'opération étant ensuite réaffectés au gazage massif des Juifs dans les camps de la mort.

Dès 1939, les Juifs sont concentrés de force dans des ghettos misérables, surpeuplés et délibérément affamés, notamment dans le Gouvernement général de Pologne (voir : ghettos en Pologne occupée). Leur extermination systématique, que l'on désigne sous le nom de Shoah, est d'abord mise en œuvre par des exécutions de masse pratiquées par la Wehrmacht puis par les Einsatzgruppen dans les territoires polonais et soviétiques. En URSS et dans une partie de la Pologne, la « Shoah par balles » cède en 1942 le pas à l'emploi méthodique de camions à gaz. Après la conférence de Wannsee (), la politique d'extermination (« la solution finale de la question juive » dans la terminologie nazie) vise les Juifs de tous les pays occupés et prend un tour industriel. Les Juifs sont déportés dans des camps d'exterminations dans lesquels les victimes sont gazées en masse, et leurs corps réduits en cendres dans des fours crématoires. Au total, environ les trois quarts des Juifs de l'Europe occupée, totalisant selon Raul Hilberg au minimum 5 100 000 personnes, sont exterminées[88]. 3 000 000 d'entre-eux étaient Polonais, soit 90 % de la population juive du pays, et périront lors de la « Shoah polonaise »[89].

Prisonniers de Buchenwald, lors de la libération du camp.

Les Tziganes sont également victimes de la politique raciale des nazis. L'extermination des Tziganes est connue sous le nom de Porajmos. En décembre 1942, Himmler prend la décision de déporter vers Auschwitz tous les Tziganes d'Europe, mais se désintéresse rapidement du sujet qui ne constitue pas un enjeu stratégique de première importance. On peut estimer que pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 50 000 et 80 000 Tziganes sont morts à la suite des mesures de persécution nazies[90].

En plus des camps d'extermination dont la finalité est l'élimination immédiate des Juifs et autres catégories qualifiées de « sous-hommes », les nazis multiplient les camps de concentration et leurs commandos pour enfermer, et généralement exterminer par le travail forcé, les opposants réels ou présumés, ou des droits communs. Les conditions particulièrement déshumanisantes de la détention et les traitements brutaux des SS et des kapo y entrainent une mortalité extrêmement forte (40 % des déportés français ne survivent pas). Au départ, ce sont des unités mobiles qui sont chargées d'exterminer les Juifs — ainsi que les Tziganes, les cadres communistes, voire les handicapés et les homosexuels.

Extrême-Orient sous domination japonaise

En Asie également, l'empire du Japon suscite des gouvernements collaborateurs et a recours à grande échelle au pillage des matières premières et au travail forcé des prisonniers de guerre et des populations locales qu'il prétendait libérer de la servitude coloniale.

Wang Jingwei, chef du gouvernement collaborateur chinois, recevant des dignitaires de l'Allemagne nazie.

En Chine, les Japonais jouent des divisions politiques locales pour s'assurer le soutien de Wang Jingwei, ancien premier ministre et ancien chef du Kuomintang, qui dirige un gouvernement collaborateur à Nankin. Pour se donner un profil patriotique, ce gouvernement met fin au régime des concessions européennes à Shanghai.

Dans plusieurs colonies occidentales asiatiques occupées, les Japonais composent avec les indépendantistes locaux, créant des régimes comme l'État de Birmanie, dirigé par Ba Maw, ou la république des Philippines, dirigée par José P. Laurel. L'empire du Japon use du concept de la Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale pour promouvoir l'idée d'une Asie auto-suffisante et justifier sa politique expansionniste.

Envahie en 1931, la Mandchourie est devenue l'État du Mandchoukouo, où l'ancien empereur de Chine Puyi exerce une autorité de façade, et qui garantit au Japon d'importantes ressources naturelles.

Dans le cadre de la campagne de Birmanie, les Japonais bénéficient de l'appui du gouvernement thaïlandais de Plaek Pibulsonggram et du leader indépendantiste indien Subhas Chandra Bose, qui crée l'Armée nationale indienne. Aux Indes orientales néerlandaises occupées, qui leur fournissent de très importantes réserves de pétrole, les Japonais ne créent pas de gouvernement, mais se ménagent l'appui des leaders indépendantistes comme Soekarno (futur président de l'Indonésie).

Camps de prisonniers et esclavage

Des prisonniers de guerre australiens et néerlandais à Tarsau, en Thaïlande en 1943.

Disséminés sur tout le territoire de la Sphère, les camps de prisonniers japonais connurent un taux important de décès car la majorité d'entre eux impliquaient le travail forcé des prisonniers. Selon le Tribunal de Tokyo, le taux de mortalité des occidentaux y était de 27,1 %, sept fois celui des prisonniers des camps allemands ou italiens[91]. Le taux de mortalité des prisonniers chinois était bien supérieur en raison d'une directive ratifiée le 5 août 1937 par Hirohito qui éliminait les mesures de protection du droit international à l'égard de ces prisonniers[92]. Ainsi, si 37 583 prisonniers britanniques, 28 500 néerlandais et 14 473 américains furent relâchés après la reddition du Japon, le nombre de Chinois libérés ne fut que de 56[91],[93].

Selon une étude de l'historienne Zhifen Ju, plus de 10 millions de Chinois furent mobilisés par l'armée impériale japonaise et transformés en esclaves par la Kōa-in au Manchukuo et en Chine du nord[94]. Des documents retrouvés à la Bibliothèque du Congrès américain démontrent qu'entre 4 et 10 millions de romusha, des civils indonésiens, ont été soumis au travail forcé à Java par le régime Shōwa et que le taux de mortalité y fut de 80 %[95].

En Amérique du Nord, à la suite de l'attaque de Pearl Harbor par les Japonais et à l'entrée en guerre contre l'Allemagne et l'Italie, le président Franklin Roosevelt autorise le l'internement de dizaines de milliers d'Américains d'origine japonaise, italienne et allemande : enemy alien (en). Le Canada, dans une moindre mesure, a également détenu des citoyens originaires de ces pays dans des camps.

Conséquences historiques

La Seconde Guerre mondiale contribue, à travers son bilan plus ou moins préjudiciable aux participants, à l'émergence de deux superpuissances qui vont se partager le monde : les États-Unis et l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).

La Société des Nations, à laquelle on impute d'avoir échoué à empêcher la guerre, est remplacée par l'Organisation des Nations unies dont la Charte est rédigée à San Francisco en .

Conservé à la Bildarchiv der Österreichischen Nationalbibliothek de Vienne, le fameux accord des « zones d'influence » contresigné par Churchill et Staline à Moscou le .

L'Allemagne est soumise à plusieurs années d'occupation. En 1949, elle est séparée en deux États, désignés des noms d'Allemagne de l'Ouest (démocratie libérale, dans la zone occupée précédemment par les Américains, les Britanniques et les Français) et d'Allemagne de l'Est (régime communiste, dans la zone occupée par les Soviétiques). La réunification allemande n'aura lieu qu'en 1990.

L'Allemagne de l'Ouest et le Japon sont démilitarisés et démocratisés par les Occidentaux. Les principaux dignitaires de la hiérarchie nazie sont jugés, et la plupart condamnés pour crime contre l'humanité (une notion nouvelle, juridiquement définie à la suite des crimes nazis) ou pour crime de guerre lors d'un procès international à Nuremberg. Les chefs militaires japonais répondent de leurs exactions devant le tribunal international de Tokyo, mais l'empereur Hirohito et des criminels de guerre comme Shirō Ishii, ancien chef de l'unité 731, sont exempts de toute poursuite pour leur coopération avec les États-Unis. Un certain nombre d'ex-responsables nazis obtiennent aussi l'impunité grâce à des initiatives américaines comme l'opération Paperclip et retrouvent plus tard des postes de responsabilité.

En Europe centrale et en Europe de l'Est, zones investies en 1944-1945 par l'Armée rouge, les partis communistes locaux prennent le pouvoir entre 1945 et 1948 sous influence de l'Union soviétique. Dès mars 1946, Winston Churchill, qui, pour garder la Grèce dans le giron occidental, avait consenti à un partage de l'Europe en « zones d'influence » par l'accord de Moscou du , déclare qu'« un rideau de fer s'est abattu à travers le continent ». En Grèce, malgré l'absence de soutien de l'URSS aux communistes grecs, majoritaires dans la résistance locale, une guerre civile se prolonge jusqu'en 1949 et manque de faire basculer la Grèce dans le camp communiste, avant que le gouvernement monarchique ne remporte à grand-peine la victoire grâce au soutien du Royaume-Uni. En Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Yougoslavie et Albanie, où les communistes étaient largement minoritaires, des régimes communistes sont mis en place : le bloc de l'Est se constitue en Europe, signant le début de la guerre froide. Seul le régime communiste de Tito, qui avait en Yougoslavie une certaine assise populaire, surtout chez les Serbes, prend en 1948 une position indépendante vis-à-vis de l'URSS.

La république de Chine de Tchang Kaï-chek est affaiblie par les années de guerre. La guerre civile chinoise, interrompue par l'agression japonaise, reprend dès 1946. En 1949, les nationalistes de Tchang Kaï-chek sont battus par les communistes, largement soutenus par l'URSS. Mao Zedong proclame sur le continent la république populaire de Chine, tandis que Tchang Kaï-chek se réfugie à Taïwan, rendue par les Japonais.

Les institutions d'avant-guerre ne perdurent que dans une minorité d'États européens et asiatiques. Toutes les monarchies d'Europe de l'Est sont abolies par la construction rapide des régimes communistes, qui balayent également les entreprises, le tissu syndical et associatif, et les libertés publiques de ces pays. Un référendum abolit la royauté en Italie () ; elle ne se maintient en Grèce qu'au prix d'une guerre civile, et en Belgique la « question royale » posée par l'attitude de Léopold III pendant la guerre, ne trouve de réponse qu'avec son abdication en 1951. Au Japon, les Américains maintiennent l'empereur Hirohito, pourtant constamment tenu informé des crimes commis par ses armées, mais imposent l'abolition du culte impérial qui le proclamait d'essence divine. En France, la IIIe République, rendue responsable de la défaite, cède la place à une nouvelle constitution.

Partout à l'Ouest, les gouvernements s'engagent dans la construction du Welfare State ou État-Providence : nationalisations, planification, intervention de l'État, lois de protection sociale sont désormais à l'ordre du jour pour une trentaine d'années. Nationalisations, planification et intervention de l'État prennent des formes extrêmes à l'Est, où la sphère privée se réduit désormais aux seules familles et à leurs biens meubles.

La recherche scientifique et technique, dans l'ensemble, bénéficient d'une forte impulsion, en particulier pour la maîtrise de l'atome dans le projet Manhattan et la recherche sur les fusées qui permettra des programmes spatiaux. La guerre a aussi vu le premier usage massif des antibiotiques dont la pénicilline inventée par les Britanniques, ou encore du DDT, utile aux Américains dans les marais du Pacifique. Mais, pendant quarante ans, la guerre froide entre « zones d'influence » empêche les scientifiques de communiquer librement entre eux et draine de nombreuses ressources et technologies vers la sphère militaro-industrielle, au détriment du développement civil.

Conséquences au Royaume-Uni

V for Victory, Churchill au balcon de Whitehall, le 8 mai 1945 (jour V-E)
Carte de l'Europe publiée en Angleterre par The National Savings en 1946.

Les autres alliés en effet, et si l'on excepte le Royaume-Uni, ont un rôle mineur ou bien sont écartés des négociations qui aboutissent à la mise en place de deux zones d'influence, suivant les accords de Yalta et de Potsdam. Cette situation, qui porte en elle les germes de la guerre froide, dure jusqu'en 1989.

Le Royaume-Uni sort considérablement affaibli de la guerre. Celle-ci, en effet, a consacré le déclin des puissances coloniales : le mouvement Quit India s'est développé durant le conflit aux Indes britanniques, les indépendantismes indien et birman ayant pris des formes parfois violentes. L'Indian Independence Act de 1947 prend effet à l'été 1947, immédiatement suivi par la partition des Indes. La Birmanie obtient son indépendance en 1948. Par la suite, les îles britanniques connaissent une crise sans précédent, due à la reconstruction et à la restructuration de son économie.

Conséquences en France

Au cours de la bataille de Normandie, le général de Gaulle, accueilli en libérateur par les Français, parvient à obtenir des Alliés la reconnaissance de la pleine autorité de son gouvernement, le gouvernement provisoire de la République française (GPRF) — proclamé le 3 juin à Alger —, sur la métropole. Il fait en sorte que la France soit reconnue par le camp allié comme un vainqueur. Cette reconnaissance lui permet d'occuper une partie de l'Allemagne et d'obtenir un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.

Soldats de la Légion des volontaires français sur le front russe en novembre 1941

La libération de la France s'accompagne de l'épuration d'une partie des personnes suspectées d'avoir collaboré. Les Allemands et leurs collaborateurs ont multiplié les atrocités sous l'Occupation, puis pendant leur retraite. Aussi dans les territoires libérés par les résistants, et malgré les efforts de la plupart de leurs chefs et des commissaires de la République pour instaurer au plus vite une épuration légale et judiciaire, de nombreuses exécutions sont expéditives et pas toujours précédées de jugements. Environ 20 000 femmes sont tondues pour « collaboration horizontale[96] ». De ce fait, des erreurs sont commises dans cette libération rapide et des innocents injustement assassinés. Les historiens estiment qu'environ 11 000 exécutions sommaires ont lieu, aux trois quarts pendant les combats. L'épuration sauvage a pu être d'autant plus brutale que la population peut avoir envie de se venger des exactions de la milice et des Allemands dans leur déroute et que le gonflement des effectifs de la Résistance a permis à certains résistants de la 24e heure de se dédouaner ainsi à peu de frais.

À l'opposé, certains collaborateurs sont parfois acquittés ou condamnés à de faibles peines (malgré la gravité de leurs crimes) par les tribunaux réguliers dont la majorité des juges ont prêté serment à Pétain. D'autres furent jugés par la Haute Cour composée de résistants, mais l'importance des condamnations décrut avec le temps. C'est ainsi qu'en 1949, le dernier accusé jugé est acquitté : le secrétaire d'État à l'Intérieur de Pétain, René Bousquet (qui mit la police et la gendarmerie françaises à la disposition des occupants pour faire la chasse aux résistants et déporter près de 60 000 Juifs) est acquitté. Les collaborateurs n'ont été poursuivis que pour trahison et non pour crime contre l'humanité.

Miliciens effectuant une rafle

De Gaulle empêche le développement d'une situation armée insurrectionnelle (voir Histoire de France), en amalgamant les mouvements ayant participé à la Résistance à l'armée régulière issue de l'armée d'armistice cantonnée en Afrique (dont nombre de cadres avaient été vichystes avant de se rallier en 1942). Non sans mal, les résistants des Forces françaises de l'intérieur (FFI) et des Francs-tireurs et partisans (FTP) sont intégrés dans l'armée régulière sans trop d'à-coups. L'intégration des milices patriotiques du PCF est négociée contre leur participation au gouvernement et l'amnistie de Maurice Thorez.

Au nom de la reconstruction du pays, qui s'effectue via une forte croissance et afin de permettre à la France de tenir son rang nouvellement restauré aux côtés des Alliés, l'épuration de l'administration est limitée. Certains hauts fonctionnaires invoquent la continuité de l'État comme acte de résistance. Les policiers dont une partie a poursuivi les résistants se dédouanent par une insurrection à Paris à la veille de la Libération. Certains collaborateurs se font oublier en intégrant des régiments de FFI ou en s'engageant dans le corps expéditionnaire d'Extrême-Orient (engagé en Indochine), ce qui est par la suite exploité par la propagande Việt Minh.

La France oublie qu'elle fut anglophobe et pétainiste après le bombardement de Mers el-Kébir, que des gendarmes français gardèrent le camp de concentration de Drancy et convoyèrent les convois de déportés jusqu'à la frontière. La proportion de Juifs d'avant-guerre ayant survécu n'est pas la plus importante de tous les pays occupés, les Juifs dit apatrides ont été bien moins protégés que les Juifs français. Pour un temps, la législation française considéra que seuls les Allemands peuvent être poursuivis pour crime contre l'humanité. Le procès manqué de Bousquet ainsi que les procès tardifs de Paul Touvier et Maurice Papon sont emblématiques de cette politique.

Conséquences en Belgique

Le différend né le entre le roi Léopold III et le gouvernement ne sera apaisé qu'en 1950 avec l'abdication du roi revenu d'exil. Voulant rester avec l'armée prisonnière, Léopold III avait veillé à ne faire signer qu'une reddition limitée aux troupes sur le terrain, ce qui permit au gouvernement de partir pour continuer la guerre avec les troupes du Congo belge et celles qu'il put reconstituer en Angleterre (armée, aviation, marine). Le reproche du gouvernement et d'une partie de la population était que le roi aurait dû se réfugier à l'étranger pour prendre la tête de la résistance à l'Allemagne. La division de l'opinion publique à ce sujet donna lieu, après la guerre, à des affrontements allant jusqu'à des manifestations violentes entre défenseurs du roi et partisans de son abdication. Des violences avaient déjà atteint le pays pendant l'occupation allemande, les collaborateurs de l'ennemi ayant perpétré des attentats contre la population (entre autres la tuerie de Courcelles) et l'exécution de personnalités politiques et économiques abattues en pleine rue car suspectées d'être en faveur des alliés et de la résistance intérieure.

SS Wallonie: Léon Degrelle à Charleroi

Les actions de résistance intérieure belge se manifestèrent d'abord par de l'espionnage, notamment par le réseau Clarence organisé dès 1939 par Walthère Dewé (qui avait déjà dirigé le réseau de la Dame Blanche en 1914-18). Dès 1942, commencèrent des actions de sabotage de voies ferrées, la destruction de lignes à haute tension alimentant l'industrie allemande avec de l'électricité belge par le Groupe G. Il en résulta des représailles sous la forme de prises d'otages et l'exécution de résistants arrêtés. Le roi lui-même, auteur de lettres à Hitler pour protester contre les déportations, reçut en réponse une menace de déportation, ce qui arriva lorsqu'il fut emmené en Allemagne avec sa famille en 1944. Mais cela ne suffit pas à le populariser auprès de ses adversaires. D'autre part, après la guerre, des centaines de procès entrainèrent l'exécution capitale par fusillade de collaborateurs de l'ennemi, mais aussi de dénonciateurs désignant aux autorités allemandes des résistants, voire des personnes innocentes dont d'aucuns voulaient se débarrasser pour des raisons privées.

Furent, entre autres, exécutés des tortionnaires du camp de concentration installé à Breendonk, entre Bruxelles et Anvers et des collaborateurs de la police allemande. Le gouverneur allemand de la Belgique, le général Alexander von Falkenhausen fut tenu prisonnier jusqu'en 1949, puis jugé, condamné à vingt ans de prison, les juges militaires belges ayant tenu compte de son opposition aux nazis -qui lui valut d'être arrêtés par ceux-ci- Après quelques années, il fut libéré et rentra en Allemagne où il épousa une ancienne résistante. Sur divers plans, la guerre et l'occupation allemande eurent des suites durables dans l'évolution historique de la Belgique. C'est surtout sur le plan des communautés linguistiques et culturelles que la politique allemande de division entre flamands et wallons s'est faite sentir. Déjà, pendant la Première Guerre mondiale, les Allemands -qui occupaient les neuf dixièmes du territoire belge- avaient imposé la scission des administrations belges en deux autorités séparées, l'une à Namur pour la Wallonie, l'autre à Bruxelles pour la Flandre, cette région étant considérée comme germanique pour la seule raison de la langue parlée par la majorité de sa population. D'aucuns affirment que la présence en Belgique occupée du roi Léopold III a empêché l'Allemagne de reprendre cette politique entre 1940 et 1944. Ce serait sous l'influence du gouverneur général allemand Von Falkenhausen hostile aux nazis (et que ceux-ci arrêtèrent en 1944). L'action de diplomates allemands traditionalistes non nazis aurait eu également une influence dans la relative modération politique du Reich à l'égard du régime politique de la Belgique. Modération qui prit fin en 1944 avec la division de la Belgique en deux gaus allemands, Flandre et Wallonie, sous l'égide des SS tandis que le roi était déporté avec sa famille. Quant à l'activité économique, elle subit des atteintes telles que la reconstruction d'après-guerre et les procès d'épuration ne purent en effacer complètement les conséquences. Ce qui restait d'industrie automobile et aéronautique nationale indépendante de sociétés étrangères disparut dans les bombardements. Les destructions industrielles, pillages et déportations (entre autres dans les charbonnages du Hainaut) ne furent pas compensées par la modernisation qu'il aurait fallu mettre en œuvre après la guerre. Sur le plan culturel, des journaux disparurent, d'autres apparurent dont beaucoup ne tinrent pas longtemps.

Accueil des troupes britanniques à Bruxelles le 4 septembre 1944.

De nombreuses personnes des milieux de presse, du cinéma et de la culture qui avaient cru pouvoir travailler sous l'égide allemande furent condamnées ou s'enfuirent ou, à tout le moins, furent mises à l'index. On peut citer quelques cinéastes dont Henri Storck avec sa symphonie paysanne, hymne dédié à l'idéologie du retour à la terre dans l'esprit mis à l'honneur en France sous le régime du gouvernement Pétain. Storck n'eut pas d'ennui à la libération, étant considéré comme un brave homme étranger aux malheurs de son époque, malgré la lettre dans laquelle il se décrivait comme étant d'ascendance pure aryenne afin de pouvoir devenir membre de la corporation du cinéma créée par l'occupant allemand. Avec un documentaire à la gloire de l'Allemagne, Deutsche Grosse, Jan Meeuwissen se montra beaucoup plus engagé en 1943. En 1943 encore, Frans Develter produisit un film de long métrage en trois parties Vlaanderen te Weer destiné à montrer que la Flandre, martyrisée par la Belgique, avait retrouvé sa grandeur grâce au national-socialisme. À Anvers, Jan Vanderheyden, par ailleurs cheville ouvrière de la corporation du film, "führer" de la branche production-distribution[97], produisit plusieurs courts métrages et longs métrages purement distractifs, ce qui lui valut seulement quelques critiques après la guerre. En Wallonie, le peintre liégeois Auguste Mambour fut condamné parce qu'on lui reprochait sa sympathie pour l'ordre nouveau installé par les amis de l'Allemagne, notamment un voyage culturel en Allemagne comme ceux qu'organisait le ministre nazi Joseph Goebbels à l'intention d'artistes des pays occupés. Dans le domaine de la presse et de la littérature, le dessinateur de presse Paul Jamin, collaborateur du journal d'extrême droite Le Pays Réel, d'abord condamné à mort puis, finalement, sorti de prison après une commutation de peine, devint le dessinateur attitré du journal satirique belge Pan fondé par un Léo Campion anarchiste et résistant. Le dessinateur et auteur de bandes dessinées Georges Remi, plus connu sous son pseudonyme Hergé, créateur de Tintin, ne passa qu'une nuit en prison pour avoir publié dans le journal Le Soir alors que ce plus important organe de la presse belge de l'époque avait été réquisitionné par les collaborateurs des Allemands, ce qui, depuis, fait désigner ce journal sous le nom de Soir volé. Ce journal fut imité dans un pastiche resté célèbre en Belgique sous le nom de faux Soir. Les auteurs parvinrent à distribuer dans les kiosques cette imitation du journal collaborateur. Ils y avaient imprimé plaisanteries anti-allemandes et articles contre la collaboration qui mettaient en cause des journalistes ralliés aux occupants. Parmi ces écrivains et journalistes qui soutenaient l'Allemagne dans la presse, Robert Poulet avait fondé un quotidien le Nouveau Journal soutien des occupants et qui, plus tard, prétendit qu'il était « couvert par la couronne ». Prenant ses distances en 1943 avec la politique pro-allemande, il fut cependant condamné à mort par la justice belge, peine commuée en détention à perpétuité suivie d'une grâce avec expulsion en France où il entama une carrière de penseur et philosophe. De même, Félicien Marceau, pseudonyme de Louis Carette, journaliste à la radio sous contrôle allemand qui démissionna en 1942 pour devenir éditeur indépendant et réfugié en France en 1945, étant poursuivi notamment pour des émissions qui parurent favorables à l'appel au travail volontaire en Allemagne. Sous son pseudonyme de Félicien Marceau, il poursuivit à Paris une carrière d'écrivain et d'homme de théâtre qui lui valut le prix Goncourt et une place à l'Académie française avant de mourir à 98 ans. L'indulgence à l'égard des artistes et intellectuels de la collaboration ne fut pas toujours la règle. On peut citer le cas emblématique du brillant essayiste et critique d'art Paul Colin, qui fut apparemment de gauche comme le révèlent ses écrits d'avant-guerre en faveur du surréalisme, mais qui, dès 1940, se rallia aux idées des collaborateurs de l'ennemi partisans d'un régime autoritaire. En 1942, il était abattu en pleine rue par de jeunes résistants, malgré la présence de gardes du corps allemands.

Conséquences aux États-Unis

Les États-Unis prennent l'initiative d'avoir une attitude positive. Ils imposent la démocratie, particulièrement en Allemagne de l'Ouest et au Japon, à travers une épuration et un contrôle des rouages de l'État et de l'éducation. Parallèlement, ils fournissent à partir de 1947 une aide économique à la reconstruction de l'Europe, connue sous le nom de plan Marshall. Celle-ci permet une reconstruction rapide des économies occidentales, achevée au début des années 1950, et évite aux populations la tentation de s'abandonner au communisme ou aux néo-fascismes.

À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont avec l'URSS l'une des deux plus grandes puissances mondiales. Les États-Unis possèdent la première flotte de guerre, la première flotte de commerce, ils détiennent 75 % des stocks d'or du monde (d'où la devise « dollar as good as gold », le dollar est aussi sûr que l'or).

16 millions d'Américains furent incorporés dans les forces armées des États-Unis, 407 000 y périrent, dont 292 000 sur le champ de bataille.

Conséquences en Italie

Après 1945, l'Italie accuse le coup de la défaite des puissances de l'Axe : le référendum constitutionnel de 1946 signe le passage du régime monarchique qui avait survécu tout au long de la guerre, au régime républicain. Grâce à la stabilité et aux politiques keynésiennes des nouveaux gouvernements républicains, l'Italie connaît ensuite une très forte expansion[98],[99], phénomène appelé les Trente Glorieuses. Le constructeur automobile Fiat devient le symbole du miracle italien, dont la période va des élections d'avril 1948 aux Jeux Olympiques de Rome en 1960 : 700 000 automobiles en 1955, 10 millions cinq ans après[100]. Le fabricant de scooters Vespa n'est pas en reste ; entre 1945 et 1965, il en vend 3,5 millions en Italie. Dans le sillage de son expansion économique et de son retour à un statut de puissance de moyenne taille, l'Italie adhère en 1949 à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord et en 1955, elle est admise aux Nations unies.

Conséquences en URSS

Graphique représentant les pertes militaires en Europe selon le front de combat, à droite les pertes sur le front de l'Est.

Staline n'est pas en reste et fut l'un des grands gagnants du conflit. Le prestige et le rôle de l'Union soviétique sortent grandis bien au-delà des seuls cercles communistes. Réintégrée dans le concert des nations, l'URSS est membre permanent du Conseil de Sécurité.

Pour les Russes, cette grande guerre patriotique menée sur le front de l'Est invoqua la survie de la nation. En portant un toast au peuple russe lors du défilé de la victoire, le 24 juin 1945, Staline confirmait le retour de l'URSS à une forme plus accentuée de nationalisme grand-russe voire de chauvinisme, aux dépens des minorités nationales et, bien vite, des Juifs « cosmopolites ».

Les annexions de 1939-1940 sont confirmées, et d'autres sont venues s'ajouter à la victoire. L'URSS a augmenté sa superficie de 475 000 km2 et sa population de 24 millions d'habitants, aussitôt soumis à une très brutale soviétisation par la terreur. Derrière le rideau de fer, le système stalinien est progressivement imposé pour des décennies à un empire immense allant de Berlin-Est à la Corée du Nord, en attendant le basculement de la Chine et du Viêt Nam dans le camp communiste.

Cependant, l'URSS sort considérablement appauvrie de la guerre, qui lui a coûté plus de 25 millions de morts, ainsi que les pires destructions jamais subies par un belligérant dans l'histoire humaine. En 1945, une commission officielle estime que le coût des destructions équivaut au double des investissements consentis lors des deux premiers plans quinquennaux des années 1930. Enfin, technologiquement, l'Union soviétique accuse un retard sur l'Amérique, dont elle ne brise le monopole nucléaire qu'en 1949.

Coûts humains en fonction des pays

Pendaison de civils polonais, Rożki, Gouvernement général de Pologne, 1942.

En tout environ 38 millions de civils furent tués par les nazis et leurs alliés.

En Europe : entre 8,8 et 10,7 millions de militaires soviétiques[101], 5,3 millions de militaires allemands[102],[103], six millions de Polonais, dont trois millions de Juifs et trois millions de catholiques ; trois millions de Juifs des autres pays d'Europe ; deux millions de Tziganes, handicapés, homosexuels et autres.

Concernant les seules pertes militaires en Europe, selon les estimations, environ 17 877 000 militaires sont morts sur les champs de bataille européens, dont 10 774 000 du côté des alliés et 7 103 000 du côté des forces de l'Axe. Les tués de l'Armée rouge constituent 53 % du total des pertes militaires connues en Europe, ceux de la Wehrmacht 31 %, ceux du Royaume-Uni 1,8 %, ceux de la France 1,4 % et ceux de l'armée nord-américaine 1,3 %. Les pertes militaires de l'Union soviétique représentent 88 % du total des pertes alliées en Europe (Royaume-Uni 3 %, France 2,3 % et États-Unis 2,2 %). Le total des pertes militaires seules de l'Allemagne et de l'Union soviétique réunies représentent 84 % du total de toutes les pertes militaires subies en Europe. Les pertes militaires du conflit germano-russe seul sont de 13 876 400 soit 78 % du total des pertes militaires subies en Europe.

En Asie : les historiens évaluent entre 10 et 30 millions le nombre de morts causées par les exactions japonaises, dont 2,7 millions pour la seule opération de la politique des Trois Tout (三光作戦, Sankō Sakusen?) menée dans le Nord de la Chine par le général Yasuji Okamura.

Exactions et crimes de guerre

Comme le montre ce graphique, plus de la moitié des victimes furent des civils.

Sur le théâtre d'opération européen

De nombreux massacres de civils ou crimes de guerre ont été perpétrés au cours du conflit, en particulier par les Einsatzgruppen sur le front de l'Est, mais aussi de façon plus générale par la Wehrmacht et les SS. Dès le , les Alliés mettaient en place la « Commission des crimes de guerre des Nations unies » chargée d'enquêter sur les crimes de guerre commis par l'Axe. Une semaine plus tard, la Déclaration de Moscou énonçait la volonté de traquer les criminels de guerre nazis « jusqu'aux confins de la Terre ». Non lié à l'ONU (qui ne fut fondée qu'en 1945), celle-là fut assistée à partir de mars 1945 par CROWCASS, chargé par le SHAEF d'établir une liste des criminels de guerre nazis. Cette volonté présida à l'instauration du tribunal de Nuremberg, jugeant les plus hauts responsables nazis encore vivants. CROWCASS fut cependant rapidement dépassé, la volonté initiale de traque contre les criminels de guerre cédant dès 1945 à d'autres priorités, marquées en particulier par l'éclatement de la guerre froide en 1947.

Parmi les divers crimes de guerre, on peut citer :

  • les expériences pseudo-médicales de nombreux médecins nazis dans les camps de concentration, notamment du docteur Mengele ;
  • en France (massacres commis par les nazis, ayant touché plus de 30 000 personnes) :
  • en Belgique :
    • rationnement dramatique de la nourriture ;
    • installation d'un camp de concentration à Breendonk entre Bruxelles et Anvers ;
    • déportation de juifs et de résistants dans les camps de concentration allemands, révocation et arrestation de hauts fonctionnaires et d'autorités communales ;
    • persécutions meurtrières exercées sur la population par les collaborateurs de l'Allemagne, entre autres le massacre de familles à Courcelles, dans la province de Hainaut, la persécution sur des parents des ministres Hubert Pierlot et Spaak du gouvernement belge libre de Londres dont certains membres seront fusillés, exécutions de notables comme le gouverneur de la Société Générale de Belgique et le bâtonnier Braffort ;
    • déportation en Allemagne du roi, de son épouse et des enfants royaux.
Le 11 mai 1945, des civils allemands sont contraints de marcher à côté des cadavres de trente femmes juives, Tchécoslovaquie.
  • en Italie, occupée par l'Allemagne en 1943 :
  • dans le « Protectorat » de Bohême-Moravie :
    • déportation de centaines d'étudiants ayant manifesté contre l'occupation (novembre 1939) ;
    • massacre des habitants de Lidice, en représailles à l'attentat qui abattit le chef SS et « boucher de Prague » Heydrich.
  • en Pologne :
    • famine volontaire et déportation du ghetto de Varsovie ;
    • « nettoyage » du ghetto de Varsovie par les SS après l'insurrection des derniers survivants ;
    • extermination de 50 000 membres des élites polonaises par les SS et la Gestapo (prêtres, aristocrates, professeurs, officiers). L'enseignement secondaire, les séminaires et les universités furent fermés, tout comme les théâtres par exemple, et ce n'est qu'à un système remarquable de cours clandestins — les komplety — que les Polonais parvinrent à instruire et à sauver cinq classes d'âge de bacheliers[104] ;
    • massacre de 5 000 officiers polonais à Katyń, par l'armée soviétique (l'URSS a reconnu sa responsabilité après plusieurs décennies, ayant longtemps accusé les nazis d'être responsables de ce massacre) ;
    • massacre de 10 000 autres officiers polonais en d'autres lieux, soit 15 000 personnes tuées froidement d'une balle dans la nuque par le NKVD, ancêtre du KGB ;
    • destruction à 90 % de Varsovie par l'armée allemande après le soulèvement de l'Armia Krajowa du 1er août au . La répression de l'insurrection par Himmler fit de 150 000 à 200 000 morts. Manquant de moyens pour franchir la Vistule et immobilisée par ordre de Staline pour des raisons politiques, l'Armée rouge laissa les Allemands écraser la rébellion polonaise et ne lui apporta ni armes ni aide ;
    • massacre de civils polonais par l'UPA. Les historiens estiment qu'à cette occasion jusqu'à 100 000 civils polonais ont été tués.
Prisonniers de guerre soviétiques. Camp de Mauthausen.
  • en Union soviétique :
    • famine volontaire et mises à mort préméditées de prisonniers de guerre russes (3 millions de morts) ;
    • famine délibérée des civils de la cité de Leningrad assiégée (700 000 victimes) ;
    • 20 millions de citoyens de l'Union soviétique sont tués, dont un très grand nombre de prisonniers de guerre exécutés par les Allemands, et aussi des civils dont les villages et villes sont anéantis ;
    • 2 230 000 personnes furent tuées en Biélorussie pendant les trois années d'occupation allemande. Plus de 600 villages comme Khatyn furent totalement rasés et leurs populations massacrées.
  • en Yougoslavie :
    • déportation de dizaines de milliers de Serbes, Juifs et Roms dans les camps de la mort (notamment dans le Camp de concentration de Jasenovac) par les Oustachi croates. Ceux-ci sont responsables du massacre global de 300 000 à 400 000 personnes, ainsi que de multiples conversions forcées au catholicisme.

Il faut encore mentionner l'exécution sommaire de civils et de soldats alliés en uniforme (en particulier certains paras parachutés par le SOE afin d'encadrer les maquis ainsi que de certains pilotes, dont Martin Bormann autorisa et encouragea le lynchage en 1944).

Bombardements de villes

Amas de cadavres après le bombardement de Dresde. La plupart des corps furent regroupés ainsi afin d'être incinérés sur place, souvent sans même avoir été identifiés, pour éviter les épidémies.

Certaines opérations de bombardement de villes ont causé de nombreuses victimes civiles. Le nombre de victimes civiles était parfois un but recherché pour affaiblir le « moral » de l'adversaire.

  • En Allemagne :
    • le bombardement de la ville de Hambourg, nom de code « opération Gomorrhe » est estimé avoir fait 40 000 victimes, le plus lourd bilan humain en Europe pour ce type d'opération ;
    • l'estimation du nombre de victimes du bombardement de Dresde a considérablement fluctué, de 25 000 selon la ville de Dresde en mars 1945 jusqu'à 250 000 selon la propagande nazie dans les pays neutres à la même époque, puis des chiffres similaires selon la propagande soviétique dans le contexte de la Guerre froide[105]. Une commission d'historiens réunis en 2004-2010 à l'initiative de la ville de Dresde en a finalement fixé le bilan maximum à 25 000 morts[106].
  • En France, en Belgique et aux Pays-Bas, après les bombardements allemands de 1940 et, durant les années de l'occupation allemande, les bombardements alliés des installations industrielles dont la production est réquisitionnée pour l'effort de guerre du Reich, surviennent les bombardements de la campagne de libération de l'Europe qui meurtrissent les régions de Normandie, des villes comme Paris, Bruxelles, Liège et Anvers victimes de l'offensive allemande des avions sans pilote V1 et des missiles V2, et encore l'Ardenne belge victime de l'ultime offensive allemande. Entre 1940 et 1945, la France reçoit 550 000 tonnes de bombes des Anglo-Américains, soit 22 % du total déversé sur le continent. L'estimation du nombre de victimes varie de 50 000 à 70 000[107].
  • En Grande-Bretagne, le bombardement de villes britanniques, et de Londres en particulier, nom de code « Blitz » est estimé avoir fait 14 500 victimes.

Sur le théâtre d'opération asiatique

Xuzhou, Chine, 1938. Un fossé plein de corps de civils chinois tués par des soldats japonais[108].

La décision prise en août 1937 par Hirohito d'approuver une directive de son état-major supprimant l'application des traités internationaux sur la protection des prisonniers de guerre entraina la mort de plusieurs millions de civils en Chine. Étendue à compter de 1941 aux autres pays conquis, cette mesure causa la mort d'une quantité phénoménale de civils et de prisonniers alliés détenus dans des conditions atroces (témoignage de Roger Cyr des Royal rifles[109]).

Parmi les crimes de l'armée impériale japonaise au cours de l'Ère Shōwa (1926-1989), les plus notables sont les suivants :

  • environ 200 000 « femmes de réconfort », majoritairement coréennes, ont été victimes du système d'esclavage sexuel de masse organisé à travers l'Asie par et pour l'armée et la marine impériales japonaises.
  • en Chine :
    • Massacre de Nankin au cours duquel les troupes japonaises pillent la ville pourtant évacuée par les troupes chinoises et massacrent entre 150 000 et 300 000 civils après avoir commis diverses exactions dont des viols en série ;
    • Opérations de la Politique des Trois Tout (三光作戦, Sankō Sakusen?), une stratégie de la terre brûlée mise en œuvre à partir de mai 1942 dans le nord de la Chine et ayant entrainé la mort d'environ 2,7 millions de civils[110] ;
    • Massacre d'environ 250 000 civils du Zhejiang et du Jiangxi, d'avril à août 1942, en représailles au raid de Doolittle sur le sol japonais le 18 avril ;
    • expérimentation d'armes bactériologiques sur des milliers de prisonniers chinois, coréens et russes par l'unité 731.
  • à Singapour, massacre de 25 000 à 50 000 civils lors de « l'épuration » (Daikenshô ou massacre de Sook Ching) menée du 18 février au 4 mars 1942 ;
  • en Malaisie, exécution de 161 prisonniers alliés (australiens, britanniques et indiens) à Parit Sulong (en) en janvier 1942 ;
  • en Birmanie, massacre d'environ 600 civils en juin 1945 à Kalagon (en) ;
    Les troupes japonaises massacrent environ 200 000 Chinois lors du massacre de Nankin.
  • aux Philippines, le Tribunal de Tokyo et le Tribunal de Manille identifièrent 72 massacres d'envergure dont :
  • à Laha, exécution de 55 prisonniers australiens et 30 prisonniers néerlandais le  ;
  • à Bangka, massacre de 65 infirmières australiennes le  ;
  • à Andaman, massacre de 2 000 à 3 000 civils à Port Blair du à , dont 800 le .

Cannibalisme

Plusieurs rapports écrits et témoignages colligés par la Section australienne des Crimes de guerre du Tribunal de Tokyo et analysés par l'enquêteur William Webb (en) (le futur juge en chef du Tribunal), démontrent que les soldats japonais commirent des actes de cannibalisme à l'encontre des prisonniers alliés. Dans bien des cas, ces actes étaient motivés par la famine, mais selon l'historien Yuki Tanaka, « le cannibalisme était souvent une activité systématique menée par des escouades entières et sous le commandement d'officiers[116]. »

Selon le témoignage de nombreux prisonniers comme le soldat indien Hatam Ali, les victimes étaient parfois dépecées vivantes. Les plus hauts gradés connus ayant pratiqué le cannibalisme sont le lieutenant-général Yoshio Tachibana, qui avec 11 membres de son personnel, a été jugé pour avoir fait décapiter et mangé un aviateur américain en août 1944 à Chichi Jima et le vice-amiral Mori pour avoir mangé un prisonnier lors d'une réception tenue en février 1945[117],[118],[119].

5 juin 1941, victimes civiles de l'un des 268 raids aériens faits sur Chongqing par le Service aérien de l'armée impériale japonaise et celui de la marine. Plus de 5 000 Chinois périrent au cours des deux premiers jours de bombardement en 1939[120].

Bombardements

Le Service aérien de l'armée impériale japonaise et celui de la marine menèrent, de 1937 à 1945, une campagne systématique de bombardements contre des objectifs civils en Extrême-orient et même contre la ville de Darwin en Australie (voir : raids aériens sur l'Australie). Les zones les plus éprouvées furent les grandes villes chinoises comme Shanghai et Chongqing. À l'automne 1937, la violence des bombardements de Nankin et de Canton entraina une résolution de blâme du Comité aviseur de l'Extrême-Orient de la Société des Nations à l'encontre du Japon. Lord Cranborne, le sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères de Grande-Bretagne, émit sa propre déclaration d'indignation : « Les mots ne peuvent exprimer le sentiment de profonde horreur avec lequel la nouvelle de ces raids a été reçue par le monde civilisé. Ils sont souvent dirigés contre des endroits éloignés de la zone d'hostilité réelle. L'objectif militaire, s'il existe, semble prendre une place secondaire. Le but principal semble être d'inspirer la terreur par le massacre des civils[121]… »

Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité l'arme nucléaire est utilisée par les États-Unis pour les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki. Le nombre de victimes immédiates est estimé à 70 000 pour Hiroshima et 30 000 pour Nagasaki. Le nombre d'habitants étant très mal connu à cause des mouvements de population en temps de guerre, d'autres estimations montent à 237 000 victimes[122].

Armes chimiques et bactériologiques

En Europe, les gaz de combat ne furent pas utilisés dans les combats entre belligérants, mais « seulement » contre les civils déportés, dans les camps d'extermination nazis. Des réserves importantes de gaz tabun et sarin furent retrouvées en Allemagne en 1945, suffisantes pour tuer des millions de personnes. Elles furent immergées dans des caissons de béton sous la Manche. On s'inquiète de leur état de conservation aujourd'hui.

En Asie toutefois, les travaux des historiens Yoshiaki Yoshimi et Seiya Matsuno[123], démontrent que Hirohito permettait dès juillet 1937 l'utilisation systématique de gaz toxiques contre l'armée chinoise et les populations civiles. Par peur des représailles et afin de s'assurer que ces armes ne soient jamais employées contre des intérêts occidentaux, chaque utilisation faisait l'objet d'une directive spécifique approuvée par l'empereur et transmise par le chef d'état-major de l'armée, le prince Kotohito Kan'in (le général Hajime Sugiyama à compter de 1940)[124]. Dès 1939, les armes chimiques furent employées en URSS et en Mongolie puis aux Philippines en 1942.

En 2004, Yoshimi découvrit toutefois dans les archives nationales australiennes des documents démontrant que des gaz toxiques avaient été testés sur des prisonniers australiens et néerlandais en 1944 en Indonésie[125].

À ces armes chimiques, s'ajoutent les armes bactériologiques produites par l'unité 731 et employées à maintes reprises contre des civils en Chine et contre l'armée soviétique lors de la bataille de Halhin Gol.

Viols de guerre

Toutes les troupes belligérantes de la Grande Guerre avaient commis ou laissé commettre de nombreux viols de guerre[126]. Les historiens Ian Kershaw et Rees rapportent que contrairement à la propagande de la Wehrmacht qui défendait le mythe d'une armée saine, des viols à grande échelle ont été commis par l'armée allemande[127].

Les estimations concernant le nombre de viols de femmes soviétiques par la Wehrmacht atteint les 10 000 000, avec entre 750 000 et 1 000 000 d'enfants nés du fait de ces viols[128],[129],[130],[131].

L'Armée rouge fut explicitement encouragée[132], en représailles aux exactions massives du Reich en URSS, à terroriser les populations allemandes par le viol et les pillages à grande échelle : selon Hanna Schissler, de nombreuses Allemandes de l'Est envahi ont subi en 1945 les violences systématiques des soldats soviétiques[133]. En Yougoslavie théoriquement alliée, Milovan Djilas se plaignit en personne à Staline de milliers de viols, le dictateur soviétique lui répondant cyniquement que l'Armée rouge avait assez enduré pour ne pas devoir s'attarder à ce genre de récriminations[134].

Selon l'historien Robert J. Lilly, environ 14 000 femmes auraient été violées par les troupes américaines en Angleterre puis en Normandie. Quant au nombre de victimes en Allemagne, territoire ennemi, il est inconnu[135]. Certains militaires coupables ont été exécutés, comme dans l'Affaire Clarence Whitfield, condamné à mort par pendaison le 20 juin 1944 à Canisy par la cour martiale. Vingt-et-un GIs furent condamnés en France pour viol, et les autorités militaires américaines invitèrent les victimes à assister à la pendaison des coupables[136].

L'historien Peter Schrijvers estime que plus de 10 000 femmes ont été violées par les troupes américaines à l'occasion de la bataille d'Okinawa[137].

Autres crimes

Extermination par la faim

Au fil du conflit, plusieurs politiques de la faim furent majoritairement dirigées par des hommes de haut rang comme le secrétaire d’État au ministère du Reich de l’Alimentation et de l’Agriculture Herbert Backe, mais aussi Hans-Joachim Riecke, directeur ministériel et successeur de Backe. Ainsi, c’est par les biais des appareils bureaucratiques que ces mouvements de masse raciale prirent leur pleine envolée[138]. Avec la politique d'extermination, incluant le Hungerplan, l'historien allemand Christian Gerlach estime qu'entre 10 et 20 millions de personnes ont trouvé la mort par la faim en 1947 et ce, bien au-delà du territoire d'influence nazi[138].

Sur le territoire soviétique, les politiques qui étaient appliquées aux populations juives furent relativement les mêmes. Dès 1941, Ces politiques et restrictions alimentaires touchèrent les soldats de l'URSS tout au long de la poussée des armées allemande vers l’intérieur du pays. Il s’agissait, dès lors, d’une « géopolitique de la mort par la famine [1] ». Ce n’est pas moins de 3 millions de prisonniers de guerre soviétique sur un total de 5,7 millions qui perdirent la vie aux mains des Allemands et de leurs stratégies[138].

De plus, les tensions, les problèmes de transport sur le front de l’Est et les besoins en ressources par les armées allemandes forcèrent la prise de ravitaillement russe qui, au détriment des civils locaux, allait permettre de poursuivre les affrontements et fortifier le moral nazi. Parmi les gens considérés comme « improductifs », donc les civils, près de 200 000 sont morts de faim, dans les secteurs où les ravitaillements furent confisqués[138].


[1] Christian Gerlach, « Politique alimentaire, faim et persécution des Juifs de 1939 à 1945 », traduit de l’allemand par Olivier Mannoni, Revue d’Histoire de la Shoah, No 209, 2018, p. 434.

Déportation de minorités par Staline en URSS

Dès avant-guerre, Staline considère les minorités vivant aux frontières de l'URSS comme suspectes d'anti-stalinisme par définition et, dans l'éventualité d'un conflit, ordonne pendant les Grandes Purges de 1937-1938 la déportation « préventive » de centaines de milliers de Polonais, de Caréliens, de Lettons, mais aussi, à la frontière asiatique, de près de 230 000 Chinois, Bouriates, Mongols et Coréens qui se retrouvent tous en Sibérie et au Kazakhstan[139]. Lors du pacte germano-soviétique, l'URSS brise toute résistance à la soviétisation en déportant de l'automne 1939 à l'été 1941 plus d'un million de citoyens nouvellement annexés, Polonais, Moldaves, Baltes, Finlandais et autres, soit plus de 1 500 par jour au total. Selon les rapports du commissaire Krouglov à Staline cités par l'historien russe Nikolaï Bougaï, la moitié meurent en déportation dans l'année de leur arrivée à destination, faute de structures adéquates pour permettre leur survie sur place[140].

Des forces non négligeables sont ensuite distraites du front en pleine offensive allemande de l'été 1941, afin de déporter la totalité des Allemands de la Volga et du reste de l'URSS, descendants de colons présents depuis deux siècles. Au printemps 1944, sous la fausse accusation de collaboration, quatorze peuples représentant deux millions de victimes, dont l'intégralité des Tchétchènes-Ingouches, des Tatars de Crimée, des Kalmouks, des Karatchaïsetc. sont déportés collectivement en Sibérie et en Asie centrale. La déportation des 600 000 Tchétchènes, femmes, enfants, militants communistes et soldats décorés compris, fut accomplie en six jours par le NKVD en mars 1944, ce qui reste à ce jour la plus rapide déportation de l'histoire[141]. Les biens des peuples déportés furent cédés à des colons russes. Leurs républiques autonomes souvent supprimées et leurs villes débaptisées, et en 1949, un décret du Soviet Suprême déclara que les peuples « punis » resteraient exilés à perpétuité. Ces mesures ne furent abrogées que sous Khrouchtchev puis sous Gorbatchev.

À la reprise des Pays baltes, de l'Ukraine, de la Moldavie et de la Pologne orientale (1945), de nouvelles déportations massives au Goulag frappèrent bien sûr les collaborateurs locaux des nazis, mais aussi les résistants non communistes et ceux qui après s'être battus contre les nazis ou leurs équivalents locaux, refusèrent de déposer les armes, enfin les populations civiles accusées à tort ou à raison de soutenir ces derniers. Selon Anne Applebaum et Jean-Jacques Marie, 6 à 10 % des populations baltes, polonaise, ouest-ukrainienne ou moldave se trouvent ainsi en déportation à la fin des années 1940. Des rafles massives de "suspects" ont également lieu au fur et à mesure de l'avancée de l'Armée rouge en Europe de l'Est, emportant sans retour des milliers d'intellectuels, démocrates, francs-maçons, réseaux juifs de résistance, prêtres ou étrangers : ainsi disparut en février 1945 à Budapest, le héros du sauvetage des Juifs hongrois, Raoul Wallenberg.

Il faut leur ajouter les centaines de milliers de soldats soviétiques déportés pendant la guerre pour « défaillance » ou pour esprit critique, tel Alexandre Soljenitsyne arrêté sur le front de Prusse-Orientale en février 1945 pour avoir mis en doute, dans une lettre privée, le génie militaire de Staline. De nombreux anciens prisonniers de guerre des Allemands (avoir été capturés faisait d'eux des « traîtres »), travailleurs civils volontaires ou forcés en Allemagne, furent également traités en coupables à leur retour (souvent forcé) au pays, au même titre que les débris de l'armée Vlassov, et allèrent former la génération d'après-guerre des captifs du Goulag. Quant aux centaines de milliers de prisonniers de guerre, les derniers Allemands ne furent relâchés qu'au milieu des années 1950, beaucoup périrent en détention, et les Japonais survivants furent définitivement assignés au Kazakhstan parmi les 170 000 Coréens déjà déportés là depuis les années 1930[142].

Expulsion des minorités des pays de l'Axe en Europe et au Pacifique

Expulsion des Allemands de Tchécoslovaquie après la Seconde Guerre mondiale.

Il y avait en Europe centrale (Prusse, Tchécoslovaquie, Pologne et pays baltes) des implantations allemandes depuis de nombreux siècles.

L'existence de ces implantations avait joué un rôle dans l'enclenchement des hostilités. Ainsi la demande de rattachement à l'Allemagne pour les Allemands des Sudètes avait servi de prétexte au démantèlement de la Tchécoslovaquie, validé par les accords de Munich en 1938. De la même façon le gouvernement nazi s'était appuyé sur l'isolement géographique des populations de Prusse-Orientale pour réclamer l'annexion du corridor de Dantzig et préparer ainsi la guerre contre la Pologne.

Durant la guerre, le ralliement de ces minorités allemandes à l'occupation nazie, et la colonisation de zones conquises à l'Est, combinées aux atrocités imputables aux troupes nazies, créèrent ou renforcèrent à l'égard des populations civiles allemandes un sentiment de rejet parmi les populations autochtones. De plus, les populations civiles allemandes à l'est des territoires du Reich, redoutaient les exactions des troupes soviétiques en représailles des atrocités commises en URSS par les troupes nazies.

Enfin à l'issue de la guerre, les frontières furent redessinées, réduisant globalement l'espace de l'Allemagne d'avant-guerre.

L'ensemble de ces éléments conduit à la fin de la guerre et dans les années qui suivent à d'importants transferts de populations d'est en ouest, notamment de nombreux germanophones. En tout, 8 millions d'Allemands ont été expulsés en 1945 de l'Europe centrale et orientale, dont 2 millions des anciens territoires du Reich situés de l'est de la ligne Oder-Neisse, et cédés à la Pologne. Ces populations ont dû chercher refuge au sein de l'Allemagne occupée où des camps de réfugiés, les Grenzdurchgangslager, ont dû être construits à la hâte pour les héberger.

Des consistantes minorités italiennes existaient avant la guerre dans les Balkans, et notamment en Dalmatie et en Istrie. Entre 1945 et 1947, à la suite de la cession de l'Istrie et de la ville de Zadar à la Yougoslavie, plus de 300 000 Italiens d'Istrie et Dalmatie furent obligés de quitter ces régions et de rejoindre l'Italie. De même, pour les 35 000 Italiens qui habitaient les anciennes colonies italiennes de Rhodes et du Dodécanèse, cédées à la Grèce.

Un phénomène comparable s'est produit en Asie : 13 millions de Japonais durent quitter la Corée, la Chine et les îles du Pacifique conquises au XIXe siècle par l'empire du Soleil-Levant. Comme en Allemagne, cet afflux important de réfugiés dans un pays en ruines accrut dans l'immédiat la misère des civils, mais compensa les pertes démographiques pour relever les défis de la reconstruction.

Dégâts culturels

Dans les pays occupés, les nazis ont volé d'innombrables œuvres d'art, collections juives en tête. Ce pillage est orchestré particulièrement par Hermann Göring et Alfred Rosenberg suivant le principe du Kunstschutz. Selon l'historien Marc Mazower[143], les agents de Rosenberg, rien qu'en Europe occidentale, ont pillé pour 674 trains de marchandises, meubles et objets saisis dans les appartements des Juifs déportés.

Le centre-ville de Stalingrad après sa libération, photo prise le .

Sur le territoire soviétique, près de 1 710 villes et plus de 70 000 villages, 32 000 entreprises industrielles, 100 000 fermes collectives et étatiques, 4 700 000 maisons, 127 000 écoles, universités et bibliothèques publiques ont été détruits. Dans l'ensemble, les pertes matérielles ont été estimées à 600 milliards d'euros[144].

La Shoah est aussi une catastrophe culturelle irréparable. Le yiddishland d'Europe centrale et orientale, les derniers romaniotes de Grèce sont pratiquement anéantis, et l'on estime que les trois quarts des locuteurs du yiddish et les cinq sixièmes du yévanique ont disparu pendant la guerre. Si le monde israélite français a survécu malgré la perte d'un quart de la population juive, en revanche, les communautés juives d'Amsterdam, Berlin, Vienne, Budapest ou Vilnius ont été éradiquées sans retour, à plus de 90 %. Les nazis ont aussi cherché à effacer toute trace du passé juif multiséculaire en spoliant leurs victimes de tous leurs biens et œuvres d'art (aryanisation), en détruisant les synagogues, en brûlant des livres de prières, en retournant les cimetières.

Les Allemands ont aussi emmené de nombreuses archives privées et publiques de toute sorte, dont beaucoup ont été perdues, ou récupérées par les Russes qui les dissimulèrent pendant un demi-siècle[145]. Si une partie des trésors volés est découverte par les Alliés à la chute du Reich et rendue aux musées et aux propriétaires légitimes de France, de Belgique et des Pays-Bas, l'URSS puis la Russie ont toujours refusé de restituer certains chefs-d'œuvre figurant dans le butin de l'Armée rouge en 1945, ainsi le célèbre « trésor de Priam[146] ». Les nazis ont aussi, çà et là, détruit des toiles représentatives de ce qu'ils qualifiaient d'« art dégénéré ». Par exemple, ils ont organisé au jardin des Tuileries, le 27 mai 1943, un autodafé de 500 œuvres de Picasso, Léger, Klee et Ernst. Quant aux Soviétiques, ils ont aussi emmené de nombreuses archives et œuvres d'art privées dans les pays qu'ils ont libérés ou occupés en 1944-45, dont fort peu ont revu, après 1990, leur pays d'origine[147].

Nombre de vieilles villes japonaises, surtout faites de bois et de papier, ont flambé sous les bombardements. Des villes telle Kyoto ont toutefois été épargnées par les bombardiers américains en raison de leur patrimoine prestigieux. En Europe, l'abbaye du Mont-Cassin, berceau du monachisme bénédictin au VIe siècle, a été bombardée par les alliés lors de la bataille du Monte Cassino en 1944.

Vue aérienne de Hambourg après l'opération Gomorrhe, 1943.

L'historien Jörg Friedrich[148] a établi la liste des dégâts patrimoniaux subis par les villes allemandes : ainsi ont été radicalement dévastées des villes telles Berlin, Hambourg, Cologne, Dresde, Nuremberg, Breslau, ou encore bon nombre de villes moyennes au passé très prestigieux telles Potsdam, Fribourg, Ulm, Wurtzbourg, ou Bayreuth. Les 28 villes de la Ruhr ont aussi été durement bombardées et inondées. En sus de divers cathédrales, palais et centres historiques, ont par exemple flambé les maisons natales de Goethe, de Kleist, de Martin Luther ou des frères Grimm.

Jörg Friedrich établit aussi que quelque 40 % des archives allemandes totales ont été perdues, ainsi que quelque 8 millions d'ouvrages des bibliothèques publiques, dont des milliers de thèses irremplaçables, des incunables et des manuscrits précieux. À titre d'exemple, la bibliothèque nationale bavaroise de Munich a perdu 500 000 volumes, celle de Hambourg 650 000, celle de l'université de Münster 360 000. Selon l'historien, « on n'avait jamais brûlé autant de livres de l'histoire de l'Humanité ». Toutefois, la majorité des ouvrages, documents et œuvres d'art amovibles, dissimulés dans des mines, des bunkers ou des fermes, ont été préservés.

John Keegan relève que les bombardements allemands ont détruit toute la vieille ville de Varsovie, le centre Renaissance de Rotterdam (détruit en mai 1940) et une grande partie de la City de Londres. Beaucoup de villes biélorusses (Minsk), ukrainiennes (Kiev, Kherson, Kharkov) et russes (Tsarskoïe Selo près de Petrograd/Leningrad, Tsaristyne/Stalingrad, Koursk) ont été sévèrement endommagées et ont perdu leurs centres anciens lors de leur conquête par les Allemands ou de leur reconquête par l'Armée rouge. En France, Bordeaux est le seul grand port de la côte atlantique française à sortir à peu près indemne de la guerre, mais les centres médiévaux de Caen et de Rouen ont été ravagés par les bombardements américains et les combats de rue. Vienne et Budapest ont été endommagées lors de leur conquête par les Soviétiques. Cependant, relève-t-il, des joyaux tels Oxford et Cambridge n'ont jamais été bombardées, ni Athènes ou Venise. Paris a peu souffert dans son patrimoine, alors que les Allemands ont fait sauter tous les ponts de Florence en août 1944, sauf le Ponte Vecchio, le plus ancien et le plus prestigieux (en fait le seul trop étroit pour les blindés).

Après la guerre, beaucoup de centres-villes et de monuments ont dû être reconstruits à l'identique. Quelques-uns sont restés en l'état à titre de mémorial, telle l'église du souvenir sur le Kurfürstendamm de Berlin, d'autres ont simplement disparu. Des impacts de balles sont encore visibles sur certaines façades de monuments parisiens et normands, ainsi à l'École militaire, à l'École des Mines ou sur le palais de Justice à Paris, également sur le Palais de justice de Rouen. D'autres cités ravagées ont été après-guerre le laboratoire de l'urbanisme moderne, ainsi la reconstruction du Havre confiée à l'architecte Auguste Perret.

Beaucoup de villes ou villages ont perdu leurs quartiers historiques, tels que ceux situés en Normandie, notamment durant le printemps 1940 et en 1944. Dans cette région seule, en plus des pertes civiles d'au moins 20 000 victimes, des pertes et dégâts culturels sont à déplorer.

Postérité de la Seconde Guerre mondiale

Situation des colonies en 1945, au sortir de la Seconde Guerre mondiale : la décolonisation s'opère avec l'effacement des anciennes métropoles au profit des deux superpuissances de la guerre froide en devenir (États-Unis et URSS).

La fin du conflit planétaire ne signifie pas partout le retour à la paix. Des guérillas à la fois antisoviétiques et antiallemandes continuent à se battre aux confins de l'Ukraine et des Pays baltes jusqu'en 1946, voire jusqu'à la fin des années 1940. La Grèce dès décembre 1944, la Chine en 1945 sombrent dans la guerre civile jusqu'en 1949, tandis que de longues guerres d'indépendance commencent immédiatement en Palestine, en Indonésie, en Indochine. En Indochine française, le Việt Minh prend le contrôle d'une partie du territoire au cours de l'épisode dit de la Révolution d'Août : son chef, Hô Chi Minh, proclame le 2 septembre l'indépendance de la république démocratique du Viêt Nam. La situation débouche l'année suivante sur la guerre d'Indochine. Aux Indes orientales néerlandaises, coupées de leur métropole par l'occupation japonaise, Soekarno proclame le 17 août 1945 l'indépendance de l'Indonésie : l'opposition des Pays-Bas débouche sur la période dite de la Révolution nationale indonésienne. En Algérie française, le massacre de Sétif, survenu le jour même de la capitulation allemande (), annonce la future guerre d'Algérie (1954). En Palestine sous mandat britannique, les conflits entre mouvements Juifs sionistes, Arabes et Britanniques débouchent à la fin 1947 sur le plan de partage de la Palestine, dont le refus par les Arabes entraine la guerre civile de 1947-48.

Après la Seconde Guerre mondiale se sont dessinés les rapports de forces qui ont caractérisé la guerre froide, mais aussi un grand nombre de situations géopolitiques actuelles.

Le travail de reconstitution historique de cette période est toujours en cours, et sujet à de nombreuses controverses, propres à exacerber les sensibilités nationales : la collaboration française sous Vichy en est un exemple. Les affrontements violents entre collaborateurs et résistants en France, en Italie ou dans les Balkans, ont causé des traumatismes durables, et le conflit meurtrier en ex-Yougoslavie (1991-1995) a vu ressurgir explicitement bien des vieilles rancunes. En Asie, les habitants des pays limitrophes du Japon (particulièrement la Chine et la Corée) restent inquiets du révisionnisme japonais, d'autant que le gouvernement du Japon d'après-guerre a toujours fait preuve d'ambiguité concernant son rôle pendant la période impérialiste (qui commence en 1910 avec la colonisation de la Corée, c'est-à-dire bien avant le début de la Seconde Guerre mondiale) à l'image des visites répétées de personnalités politiques japonaises au très controversé sanctuaire Yasukuni ou encore du problème des manuels scolaires japonais, qui tendent à embellir le passé du Japon.

Par ailleurs, le génocide juif a donné lieu à un important programme de dédommagements de guerre. Toutefois, les Alliés n'ont pas souhaité répéter l'erreur des dédommagements trop lourds exigés à l'Allemagne après la Première Guerre mondiale (voir Réparations de la Première Guerre mondiale), ce qui a permis au pays de connaître un « miracle économique », et d'intégrer la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), prélude à la Communauté européenne. Le plan Marshall a permis aux économies européennes de se reconstruire.

Bilan

Ce conflit fut le plus coûteux en vies humaines de toute l'histoire de l'humanité. On recense plus de 55 millions de morts (dont 39 millions d'Européens)[149] avec plus de victimes civiles que militaires. L'URSS a payé le plus lourd tribut avec plus de 26 millions de victimes (26 600 000 en réalité), civils et militaires (14 % de sa population).

Des peuples entiers sont presque décimés : les trois quarts des Juifs d'Europe ont péri par suite du génocide. Le plus terrible s'est produit en Europe centrale et orientale : la Pologne a perdu 18 % de sa population, la Yougoslavie plus de 10,6 %, et la Biélorussie (au sein de l'URSS), entre 25 et 33 % de sa population. Combats, pillages, terres brûlées et sabotages ont ravagé l'économie. Les populations en sortent démunies.

Nombre de régions et de villes ont connu des bombardements ravageant plusieurs quartiers : Rotterdam, Bruxelles, Liège entre autres. D'autres sont radicalement ravagées : Caen, Le Havre, Rouen, Saint-Lô, Hiroshima, Nagasaki, Tokyo, Hambourg, Dresde, Stalingrad, Leningrad, Sébastopol, Kharkov, Varsovie, Budapest, Berlin sont les plus connues. Un grand nombre de pays demandent également réparation de guerre à l'Axe. Les Pays-Bas vont jusqu'à proposer un Plan d'annexion d'une partie de l'Allemagne, et renvoient en Allemagne les citoyens allemands ayant aidé le Reich lors de son occupation du pays.

Œuvres liées

Radiophonie

Telle qu'illustrée par cette affiche du Bureau d'Information sur la Guerre du gouvernement américain, la propagande joua un rôle important dans la mobilisation des populations.

La radio fut pendant toute la guerre une arme de propagande fondamentale. Sous l'occupation nazie, des millions d'Européens écoutèrent chaque jour en cachette la BBC, dont les émissions en toutes les langues entretenaient l'espoir. Winston Churchill galvanisa le Parlement, la nation britannique et les peuples occupés à coup de discours radiodiffusés, et Charles de Gaulle, surnommé le "général Micro" par la propagande vichyste, ne fut longtemps qu'une voix pour beaucoup de Français.

La radio de Londres accueillit les célèbres chroniques de Jean Oberlé, de Maurice Schumann et de Pierre Dac dans le cadre des émissions « Honneur et Patrie » et « Les Français parlent aux Français ». L'audience énorme acquise par leur ennemi, le redoutable orateur ultra-collaborationniste Philippe Henriot, obligea la Résistance à exécuter ce dernier ().

Les Belges Jan Moedwil et Victor de Laveleye parlent au nom de leur gouvernement en exil, de Laveleye inventant un signe de propagande qui devient vite fameux. Il s'agit du signe V exécuté, pour signifier la première lettre du mot Victoire/Victory, avec l'index et le majeur de la main, signe que peuvent exécuter, par défi, les habitants des pays occupés et qui devient vite mondialement connu grâce au premier ministre britannique Winston Churchill à qui on en attribue souvent, et à tort, la paternité.

Sont également passées à la postérité les émissions antinazies de Thomas Mann, qui joutait avec Goebbels par-delà l'Atlantique, ou les chroniques de George Orwell en Grande-Bretagne. Avides de nouvelles impartiales, beaucoup de francophones appréciaient aussi la radio suisse, et notamment les éditoriaux réputés de René Payot.

Chaque camp utilisa à ses micros des ressortissants du pays ennemi pour saper le moral de ses civils et de ses soldats. Dès la Drôle de Guerre, Goebbels fit parler au micro de Radio-Stuttgart, non sans succès, un animateur francophone identifié comme étant le journaliste pronazi Paul Ferdonnet. William Joyce, dit « Lord Haw-Haw », un Américain d'origine nord-irlandaise, anima des émissions de propagande pro-allemande à destination du Royaume-Uni, que captèrent des millions d'auditeurs. Les Japonais utilisèrent également les services de diverses speakerines nippo-américaines ou anglophones, désignées par les GI sous le nom collectif de Tokyo Rose (« la Rose de Tokyo »). Inversement, le Ml Paulus, le vaincu de Stalingrad, parla à la radio de Moscou.

Cinq volumes de chroniques françaises de la BBC ont été éditées par Jean-Louis Crémieux-Brilhac sous le titre Les voix de la liberté. Ici Londres, La Documentation française, 1975.

Journalisme

Deux jeunes femmes lisant la une du Montreal Daily Star annonçant la capitulation allemande et la fin imminente de la Deuxième Guerre mondiale, 7 mai 1945.

Nombre de grands écrivains ont été correspondants de guerre, ainsi l'Américain Ernest Hemingway qui témoigna de la libération de Paris, ou sur le front russe les romanciers Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossman, lequel fut le premier journaliste à découvrir les ruines du camp d'extermination de Treblinka.

Étroitement censurée par les Allemands et leurs collaborateurs, et souvent compromise, la presse fut soumise à une sévère épuration en France libérée, l'historien Patrick Eveno estimant que 90 % des titres ont disparu ou changé de main.

Le Temps fut ainsi remplacé par Le Monde dès , L'Auto par L'Équipe, ou Paris-Soir par Le Parisien Libéré. Fondés en pleine clandestinité, de nombreux journaux de la Résistance entamaient aussi une carrière plus ou moins longue, à l'image de Libération, de Franc-Tireur ou du Dauphiné libéré. Combat, qui s'attache Albert Camus à la Libération, perdure ainsi jusqu'en 1972, de même que Les Lettres françaises de Louis Aragon, revue littéraire qui a vu ses fondateurs Jacques Decours et Georges Politzer fusillés par l'occupant dès 1942. Défense de la France, fondé dans le sous-sol de la Sorbonne le 14 juillet 1941, engendre France-Soir en septembre 1944.

En Belgique, la presse clandestine se déploie, parfois pour retrouver sa tradition de la Première Guerre mondiale, comme dans le cas de La Libre Belgique imprimée très professionnellement, mais, le plus souvent, sous la forme de feuilles imprimées avec des moyens modestes ou encore de journaux d'origine syndicale. Un coup extraordinaire est réussi par une équipe de résistants qui imite Le Soir, journal remontant au XIXe siècle, mais réquisitionné par les Allemands pour devenir une feuille pro allemande d'où son surnom de « Soir volé ». L'imitation distribuée dans les kiosques ressemble, à première vue, à son modèle, mais le contenu en est truffé d'articles d'informations et de plaisanteries anti nazies. Des milliers d'exemplaires sont dans les mains de la population ébaubie, mais les Allemands n'auront de cesse de découvrir les coupables dont certains seront déportés et fusillés.

Photographie

Embrassade à Times Square (New York) le jour du V-J.

Parmi les nombreux photographes de guerre, on peut citer Robert Capa, présent le jour J sur les plages d'Omaha Beach.

Nombre de photos aux auteurs moins connus du grand public sont entrées dans la mémoire collective, ainsi le célèbre cliché des Américains plantant la bannière étoilée au sommet d'Iwo Jima, ou celui des Soviétiques Iegorov et Kantara attachant le drapeau rouge sur le Reichstag.

La V-J Day in Times Square, photo emblématique du "V-J Day" (Victory over Japan) reste celle qui fit la couverture de Life Magazine, prise à Times Square le 14 août 1945 (heure de la Côte Est) ; on la doit au photojournaliste allemand Alfred Eisenstaedt.

De la même manière que le jour le plus long, les photographes de presse ont tenté d'immortaliser par le cliché captant le mieux les évènements suivants : Elbe Day (jonction des troupes alliées américaines et soviétiques sur le sol allemand), Jour V-E (victoire en Europe) et Jour V-J (victoire sur le Japon).

Littérature et bande dessinée

Fondées dans la clandestinité, les Éditions de Minuit entretinrent la résistance intellectuelle en France, publiant notamment Le Silence de la mer de Vercors (1941), un appel à opposer un mutisme digne aux tentatives de séduction de l'occupant.

Des recueils collectifs tels que Le Cahier noir ou L'Honneur des Poètes (1943) répliquèrent aux écrivains collaborationnistes tels que Céline, Brasillach, Lucien Rebatet. Des auteurs célèbres tels le prix Nobel norvégien Knut Hamsun ou le philosophe italien Giovanni Gentile mirent aussi leur plume au service de la cause allemande.

L'une des premières bandes dessinées destinées à édifier la jeunesse sur le déroulement du conflit fut La bête est morte ! par Calvo (juin 1945). Maus, composée par Art Spiegelman, aborde la Shoah.

Beaucoup d'écrivains choisirent de ne pas publier pendant la durée de la guerre pour ne pas devoir passer par les services d'éditeurs contrôlés par l'occupant, ainsi André Malraux ou Roger Martin du Gard. Cependant, en France, où la vie culturelle fut particulièrement animée et brillante pendant la guerre, une très large partie de la production théâtrale, littéraire ou philosophique ne fit aucune allusion au conflit en cours, bien des créateurs semblant s'accommoder plus ou moins de la mainmise allemande sur leurs éditeurs en particulier et sur la vie culturelle en général (Philippe Burrin, La France à l'heure allemande 1940-1944, Seuil, 1995).

De nombreux poètes écrivirent pour la Résistance, ainsi Louis Aragon composant La Rose et le Réséda pour exalter l'union de « celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas », ou Paul Éluard composant Liberté ou chantant le martyre de Gabriel Péri. Ils furent parfois victimes de la répression, ainsi Robert Desnos en France, Kak Munj au Danemark.

Des témoins cherchant à analyser les causes de la guerre et de la défaite produisirent des œuvres que leur lucidité reconnue et leur finesse d'écriture rendent toujours utilisables aujourd'hui, ainsi l'historien Marc Bloch (fusillé pour Résistance par les nazis) rédigeant L'Étrange Défaite dès l'été 1940, ou le philosophe catholique Jacques Maritain, militant de la France libre, publiant À travers le désastre à New York.

De nombreux contemporains tinrent des journaux intimes souvent de grande qualité, tels Ernst Jünger, affecté dans les forces d'occupation à Paris, le professeur résistant Jean Guéhenno en France, ou à Amsterdam la très jeune Anne Frank, victime de la Shoah.

Le traumatisme immense causé par la Déportation se reflète dès l'immédiat après-guerre dans les nombreux récits aussitôt produits par des rescapés des camps de concentration, qu'ils soient politiques (L'Espèce humaine de Robert Antelme, L'Univers concentrationnaire de David Rousset, prix Renaudot 1946) ou juifs (ainsi Primo Levi).

Après sa conclusion, la Seconde Guerre mondiale n'allait pas cesser d'être une source intarissable d'inspiration et de réflexion pour les auteurs, qu'ils aient ou non vécu les évènements. En témoignerait encore, tout récemment, le succès en librairie des Bienveillantes de Johnattan Littel (2006).

Chansons et poèmes

  • It's a Long Way to Tipperary : chanson britannique (1912).
  • Bella ciao : chant de révolte italien (1944).
  • Lili Marleen : chanson allemande avec des paroles inspirées d'un poème du soldat Hans Leip, sur une musique de Norbert Schultze.
  • Le Chant des partisans : chanson française avec des paroles de Maurice Druon et Joseph Kessel sur une musique de Anna Marly.
  • Le Chant des déportés (ou Chant des marais) : chant composé, en 1934 par les détenus du K.Z. de Borgermoor.
  • Chant des Marines (From the halls of Montezuma…) : chant militaire américain.
  • Blood on the Risers : chant militaire américain (parachutistes) écrit à l'époque.
  • Yankee Doodle (Yankee Doodle keep it up, Yankee Doodle Dandy…) : chant patriotique américain.
  • In the Mood : instrumental américain de Glenn Miller.
  • Les Ricains par Michel Sardou : évocation postérieure à la guerre.
  • Divers chants patriotiques soviétiques ont aussi marqué cette guerre, et notamment Moskva (Moscou) et Stalingrad, évoquant la résistance de ces deux villes, ainsi que Plaine Oh ma Plaine…. En outre, un chant communiste plus ancien revint alors à l'actualité, le chant russe des Partisans (« À l'appel du Grand Lénine, se levaient les partisans…[150]»).
  • Fanny de Laninon, de Pierre Mac Orlan : une histoire d'amour (« … c'était elle ma bonne amie… »), la guerre en trois vers (« … Tonnerre de Brest est tombé, pas du bon côté, tout s'est écroulé… »), le désespoir du narrateur malgré la paix (« … J'n'ai plus rien en survivance… »).
  • Barbara, de Jacques Prévert : une histoire d'amour (« … Ruisselante ravie épanouie… »), la guerre en trois vers (« … Sous cette pluie de fer de feu d'acier de sang… »), le désespoir du narrateur malgré la paix (« … Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé… »).
  • Fleur de Paris (chanson) par Jacques Hélian.

Films

Si l'on produit sans surprise un certain nombre de films de propagande pendant la guerre, beaucoup de réalisations visent d'abord à détendre les spectateurs dans une période très dure. Goebbels fit ainsi délibérément produire beaucoup plus de comédies musicales ou de films de style hollywoodien[151] que d'œuvres proprement nazies (Le Juif Süss) ; cela dit, la contribution de Leni Riefenstahl au Triomphe de la volonté lui sera reprochée régulièrement dans l'Allemagne d'après-guerre.

Staline commanda à Serguei Eisenstein le film Alexandre Nevski (1938), transposant le conflit à venir avec la nation germanique dans le contexte des Croisades baltes médiévales.

Aux États-Unis, ce sont les personnages de dessin animé qui prennent parti dans le conflit ; projetés avant les actualités cinématographiques, ces dessins animés avaient un fort impact sur l'opinion. Blitz Wolf est particulièrement représentatif, par Tex Avery.

Notes et références

  1. La France est, de 1939 à 1940, sous le régime de la Troisième République française. À partir de 1940 et jusqu'en 1943, la France libre — soutenue par la résistance intérieure française — combat aux côtés des Alliés, de même qu'en 1943 l'Armée d'Afrique sous les ordres du Commandement en chef français civil et militaire d'Alger. Le gouvernement de Vichy collabore activement avec l'Allemagne, en mettant à disposition des bases militaires et en résistant aux offensives alliées outre-mer, en Syrie et en Afrique du Nord. Les forces françaises fusionnent en 1943 pour former le Comité français de la Libération nationale, auquel succède l'année suivante le Gouvernement provisoire de la République française qui réussit à obtenir la reconnaissance internationale.
  2. En 1939, l'invasion germano-soviétique efface de la carte la Deuxième république de Pologne dont le gouvernement s'exile à Londres et continue le combat aux côtés des Alliés, grâce aux forces polonaises évacuées à travers la Roumanie vers l'Égypte britannique. Les communistes polonais forment de leur côté à l'été 1944, avec le soutien soviétique, un Comité polonais de Libération nationale puis un gouvernement provisoire de la république populaire de Pologne qui prend le pouvoir en 1945.
  3. « Deuxième Guerre mondiale » est un synonyme de « Seconde Guerre mondiale ». Selon certains grammairiens, il faut employer « deuxième » lorsqu'il y a au moins un troisième élément et « second » lorsqu'il n'y en a que deux mais, selon Le Petit Robert de 2011, article Deuxième, cette distinction, que le Littré qualifiait de « tout arbitraire », n'est faite que par certains puristes. « Seconde Guerre mondiale » est plus fréquent et plus optimiste d'après « Seconde Guerre mondiale », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française, (consulté le ).
  4. Raymond Cartier, La Seconde Guerre mondiale, vol. 2, , finale.
  5. La Paix de Versailles et ses conséquences sur les relations franco-allemandes de l'entre-deux-guerres..
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  12. Jean Quellien, La Seconde Guerre mondiale 1939-1945, p. 34.
  13. a b c d et e Jean Quellien, La Seconde Guerre mondiale 1939-1945, p. 35.
  14. François Paulhac, Les accords de Munich et les origines de la guerre de 1939, Librairie philosophique J. Vrin, coll. « Problèmes et controverses », , 271 p. (ISBN 978-2-7116-4262-5, OCLC 802480002, lire en ligne), p. 216.
  15. Yves Durand, Histoire générale de la deuxième guerre mondiale, Bruxelles, Editions Complexe, coll. « Bibliothèque complexe » (no 4), , 988 p. (ISBN 978-2-87027-740-9, OCLC 901485409, lire en ligne), p. 36.
  16. Y. Yoshimi and S. Matsuno, Dokugasusen Kankei shiryo II, Kaisetsu, Jugonen senso gokuhi shiryoshu 1997, p. 27-29.
  17. L'Allemagne fournit des conseils militaires et des armes, et Hitler déclare qu'ils sont alliés ; cependant, aucune déclaration officielle finlandaise n'a eu lieu.
  18. Commentaire d'Alexander Cadogan sur des notes de 1939 de son journal. Ce commentaire est reproduit dans Alexander Cadogan, The diaries of Sir Alexander Cadogan, O.M., 1938-1945, Londres, Cassell, 1971, p. 167, consultable fragmentairement par recherches de mots sur Sir Alexander Cadogan. Cité par John L. Heineman, The Road to War, III, sur le site du Boston College.
    « And it was that in the end that drove Chamberlain to take a sudden and surprising decision to guarantee Poland. Of course our guarantee could give no possible protection to Poland in any imminent attack upon her. But it set up a signpost for himself. He was committed, and in the event of a German attack on Poland he would be spared the agonizing doubts and indecisions. You might say that this was cruel to Poland. I wouldn't agree with that, because our military situation must have been known to them and they should have been quite aware of the imminence of the peril that threatened them. You might say that it was cynical. On a short view, perhaps it was. But it did bring us into the war… And in the end we, with our Allies, won it. Though of course the poor Poles cannot be expected to appreciate the results for them. ».
  19. Jean-Yves Mary, Le corridor des Panzers, t. 1 : par-delà la Meuse, 10-15 mai 1940, Bayeux, Heimdal, , 462 p. (ISBN 978-2-84048-270-3, OCLC 762661973), p. 10.
  20. Jean-Yves Mary 2009, p. 65.
  21. Ian Kershaw, Choix Fatidiques, Éditions du Seuil, , p. 567 "Le 21 Mai, le torpillage du Robin Moor créa une situation encore plus explosive, suivie, six jours plus tard, du grand discours où Roosevelt annonça que son administration avait l'intention de tout faire pour empêcher la domination allemande de l'Atlantique et introduire un état “d'urgence illimitée.".
  22. Ian Kershaw, Choix Fatidiques, Editions du Seuil, , p. 583 "Ni les Allemands ni les Américains n'étant prêts à sauter le pas pour se jeter dans le chaudron de la guerre de l'Atlantique, ce sont les évènements du Pacifique, sur lesquels le Reich de Hitler n'avait aucune prise, qui allaient finalement provoquer la décision fatidique et conduire l'Allemagne à engager les hostilités contre les États-Unis.".
  23. Ian Kershaw, Choix Fatidiques, Éditions du Seuil, , p. 584 "Un conflit entre le Japon et les États-Unis dans le Pacifique était infiniment plus souhaitable de son point de vue.".
  24. Ian Kershaw, Choix Fatidiques, Éditions du Seuil, , p. 584 "Il est très douteux, observa-t-il, que Tojo se décide à une action déterminante. Peut-être le Führer a raison d'être sceptique.".
  25. Ian Kershaw, Choix Fatidiques, Éditions du Seuil, , p. 587 "Si le Japon s'engageait dans une guerre avec les États-Unis, il va de soi que l'Allemagne se joindrait à la guerre sans délai. Il est totalement exclu que l'Allemagne conclue une paix séparée avec les États-Unis dans de telles circonstances. Le Führer est déterminé sur ce point.".
  26. a et b Ian Kershaw, Choix Fatidiques, Éditions du Seuil, , p. 587 "En vertu des deux premiers articles vitaux, tous les partenaires s'engageaient à intervenir si la guerre éclatait entre l'un d'eux et les États-Unis, et à ne conclure ni paix ni armistice avec les États-Unis ou la Grande-Bretagne autrement qu'avec leur consentement mutuel total.".
  27. Ian Kershaw, Choix Fatidiques, Éditions du Seuil, , p. 588 "Le 6 décembre, le général Halder se laissa dire que le conflit entre le Japon et les États-Unis était “peut-être imminent”. Goebbels, qui était hors du circuit d'information relatif au ballet diplomatique entre Tokyo et Berlin, nota à maintes reprises la montée de la tension.".
  28. Ian Kershaw, Choix Fatidiques, Éditions du Seuil, , p. 591 "Depuis des semaines, les tractations avec les Japonais reposaient sur l'idée que l'Allemagne entrerait dans une guerre contre les États-Unis déclenchée par des faits sur lesquels elle n'avait aucune prise. Apprenant Pearl Harbor, Hitler n'hésita pas un instant.".
  29. Ian Kershaw, Choix Fatidiques, Éditions du Seuil, , p. 594 "Ni le Pacte tripartite ni aucun autre traité n'obligeait donc Hitler à faire quoi que ce soit. Il avait ce qu'il voulait - l'engagement du Japon dans la guerre contre les États-Unis dans le Pacifique - et il aurait pu se satisfaire de l'idée que grâce à l'aubaine de Pearl Harbor, l'Amérique devrait détourner ses énergies vers le Pacifique.”.
  30. Ian Kershaw, Choix Fatidiques, Éditions du Seuil, , p. 597 "De la sorte, le poids des armes américaines, dont Hitler prévoyait qu'il atteindrait son plus haut dans le courant de l'année 1942, ne pourrait être pleinement déployé ni contre le Japon, pour le contraindre le cas échéant à demander la paix, ni contre l'Allemagne avant que la guerre de l'Est ne fût gagnée et que l'Europe ne fût à ses pieds.".
  31. Ian Kershaw, Choix Fatidiques, Éditions du Seuil, , p. 603 "S'il avait obtenu sa déclaration de guerre, il eût été facile à la propagande allemande de l'exploiter à son avantage : voici que la ploutocratie américaine imposait au pays une guerre dont l'Allemagne n'avait pas voulu et qu'elle avait tout fait pour éviter, l'obligeant à se défendre dos au mur.”.
  32. Yannis Kadaris, Le Brésil et la Seconde Guerre mondiale (lire en ligne).
  33. Le Figaro du vendredi 25 août 1944, article La Roumanie se range aux côtés des Alliés, p. 1-2 ; cet article contient une info erronée : il affirme qu'Antonescu se serait enfui en Allemagne.
  34. L'évasion du sous-marin polonais Orzel, interné à Tallinn, est officiellement un casus belli de la part de l'Estonie aux yeux de Moscou, montrant que l'URSS se considérait alors en état de guerre avec la Pologne : Tarvel Tannberg, Documents on the Soviet Military Occupation of Estonia, éd. Trames 2006.
  35. Philippe Masson, Une guerre totale, 1939-45, Taillandier, , p. 426.
  36. Troisième République, Forces françaises libres puis Armée française de la Libération.
  37. Belgique 1940 Forces armées belges.
  38. Forces armées reconstituées en Angleterre, aviation : trois escadrilles, marine, forces de terre, logistique. En Afrique, Force publique du Congo Belge. Au total, de 1941 à 1945, en Europe et en Afrique, forces progressivement reconstituées.
  39. Effectifs militaires des Forces armées canadiennes [« Canada Total des effectifs militaires »] (lire en ligne).
  40. par exemple, Pierre Miquel, La Seconde Guerre mondiale, Fayard, , p. 11 ou Yves Durand 1997, p. 85.
  41. « C'est au fond l'occupation allemande de la Tchécoslovaquie en mars 1939 qui convertit l'opinion publique britannique à la résistance et, ce faisant, força la main d'un gouvernement réticent ; lequel, à son tour, contraignit un gouvernement français qui n'avait d'autre solution que d'emboiter le pas à son seul véritable allié. » in Eric Hobsbawm, L'Âge des extrêmes [« The Age of Extremes »], Complexe, , p. 210.
  42. « Les relations militaires franco-belges », Paris 1968.
  43. Outrageous Fortune/Un règne brisé, 2 vol, éd. Martin, Secker & Warburg, Londres, éd. Duculot Gembloux-Paris, 1984-1985.
  44. Le 18e jour, Colonel Remy, Ed. France-Empire, Paris 1976.
  45. Le 18e jour, Colonel Remy, pages 348-349, Ed. France-Empire. Paris 1976.
  46. J. Wullus-Rudiger, Les origines internationales du drame belge, Ed. Vanderlinden, Bruxelles 1950, p. 313.
  47. Dossier « L'armée française à son Zénith », Guerres & Histoire, mars-avril 2012.
  48. Cf. (de) Alexander Lüdeke, Der Zweite Weltkrieg : Ursachen, Ausbruch, Verlauf, Folgen, Bath, Parragon, , 320 p. (ISBN 978-1-4054-8585-2, OCLC 183896302), p. 118.
  49. Liddell Hart, Histoire de la Seconde Guerre mondiale, p. 586.
  50. (en) Jan Karski, Story of a secret state, Safety Harbor, FL, Simon Publications, , 391 p. (ISBN 978-1-931541-39-8, OCLC 50806861) (publié en français sous le titre « Mon témoignage devant le monde ») ; Miron Bialoszewski, Mémoire de l'insurrection de Varsovie (traduction française Érik Veaux), éd. Calmann-Lévy, 2002 ; Alexandra Kwiatkowska-Viatteau, L'insurrection de Varsovie : la bataille de 1944, éd. PU Paris-Sorbonne, 2003 (ISBN 2-84050-271-2 et 978-2-84050-271-5) ; Elisabeth G. Sledziewski, Varsovie 44, récit d'insurrection, ed. Autrement, 2004.
  51. Pour l'avoir rompu, un journaliste de l'AP a été licencié. Consulter « Licencié, l'auteur du scoop du siècle obtient des excuses 67 ans après », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  52. Earl F. Ziemke, chapitre XV:The Victory Sealed, page 258, dernier paragraphe.
  53. Ian Kershaw, La Fin, Seuil, Paris, 2012, 670 p. (ISBN 978-2-02-080301-4) [EPUB] emplacement 8779 sur 16493. Voir également le récit détaillé par Maurice Vaïsse, « La Capitulation de l'Allemagne », L'Histoire, no 78, mai 1985, (« Lire en ligne »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)).
  54. William L Shirer (trad. non attribuée), Le Troisième Reich des origines à la chute [« The Rise and Fall of the Third Reich »], Paris, Stock, , 1275 p.
    1re éd. originale 1960. 2 vol.
  55. Winston Churchill, The Second World War, 6 vols, 1948–53.
  56. Pierre Miquel, La Seconde Guerre mondiale, Fayard, , p. 272.
  57. Yves Durand 1997, p. 121.
  58. The Battle of Leyte Gulf, Département des statistiques, université de Virginie.
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  60. François de Lannoy, Koursk : la plus grande bataille de chars de l'histoire, Bayeux, Heimdal, , 167 p. (ISBN 2-84048-118-9 et 9782840481188).
  61. Yves Durand 1997, p. 196-199.
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  83. Cf. Ebba D. Drolshagen, Der freundliche Feind. Wehrmachtssoldaten im besetzten Europa, München 2009, p. 148.
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  103. Rűdiger Overmans, du German Armed Forces Military History Research Office, a conclu récemment que les statistiques collectées durant la guerre par l'armée allemande étaient imprécises et incomplètes, il détaille ainsi les pertes militaires allemandes par théâtre d'opérations:
    • Afrique : 16 066
    • Balkans : 103 693
    • Europe du Nord : 30 165
    • Europe de l'Ouest jusqu'au 31/12/1944 : 339 957
    • Italie : 150 660
    • URSS jusqu'au 31/12/1944 : 2 742 909
    • Batailles finales en Allemagne en 1945 : 1 230 045
    • Autres (dont pertes aériennes et sur mer) : 245 561
    • Prisionniers de guerre morts en captivité : 459 475
    Total 5 318 000.
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  147. Le butin de l'Armée rouge dans les pays de l'Est a été prélevé, puis conservé, à titre d'avance sur les dommages de guerre dus par la Hongrie ou par la Roumanie (300 millions de dollars chacune au Traité de paix de Paris) : voir par exemple Stefan Lache et Gh. Tutui : La Roumanie et la conférence de paix de Paris de 1946, éd. Dacia, Cluj, 1978.
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  151. La citation du journal du Dr Goebbels à propos de la production cinématographique française laisse entendre que cette apparente indolence n'était pas dénuée d'arrière-pensées.

Voir aussi

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Bibliographie

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    1re partie : De l'agression allemande à l'armistice franco-allemand ; 2e partie : L'échec de l'offensive allemande contre l'Angleterre et l'agression contre la Russie ; 3e partie : Le renversement de l'équilibre des forces au profit des alliés ; 4e partie : L'attaque de la forteresse Europe ; 5e partie : La Guerre en Extrême-Orient ; 6e partie : De la guerre à la paix vers l'organisation du monde
  • Contre-Amiral P. Barjot, Maurice Baumont, J.B. Duroselle, Jean-Galbert, Colonel Hautcœur, Frédéric Jenny, Henri le Masson, Camille Rougeron, Le Deuxième Conflit mondial, vol. 2, Paris, Éditions G. P., , 616 p.
    1re partie : Politique et diplomatie ; 2e partie : Science et technique de guerre ; 3e partie : La conduite des opérations ; 4e partie : La marine dans la guerre ; 5e partie : L'aviation dans la guerre ; 6e partie : Économie et finances de la guerre ; 7e partie : L'organisation du monde

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