« Dignité » : différence entre les versions

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→‎Aspect légal : droits de l'homme ayant la finalité d'assurer le respect de la dignité humaine
 
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Selon le philosophe allemand [[Emmanuel Kant]], la '''dignité''' est ''le fait que la personne ne doit jamais être traitée seulement comme un moyen, mais toujours aussi comme une fin en soi''<ref>{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Emmanuel Kant|titre=Fondation de la métaphysique des mœurs|passage=I, Fondation, Introduction, trad. Alain Renaut, p. 108.}}</ref>. Elle dépend donc directement de la notion de [[personne]], qui présente des dimensions multiples sur les plans [[juridique]], [[philosophique]], [[religion|religieux]], où elle recoupe sans s’y limiter la problématique de la [[Être humain (philosophie)|nature humaine]]. Dans les cas où elle s’entrelace à cette dernière, il s’agit plus spécifiquement de '''dignité humaine''', bien que par ellipse le seul terme de ''dignité'' soit couramment employé pour désigner ce concept plus restreint.
[[Fichier:Dignity.jpg|vignette|La statue ''[[Dignity (statue)|Dignity]]'' (près de Chamberlain, dans le Dakota du Sud)]]
La notion de '''dignité''' humaine présente des dimensions multiples, au niveau [[philosophique]]s, [[religion|religieuses]], et [[juridique]]s.


En 1764, le philosophe affirme, dans ses ''Observations sur le sentiment du beau et du sublime'', que l’on peut reconnaître dans « le sentiment de la dignité de la nature humaine » un sentiment et un principe de respect universels<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Thierry|nom1=Pech|titre=La dignité humaine. Du droit à l’éthique de la relation|périodique=Éthique publique. Revue internationale d’éthique sociétale et gouvernementale|numéro=vol. 3, n° 2|date=2001-01-01|issn=1488-0946|doi=10.4000/ethiquepublique.2526|lire en ligne=https://journals.openedition.org/ethiquepublique/2526#tocto2n1|consulté le=2023-10-04}}</ref>.
Selon le philosophe allemand [[Emmanuel Kant]], la dignité est le fait que la personne ne doit jamais être traitée comme un moyen, mais comme une fin en soi.


Une autre définition est utilisée en particulier dans le champ de la [[bioéthique]], elle fait référence à une qualité qui serait liée à l’[[essence (philosophie)|essence]] même de tout être humain ce qui expliquerait qu’elle soit la même pour tous et qu’elle n’admette pas de degré. Selon le philosophe [[Paul Ricœur]], cette notion renvoie à l’idée que « quelque chose est dû à l'être humain du fait qu'il est humain »<ref>Paul Ricœur, ''in'' J.-F. de Raymond, ''Les Enjeux des droits de l’homme'', Paris, Larousse, 1988, {{p.|236-237}}</ref>.
Une autre définition est utilisée en particulier dans le champ de la [[bioéthique]], elle fait référence à une qualité{{Laquelle|date=9 juin 2021}} qui serait liée à l’[[essence (philosophie)|essence]] même de tout être humain, ce qui expliquerait qu’elle soit la même pour tous et qu’elle n’admette pas de degré. Selon le philosophe [[Paul Ricœur]], cette notion renvoie à l’idée que « quelque chose est dû à l'être humain du fait qu'il est humain »<ref>Paul Ricœur, ''in'' J.-F. de Raymond, ''Les Enjeux des droits de l’homme'', Paris, Larousse, 1988, {{p.|236-237}}</ref>.


Prise en ce sens, cela signifie que toute personne mérite un respect inconditionnel, quels que soient l'âge, le sexe, la santé physique ou mentale, l'identité de genre ou l'orientation sexuelle, la religion, la condition sociale ou l'origine ethnique de l'individu en question.
Prise en ce sens, cela signifie que toute personne mérite un respect inconditionnel, quels que soient l'âge, le sexe, la santé physique ou mentale, l'identité de genre ou l'orientation sexuelle, la religion, la condition sociale ou l'origine ethnique de l'individu en question.


L'équivocité de la notion de dignité conduit toutefois à d'importants débats philosophiques et juridiques<ref>{{Lien web |auteur= |titre=Que faire de la dignité ? |jour= |mois= |année= |url=http://www.philonomie.com/que-faire-de-la-dignite/ |site=www.philonomie.com (Illustration) |en ligne le=06 mars 2014 |consulté le=12 mars 2014}}</ref> concernant sa valeur opératoire en tant que concept heuristique ou juridique.
L'équivocité de la notion de dignité conduit toutefois à d'importants débats philosophiques et juridiques<ref>{{Lien web |titre=Que faire de la dignité ? |url=http://www.philonomie.com/que-faire-de-la-dignite/ |site=www.philonomie.com (Illustration) |en ligne le=06 mars 2014 |consulté le=12 mars 2014}}</ref> concernant sa valeur opératoire en tant que concept heuristique ou juridique.

Le contenu de la dignité contemporaine est tiré de la [[Déclaration universelle des droits de l'homme]] de 1948, résumée dans le principe selon lequel chaque être humain a le droit à la dignité humaine. Dans l'article 1, il est stipulé que "Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité."<ref>{{Article|langue=arabe|auteur1=Bidouh Soumaya|titre=Euthanasie : l'individu et la dignité|périodique=périodique|pages=Pages 76-83|date=15-12-2020|accès url=libre|format=pdf}}</ref>


== Définition actuelle ==
== Définition actuelle ==
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# Le sentiment qu'une personne peut avoir de sa propre valeur ;
# Le sentiment qu'une personne peut avoir de sa propre valeur ;
# Le fait d'avoir une fonction élevée ou de recevoir une distinction honorifique ;
# Le fait d'avoir une fonction élevée ou de recevoir une distinction honorifique ;
# Un terme d'astrologie qui indique {{citation|l'avantage dont disposent occasionnellement les astres dans le zodiaque}}<ref>[https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/dignit%C3%A9/25525 Site Larousse, page sur la définition du mot "dignité"], consulté le 20 octobre 2018</ref>.
# Un terme d'[[astrologie]] qui indique {{citation|l'avantage dont disposent occasionnellement les astres dans le zodiaque}}<ref>[https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/dignit%C3%A9/25525 Site Larousse, page sur la définition du mot "dignité"], consulté le 20 octobre 2018</ref>.


Le site du [[Centre national de ressources textuelles et lexicales|CNRTL]] définit principalement la dignité comme un {{citation|''sentiment de la valeur intrinsèque d'une personne ou d'une chose, et qui commande le respect d'autrui.''}}<ref>[http://www.cnrtl.fr/definition/dignit%C3%A9 Site CNRTL, page sur la définition du mot "dignité"], consulté le 20 octobre 2018</ref>
Le site du [[Centre national de ressources textuelles et lexicales|CNRTL]] définit principalement la dignité comme un {{citation|''sentiment de la valeur intrinsèque d'une personne ou d'une chose, et qui commande le respect d'autrui.''}}<ref>[http://www.cnrtl.fr/definition/dignit%C3%A9 Site CNRTL, page sur la définition du mot "dignité"], consulté le 20 octobre 2018</ref>


== Étymologie ==
== Étymologie ==
Le mot ''Dignité'' est un nom féminin provenant du latin ''dignitas'', lui-même issu du mot « dignus » avec l'ajout du suffixe « -itas ». (voir l'article [[wikt:dignité|dignité]], sur le site du [[wiktionnaire]].)
Le mot ''Dignité'' est un nom féminin provenant du [[latin]] ''dignitas'', lui-même issu du mot « dignus » avec l'ajout du suffixe « -itas ». (voir l'article [[wikt:dignité|dignité]], sur le site du [[wiktionnaire]].)


== Origines du concept ==
== Origines du concept ==
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Dans un rapport de 1998, publié par le {{lien|President's Council on Bioethics|trad=The President's Council on Bioethics}}, institution nommée par [[Bill Clinton]]<ref>{{en}}{{pdf}} [http://www3.nd.edu/~undpress/excerpts/P01307-ex.pdf Human Dignity and Bioethics], rapport du {{lien|Conseil du président des États-Unis sur la bioéthique|trad=The President's Council on Bioethics}}, mars 1998</ref>, Adam Schulman, qui souligne l'ambiguïté et l'équivocité de la notion, invoquée dans des arguments opposés lors des débats sur la [[bioéthique]]<ref name=Schulman>{{en}}{{pdf}} Adam Schulman, « Bioethics and the Question of Human Dignity », in [http://www3.nd.edu/~undpress/excerpts/P01307-ex.pdf Human Dignity and Bioethics], rapport du {{lien|Conseil du président des États-Unis sur la bioéthique|trad=The President's Council on Bioethics}}, mars 1998, {{p.|3-18}}</ref>, notait qu'il y avait au moins quatre sources historiques de la notion de dignité :
Dans un rapport de 1998, publié par le {{lien|President's Council on Bioethics|trad=The President's Council on Bioethics}}, institution nommée par [[Bill Clinton]]<ref>{{en}}{{pdf}} [http://www3.nd.edu/~undpress/excerpts/P01307-ex.pdf Human Dignity and Bioethics], rapport du {{lien|Conseil du président des États-Unis sur la bioéthique|trad=The President's Council on Bioethics}}, mars 1998</ref>, Adam Schulman, qui souligne l'ambiguïté et l'équivocité de la notion, invoquée dans des arguments opposés lors des débats sur la [[bioéthique]]<ref name=Schulman>{{en}}{{pdf}} Adam Schulman, « Bioethics and the Question of Human Dignity », in [http://www3.nd.edu/~undpress/excerpts/P01307-ex.pdf Human Dignity and Bioethics], rapport du {{lien|Conseil du président des États-Unis sur la bioéthique|trad=The President's Council on Bioethics}}, mars 1998, {{p.|3-18}}</ref>, notait qu'il y avait au moins quatre sources historiques de la notion de dignité :
# l'[[Antiquité]] classique (d'une part la ''[[dignitas (homonymie)|dignitas]]'', entendue comme honneur, et d'autre part la conception [[stoïcienne]]) ;
# l'[[Antiquité]] classique (d'une part la ''[[dignitas (homonymie)|dignitas]]'', entendue comme honneur, et d'autre part la conception [[stoïcienne]]) ;
# la source [[Bible|biblique]] de l'« homme créé à l'image de Dieu » (Il est le seul à posséder une âme, ce qui suffit à lui conférer une dignité) ;
# la source [[Bible|biblique]] de l'« homme créé à l'image de Dieu » (Il est le seul à posséder une âme raisonnable<ref>{{Ouvrage|langue=latin-français|auteur1=Saint Augustin|titre=De Trinitate|passage=XIV, 4,6, BA 16, p. 356|lieu=Paris|éditeur=Bibliothèque Augustinienne|extrait=C’est donc dans l’âme de l’homme, âme raisonnable et intelligente qu’il faut trouver l’image du Créateur}}</ref>, ce qui suffit à lui conférer une dignité) ;
# la source [[Emmanuel Kant|kantienne]] (une caractéristique de l’humanité de voir en chaque humain un être doté d’une dignité) ;
# la source [[Emmanuel Kant|kantienne]] (une caractéristique de l’humanité de voir en chaque humain un être doté d’une dignité) ;
# et enfin les constitutions et déclarations internationales des [[droits de l'Homme]] du {{XXe siècle}}, proclamées en réaction aux horreurs du [[nazisme]] (37 Constitutions nationales édictées depuis 1945 font ainsi explicitement référence à la dignité humaine<ref name=Schulman/>).
# et enfin les constitutions et déclarations internationales des [[droits de l'Homme]] du {{XXe siècle}}, proclamées en réaction aux horreurs du [[nazisme]] (37 Constitutions nationales édictées depuis 1945 font ainsi explicitement référence à la dignité humaine<ref name=Schulman/>).
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[[Fichier:Kant gemaelde 3.jpg|vignette|80px|<small>Emmanuel Kant</small>]]
[[Fichier:Kant gemaelde 3.jpg|vignette|80px|<small>Emmanuel Kant</small>]]
=== Sens classique du terme ===
=== Sens classique du terme ===
La dignité au sens classique (''[[dignitas (homonymie)|dignitas]]'') n'avait rien à voir avec la notion contemporaine<ref>Horst Bredekamp, ''Stratégies visuelles de Thomas Hobbes : Le Léviathan, archétype de l'État moderne ; illustrations des œuvres et portraits'', Les Éditions de la MSH, 2003, p. 100.</ref> : elle était liée à l'exercice d'une charge ou d'un office public, un sens que l'on retrouve dans « dignitaire ». Ce sens classique, aristocratique et inégalitaire, s'oppose aux valeurs [[démocratique]]s qui font aujourd'hui consensus<ref name=Schulman/>. Ainsi, pour [[Thomas Hobbes|Hobbes]], la dignité n'est pas une valeur intrinsèque de l'homme, mais seulement la « valeur publique » qui lui est conférée par la République (ou ''Commonwealth'')<ref>[[Thomas Hobbes|Hobbes]], ''[[Léviathan (Hobbes)|Léviathan]]'', chapitre X, cité par A. Schulman, {{opcit}}.</ref>. De même, pour [[Montesquieu]], la dignité dénote la distinction, propre à l'aristocratie, et s'oppose en ce sens à l'[[Égalité sociale|égalité]]. Le ''[[Littré|dictionnaire Littré]]'' donne ainsi comme premier sens au mot « dignité » celui de « fonction éminente dans l'État ou l'Église », citant l'exemple de la dignité épiscopale ; il admet toutefois, comme quatrième sens, celui de « respect qu'on se doit à soi-même »<ref>[http://francois.gannaz.free.fr/Littre/xmlittre.php?requete=dignit%E9 Définition de la dignité] dans le ''[[Littré]]''</ref>, peut-être plus proche du sens contemporain.
La dignité au sens classique (''[[dignitas (homonymie)|dignitas]]'') n'avait rien à voir avec la notion contemporaine<ref>Horst Bredekamp, ''Stratégies visuelles de Thomas Hobbes : Le Léviathan, archétype de l'État moderne ; illustrations des œuvres et portraits'', Les Éditions de la MSH, 2003, p. 100.</ref> : elle était liée à l'exercice d'une charge ou d'un office public, un sens que l'on retrouve dans « dignitaire ». Ce sens classique, [[Aristocratie|aristocratique]] et inégalitaire, s'oppose aux valeurs [[démocratique]]s qui font aujourd'hui consensus<ref name=Schulman/>. Ainsi, pour [[Thomas Hobbes|Hobbes]], la dignité n'est pas une valeur intrinsèque de l'homme, mais seulement la « valeur publique » qui lui est conférée par la République (ou ''Commonwealth'')<ref>[[Thomas Hobbes|Hobbes]], ''[[Léviathan (Hobbes)|Léviathan]]'', chapitre X, cité par A. Schulman, {{opcit}}.</ref>. De même, pour [[Montesquieu]], la dignité dénote la distinction, propre à l'aristocratie, et s'oppose en ce sens à l'[[Égalité sociale|égalité]]. Le ''[[Littré|dictionnaire Littré]]'' donne ainsi comme premier sens au mot « dignité » celui de « fonction éminente dans l'État ou l'Église », citant l'exemple de la dignité épiscopale ; il admet toutefois, comme quatrième sens, celui de « respect qu'on se doit à soi-même »<ref>[http://francois.gannaz.free.fr/Littre/xmlittre.php?requete=dignit%E9 Définition de la dignité] dans le ''[[Littré]]''</ref>, peut-être plus proche du sens contemporain.


À l'inverse de la conception classique, les [[stoïcisme|stoïciens]] accordaient à toute vie humaine, selon A. Schulman<ref name=Schulman/>, le caractère de dignité : chacun, esclave ou maître, était libre de s'engager dans la recherche de la sagesse. Mais si la dignité stoïcienne, entendue en ce sens, était universelle, elle n'était pas pour autant d'accès facile, puisque seul le sage stoïcien était véritablement digne<ref name=Schulman/>. Or, l'idéal stoïcien du sage est excessivement difficile à atteindre. En outre, la sagesse stoïcienne implique une indifférence vis-à-vis du corps et de ses douleurs, qui la rend de peu d'aide dans les débats contemporains relatifs à la bioéthique<ref name=Schulman/>.
À l'inverse de la conception classique, les [[stoïcisme|stoïciens]] accordaient à toute vie humaine, selon A. Schulman<ref name=Schulman/>, le caractère de dignité : chacun, esclave ou maître, était libre de s'engager dans la recherche de la sagesse. Mais si la dignité stoïcienne, entendue en ce sens, était universelle, elle n'était pas pour autant d'accès facile, puisque seul le sage stoïcien était véritablement digne<ref name=Schulman/>. Or, l'idéal stoïcien du sage est excessivement difficile à atteindre. En outre, la sagesse stoïcienne implique une indifférence vis-à-vis du corps et de ses douleurs, qui la rend de peu d'aide dans les débats contemporains relatifs à la bioéthique<ref name=Schulman/>.
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=== Philosophie kantienne ===
=== Philosophie kantienne ===
{{article détaillé|Philosophie pratique de Kant}}
{{article détaillé|Philosophie pratique de Kant}}
La dignité, telle que [[Philosophie pratique de Kant|conceptualisée par Kant]] dans la ''[[Critique de la raison pratique]]'', est accordée à tout Homme « en tant qu'être raisonnable ». On cite souvent à cet égard la maxime kantienne de traiter toujours autrui comme fin et non simplement comme moyen<ref>La maxime kantienne est ainsi formulée: « Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen. » (in ''[[Fondements de la métaphysique des mœurs]]'' in ''[[Métaphysique des mœurs]]'', I, ''Fondation, Introduction'', trad. Alain Renaut, {{p.}} 108)</ref> qui, selon Schulman, influence par exemple la notion de « [[consentement éclairé]] ». Toutefois, la dignité kantienne se rapproche du stoïcisme en ce qu'elle est exclusivement la capacité d'agir moralement en dehors de déterminations empiriques, et sensibles, de la volonté. C'est pour Kant le devoir moral (l'[[impératif catégorique]]) d'agir librement, y compris et surtout contre les inclinations du désir et de la chair. La dignité kantienne se distingue donc fortement du respect de la vie en tant que vie sensible et souffrante : elle est au contraire respect de la liberté humaine, c'est-à-dire de l'Homme en tant qu'être suprasensible.
La dignité, telle que [[Philosophie pratique de Kant|conceptualisée par Kant]] dans la ''[[Critique de la raison pratique]]'', est accordée à tout Homme « en tant qu'être raisonnable ». On cite souvent à cet égard la maxime kantienne de traiter toujours autrui comme fin et non simplement comme moyen<ref>La maxime kantienne est ainsi formulée: « Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen. » (in ''[[Fondements de la métaphysique des mœurs]]'' in ''[[Métaphysique des mœurs]]'', I, ''Fondation, Introduction'', trad. Alain Renaut, {{p.}} 108)</ref> qui, selon Schulman, influence par exemple la notion de « [[consentement éclairé]] ». Toutefois, la dignité kantienne se rapproche du stoïcisme en ce qu'elle est exclusivement la capacité d'agir moralement en dehors de déterminations empiriques, et sensibles, de la volonté. C'est pour Kant le devoir moral (l'[[impératif catégorique]]) d'agir librement, y compris et surtout contre les inclinations du désir et de la chair. La dignité kantienne se distingue donc fortement du respect de la vie en tant que vie sensible et souffrante : elle est au contraire respect de la liberté humaine, c'est-à-dire de l'Homme en tant qu'être suprasensible.


En outre, l'insistance kantienne sur l'autonomie de la volonté conduit, en bioéthique, à des problèmes sérieux : {{citation|quel usage faire de la dignité kantienne dans des cas de [[coma]]s<ref name=Schulman/> ?}}. Enfin, l'héritage de la distinction entre [[morale déontologique]] et [[conséquentialiste]], attribuée à Kant ([[Elizabeth Anscombe]] est toutefois la première à avoir formulé cette opposition), empêche selon Schulman d'expliciter les débats bioéthiques, qui feraient plus appel à la notion [[éthique]] de [[Prudence (poète)|prudence]]<ref name=Schulman/>.
En outre, l'insistance kantienne sur l'autonomie de la volonté conduit, en bioéthique, à des problèmes sérieux : {{citation|quel usage faire de la dignité kantienne dans des cas de [[coma]]s<ref name=Schulman/> ?}}. Enfin, l'héritage de la distinction entre [[morale déontologique]] et [[conséquentialiste]], attribuée à Kant ([[Elizabeth Anscombe]] est toutefois la première à avoir formulé cette opposition), empêche selon Schulman d'expliciter les débats bioéthiques, qui feraient plus appel à la notion [[éthique]] de [[Prudence (poète)|prudence]]<ref name=Schulman/>.


=== Équivocité de la notion de « dignité » ===
=== Équivocité de la notion de « dignité » ===
Beaucoup d'auteurs – dont A. Schulman<ref name=Schulman/>, ou la juriste [[Anne-Marie Le Pourhiet]], qui parle de « notion fourre-tout »<ref>[[Anne-Marie Le Pourhiet]], professeur de droit public à l'université Rennes-1, [http://www.lefigaro.fr/debats/2008/05/24/01005-20080524ARTFIG00053-touche-pas-a-mon-preambule-.php « Touche pas à mon Préambule ! »], ''[[Le Figaro]]'', 24 mai 2008 : « La dignité constitue aujourd'hui la menace la plus directe contre la philosophie des Lumières et l'idée républicaine, l'arme fatale contre nos libertés. Ériger cette notion philosophique et morale, éminemment subjective et relative, en norme juridique est une folie. On voit déjà depuis plusieurs années que c'est au nom de la dignité des individus et des groupes que des militants narcissiques et hystériques ont obtenu la multiplication des incriminations pénales de harcèlement moral et sexuel, de discriminations et propos sexistes, homophobes, handiphobes, etc., aboutissant à un arsenal répressif menaçant notamment les libertés d'expression et de la presse. C'est encore au nom de la dignité humaine qu'est revendiquée une euthanasie « très active », et ce n'est pas non plus un hasard si les décisions juridictionnelles récentes les plus intellectuellement indigentes et tirées par les cheveux ont été rendues sur le fondement de cette notion fourre-tout et galvaudée. »</ref> – soulignent l'équivocité de la notion de « dignité » et son contenu formel, qui permet de lui donner autant de définitions concrètes que l'on veut. [[John Rawls]] considérait ainsi qu'on ne pouvait fonder une théorie de la [[justice]] sur la notion abstraite de dignité, qui requiert d'être définie par des principes déterminés<ref>{{en}}{{pdf}} [[John Rawls]], ''A Theory of Justice'', Cambridge, 1971, {{p.}}586, cité par [[Martha Nussbaum]] in ''Human Dignity and Political Entitlements'', {{p.|351-381}} du rapport [http://www.bioethics.gov/reports/human_dignity/human_dignity_and_bioethics.pdf Human Dignity and Bioethics], du {{lien|Conseil du président des États-Unis sur la bioéthique|trad=The President's Council on Bioethics}}, mars 1998.</ref>.
Beaucoup d'auteurs – dont A. Schulman<ref name=Schulman/>, ou la juriste [[Anne-Marie Le Pourhiet]], qui parle de « notion fourre-tout »<ref>[[Anne-Marie Le Pourhiet]], professeur de droit public à l'université Rennes-1, [http://www.lefigaro.fr/debats/2008/05/24/01005-20080524ARTFIG00053-touche-pas-a-mon-preambule-.php « Touche pas à mon Préambule ! »], ''[[Le Figaro]]'', 24 mai 2008 : « La dignité constitue aujourd'hui la menace la plus directe contre la philosophie des Lumières et l'idée républicaine, l'arme fatale contre nos libertés. Ériger cette notion philosophique et morale, éminemment subjective et relative, en norme juridique est une folie. On voit déjà depuis plusieurs années que c'est au nom de la dignité des individus et des groupes que des militants narcissiques et hystériques ont obtenu la multiplication des incriminations pénales de harcèlement moral et sexuel, de discriminations et propos sexistes, homophobes, handiphobes, etc., aboutissant à un arsenal répressif menaçant notamment les libertés d'expression et de la presse. C'est encore au nom de la dignité humaine qu'est revendiquée une euthanasie « très active », et ce n'est pas non plus un hasard si les décisions juridictionnelles récentes les plus intellectuellement indigentes et tirées par les cheveux ont été rendues sur le fondement de cette notion fourre-tout et galvaudée. »</ref> – soulignent l'équivocité de la notion de « dignité » et son contenu formel, qui permet de lui donner autant de définitions concrètes que l'on veut. [[John Rawls]] considérait ainsi qu'on ne pouvait fonder une théorie de la [[justice]] sur la notion abstraite de dignité, qui requiert d'être définie par des principes déterminés<ref>{{en}}{{pdf}} [[John Rawls]], ''A Theory of Justice'', Cambridge, 1971, {{p.}}586, cité par [[Martha Nussbaum]] in ''Human Dignity and Political Entitlements'', {{p.|351-381}} du rapport [http://www.bioethics.gov/reports/human_dignity/human_dignity_and_bioethics.pdf Human Dignity and Bioethics], du {{lien|Conseil du président des États-Unis sur la bioéthique|trad=The President's Council on Bioethics}}, mars 1998.</ref>.


Selon Schulman, la dignité peut être invoquée à la fois comme argument permettant à un malade atteint d'[[maladie d'Alzheimer|Alzheimer]] d'arrêter de prendre ses médicaments afin de « mourir dignement » ou, au contraire, invoquer cette même dignité pour lui refuser cette liberté de choix et lui enjoindre de se soigner, la vie possédant, en tant que telle, un caractère digne<ref name=Schulman/>. La notion de dignité en tant que caractère essentiel de la vie – « l'égale dignité de toute vie humaine », telle que formulée par exemple dans la [[Déclaration universelle des droits de l'homme|Déclaration des droits de l'Homme de 1948]] – en tant que telle s'opposerait ainsi à la notion de « dignité » conçue comme « [[autonomie]] de l'être humain individuel »<ref name=Schulman/>. Le philosophe [[Simon Blackburn]] note la même équivocité, en rapportant ainsi qu'[[Elizabeth Anscombe|Anscombe]], philosophe catholique, considérait que la « dignité et la valeur de l'[[humanité]] » impliquait la condamnation de l'[[avortement]], de l'[[euthanasie]] et des méthodes de [[procréation médicalement assistée]] ([[fécondation in vitro]], etc.), tout en légitimant par ailleurs la [[peine de mort]]<ref name=Blackburn>[[Simon Blackburn]], [http://www.phil.cam.ac.uk/~swb24/reviews/Anscombe.htm Review from] ''[[Times Literary Supplement]]'', 30 septembre 2005.</ref>.
Selon Schulman, la dignité peut être invoquée à la fois comme argument permettant à un malade atteint d'[[maladie d'Alzheimer|Alzheimer]] d'arrêter de prendre ses médicaments afin de « [[mourir dignement]] » ou, au contraire, invoquer cette même dignité pour lui refuser cette liberté de choix et lui enjoindre de se soigner, la vie possédant, en tant que telle, un caractère digne<ref name=Schulman/>. La notion de dignité en tant que caractère essentiel de la vie – « l'égale dignité de toute vie humaine », telle que formulée par exemple dans la [[Déclaration universelle des droits de l'homme|Déclaration des droits de l'Homme de 1948]] – en tant que telle s'opposerait ainsi à la notion de « dignité » conçue comme « [[autonomie]] de l'être humain individuel »<ref name=Schulman/>. Le philosophe [[Simon Blackburn]] note la même équivocité, en rapportant ainsi qu'[[Elizabeth Anscombe|Anscombe]], philosophe catholique, considérait que la « dignité et la valeur de l'[[humanité]] » impliquait la condamnation de l'[[avortement]], de l'[[euthanasie]] et des méthodes de [[procréation médicalement assistée]] ([[fécondation in vitro]], etc.), tout en légitimant par ailleurs la [[peine de mort]]<ref name=Blackburn>[[Simon Blackburn]], [http://www.phil.cam.ac.uk/~swb24/reviews/Anscombe.htm Review from] ''[[Times Literary Supplement]]'', 30 septembre 2005.</ref>.


De même, la dignité conçue dans son acception biblique peut tout autant, selon lui, justifier bien des [[recherche scientifique|recherches]] (par exemple sur les [[embryon]]s) en ce que l'Homme, fait à l'image de Dieu, détiendrait un privilège à l'égard de la nature et devrait l'organiser<ref name=Schulman/> ; mais cette même dignité judéo-chrétienne peut au contraire être invoquée comme argument contre la recherche sur les embryons, au nom de la « dignité de toute vie », y compris de celle de l'embryon<ref name=Schulman/>. Certains, comme la philosophe {{lien|Ruth Macklin}}, qui conseille de substituer, dans le champ de la bioéthique, la notion de « [[respect]] pour l'autonomie » à celle de dignité<ref>{{lien|Ruth Macklin}}, [http://www.bmj.com/cgi/content/full/327/7429/1419?etoc Dignity is a useless concept], ''[[British Medical Journal]]'', 2003; 327: 1419-1420. Cité par A. Schulman, {{opcit}}.</ref>, soupçonnent que ce sont en majorité des sources [[religion|religieuses]], en particulier les écrits de l'[[Église catholique romaine]] au sujet de la dignité humaine, qui expliquent que la dignité soit si souvent invoquée « comme si cela signifiait quelque chose au-delà et supérieur au respect pour les personnes ou leur autonomie »<ref name=Schulman/>. De même, le philosophe allemand {{lien|Dieter Birnbacher|lang=de}} considère que l'argument de la dignité, tel qu'utilisé dans le débat sur le [[clonage]], ne sert qu'à masquer une tradition religieuse considérant « l'ordre naturel comme sanctionné divinement »<ref name=Schulman/>.
De même, la dignité conçue dans son acception biblique peut tout autant, selon lui, justifier bien des [[recherche scientifique|recherches]] (par exemple sur les [[embryon]]s) en ce que l'Homme, fait à l'image de Dieu, détiendrait un privilège à l'égard de la nature et devrait l'organiser<ref name=Schulman/> ; mais cette même dignité judéo-chrétienne peut au contraire être invoquée comme argument contre la recherche sur les embryons, au nom de la « dignité de toute vie », y compris de celle de l'embryon<ref name=Schulman/>. Certains, comme la philosophe {{lien|Ruth Macklin}}, qui conseille de substituer, dans le champ de la bioéthique, la notion de « [[respect]] pour l'autonomie » à celle de dignité<ref>{{lien|Ruth Macklin}}, [http://www.bmj.com/cgi/content/full/327/7429/1419?etoc Dignity is a useless concept], ''[[British Medical Journal]]'', 2003; 327: 1419-1420. Cité par A. Schulman, {{opcit}}.</ref>, soupçonnent que ce sont en majorité des sources [[religion|religieuses]], en particulier les écrits de l'[[Église catholique romaine]] au sujet de la dignité humaine, qui expliquent que la dignité soit si souvent invoquée « comme si cela signifiait quelque chose au-delà et supérieur au respect pour les personnes ou leur autonomie »<ref name=Schulman/>. De même, le philosophe allemand {{lien|Dieter Birnbacher|lang=de}} considère que l'argument de la dignité, tel qu'utilisé dans le débat sur le [[clonage]], ne sert qu'à masquer une tradition religieuse considérant « l'ordre naturel comme sanctionné divinement »<ref name=Schulman/>.


Concernant sa valeur opératoire, la notion de dignité humaine prête également à réflexion. Le sociologue Jean-Pierre Tabin, à travers une analyse des principes de l’aide sociale en Suisse et des minimums vitaux qui leur sont associés, questionne sa portée. Bien qu’un revenu permettant de recevoir les moyens indispensables pour mener une existence conforme à la dignité humaine soit garanti de manière générale par la Constitution fédérale de 1999 (art. 12 : Quiconque est dans une situation de détresse et n'est pas en mesure de subvenir à son entretien a le droit d'être aidé et assisté et de recevoir les moyens indispensables pour mener une existence conforme à la dignité humaine), en pratique ces revenus sont très différents en fonction notamment de la nationalité et du statut des résidents, ce qui fait que la dignité est à géométrie variable, un principe incompatible avec la notion kantienne de dignité<ref>JP Tabin, « Les échelles du minimum vital » ''Caritas.mag'' 2014;10:12-13.</ref>{{,}}<ref>Jean-Pierre Tabin, « L’article 12 de la Constitution fédérale : une “dignité” à géométrie variable » {{Langue|en|in}} W. Schmid & U. Tecklenburg (dir.), ''Vivre dignement ? L’aide sociale suisse en question. Une publication pour le {{100e|anniversaire}} de la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS)'', Luzern, Caritas-Verlag, 2005, {{p.|133-142}}</ref>.
Concernant sa valeur opératoire, la notion de dignité humaine prête également à réflexion. Le sociologue Jean-Pierre Tabin, à travers une analyse des principes de l’aide sociale en Suisse et des minimums vitaux qui leur sont associés, questionne sa portée. Bien qu’un revenu permettant de recevoir les moyens indispensables pour mener une existence conforme à la dignité humaine soit garanti de manière générale par la Constitution fédérale de 1999 (art. 12 : Quiconque est dans une situation de détresse et n'est pas en mesure de subvenir à son entretien a le droit d'être aidé et assisté et de recevoir les moyens indispensables pour mener une existence conforme à la dignité humaine), en pratique ces revenus sont très différents en fonction notamment de la nationalité et du statut des résidents, ce qui fait que la dignité est à géométrie variable, un principe incompatible avec la notion kantienne de dignité<ref>JP Tabin, « Les échelles du minimum vital » ''Caritas.mag'' 2014;10:12-13.</ref>{{,}}<ref>Jean-Pierre Tabin, « L’article 12 de la Constitution fédérale : une “dignité” à géométrie variable » {{Langue|en|in}} W. Schmid & U. Tecklenburg (dir.), ''Vivre dignement ? L’aide sociale suisse en question. Une publication pour le {{100e|anniversaire}} de la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS)'', Luzern, Caritas-Verlag, 2005, {{p.|133-142}}</ref>.

La dignité a également tendance à évoquer les traits d'une sérénité autonome, d'une certaine puissance intérieure et atténuée, mais encore translucide et perceptible dans l'affirmation de soi : le type de caractère digne se montre avare d'une activité emphatique plutôt que passivement renfrogné, peut-être impassible plutôt que impassible, patient plutôt qu'anxieusement défensif, et dépourvu mais non incapable d'agressivité<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Aurel|nom1=Kolnai|titre=Dignity|périodique=Philosophy|volume=51|numéro=197|date=1976-07|issn=1469-817X|issn2=0031-8191|doi=10.1017/S003181910001932X|lire en ligne=https://www.cambridge.org/core/journals/philosophy/article/abs/dignity/5EB7B54CE75B9490742D41A56624C97E|consulté le=2023-10-07|pages=251–271}}</ref>


== Dignité de la personne humaine ==
== Dignité de la personne humaine ==
{{...}}
{{...}}
La reconnaissance et le respect de la dignité de la personne humaine sont au centre de la [[doctrine sociale de l'Église]]. Le [[Concile Vatican II]], en particulier ''[[Gaudium et spes]]'', insiste sur le caractère inaliénable de cette dignité, sur l'union spirituelle et corporelle de la personne en relation avec l'[[environnement]], sur sa dimension essentiellement sociale et communautaire<ref>Alain Thomasset, jésuite, Centre Sèvres, « Dignité de la personne humaine », [https://www.doctrine-sociale-catholique.fr/les-principes/52-dignite-de-la-personne-humaine lire en ligne, consulté le 31 janvier 2020]</ref>.
La reconnaissance et le respect de la dignité de la personne humaine sont au centre de la [[doctrine sociale de l'Église]]. Le [[Concile Vatican II]], en particulier ''[[Gaudium et spes]]'', insiste sur le caractère inaliénable de cette dignité, sur l'union spirituelle et corporelle de la personne en relation avec l'[[environnement]], sur sa dimension essentiellement sociale et communautaire<ref>[[Alain Thomasset]], jésuite, Centre Sèvres, « Dignité de la personne humaine », [https://www.doctrine-sociale-catholique.fr/les-principes/52-dignite-de-la-personne-humaine lire en ligne, consulté le 31 janvier 2020]</ref>.


La dignité de la personne humaine fait l'objet de la Première partie / Chapitre I de la constitution pastorale ''[[Gaudium et Spes]]'' « sur l'Église dans le monde de ce temps », l'un des principaux documents de l'Église catholique issus du [[IIe concile œcuménique du Vatican]], promulguée par [[saint]] [[Paul VI]] le {{date|8|décembre|1965}}<ref>''Gaudium et Spes'', La dignité de la personne humaine, [http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_cons_19651207_gaudium-et-spes_fr.html lire en ligne sur le site du Vatican, consulté le 31 janvier 200], {{n°|12}} à 22</ref>.
La dignité de la personne humaine fait l'objet de la Première partie / Chapitre I de la constitution pastorale ''[[Gaudium et Spes]]'' « sur l'Église dans le monde de ce temps », l'un des principaux documents de l'[[Église catholique]] issus du [[IIe concile œcuménique du Vatican]], promulguée par [[saint]] [[Paul VI]] le {{date|8|décembre|1965}}<ref>''Gaudium et Spes'', La dignité de la personne humaine, [http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_cons_19651207_gaudium-et-spes_fr.html lire en ligne sur le site du Vatican, consulté le 31 janvier 200], {{n°|12}} à 22</ref>.


Enfin, elle fait l'objet de la troisième partie la vie dans le Christ / Première section la vocation de l'homme : La vie dans l'esprit / Chapitre Ier (8 articles, {{n°|1700}} à 1876) du [[Catéchisme de l'Église catholique]] (1992)<ref>[[Catéchisme de l'Église catholique]], {{n°|1700}} à 1876, [http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_P59.HTM lire en ligne sur le site du Vatican, consulté le 31 janvier 2020]</ref>.
Enfin, elle fait l'objet de la troisième partie la vie dans le Christ / Première section la vocation de l'homme : La vie dans l'esprit / Chapitre Ier (8 articles, {{n°|1700}} à 1876) du [[Catéchisme de l'Église catholique]] (1992)<ref>[[Catéchisme de l'Église catholique]], {{n°|1700}} à 1876, [http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_P59.HTM lire en ligne sur le site du Vatican, consulté le 31 janvier 2020]</ref>.
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== Aspect légal ==
== Aspect légal ==
=== Droit international ===
=== Droit international ===
Le concept formel de « dignité humaine » occupe une place éminente dans le [[droit international humanitaire]], et notamment dans les textes relatifs à la [[bioéthique]], tels que la {{Lien|langue=en|trad=Universal Declaration on the Human Genome and Human Rights|fr=Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l'homme|texte=Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l'homme}} de l'[[UNESCO]] (1997), la [[Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l'homme|Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l'Homme]] de l'UNESCO (2005) et la [[Convention d'Oviedo|Convention sur les droits de l'Homme et la biomédecine]] du [[Conseil de l'Europe]] (1997). En [[droit international public|droit international]] on peut noter une première apparition de cette notion dans la [[Déclaration universelle des droits de l'homme|Déclaration universelle des droits de l'Homme]] (1948) laquelle reconnaît que tous les membres de la famille humaine possèdent une « dignité inhérente » (Préambule) et dispose que « tous les êtres Humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » (article {{1er}}).
Le concept formel de « dignité humaine » occupe une place éminente dans le [[droit international humanitaire]], et notamment dans les textes relatifs à la [[bioéthique]], tels que la {{Lien|langue=en|trad=Universal Declaration on the Human Genome and Human Rights|fr=Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l'homme|texte=Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l'homme}} de l'[[UNESCO]] (1997), la [[Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l'homme|Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l'Homme]] de l'UNESCO (2005) et la [[Convention d'Oviedo|Convention sur les droits de l'Homme et la biomédecine]] du [[Conseil de l'Europe]] (1997). En [[droit international public|droit international]] on peut noter une première apparition de cette notion dans la [[Déclaration universelle des droits de l'homme|Déclaration universelle des droits de l'Homme]] (1948) laquelle reconnaît que tous les membres de la famille humaine possèdent une « dignité inhérente » (Préambule) et dispose que « tous les êtres Humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » (article {{1er}}). Ainsi, les droits de l'Homme sont conçus comme des [[Droit subjectif|droits subjectifs]] ayant la finalité d'assurer le respect dû à la dignité de la personne humaine<ref>{{Ouvrage|auteur1=Gilles Lebreton|titre=Libertés publiques et droits de l'Homme|lieu=Paris|éditeur=[[Armand Colin|Amand Colin]]|année=2001|pages totales=527|passage=27|isbn=2 247 04314 3|consulté le=17 avril 2024}}</ref>.


D'ailleurs, l'article premier de la [[Charte européenne des droits fondamentaux]] ([[2000]]) (intégrée dans le [[traité de Rome de 2004]]) est consacré à la dignité humaine. Certaines normes de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (1948) s'inspirent aussi directement du principe de respect de la dignité humaine, notamment celles relatives au [[droit à la vie]] (art. 2), à l'[[intégrité (droit)|intégrité]] de la personne (art. 3), à l'interdiction de la [[torture]] et des traitements dégradants ou inhumains (art. 4). Ce concept reste toutefois non défini dans ces divers textes, et peut être invoqué à des fins contraires<ref name=Schulman/>. Certains juristes s'y opposent ainsi résolument, le considérant comme un concept vide de sens, utilisé qui plus est à des fins qui ne leur conviennent guère{{ref label|Pourhiet|A|none}}.
D'ailleurs, l'article premier de la [[Charte européenne des droits fondamentaux]] ([[2000]]) (intégrée dans le [[traité de Rome de 2004]]) est consacré à la dignité humaine. Certaines normes de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (1948) s'inspirent aussi directement du principe de respect de la dignité humaine, notamment celles relatives au [[droit à la vie]] (art. 2), à l'[[intégrité (droit)|intégrité]] de la personne (art. 3), à l'interdiction de la [[torture]] et des traitements dégradants ou inhumains (art. 4). Ce concept reste toutefois non défini dans ces divers textes, et peut être invoqué à des fins contraires<ref name=Schulman/>. Certains juristes s'y opposent ainsi résolument, le considérant comme un concept vide de sens, utilisé qui plus est à des fins qui ne leur conviennent guère{{ref label|Pourhiet|A|none}}.
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{{citation|Considérant que l'attraction de « lancer de nain » consistant à faire lancer un nain par des spectateurs conduit à utiliser comme un projectile une personne affectée d'un handicap physique et présentée comme telle ; que, par son objet même, une telle attraction porte atteinte à la dignité de la personne humaine ; que l'autorité investie du pouvoir de police municipale pouvait, dès lors, l'interdire même en l'absence de circonstances locales particulières et alors même que des mesures de protection avaient été prises pour assurer la sécurité de la personne en cause et que celle-ci se prêtait librement à cette exhibition, contre rémunération<ref name=CE/>}}.
{{citation|Considérant que l'attraction de « lancer de nain » consistant à faire lancer un nain par des spectateurs conduit à utiliser comme un projectile une personne affectée d'un handicap physique et présentée comme telle ; que, par son objet même, une telle attraction porte atteinte à la dignité de la personne humaine ; que l'autorité investie du pouvoir de police municipale pouvait, dès lors, l'interdire même en l'absence de circonstances locales particulières et alors même que des mesures de protection avaient été prises pour assurer la sécurité de la personne en cause et que celle-ci se prêtait librement à cette exhibition, contre rémunération<ref name=CE/>}}.

==== Droit québécois (Canada) ====
En [[Droit au Québec|droit québécois]], l'article 4 de la [[Charte des droits et libertés de la personne]] énonce le droit à la sauvegarde de sa dignité <ref>Charte des droits et libertés de la personne, RLRQ c C-12, art 4, <https://canlii.ca/t/19cq#art4>, consulté le 2021-11-07</ref>, ainsi que le droit à l'honneur et à la réputation. Ce droit n'existe que dans la Charte québécoise et ne figure pas dans la [[Charte canadienne des droits et libertés]]<ref>Annexe B de la Loi de 1982 sur le Canada (R-U), 1982, c. 11</ref>. Dans l'arrêt [[Ward c. Québec (Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse)|''Ward'' c. ''Québec (Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse)'']], la Cour suprême du Canada fait un survol de la jurisprudence concernant l'atteinte à la dignité<ref>2021 CSC 43</ref>.


==== Droit suisse ====
==== Droit suisse ====
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=== Droit à mourir dans la dignité ===
=== Droit à mourir dans la dignité ===
{{Article détaillé|Droit à mourir|Mort digne}}
En France, l'[[association pour le droit de mourir dans la dignité]] (ADMD) est une [[Association loi de 1901|association]] prônant {{Citation|le droit pour chacun d’avoir une [[mort|fin de vie]] conforme à ses conceptions personnelles de dignité et de liberté}}.
En France, l'[[association pour le droit de mourir dans la dignité]] (ADMD) est une [[Association loi de 1901|association]] prônant {{Citation|le droit pour chacun d’avoir une [[mort|fin de vie]] conforme à ses conceptions personnelles de dignité et de liberté}}.
{{Article connexe|association pour le droit de mourir dans la dignité}}
{{Article connexe|association pour le droit de mourir dans la dignité}}
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=== Sculpture ===
=== Sculpture ===
[[Fichier:Durandelle Opera Statues decoratives 12 Dignite.jpg|vignette|80px|La dignité par [[Félix Sanzel]]]]
[[Fichier:Durandelle Opera Statues decoratives 12 Dignite.jpg|vignette|80px|La dignité par [[Félix Sanzel]]]]
* Statue en plâtre « ''La Dignité'' », grand foyer de l'[[opéra Garnier]] à Paris, hauteur {{unité|2,50 mêtres}} par [[Félix Sanzel]].
* Statue en plâtre « ''La Dignité'' », grand foyer de l'[[opéra Garnier]] à Paris, hauteur {{unité|2,50 mêtres}} par [[Félix Sanzel]].
* Esquisse en plâtre « ''La Dignité'' », au [[musée d'Orsay]], par [[Félix Sanzel]]<ref>{{Base Joconde|000SC013433|''La Dignité''}}</ref>.
* Esquisse en plâtre « ''La Dignité'' », au [[musée d'Orsay]], par [[Félix Sanzel]]<ref>{{Base Joconde|000SC013433|''La Dignité''}}</ref>.
* Statue en acier inoxydable de 30 mètres de haut dénommée « ''Dignity'' », située à Chamberlain, [[Dakota du Sud]] aux [[États-Unis]].
* Statue en acier inoxydable de 30 mètres de haut dénommée « ''Dignity'' », située à Chamberlain, [[Dakota du Sud]] aux [[États-Unis]].


=== Littérature ===
=== Littérature ===
* ''[[La Mort de Socrate (Lamartine)|La Mort de Socrate]]'' est un poème d'[[Alphonse de Lamartine]], publié en septembre 1823
* ''[[La Mort de Socrate (Lamartine)|La Mort de Socrate]]'' est un poème d'[[Alphonse de Lamartine]], publié en septembre 1823
* ''[[Indignation (roman)|Indignation]]'' est un [[Roman (littérature)|roman]] [[littérature américaine|américain]] de [[Philip Roth]], paru le {{Date|16|septembre|2008|en littérature}}.
* ''[[Indignation (roman)|Indignation]]'' est un [[Roman (littérature)|roman]] [[littérature américaine|américain]] de [[Philip Roth]], paru le {{Date|16|septembre|2008|en littérature}}.
* ''[[Indignez-vous !]]'' est un [[essai]] de trente-deux pages, écrit par [[Stéphane Hessel]] publié en [[2010 en littérature|2010]].
* ''[[Indignez-vous !]]'' est un [[essai (littérature)|essai]] de trente-deux pages, écrit par [[Stéphane Hessel]] publié en [[2010 en littérature|2010]].


=== Chanson ===
=== Chanson ===
[[Fichier:Bob Dylan - Azkena Rock Festival 2010 1.jpg|vignette|80px|Bob Dylan]]
[[Fichier:Bob Dylan - Azkena Rock Festival 2010 1.jpg|vignette|80px|Bob Dylan]]
* [[Charles Aznavour]] ː « Il faut savoir », dans l'album [[Charles Aznavour (Il faut savoir)|éponyme]], (1961);
* [[Charles Aznavour]] : « Il faut savoir », dans l'album [[Charles Aznavour (Il faut savoir)|éponyme]], (1961);
* [[Jacques Brel]] ː « Vivre debout », dans l'album ''Marieke'', (1961);
* [[Jacques Brel]] : « Vivre debout », dans l'album ''Marieke'', (1961);
* [[Jacques Brel]] ː « Jef », dans l'album ''Olympia'64'', (1964);
* [[Jacques Brel]] : « Jef », dans l'album ''Olympia'64'', (1964);
* [[Ange (groupe)|Ange]] ː « Dignité », dans l'album ''[[Caricatures (album)|Caricatures]]'', (1972);
* [[Ange (groupe)|Ange]] : « Dignité », dans l'album ''[[Caricatures (album)|Caricatures]]'', (1972);
* [[Bob Dylan]] ː « Dignity » (1989);
* [[Bob Dylan]] : « Dignity » (1989);
* [[Francis Cabrel]] ː « La dignité », adaptation en français de la chanson précédente, dans l'album ''[[Vise le ciel]]'', (2012).
* [[Francis Cabrel]] : « La dignité », adaptation en français de la chanson précédente, dans l'album ''[[Vise le ciel]]'', (2012).


=== Cinéma ===
=== Cinéma ===
[[Fichier:Brel vu par Joelle Chen.jpg|vignette|80px|<small>Jacques Brel par Joëlle Chen</small>]]
[[Fichier:Brel vu par Joelle Chen.jpg|vignette|93x93px|<small>Jacques Brel par Joëlle Chen</small>]]
[[Fichier:Ken Loach Cannes.jpg|vignette|80px|<small>Ken Loach</small>]]
* [[1934 au cinéma|1934]] : ''[[La Divine]]'' est un [[film chinois]] réalisé par [[Wu Yonggang]] qui évoque les déboires et les espoirs d'une jeune mère qui, après s'être laissée séduire par les lumières de la grande ville de [[Shanghai]], est contrainte de se prostituer<ref>[https://www.senscritique.com/film/La_Divine/critique/41475145 Site sens critique, page sur la présentation du film "Divine"], consulté le 21 octobre 2018</ref>.
* [[1934 au cinéma|1934]] : ''[[La Divine]]'' est un [[film chinois]] réalisé par [[Wu Yonggang]] qui évoque les déboires et les espoirs d'une jeune mère qui, après s'être laissée séduire par les lumières de la grande ville de [[Shanghai]], est contrainte de se prostituer<ref>[https://www.senscritique.com/film/La_Divine/critique/41475145 Site sens critique, page sur la présentation du film "Divine"], consulté le 21 octobre 2018</ref>.
* [[1965 au cinéma|1965]] : ''[[La Vieille Dame indigne]]'' est un [[Cinéma français|film français]] réalisé par [[René Allio]] qui relate la vie d'une vieille femme se retrouvant seule à la mort de son mari. Isolée et désœuvrée, elle décide de partir à l'aventure avec des personnes bien plus jeunes qu'elle.
* [[1965 au cinéma|1965]] : ''[[La Vieille Dame indigne]]'' est un [[Cinéma français|film français]] réalisé par [[René Allio]] qui relate la vie d'une vieille femme se retrouvant seule à la mort de son mari. Isolée et désœuvrée, elle décide de partir à l'aventure avec des personnes bien plus jeunes qu'elle.
* [[1971 au cinéma|1971]] : ''[[Franz (film)|Franz]]'', film [[Cinéma français|franco]]-[[Cinéma belge|belge]] réalisé par [[Jacques Brel]] qui narre la détresse d'un homme solitaire dépassé par la vie.
* [[1971 au cinéma|1971]] : ''[[Franz (film)|Franz]]'', film [[Cinéma français|franco]]-[[Cinéma belge|belge]] réalisé par [[Jacques Brel]] qui narre la détresse d'un homme solitaire dépassé par la vie.
* [[1987 au cinéma|1987]] : ''[[Cry Freedom]]'' est un [[Cinéma britannique|film britannique]], réalisé par [[Richard Attenborough]], qui évoque la période de l'[[apartheid]] et la vie de ceux et celles qui le subissent en [[Afrique du Sud]].
* [[1987 au cinéma|1987]] : ''[[Cry Freedom]]'' est un [[Cinéma britannique|film britannique]], réalisé par [[Richard Attenborough]], qui évoque la période de l'[[apartheid]] et la vie de ceux et celles qui le subissent en [[Afrique du Sud]].[[Fichier:2014.06.23. Charles Aznavour Fot Mariusz Kubik 02.jpg|vignette|171x171px|Aznavour lors d'un concert en 2014]]
* [[2000 au cinéma|2000]] : ''[[Les Chemins de la dignité]]'', [[cinéma américain|film américain]] réalisé par [[George Tillman Jr]] qui présente l'histoire vraie de [[Carl Brashear]], premier Afro-Américain à avoir intégré la [[United States Navy|Navy]] en tant que plongeur-scaphandrier.
* [[2000 au cinéma|2000]] : ''[[Les Chemins de la dignité]]'', [[cinéma américain|film américain]] réalisé par [[George Tillman Jr]] qui présente l'histoire vraie de [[Carl Brashear]], premier Afro-Américain à avoir intégré la [[United States Navy|Navy]] en tant que plongeur-scaphandrier.
* [[2012 au cinéma|2012]] : ''[[Indignados]]'' est un film [[documentaire]] [[France|français]] réalisé par [[Tony Gatlif]] et tire son titre espagnol du mouvement des « [[Mouvement des Indignés|Indignados]] » en [[Espagne]].
* [[2012 au cinéma|2012]] : ''[[Indignados]]'' est un film [[documentaire]] [[France|français]] réalisé par [[Tony Gatlif]] et tire son titre espagnol du mouvement des « [[Mouvement des Indignés|Indignados]] » en [[Espagne]].
* [[2016 au cinéma|2016]] : ''[[Moi, Daniel Blake]]'', film [[Cinéma français|franco]]-[[Cinéma britannique|britannique]] de [[Ken Loach]] qui évoque l'histoire d'un homme de {{unité|59|ans}} souffrant de graves problèmes cardiaques, et une mère célibataire de deux enfants qui sont malmenés par les services sociaux et qui essaient de s'entraider.
* [[2016 au cinéma|2016]] : ''[[Moi, Daniel Blake]]'', film [[Cinéma français|franco]]-[[Cinéma britannique|britannique]] de [[Ken Loach]] qui évoque l'histoire d'un homme de {{unité|59|ans}} souffrant de graves problèmes cardiaques, et une mère célibataire de deux enfants qui sont malmenés par les services sociaux et qui essaient de s'entraider.
* [[2016 au cinéma|2016]] : ''[[Indignation (film)|Indignation]]'', [[film dramatique]] [[cinéma américain|américain]] écrit et [[Réalisation|réalisé]] par [[James Schamus]], tiré du roman éponyme et se base sur l'histoire d'un homme qui, dans les [[années 1950]], quitte sa ville natale pour aller étudier dans une université conservatrice de l'[[Ohio]], où il fait face à la répression sexuelle et à l'[[antisémitisme]].
* [[2016 au cinéma|2016]] : ''[[Indignation (film)|Indignation]]'', [[film dramatique]] [[cinéma américain|américain]] écrit et [[réalisation (audiovisuel)|réalisé]] par [[James Schamus]], tiré du roman éponyme et se base sur l'histoire d'un homme qui, dans les [[années 1950]], quitte sa ville natale pour aller étudier dans une université conservatrice de l'[[Ohio]], où il fait face à la [[répression sexuelle]] et à l'[[antisémitisme]].[[Fichier:Ken Loach Cannes.jpg|vignette|172x172px|<small>Ken Loach</small>]]


=== Télévision ===
=== Télévision ===
* [[1997 à la télévision|1997]] : ''Un homme digne de confiance'', téléfilm français de [[Philippe Monnier (réalisateur)|Phlippe Monnier]]
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* [[Indisponibilité du corps humain]]
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* [[Mort civile]]
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* [[Principe à valeur constitutionnelle]]
* [[Principe à valeur constitutionnelle]]

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Selon le philosophe allemand Emmanuel Kant, la dignité est le fait que la personne ne doit jamais être traitée seulement comme un moyen, mais toujours aussi comme une fin en soi[1]. Elle dépend donc directement de la notion de personne, qui présente des dimensions multiples sur les plans juridique, philosophique, religieux, où elle recoupe sans s’y limiter la problématique de la nature humaine. Dans les cas où elle s’entrelace à cette dernière, il s’agit plus spécifiquement de dignité humaine, bien que par ellipse le seul terme de dignité soit couramment employé pour désigner ce concept plus restreint.

En 1764, le philosophe affirme, dans ses Observations sur le sentiment du beau et du sublime, que l’on peut reconnaître dans « le sentiment de la dignité de la nature humaine » un sentiment et un principe de respect universels[2].

Une autre définition est utilisée en particulier dans le champ de la bioéthique, elle fait référence à une qualité[Laquelle ?] qui serait liée à l’essence même de tout être humain, ce qui expliquerait qu’elle soit la même pour tous et qu’elle n’admette pas de degré. Selon le philosophe Paul Ricœur, cette notion renvoie à l’idée que « quelque chose est dû à l'être humain du fait qu'il est humain »[3].

Prise en ce sens, cela signifie que toute personne mérite un respect inconditionnel, quels que soient l'âge, le sexe, la santé physique ou mentale, l'identité de genre ou l'orientation sexuelle, la religion, la condition sociale ou l'origine ethnique de l'individu en question.

L'équivocité de la notion de dignité conduit toutefois à d'importants débats philosophiques et juridiques[4] concernant sa valeur opératoire en tant que concept heuristique ou juridique.

Le contenu de la dignité contemporaine est tiré de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, résumée dans le principe selon lequel chaque être humain a le droit à la dignité humaine. Dans l'article 1, il est stipulé que "Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité."[5]

Définition actuelle[modifier | modifier le code]

Le mot dignité est défini dans le dictionnaire Le Petit Larousse selon quatre sens différents :

  1. Une marque de respect adressée à une personne, envers un lieu ou un objet ;
  2. Le sentiment qu'une personne peut avoir de sa propre valeur ;
  3. Le fait d'avoir une fonction élevée ou de recevoir une distinction honorifique ;
  4. Un terme d'astrologie qui indique « l'avantage dont disposent occasionnellement les astres dans le zodiaque »[6].

Le site du CNRTL définit principalement la dignité comme un « sentiment de la valeur intrinsèque d'une personne ou d'une chose, et qui commande le respect d'autrui. »[7]

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le mot Dignité est un nom féminin provenant du latin dignitas, lui-même issu du mot « dignus » avec l'ajout du suffixe « -itas ». (voir l'article dignité, sur le site du wiktionnaire.)

Origines du concept[modifier | modifier le code]

Allégorie de la dignité (Cesare Ripa)

Concept romain de dignitas[modifier | modifier le code]

Cicéron, Jules César, Tacite et Tite-Live figurent parmi les auteurs latins qui ont beaucoup utilisé le terme de dignitas, dans leurs écrits et leurs oratoires. Cicéron a été l’utilisateur le plus prolifique de la société et l’a initialement associé au terme auctoritas (l'autorité)[8].

Évolution du concept[modifier | modifier le code]

On peut distinguer, schématiquement, deux conceptions dominantes de la dignité humaine :

  • la première qui en fait l'égal attribut de toute vie humaine ;
  • la seconde qui insiste davantage sur l'autonomie de la volonté en tant que seul élément véritablement digne.

Ces deux conceptions sont souvent antagonistes. Ainsi, l'usage du concept de « dignité » pour restreindre les libertés est, comme en droit, contestée par certains philosophes (voir Ruwen Ogien et sa théorie de l'éthique minimale, dans Penser la pornographie, 2003).

Dans un rapport de 1998, publié par le President's Council on Bioethics (en), institution nommée par Bill Clinton[9], Adam Schulman, qui souligne l'ambiguïté et l'équivocité de la notion, invoquée dans des arguments opposés lors des débats sur la bioéthique[10], notait qu'il y avait au moins quatre sources historiques de la notion de dignité :

  1. l'Antiquité classique (d'une part la dignitas, entendue comme honneur, et d'autre part la conception stoïcienne) ;
  2. la source biblique de l'« homme créé à l'image de Dieu » (Il est le seul à posséder une âme raisonnable[11], ce qui suffit à lui conférer une dignité) ;
  3. la source kantienne (une caractéristique de l’humanité de voir en chaque humain un être doté d’une dignité) ;
  4. et enfin les constitutions et déclarations internationales des droits de l'Homme du XXe siècle, proclamées en réaction aux horreurs du nazisme (37 Constitutions nationales édictées depuis 1945 font ainsi explicitement référence à la dignité humaine[10]).

Approche philosophique[modifier | modifier le code]

Thomas Hobbes
Charles Montesquieu
Sophocle
Emmanuel Kant

Sens classique du terme[modifier | modifier le code]

La dignité au sens classique (dignitas) n'avait rien à voir avec la notion contemporaine[12] : elle était liée à l'exercice d'une charge ou d'un office public, un sens que l'on retrouve dans « dignitaire ». Ce sens classique, aristocratique et inégalitaire, s'oppose aux valeurs démocratiques qui font aujourd'hui consensus[10]. Ainsi, pour Hobbes, la dignité n'est pas une valeur intrinsèque de l'homme, mais seulement la « valeur publique » qui lui est conférée par la République (ou Commonwealth)[13]. De même, pour Montesquieu, la dignité dénote la distinction, propre à l'aristocratie, et s'oppose en ce sens à l'égalité. Le dictionnaire Littré donne ainsi comme premier sens au mot « dignité » celui de « fonction éminente dans l'État ou l'Église », citant l'exemple de la dignité épiscopale ; il admet toutefois, comme quatrième sens, celui de « respect qu'on se doit à soi-même »[14], peut-être plus proche du sens contemporain.

À l'inverse de la conception classique, les stoïciens accordaient à toute vie humaine, selon A. Schulman[10], le caractère de dignité : chacun, esclave ou maître, était libre de s'engager dans la recherche de la sagesse. Mais si la dignité stoïcienne, entendue en ce sens, était universelle, elle n'était pas pour autant d'accès facile, puisque seul le sage stoïcien était véritablement digne[10]. Or, l'idéal stoïcien du sage est excessivement difficile à atteindre. En outre, la sagesse stoïcienne implique une indifférence vis-à-vis du corps et de ses douleurs, qui la rend de peu d'aide dans les débats contemporains relatifs à la bioéthique[10].

Selon le grand dramaturge grec Sophocle qui écrit dans Ajax furieux, « Ce n'est ni la stature, ni la force qui fait le pouvoir et la dignité de l'homme, c'est la sagesse. Le bœuf, quelque énorme qu'il soit, obéit au fouet léger qui lui fait tracer son sillon. »[15].

Philosophie kantienne[modifier | modifier le code]

La dignité, telle que conceptualisée par Kant dans la Critique de la raison pratique, est accordée à tout Homme « en tant qu'être raisonnable ». On cite souvent à cet égard la maxime kantienne de traiter toujours autrui comme fin et non simplement comme moyen[16] qui, selon Schulman, influence par exemple la notion de « consentement éclairé ». Toutefois, la dignité kantienne se rapproche du stoïcisme en ce qu'elle est exclusivement la capacité d'agir moralement en dehors de déterminations empiriques, et sensibles, de la volonté. C'est pour Kant le devoir moral (l'impératif catégorique) d'agir librement, y compris et surtout contre les inclinations du désir et de la chair. La dignité kantienne se distingue donc fortement du respect de la vie en tant que vie sensible et souffrante : elle est au contraire respect de la liberté humaine, c'est-à-dire de l'Homme en tant qu'être suprasensible.

En outre, l'insistance kantienne sur l'autonomie de la volonté conduit, en bioéthique, à des problèmes sérieux : « quel usage faire de la dignité kantienne dans des cas de comas[10] ? ». Enfin, l'héritage de la distinction entre morale déontologique et conséquentialiste, attribuée à Kant (Elizabeth Anscombe est toutefois la première à avoir formulé cette opposition), empêche selon Schulman d'expliciter les débats bioéthiques, qui feraient plus appel à la notion éthique de prudence[10].

Équivocité de la notion de « dignité »[modifier | modifier le code]

Beaucoup d'auteurs – dont A. Schulman[10], ou la juriste Anne-Marie Le Pourhiet, qui parle de « notion fourre-tout »[17] – soulignent l'équivocité de la notion de « dignité » et son contenu formel, qui permet de lui donner autant de définitions concrètes que l'on veut. John Rawls considérait ainsi qu'on ne pouvait fonder une théorie de la justice sur la notion abstraite de dignité, qui requiert d'être définie par des principes déterminés[18].

Selon Schulman, la dignité peut être invoquée à la fois comme argument permettant à un malade atteint d'Alzheimer d'arrêter de prendre ses médicaments afin de « mourir dignement » ou, au contraire, invoquer cette même dignité pour lui refuser cette liberté de choix et lui enjoindre de se soigner, la vie possédant, en tant que telle, un caractère digne[10]. La notion de dignité en tant que caractère essentiel de la vie – « l'égale dignité de toute vie humaine », telle que formulée par exemple dans la Déclaration des droits de l'Homme de 1948 – en tant que telle s'opposerait ainsi à la notion de « dignité » conçue comme « autonomie de l'être humain individuel »[10]. Le philosophe Simon Blackburn note la même équivocité, en rapportant ainsi qu'Anscombe, philosophe catholique, considérait que la « dignité et la valeur de l'humanité » impliquait la condamnation de l'avortement, de l'euthanasie et des méthodes de procréation médicalement assistée (fécondation in vitro, etc.), tout en légitimant par ailleurs la peine de mort[19].

De même, la dignité conçue dans son acception biblique peut tout autant, selon lui, justifier bien des recherches (par exemple sur les embryons) en ce que l'Homme, fait à l'image de Dieu, détiendrait un privilège à l'égard de la nature et devrait l'organiser[10] ; mais cette même dignité judéo-chrétienne peut au contraire être invoquée comme argument contre la recherche sur les embryons, au nom de la « dignité de toute vie », y compris de celle de l'embryon[10]. Certains, comme la philosophe Ruth Macklin (en), qui conseille de substituer, dans le champ de la bioéthique, la notion de « respect pour l'autonomie » à celle de dignité[20], soupçonnent que ce sont en majorité des sources religieuses, en particulier les écrits de l'Église catholique romaine au sujet de la dignité humaine, qui expliquent que la dignité soit si souvent invoquée « comme si cela signifiait quelque chose au-delà et supérieur au respect pour les personnes ou leur autonomie »[10]. De même, le philosophe allemand Dieter Birnbacher (de) considère que l'argument de la dignité, tel qu'utilisé dans le débat sur le clonage, ne sert qu'à masquer une tradition religieuse considérant « l'ordre naturel comme sanctionné divinement »[10].

Concernant sa valeur opératoire, la notion de dignité humaine prête également à réflexion. Le sociologue Jean-Pierre Tabin, à travers une analyse des principes de l’aide sociale en Suisse et des minimums vitaux qui leur sont associés, questionne sa portée. Bien qu’un revenu permettant de recevoir les moyens indispensables pour mener une existence conforme à la dignité humaine soit garanti de manière générale par la Constitution fédérale de 1999 (art. 12 : Quiconque est dans une situation de détresse et n'est pas en mesure de subvenir à son entretien a le droit d'être aidé et assisté et de recevoir les moyens indispensables pour mener une existence conforme à la dignité humaine), en pratique ces revenus sont très différents en fonction notamment de la nationalité et du statut des résidents, ce qui fait que la dignité est à géométrie variable, un principe incompatible avec la notion kantienne de dignité[21],[22].

La dignité a également tendance à évoquer les traits d'une sérénité autonome, d'une certaine puissance intérieure et atténuée, mais encore translucide et perceptible dans l'affirmation de soi : le type de caractère digne se montre avare d'une activité emphatique plutôt que passivement renfrogné, peut-être impassible plutôt que impassible, patient plutôt qu'anxieusement défensif, et dépourvu mais non incapable d'agressivité[23]

Dignité de la personne humaine[modifier | modifier le code]

La reconnaissance et le respect de la dignité de la personne humaine sont au centre de la doctrine sociale de l'Église. Le Concile Vatican II, en particulier Gaudium et spes, insiste sur le caractère inaliénable de cette dignité, sur l'union spirituelle et corporelle de la personne en relation avec l'environnement, sur sa dimension essentiellement sociale et communautaire[24].

La dignité de la personne humaine fait l'objet de la Première partie / Chapitre I de la constitution pastorale Gaudium et Spes « sur l'Église dans le monde de ce temps », l'un des principaux documents de l'Église catholique issus du IIe concile œcuménique du Vatican, promulguée par saint Paul VI le [25].

Enfin, elle fait l'objet de la troisième partie la vie dans le Christ / Première section la vocation de l'homme : La vie dans l'esprit / Chapitre Ier (8 articles, no 1700 à 1876) du Catéchisme de l'Église catholique (1992)[26].

Aspect légal[modifier | modifier le code]

Droit international[modifier | modifier le code]

Le concept formel de « dignité humaine » occupe une place éminente dans le droit international humanitaire, et notamment dans les textes relatifs à la bioéthique, tels que la Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l'homme (en) de l'UNESCO (1997), la Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l'Homme de l'UNESCO (2005) et la Convention sur les droits de l'Homme et la biomédecine du Conseil de l'Europe (1997). En droit international on peut noter une première apparition de cette notion dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme (1948) laquelle reconnaît que tous les membres de la famille humaine possèdent une « dignité inhérente » (Préambule) et dispose que « tous les êtres Humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » (article 1er). Ainsi, les droits de l'Homme sont conçus comme des droits subjectifs ayant la finalité d'assurer le respect dû à la dignité de la personne humaine[27].

D'ailleurs, l'article premier de la Charte européenne des droits fondamentaux (2000) (intégrée dans le traité de Rome de 2004) est consacré à la dignité humaine. Certaines normes de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (1948) s'inspirent aussi directement du principe de respect de la dignité humaine, notamment celles relatives au droit à la vie (art. 2), à l'intégrité de la personne (art. 3), à l'interdiction de la torture et des traitements dégradants ou inhumains (art. 4). Ce concept reste toutefois non défini dans ces divers textes, et peut être invoqué à des fins contraires[10]. Certains juristes s'y opposent ainsi résolument, le considérant comme un concept vide de sens, utilisé qui plus est à des fins qui ne leur conviennent guère[A].

Droit comparé[modifier | modifier le code]

Droit allemand[modifier | modifier le code]

En Allemagne, la dignité humaine est inscrite dans l'article 1 de la Constitution[28].

Droit belge[modifier | modifier le code]

La Constitution garantit en son article 23 le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine.

La dignité humaine est considérée comme la finalité du droit à l'aide sociale[29].

Droit français[modifier | modifier le code]

Le Conseil Constitutionnel a élevé la dignité au rang de « principe à valeur constitutionnelle », dans sa décision de 1994 au sujet de la loi dite de bioéthique[30]. Dans ce cadre, la dignité est considérée comme partie intégrante des droits de la personnalité, qui sont inaliénables.

L'année suivante, l'arrêt du Conseil d'État du 27 octobre 1995, dans l'affaire de « lancer de nains » de Morsang-sur-Orge, est célèbre pour avoir inclus la notion de « dignité humaine » en tant que composante de l'ordre public[31]. Le Conseil d'État a en effet jugé que le maire, en vertu de ses pouvoirs de police administrative, avait le droit d'interdire un spectacle de « lancer de nains » au motif de trouble à l'ordre public — et ce, même si le nain en question était volontaire et consentait à cette activité d'ordre commercial, vu que la dignité est censée être inaliénable. En effet, les juges ont considéré qu'un tel spectacle attentait à la dignité de la personne, et que celle-ci faisait partie intégrante de l'ordre public :

« Considérant que l'attraction de « lancer de nain » consistant à faire lancer un nain par des spectateurs conduit à utiliser comme un projectile une personne affectée d'un handicap physique et présentée comme telle ; que, par son objet même, une telle attraction porte atteinte à la dignité de la personne humaine ; que l'autorité investie du pouvoir de police municipale pouvait, dès lors, l'interdire même en l'absence de circonstances locales particulières et alors même que des mesures de protection avaient été prises pour assurer la sécurité de la personne en cause et que celle-ci se prêtait librement à cette exhibition, contre rémunération[31] ».

Droit québécois (Canada)[modifier | modifier le code]

En droit québécois, l'article 4 de la Charte des droits et libertés de la personne énonce le droit à la sauvegarde de sa dignité [32], ainsi que le droit à l'honneur et à la réputation. Ce droit n'existe que dans la Charte québécoise et ne figure pas dans la Charte canadienne des droits et libertés[33]. Dans l'arrêt Ward c. Québec (Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse), la Cour suprême du Canada fait un survol de la jurisprudence concernant l'atteinte à la dignité[34].

Droit suisse[modifier | modifier le code]

En Suisse, la Constitution fédérale prévoit que « La dignité humaine doit être respectée et protégée » (article 7)[35].

Droit à mourir dans la dignité[modifier | modifier le code]

En France, l'association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) est une association prônant « le droit pour chacun d’avoir une fin de vie conforme à ses conceptions personnelles de dignité et de liberté ».

Celle-ci est agréée par le ministère des Solidarités et de la Santé afin de pouvoir siéger dans les instances hospitalières ou de santé publique depuis août 2006[36] et ses membres militent, en France, pour faire évoluer la législation en organisant des campagnes de sensibilisation des personnalités politiques lors des grands scrutins nationaux, notamment les élections présidentielles[37].

Dans les arts et la culture[modifier | modifier le code]

Sculpture[modifier | modifier le code]

La dignité par Félix Sanzel

Littérature[modifier | modifier le code]

Chanson[modifier | modifier le code]

Bob Dylan

Cinéma[modifier | modifier le code]

Jacques Brel par Joëlle Chen

Télévision[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Emmanuel Kant, Fondation de la métaphysique des mœurs, p. I, Fondation, Introduction, trad. Alain Renaut, p. 108.
  2. Thierry Pech, « La dignité humaine. Du droit à l’éthique de la relation », Éthique publique. Revue internationale d’éthique sociétale et gouvernementale, no vol. 3, n° 2,‎ (ISSN 1488-0946, DOI 10.4000/ethiquepublique.2526, lire en ligne, consulté le )
  3. Paul Ricœur, in J.-F. de Raymond, Les Enjeux des droits de l’homme, Paris, Larousse, 1988, p. 236-237
  4. « Que faire de la dignité ? », sur www.philonomie.com (Illustration), (consulté le )
  5. (ar) Bidouh Soumaya, « Euthanasie : l'individu et la dignité », périodique,‎ , Pages 76-83
  6. Site Larousse, page sur la définition du mot "dignité", consulté le 20 octobre 2018
  7. Site CNRTL, page sur la définition du mot "dignité", consulté le 20 octobre 2018
  8. Balsdon, Jpvd "Auctoritas, Dignitas, Otium." The Classical Quarterly ns 10 (1960): 43-50
  9. (en)[PDF] Human Dignity and Bioethics, rapport du Conseil du président des États-Unis sur la bioéthique (en), mars 1998
  10. a b c d e f g h i j k l m n o et p (en)[PDF] Adam Schulman, « Bioethics and the Question of Human Dignity », in Human Dignity and Bioethics, rapport du Conseil du président des États-Unis sur la bioéthique (en), mars 1998, p. 3-18
  11. (la) Saint Augustin, De Trinitate, Paris, Bibliothèque Augustinienne, p. XIV, 4,6, BA 16, p. 356 :

    « C’est donc dans l’âme de l’homme, âme raisonnable et intelligente qu’il faut trouver l’image du Créateur »

  12. Horst Bredekamp, Stratégies visuelles de Thomas Hobbes : Le Léviathan, archétype de l'État moderne ; illustrations des œuvres et portraits, Les Éditions de la MSH, 2003, p. 100.
  13. Hobbes, Léviathan, chapitre X, cité par A. Schulman, op. cit..
  14. Définition de la dignité dans le Littré
  15. Livre Google "Ajax furieux dans Théâtre des grecs", consulté le 20 octobre 2018
  16. La maxime kantienne est ainsi formulée: « Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen. » (in Fondements de la métaphysique des mœurs in Métaphysique des mœurs, I, Fondation, Introduction, trad. Alain Renaut, p.  108)
  17. Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public à l'université Rennes-1, « Touche pas à mon Préambule ! », Le Figaro, 24 mai 2008 : « La dignité constitue aujourd'hui la menace la plus directe contre la philosophie des Lumières et l'idée républicaine, l'arme fatale contre nos libertés. Ériger cette notion philosophique et morale, éminemment subjective et relative, en norme juridique est une folie. On voit déjà depuis plusieurs années que c'est au nom de la dignité des individus et des groupes que des militants narcissiques et hystériques ont obtenu la multiplication des incriminations pénales de harcèlement moral et sexuel, de discriminations et propos sexistes, homophobes, handiphobes, etc., aboutissant à un arsenal répressif menaçant notamment les libertés d'expression et de la presse. C'est encore au nom de la dignité humaine qu'est revendiquée une euthanasie « très active », et ce n'est pas non plus un hasard si les décisions juridictionnelles récentes les plus intellectuellement indigentes et tirées par les cheveux ont été rendues sur le fondement de cette notion fourre-tout et galvaudée. »
  18. (en)[PDF] John Rawls, A Theory of Justice, Cambridge, 1971, p. 586, cité par Martha Nussbaum in Human Dignity and Political Entitlements, p. 351-381 du rapport Human Dignity and Bioethics, du Conseil du président des États-Unis sur la bioéthique (en), mars 1998.
  19. Simon Blackburn, Review from Times Literary Supplement, 30 septembre 2005.
  20. Ruth Macklin (en), Dignity is a useless concept, British Medical Journal, 2003; 327: 1419-1420. Cité par A. Schulman, op. cit..
  21. JP Tabin, « Les échelles du minimum vital » Caritas.mag 2014;10:12-13.
  22. Jean-Pierre Tabin, « L’article 12 de la Constitution fédérale : une “dignité” à géométrie variable » in W. Schmid & U. Tecklenburg (dir.), Vivre dignement ? L’aide sociale suisse en question. Une publication pour le 100e anniversaire de la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS), Luzern, Caritas-Verlag, 2005, p. 133-142
  23. (en) Aurel Kolnai, « Dignity », Philosophy, vol. 51, no 197,‎ , p. 251–271 (ISSN 1469-817X et 0031-8191, DOI 10.1017/S003181910001932X, lire en ligne, consulté le )
  24. Alain Thomasset, jésuite, Centre Sèvres, « Dignité de la personne humaine », lire en ligne, consulté le 31 janvier 2020
  25. Gaudium et Spes, La dignité de la personne humaine, lire en ligne sur le site du Vatican, consulté le 31 janvier 200, no 12 à 22
  26. Catéchisme de l'Église catholique, no 1700 à 1876, lire en ligne sur le site du Vatican, consulté le 31 janvier 2020
  27. Gilles Lebreton, Libertés publiques et droits de l'Homme, Paris, Amand Colin, , 527 p. (ISBN 2 247 04314 3), p. 27
  28. (fr)[PDF]« Régime législatif, exécutif et judiciaire en Allemagne », sur www.eurojuris.net (consulté le )
  29. Article 1er de la loi du 8 juillet 1976 organique des CPAS, M.B., 5 août 1976
  30. Conseil Constitutionnel, Décision no 94-343/344 DC du 27 juillet 1994 Loi relative au respect du corps humain et loi relative au don et à l'utilisation des éléments et produits du corps humain, à l'assistance médicale à la procréation et au diagnostic prénatal,
  31. a et b Voir l'arrêt sur le site du Conseil d'État
  32. Charte des droits et libertés de la personne, RLRQ c C-12, art 4, <https://canlii.ca/t/19cq#art4>, consulté le 2021-11-07
  33. Annexe B de la Loi de 1982 sur le Canada (R-U), 1982, c. 11
  34. 2021 CSC 43
  35. Constitution fédérale de la Confédération suisse du 18 avril 1999 (état le 1er janvier 2020).
  36. http://www.admd.net/wp-content/uploads/2010/09/Agr%C3%A9ment-2011.pdf
  37. Margaux Boddaert, « Droit de mourir dans la dignité : que proposent les candidats ? », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  38. « La Dignité », notice no 000SC013433, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture
  39. Site sens critique, page sur la présentation du film "Divine", consulté le 21 octobre 2018

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]