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'''Nawal El Saadawi''' (en arabe نوال السعداوي) née le {{date de naissance|27|octobre|1931}} près du [[Le Caire|Caire]] et morte le {{date de décès|21|mars| 2021}} au Caire<ref>{{Article |langue=fr |titre=L’écrivaine égyptienne féministe Nawal El Saadawi est morte |périodique=Le Monde.fr |date=2021-03-21 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/03/21/l-ecrivaine-egyptienne-feministe-nawal-el-saadawi-est-morte_6073950_3246.html |consulté le=2021-03-22 }}</ref>, est une [[écrivaine]] et [[psychiatre]], figure égyptienne de l’[[émancipation des femmes]] dans le [[monde arabe]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Nawal El Saadawi: ‘Do you feel you are liberated? I feel I am not’ |url=https://www.theguardian.com/books/2015/oct/11/nawal-el-saadawi-interview-do-you-feel-you-are-liberated-not |site=the Guardian |date=2015-10-11 |consulté le=2020-10-03}}</ref>.
'''Nawal El Saadawi''' (en arabe نوال السعداوي) née le {{date de naissance|27|octobre|1931}} près du [[Le Caire|Caire]] et morte le {{date de décès|21|mars| 2021}} au Caire<ref>{{Article |langue=fr |titre=L’écrivaine égyptienne féministe Nawal El Saadawi est morte |périodique=Le Monde.fr |date=2021-03-21 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/03/21/l-ecrivaine-egyptienne-feministe-nawal-el-saadawi-est-morte_6073950_3246.html |consulté le=2021-03-22 }}</ref>, est une [[écrivain]]e et [[psychiatre]], figure égyptienne de l’[[Droits des femmes|émancipation des femmes]] dans le [[monde arabe]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Nawal El Saadawi: ‘Do you feel you are liberated? I feel I am not’ |url=https://www.theguardian.com/books/2015/oct/11/nawal-el-saadawi-interview-do-you-feel-you-are-liberated-not |site=the Guardian |date=2015-10-11 |consulté le=2020-10-03}}</ref>.


Elle est emprisonnée en [[1981]] pour s'être opposée à la loi du parti unique sous le président [[Anouar el-Sadate]]. Son livre ''Mémoires de la prison des femmes'' relate cet épisode. Libérée sous le président [[Hosni Moubarak]] elle fonde en [[1982]] l’''Association arabe pour la solidarité des femmes'' qui est interdite en [[1991]]. Ses œuvres sur la condition de la femme, sur l'intégrisme religieux et sur les brutalités policières lui valent d'être poursuivie et contrainte à plusieurs reprises à l'exil. Mais elle revient ensuite en [[Égypte]]<ref>{{Lien web |titre=Nawal El Saadawi: 100 Women of the Year |url=https://time.com/5793662/nawal-el-saadawi-100-women-of-the-year/ |site=Time |consulté le=2020-10-03}}</ref>.
Elle est emprisonnée en [[1981]] pour s'être opposée à la loi du parti unique sous le président [[Anouar el-Sadate]]. Son livre ''Mémoires de la prison des femmes'' relate cet épisode. Libérée sous le président [[Hosni Moubarak]] elle fonde en [[1982]] l’''Association arabe pour la solidarité des femmes'' qui est interdite en [[1991]]. Ses œuvres sur la condition de la femme, sur l'intégrisme religieux et sur les brutalités policières lui valent d'être poursuivie et contrainte à plusieurs reprises à l'exil. Elle revient par la suite en [[Égypte]]<ref>{{Lien web |titre=Nawal El Saadawi: 100 Women of the Year |url=https://time.com/5793662/nawal-el-saadawi-100-women-of-the-year/ |site=Time |consulté le=2020-10-03}}</ref>.


== Biographie ==
== Biographie ==
Nawal El Saadawi naît à [[Kafr Tahla]], au nord du Caire, dans le delta de la basse Égypte<ref name=":0">{{Article | langue=fr |auteur1=Myriam Benraad | titre=Nawal El Saadawi, icône du féminisme en Egypte | url texte=https://www.lemonde.fr/festival/article/2017/08/17/nawal-el-saadawi-icone-du-feminisme-en-egypte_5173162_4415198.html#YBElc4kshv0e9Ls0.99 | périodique =[[le Monde]] | jour=17 | mois=août | année =2017 }}</ref>. Son père est fonctionnaire au ministère de l’Éducation ; sa mère est issue d’une famille bourgeoise. Cette mère, musulmane traditionaliste, insiste pour que sa fille soit excisée à l’âge de six ans<ref name=Khaleeli>{{article | langue=en |titre = Nawal El Saadawi: Egypt's radical feminist |url texte = https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2010/apr/15/nawal-el-saadawi-egyptian-feminist | périodique=[[The Guardian]]| jour=15 |mois= avril | année=2010 | auteur1= Homa Khaleeli}}</ref>. Cependant, contrairement aux habitudes, ils envoient à l’école leurs neuf enfants, et non seulement les garçons. Nawal El Saadawi était une bonne élève, et en 1949, entre en faculté de médecine<ref name=Khaleeli />. Diplômée de l’[[université du Caire]] en 1955, elle étudie ensuite à l'[[université Columbia]] ([[New York]])<ref name="dico2013">{{chapitre | langue=fr | auteur1=Jacqueline Picot | titre chapitre=Saadawi, Nawal el [Kafr Tahla Basse-Égypte 1931] | titre ouvrage=[[Le Dictionnaire universel des créatrices]] | auteurs ouvrage=[[Béatrice Didier]], [[Antoinette Fouque]] et [[Mireille Calle-Gruber]] (dir.) | éditeur=[[Éditions des femmes]] | année=2013 | passage=3790}}</ref>.
Nawal El Saadawi naît à [[Kafr Tahla]], au nord du Caire, dans le delta de la basse Égypte<ref name=":0">{{Article | langue=fr |auteur1=Myriam Benraad | titre=Nawal El Saadawi, icône du féminisme en Egypte | url texte=https://www.lemonde.fr/festival/article/2017/08/17/nawal-el-saadawi-icone-du-feminisme-en-egypte_5173162_4415198.html#YBElc4kshv0e9Ls0.99 | périodique =[[le Monde]] | jour=17 | mois=août | année =2017 }}</ref>. Son père est fonctionnaire au ministère de l’Éducation ; sa mère est issue d’une famille bourgeoise. Cette mère, musulmane traditionaliste, insiste pour que sa fille soit excisée à l’âge de six ans<ref name=Khaleeli>{{article | langue=en |titre = Nawal El Saadawi: Egypt's radical feminist |url texte = https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2010/apr/15/nawal-el-saadawi-egyptian-feminist | périodique=[[The Guardian]]| jour=15 |mois= avril | année=2010 | auteur1= Homa Khaleeli}}</ref>. Cependant, contrairement aux habitudes, ils envoient à l’école leurs neuf enfants, et non seulement les garçons. Nawal El Saadawi était une bonne élève, et en 1949, entre en faculté de médecine<ref name=Khaleeli />. Diplômée de l’[[université du Caire]] en 1955, elle étudie ensuite à l'[[université Columbia]] ([[New York]])<ref name="dico2013">{{chapitre | langue=fr | auteur1=Jacqueline Picot | titre chapitre=Saadawi, Nawal el [Kafr Tahla Basse-Égypte 1931] | titre ouvrage=[[Le Dictionnaire universel des créatrices]] | auteurs ouvrage=[[Béatrice Didier]], [[Antoinette Fouque]] et [[Mireille Calle-Gruber]] (dir.) | éditeur=[[Éditions des femmes]] | année=2013 | passage=3790}}</ref>.


Elle fait un premier mariage avec Ahmed Helmi, étudiant en médecine et militant pour la liberté, dont elle divorce. Son second mari est un riche traditionaliste, avec lequel Nawal El Saadawi rompt lorsqu’il s’oppose au fait qu’elle écrive, une activité qu’elle exerce depuis l’enfance. En 1964, elle épouse {{Lien|Sherif Hetata}}, médecin et romancier qui traduit en anglais plusieurs de ses livres.
Elle fait un premier mariage avec Ahmed Helmi, étudiant en médecine et militant pour la liberté, dont elle divorce. Son second mari est un riche traditionaliste, avec lequel Nawal El Saadawi rompt lorsqu’il s’oppose au fait qu’elle écrive, une activité qu’elle exerce depuis l’enfance. En 1964, elle épouse {{Lien|Sherif Hatata}}, médecin et romancier qui traduit en anglais plusieurs de ses livres<ref name=":1">{{Article|langue=en-GB|prénom1=Raekha|nom1=Prasad|titre=Lone star of the Nile|périodique=The Guardian|date=2000-06-17|issn=0261-3077|lire en ligne=https://www.theguardian.com/books/2000/jun/17/society.politics|consulté le=2024-02-01}}</ref>.


Une fois diplômée, elle travaille comme médecin à l’université, ainsi qu'au Centre de santé rurale à [[Tahala (Égypte)|Tahala]] pendant deux années. De 1958 à 1972, elle est directrice générale de l’éducation à la santé publique, au ministère de la Santé. Elle est en même temps éditrice responsable du magazine ''Health'' et secrétaire général auxiliaire de l’''Association égyptienne de médecine''.
Une fois diplômée, elle travaille comme médecin à l’université, ainsi qu'au Centre de santé rurale à [[Tahala (Égypte)|Tahala]] pendant deux années. De 1958 à 1972, elle est directrice générale de l’éducation à la santé publique, au ministère de la Santé. Elle est en même temps éditrice responsable du magazine ''Health'' et secrétaire général auxiliaire de l’''Association égyptienne de médecine''.


En 1969, elle publie ''Al-imra'a wa-l-jins'' (traduit en français en 2017 par A.Drissi Messouak par ''La femme et le sexe'')<ref>{{Lien web |langue=en-US |titre=Nawal El Saadawi: An Egyptian Feminist |url=https://sites.duke.edu/dukemuse/nawal-el-saadawi-an-egyptian-feminist/ |site=The Muse |consulté le=2020-10-03}}</ref>.
En 1969, elle publie ''Al-imra'a wa-l-jins'' (traduit en français en 2017 par A.Drissi Messouak par ''La femme et le sexe'')<ref>{{Lien web |langue=en-US |titre=Nawal El Saadawi: An Egyptian Feminist |url=https://sites.duke.edu/dukemuse/nawal-el-saadawi-an-egyptian-feminist/ |site=The Muse |consulté le=2020-10-03}}</ref>.


En 1972, elle est révoquée de son poste au ministère pour avoir publié ''La femme et le sexe'', qui traite de sexualité, de religion et du traumatisme de l’[[excision]] – autant de sujets tabous dans le pays<ref name=":0" />. ''Health'' est interdit et les livres de Nawal El Saadawi sont censurés. « Tout, dans ce pays, est dans les mains de l’État et sous son contrôle direct ou indirect », écrit-elle plus tard dans ses ''Mémoires d’une prison de femmes'', « grâce à des lois reconnues ou tacites, par la tradition ou par une peur de l’autorité depuis longtemps établie et profondément enracinée. »
En 1972, elle est révoquée de son poste au ministère pour avoir publié ''La femme et le sexe'', qui traite de sexualité, de religion et du traumatisme de l’[[excision]] – autant de sujets tabous dans le pays<ref name=":0" />. ''Health'' est interdit et les livres de Nawal El Saadawi sont censurés. « Tout, dans ce pays, est dans les mains de l’État et sous son contrôle direct ou indirect », écrit-elle plus tard dans ses ''Mémoires d’une prison de femmes'', « grâce à des lois reconnues ou tacites, par la tradition ou par une peur de l’autorité depuis longtemps établie et profondément enracinée. »<ref name=":1" />


De 1973 à 1978, elle exerce son métier d’écrivaine à l’Institut supérieur de littérature et de science. Elle publie des [[essai]]s, tels que ''Al mar’a wal sira’ al-nafsi'' (1976), qui traite de la femme et du conflit psychologique, ou ''La Face cachée d’Ève'' (1977), publié à [[Beyrouth]]. Elle est chercheuse à la faculté de Médecine de l’[[université Ain Shams]], au Caire, et travaille pour les [[Organisation des Nations unies|Nations unies]] en tant que directrice du Centre africain de recherche et de formation pour les femmes en Éthiopie, de 1978 à 1980. Elle est également conseillère pour la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique occidentale, au [[Liban]]. En 1981, elle s’oppose à la loi du parti unique édictée par [[Anouar el-Sadate]]. Elle est arrêtée et emprisonnée le 6 septembre 1981 dans la prison pour femmes de [[Qanatir]], pour infraction à la ''Loi de protection des valeurs contre le déshonneur''. En 1981, ses opinions politiques franches l’ont accusée de crimes contre l’État et emprisonnée pendant trois mois – elle a utilisé son temps pour écrire les ''Mémoires de la prison des femmes'' sur un rouleau de papier toilette, avec un crayon à sourcils introduit par une prisonnière<ref>{{Article |langue=en-GB |prénom1=Homa |nom1=Khaleeli |titre=Nawal El Saadawi: Egypt's radical feminist |périodique=The Guardian |date=2010-04-15 |issn=0261-3077 |lire en ligne=https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2010/apr/15/nawal-el-saadawi-egyptian-feminist |consulté le=2019-12-12 }}</ref>. Son incarcération lui inspire également l'écriture d'une pièce de théâtre publiée en langue arabe 1984 et traduite en français par Magda Wassef sous le titre ''Douze femmes dans Kanater''<ref>{{Ouvrage|prénom1=Magda|nom1=Wassef|nom2=Impr. Jugain)|titre=Douze femmes dans Kanater|éditeur=Des Femmes|date=1984|isbn=2-7210-0262-7|isbn2=978-2-7210-0262-4|oclc=416664011|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/416664011|consulté le=2022-09-30}}</ref>''.'' La prison lui est déjà familière, puisqu’elle y a mené des études dans les [[années 1970]] auprès des détenues. Après la mort du président Sadate en {{date-|octobre 1981}}, elle est libérée le 25 novembre 1981<ref name=dico2013 />.
De 1973 à 1978, elle exerce son métier d’écrivaine à l’Institut supérieur de littérature et de science. Elle publie des [[essai]]s, tels que ''Al mar’a wal sira’ al-nafsi'' (1976), qui traite des femmes et du conflit psychologique, ou ''La Face cachée d’Ève'' (1977), publié à [[Beyrouth]]. Elle est chercheuse à la faculté de Médecine de l’[[université Ain Shams]], au Caire, et travaille pour les [[Organisation des Nations unies|Nations unies]] en tant que directrice du Centre africain de recherche et de formation pour les femmes en Éthiopie, de 1978 à 1980. Elle est également conseillère pour la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique occidentale, au [[Liban]]. En 1981, elle s’oppose à la loi du parti unique édictée par [[Anouar el-Sadate]]. Elle est arrêtée et emprisonnée le 6 septembre 1981 dans la prison pour femmes de [[Qanatir]], pour infraction à la ''Loi de protection des valeurs contre le déshonneur''. En 1981, ses opinions politiques franches lui valent d'être accusée de crimes contre l’État et emprisonnée pendant trois mois – elle a utilisé ce temps pour écrire les ''Mémoires de la prison des femmes'' sur un rouleau de papier toilette, avec un crayon à sourcils introduit par une prisonnière<ref>{{Article |langue=en-GB |prénom1=Homa |nom1=Khaleeli |titre=Nawal El Saadawi: Egypt's radical feminist |périodique=The Guardian |date=2010-04-15 |issn=0261-3077 |lire en ligne=https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2010/apr/15/nawal-el-saadawi-egyptian-feminist |consulté le=2019-12-12 }}</ref>. Son incarcération lui inspire également l'écriture d'une pièce de théâtre publiée en langue arabe 1984 et traduite en français par Magda Wassef sous le titre ''Douze femmes dans Kanater''<ref>{{Ouvrage|prénom1=Magda|nom1=Wassef|nom2=Impr. Jugain)|titre=Douze femmes dans Kanater|éditeur=Des Femmes|date=1984|isbn=2-7210-0262-7|isbn2=978-2-7210-0262-4|oclc=416664011|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/416664011|consulté le=2022-09-30}}</ref>''.'' La prison lui est déjà familière, puisqu’elle y a mené des études dans les [[années 1970]] auprès des détenues. Après la mort du président Sadate en {{date-|octobre 1981}}, elle est libérée le 25 novembre 1981<ref name=dico2013 />.


En 1982, elle fonde l’Association arabe pour la solidarité des femmes, qui est interdite en 1991<ref name=":0"/>. Après son roman ''La Chute de l’iman'', en 1987, publié au Caire, elle commence à recevoir des menaces de la part de groupes [[fondamentalisme|fondamentalistes]]. Lorsque son nom apparaît sur une liste fondamentaliste de condamnés à mort, elle s’envole avec son mari pour les [[États-Unis]], où elle enseigne à l'[[université Duke]] et à l'[[université d'État de Washington]] à [[Seattle]].
En 1982, elle fonde l’Association arabe pour la solidarité des femmes, qui est interdite en 1991<ref name=":0"/>. Après son roman ''La Chute de l’iman'', en 1987, publié au Caire, elle commence à recevoir des menaces de la part de groupes [[fondamentalisme|fondamentalistes]]. Lorsque son nom apparaît sur une liste fondamentaliste de condamnés à mort, elle s’envole avec son mari pour les [[États-Unis]], où elle enseigne à l'[[université Duke]] et à l'[[université d'État de Washington]] à [[Seattle]]<ref name=":1" />.


En 1990, elle retrouve un cahier qui date de ses années de collège, où elle raconte la vie d'une jeune fille appelée Souad. Elle décide de publier ce cahier tel quel, quarante cinq ans après l'avoir écrit, sous le titre ''Moudhakkirât tifla ismouhâ Souad'' (traduit en 2006 par [[Inès Horchani]] par ''Mémoires d'une enfant prénommée Souad''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=ar|auteur1=Nawal Saadâwî Inès Horchani|titre=Mémoires d'une enfant prénommée Souad|lieu=Le Mans|éditeur=LCM Éditions|année=2019|pages totales=83|isbn=978-2-490780-08-2|lire en ligne=https://lcm.home.blog/2020/02/29/nawal-saadawi-memoires-dune-enfant-prenommee-souad-2/}}</ref>)''.''
En 1990, elle retrouve un cahier qui date de ses années de collège, où elle raconte la vie d'une jeune fille appelée Souad. Elle décide de publier ce cahier tel quel, quarante cinq ans après l'avoir écrit, sous le titre ''Moudhakkirât tifla ismouhâ Souad'' (traduit en 2006 par [[Inès Horchani]] par ''Mémoires d'une enfant prénommée Souad''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=ar|auteur1=Nawal Saadâwî Inès Horchani|titre=Mémoires d'une enfant prénommée Souad|lieu=Le Mans|éditeur=LCM Éditions|année=2019|pages totales=83|isbn=978-2-490780-08-2|lire en ligne=https://lcm.home.blog/2020/02/29/nawal-saadawi-memoires-dune-enfant-prenommee-souad-2/}}</ref>)''.''
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En 1996, elle revient en Égypte<ref name="LOrientLeJour2015">{{article | langue=fr | titre= Le deuxième sexe d’après Nawal el-Saadawi | périodique=[[L'Orient-Le Jour]] | auteur1=Katia Ghosn | mois=août | année=2015 | url texte=http://www.lorientlitteraire.com/article_details.php?cid=7&nid=6234 }}</ref>.
En 1996, elle revient en Égypte<ref name="LOrientLeJour2015">{{article | langue=fr | titre= Le deuxième sexe d’après Nawal el-Saadawi | périodique=[[L'Orient-Le Jour]] | auteur1=Katia Ghosn | mois=août | année=2015 | url texte=http://www.lorientlitteraire.com/article_details.php?cid=7&nid=6234 }}</ref>.


''Mémoires d’une prison de femmes'' est publié en 2002 à [[Londres]], par [[The Women's Press]]. Elle publie en {{date-|janvier 2007}} une pièce de théâtre en arabe intitulée ''Dieu démissionne de la réunion au sommet''. Jugé blasphématoire par l’université islamique du Caire, ce livre est retiré de la vente avant même l'ouverture du procès qui lui est intenté sur plainte de l'[[Université al-Azhar]] pour [[apostasie]] et non-respect des religions. Elle s'exile à nouveau. De nombreuses voix s'élèvent pour soutenir l'écrivaine dont celle de [[Fadela Amara]]. Une pétition est lancée. En 2008, elle gagne son procès et regagne l'Égypte mais elle continue à enseigner aux États-Unis.
''Mémoires d’une prison de femmes'' est publié en 2002 à [[Londres]], par [[The Women's Press]]. Elle publie en {{date-|janvier 2007}} une pièce de théâtre en arabe intitulée ''Dieu démissionne de la réunion au sommet''. Jugé blasphématoire par l’université islamique du Caire, ce livre est retiré de la vente avant même l'ouverture du procès qui lui est intenté sur plainte de l'[[Université al-Azhar]] pour [[apostasie]] et non-respect des religions. Elle s'exile à nouveau. De nombreuses voix s'élèvent pour soutenir l'écrivaine dont celle de [[Fadela Amara]]. Une pétition est lancée. En 2008, elle gagne son procès et regagne l'Égypte mais elle continue à enseigner aux États-Unis.


Le {{date-|3 février 2011}}, elle apporte son soutien aux manifestants de la [[place Tahrir]] au Caire, pour le départ de [[Mohammed Hosni Moubarak]]. Le {{date-|8 mars 2012}}, elle est à l'initiative, avec sept autres femmes arabes, de ''L'Appel des femmes arabes pour la dignité et l'égalité''<ref>[https://www.lemonde.fr/journee-de-la-femme/article/2012/03/08/l-appel-des-femmes-arabes-pour-la-dignite-et-l-egalite_1653328_1650673.html « Appel des femmes arabes pour la dignité et l'égalité », Le Monde.fr, 8 mars 2012]</ref>.
Le {{date-|3 février 2011}}, elle apporte son soutien aux manifestants de la [[place Tahrir]] au Caire, pour le départ de [[Mohammed Hosni Moubarak]]. Le {{date-|8 mars 2012}}, elle est à l'initiative, avec sept autres femmes arabes, de ''L'Appel des femmes arabes pour la dignité et l'égalité''<ref>[https://www.lemonde.fr/journee-de-la-femme/article/2012/03/08/l-appel-des-femmes-arabes-pour-la-dignite-et-l-egalite_1653328_1650673.html « Appel des femmes arabes pour la dignité et l'égalité », Le Monde.fr, 8 mars 2012]</ref>.


== Œuvre littéraire ==
== Œuvre littéraire ==
Ses premières nouvelles ont été publiées dans des journaux et des magazines. Ses premiers romans sont parus dans les [[années 1950]]. En 1958, elle fait ses débuts de [[romancière]] avec ''Mémoires d’une femme docteur'', un roman partiellement [[autobiographie|autobiographique]]. Ce livre est considéré comme l’œuvre fictionnelle pionnière dans le [[féminisme]] moderne du monde arabe, même si, à la fin, la protagoniste révoltée accepte son sort<ref name=":0" />.
Ses premières nouvelles ont été publiées dans des journaux et des magazines. Ses premiers romans sont parus dans les [[années 1950]]. En 1958, elle fait ses débuts de [[romancière]] avec ''Mémoires d’une femme docteur'', un roman partiellement [[autobiographie|autobiographique]]. Ce livre est considéré comme l’œuvre fictionnelle pionnière dans le [[féminisme]] moderne du monde arabe, même si, à la fin, la protagoniste révoltée accepte son sort<ref name=":0" />.


En 1969, paraît ''Al-imra'a wa-l-jins'' (traduit en français par Abdelhamid Drissi Messouak en 2017 sous le titre ''La femme et le sexe''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Nawal Saadâwi Abdelhamid Drissi Messouak|titre=La femme et le sexe|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]]|année=2017|isbn=}}</ref>) qui questionne le rapport des femmes arabes à leur sexualité, et analyse les rapports entre hommes et femmes dans une perspective de [[Gender Studies]].
En 1969, paraît ''Al-imra'a wa-l-jins'' (traduit en français par Abdelhamid Drissi Messouak en 2017 sous le titre ''La femme et le sexe''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Nawal Saadâwi Abdelhamid Drissi Messouak|titre=La femme et le sexe|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]]|année=2017|isbn=}}</ref>) qui questionne le rapport des femmes arabes à leur sexualité, et analyse les rapports entre hommes et femmes dans une perspective de [[Gender Studies]].


Dans les [[années 1970]], elle continue à critiquer ouvertement le système patriarcal et à aborder des sujets tabous, tel que l'[[excision]], l’[[avortement]], la [[sexualité]], les abus sexuels sur les enfants, et les différentes formes d’oppression des femmes. L’oppression sexuelle et sociale est mise en relation avec la doctrine religieuse dans son court roman ''Elle n’a pas sa place au paradis'', publié en 1972.
Dans les [[années 1970]], elle continue à critiquer ouvertement le système patriarcal et à aborder des sujets tabous, tel que l'[[excision]], l’[[avortement]], la [[sexualité]], les abus sexuels sur les enfants, et les différentes formes d’oppression des femmes. L’oppression sexuelle et sociale est mise en relation avec la doctrine religieuse dans son court roman ''Elle n’a pas sa place au paradis'', publié en 1972<ref name=":1" />.


L'ouvrage ''Femme au degré zéro'', édité en 1975, est partiellement inspiré par ce que Nawal El Saadawi a pu collecter comme témoignage à l’[[université Ain Shams]] sur la [[santé mentale]] des femmes. Dans la prison pour femmes de Qanatir, elle a rencontré le personnage principal, Ferdaous, une femme abusée dans son enfance et dont la recherche de liberté finit en quête de revanche et dans le meurtre de son souteneur. Un psychiatre l’interroge à la veille de l'exécution. La mort lui semble une victoire : « Je ne veux rien. Je n’espère rien. Je ne crains rien. C’est pour ça que je suis libre. Parce que, tout au long de notre vie, ce sont nos désirs, nos espoirs, nos craintes qui nous asservissent. » Le livre a été traduit en français sous le titre ''Ferdaous, une voix d’enfer'' par [[Assia Djebar]] et Essia Trabelsi en [[1981 en littérature|1981]] aux [[Éditions Des femmes|éditions ''des femmes'']] à Paris alors que l'autrice était incarcérée pour ses opinions politiques.
L'ouvrage ''Women at point zero,'' édité en 1975, est partiellement inspiré par ce que Nawal El Saadawi a pu collecter comme témoignage à l’[[université Ain Shams]] sur la [[santé mentale]] des femmes. Dans la prison pour femmes de Qanatir, elle a rencontré le personnage principal, Ferdaous, une femme abusée dans son enfance et dont la recherche de liberté finit en quête de revanche et dans le meurtre de son souteneur. Un psychiatre l’interroge à la veille de l'exécution. La mort lui semble une victoire : « Je ne veux rien. Je n’espère rien. Je ne crains rien. C’est pour ça que je suis libre. Parce que, tout au long de notre vie, ce sont nos désirs, nos espoirs, nos craintes qui nous asservissent. » Le livre a été traduit en français sous le titre ''Ferdaous, une voix d’enfer'' par [[Assia Djebar]] et Essia Trabelsi en [[1981 en littérature|1981]] aux [[Éditions Des femmes|éditions ''des femmes'']] à Paris alors que l'autrice était incarcérée pour ses opinions politiques<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |prénom=Afifa |nom=Bererhi |titre=La voix de Ferdaous par Nawal El Saadawi et Assia Djebar |url=https://diacritik.com/2022/01/27/la-voix-de-ferdaous-par-nawal-el-saadawi-et-assia-djebar/ |site=DIACRITIK |date=2022-01-27 |consulté le=2024-02-01}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |prénom=Souad |nom=Labbize |titre=Nawal El Saadawi : la voix est libre |url=https://revueladeferlante.fr/nawal-el-saadawi-la-voix-est-libre/ |site=La Déferlante |date=2022-08-08 |consulté le=2024-02-01}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Eka Wilany|titre=Feminism Analysis in the Novel “Woman at Point Zero”|périodique=Journal anglosaxon|volume=VIII|numéro=1|date=2017|issn2=2301-5292|lire en ligne=https://www.journal.unrika.ac.id/index.php/jurnalanglo-saxon/article/download/990/786|accès url=libre|format=pdf}}</ref>.


En 1978, lors d’un séjour à [[Addis-Abeba]], elle rédige ''Le Voile'', où la protagoniste révèle ses pensées au lecteur, mais pas à son amant. En 2014, son roman, ''Innahu al-dam'' (''C’est le sang''), paru à [[Beyrouth]], témoigne pour l'émancipation politique et féminine, et contre des lois pseudo-religieuses<ref name=LOrientLeJour2015 />.
En 1978, lors d’un séjour à [[Addis-Abeba]], elle rédige ''Le Voile'', où la protagoniste révèle ses pensées au lecteur, mais pas à son amant. En 2014, son roman, ''Innahu al-dam'' (''C’est le sang''), paru à [[Beyrouth]], témoigne pour l'émancipation politique et féminine, et contre des lois pseudo-religieuses<ref name=LOrientLeJour2015 />.


La découverte et la publication, en 1990, de ''Moudhakkirât tifla ismouhâ Sou'âd'' (traduit en français par Inès Horchani sous le titre ''Mémoires d'une enfant prénommée Souad''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=ar|auteur1=Nawal Saadâwî Inès Horchani|titre=Mémoires d'une enfant prénommée Souad|lieu=Le Mans|éditeur=LCM Éditions|année=2019|pages totales=83|isbn=978-2-490780-08-2|lire en ligne=https://tradmonde.hypotheses.org/21}}</ref> en 2006) marque un tournant dans la réception de l'œuvre de Nawal Saadâwî. C'est une œuvre de jeunesse, écrite par la collégienne Nawal Saadâwi, qui exprime déjà sa volonté de comprendre en exerçant son esprit critique.
La découverte et la publication, en 1990, de ''Moudhakkirât tifla ismouhâ Sou'âd'' (traduit en français par Inès Horchani sous le titre ''Mémoires d'une enfant prénommée Souad''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=ar|auteur1=Nawal Saadâwî Inès Horchani|titre=Mémoires d'une enfant prénommée Souad|lieu=Le Mans|éditeur=LCM Éditions|année=2019|pages totales=83|isbn=978-2-490780-08-2|lire en ligne=https://tradmonde.hypotheses.org/21}}</ref> en 2006) marque un tournant dans la réception de l'œuvre de Nawal Saadâwî. C'est une œuvre de jeunesse, écrite par la collégienne Nawal Saadâwi, qui exprime déjà sa volonté de comprendre en exerçant son esprit critique.


En 2007, à l'occasion de la remise du titre de [[Docteur honoris causa|docteure ''honoris causa'']] à l'[[université libre de Bruxelles]], [[Editions Lansman|Lansman Editeur]] publie ''Isis'', une pièce à la fois drôle et caustique, traduite de l'arabe par Xavier Luffin et adaptée en français par [[Émile Lansman|Emile Lansman]]. Il s'agit d'une des rares œuvres de l'auteure accessible en français.
En 2007, à l'occasion de la remise du titre de [[Docteur honoris causa|docteure ''honoris causa'']] à l'[[université libre de Bruxelles]], [[Editions Lansman|Lansman Éditeur]] publie ''Isis'', une pièce à la fois drôle et caustique, traduite de l'arabe par Xavier Luffin et adaptée en français par [[Émile Lansman|Emile Lansman]]. Il s'agit d'une des rares œuvres de l'auteure accessible en français<ref>{{Ouvrage|prénom1=Nawāl al-|nom1=Saʿdāwī|prénom2=Xavier|nom2=Luffin|prénom3=Émile|nom3=Lansman|titre=Isis|éditeur=Lansman|collection=Théâtre en traduction|date=2007|isbn=978-2-87282-610-0|consulté le=2024-02-01}}</ref>.


Elle a reçu de nombreuses distinctions, parmi lesquelles le prix du Conseil supérieur de littérature en 1974, le prix littéraire de l’amitié franco-arabe en 1982<ref name=dico2013 />, le prix littéraire de [[Gubran]] en 1988, ou prix suédois Stig Dagerman en 2012<ref name=LOrientLeJour2015 />.
Elle a reçu de nombreuses distinctions, parmi lesquelles le prix du Conseil supérieur de littérature en 1974, le prix littéraire de l’amitié franco-arabe en 1982<ref name=dico2013 />, le prix littéraire de [[Gubran]] en 1988, ou prix suédois Stig Dagerman en 2012<ref name=LOrientLeJour2015 />.
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== Caractéristiques de l'œuvre de Nawal El Saadawi ==
== Caractéristiques de l'œuvre de Nawal El Saadawi ==
Les caractéristiques de l’écriture de Nawal El Saadawi sont le mélange entre fiction et données réelles, sa connaissance des sciences médicales, les détails autobiographiques, et la description de maladies sociales.
Les caractéristiques de l’écriture de Nawal El Saadawi sont le mélange entre fiction et données réelles, sa connaissance des sciences médicales, les détails autobiographiques, et la description de maladies sociales.
Elle a su aborder avec courage des sujets tabous tels que le fondamentalisme religieux, la violence domestique, l'excision et les abus sexuels, et est devenue une des auteures majeures s'exprimant sur la condition féminine, au-delà des clivages entre Orient et Occident<ref name=":0" />{{,}}<ref>{{article|langue=fr|auteur1=Jenna Le Bras|auteur2=François Hume-Ferkatadji|titre=Nawal El Saadawi : “Les femmes sont sacrifiées sur l’autel de Dieu et de l’argent”|périodique=[[Télérama]]|jour=13|mois=février|année=2018|url texte=https://www.telerama.fr/idees/nawal-el-saadawi-les-femmes-sont-sacrifiees-sur-lautel-de-dieu-et-de-largent,n5462238.php}}</ref>.
Elle a su aborder avec courage des sujets tabous tels que le fondamentalisme religieux, la violence domestique, l'excision et les abus sexuels, et est devenue une des auteures majeures s'exprimant sur la condition féminine, au-delà des clivages entre Orient et Occident<ref name=":0" />{{,}}<ref>{{article|langue=fr|auteur1=Jenna Le Bras|auteur2=François Hume-Ferkatadji|titre=Nawal El Saadawi : “Les femmes sont sacrifiées sur l’autel de Dieu et de l’argent”|périodique=[[Télérama]]|jour=13|mois=février|année=2018|url texte=https://www.telerama.fr/idees/nawal-el-saadawi-les-femmes-sont-sacrifiees-sur-lautel-de-dieu-et-de-largent,n5462238.php}}</ref>. Son message a eu une influence sur les mouvements féministes arabes à leurs débuts. En Tunisie notamment, le mouvement féministe indépendant l'a invité au club culturel [[Tahar Haddad]] afin de présenter ses livres, et a tenu des séances de lectures sur ses ouvrages<ref>Recueil de textes introduit par Hafidha Chekir, ''Nawal El Saadawi'', Éditions du CETIM, Collection ''Pensées d'hier pour demain'', 2022, 27 p., {{ISBN|
978-2-88053-143-0}} </ref>.


== Publications ==
== Publications ==


=== Œuvres traduites en français ===
=== Œuvres traduites en français ===
* [[1958 en littérature|1958]] : ''Femmes égyptiennes, tradition et modernité'' (mémoires)'','' traduit de l’arabe par Essia Trabelsi et Emma Chettaoui, [[Éditions Des femmes|''des femmes''-Antoinette Fouque]], Paris, 1991 (1973), 227 p. <small>(ISBN 9782721004093)</small> (Titre original : ''Kānat hiya al-aḍʻaf'', « Mémoires d’une femme docteur »)
* [[1958 en littérature|1958]] : ''Femmes égyptiennes, tradition et modernité'' (mémoires)'', traduit de l’arabe par Essia Trabelsi et Emma Chettaoui, [[Éditions Des femmes|''des femmes''-Antoinette Fouque]], Paris, 1991 (1973), 227 p. {{ISBN|9782721004093}} (Titre original : ''Kānat hiya al-aḍʻaf'', « Mémoires d’une femme docteur »)
* [[1969 en littérature|1969]] : ''La Femme et le Sexe, ou Les souffrances d'une malheureuse opprimée'' (essai), traduction d'Abdelhamid Drissi Messouad, [[Éditions L'Harmattan|Éditions L’Harmattan]], Paris, 2017. <small>(ISBN 978-2343121789)</small> (Titre original : ''Al-imra'a wa-l-jins,'' المرأة والجنس)
* [[1969 en littérature|1969]] : ''La Femme et le Sexe, ou Les souffrances d'une malheureuse opprimée'' (essai), traduction d'Abdelhamid Drissi Messouad, [[Éditions L'Harmattan|Éditions L’Harmattan]], Paris, 2017. {{ISBN|978-2343121789}} (Titre original : ''Al-imra'a wa-l-jins'', المرأة والجنس)
* [[1975 en littérature|1977 :]]
* [[1977 en littérature|1977]] :
** ''Ferdaous, une voix en enfer'' (roman), traduit de l'arabe par [[Assia Djebar]] et Essia Trabelsi, préface d’Assia Djebar de l’[[Académie française]], [[Éditions Des femmes|''des femmes''-Antoinette Fouque]], coll. Poche, Paris, 2022 ([[1981 en littérature|1981]], 2007), 162 p. <small>(ISBN 9782721009425)</small> (Titre original : ''Emra'a enda noktat el sifr'', امرأة عند نقطة الصفر, « La Femme au point zéro », écrit en 1975).
** ''Ferdaous, une voix en enfer'' (roman), traduit de l'arabe par [[Assia Djebar]] et Essia Trabelsi, préface d’Assia Djebar de l’[[Académie française]], [[Éditions Des femmes|''des femmes''-Antoinette Fouque]], coll. Poche, Paris, 2022 ([[1981 en littérature|1981]], 2007), 162 p. {{ISBN|9782721009425}} (Titre original : ''Emra'a enda noktat el sifr'', امرأة عند نقطة الصفر, « La Femme au point zéro », écrit en 1975).
** [[1977 en littérature|1977 :]] ''La Face cachée d’Ève : Les femmes dans le monde arabe'' (essai), traduit de l’anglais par Elisabeth Geiger van Essen, [[Éditions Des femmes|Éditions ''des femmes'']], Paris, 1982, 411 p. <small>(ISBN 9782721002260)</small> (Titre original : ''Al-Wajh al-'ari lil-mar'a al-'arabiyy'', « Le Visage nu des femmes arabes »).
** [[1977 en littérature|1977 :]] ''La Face cachée d’Ève : Les femmes dans le monde arabe'' (essai), traduit de l’anglais par Elisabeth Geiger van Essen, [[Éditions Des femmes|Éditions ''des femmes'']], Paris, 1982, 411 p. {{ISBN|9782721002266}} (Titre original : ''Al-Wajh al-'ari lil-mar'a al-'arabiyy'', « Le Visage nu des femmes arabes »).
*[[1983]] : ''Mémoires de la prison des femmes'' (mémoires), traduit de l’arabe par Magda Wassef, [[Le Serpent à Plumes]], 2002, 267 p. (Titre original : ''Mudhakkirat fi Sijn al-Nisa'') <small>(ISBN 978-2842613334)</small>
*[[1983]] : ''Mémoires de la prison des femmes'' (mémoires), traduit de l’arabe par Magda Wassef, [[Le Serpent à Plumes]], 2002, 267 p. (Titre original : ''Mudhakkirat fi Sijn al-Nisa'') {{ISBN|978-2842613334}}
* [[1984 en littérature|1984]] : ''Douze femmes dans Kanater'' (théâtre), traduit de l’arabe par Magda Wassef, Éditions ''des femmes'', Paris, 1984, 249 p. <small>(ISBN 9782721002624)</small> (Titre original : ''Ithna 'ashar imra'a fi zinzana wahida'', « Douze femmes dans une cellule »).
* [[1984 en littérature|1984]] : ''Douze femmes dans Kanater'' (théâtre), traduit de l’arabe par Magda Wassef, Éditions ''des femmes'', Paris, 1984, 249 p. {{ISBN|9782721002624}} (Titre original : ''Ithna 'ashar imra'a fi zinzana wahida'', « Douze femmes dans une cellule »).
* [[1985 en littérature|1985]] : ''Isis'' (théâtre), [[Éditions Lansman|Lansman]], [[Manage]] (Belgique), 2007. <small>(ISBN 978-2872826100)</small>
* [[1985 en littérature|1985]] : ''Isis'' (théâtre), [[Éditions Lansman|Lansman]], [[Manage]] (Belgique), 2007. {{ISBN|978-2872826100}}
* [[1990 en littérature|1990]] : ''Mémoires d'une enfant prénommée Souad'' (novella), traduit de l’arabe par [[Inès Horchani]], LCM Éditions, coll. « Mots d’elle » Le Mans, 2019 (2007), 83 p''.'' <small>([[International Standard Book Number|ISBN]]&nbsp;[[Spécial:Ouvrages de référence/978-2-490780-08-2|978-2-490780-08-2]])</small> (Titre original : ''Moudhakkirât tifla ismouhâ Sou'âd'')
* [[1990 en littérature|1990]] : ''Mémoires d'une enfant prénommée Souad'' (novella), traduit de l’arabe par [[Inès Horchani]], LCM Éditions, coll. « Mots d’elle » Le Mans, 2019 (2007), 83 p''.'' {{ISBN|978-2-490780-08-2}} (Titre original : ''Moudhakkirât tifla ismouhâ Sou'âd'')
* [[2008]] : ''Zina, le roman volé'' (roman), traduit par Houda Ben Ghacham, [[Luc Pire]], [[Waterloo]] (Belgique), 2008. <small>(ISBN 9782874159725)</small>
* [[2008]] : ''Zina, le roman volé'' (roman), traduit par Houda Ben Ghacham, [[Luc Pire]], [[Waterloo]] (Belgique), 2008. {{ISBN|9782874159725}}
* ''Nawal El Saadawi : Recueil de textes introduit par Hafidha Chekir'', CETIM, 2022. <small>(ISBN 978-2880531430)</small>


=== Autres œuvres notables ===
=== Autres œuvres notables ===
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* [[1987 en littérature|1987]] : ''La Chute de l’imam'' (roman). (Titre original : ''Suqūṭ al-imām'')
* [[1987 en littérature|1987]] : ''La Chute de l’imam'' (roman). (Titre original : ''Suqūṭ al-imām'')
* [[1992 en littérature|1992]] : ''L'Innocence du Diable'' (roman). (Titre original : ''Jann āt wa-Iblīs'')
* [[1992 en littérature|1992]] : ''L'Innocence du Diable'' (roman). (Titre original : ''Jann āt wa-Iblīs'')
* [[1996 en littérature|1996]] : ''Dieu démissionne de la rencontre au sommet'' (théâtre).
* [[1996 en littérature|1996]] : ''Dieu démissionne de la rencontre au sommet'' (théâtre).
* [[2014 en littérature|2014]] : ''C’est le sang''. (Titre original : ''Innahu al-dam'')
* [[2014 en littérature|2014]] : ''C’est le sang''. (Titre original : ''Innahu al-dam'')


=== Entretiens ===
=== Entretiens ===


* [[Christiane Passevant|Christiane Passevent]], ''Femmes dissidentes au Moyen-Orient : entretiens avec [[Arna Mer-Khamis|Arna Mer Khamis]], Nawal Al Saadawi, [[Leah Tsemel|Lea Tsemel]], [[Michael Schwartz|Michal Schwartz]]'', Éditions Libertaires, [[Saint-Georges-d'Oléron|Saint-Georges-d’Oléron]], [[2015 en littérature|2015]]. <small>(ISBN 9782919568536)</small>
* [[Christiane Passevant|Christiane Passevent]], ''Femmes dissidentes au Moyen-Orient : entretiens avec [[Arna Mer-Khamis|Arna Mer Khamis]], Nawal Al Saadawi, [[Leah Tsemel|Lea Tsemel]], [[Michael Schwartz|Michal Schwartz]]'', Éditions Libertaires, [[Saint-Georges-d'Oléron|Saint-Georges-d’Oléron]], [[2015 en littérature|2015]]. {{ISBN|9782919568536}}

=== Livres audio ===

==== Livre audio francophones ====
* Collectif, ''Voix de femmes d'hier et d'aujourd'hui pour demain'', ''des femmes''-Antoinette Fouque, « La Bibliothèque des voix », Paris, 2019, 1h25. <small>(EAN 3328140023534 et 3328140023541)</small>

* ''Ferdaous, une voix en enfer'', lu par [[Darina Al Joundi]], trad. [[Assia Djebar]] et Essia Trabelsi, ''des femmes''-Antoinette Fouque, [[Bibliothèque des voix|« La Bibliothèque des voix »]], Paris, 2023, 3h22. <small>(EAN 3328140025279 et 3328140025286)</small>

==== Livres audio d'autres langues ====

* ''Woman at Point Zero'' (VF : ''Ferdaous''), lu par Laura Hanna, traduction anglaise de 1975, [[Audible.com|Audible]], USA, 2016, 3h48.


== Distinctions ==
== Distinctions ==
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== Hommages ==
== Hommages ==
Jill Nicholls a consacré à Nawal El Saadawi le film ''She Spoke the Unspeakable'' (« Elle a dit l'indicible »), diffusé sur [[BBC One]] au sein de la série télévisée britannique ''Imagine'' en février [[2017 à la télévision|2017]]<ref>[http://www.bbc.co.uk/programmes/b08g7hr8 "She Spoke the Unspeakable"], BBC One, ''Imagine'', Winter 2017. [http://www.dailymotion.com/video/x5cu7f1 Via] [[Dailymotion]].</ref>.
Jill Nicholls a consacré à Nawal El Saadawi le film ''She Spoke the Unspeakable'' (« Elle a dit l'indicible »), diffusé sur [[BBC One]] au sein de la série télévisée britannique ''Imagine'' en février [[2017 à la télévision|2017]]<ref>[http://www.bbc.co.uk/programmes/b08g7hr8 "She Spoke the Unspeakable"], BBC One, ''Imagine'', Winter 2017. [http://www.dailymotion.com/video/x5cu7f1 Via] [[Dailymotion]].</ref>.

== Annexes ==

=== Bibliographie ===

* Recueil de textes introduit par Hafidha Chekir'', Nawal El Saadawi'', éditions du CETIM, 2022, 95 pages {{ISBN|978-2880531430}}


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
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* {{Autorité}}
{{Liens}}
* {{Bases}}
* {{Dictionnaires}}
* [https://tradmonde.hypotheses.org/69 Ô féminin pluriel, hommage à Nawal Saadâwî, 2019]
* [https://tradmonde.hypotheses.org/69 Ô féminin pluriel, hommage à Nawal Saadâwî, 2019]


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{{CLEDETRI:Saadawi, Nawal el}}
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[[Catégorie:Naissance en octobre 1931]]
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[[Catégorie:Étudiant de l'université Columbia]]
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[[Catégorie:Professeur à l'université Duke]]
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[[Catégorie:Féministe égyptienne]]
[[Catégorie:Féministe égyptienne]]
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[[Catégorie:Pionnière en littérature]]
[[Catégorie:Pionnière en littérature]]
[[Catégorie:Écrivain emprisonné]]
[[Catégorie:Écrivain emprisonné]]
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Dernière version du 13 avril 2024 à 04:41

Nawal El Saadawi
Description de cette image, également commentée ci-après
Nawâl El Saadâwi en 2010.
Naissance
Kafr Tahla, Égypte
Décès (à 89 ans)
Le Caire
Nationalité Égyptienne
Activité principale
Médecin psychiatre et écrivaine
Conjoint
Sherif Hatata
Auteur
Langue d’écriture Arabe

Nawal El Saadawi (en arabe نوال السعداوي) née le près du Caire et morte le au Caire[1], est une écrivaine et psychiatre, figure égyptienne de l’émancipation des femmes dans le monde arabe[2].

Elle est emprisonnée en 1981 pour s'être opposée à la loi du parti unique sous le président Anouar el-Sadate. Son livre Mémoires de la prison des femmes relate cet épisode. Libérée sous le président Hosni Moubarak elle fonde en 1982 l’Association arabe pour la solidarité des femmes qui est interdite en 1991. Ses œuvres sur la condition de la femme, sur l'intégrisme religieux et sur les brutalités policières lui valent d'être poursuivie et contrainte à plusieurs reprises à l'exil. Elle revient par la suite en Égypte[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

Nawal El Saadawi naît à Kafr Tahla, au nord du Caire, dans le delta de la basse Égypte[4]. Son père est fonctionnaire au ministère de l’Éducation ; sa mère est issue d’une famille bourgeoise. Cette mère, musulmane traditionaliste, insiste pour que sa fille soit excisée à l’âge de six ans[5]. Cependant, contrairement aux habitudes, ils envoient à l’école leurs neuf enfants, et non seulement les garçons. Nawal El Saadawi était une bonne élève, et en 1949, entre en faculté de médecine[5]. Diplômée de l’université du Caire en 1955, elle étudie ensuite à l'université Columbia (New York)[6].

Elle fait un premier mariage avec Ahmed Helmi, étudiant en médecine et militant pour la liberté, dont elle divorce. Son second mari est un riche traditionaliste, avec lequel Nawal El Saadawi rompt lorsqu’il s’oppose au fait qu’elle écrive, une activité qu’elle exerce depuis l’enfance. En 1964, elle épouse Sherif Hatata (en), médecin et romancier qui traduit en anglais plusieurs de ses livres[7].

Une fois diplômée, elle travaille comme médecin à l’université, ainsi qu'au Centre de santé rurale à Tahala pendant deux années. De 1958 à 1972, elle est directrice générale de l’éducation à la santé publique, au ministère de la Santé. Elle est en même temps éditrice responsable du magazine Health et secrétaire général auxiliaire de l’Association égyptienne de médecine.

En 1969, elle publie Al-imra'a wa-l-jins (traduit en français en 2017 par A.Drissi Messouak par La femme et le sexe)[8].

En 1972, elle est révoquée de son poste au ministère pour avoir publié La femme et le sexe, qui traite de sexualité, de religion et du traumatisme de l’excision – autant de sujets tabous dans le pays[4]. Health est interdit et les livres de Nawal El Saadawi sont censurés. « Tout, dans ce pays, est dans les mains de l’État et sous son contrôle direct ou indirect », écrit-elle plus tard dans ses Mémoires d’une prison de femmes, « grâce à des lois reconnues ou tacites, par la tradition ou par une peur de l’autorité depuis longtemps établie et profondément enracinée. »[7]

De 1973 à 1978, elle exerce son métier d’écrivaine à l’Institut supérieur de littérature et de science. Elle publie des essais, tels que Al mar’a wal sira’ al-nafsi (1976), qui traite des femmes et du conflit psychologique, ou La Face cachée d’Ève (1977), publié à Beyrouth. Elle est chercheuse à la faculté de Médecine de l’université Ain Shams, au Caire, et travaille pour les Nations unies en tant que directrice du Centre africain de recherche et de formation pour les femmes en Éthiopie, de 1978 à 1980. Elle est également conseillère pour la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique occidentale, au Liban. En 1981, elle s’oppose à la loi du parti unique édictée par Anouar el-Sadate. Elle est arrêtée et emprisonnée le 6 septembre 1981 dans la prison pour femmes de Qanatir, pour infraction à la Loi de protection des valeurs contre le déshonneur. En 1981, ses opinions politiques franches lui valent d'être accusée de crimes contre l’État et emprisonnée pendant trois mois – elle a utilisé ce temps pour écrire les Mémoires de la prison des femmes sur un rouleau de papier toilette, avec un crayon à sourcils introduit par une prisonnière[9]. Son incarcération lui inspire également l'écriture d'une pièce de théâtre publiée en langue arabe 1984 et traduite en français par Magda Wassef sous le titre Douze femmes dans Kanater[10]. La prison lui est déjà familière, puisqu’elle y a mené des études dans les années 1970 auprès des détenues. Après la mort du président Sadate en , elle est libérée le 25 novembre 1981[6].

En 1982, elle fonde l’Association arabe pour la solidarité des femmes, qui est interdite en 1991[4]. Après son roman La Chute de l’iman, en 1987, publié au Caire, elle commence à recevoir des menaces de la part de groupes fondamentalistes. Lorsque son nom apparaît sur une liste fondamentaliste de condamnés à mort, elle s’envole avec son mari pour les États-Unis, où elle enseigne à l'université Duke et à l'université d'État de Washington à Seattle[7].

En 1990, elle retrouve un cahier qui date de ses années de collège, où elle raconte la vie d'une jeune fille appelée Souad. Elle décide de publier ce cahier tel quel, quarante cinq ans après l'avoir écrit, sous le titre Moudhakkirât tifla ismouhâ Souad (traduit en 2006 par Inès Horchani par Mémoires d'une enfant prénommée Souad[11]).

En 1996, elle revient en Égypte[12].

Mémoires d’une prison de femmes est publié en 2002 à Londres, par The Women's Press. Elle publie en une pièce de théâtre en arabe intitulée Dieu démissionne de la réunion au sommet. Jugé blasphématoire par l’université islamique du Caire, ce livre est retiré de la vente avant même l'ouverture du procès qui lui est intenté sur plainte de l'Université al-Azhar pour apostasie et non-respect des religions. Elle s'exile à nouveau. De nombreuses voix s'élèvent pour soutenir l'écrivaine dont celle de Fadela Amara. Une pétition est lancée. En 2008, elle gagne son procès et regagne l'Égypte mais elle continue à enseigner aux États-Unis.

Le , elle apporte son soutien aux manifestants de la place Tahrir au Caire, pour le départ de Mohammed Hosni Moubarak. Le , elle est à l'initiative, avec sept autres femmes arabes, de L'Appel des femmes arabes pour la dignité et l'égalité[13].

Œuvre littéraire[modifier | modifier le code]

Ses premières nouvelles ont été publiées dans des journaux et des magazines. Ses premiers romans sont parus dans les années 1950. En 1958, elle fait ses débuts de romancière avec Mémoires d’une femme docteur, un roman partiellement autobiographique. Ce livre est considéré comme l’œuvre fictionnelle pionnière dans le féminisme moderne du monde arabe, même si, à la fin, la protagoniste révoltée accepte son sort[4].

En 1969, paraît Al-imra'a wa-l-jins (traduit en français par Abdelhamid Drissi Messouak en 2017 sous le titre La femme et le sexe[14]) qui questionne le rapport des femmes arabes à leur sexualité, et analyse les rapports entre hommes et femmes dans une perspective de Gender Studies.

Dans les années 1970, elle continue à critiquer ouvertement le système patriarcal et à aborder des sujets tabous, tel que l'excision, l’avortement, la sexualité, les abus sexuels sur les enfants, et les différentes formes d’oppression des femmes. L’oppression sexuelle et sociale est mise en relation avec la doctrine religieuse dans son court roman Elle n’a pas sa place au paradis, publié en 1972[7].

L'ouvrage Women at point zero, édité en 1975, est partiellement inspiré par ce que Nawal El Saadawi a pu collecter comme témoignage à l’université Ain Shams sur la santé mentale des femmes. Dans la prison pour femmes de Qanatir, elle a rencontré le personnage principal, Ferdaous, une femme abusée dans son enfance et dont la recherche de liberté finit en quête de revanche et dans le meurtre de son souteneur. Un psychiatre l’interroge à la veille de l'exécution. La mort lui semble une victoire : « Je ne veux rien. Je n’espère rien. Je ne crains rien. C’est pour ça que je suis libre. Parce que, tout au long de notre vie, ce sont nos désirs, nos espoirs, nos craintes qui nous asservissent. » Le livre a été traduit en français sous le titre Ferdaous, une voix d’enfer par Assia Djebar et Essia Trabelsi en 1981 aux éditions des femmes à Paris alors que l'autrice était incarcérée pour ses opinions politiques[15],[16],[17].

En 1978, lors d’un séjour à Addis-Abeba, elle rédige Le Voile, où la protagoniste révèle ses pensées au lecteur, mais pas à son amant. En 2014, son roman, Innahu al-dam (C’est le sang), paru à Beyrouth, témoigne pour l'émancipation politique et féminine, et contre des lois pseudo-religieuses[12].

La découverte et la publication, en 1990, de Moudhakkirât tifla ismouhâ Sou'âd (traduit en français par Inès Horchani sous le titre Mémoires d'une enfant prénommée Souad[18] en 2006) marque un tournant dans la réception de l'œuvre de Nawal Saadâwî. C'est une œuvre de jeunesse, écrite par la collégienne Nawal Saadâwi, qui exprime déjà sa volonté de comprendre en exerçant son esprit critique.

En 2007, à l'occasion de la remise du titre de docteure honoris causa à l'université libre de Bruxelles, Lansman Éditeur publie Isis, une pièce à la fois drôle et caustique, traduite de l'arabe par Xavier Luffin et adaptée en français par Emile Lansman. Il s'agit d'une des rares œuvres de l'auteure accessible en français[19].

Elle a reçu de nombreuses distinctions, parmi lesquelles le prix du Conseil supérieur de littérature en 1974, le prix littéraire de l’amitié franco-arabe en 1982[6], le prix littéraire de Gubran en 1988, ou prix suédois Stig Dagerman en 2012[12].

Caractéristiques de l'œuvre de Nawal El Saadawi[modifier | modifier le code]

Les caractéristiques de l’écriture de Nawal El Saadawi sont le mélange entre fiction et données réelles, sa connaissance des sciences médicales, les détails autobiographiques, et la description de maladies sociales. Elle a su aborder avec courage des sujets tabous tels que le fondamentalisme religieux, la violence domestique, l'excision et les abus sexuels, et est devenue une des auteures majeures s'exprimant sur la condition féminine, au-delà des clivages entre Orient et Occident[4],[20]. Son message a eu une influence sur les mouvements féministes arabes à leurs débuts. En Tunisie notamment, le mouvement féministe indépendant l'a invité au club culturel Tahar Haddad afin de présenter ses livres, et a tenu des séances de lectures sur ses ouvrages[21].

Publications[modifier | modifier le code]

Œuvres traduites en français[modifier | modifier le code]

  • 1958 : Femmes égyptiennes, tradition et modernité (mémoires), traduit de l’arabe par Essia Trabelsi et Emma Chettaoui, des femmes-Antoinette Fouque, Paris, 1991 (1973), 227 p. (ISBN 9782721004093) (Titre original : Kānat hiya al-aḍʻaf, « Mémoires d’une femme docteur »)
  • 1969 : La Femme et le Sexe, ou Les souffrances d'une malheureuse opprimée (essai), traduction d'Abdelhamid Drissi Messouad, Éditions L’Harmattan, Paris, 2017. (ISBN 978-2343121789) (Titre original : Al-imra'a wa-l-jins, المرأة والجنس)
  • 1977 :
    • Ferdaous, une voix en enfer (roman), traduit de l'arabe par Assia Djebar et Essia Trabelsi, préface d’Assia Djebar de l’Académie française, des femmes-Antoinette Fouque, coll. Poche, Paris, 2022 (1981, 2007), 162 p. (ISBN 9782721009425) (Titre original : Emra'a enda noktat el sifr, امرأة عند نقطة الصفر, « La Femme au point zéro », écrit en 1975).
    • 1977 : La Face cachée d’Ève : Les femmes dans le monde arabe (essai), traduit de l’anglais par Elisabeth Geiger van Essen, Éditions des femmes, Paris, 1982, 411 p. (ISBN 9782721002266) (Titre original : Al-Wajh al-'ari lil-mar'a al-'arabiyy, « Le Visage nu des femmes arabes »).
  • 1983 : Mémoires de la prison des femmes (mémoires), traduit de l’arabe par Magda Wassef, Le Serpent à Plumes, 2002, 267 p. (Titre original : Mudhakkirat fi Sijn al-Nisa) (ISBN 978-2842613334)
  • 1984 : Douze femmes dans Kanater (théâtre), traduit de l’arabe par Magda Wassef, Éditions des femmes, Paris, 1984, 249 p. (ISBN 9782721002624) (Titre original : Ithna 'ashar imra'a fi zinzana wahida, « Douze femmes dans une cellule »).
  • 1985 : Isis (théâtre), Lansman, Manage (Belgique), 2007. (ISBN 978-2872826100)
  • 1990 : Mémoires d'une enfant prénommée Souad (novella), traduit de l’arabe par Inès Horchani, LCM Éditions, coll. « Mots d’elle » Le Mans, 2019 (2007), 83 p. (ISBN 978-2-490780-08-2) (Titre original : Moudhakkirât tifla ismouhâ Sou'âd)
  • 2008 : Zina, le roman volé (roman), traduit par Houda Ben Ghacham, Luc Pire, Waterloo (Belgique), 2008. (ISBN 9782874159725)

Autres œuvres notables[modifier | modifier le code]

  • 1972 : C’était la plus faible (nouvelles). (Titre original : Kānat hiya al-aḍʻaf)
  • 1978 : Le Voile (roman).
  • 1986 : Mes Voyages autour du monde (mémoires). (Titre original : Rihlati hawla al-'alam)
  • 1987 : La Chute de l’imam (roman). (Titre original : Suqūṭ al-imām)
  • 1992 : L'Innocence du Diable (roman). (Titre original : Jann āt wa-Iblīs)
  • 1996 : Dieu démissionne de la rencontre au sommet (théâtre).
  • 2014 : C’est le sang. (Titre original : Innahu al-dam)

Entretiens[modifier | modifier le code]

Livres audio[modifier | modifier le code]

Livre audio francophones[modifier | modifier le code]

  • Collectif, Voix de femmes d'hier et d'aujourd'hui pour demain, des femmes-Antoinette Fouque, « La Bibliothèque des voix », Paris, 2019, 1h25. (EAN 3328140023534 et 3328140023541)

Livres audio d'autres langues[modifier | modifier le code]

  • Woman at Point Zero (VF : Ferdaous), lu par Laura Hanna, traduction anglaise de 1975, Audible, USA, 2016, 3h48.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Jill Nicholls a consacré à Nawal El Saadawi le film She Spoke the Unspeakable (« Elle a dit l'indicible »), diffusé sur BBC One au sein de la série télévisée britannique Imagine en février 2017[22].

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Recueil de textes introduit par Hafidha Chekir, Nawal El Saadawi, éditions du CETIM, 2022, 95 pages (ISBN 978-2880531430)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « L’écrivaine égyptienne féministe Nawal El Saadawi est morte », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. (en) « Nawal El Saadawi: ‘Do you feel you are liberated? I feel I am not’ », sur the Guardian, (consulté le )
  3. « Nawal El Saadawi: 100 Women of the Year », sur Time (consulté le )
  4. a b c d et e Myriam Benraad, « Nawal El Saadawi, icône du féminisme en Egypte », le Monde,‎ (lire en ligne)
  5. a et b (en) Homa Khaleeli, « Nawal El Saadawi: Egypt's radical feminist », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  6. a b et c Jacqueline Picot, « Saadawi, Nawal el [Kafr Tahla Basse-Égypte 1931] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le Dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, , p. 3790
  7. a b c et d (en-GB) Raekha Prasad, « Lone star of the Nile », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  8. (en-US) « Nawal El Saadawi: An Egyptian Feminist », sur The Muse (consulté le )
  9. (en-GB) Homa Khaleeli, « Nawal El Saadawi: Egypt's radical feminist », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  10. Magda Wassef et Impr. Jugain), Douze femmes dans Kanater, Des Femmes, (ISBN 2-7210-0262-7 et 978-2-7210-0262-4, OCLC 416664011, lire en ligne)
  11. Nawal Saadâwî Inès Horchani (trad. de l'arabe), Mémoires d'une enfant prénommée Souad, Le Mans, LCM Éditions, , 83 p. (ISBN 978-2-490780-08-2, lire en ligne)
  12. a b et c Katia Ghosn, « Le deuxième sexe d’après Nawal el-Saadawi », L'Orient-Le Jour,‎ (lire en ligne)
  13. « Appel des femmes arabes pour la dignité et l'égalité », Le Monde.fr, 8 mars 2012
  14. Nawal Saadâwi Abdelhamid Drissi Messouak, La femme et le sexe, L'Harmattan,
  15. Afifa Bererhi, « La voix de Ferdaous par Nawal El Saadawi et Assia Djebar », sur DIACRITIK, (consulté le )
  16. Souad Labbize, « Nawal El Saadawi : la voix est libre », sur La Déferlante, (consulté le )
  17. (en) Eka Wilany, « Feminism Analysis in the Novel “Woman at Point Zero” », Journal anglosaxon, vol. VIII, no 1,‎ (lire en ligne Accès libre [PDF])
  18. Nawal Saadâwî Inès Horchani (trad. de l'arabe), Mémoires d'une enfant prénommée Souad, Le Mans, LCM Éditions, , 83 p. (ISBN 978-2-490780-08-2, lire en ligne)
  19. Nawāl al- Saʿdāwī, Xavier Luffin et Émile Lansman, Isis, Lansman, coll. « Théâtre en traduction », (ISBN 978-2-87282-610-0)
  20. Jenna Le Bras et François Hume-Ferkatadji, « Nawal El Saadawi : “Les femmes sont sacrifiées sur l’autel de Dieu et de l’argent” », Télérama,‎ (lire en ligne)
  21. Recueil de textes introduit par Hafidha Chekir, Nawal El Saadawi, Éditions du CETIM, Collection Pensées d'hier pour demain, 2022, 27 p., (ISBN 978-2-88053-143-0)
  22. "She Spoke the Unspeakable", BBC One, Imagine, Winter 2017. Via Dailymotion.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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